Contes - Jean de La Fontaine - E-Book

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Jean de La Fontaine

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Beschreibung

Le classicisme libertin en forme d'historiettes en vers !

POUR UN PUBLIC AVERTI. Gaillards et subtilement provocateurs, les Contes de La Fontaine sont la marque d'un esprit licencieux et révèlent un talent de libertin raffiné. L'auteur y ajoute en préface une plaidoirie en faveur de ses contes, craignant que ses contemporains ne soient choqués par la liberté de ces petites histoires galantes.

Découvrez le premier volet des Contes de La Fontaine qui, jadis frappés par la censure, se distinguent des Fables par leurs penchants grivois.

EXTRAIT

*Conte d’une chose arrivée à Château-Thierry*

Un savetier, que nous nommerons Blaise,
Prit belle femme ; et fut très avisé
Les bonnes gens qui n’étaient à leur aise,
S’en vont prier un marchand peu rusé,
Qu’il leur prêtât dessous bonne promesse
Mi-muid de grain ; ce que le marchand fait.
Le terme échu, ce créancier les presse.
Dieu sait pourquoi : le galant, en effet,
Crut que par là baiserait la commère.

À PROPOS DE L'AUTEUR

On connait davantage Jean de La Fontaine pour ses Fables moralisatrices, grands chefs-d'œuvre de la littérature française, que pour ses écrits grivois, peu propices à l'édification de la jeunesse. L'influence de l'Eglise, à la fin du règne de Louis XIV, et la pudibonderie janséniste du XVIIIe siècle ont jeté le voile sur les contes licencieux que le moraliste a publié en cinq recueils (1664, 1665, 1666, 1671 et 1674). Sa prouesse a été de ne jamais être explicite ou de nommer la sexualité mais de la suggérer, de la dire à demi-mot. Cependant, la réputation coquine des historiettes provient en partie des illustrations ornant les premières éditions de l'ouvrage. Élu à l'Académie française, La Fontaine a dû renier ses contes licencieux qui lui ont valu de nombreuses critiques.

À PROPOS DE LA COLLECTION

Retrouvez les plus grands noms de la littérature érotique dans notre collection Grands classiques érotiques.
Autrefois poussés à la clandestinité et relégués dans « l'Enfer des bibliothèques », les auteurs de ces œuvres incontournables du genre sont aujourd'hui reconnus mondialement.
Du Marquis de Sade à Alphonse Momas et ses multiples pseudonymes, en passant par le lyrique Alfred de Musset ou la féministe Renée Dunan, les Grands classiques érotiques proposent un catalogue complet et varié qui contentera tant les novices que les connaisseurs.

