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Le roi d'Espagne Don Carlos est amoureux de Doña Sol, femme promise à Don Ruy Gomez. Doña Sol, elle, aime Hernani, un homme dont le père a été tué par le père de Don Carlos. Hernani veut se venger mais les deux hommes amoureux de Doña Sol se rencontrent, et se provoquent en duel.
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Seitenzahl: 108
Veröffentlichungsjahr: 2022
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HERNANI.
DON CARLOS.
DON RUY GOMEZ DE SILVA.
DONA SOL DE SILVA.
LE ROI DE BOHÈME : Électeur du Saint-Empire romain.
LE DUC DE BAVIÈRE : Électeur du Saint-Empire romain.
LE DUC DE GOTHA : Seigneur allemand.
LE BARON DE HOHENBOURG : Seigneur allemand.
LE DUC DE LUTZELBOURG : Seigneur allemand.
IAQUEZ : Page de Silva.
D. SANCHEZ : Espagnol.
D. MATIAS : Espagnol.
D. RICARDO : Espagnol.
D. GARCIE SUAREZ : Espagnol.
D. FRANCISCO : Espagnol.
D. JUAN DE HARO : Espagnol.
D. GUSMAN DE LARA : Espagnol.
D. GIL TELLEZ GIRON : Espagnol.
Un Montagnard.
DONA JOSEFA DUARTE : duègne.
Une Dame.
Premier Conjuré.
Deuxième Conjuré.
Troisième Conjuré.
Conjurés de la Ligue Sacro-Sainte, Allemands et Espagnols.
Montagnards, Seigneurs, Soldats, Pages, Peuple, etc.
1519
La scène est à Saragosse aux premier, second et cinquième actes ; dans les environs de Saragosse au troisième ; à Aix-la-Chapelle au quatrième.
Acte I
Scène I
Scène II
Scène III
Scène IV
Acte II
Scène I
Scène II
Scène III
Scène IV
Acte III
Scène I
Scène II
Scène III
Scène IV
Scène V
Scène VI
Scène VII
Scène VIII
Acte IV
Scène I
Scène II
Scène III
Scène IV
Scène V
Scène VI
Scène VII
Acte V
Scène I
Scène II
Scène III
Scène IV
Scène V
Scène VI
Une chambre à coucher. – La nuit. – Une lampe sur une table.
Dona Josefa Duarte, vieille, en noir, avec le corps de sa jupe cousu de jais à la mode d’Isabelle la Catholique, Don Carlos.
DONA JOSEFA seule. Elle ferme les rideaux
cramoisis de la fenêtre, et met en ordre quelques
fauteuils. On frappe à une petite porte dérobée à
droite. Elle écoute. On frappe un second coup.
Un nouveau coup.
Serait-ce déjà lui ? C’est bien à l’escalier
Dérobé.
Un quatrième coup.
Vite, ouvrons.
Elle ouvre la petite porte masquée. Entre don Carlos, le manteau sur le visage et le chapeau sur les yeux.
Bonjour, beau cavalier.
Elle l’introduit. Il écarte son manteau, et laisse voir un riche costume de velours et de soie à la mode castillane de 1519. Elle le regarde sous le nez et recule.
Quoi ! seigneur Hernani, ce n’est pas vous ? – Main-forte ! Au feu !
DON CARLOS, lui saisissant le bras.
Deux mots de plus, duègne, vous êtes morte !
Il la regarde fixement. Elle se tait effrayée.
Suis-je chez Dona Sol, fiancée au vieux duc
De Pastrana, son oncle, un bon seigneur, caduc,
Vénérable et jaloux ? Dites. La belle adore
Un cavalier sans barbe et sans moustache encore,
Et reçoit tous les soirs, malgré les envieux,
Le jeune amant sans barbe, à la barbe du vieux.
Suis-je bien informé ?
Elle se tait. Il la secoue par le bras.
Vous répondrez, peut-être.
DONA JOSEFA
Vous m’avez défendu de dire deux mots, maître.
DON CARLOS
Aussi n’en veux-je qu’un.– Oui, non. – Ta dame est bien
Dona Sol de Silva ? Parle.
