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Avec ce court roman paru en 1834, Victor Hugo dénonce les conditions de détention au XIXe siècle, la disproportion des délits et des peines à cette même époque, ainsi que la peine de mort. L'histoire est en partie fondée sur des faits de sa connaissance. Un « honnête ouvrier », nommé Claude Gueux qui vit avec sa maîtresse et leur enfant, est obligé à voler à cause de la pauvreté. Peu de temps après le début de son incarcération, il fait la connaissance du directeur de la prison. Celui-ci est un homme autoritaire et voue à Claude une hostilité due à la popularité de ce dernier auprès des autres détenus. Et la vie va commencer à être difficile pour Claude.
Édition intégrale.
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Veröffentlichungsjahr: 2019
Victor Hugo
© 2019 Éditions Synapses
Par le même auteur dans le catalogue Synapses :
Bug-Jargal
Le dernier jour d’un condamné
Le roi s’amuse
Les Burgraves
Les contemplations
Les Misérables
L’homme qui rit
Notre-Dame de Paris
Quatrevingt-treize
La lettre ci-dessous, dont l’original est déposé aux bureaux de la Revue de Paris1, fait trop d’honneur à son auteur pour que nous ne la reproduisions pas ici. Elle est désormais liée à toutes les réimpressions de Claude Gueux.
« Dunkerque, le 30 juillet 1834.
« Monsieur le directeur de la Revue de Paris,
« Claude Gueux, de Victor Hugo, par vous inséré dans votre livraison du 6 courant, est une grande leçon ; aidez-moi, je vous prie, à la faire profiter.
« Rendez-moi, je vous prie, le service d’en faire tirer à mes frais autant d’exemplaires qu’il y a de députés en France, et de les leur adresser individuellement et bien exactement.
« J’ai l’honneur de vous saluer.
« CHARLES CARLIER,
« Négociant. »
1. Claude Gueux a paru d’abord dans la Revue de Paris.
Il y a sept ou huit ans, un homme nommé Claude Gueux, pauvre ouvrier, vivait à Paris. Il avait avec lui une fille qui était sa maîtresse, et un enfant de cette fille. Je dis les choses comme elles sont, laissant le lecteur ramasser les moralités à mesure que les faits les sèment sur leur chemin. L’ouvrier était capable, habile, intelligent, fort maltraité par l’éducation, fort bien traité par la nature, ne sachant pas lire et sachant penser. Un hiver, l’ouvrage manqua. Pas de feu ni de pain dans le galetas. L’homme, la fille et l’enfant eurent froid et faim. L’homme vola. Je ne sais ce qu’il vola, je ne sais où il vola. Ce que je sais, c’est que de ce vol il résulta trois jours de pain et de feu pour la femme et pour l’enfant, et cinq ans de prison pour l’homme.
L’homme fut envoyé faire son temps à la maison centrale de Clairvaux. Clairvaux, abbaye dont on a fait une bastille, cellule dont on a fait un cabanon, autel dont on a fait un pilori. Quand nous parlons de progrès, c’est ainsi que certaines gens le comprennent et l’exécutent. Voilà la chose qu’ils mettent sous notre mot.
Poursuivons.
Arrivé là, on le mit dans un cachot pour la nuit, et dans un atelier pour le jour. Ce n’est pas l’atelier que je blâme.
Claude Gueux, honnête ouvrier naguère, voleur désormais, était une figure digne et grave. Il avait le front haut, déjà ridé quoique jeune encore, quelques cheveux gris perdus dans les touffes noires, l’œil doux et fort puissamment enfoncé sous une arcade sourcilière bien modelée, les narines ouvertes, le menton avancé, la lèvre dédaigneuse. C’était une belle tête. On va voir ce que la société en a fait.
Il avait la parole rare, le geste peu fréquent, quelque chose d’impérieux dans toute sa personne et qui se faisait obéir, l’air pensif, sérieux plutôt que souffrant. Il avait pourtant bien souffert.