Émmair, « L’ombre du passé » - Tome 3 - Marco Marc - E-Book

Émmair, « L’ombre du passé » - Tome 3 E-Book

Marco Marc

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Beschreibung

Émmair rentre en France, seul et divorcé, après une longue période de réflexion. De retour dans son pittoresque village au-dessus de Nice, il est chaleureusement accueilli par ses anciens amis et retrouve un semblant de sérénité. Cependant, alors qu’il semble avoir trouvé sa place et être devenu un pilier de la communauté, une ombre du passé refait surface de manière inattendue. Ce secret, longtemps enfoui, menace de tout détruire. Les mystères se dévoilent et Émmair fait face à une accusation qui pourrait tout bouleverser.

 À PROPOS DE L'AUTEUR 

Après une décennie passée à travailler comme chef sur des ferrys, Marco Marc se réinvente en paysagiste. Passionné par l’art, il se plonge dans la photographie et la peinture en tant que loisirs. Ce n’est qu’à la retraite qu’il se consacre à l’écriture, donnant naissance à son premier roman, "Choisir sa vie ou les liens bafoués".

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Couverture

Page de titre

Marco Marc

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Émmair,

« L’ombre du passé »

Tome III

Roman

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Copyright

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

© Lys Bleu Éditions – Marco Marc

ISBN : 979-10-422-4538-2

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L. 122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L. 122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivante du Code de la propriété intellectuelle.

Émmair, « L’ombre du passé »

 

 

 

 

 

Seulement un an que Émmair vivait en Australie et déjà, il ne se sentait pas bien dans ce pays. La France lui manquait et il avait décidé d’en parler avec toute sa famille, il avait attendu un dimanche après-midi où tous étaientattablés dans le jardin avec le père et la mère d’Eden pour annoncer son intention de retourner s’installer dans son pays. Émmair ne pensait pas que ça poserait un problème, il pensait qu’Eden serait immédiatement d’accord pour suivre son mari avec les enfants, Camopi et Mina… Ce dimanche-là, Émmair avait donc parlé de son intention de quitter Sydney :

« Voilà, j’ai quelque chose d’important à vous dire », a-t-il commencé.

« J’attendais que l’on soit tous ensemble pour vous en parler, j’ai décidé de retourner en France, je ne me sens pas bien ici, cela vient surtout du fait que je ne parle pas l’anglais, ce qui est difficile pour communiquer, ne serait-ce qu’avec les voisins,en plus, mon travail n’est pas tellement intéressant, ça ne me plaît pas trop.Alors, j’ai pensé que ce serait mieux qu’Eden, les enfants et moi déménagions pour retourner en France ».

Tous l’ont regardé comme s’il était devenu fou, il poursuit quand même :

« J’ai des amis là-bas qui nous aideront à trouver un logement, et pour mon travail, j’irai voir au bureau militaire pour faire une réinsertion. Il n’y aaucun problème, nous avons assez d’argent pour déménager, Eden et moi. Et bien sûr, nous viendrons vous rendre visite tous les ans au mois de décembre avec les enfants et l’on s’arrangera pour rester tout le mois. »

Daddy, Mum' et Eden étaient complètement suffoqués, c’est Eden qui reprend son souffle la première :

« Eh bien, Émmair, qu’est-ce qui t’arrive ? Tu n’es pas bien avec nous ? »

« Eden, je n’ai jamais dit ça, je préfère vivre en France mais avec vous bien sûr ! Je ne me plais pas dans ce pays, je n’ai pas l’impression d’êtrechez moi, il n’y a pas de problème, tu le sais bien, Eden,avec mes amis, que tu connais très bien d’ailleurs, on trouvera vite un logement, nous avons de bonnes garanties et avec l’aide d’une agence immobilière, nouspouvons trouver un appartement tout de suite, il n’y aura plus qu’à se meubler ! » plaisante Émmair.

Malheureusement, personne ne rigole, pas même un sourire, c’est Daddy qui reprend la parole.

« Je me doutais bien qu’un ancien légionnaire ne serait jamais sérieux, ils sont tous pareils, tous des aventuriers, ces personnes-là ne peuvent pas rester avec leur famille plus d’un an ! »

« Mais, Daddy, j’emmène ma famille avec moi, c’est ce que je dis, on déménage tous ensemble. »

« Et vous croyez que ma fille va laisser son travail, sa maison, sa famille pour partir, on ne sait où ? »

« Mais elle emmène sa famille, Daddy, qu’est-ce que vous racontez ? Pour la maison, ce n’est pas grave, elle la retrouvera pour les vacances et pour le travail, il y en a aussi en France ».

