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En 628,le prince de Dijon Salwart succombe sous les coups du gigantesque prince Phinard de Buck dans une forêt des Flandres. Sa femme Ermengarde a juste le temps de cacher leur fils Lyderic dans un buisson avant d'être faite prisonnière. Le bébé est sauvé de la mort par une biche qui le nourrit et un vieil ermite qui l'élève. Il devient vite d'une stature et d'une force redoutable. A la mort de l'ermite, Lyderic part à la recherche de ses origines avec pour seul indice un chapelet qu'il avait autour du cou quand il a été trouvé. Avec l'épée qu'il s'est forgée lui-même en tant qu'apprenti d'un armurier, il réussit à tuer un monstrueux dragon dont le sang le rend invulnérable à l'exception d'un endroit. Grâce au roi Dagobert qu'il sauve de la mort, il apprend son nom et le sort de sa mère, toujours aux mains de Phinard. Il le défie donc mais celui-ci, suite à une vision, se repent, libère Ermengarde et leur fait cadeau de ses terres. Lyderic devient alors le premier forestier de Flandre. Il se rend ensuite à la cour du roi Gunther des Highlands pour épouser sa soeur Chrimhilde. En chemin il réussit à s'emparer du trésor du roi des nains de Niebelungen et d'un casque qui rend invisible. Dès lors il ne lui reste plus qu'à aider Gunther à faire la conquête de Brunehilde, reine d'Islande, pour que son union avec Chrimhilde soit possible. A l'aide de son casque et de sa force il y parvient sans peine. Mais l'arrogance de Brunehilde va faire naître l'animosité entre les deux femmes, ce qui va avoir pour conséquence la mort de Lyderic par traîtrise quelques années plus tard. Le fils de Lyderic et de Chrimhilde ne devra de conserver ses biens en dépit de la convoitise de Gunther qu'à la bravoure d'un mystérieux chevalier qui n'est autre que le prince de Buck.
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Seitenzahl: 120
Veröffentlichungsjahr: 2019
L’origine des comtes de Flandre remonterait, s’il faut en croire la chronique, à l’an 640 : comme toute grande puissance, son berceau est entouré de ces traditions mystérieuses familières à tous les peuples et qui se sont perpétuées depuis Sémiramis, la fille des colombes, jusqu’à Rémus et Romulus, les nourrissons de la louve. Voici, au reste, cette tradition dans toute sa simplicité :
Vers la fin de l’an 628, Boniface V étant pape à Rome et Clotaire régnant sur l’empire des Francs, Salwart, prince de Dijon, revenant, avec sa femme Ermengarde, de faire baptiser dans une église très vénérée, Lyderic, leur fils premier-né, traversait la forêt de Sans-Merci, que l’on appelait ainsi à cause des brigandages qu’y exerçait Phinard, prince de Buck. Malgré la mauvaise réputation du lieu, Salwart, comptant sur son courage, n’avait autour de lui, pour toute suite, que quatre serviteurs, lorsque, arrivés vers la fin du jour à un endroit très épais et très sombre de la forêt, il fut attaqué par une troupe d’une vingtaine d’hommes, commandée par un chef qu’à sa taille gigantesque il lui fut facile de reconnaître pour le prince de Buck. Malgré la disproportion du nombre, il ne résolut pas moins de combattre, non point qu’il eût l’espérance de sauver sa vie, mais parce que pendant le combat il espérait que sa femme et son enfant auraient le temps de fuir. En effet, comme la nuit, ainsi que nous l’avons dit, commençait à se faire sombre, Ermengarde se laissa glisser au bas de son cheval et s’enfonça dans la forêt. Confiante alors dans la providence de Dieu, et voulant accomplir autant qu’il était en elle ses devoirs de mère et d’épouse, elle cacha son enfant au milieu d’un buisson, qui poussait proche d’une fontaine appelée encore aujourd’hui le Saulx, à cause des grands saules qui l’ombrageaient ; puis, après l’avoir recommandé à Dieu dans une ardente prière, elle revint vers l’endroit de la forêt où elle avait quitté son mari, afin, vivant ou mort, libre ou prisonnier, de partager le sort qu’il avait plu au Seigneur de lui faire.