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Seitenzahl: 54

Veröffentlichungsjahr: 2018

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PRÉFACE DE L’AUTEUR

J’avois resolu de ne consentir à l’impression de ces Contes qu’aprés que j’y pourrois joindre ceux de Bocace qui sont le plus à mon goût ; mais quelques personnes m’ont conseillé de donner dès-à-présent ce qui me reste de ces bagatelles, afin de ne pas laisser refroidir la curiosité de les voir qui est encore en son premier feu. Je me suis rendu à cét avis sans beaucoup de peine, et j’ai crû pouvoir profiter de l’occasion. Non seulement cela m’est permis, mais ce seroit vanité à moy de mépriser un tel avantage Il me suffit de ne pas vouloir qu’on impose en ma faveur à qui que ce soit, et de suivre un chemin contraire à celuy de certaines gens, qui ne s’acquièrent des amis que pour s’acquérir des suffrages par leur moyen ; Creatures de la Cabale, bien differens de cét Espagnol qui se piquoit d’estre fils de ses propres œuvres. Quoy que j’aye autant de besoin de ces artifices que pas un autre, je ne sçaurois me resoudre à les employer : seulement je m’accommoderay, s’il m’est possible, au goust de mon siècle, instruit que je suis par ma propre expérience qu’il n’y a rien de plus nécessaire. En effet, on ne peut pas dire que toutes saisons soient favorables pour toutes sortes de Livres. Nous avons veu les Rondeaux, les Métamorphoses, les Bouts-rimez, régner tour à tour : Maintenant ces Galanteries sont hors de mode, et personne ne s’en soucie : tant il est certain que ce qui plaist en un temps peut ne pas plaire en un autre. II n’appartient qu’aux Ouvrages vrayment solides et d’une souveraine beauté, d’estre bien receus de tous les Esprits, et dans tous les Siècles, sans avoir d’autre passe-port que le seul mérite dont ils sont pleins. Comme les miens sont fort éloignez d’un si haut degré de perfection, la prudence veut que je les garde en mon Cabinet, à moins que de bien prendre mon temps pour les en tirer. C’est ce que j’ay fait, ou que j’ay creu faire dans cette seconde Edition, où je n’ay ajousté de nouveaux Contes que parce qu’il m’a semblé qu’on estoit en train d’y prendre plaisir. Il y en a que j’ay estendus, et d’autres que j’ay accourcis, seulement pour diversifier et me rendre moins ennuyeux. On en trouvera mesme quelques-uns que j’ay prétendu mettre en Epigrammes. Tout cela n’a fait qu’un petit RecueiI aussi peu considérable par sa grosseur que par la qualité des Ouvrages qui le composent. Pour le grossir, j’ay tiré de mes papiers je ne sçais quelle Imitation des Arrests d’amours, avec un Fragment où l’on me raconte le tour que Vulcan fit à Mars et à Venus, et celuy que Mars et Venus luy avoient fait. Il est vray que ces deux pièces n’ont ny le sujet ny le caractère du tout semblables au reste du Livre ; mais, à mon sens, elles n’en sont pas entièrement éloignées. Quoy que c’en soit, elles passeront : Je ne sçais mesme si la varieté n’estoit point plus à rechercher en cette rencontre qu’un assortiment si exact. Mais je m’amuse à des choses ausquelles on ne prendra peut-estre pas garde, tandis que j’ay lieu d’appréhender des objections bien plus importantes. On m’en peut faire deux principales : l’une que ce Livre est licentieux ; l’autre qu’il n’épargne pas assez le beau sexe. Quant à la première, je dis hardiment que la nature du Conte le vouloit ainsi ; estant une loy indispensable selon Horace, ou plustôt selon la raison et le sens commun, de se conformer aux choses dont on écrit. Or qu’il ne m’ait esté permis d’écrire de celles-cy, comme tant d’autres l’ont fait, et avec succez, je ne croy pas qu’on le mette en doute : et l’on ne me sçauroit condamner que l’on ne condamne aussi l’Arioste devant moy, et les Anciens devant l’Arioste. On me dira que j’eusse mieux fait de supprimer quelques circonstances, ou tout au moins de les déguiser. Il n’y avoit rien de plus facile ; mais cela auroit affoibly le Conte, et luy auroit osté de sa grâce. Tant de circonspection n’est nécessaire que dans les Ouvrages qui promettent beaucoup de retenuë dés l’abord, ou par leur sujet, ou par la manière dont on les traite. Je confesse qu’il faut garder en cela des bornes, et que les plus étroites sont les meilleures : Aussi faut-il m’avoüer que trop de scrupule gasteroit tout. Qui voudroit reduire Bocace a la même pudeur que Virgile, ne feroit asseurément rien qui vaille, et pecheroit contre les Loix de la bienseance en prenant à tâche de les observer. Car, afin que l’on ne s’y trompe pas, en matière de Vers et de Prose, l’extrême pudeur et la bienséance sont deux choses bien différentes. Cicéron fait consister la dernière à dire ce qu’il est à propos qu’on die, eu égard au lieu, au temps, et aux personnes qu’on entretient. Ce principe une fois posé, ce n’est pas une faute de jugement que d’entretenir les gens d’aujourd’huy de Contes un peu libres. Je ne pêche pas non plus en cela contre la Morale. S’il y a quelque chose dans nos écrits qui puisse faire impression sur les âmes, ce n’est nullement la gayeté de ces Contes ; elle passe légèrement : je craindrois plustost une douce mélancholie, où les Romans les plus chastes et les plus modestes sont très-capables de nous plonger, et qui est une grande préparation pour l’amour. Quant à la seconde objection, par laquelle on me reproche que ce Livre fait tort aux femmes, on auroit raison si je parlois sérieusement ; mais qui ne voit que cecy est jeu, et par conséquent ne peut porter coup ? Il ne faut pas avoir peur que les mariages en soient à l’avenir moins fréquens, et les maris plus fort sur leurs gardes. On me peut encore objecter que ces Contes ne sont pas fondez, ou qu’ils ont partout un fondement aisé à détruire ; enfin, qu’il y a des absurditez, et pas la moindre teinture de vray-semblance. Je réponds en peu de mots que j’ay mes garants : et puis ce n’est ny le vray, ny le vraysemblable qui font la beauté et la grâce de ces choses-cy ; c’est seulement la manière de les conter. Voila les principaux points sur quoy j’ay creu estre obligé de me deffendre. J’abandonne le reste aux Censeurs ; aussi bien seroit-ce une entreprise infinie, que de prétendre répondre a tout. Jamais la Critique ne demeure court, ny ne manque de sujets de s’exercer : Quand ceux que je puis prévoir luy seroient ostez, elle en auroit bien-tost trouvé d’autres.

Jean de La Fontaine