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Le harcèlement scolaire est un véritable fléau qui cause des ravages dans nos sociétés, détruisant la vie de nombreux enfants. Si certains préconisent des sanctions financières pour les parents, d’autres prônent l’exclusion totale des auteurs de ces actes des établissements éducatifs, voire leur transfert vers d’autres écoles. Face à cette problématique,
Patrick Santos Sarbruken Kasongo Kalombo propose une série de solutions, soulignant la nécessité de l’éducation pour y remédier efficacement.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Patrick Santos Sarbruken Kasongo Kalombo est le concepteur de la capitologie, une démarche intellectuelle consistant à étudier l’influence du capitalisme sur les mœurs. Il est également l’auteur de" Désintoxication au capitalisme", publié en 2016 par Édilivre, et de "Nations Unies vues du XXI siècle" paru en 2022 aux éditions Le Lys Bleu.
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Patrick Santos Sarbruken Kasongo Kalombo
Éduquez-moi,
je ne suis qu’un enfant
Harcèlement scolaire
Essai
© Lys Bleu Éditions – Patrick Santos Sarbruken Kasongo Kalombo
ISBN : 979-10-422-2454-7
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
« Éducation », ce mot plein d’ouverture d’esprit tellement instructif, indispensable. En parcourant le dictionnaire, j’ai été touché par sa définition car elle stipule : « mise en œuvre des moyens propres à assurer la bonne formation et le développement d’un être humain ». J’ai toujours considéré que tous les pays membres des Nations Unies y ont accès. Est-ce vrai, ou juste à preuve du contraire, ne refléterait qu’un souhait de l’optimisme ? Les moyens utilisés pour y avoir accès sont-ils égaux pour tous les pays du monde ? « Éduquer une femme, c’est éduquer toute une nation. » Pourquoi, son auteur conclut-il pour cette définition ? Permettez-moi d’y gamberger. Peut-être, parce que c’est la femme au foyer qui s’occupe de tout ? Soit, c’est quelqu’un de charmant, qui savait faire attention à une femme ? Soit, le système misogyne pour se racheter élogieusement voulait faire un effort dans ce sens ? Soit, ce serait une définition ironique à l’égard de la femme ? Je le dis parce que ça sous-entend, comme si la femme n’eut jamais la capacité à être éduquée. Soit, elle fut victime oubliée dans le système éducatif. Soit, la société dominée par l’homme, par ruse et dérobade, aurait cherché à endosser tous les ratés sociétaux sur la femme. Je vous laisse le soin d’y apporter vos éventuelles réponses. De surcroît, « Éduquer un homme, c’est éduquer un individu », c’est joliment exprimé. Ces citations émanent d’un intellectuel, missionnaire et enseignant à la personne de James Emman Kwegyir Aggrey. C’est un Afro-Américain qui naît le 18 octobre 1857 à la Côte-de-l’Or au Ghana et mourut le 30 juillet 1927 à Harlem aux États-Unis. Honnêtement, je tiens à le remercier d’avoir apporté sa contribution au bon fonctionnement du système éducatif, à l’évolution des mentalités.