En arrivant au lieu du combat, elle trouva huit corps morts étendus par terre. Comme la lune venait de se lever, elle put en examiner les visages, reconnaître que c’étaient ceux de ses quatre serviteurs et probablement ceux de quatre assaillants ; mais en aucun des trépassés elle ne reconnut son mari : il était donc à coup sûr prisonnier, car elle connaissait trop le noble comte de Salwart pour penser un seul instant qu’il avait fui. Au même instant, elle aperçut, à la lueur des torches qui l’escortaient, un convoi qui s’avançait dans la direction d’un château fort, qui avait été autrefois une citadelle romaine ; et, comme elle reconnut dans la haute stature de l’homme qui le précédait à cheval le chef de la troupe qui les avait attaqués, elle ne fit plus de doute que ce convoi n’emmenât son mari. Or, comme elle avait décidé que sa place à elle était près du comte, elle hâta le pas et rejoignit le cortège. Elle ne s’était point trompée : le comte, mortellement blessé, était couché sur un brancard. Les soldats s’écartèrent pour faire place à cette femme déjà à demi veuve, et de Buck, enchanté d’avoir deux prisonniers au lieu d’un, continua sa route vers son château, où l’on arriva après une demi-heure de marche à peu près.
Dans la nuit, le comte mourut en priant pour son fils. La comtesse resta prisonnière.
Dès le lendemain, le prince de Buck offrit à la comtesse de Salwart de racheter sa liberté au prix de ses États, ou du moins d’une partie. Mais la comtesse pensa que tels elle les avait reçus de ses pères, tels elle devait les conserver à son enfant, et refusa toute négociation, disant au prince de Buck que, comme son mari et elle étaient comtes souverains, ayant reçu leurs biens de Dieu, c’était à Dieu seul à disposer de leurs biens. Le prince de Buck ordonna alors de resserrer encore la captivité de la comtesse, espérant qu’elle se lasserait de sa prison, et qu’il obtiendrait du temps ce qu’il voyait bien qu’il ne pourrait obtenir de la menace et de la violence. Il reprit donc ses brigandages dans la forêt Sans-Merci, et Ermengarde continua de prier près de la tombe du comte.
Il y avait dans la forêt, et non loin de l’endroit où avait eu lieu le combat, un ermitage très vénéré habité par un vieil anachorète, qui avait fait force miracles dans son temps, mais qui commençait à se reposer, voyant l’espèce humaine devenir de jour en jour plus mauvaise et ne la jugeant plus digne des célestes spectacles qu’il aurait pu lui donner ; aussi demeurait-il pour la plupart du temps retiré dans le fond de sa grotte, où il ne vivait que du lait d’une biche qui, trois fois par jour, venait lui présenter sa mamelle. L’ermite buvait une partie de ce lait et faisait cailler l’autre ; de sorte que, avec quelques racines qu’il arrachait de terre aux environs de sa grotte, il se trouvait avoir des provisions suffisantes : grâce à cette frugalité, il y avait plus de cinq ans qu’il n’avait mis le pied dans aucune ville ni dans aucun village.
Or, il arriva qu’un jour le bon vieillard s’aperçut que sa biche ne revenait à lui que la mamelle à moitié pleine, si bien que ce jour-là il eut encore du lait pour boire, mais n’en eut point à faire cailler : il attribua cette cause à quelque accident naturel qui disparaîtrait sans doute comme il était venu, et attendit au lendemain.
Le lendemain, il trouva sa mesure encore diminuée, et non seulement il n’en eut pas pour faire cailler, mais encore à peine en eut-il pour boire. Le bon ermite prit patience, espérant toujours que les choses changeraient, et cela était d’autant plus probable que sa biche paraissait mieux portante que jamais et avait un air joyeux qui faisait plaisir à voir.
Mais, le surlendemain, la chose continuait d’aller de mal en pis : la pauvre biche ce jour-là avait la mamelle si sèche que l’ermite, qui n’avait plus même de lait pour boire, fut obligé de sortir de sa grotte pour aller chercher de l’eau. Il profita en même temps de la circonstance pour faire provision de racines, car depuis deux jours il était à la diète, et son ordinaire était déjà si peu de chose que, quelque peu qu’on en retranchât, le jeûne devenait par trop rigoureux pour être supporté.