« Il est hors de question que ma fille parte à l’aventure avec nos petits-enfants, elle reste ici et c’est tout », s’indigne le beau-père.

Émmair commence à se poser des questions.

« Mais Daddy, personne ne part à l’aventure ! Mes amis de Paris ont une très bonne situation, et la France est un très beau pays où l’on vit très bien, d’ailleurs, Eden apprécie la France et de plus, Daddy, c’est quandmême à elle de juger ce qu’elle a à faire ».

Émmair se tourne vers sa femme et lui demande :

« Dis-moi, ma chérie, tu es d’accord, tu viens avec moi ? Tu sais très bien que c’est sans problème ! Pour le logement, c’est tout de suite, pour le boulot au début, tu pourras toujours donner un coup de main à Li-na dans son restaurant, ou si tu veux continuer dans ton domaine, c’est possible aussi, il y a des bureaux de la Croix rouge aux quatre coins de la France ! Pour ma part, jeferais une réinsertion avec le bureau militaire et pour les enfants, la vielà-bas est très agréable et les écoles sont d’un excellent niveau, alors, Eden, qu’est-ce qui te dérange ? »

« Émmair, non. Je reste ici avec mon papa et ma maman ».

« Eden, ne sois pas bête ! Tu les verras tous les mois de décembre pour les vacances de Noël, en plus, tu adores la France, insista Émmair. Ma chérie, c’est juste que je ne me plais pas dans ce pays, tu me comprends ?À Paris, tu seras bien avec Li-na, c’est ton amie, tu te rappelles ? »

Mais, rien à faire, Eden a refusé, elle ne veut absolument pas laisser Mum' et Dad' tout seuls !

Pendant plus de deux semaines, Émmair avait insisté en montrant le bon côté des choses, la vie en France qui est très agréable, pour Camopi et Mina, il n’y avait aucun problème, ils parlent tous les deux français pour trouver une école, il n’y avait aucune difficulté pour eux deux à trouver du travail, ne devrait pas être trop difficile.Mais, non, Eden avait refusé de quitter ses parents malgré l’insistance de Émmair et le fait que le projet de Émmair soit très sérieux et qu’il n’y ait aucune aventure là-dedans, commeavait l’air de dire le beau-père !

Il a donc pris sa décision, il ne fera pas machine arrière, ce qui est dit est dit ! Par contre, il est maintenant très vexé de l’attitude d’Eden : pourquoi refusait-elle de le suivre ? Où était passé le côté baroudeur de sa chérie ? Où était l’Eden qui avait traversé la jungle avec lui ? Tout de suite, Émmair pensa que sa chérie était partie à l’aventure pour trouver un mari et revenir à la maison chez son papa et sa maman, sans se demander si cela plairait à son mari. À ce moment-là, Émmair eut l’impression d’avoir été prispour un imbécile, sa belle-famille et sa femme semblaient lui dire : « Tu restes là et tu ne bouges pas ! » Émmair se sentit vraiment offensé, il décide donc dene pas se laisser faire, il était marié avec Eden et si elle refusait de le suivre, il allait falloir qu’elle ait une bonne raison.

Sous les ordres de son père, Eden demande le divorce !

Émmair a beau lui dire, encore une fois, que c’est à elle de décider de sa vie mais elle ne veut rien savoir, elle veut rester avec son Daddy.

Puisque c’est ainsi, Émmair décide de ne pas faire de cadeau au niveau du divorce, finalement, c’est bien elle qui le quitte.

Émmair a tout bien exposé à son avocat pour le divorce, pour l’avocat, il n’y a aucun doute, Eden ne veut pas suivre son mari sans motif valable, Émmair est un papa et un mari très attentionné, ce qui a été reconnu donc Eden n’a aucun motif pour ne pas suivre son mari, elle se met en tort.

Le juge a été compréhensif, il a décidé qu’Eden garderait les enfants mais qu’elle devrait les amener voir leur père un mois par an, les frais du voyage seront à la charge de Daddy et Mum. Émmair devra verser une pension alimentaire tous les mois, de deux mille francs.

Le divorce a été vite réglé, Dad' s’en est occupé. Émmair comprit à ce moment-là que son beau-père n’espérait que ça, tellement il avait eu vite fait de s’occuper des affaires de sa fille.