DONA JOSEFA
Oui. Pourquoi ?
DON CARLOS
Pour rien.
Le duc, son vieux futur, est absent à cette heure ?
DONA JOSEFA
Oui.
DON CARLOS
Sans doute elle attend son jeune ?
DONA JOSEFA
Oui.
DON CARLOS
Que je meure !
DONA JOSEFA
Oui.
DON CARLOS
Duègne, c’est ici qu’aura lieu l’entretien ?
DONA JOSEFA
Oui.
DON CARLOS
Cache-moi céans.
DONA JOSEFA
Vous ?
DON CARLOS
Moi.
DONA JOSEFA
Pourquoi ?
DON CARLOS
Pour rien.
DONA JOSEFA
Moi, vous cacher ?
DON CARLOS
Ici.
DONA JOSEFA
Jamais.
DON CARLOS, tirant de sa ceinture un poignard et une bourse.
Daignez, madame,
Choisir de cette bourse ou bien de cette lame.
DONA JOSEFA, prenant la bourse.
Vous êtes donc le diable ?
DON CARLOS
Oui, duègne.
DONA JOSEFA, ouvrant une armoire étroite dans le mur.
Entrez ici.
DON CARLOS, examinant l’armoire.
Cette boîte !
DONA JOSEFA, refermant l’armoire.
Va-t’en, si tu n’en veux pas.
DON CARLOS, rouvrant l’armoire.
Si.
L’examinant encore.
Serait-ce l’écurie où tu mets d’aventure
Le manche du balai qui te sert de monture ?
Il s’y blottit avec peine.
Ouf !
DONA JOSEFA, joignant les mains avec scandale.
Un homme ici !
DON CARLOS, dans l’armoire restée ouverte.
C’est une femme, est-ce pas,
Qu’attendait ta maîtresse ?
DONA JOSEFA
Ô ciel ! j’entends le pas
De Dona Sol. Seigneur, fermez vite la porte.
Elle pousse la porte de l’armoire qui se referme.
DON CARLOS, de l’intérieur de l’armoire.
Si vous dites un mot, duègne, vous êtes morte.
DONA JOSEFA, seule.
Qu’est cet homme ? Jésus mon Dieu ! si j’appelais ?…
Qui ? Hors madame et moi, tout dort dans le palais.
Bah ! l’autre va venir. La chose le regarde.
Il a sa bonne épée, et que le ciel nous garde
De l’enfer ! (Pesant la bourse.)
Après tout, ce n’est pas un voleur !
Entre Dona Sol, en blanc, Dona Josefa cache la bourse.
Les mêmes, Dona Sol, puis Hernani.
DONA SOL
Josefa !
DONA JOSEFA
Madame !
DONA SOL
Ah ! je crains quelque malheur.
Bruit de pas à la petite porte.
Hernani devrait être ici. – Voici qu’il monte.
Ouvre avant qu’il ne frappe, et fais vite, et sois prompte.
Josefa ouvre la petite porte. Entre Hernani. Grand manteau, grand chapeau. Dessous, un costume de montagnard d’Aragon, gris, avec une cuirasse de cuir, une épée, un poignard, et un cor à sa ceinture.
DONA SOL, courant à lui.
Hernani !
HERNANI
Dona Sol ! Ah ! c’est vous que je vois
Enfin ! et cette voix qui parle est votre voix ?
Pourquoi le sort mit-il mes jours si loin des vôtres ?
J’ai tant besoin de vous pour oublier les autres !
DONA SOL, touchant ses vêtements.
Jésus ! votre manteau ruisselle. Il pleut donc bien ?
HERNANI
Je ne sais.
DONA SOL
Vous devez avoir froid ?
HERNANI
Ce n’est rien.
DONA SOL
Ôtez donc ce manteau.
HERNANI
Dona Sol, mon amie,
Dites-moi, quand la nuit vous êtes endormie,
Calme, innocente et pure, et qu’un sommeil joyeux
Entrouvre votre bouche et du doigt clôt vos yeux,
Un ange vous dit-il combien vous êtes douce
Au malheureux que tout abandonne et repousse ?
