Il y eut un soir,il y eut un matin - Jacques Martial - E-Book

Il y eut un soir,il y eut un matin E-Book

Jacques Martial

0,0

Beschreibung

"Il y eut un soir, il y eut un matin" relate le parcours et l’engagement d’un avocat aux côtés de son client à travers les divers rebondissements d’une affaire criminelle. Un homme a perdu la vie, mais la culpabilité de son présumé meurtrier reste à prouver. Un soir sombre précipite cet individu dans l’obscurité, mais des années plus tard, un nouveau jour se lèvera pour lui…




À PROPOS DE L'AUTEUR

Diplômé en droit, Jacques Martial a exercé en tant qu’avocat indépendant, se forgeant ainsi une réputation qui lui a valu une clientèle fidèle dans le domaine pénal. À présent retraité, il aspire à partager les souvenirs de certaines affaires marquantes qui ont inspiré ses écrits.

Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:

Android
iOS
von Legimi
zertifizierten E-Readern
Kindle™-E-Readern
(für ausgewählte Pakete)

Seitenzahl: 69

Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:

Android
iOS
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



Jacques Martial

Il y eut un soir,

il y eut un matin

Roman

© Lys Bleu Éditions – Jacques Martial

ISBN : 979-10-422-3434-8

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Quelle valeur a notre vie si personne ne consent à en écouter le récit ?

Jon Kalman Stefansson

Préface

Sans le savoir, Jacques Martial et moi avons vécu notre enfance à quelques kilomètres de distance en Normandie. Lui dans un bourg et moi dans un petit village. Sans le savoir, nous avons presque en même temps fréquenté la même faculté de droit de Caen.

Nous nous sommes croisés à l’aube des années 1990, lui avocat pénaliste depuis 1976 au barreau de Caen et moi, nouveau journaliste police-justice au sein de la rédaction du quotidien régional « Ouest-France » dans la même ville.

Entre un acteur des tribunaux correctionnels et des cours d’assises, dont le lointain rêve d’avocat était devenu réalité, et un chroniqueur de ces juridictions, la rencontre était inévitable. D’autant que véritablement habité par un désir fondamental de Justice, Me Martial, droit comme un grand I, faisait preuve d’une rare pugnacité. Les magistrats du siège et surtout du parquet s’en souviennent encore. Le journaliste aussi.

Son combat ne s’est pas limité aux salles d’audience : il a toujours milité pour les meilleures conditions de détention au sein de l’Association pour la défense des droits et de la dignité des détenus qu’il avait contribué à créer. Il a été encore contrôleur extérieur des lieux de privation de liberté.

Témoigne de cette ardeur en faveur de ses clients le présent livre où l’avocat livre les détails de son combat pour Ismet, condamné pour la mort de l’amant de sa femme, découvert nu au domicile conjugal. Les circonstances hors du commun de la mort ont donné lieu à deux procès d’assises. L’auteur met en relief « l’excitation de ces moments d’une intensité exceptionnelle que fait vivre la cour d’assises ».

Circonstance particulière : mari, épouse et amant, tous jeunes, étaient de nationalité turque. Presque une affaire d’honneur orientale devant la justice occidentale. Au-delà du drame, ses suites prenaient une tournure singulière : le déshonneur pour la famille de l’épouse, cette dernière s’étant réfugiée en Turquie ; le désir de vengeance jamais assouvi de la famille du défunt et le désespoir pour l’auteur et ses proches.

Trois vies brisées en à peine un quart d’heure. Le livre de Jacques Martial comprend aussi ce qu’il faut d’espoir. Une fois sa peine purgée, Ismet s’est reconstitué et a repris sa vie en fondant une nouvelle famille : il est maintenant père de jumeaux.

Jean-Pierre Beuve

Avant-propos

J’ai quitté la lecture de mon livre en me disant qu’il était maintenant temps de dormir ; j’ai éteint la lumière, mais mon esprit ne s’est pas arrêté, bien au contraire. Il s’est emballé, car une affaire se rappelait à mon souvenir. J’ai pris mon journal et j’ai commencé à écrire cette histoire. Fichue cortisone, prescrite hier par mon médecin pour une bronchite, et qui m’empêche de dormir ! Peut-être qu’elle va m’aider à aller au bout de ce récit qui me trotte dans la tête depuis tant d’années et qui a été une nouvelle fois réveillé par ce faire-part d’Ismet m’annonçant la naissance de jumeaux.