Émmair s’aperçoit maintenant que son beau-père ne l’avait pas réellement accepté, il n’avait jamais aimé le fait qu’il soitlégionnaire, il en avait maintenant la certitude. Dad' semblaitsi heureux de se défaire de son gendre, il voulait bel et bien garder sa fille et ses petits enfants pour lui. Par contre, Mum ne semblait pas trop d’accord avec son mari, elle lui avait dit deux ou trois fois :

« My love, tu ne crois pas que c’est à ta fille de décider ? »

« Tu ne vas quand même pas le défendre ? Mes petits enfants ne partiront jamais, je ne sais où, pour devenir des voyous ! »

C’était dit, Émmair avait bien entendu, il regarde Eden et lui dit :

« Tu me déçois, Eden, je pensais que tu avais plus de caractère que ça, tu te rends compte que c’est ton père qui décide pour toi, c’est ta vie, Eden !Crois-tu vraiment que nos enfants vont devenir des voyous avec moi ? »

Eden baisse les yeux et lui répond qu’elle ne peut pas abandonner sesparents.

« Émmair, si je les quitte, ils vont mourir de chagrin ».

« Mais tu ne les quittes absolument pas, tu reviendras les voir tous les mois de décembre pour Noël, tout un mois, c’est beaucoup quand même ! »

Mais, non, malgré tous les efforts de son mari, Eden est restée ferme sur ses positions, elle veut rester avec son papa et sa maman, le divorce est donc prononcé au début du mois de mars 1987.

Émmair avait été très déçu par sa femme et les sentiments qu’il avait pour elle s’étaient pratiquement envolés, ce n’était plus la belle femme rayonnante et pleine de vie qu’il avait connue en Guyane, cette Eden qui savait prendre des décisions et qui avait un sacré caractère ! Elle avait préféré une vie avec son père et sa mère plutôt qu’une vie de famille avec ses enfants et son mari.

Tellement déçu qu’au moment de quitter Sydney, Émmair ne fait pas labise à son ex-femme qui avait les larmes aux yeux, et ne dit surtout pas au revoir à son beau-père qui est quand même le responsable de ce divorce, juste un signe de tête à Mum' qui semblait bien triste de ce dénouement.

Émmair a donc débarqué une semaine après le jugement, aux alentours du 15 mars, à Roissy Charles de Gaulle avec sa fidèle valise en inox, son grand sac Bandoulière et son petit sac de sport bleu à fond orange !

Un peu perdu au début et surtout très vexé et déçu par Eden, il prend la direction de la gare Montparnasse, quand il arrive à Paris, c’est toujours cette gare, son point de repère. Une fois arrivé là, il pose sa valise etse demande ce qu’il va faire :

« De toute façon, se dit-il. Je suis à Paris, je ne peux pas passer ici sans aller dire bonjour à Li-na et à mon pote le Chinetoque, je verrais après où j’irais ! »

Il se renseigne aussitôt pour savoir quel métro prendre pour le centre commercial Beaugrenelle, c’est la ligne 10.

Il arrive au métro Boulogne et après quelques détours retrouve le grand centre commercial, aucun problème ensuite pour retrouver le resto de son pote. Quand il arrive devant, c’est un grand self-service ouvert, Li-na est en train de ranger les tables.

« Hello, jolie mademoiselle ! » l’appelle Émmair.

 

Li-na se retourne et reste un moment les yeux grands ouverts par la surprise : « Mon grand chéri, Émmair ! Mais, que fais-tu là ? »

« Je suis de retour en France ! »

 

Li-na l’attrape dans ses bras en lui faisant de grosses bises : « De retour ? Mais. Ta femme Eden ? »

« On a divorcé, elle n’a pas voulu me suivre, je ne voulais pas rester en Australie ».

« Ah d’accord ! avec Jen, on s’en doutait un peu, rentre vite avec tes valises, on dirait, je ne sais pas quoi. »

Le Chinetoque (Chieh-Jen de son vrai nom) n’est pas bien loin, Émmair le voit devant ses fourneaux, il fait le nettoyage et d’ailleurs le cousin est toujours à côté de lui, sacré cousin qui aime bien faire goûter ses plats à ses amis,c’est Li-na qui les appelle.

« Jen, regarde qui est là ? »

 

Le chinois lève les yeux et voit Émmair, un grand sourire éclaire sa bouille ronde :

« Émmair, mon ami, rentre vite ici ! »

 

Tous les deux se font de franches accolades, ils sont ravis de se revoir, il faut dire qu’ils ont vécu de sacrés moments ensemble !

Le cousin participe aussi, bien sûr.

« Toi, quitter pays Kangourou ? » demande-t-il dans son français toujoursapproximatif.

« Hé oui, comme vous voyez tous, je suis de nouveau célibataire ! » souligne Émmair.

Le Chinetoque tape sur l’épaule de son pote en lui disant.

 

« Ça ne m’étonne pas trop !Mais, tu sais, Émmair, qu’il y a de la place ici pour te loger, c’est sans aucun problème, ici comme chez toi ! »

« Je sais très bien mon ami et je te remercie, toi et Li-na, mais je suis venujuste pour vous dire bonjour à tous,je repartirai demain. »

« Toujours pareil, Émmair, à chaque fois que je te vois, tu repars aussitôt ! » se plaint Li-na.

