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Fables - Livre II was written in the year 1668 by Jean de La Fontaine. This book is one of the most popular novels of Jean de La Fontaine, and has been translated into several other languages around the world.
This book is published by Booklassic which brings young readers closer to classic literature globally.
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Seitenzahl: 23
Quand j’aurais en naissant reçu de Calliope
Les dons qu’à ses amants cette muse a promis,
Je les consacrerais aux mensonges d’Ésope :
Mais je ne crois pas si chéri du Parnasse
Que de savoir orner toutes ces fictions.
On peut donner du lustre à leurs inventions :
On le peut, je l’essaie : un plus savant le fasse.
Cependant jusqu’ici d’un langage nouveau
J’ai fait parler le loup et répondre l’agneau ;
J’ai passé plus avant : les arbres et les plantes
Sont devenus chez moi créatures parlantes.
Qui ne prendrait ceci pour un enchantement ?
« Vraiment, me diront nos critiques,
Vous parlez magnifiquement
De cinq ou six contes d’enfant »
Censeurs, en voulez-vous qui soient plus authentiques
Et d’un style plus haut ? En voici : « Les Troyens,
« Après dix ans de guerre autour de leurs murailles,
« Avaient lassé les Grecs, qui par mille moyens,
« Par mille assauts, par cent batailles,
« N’avaient pu mettre à bout cette fière cité,
« Quand un cheval de bois, par Minerve inventé,
« D’un rare et nouvel artifice,
« Dans ses énormes flancs reçut le sage Ulysse,
« Le vaillant Diomède, Ajax l’impétueux,
« Que ce colosse monstrueux
« Avec leurs escadrons devait porter dans Troie,
« Livrant à leur fureur ses dieux mêmes en proie :
« Stratagème inouï, qui des fabricateurs
« Paya la constance et la peine. »
« C’est assez, me dira quelqu’un de nos auteurs :
La période est longue, il faut reprendre haleine ;
Et puis votre cheval de bois,
Vos héros avec leurs phalanges,
Ce sont des contes plus étranges
Qu’un renard qui cajole un corbeau sur sa voix :
De plus il vous sied mal d’écrire en si haut style. »
Eh bien ! baissons d’un ton.
« La jalouse Amaryle
« Songeait à son Alcippe et croyait de ses soins
« N’avoir que ses moutons et son chien pour témoins.
« Tircis, qui l’aperçut, se glisse entre des saules ;
« Il entend la bergère adressant ces paroles
« Au doux zéphire, et le priant
« De les porter à son amant. »
« Je vous arrête à cette rime,
Dira mon censeur à l’instant ;
Je ne la tiens pas légitime.
Ni d’une assez grande vertu.
Remettez, pour le mieux, ces deux vers à la fonte. »
« Maudit censeur ! te tairas-tu ?
Ne saurai-je achever mon conte ?
C’est un dessein très dangereux
Que d’entreprendre de te plaire. »
Les délicats sont malheureux :
Rien ne saurait les satisfaire.
Un chat, nommé Rodilardus,
Faisait des rats telle déconfiture
Que l’on n’en voyait presque plus,
Tant il en avait mis dedans la sépulture.
Le peu qu’il en restait n’osant quitter son trou
Ne trouvait à manger que le quart de son soûl,
Et Rodilard passait, chez la gent misérable,
Non pour un chat, mais pour un diable.
Or, un jour qu’au haut et au loin
Le galand alla chercher femme,
Pendant tout le sabbat qu’il fit avec sa dame,
Le demeurant des rats tint chapitre en un coin
Sur la nécessité présente.
Dès l’abord, leur doyen, personne fort prudente,