Exercice d’écriture : scénarisation de « L’étude en rouge » de sir Arthur Conan Doyle - Elsa Mary - E-Book

Exercice d’écriture : scénarisation de « L’étude en rouge » de sir Arthur Conan Doyle E-Book

Elsa Mary

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« DOCTEUR WATSON : C’est épouvantable ! (Travelling sur Holmes, suivi d’un gros plan) SHERLOCK HOLMES : Voilà qui semble, en effet, sortir de l’ordinaire. Auriez-vous l’obligeance de me la relire à haute voix ? »
Sous la plume d’Elsa Mary, Sherlock Holmes et docteur Watson vous entraînent dans une nouvelle aventure. Prises de vue, transitions, éclairage… Avez-vous déjà lu un film ?


À PROPOS DE L'AUTEURE


Elsa Mary est auteure de plusieurs livres dont Devoir, Honneur, Sophisme ou la Sainte Putain, Souvenirs et Fiction et Bethsabée ou ce que les filles ont dans la tête.

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Elsa Mary

Exercice d’écriture :

scénarisation de « L’étude en rouge » de sir Arthur Conan Doyle Roman

©Lys Bleu Éditions – Elsa Mary

ISBN : 979-10-377-3374-0

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Séquence 1, intérieur, Baker Street, appartement de Sherlock Holmes et du docteur Watson, jour

Un plan panoramique ouvre sur une salle de séjour avec une fenêtre. Celle-ci est composée d’une table, de deux chaises, d’un secrétaire. Les chambres se trouvent au fond de cette pièce, une troisième porte donne sur l’extérieur. Un homme mince d’un peu plus d’un mètre quatre-vingts, au nez fin, aquilin et à l’œil vif et perçant, se beurre un toast. Un homme sort de la chambre de droite et se dirige vers la table.

[Note pour le casting deHolmes et de Watson :au choix, pour se rapprocher de la vie de Sir Arthur Conan Doyle, que Holmes soit âgé (entre cinquante et soixante ans), et que Watson soit jeune (environ la trentaine) ; ou bien inversement comme dans la plupart des adaptations. Selon le choix, on garde et corrige les répliques de Watson mises en italique.]

SHERLOCK HOLMES :

Bonjour, docteur.

DOCTEUR WATSON :

Bonjour Holmes…

Il s’aperçoit que son couvert n’est pas là.

Ça par exemple !

Il prend la clochette de table et sonne avec énervement.

Travelling à gauche sur la porte : entre la logeuse.

DOCTEUR WATSON :

Eh bien, madame Bergson, mon petit-déjeuner ?

MME BERGSON :

Eh bien, docteur Watson, vous avez dû passer une désagréable nuit pour oublier vos bonnes manières.

DOCTEUR WATSON :

Bonjour, madame Bergson, puis-je avoir mon café et mes toasts, s’il vous plaît ?

MME BERGSON :

Certainement, docteur Watson.

Elle sort

DOCTEUR WATSON :

Bon dieu de femme !

Je me suis levé tard durant la première semaine de notre arrivée dans cet appartement, je le sais bien, mais ce n’est pas une raison pour me maintenir de la sorte parmi les paresseux et les flâneurs qui peuplent Londres. Je ne suis plus cet homme, Dieu merci !

SHERLOCK HOLMES :

DOCTEUR WATSON :

Vous m’écoutez, Holmes ?

Watson pose la clochette, s’installe à la table et prend le journal. Le zoom avant l’encadre dans un plan taille

DOCTEUR WATSON :

Le Livre de la Vie… prétentieux comme titre… ça par exemple !

D’une goutte d’eau un logicien pourrait inférer la possibilitéd’un océan Atlantique ou d’un Niagara, sans avoir vu ni l’un ni l’autre, ni même en avoir entendu parler. Ainsi, toute la vie est une longue chaîne dont chaque anneau donne le sens. Comme toutes les autres sciences, la science de la déduction et de l’analyse ne peut s’acquérir qu’aux prix de longues et patientes études ; du reste, notre vie est trop brève pour nous permettre d’atteindre à la perfection. Avant de se tourner vers les aspects moraux et intellectuels du sujet, où résident les plus grandes difficultés, le chercheur commencera par triompher des problèmes les plus simples. Qu’il apprenne à deviner au premier coup d’œil l’histoire d’un homme, et la profession ou le métier qu’il exerce ! Si puéril que puisse paraître cet exercice, il aiguise nos facultés d’observation ; il nous apprend à regarder et à voir. Les ongles, la manche du vêtement, les chaussures, les genoux du pantalon, les durillons du pouce et de l’index, les manchettes de la chemise, l’expression du visage, voilà autant d’indications certaines sur le métier qu’exerce un homme. Il serait inconvenable qu’assemblées, elles ne parvinssent pas à renseigner un chercheur compétent.

Quel inqualifiable verbiage ! De ma vie, je n’ai lu pareilles extravagances !

SHERLOCK HOLMES :

De quoi s’agit-il ?