Cependant, vivre son époque sans oublier les réseaux sociaux revient aussi à l’interpréter, afin d’essayer de mieux la régenter, élaborer, façonner. Je vis mon époque et dis, éduquer l’enfant c’est être lucide, comprendre le passé, préserver le présent et rassurer le futur. L’éducation est une transmission de connaissances, du savoir de génération en génération. D’ailleurs, c’est même le fondement de l’organisation de nos chères sociétés. L’enfant fille ou garçon, avec handicap ou pas, caractériel(le) ou pas, réfugié(e), sans-papiers ou pas, de par sa race, religion, riche ou pauvre, sans parents, car ça peut arriver, a droit à la formation pour forger son indépendance intellectuelle, laquelle lui permettra de savoir objectivement analyser les faits sociaux, de se protéger et même se projeter, de ne pas être potentiellement victime de manipulation, de détournement de l’intellect par les épigones de l’embrouille. Avec toute modestie, cet ouvrage traite ce sujet lié à l’éducation de nos enfants. Oui, le clavier de l’avenir se trouve entre leurs mains. Il est donc sacré, impérieux d’en prendre soin avec détermination et responsabilité. On dit quand une personne âgée décède, c’est une bibliothèque qui disparaît avec elle ; pourtant, cette bibliothèque ne vient de nulle part. En amont, elle a été préparée, élaborée, garnie à l’enfance jusqu’à l’âge mûr, afin de constituer une caverne de connaissances tant louée. Comme suite logique, ce réservoir du savoir ne doit pas disparaître, mais être relayé à la suite de l’existence. Éduquez-moi, je ne suis qu’un enfant. Oui, cet intitulé raisonne. L’éducation est un antidote efficace contre la médiocrité, l’incivilité, voire le harcèlement scolaire, sujet d’actualité qui gangrène nos établissements. Par conséquent, toutes les familles, tous les parents, tous les établissements éducatifs et le ministère de l’Éducation nationale ont un rôle suprême à jouer, afin de mériter l’estime des enfants. Cordialement, cette œuvre littéraire vous est dédiée. L’éducation ne peut pas être une opportunité, une chance, mais le quotidien acquis de tout enfant, tout être humain dans la vie. C’est un droit universel. In fine, une valeur de première nécessité, à retour sur investissement assuré. Ce faisant, certainement vos neurones sont déjà connectés, et la lecture responsable inlassablement magnifie les mœurs. De bonne heure, faites-en bon usage. Je vais fouiller le monde.
Il était seul devant sa console. Que regardait-il ? Finira-t-il par vous le dire ? Ses parents, dont Angela et Adrien, vaquaient à leurs occupations. Des ouvriers lève-tôt, qui se battent corps et âme pour nourrir leur enfant, payer les factures, contribuer à l’économie. La vie est dure pour tout le monde, mais ce n’est guère interdit de garder espoir, de réussir dans la vie et sa vie… espoir, toujours espoir pour notre progéniture. Entretemps, la complicité de la grand-mamie et de son arrière-petit-fils se déroulait au téléphone.
— Mamie Hélène, je suis tout seul.
— Je sais, mon grand.
— Patiente, d’ici peu tes parents seront de retour.
— Qu’as-tu mangé ce soir ?
— J’ai mangé une pizza.
Aussitôt, il y aura grincement dans la serrure. C’est sa mère.
— Maman.
— Oui mon chéri. Je suis là. Mais avec qui tu discutes au téléphone ?
— Je discute avec grand-mamie.
— D’accord, peux-tu me la passer ?
— Bien sûr.
— Oui mamie, comment vas-tu ?
— Ma fifille, je suis bien, mais je m’inquiète un peu pour Mayadis.
— Quelle est la raison de cette inquiétude ?
— Je n’apprécie guère à son âge, qu’il soit tout seul à ne jouer qu’au jeu vidéo.
— J’aurais aimé prendre soin de lui.
— Mamie, ce n’est pas possible. Tout d’abord, t’es loin de nous. Non, à ton âge vaut mieux t’occuper de tes chats. Laisse-nous gérer cela. Son père et moi, nous nous en chargeons bien.
— Le pauvre gosse n’a que dix ans.
— Nous n’en pouvons rien, mamie. Nous devons travailler pour gagner notre vie. Écoute mamie, je dois raccrocher et faire à manger. Je suis crevée.
— Papa !
— Voici son père qui vient d’arriver.
— La vie de maintenant, c’est vraiment une autre époque. Bien, je vous laisse tranquille.
— Bonne soirée mamie et, merci pour ce coup de téléphone.
— De rien à bientôt, Angela. Mon grand, as-tu déjà fait tes devoirs ? Pendant ton temps libre, tu peux aussi faire de la poterie. Il n’y a pas que le jeu vidéo.
Angela approche son Adrien et lui fait un gros câlin :
— Je suis fatigué.
— Je sais mon cœur, mais je dois quand même contrôler le cahier de devoirs de Mayadis. Certainement, il a des devoirs à faire.
— Allez, raconte.
— La maîtresse nous a donné deux devoirs à faire. C’est le calcul et la lecture. Mais je n’aime pas le calcul.
— Pourquoi, mon enfant ?