DONA SOL
Ami, vous avez bien tardé !
Mais dites-moi Si vous avez froid.
HERNANI
Moi ? je brûle près de toi.
Ah ! quand l’amour jaloux bouillonne dans nos têtes,
Quand notre cœur se gonfle et s’emplit de tempêtes ;
Qu’importe ce que peut un nuage des airs
Nous jeter en passant de tempête et d’éclairs ?
DONA SOL, lui défaisant son manteau.
Allons ! donnez la cape et l’épée avec elle !
HERNANI, la main sur son épée.
Non. C’est mon autre amie, innocente et fidèle !
Dona Sol, le vieux duc, votre futur époux, Votre oncle est donc absent ?
DONA SOL
Oui, cette heure est à nous.
HERNANI
Cette heure ! et voilà tout. Pour nous, plus rien qu’une heure.
Après, qu’importe ? il faut qu’on oublie ou qu’on meure.
Ange ! une heure avec vous ! une heure, en vérité,
À qui voudrait la vie, et puis l’éternité !
DONA SOL
Hernani !
HERNANI, amèrement.
Que je suis heureux que le duc sorte !
Comme un larron qui tremble et qui force une porte,
Vite, j’entre, et vous vois, et dérobe au vieillard
Une heure de vos chants et de votre regard,
Et je suis bien heureux, et sans doute on m’envie
De lui voler une heure ; et lui me prend ma vie !
DONA SOL
Calmez-vous. (Remettant le manteau à la duègne.)
Josefa, fais sécher son manteau.
Josefa sort. Elle s’assied et fait signe à Hernani de venir près d’elle.
Venez là.
HERNANI, sans l’entendre.
Donc le duc est absent du château ?
DONA SOL, souriant.
Comme vous êtes grand !
HERNANI
Il est absent.
DONA SOL
Chère âme,
Ne pensons plus au duc.
HERNANI
Ah ! pensons-y, madame !
Ce vieillard ! il vous aime, il va vous épouser !
Quoi donc ! Vous prit-il pas l’autre jour un baiser ?
N’y plus penser !
DONA SOL, riant.
C’est là ce qui vous désespère !
Un baiser d’oncle ! au front ! presque un baiser de père !
HERNANI
Non ; un baiser d’amant, de mari, de jaloux.
Ah ! Vous serez à lui ! madame. Y pensez-vous ?
Ô l’insensé vieillard qui, la tête inclinée,
Pour achever sa route et finir sa journée,
A besoin d’une femme, et va, spectre glacé,
Prendre une jeune fille ! ô vieillard insensé !
Pendant que d’une main il s’attache à la vôtre,
Ne voit-il pas la mort qui l’épouse de l’autre ?
Il vient dans nos amours se jeter sans frayeur !
Vieillard, va-t’en donner mesure au fossoyeur !
Qui fait ce mariage ? on vous force, j’espère !
DONA SOL
Le roi, dit-on, le veut.
HERNANI
Le roi ! le roi ! Mon père
Est mort sur l’échafaud, condamné par le sien.
Or, quoiqu’on ait vieilli depuis ce fait ancien,
Pour l’ombre du feu roi, pour son fils, pour sa veuve,
Pour tous les siens, ma haine est encor toute neuve !
Lui, mort, ne compte plus. Et tout enfant, je fis
Le serment de venger mon père sur son fils.
Je te cherchais partout, Carlos, roi des Castilles !
Car la haine est vivace entre nos deux familles.
Les pères ont lutté sans pitié, sans remords,
Trente ans ! or c’est en vain que les pères sont morts,
La haine vit. Pour eux la paix n’est point venue,
Car les fils sont debout, et le duel continue.
Ah ! c’est donc toi qui veux cet exécrable hymen !
Tant mieux. Je te cherchais, tu viens dans mon chemin !
DONA SOL
Vous m’effrayez.
HERNANI
Chargé d’un mandat d’anathème,
Il faut que j’en arrive à m’effrayer moi-même !
Écoutez. L’homme auquel, jeune, on vous destina,
Ruy de Silva, votre oncle, est duc de Pastrana,
Riche-homme d’Aragon, comte et grand de Castille.