« Oui, Li-na, mais je retourne à Nice, là où j’avais mon petit appartement, c’est encore là que je suis le mieux, c’est une belle région ! »

« T’as bien raison, sergent, la Côte d’Azur c’estgénial, si tu peux y rester, n’hésite pas ! » confirme Chieh-Jen.

Émmair, pendant le trajet en métro, a réfléchi et a pris sa décision assez rapidement : Paris, il aime bien mais c’est un peu trop speed pour lui, surtout tout seul, si Eden et les enfants l’avaient suivi, ils seraient restés là, bien sûr, pour Camopi et Mina, Paris offre tout un tas de débouchés pour une belle carrière ! Après, il avait aussi pensé retourner à Périgueux voir sa Dalia, celaaurait étéune bonne idée aussi, mais maintenant qu’elle est avec son docteur autant les laisser tranquilles. Le mieux était donc le petit village, là-bas, il n’a aucun problème pour trouver un logement, Fifine l’accueille tout de suite ou même au petit hôtel où la patronne a toujours une place pour lui, il y a aussi la belle Lison qui est toujours là pour l’aider. Émmair avait décidé ça pratiquement sans y réfléchir, comme quelque chose de logique, évidemment, il l’aime bien son petit village !

Aussitôt, le cousin prend les affaires de Émmair en disant.

« Je mettre en haut valises, toi chance, moi faire grands Samoussas ! » Émmair ne peut pas s’empêcher de rire.

« Tu es toujours dans la bouffe, cousin ! »

« Bon, viens t’asseoir et raconte-nous tes misères ! » demande Chieh-Jen. Émmair raconte son histoire en Australie, son boulot qui n’était pas terrible et surtout qu’il ne parlait pas l’anglais, ça le bloquait un peu pour se faire des connaissances, quand il a dit à sa femme qu’il voulait partir, son père s’en est mêlé pour qu’elle reste, et elle l’a écouté !

« Ce n’est pas trop normal, elle aurait dû te suivre, tu es son mari ! » affirme Li-na.

« C’est ce qu’a dit le juge, il a mis toutes les fautes sur Eden et son père, je ne pensais pas qu’elle était comme ça, je la croyais plus combative, elle m’a vraiment déçue ! Bon. Il vaut mieux parler d’autre chose ! »

C’est à ce moment-là que le cousin arrive avec un grand plat rempli de samoussas et de salade.

Li-na, en un tour de main, dresse la table tandis que le Chinetoque débouche une bonne bouteille de rosée, ils ont pris l’habitude de manger après le gros coup de feu, il y a toujours des cuistots qui assurent le service continu de 11 h à 22 h.

Pendant tout le repas qui dura jusqu’à la fermeture, ils se donnèrent des nouvelles des uns et des autres, ainsi Émmair apprit que Jacky et Piko devaient venir faire une visite après le 11 novembre, Chinetoque dit que ce n’était pas encore bien sûr, mais qu’il téléphonerait à Émmair pour confirmer :

« Impeccable ! tu me téléphones au petit hôtel, si je peux venir, je viens ! »

La soirée se finit comme ça, Li-na donne les horaires de train pour Nice à Émmair, et tous montent se coucher.

Le lendemain matin, dans le train, Émmair a le temps de récupérer, avec le repas d’hier soir plus le décalage horaire, Émmair est un peu dans le coltard ! Quand il arrive à Nice dans l’après-midi, ça va mieux, il saute dans la navette qui l’amène à côté de son ancien logement et grimpe le petit sentier qui le conduit au village. Émmair se réjouit de retrouver sa montagne ! Une petite heure après, il déboule sur la place, toujours la même, avec sa boulangerie et sa Poste, Émmair regarde en souriant le bar hôtel-restaurant qui l’a accueilli il y a maintenant plus de quinze ans ! À ce moment-là, Lison sort du bar en criant :

« Émmair, Émmair, tu es revenu ! » et elle se jette dans les bras d’Émmair en pleurant de joie !

Émmair, qui a eu juste le temps de poser sa valise, attrape Lison dans ses bras en lui disant :

« Ma petite Lison, doucement. Tu es mariée ! »

 

Lison explique qu’elle a mis son facteur à la porte, ça fait maintenant plus d’un an :

« Il ne me plaisait plus, déjà, il commençait à boire un peu trop, et puis il m’énervait, depuis il a été muté ailleurs. Mais toi ? Qu’est-ce que tu as fait de ta femme ? »

 

 

 

 

 

Émmair lui dit simplement qu’ils se sont séparés, que lui ne voulait pas rester en Australie, le pays ne lui plaisait pas où plutôt que la France lui manquait et Eden n’avait pas voulu le suivre.