DOCTEUR WATSON :

Il s’agit de cet article. Je vois, à votre trait de crayon, que vous l’avez lu. Je ne nie pas qu’il soit habillement écrit. Mais il m’agace.

C’est évidemment la thèse d’un oisif qui, étendu sur son fauteuil, développe tous ces brillants paradoxes dans la solitude de son cabinet. Ses idées sont inapplicables.

J’aimerais bien le voir enfermé dans un compartiment du métro et là, mis en demeure de trouver par déduction les métiers de ses compagnons de voyage !

Je parierais mille contre un qu’il sécherait !

SHERLOCK HOLMES :

Vous perdriez. Quant à l’article, c’est moi qui l’ai écrit.

DOCTEUR WATSON :

Vous ?

SHERLOCK HOLMES :

Moi-même.

J’ai des dispositions pour l’observation et la déduction.

Les idées que j’ai émises là, et qui vous paraissent si chimériques, sont en réalité extrêmement pratiques – à telle enseigne qu’elles me servent à gagner mon pain !

DOCTEUR WATSON :

Comment cela ?

SHERLOCK HOLMES :

Eh bien, j’ai un métier à moi.

Je crois bien être le seul au monde à l’exercer.

Nous avons à Londres un tas de détectives relevant du gouvernement et des tas de détectives privés.

Quand ces types-là sont dans l’embarras, ils viennent me trouver ; je m’arrange pour les mettre sur la voie.

Ils me font part de toutes leurs observations et, généralement, grâce à ma connaissance de l’histoire du crime, je suis en mesure de les tirer d’affaire.

Tous les méfaits ont un air de famille.

Si vous connaissez sur le bout des doigts les détails de mille crimes, il serait bien étonnant que vous ne puissiez débrouiller le mille et unième. Lestrade est un détective très connu.

L’autre jour, il ne voyait plus clair dans une affaire de faux ; il est donc venu me soumettre le cas.

DOCTEUR WATSON :

Et les autres.

SHERLOCK HOLMES :

La plupart me sont envoyés par des agences particulières de renseignement.

Ce sont tous des gens, en peine de quelque chose, qui se débattent dans une nuit qu’ils me demandent d’éclairer.

J’écoute leur histoire, puis ils écoutent mes commentaires ; à la fin, j’empoche des honoraires !

DOCTEUR WATSON :

Voudriez-vous dire que sans quitter votre chambre, vous pouvez démêler un imbroglio, alors que d’autres y ont échoué bien qu’ils eussent vu de leurs propres yeux chaque détail ?

SHERLOCK HOLMES :

C’est bien cela.

J’ai une espèce d’intuition pour ce genre d’affaires… de temps à autre, un cas plus compliqué se présente.

Alors, pour me rendre compte par moi-même des circonstances, il faut que je me remue.

Je possède, comme vous savez, un tas de connaissances spéciales ; je les applique au problème ; elles me facilitent merveilleusement les choses.

Les règles de déduction que j’ai exposées dans cet article qui a suscité votre mépris me sont à moi d’un secours inappréciable.

Comprenez que chez-moi l’observation est une seconde nature… tenez, vous avez paru surpris, quand je vous ai dit, lors de notre première rencontre à l’hôpital, au labo de chimie avec votre ami Stamford, que vous veniez d’Afghanistan.

DOCTEUR WATSON

On vous l’avait appris, sans aucun doute.

SHERLOCK HOLMES

Non, je le savais.

Par suite d’une longue habitude, les idées s’enchaînent si vite dans mon esprit que je suis arrivé à la conclusion sans m’être rendu compte des étapes qui y conduisent.

Le raisonnement que j’ai fait tout d’un coup à votre sujet s’explique ainsi : voici un monsieur qui a l’air d’un médecin ; il a également l’air d’un militaire ; c’est donc évidemment un médecin militaire.

Son visage est brun ; or, ce n’est pas la couleur naturelle de sa peau puisqu’il a les poignets blancs ; il revient donc des tropiques.

Il a souffert de maladie et de privation, comme l’indique sa mine pas brillante.

Il a été blessé au bras gauche, car il le tient avec une raideur qui n’est pas naturelle.

À quel endroit des tropiques un médecin de l’armée anglaise a-t-il pu en voir dure et être blessé au bras ?

Évidemment en Afghanistan. Tout ce raisonnement se déroula en moins d’une seconde. D’où ma remarque qui vous a étonné.

DOCTEUR WATSON :

C’est assez simple, vu sous l’angle où vous l’expliquez.

Vous me rappelez le Dupin d’Edgar Allan Poe.

Je ne me doutais pas qu’il existe ailleurs que dans les livres des phénomènes de ce genre.

SHERLOCK HOLMES :

Vous pensez sans doute me faire un compliment en me comparant à Dupin ?

Eh bien, à mon avis, Dupin était un type tout à fait inférieur !

Sa façon d’interrompre les réflexions de ses amis par une remarque, au bout d’un quart d’heure de silence, relève du théâtre, de l’artifice.