À défaut de jeunesse, il peut, ô jeune fille,
Vous apporter tant d’or, de bijoux, de joyaux,
Que votre front reluise entre des fronts royaux ;
Et pour le rang, l’orgueil, la gloire et la richesse,
Mainte reine peut-être enviera sa duchesse !
Voilà donc ce qu’il est. Moi, je suis pauvre, et n’eus
Tout enfant, que les bois où je fuyais pieds nus.
Peut-être aurais-je aussi quelque blason illustre
Qu’une rouille de sang à cette heure délustre ;
Peut-être ai-je des droits, dans l’ombre ensevelis,
Qu’un drap d’échafaud noir cache encor sous ses plis,
Et qui, si mon attente un jour n’est pas trompée,
Pourront de ce fourreau sortir avec l’épée.
En attendant, je n’ai reçu du ciel jaloux
Que l’air, le jour et l’eau, la dot qu’il donne à tous.
Or du duc ou de moi souffrez qu’on vous délivre,
Il faut choisir des deux, l’épouser, ou me suivre.
DONA SOL
Je vous suivrai.
HERNANI
Parmi mes rudes compagnons ?
Proscrits dont le bourreau sait d’avance les noms,
Gens dont jamais le fer ni le cœur ne s’émousse,
Ayant tous quelque sang à venger qui les pousse ?
Vous viendrez commander ma bande, comme on dit ?
Car, vous ne savez pas, moi, je suis un bandit !
Quand tout me poursuivait dans toutes les Espagnes :
Seule, dans ses forêts, dans ses hautes montagnes,
Dans ses rocs où l’on n’est que de l’aigle aperçu,
La vieille Catalogne en mère m’a reçu.
Parmi ses montagnards, libres, pauvres et graves,
Je grandis, et demain, trois mille de ses braves,
Si ma voix dans leurs monts fait résonner ce cor,
Viendront… Vous frissonnez, réfléchissez encor.
Me suivre dans les bois, dans les monts, sur les grèves,
Chez des hommes pareils aux démons de vos rêves ;
Soupçonner tout, les yeux, les voix, les pas, le bruit,
Dormir sur l’herbe, boire au torrent, et la nuit
Entendre, en allaitant quelque enfant qui s’éveille,
Les balles des mousquets siffler à votre oreille.
Être errante avec moi, proscrite, et, s’il le faut,
Me suivre où je suivrai mon père, – à l’échafaud.
DONA SOL
Je vous suivrai.
HERNANI
Le duc est riche, grand, prospère.
Le duc n’a pas de tache au vieux nom de son père.
Le duc peut tout. Le duc vous offre avec sa main
Trésors, titres, bonheur…
DONA SOL
Nous partirons demain.
Hernani, n’allez pas sur mon audace étrange
Me blâmer. Êtes-vous mon démon ou mon ange ?
Je ne sais, mais je suis votre esclave. Écoutez,
Allez où vous voudrez, j’irai. Restez, partez,
Je suis à vous. Pourquoi fais-je ainsi ? je l’ignore.
J’ai besoin de vous voir, et de vous voir encore,
Et de vous voir toujours. Quand le bruit de vos pas
S’efface, alors je crois que mon cœur ne bat pas ;
Vous me manquez, je suis absente de moi-même ;
Mais dès qu’enfin ce pas que j’attends et que j’aime
Vient frapper mon oreille, alors il me souvient
Que je vis, et je sens mon âme qui revient !
HERNANI, la serrant dans ses bras.
Ange !
DONA SOL
À minuit. Demain. Amenez votre escorte.
Sous ma fenêtre. Allez, je serai brave et forte.
Vous frapperez trois coups.
HERNANI
Savez- vous qui je suis,
Maintenant ?
DONA SOL
Monseigneur, qu’importe ! je vous suis.
HERNANI
Non, puisque vous voulez me suivre, faible femme,
Il faut que vous sachiez quel nom, quel rang, quelle âme,
Quel destin est caché dans le pâtre Hernani.
Vous vouliez d’un brigand, voulez-vous d’un banni ?
DON CARLOS,