Le jour d’après, la biche revint la mamelle parfaitement vide.
Pour cette fois, il n’y avait pas à s’y tromper : quelque voleur se trouvait sur la route de la bonne pourvoyeuse et interceptait les vivres du pauvre anachorète. Cependant, avant de concevoir un si terrible soupçon contre son prochain, le vieillard résolut de s’en assurer, et, le matin du cinquième jour, comme la biche venait ainsi que d’habitude lui faire sa visite, il ferma la porte sur elle.
Toute la journée, la biche parut fort inquiète, allant de l’ermite à la porte de l’ermitage, et de la porte de l’ermitage à l’ermite ; le tout en bramant d’une façon si lamentable, que le vieillard vit bien qu’il se passait quelque chose d’étrange. Pendant ce temps, au reste, sa mamelle se remplissait comme aux jours de sa plus grande abondance, et l’ermite fut obligé de la traire trois fois. Il était donc bien évident que le défaut de lait qu’il avait trouvé chez elle depuis quelques jours ne devait pas être attribué à la stérilité.
Le soir, l’ermite entrouvrit la porte pour se chauffer, comme c’était son habitude, aux derniers rayons du soleil couchant ; mais, quelque précaution qu’il eût prise en ouvrant la porte pour retenir la biche prisonnière, celle-ci, dès qu’elle vit une ouverture, s’élança si violemment qu’elle renversa le vieillard, et, se trouvant libre, s’élança joyeuse et bondissante dans la forêt.
L’ermite se releva en secouant la tête ; il connaissait sa biche et la savait incapable de se porter à un pareil acte de violence, même pour recouvrer sa liberté, car quelquefois, étant tombé malade, il l’avait vue des jours entiers rester couchée près de lui, ne sortant que pour brouter l’herbe et revenant aussitôt. Il comprit donc qu’il y avait là-dessous quelque mystère, et que ce mystère était tout autre chose que ce qu’il avait soupçonné d’abord.
Le jour suivant, sa conviction redoubla quand il ne vit point revenir la biche : c’était la première fois depuis cinq ans que le fidèle animal manquait à ses habitudes. Le bon ermite attendit ; mais toute la journée se passa sans que la biche reparût.
Le lendemain, le vieillard commença de craindre qu’il ne fût arrivé malheur à sa compagne. Aussi, dès le point du jour, alla-t-il ouvrir sa porte ; mais alors il la vit qui broutait à quelques pas de l’ermitage ; en l’apercevant, la biche manifesta par quelques bonds joyeux le plaisir qu’elle avait à le revoir ; mais ce fut tout, car elle ne fit pas un pas vers l’ermitage. L’anachorète l’appela ; à sa voix, fût-elle à cinq cents pas de distance, elle avait l’habitude d’accourir ; mais, cette fois, elle se contenta de tourner la tête de son côté en dressant les oreilles. L’ermite fit alors quelques pas vers elle ; mais elle s’éloigna à mesure qu’elle le vit s’avancer. Il était évident qu’elle lui gardait rancune de sa captivité de la veille, et qu’elle ne voulait pas s’y exposer une seconde fois.
Ce langage mimique était trop clair pour que le vieillard ne le comprît pas : il résolut donc de pénétrer les causes du changement de la biche à son égard ; et comme, vers le midi, elle cessa de paître et parut manifester l’intention de s’enfoncer dans la forêt, l’ermite, de son côté, prit la résolution de la suivre. Ce qu’il fit en effet, secondé par la complaisance de l’animal, qui, comme s’il eût compris l’intention du vieillard, continua de marcher joyeusement par sauts et par bonds, mais sans jamais s’éloigner assez de lui pour qu’il la perdît de vue.
La biche conduisit ainsi le vieillard dans une charmante vallée toute plantée de saules qui trempaient l’extrémité de leurs longues branches pleurantes dans un petit ruisseau dont l’ermite connaissait la source pour s’y être souvent désaltéré. Arrivée à quelques pas de cette source, la biche fit trois ou quatre bonds et disparut. Le vieillard hâta le pas et arriva à l’endroit où il l’avait perdue de vue : là, il s’arrêta, regardant autour de lui sans rien voir autre chose qu’un gros buisson, sur lequel chantait un rossignol. Bientôt, au milieu de ce buisson, il entendit bramer doucement ; il s’approcha alors avec précaution et aperçut la biche couchée et allaitant un petit garçon de trois ou quatre mois, qui pressait ses mamelles avec ses petites mains. Le voleur était trouvé.