Il avait incontestablement du génie pour l’analyse ; mais il n’était certes pas le phénomène auquel Poe semblait croire !

DOCTEUR WATSON :

Avez-vous lu les romans de Gaboriau ?

Lecoq répond-il mieux à votre idéal de détective ?

SHERLOCK HOLMES :

Une misérable savate !

Lecoq n’a pour lui que son énergie.

Un Gaboriau, entre autres, m’a positivement rendu malade.

Il s’agissait d’identifier un prisonnier inconnu.

J’aurais pu le faire en vingt-quatre heures.

Lecoq y met six mois !

Cela pourrait servir de manuel aux détectives : ils y verraient toutes les fautes à éviter !

Watson se lève et se dirige vers la fenêtre à côté du secrétaire. La caméra suit son déplacement et l’encadre dans un plan taille.

DOCTEUR WATSON {Voix off} :

Il se peut que ce garçon/cet homme soit intelligent, mais quel infatué !

SHERLOCK HOLMES :

De nos jours, il n’y a plus de crimes, plus de criminels !

À quoi sert encore l’intelligence de notre profession ?

Je sais que j’aurais de quoi rendre un nom célèbre.

Jamais personne n’a, pour l’enquête criminelle, disposé d’une telle gamme de connaissances et de talents naturels.

Mais que vaut cet avantage ?

Il n’y a plus de crime à découvrir !

Tout au plus commet-on encore des crimes crapuleux et maladroit ; le mobile en est si éclatant que même un fonctionnaire de Scotland Yard est capable de le percer à jour !

DOCTEUR WATSON :

Je me demande ce que veut cet homme !

Travelling sur la table de la salle de séjour où se trouve Holmes. Celui-ci se lève et rejoint Watson près de la fenêtre.

SHERLOCK HOLMES :

Vous voulez parler de ce sergent d’infanterie de marine en retraite ?

DOCTEUR WATSON {Voix off} :

Hâblerie, esbroufe ! Il sait bien que je ne peux pas contrôler ses dires…

On frappe à la porte. Le sergent d’infanterie de marine entre.

SERGENT D’INFANTERIE DE MARINE :

Pour M. Sherlock Holmes.

Il lui remet une lettre bleue.

DOCTEUR WATSON :

Puis-je vous demander, mon brave, quel est votre métier ?

SERGENT D’INFANTERIE DE MARINE :

Commissionnaire, m’sieur. Mon uniforme est en réparation.

DOCTEUR WATSON :

Que faisiez-vous auparavant ?

SERGENT DE L’INFANTERIE DE MARINE :

J’étais sergent, m’sieur, de l’infanterie légère de la marine royale.

Pas de réponse ?

Bien m’sieur.

Il sort.

Watson s’approche de Holmes qui est en train de lire la lettre.

DOCTEUR WATSON :

Comment diable avez-vous pu deviner cela ?

SHERLOCK HOLMES :

Deviner quoi ?

DOCTEUR WATSON :

Eh bien, qu’il était sergent d’infanterie de marine en retraite ?

SHERLOCK HOLMES :

Je n’ai pas de temps à perdre en bagatelles !

Excusez ma rudesse !

Vous avez rompu le fil de mes pensées.

Mais c’est peut-être aussi bien.

Ainsi vous ne voyiez pas que cet homme était un sergent de marine ?

DOCTEUR WATSON :

Non, certainement pas !

SHERLOCK HOLMES :

Décidément, l’explication de ma méthode me coûte plus que son application !

Si l’on vous demandait de prouver que deux et deux font quatre, vous seriez peut-être embarrassé ; et cependant, vous êtes sûr qu’il en est ainsi.

Malgré la largeur de la rue, j’avais pu voir une grosse ancre bleue tatouée sur le dos de la main du gaillard.

Cela sentait la mer.

Il avait la démarche d’un militaire et les favoris réglementaires ; c’était, à n’en pas douter, un marin.

Il avait un certain air de commandement et d’importance.

Rappelez-vous son port de tête et le balancement de sa canne !

En outre, son visage annonçait un homme d’âge moyen, sérieux, respectable.

Tous ces détails m’ont amené à penser qu’il était sergent.

DOCTEUR WATSON :

C’est merveilleux !

SHERLOCK HOLMES :

Peuh !

L’enfance de l’art !

Tout à l’heure, j’ai dit qu’il n’y avait plus de criminels.

J’avais tort, à ce qu’il paraît.

Voyez plutôt.

Holmes donne la lettre à Watson. Zoom avant sur lui en train de la lire.

DOCTEUR WATSON :

C’est épouvantable !

Travelling sur Holmes, suivi d’un gros plan.

SHERLOCK HOLMES :

Voilà qui semble, en effet, sortir de l’ordinaire.

Auriez-vous l’obligeance de me la relire à haute voix ?

Travelling sur Watson, suivi d’un gros plan.

DOCTEUR WATSON

« Cher M. Sherlock Holmes,