« Tu es tout seul, alors ? » lui demande Lison en regardant Émmair.

« Oui ! »

« Bon, alors viens chez moi ! »

« Je ne sais pas. Lison ? »

« Ben quoi ? On se connaît tous les deux, non ? Et, tu sais bien que tous les deux, ce n’est pas pour de vrai ! »

Effectivement,tous les deux avaient conclu un pacte, dès le premier soir où ils se sont connus, ils avaient décidé de coucher ensemble, mais de rester « copain-copine », que ça n’irait pas plus loin et d’ailleurs ils avaient tenu leur promesse, puisque dès que Lison avait trouvé son facteur, ils avaient arrêté leur rapport.

« Bon, comme tu veux ma Lison, mais il faut quand même que j’aille dire bonjour à la patronne de l’hôtel ! »

« Plus tard, allez viens ! »

 

Lison habite une petite maison de plain-pied, toute blanche avec les volets bleus, très simple. La porte d’entrée est au milieu de la façade, elle donne directement sur la cuisine américaine, à gauche le salon, et sur la droite après la cuisine une grande salle de bain qui fait aussi buanderie, au fond, la chambre, c’est vraiment super. Émmair pose ses affaires au milieu du couloir, Lison l’attrape par la main et lui dit :

« Viens, on va dans la chambre, mais on se promet tous les deux que c’est justepour le plaisir entre nous ? »

« Comme tu veux ma Lison ! »

 

Émmair a été le premier surpris, ils ont eu envie l’un de l’autre comme des fous, comme de jeunes mariés qui se retrouvent après un mois de séparation !

Émmair est réellement très étonné, il avait pensé aussi que les problèmes avec Eden allaient le perturber, mais non, il avait retrouvé sa Lison avec bonheur ! Lison le regarde en souriant et lui dit :

« Ce doit être l’air de la montagne qui te manquait mon beau légionnaire ! » Émmair fait un « Mouai » pas très convaincu, il trouve quand même bizarre cette façon qu’ils ont eue de faire l’amour, ils avaient fait ça comme un couple vraiment amoureux et non pas pour le plaisir, « copain copine. »

Est-ce que sans s’en apercevoir, ils seraient amoureux l’un de l’autre ? Émmair regarde sa Lison un peu perplexe.

Lison est toujours aussi belle, avec ses grands cheveux noirs et ses yeux quiont toujours l’air de rire.

« Lison ? » dit-il.

« Oui ? »

« Tu es sûr que tous les deux, on est toujours comme des amis ? »

« Pourquoi tu me demandes ça ? On l’a dit dès le début, tu avais déjà ta femme qui t’attendait, et après, quand tu es revenu, tu étais marié avec ton Australienne, alors, tu vois bien que tous les deux, ça n’a jamaisété sérieux ».

« N’oublie pas que toi aussi, tu as trouvé ton facteur ! »

« Oui, mais je ne sais pas, ne parle pas de ça, on est bien ensemble, non ? » Émmair approuve, il aime bien sa Lison et le petit village.

« Ce qui m’étonne c’est la façon dont nous nous sommes retrouvés, ça ne ressemble pas réellement à “juste pour le plaisir”,est-ce que je t’ai manqué Lison ? »

« Arrête avec tes questions, comme tu peux être bête ! Je t’attendsdepuis le début, imbécile ! »

Émmair tombe des nues, il attrape Lison dans ses bras et la regarde dans les yeux :

« Lison ! qu’est-ce que tu racontes, c’est vrai ? »

« Espèce de grand nigaud, je te répète encore que tu avais déjà une femme la première fois que l’on s’est rencontrés et tu étais marié avec une autre quand tu es revenu de Guyane, que voulais-tu que je te dise ? Ne crois pas que j’ai couché avec tous les jeunes du village, iln’y a eu que toi et le facteur, quelques petites aventures, mais sans plus. C’est toi mon homme, le facteur, c’était juste pour te faire réfléchir, j’essayais de te rendre jaloux ».

« C’est malin, moi, je t’ai cru. En plus, je croyais vraiment que c’était uniquement pour le plaisir tous les deux ! »

« Mais c’est aussi pour le plaisir, mon chouchou ! Et toi, est-ce que je te plais ? » Émmair réfléchit trente secondes et dit :

« Si jeréfléchis bien, c’est peut-être bien pour toi que je suis revenu ici, c’est vrai que dès mon arrivée à Sydney, je pensais souvent au petit villageet c’est vrai aussi que j’avais toujours ton image devant les yeux, mais je te croyais définitivement mariée, alors j’essayais d’oublier et je me faisais une raison, je pensais vraiment que c’était juste de l’amitié entre toi et moi, que ça n’irait pas plus loin ».