Le vieillard tomba à genoux et loua Dieu. Puis, ne voulant pas laisser la faible créature exposée aux animaux féroces auxquels elle avait échappé jusqu’alors comme par miracle, il la prit entre ses bras, et, l’enveloppant dans un pan de sa robe, il l’emporta dans son ermitage.
La biche les accompagna, regardant l’enfant et léchant les mains du vieillard.
Le vieillard appela l’enfant Lyderic en mémoire du rossignol qui chantait sur le buisson où il l’avait trouvé : lieder voulant dire en vieil allemand : joyeux chansonnier.
On devine qu’à compter de ce jour le bon anachorète vécut d’eau et de racines, laissant à son nourrisson tout le lait de la biche : aussi le nourrisson venait-il gros et fort que c’était merveille ; à huit mois il se tenait debout sur ses pieds, et, à dix, il commençait à parler.
L’ermite lui apprit à lire dans la Bible. Mais de toutes les histoires que contenait le livre saint, celles qui lui plaisaient davantage étaient l’histoire de Nemrod, de Samson et de Judas Machabée.
Aussi, dès qu’il put courir, l’enfant se fit-il une fronde et un arc ; et bientôt son adresse fut telle, que, si éloigné et si petit que fût le but, il était sûr de l’atteindre avec sa flèche et avec sa pierre.
Ses forces croissaient en proportion de son adresse. À huit ans il était fort comme un homme ordinaire, et à dix, comme il se promenait un jour, ainsi que c’était son habitude, avec sa bonne nourrice, qui commençait à se faire vieille, un loup affamé se jeta sur elle ; mais lui se jeta sur le loup et il l’étouffa entre ses bras. Puis de sa peau il se fit un vêtement, comme il avait vu, dans les gravures byzantines de la Bible du vieil ermite, que Samson s’en était fait un de la dépouille du lion.
Comme il ne se servait de sa fronde et de son arc que contre les oiseaux de proie ou les animaux de carnage, tout ce qui était faible l’aimait et lui faisait fête : les lapins couraient devant lui, les chevreuils le suivaient comme s’il eût été le berger de leur troupeau sauvage, et les oiseaux volaient au-dessus de sa tête en lui chantant leurs plus mélodieuses chansons ; et, parmi les oiseaux, les rossignols surtout, dont il y avait tous les ans un nid sur le buisson où il avait été trouvé, si bien que leur langage, inintelligible pour les autres, était compréhensible pour lui, et qu’il entendait tout ce qu’ils disaient.
Le vieil ermite voyait cela en pleurant de joie et en disant que le jeune homme était béni de Dieu.
Le premier chagrin qu’eut Lyderic fut causé par la mort de sa bonne biche : l’enfant ne savait point ce que c’était que la mort. Le vieillard le lui expliqua ; mais l’explication, au lieu de le consoler, le rendit plus triste encore. Il creusa une fosse pour elle, la recouvrit de terre et de gazon, puis il s’assit en pleurant près de la tombe.
Alors un rossignol se mit à chanter au-dessus de sa tête :
« Tout vient de Dieu, tout retourne à Dieu, l’éphémère en une seconde, l’insecte en une heure, la rose en un jour, le papillon en six mois, le rossignol en un lustre, la biche en quinze ans et l’homme en un siècle, et depuis l’éphémère qui a vécu une seconde jusqu’à l’homme qui a vécu un siècle, une fois mort, il semblera à l’éphémère, à l’insecte, au rossignol, à la biche et à l’homme, qu’ils auront vécu le même temps, car ils n’auront plus d’autre horloge que celle de l’éternité, dont un battement dit : jamais, et l’autre battement : toujours.
« Dieu est immortel, louons Dieu. »
Et le rossignol se mit alors à chanter, toujours dans son langage, un cantique si plein de foi, que Lyderic leva son regard au ciel, et qu’un rayon de soleil sécha les larmes qui coulaient de ses yeux : l’enfant était consolé.