— Parce que la multiplication et la division m’embêtent.
— Mon enfant, tout dans la vie s’apprend. Il faut du courage et de la volonté pour accepter ces enseignements.
— J’ai mal au ventre.
— Non, Mayadis. Je te connais. Ne cherche pas des excuses, pour ne pas faire tes devoirs.
— Oui, fiston. Ta mère a raison. Il faut apprendre pour être utile à la société. Tu fais partie du futur de la France. Plus tard, c’est toi qui paieras nos retraites. Vive le système par répartition.
— Pas du tout. Je ne ferai rien du tout.
— La génération privilégiée ne se rend pas compte combien, les anciens ont trimé pour qu’elle hérite ces bonnes conditions de vie. Mon petit, tu finiras par comprendre l’histoire de ton pays. Maintenant, c’est le moment de faire tes devoirs. C’est notre rôle de parents. Viens là. Après, j’ai d’autres choses à faire. Dépêchons-nous avant que maman ne dresse la table.
Ainsi, Mayadis aura fait ses devoirs.
— À table les champions. Il y a des légumes que vous aimez bien. Ce sera un vrai délice.
Chérie, tu as mis aussi ce que j’aime.
— Oui, mon amour. Ton poulet est là. C’est de la nourriture bien faite, apportant du bienfait pour toute la famille. Allez, prenez place. Nous allons faire noble table. Je te sers, mon grand. Il faut manger plein de légumes. C’est bon pour la santé et ton intelligence. Plus tu en prendras, plus tu seras excellent à l’école.
— Je l’espère. Maman, grand-mamie vient de faire connaissance avec une mamie africaine.
— Ah bon ! Comment le sais-tu ?
— C’est elle qui me l’a dit.
— Alors tant mieux pour elle. Elle a quelqu’un avec qui discuter.
— Mais moi j’aurais apprécié qu’elle vienne à Paris. Après l’école, je m’ennuie beaucoup. Elle aurait été là pour moi.
— Mon garçon, ça ne peut pas le faire.
— Pourquoi papa ?
— Parce qu’elle se sent mieux au Nord–Pas-de-Calais. Elle y a ses habitudes. Ta mère lui avait proposé de venir à Paris, mais elle ne s’y intéresse pas. Nous ne pouvons rien faire.
— Heureusement, mes jeux vidéo m’occupent. Cependant, c’est interdit d’y rester longtemps. Priorité aux devoirs. D’accord ?
— Compris, maman.
— Mais c’est quoi ces égratignures que tu as sur ton avant-bras ?
— C’est mon copain Jordan.
— C’est lui qui t’a fait ça ?
— Rien de grave, maman.
— Comment ça ! Ce garçon est violent, abrupt. Il faut que j’en parle à ta proviseure.
Angela, c’est une directrice. La proviseure c’est au lycée, la principale pour le collège.
— Maman, ce n’est pas si inquiétant.
— Non Mayadis, je dois le signaler à ton école. C’est comme cela, le harcèlement scolaire commence. Demain, j’appellerai la directrice.
Jordan est un enfant si atypique. Il ne faisait qu’à sa tête. Dans le langage d’adulte, on l’appellerait mauvais garçon. Pour ses amis, il représentait une vraie tornade.
— Jordan lâche-moi, tu me fais mal !
— Ferme ta gueule !
— Pourquoi, tu me parles comme cela ?
Camille, d’emblée n’apprécie guère la maladresse de son copain.
— Nous sommes là pour jouer au foot, et non pour nous faire la boxe.
— Hey, les enfants, jouez doucement. Faites-vous plaisir. Transpirez dans le respect, dit le vigile.
— C’est Jordan qui me provoque.
Aussitôt, c’était la fin de la création.
— Allez, retournez en cours. Vous avez le cours du théâtre.
— Camille, t’es fâché contre moi ?
— Oui Jordan. Tu m’embêtes trop.
— Excuse-moi. On s’amuse.
— Allez, les enfants, nous allons en salle de spectacle. Nous allons apprendre du théâtre.
Tout le monde se précipita vers la salle du théâtre. C’était donc le moment de découvrir aussi leurs talents artistiques.