« Allez, arrête, je suis bien contente que tu sois revenu, ne te pose pas trop de questions ».

« Tu vois, ajoute quand même Émmair. C’est bien possible qu’Eden ait senti ce genre dechose, qu’elle se soit aperçue que je pensais à autre chose, peut-être qu’inconsciemment, je me détachai d’elle, que ce soit pour ça aussi qu’elle n’ait pas voulu me suivre. »

« Évidemment, une femme sent tout de suite si son homme ne l’aime plus vraiment, c’est évident ! »

« Mais Lison, je te promets que je voulais qu’elle vienne avec moi, sincèrement ! »

« Si elle t’avait suivi, je suis bien certaine que ça n’aurait pas duré très longtemps ».

« Merde ! maintenant, je me sens un peu responsable ».

« Émmair, ce sont tes sentiments, tu n’y peux rien ! En plus, sans vouloir dire de mal, elle n’a quand même pas été trop honnête avec toi, elle aeu deux enfants sans te demander ton avis ! Je t’assure, Émmair que pas un, ici au village, ne croyait à ton histoire d’amour, tout le monde disait que c’était une très belle femme, très classe, mais qu’elle n’était pas faite pour un légionnaire commetoi ! »

Émmair rigole et dit :

« Pourquoi ils ont quoi les légionnaires ? et aussitôt, au fait, en parlant de mes petits, j’aurai leur visite tous les mois de janvier, tu crois qu’il y a assez de place ici, est-ce que ça ne tedérange pas ? Je peux toujours m’arranger avec la patronne de l’hôtel ».

« Il y a de la place, ici dans le salon, il faut seulement mettre deux petits lits », répond Lison.

« D’accord, je ferai comme à l’armée, des lits superposés ! Alors t’esd’accord pour que l’on reste ensemble ? »

« Oui, bien sûr, et toi ? »

« Oui ! » Ils s’étaient dit« oui » comme pour un mariage, en concluant le pacte d’un gros baiser.

Ce soir-là, Lison fait chauffer une boîte de soupe de poisson, avec des croûtons et de la rouille, c’est vraiment bon ! Comme il est trop tard pour aller voir la patronne de l’hôtel, ils restent à la maison et se rappellent des souvenirs, ils s’aperçoivent que ça fait déjà plus de seize ans qu’ils seconnaissent !

« J’avais déjà fait un an d’armée, et j’attendais mon crédit pour le petit appart' tu te souviens du petit appart' ? C’était chouette ! »

« Bien sûr que je m’en souviens, tu le regrettes maintenant ? »

« Bah, un peu,si on avait été ensemble dès le début, je l’aurais gardé, qu’est-ce que l’on a été bête tous les deux, enfin disons que ça, c’est mal déroulé ! Bon, arrêtons de ruminer le passé, ce qui est fait est fait ! »

Émmair et Lison discutent pendant une petite heure et Émmair finit la soirée en disant qu’il va laisser passer le week-end et que dès lundi, il ira voir le bureau militaire. Lison lui répond qu’elle a toujours son scooter et qu’il pourra s’en servir pour le travail, ce qui est très commode.

Le lendemain matin, Émmair et Lison sont en pleine forme, Lison doit aller travailler à l’hôtel-restaurant, et bien sûr, Émmair l’accompagne, Lison tient son légionnaire par la main comme si elle avait peur de le perdre !

Tout le monde à l’hôtel les voit arriver sans être étonné, ils ont vu quand Émmair est arrivé sur la place et se faire kidnapper par Lison ! D’ailleurs, elle se fait un peu sermonner par la patronne à cause de son fauxbond d’hier soir :

« Dis donc Lison, heureusement qu’il n’y avait pas trop de monde, tunous as laissé tomber ! »

Lison s’excuse, la patronne sourit et lui dit que ce n’est pas grave, qu’elle a bien compris que Émmair avait besoin d’un logement ! Lison remercie la patronne, met son petit tablier blanc et commence son travail.

Ensuite, la patronne attrape Émmair dans ses bras pour lui faire fait de grosses bises, elle lui demande de ses nouvelles, Émmair lui raconte ce qui s’est passé avec sa femme à Sydney et conclut en disant que parfois, on allait chercher bien loin ce que l’on a juste à côté de soi ! Tout le monde approuve, et Lison qui a entendu lui fait un grand sourire.