Il avait fallu que je comprenne la sincérité, l’authenticité, la qualité de cet homme et que lui-même ne doute pas un instant de ma propre sincérité d’avocat, pour que des années après sa condamnation à 10 ans de réclusion criminelle pour meurtre, 3 ans après sa libération conditionnelle, il m’adresse ce message en me faisant partager son bonheur.

Il avait été l’instrument de mort et il venait de transmettre la vie, de deux vies, d’un seul coup. L’effroyable destin se rachetait pour partie, en lui faisant rattraper le temps perdu. Quel âge a aujourd’hui cet homme ? Je vais devoir retourner dans mes notes plus tard, mais je pense qu’il doit avoir un peu plus de 35 ans. Encore des années à vivre avec ce nouveau bonheur de la famille, de ses soucis domestiques, de ces difficultés qu’il lui faudra affronter au fil du temps, de l’amour qui s’effrite, de la fatigue du travail, des enfants, de l’argent, etc.

Une vie normale en quelque sorte, sauf que son esprit est marqué au fer rouge par ces malheureux souvenirs qui ont mis sa vie entre parenthèses dans lesquelles je suis avec lui. J’ai tout fait pour les raccourcir, de sa mise en détention du premier jour, à sa libération conditionnelle qui détachait ses chaînes et me soulageait d’un poids à l’estomac, d’une amertume dans la bouche, de l’insatisfaction de ce que j’avais vécu comme un échec.

Dans cette parenthèse ouverte par le destin, il a tué un homme. La femme qu’il adorait l’a trahi et a déclenché un cataclysme. Une vie s’est brutalement arrêtée au petit matin devant cette femme, dans l’obscurité de son appartement. Le cœur de son amant s’est arrêté de battre et son sang s’est répandu sur le sol. Trois familles ont été plongées dans le deuil et la souffrance.

Cette femme n’a pas menti pendant l’enquête, l’instruction et lors du procès. Elle n’a pas fui sa responsabilité morale, mais n’a pas permis à son mari d’éviter ces années de galères judiciaires et pénitentiaires avec ces trois allers-retours en prison clôturées par sa condamnation définitive.

D’abord placé en détention provisoire, il retrouva la liberté au bout de 15 mois avant d’être condamné, lors du premier procès, à 7 ans d’emprisonnement pour coups mortels et de retourner alors en prison. Même s’il n’était pas responsable de cette mort, il s’en sentait coupable puisqu’il avait matériellement tué cet homme. Il avait donc renoncé à faire appel de son jugement et s’apprêtait à subir son reliquat de peine.

Ismet et sa famille étaient originaires de la rive occidentale de la Turquie à proximité d’Istanbul.

La famille d’Oktan, la victime, était originaire de la Turquie orientale, près de la frontière de Géorgie où les traditions ancestrales sont encore bien vivantes.

Cette famille ne pouvait accepter que ce fils, ce frère, ce cousin soit mort et que son « assassin » s’en tire à si bon compte. Pour que ce crime soit vengé, ce n’était pas cette justice que cette famille demandait, mais celle du kanun. C’est la mort qu’il méritait. Le sang appelait le sang.

L’Anatolie était peut-être un peu loin, mais sa culture était dans les gènes de cette famille meurtrie. Elle ressortait avec toute sa violence, par les pores de leur peau. Le vernis qui les avait plus ou moins recouverts se craquelait de toutes parts et explosait dans leurs bouches, leurs yeux. Ils avaient chauffé à blanc leurs avocats qui n’avaient cependant pas réussi à convaincre la cour d’assises de la thèse du « sauvage assassinat » qu’ils voulaient faire triompher.

Ils n’abdiquèrent pas et partirent à l’assaut de l’avocat général pour qu’il fasse appel de cette condamnation « ridicule », puisqu’ils n’avaient pas la possibilité juridique de le faire eux-mêmes. Le parquet général avait jusqu’alors estimé que la peine prononcée dans les circonstances de cette affaire pouvait être acceptée comme sanction sociale adaptée, puisque le condamné lui-même l’acceptait. Mais l’avocat général s’est laissé convaincre et peut-être a-t-il estimé qu’il valait mieux éteindre le feu et la fureur de cette famille pour éviter une vendetta et qu’un second procès pouvait épargner d’autres vies.

Après avoir reçu la famille de la victime, le dernier jour, la dernière heure du délai d’appel, après la fermeture du greffe, l’avocat général inscrivait son appel. La machine judiciaire était repartie pour un tour.