— Bien, les enfants, aujourd’hui nous allons apprendre comment incarner un personnage. Qui d’entre vous a déjà vu le film de Louis de Funès ?
— Moi, maîtresse Morgane.
— Oui Ambre.
— Pendant le confinement à cause de Covid 19, on passait beaucoup ses films à la télé.
Dans la salle, tout le monde manifestement avait déjà regardé un de ses films.
— Avez-vous un commentaire à faire sur Louis de Funès ?
Jordan lève le doigt et dit :
— il est toujours en colère.
— D’accord Jordan. Qu’avez-vous découvert de plus encore sur lui ? Oui, Marda la Japonaise.
— Il est drôle.
— Parfait ! Oui, Carole.
— Il fait des grimaces tout le temps.
— D’accord les enfants. C’est exact sur tout ce que vous avez eu à énumérer comme caractéristiques de Louis de Funès. Oui, c’est ce qu’on appelle incarner un personnage.
— Que veut dire un personnage ?
— Bonne question. C’est un rôle représenté par un acteur dans un film ou théâtre. En effet, ce que Louis de Funès pratiquait dans les films n’était que le reflet de rôles mis en scène.
Soudain, Jordan tombe dans les pommes. Tout le monde est pris de panique.
— Maîtresse Morgane, Jordan est tombé !
Elle s’approche de lui :
— Jordan, Jordan m’entends-tu ?
Jordan est inconscient, Institutrice Morgane observe s’il respire.
— Il faut appeler les pompiers.
— Vite, je dois les appeler. Silence !
Le silence transcende tout le monde.
— Non, maîtresse Morgane. S’il vous plaît, j’ai horreur d’être transporté à l’hôpital. Je suis vivant et disposé à porter une cravate.
— C’est quoi cette histoire ? Tu es bien conscient !
— Oui madame. Simplement, j’ai essayé de mettre en pratique ce que vous veniez de nous apprendre. Non, n’appelez pas les pompiers.
Toute la classe se met à rire.
— Ça, c’est du Jordan tête à téter.
Institutrice Morgane ne dit mot. Puis elle reprend ses esprits et dit :
— Tu es fort. Voilà les enfants. Ce que Jordan vient de faire, c’est ce qu’on appelle personnage. Et surtout, il l’a fait naturellement comme si c’était du vrai. C’est cela le secret du spectacle.
Nous étions comme des spectateurs, le public, à voir la scène. Jordan s’est fait passer pour quelqu’un qui s’est évanoui. Subrepticement, les pompiers surgissent. Qui les a avertis ? Ce n’était que du spectacle !
— Que se passe-t-il ? Nous venons juste de recevoir un coup de fil indiquant qu’un enfant venait de faire une syncope. Où est-il ?
— C’est moi qui les ai appelés. J’ai fait le 15, comme m’ont toujours appris mes parents en cas d’urgence.
— D’accord Léana. C’est un bon réflexe. En effet, chers pompiers, je suis Morgane, institutrice du théâtre. J’étais en train de donner le cours de théâtre sur le thème de personnages. Le jeune que vous voyez là, il s’appelle Jordan. C’est lui qui est à la base de votre mobilisation. Il a voulu mettre en pratique ce qui a été enseigné. Et donc, il nous a intelligemment drainés dans une entourloupe, ce en se faisant passer pour un évanoui. Je suis désolée. C’était une mise en scène. Finalement, c’était une fausse alerte ! Oui, messieurs les pompiers. Nous vous prions de nous en excuser.
Ils rient.
— C’est intéressant. Cependant, nous ne pouvons écarter la bravoure de l’élève qui nous a appelés. Ce geste mérite une attention. Les enfants, c’est un bon réflexe à prendre. Ceci peut sauver des vies. De plus, nous avons aussi le plaisir de vous informer que nous nous vouons à des formations de premiers secours, notamment de réanimation, c’est-à-dire en cas de crise cardiaque, d’insolation, soit de coup de chaleur intense surtout en été ; aussi l’accident vasculaire cérébral pouvant paralyser un humain, puis la déshydratation, soit pas assez d’eau dans le corps, d’où il est conseillé de boire, etc. Si ça vous intéresse, nous serons là à votre disposition pour cette formation. Ce que vous venez de vivre avec Jordan peut arriver dans la vraie vie. Cette formation est nécessaire et gratuite. Elle a la même importance que l’apprentissage à la natation ou pour le permis de conduire.