Fifine arrive tout seul, après la grosse accolade de bienvenue, Émmair lui demande où est « la Piquette » sa brave chienne ? Fifine lui apprend que le pauvre animal est mort il y a déjà un an et qu’il l’a enterré dans un coin de la montagne avec les copains du village.

« Et tu sais quoi ? » demande Fifine.

« Ces cons-là m’ont offert un couple de perruches à la place, tu verrais le bordel qu’elles font toute la journée, elles n’arrêtent pas de chanter ! »

« C’est qu’elles sont contentes », rigole Émmair.

« Et toi, alors ça n’a pas marché avec ton Australienne ? Ouais, ne te fatigue pas, je m’en doutais un peu, j’ai été le premier à dire à tous les pingouins d’ici, que dans un an, tu serais de retour.Je n’y croyais pas à ton histoire, une femme comme ça, ce n’estpas fait pour un légionnaire comme toi, nous les légionnaires, il nous faut une vie simple on n’est pas des bourgeois ! »

Fifine baisse le ton et regarde autour de lui s’il n’y a personne : « Y paraît que Lison t’a mis le grappin dessus ? »

« Tu sais tout mon bon Fifine, le pire c’est qu’elle m’attendait depuis le début ».

« Bien sûr, couillon va ! t’avais pas vu ? »

« Etnon. »

Ànouveau, Fifine regarde si personne n’écoute, surtout si Lison n’est pas dans les parages :

« Lison était vraiment en colère quand tu es parti, aussitôt son facteur a commencé à l’énerver et au bout d’un an où un peu plus, elle l’a foutu à la porte. Elle nous a fait la tête pendant au moins six mois, parfois, je lui disais de ne pas s’inquiéter que tu allais revenir. »

Émmair se sentait un peu mal, il n’aimait pas faire de la peine aux gens, il avait laissé Lison toute seule durant presque trois ans.

Mais, aussi, il y avait toutes ces circonstances, tous les deux auraient dû mettre les choses au point dès le début, surtout lui.

« Bon, dit Émmair, arrêtons de parler de ça, je vais essayer de faire oublier tout ça à Lison ! »

 

À ce moment-là, Lison passe à côté d’eux :

« Qu’est-ce que vous racontez tous les deux ? » demande-t-elleavec son beau sourire.

« Rien, dit Émmair, juste que c’est l’heure de l’apéro ! »

« Tout juste Auguste », renchérit ce bon Fifine.

 

Et, la vie reprend au petit hôtel comme s’il ne s’était rien passé, ça fait longtemps que Émmair avait été adopté par tous, Émmair s’enaperçoit maintenant, il fait partie du village.

Toute la nuit, Émmair repense à tout ça,il s’aperçoit qu’il n’a pas ététrop correct avec sa Lison, elle s’est occupée de son petit appart' pendant pratiquement quinze ans, etlui s’en va en lui laissant son scooter, il allait falloir qu’il se rachète un peu, il lui restait encore une belle petite somme sur la vente de son appart' de quoifaire un joli cadeau à sa Lison.

Le lendemain matin,c’est elle qui se lève la première, elle regarde son Émmair et lui demande.

« Qu’est-ce que tu avais cette nuit, tu étais bien énervé ? »

« J’ai repensé à nous deux et je me suis dit que je n’avais pas été trop sympa avec toi à cause de cette histoire de “copinerie”, surtout que, et ça je ne te l’ai pas encore dit, Dalia avait déjà trouvé un autre fiancé à l’époque où nous nous sommesconnus ! »

« Ah bon ! » s’exclame Lison.

« Eh oui ! elle avait trouvé un autre ami trois mois après mon départ, mais elle l’a fait attendre un an avant de coucher avec, elle aussi ne savait pas comment faire, à cause de moi. Maintenant, ils sont toujours ensemble, je n’avais pas pensé à te le dire ! Tu vois, moi et mabêtise de copain-copine ! »

 

Lison éclate de rire.

« Ce n’est pas possible, toi alors avec tes promesses, il aurait fallu que tu ailles la voir à cette époque, ç’aurait été plus simple ! »

« C’est exactement ce que je pensais cette nuit ! Bon, tu sais quoi, on va arrêter de parler de nos conneriestous les deux, je crois qu’il vaut mieux que l’on en rigole ».

« Bien sûr mon beau légionnaire ! Émmair sourit et reprend : tu sais, rien est perdu, on est encore jeunes et on a encore letemps d’en profiter, tu ne crois pas ? »

« Ouui ! »

« Excuse-moi d’avoir été aussi bête et surtout de t’avoir fait attendre ».

« Ça ne fait rien, mon chéri, le principal c’est que tu sois revenu ! Finalement, tu sais, on a perdu que trois ans, tu vois ce n’est pas si grave que ça ! »

Émmair la prend dans ses bras et continue.