— Les enfants, c’est une bonne idée. Êtes-vous d’accord pour tenter cette aventure essentielle ?
— Oui maîtresse Morgane, nous sommes intéressés.
— Alors dans ce cas, j’en parlerai avec la directrice pour prendre rendez-vous. Messieurs les pompiers, c’est une bonne sensibilisation. Madame la directrice sera tenue au courant de cet échange. Ensuite, elle vous rappellera, téléphonera.
— Superbe ! Alors, à bientôt les enfants, et nous vous souhaitons un agréable cours.
Les deux amies et voisines de palier s’adoraient bien. La petite Hélène invita mamie africaine chez elle. C’était une personne ponctuelle, toujours à l’heure. Oui, c’était le respect à l’état pur.
— Je vous en prie, asseyez-vous. Je vous sers un café ou une tisane ?
— Une tisane, ça me va bien.
— Je suis en train de suivre les infos à la télé. Ça parle de la guerre entre Ukraine et Russie. Je ne comprends pas ce qui se passe dans la tête, de décideurs de ce conflit armé. Nous risquons une troisième guerre mondiale. Croyez-vous, on en arriverait jusque-là ?
— C’est possible mamie africaine.
— Ah bon ! Sans blague, c’est du n’importe quoi. Je ne conçois pas que les élites de ce monde jouent aux apprentis sorciers.
— Mamie africaine, j’ai vécu la Deuxième Guerre mondiale. Franchement, je ne la souhaite à personne. J’ai vu tant d’atrocités.
— Je t’écoute ma petite Hélène. Qu’avez-vous vécu ?
— Les nazis brûlaient des êtres humains vivants. La guerre doit être le dernier recours de dissuasion, de force. Les discussions, les pourparlers sont à prioriser. Je me souviens d’un militaire nazi dont le rôle était de venir à notre ferme pour prendre les œufs réquisitionnés. À chaque fois que je le voyais arriver, j’allais me cacher dans le grenier. Il me faisait vraiment peur. À ma perception d’enfant, je le prenais pour un assassin, un voleur. Un jour il est arrivé, quelle frustration. Pétrifiée avant que je ne prenne la fuite, il tomba en sanglots. Il me demanda de ne pas fuir et sortit de son portefeuille les photos de ses enfants. Il me dit : « Moi trois enfants, moi pas aimer guerre. » Cette scène m’avait beaucoup marquée. C’est plus tard que j’ai compris que les soldats, même au front, forcément tous n’ont jamais été heureux de faire la guerre. Depuis le 24 février 2022, date du début de la guerre entre Ukraine et la Russie, je suis dégoûtée. Tout est bombardé, les civils sont tués, la flore et la faune menacées. Sans oublier le risque sur les centrales nucléaires, même les stress post-traumatiques que causerait cette guerre. C’est comme si ces décideurs n’ont rien compris du désastre du passé.
— Vous avez raison. Partout ailleurs où les guerres font rage, il n’y a pas du crédit d’excuses pour cela. Mon mari, que son âme repose en paix, me rappelait une citation de Paul Valéry qui dit : « La guerre est un massacre de gens qui ne se connaissent pas au profit de gens qui se connaissent, mais ne se massacrent pas. »
— C’est vrai ! Cet écrivain, poète et philosophe français du XXe siècle, eut raison de réfléchir comme cela. De mes propres yeux, j’ai vu comment les nazis déportaient les juifs vers Dachau au camp de concentration, celui menant aux chambres à gaz. Et encore, les personnes âgées y passaient, car c’étaient des bouches inutiles à nourrir, disaient les nazis. J’ai vu les Africains de colonies, des Tziganes et des personnes handicapées gazés et tués par le régime nazi. J’ai tout vu, car j’habitais le département de l’Orne avec mes parents. Ce sont de mauvais souvenirs. C’est une honte pour l’intelligence humaine, quand au XXIe siècle nous nous faisons encore la guerre. Les belligérants ne soulignent guère les dégâts environnementaux et les perturbations causés aux animaux. Honte à toutes les guerres de par le monde ! Je dis, la guerre est une expression, un langage de gens refusant de coopérer dans l’espoir de se ridiculiser.