« C’est vrai ! Ça fait seulement trois ans que j’ai quitté l’armée ! Bon,tu sais quoi ? Avant d’aller chercher du boulot, je vais arranger un peu la maison, j’y ai aussi pensé cette nuit, devant la maison, jeplanterai un tilleul. Je vais aussi arranger un petit jardin rocailleux, avec une murette en pierres autour, sur le côté, je vais voir pour faire un garage, et ici dans la salle à manger. Jeferai les lits pour les gamins, mais en premier, je vais nous acheter un petit véhicule ! »

Lison le regarde et lui dit :

« Tu as gagné au loto ? »

« Ben non, mais il me reste encore plus de la moitié de l’argent du petit appart', tu vois ? Rien n’est perdu ! »

« Ah ! je suis bien contente que tu n’aies pas tout dépensé avec ton Australienne, maisgarde ton argent, on n’a pas besoin de jardin ni de garage ».

« Si je vais le faire, je vais arranger un peu la maison, je vais faire commesi j’étais chez moi ».

« Émmair, tu es chez toi et tes enfants sont les bienvenus ».

« Merci ma chérie ! Tu ne sais pas ? Je viens avec toi à l’hôtel boire un café, après, je prends le scooter et je vais voir à Nice, il nous faut un petit fourgon pour commencer, on va en avoir besoin ».

« Tu fais comme tu veux, mon Chouchou ! »

 

Ils se font plein de bisous, ils sont vraiment heureux de s’être retrouvés tous les deux et ils s’en vont main dans la main voir la patronne de l’hôtel, comme s’ils ne s’étaient jamais quittés.

Une demi-heure plus tard, Émmair est sur son scooter, avant de partir, il a prévenu sa chérie qu’il téléphonerait au petit hôtel si jamais il ne rentre pas à midi.

Il va directement chez un petit garagiste que lui a indiqué Fifine, quand il arrive, celui-ci ferme le capot d’une estafette en essuyant les traces de cambouis. Émmair lui serre la main (la coutume est de toujours serrer la main d’un mécano à hauteur du poignet) en lui disant bonjour :

« Qu’est-ce qui vous amène », demande le garagiste.

« Eh bien ! je cherche un petit véhicule dans ce genre, dit-il en montrant l’Estafette. Un véhicule pas cher et comme neuf ! précise Émmair.

 

« Vous l’avez devant les yeux, M’sieur ! On peut dire que vous avez de la chance, il est à vendre, je viens de lui faire un échange standard, donc moteur refait à neuf, l’allumage a juste six mois, il reste les freins à refaire, dans 48 h, il sera prêt, si vous le voulez, comme neuf ».

Émmair regarde dessous voir si les bas de caisse sont bons, puis il soulève le tapis côté conducteur, tout semble bon, RAS, rien à signaler.

« Bon, ça m’intéresse ! Vous dites qu’il faut refaire les freins ? »

« Ce serait mieux, elle est comme neuve maintenant, autant refaire ça tout de suite, pendant qu’on y est ! »

« OK, combien vous la vendez ? »

« 30 000 francs, c’est une bonne affaire, vous serez tranquille avec ce véhicule. »

« Allez d’accord, elle sera prête pour quand, alors ? »

« Eh bien, écoutez, M’sieur, vous me laissez un acompte et je m’y mets aussitôt, demain midi, vous partez avec, d’accord ? »

« OK ! » Et, il se tape dans la main en signe d’accord.

 

Émmair aime bien les affaires vite menées ! C’est aussi comme ça qu’il avaitacheté son appart' à Nice. Émmair laisse donc un chèque d’acompte au vendeur garagiste, qui lui dit que l’Estafette sera prête demain matin à onze heures, il a toutes les pièces qu’il faut pour travailler dessus.

Émmair repart donc sur son scooter à la recherche d’une grande Jardinerie qu’il trouve au bout d’une bonne demi-heure. Après avoir expliqué ce qu’il veut au responsable, celui-ci lui demande où il habite, Émmair lui indique le nom du village.

« Ah oui ! C’est dans la montagne ça ? »

« Tout à fait ! »

« Pour ce qui est de votre massif rocailleux, c’est sans problème, mais pourle Tilleul, c’est autre chose. Il va falloir faire un apport de terre important, sivous voulez faire du bon travail, et cela risque de vous coûter une petite fortune, sans compter les risques pour la maison, car il faut creuser tout autour ! On peut le faire, c’est super comme idée, mais c’est risqué et très cher ! À vous de voir.

« D’accord, d’accord ! Alors ce n’est pas un bon plan », rigole Émmair.