— Respect ! Quelle belle citation !
— Quoi qu’il en soit, il y a toujours moyen d’éviter cette mauvaise invention qu’est le conflit armé. La vraie guerre pour moi serait acceptable si nous avons été attaqués par les extraterrestres, mais entre nous les terriens c’est une faute, une crevure subie, sans scrupule.
— Pour l’heure, il n’y a pas humanité ni de planète B. Ma petite Hélène, nous qui avions vécu ou l’idée de ces morbides évènements, nous devrions faire les travaux de mémoires avant qu’il ne soit trop tard.
— C’est du déjà fait, mais on ne nous écoute pas. Pourquoi brandir les armes de guerre et atomiques qui deviennent des médailles olympiques de l’hubris, de rapport de force ?
— Je pisse sur ça.
— Je suis d’accord avec vous. Alors que nous avons besoin d’éduquer les nouvelles générations à comprendre le passé, préserver le présent et rassurer le futur. Pendant le combat, les uns et les autres se prévalent de leur marge offensive, en dépouillant publiquement le nombre des tués civils et militaires. C’est comme si c’étaient des morts dans un jeu vidéo de Mayadis et ses copains. Il n’y a plus de distinguo entre le réel et le virtuel. L’éducation des élites, je dirais celle de certaines d’entre elles, est approximative. Elles font des leçons de morale à nos enfants, sans se voir elles-mêmes dans la glace.
— J’adhère à cette réflexion.
— Hein ! C’est quoi cette histoire ? Regardez-moi ça !
— Qu’est-ce qui se passe encore aux infos ? Quoi ? Ma petite Hélène, dites-moi que j’hallucine. Comment ça, une lionne en liberté aperçue en forêt ? Je parie être en Europe, non ! Apercevoir une lionne dans la forêt européenne ? Tout de même, ce n’est pas une savane ! Invraisemblable, c’est quoi cette histoire ? C’est du bluff ou quoi ?
— Mamie africaine, nous avons parfois de gens qui achètent les animaux sauvages, les hébergent et les apprivoisent chez eux.
— Comment ça ! Peut-on domestiquer une lionne, un lion comme un animal de compagnie ?
— Oui, c’est une réalité. Des fois, ces animaux servent dans les cirques. Certains propriétaires, après les avoir usés, souvent les abandonnent.
— C’est gravissime ! Les autorités doivent veiller sur ce genre de comportement. Que dois-je faire, moi qui suis au rez-de-chaussée menant vers ladite forêt ?
— Mamie africaine, il nous faut faire des provisions pour quelque temps. Si c’est réellement vrai que cette lionne est dans les environs ; alors, mes volets et fenêtres ne seront plus ouverts jusqu’à nouvel ordre.
— Ah oui ! Vous avez raison. Être attaqué par une chatte ne craint pas. Mais une lionne ! À nos âges, le moyen des ambitions de survie est à solliciter. Non, je n’ai pas l’endurance de Usain Bolt pour y échapper. Puis je n’ai pas les compétences nécessaires, afin de me déroger ou de changer la loi carnassière. Bientôt, j’aurai quatre-vingt-douze ans. J’ambitionne d’atteindre cent ans. J’y tiens et j’en suis capable. Croyez-moi, ma petite Hélène, je suis encore en forme. L’insistance à la vie ne doit écoper aucun carton rouge.
— Je suis d’accord avec vous. Moi aussi, je veux arriver à mes cent ans. La panne du réveil doit attendre. Prions pour ça.
— Une lionne en liberté ! Nous devons appeler la Mairie, afin de comprendre que ça dire. C’est un canular ou quoi ? Quel degré fait-il dehors ? Il fait deux euros. Deux euros ! Hey pardon, plutôt deux degrés, allais-je dire.
— Attention mamie africaine, vous allez finir par parler en l’envers, en langue des invisibles.