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Extrait : "MILLER : Femme, écoute bien ceci... Je te le dis, et je te le répète, la chose devient sérieuse : on commence à jaser par la ville de ma fille et du baron... Le bruit des visites du jeune homme dans ma maison arrivera jusqu'aux oreilles de son père, le président... et, crois-moi, il vaut mieux prier le jeune gentilhomme de cesser ses visites."
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Seitenzahl: 157
Veröffentlichungsjahr: 2015
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EAN : 9782335050257
©Ligaran 2015
LE PRÉSIDENT DE WALTER.
FERDINAND.
MILLER.
WURM.
LE MARÉCHAL DE KALB.
UN VIEUX SERVITEUR.
UN DOMESTIQUE.
UN HOMME DE JUSTICE.
MADAME MILLER.
LOUISE MILLER.
LADY MYLFORT.
SOPHIE.
Une chambre chez Miller.
Miller, madame Miller.
Femme, écoute bien ceci… Je te le dis, et je te le répète, la chose devient sérieuse : on commence à jaser par la ville de ma fille et du baron… Le bruit des visites du jeune homme dans ma maison arrivera jusqu’aux oreilles de son père, le président… et, crois-moi ; il vaut mieux prier le jeune gentilhomme de cesser ses visites.
De quoi t’inquiètes-tu, et qu’as-tu à te reprocher ? Tu n’as pas attiré le baron Ferdinand chez toi ; il y est venu de lui-même.
Oui, pour prendre des leçons de musique, mais non pour faire la cour à ma fille… Ah ! j’aurais dû, vois-tu, femme, quand je me suis aperçu que la chose prenait cette tournure, j’aurais dû m’en aller immédiatement tout raconter à Son Excellence monsieur son père… Le jeune baron en eût été quitte pour une réprimande ; j’eusse envoyé Louise passer trois mois au couvent de Florsheim ou de Nonnenverth, et tout eût été dit, tandis que, maintenant, les choses en sont venues à ce point qu’il faut que l’orage éclate. Sur qui tombera le tonnerre ? Ce ne sera point sur le château du premier ministre, ce sera sur la maison du pauvre musicien.
À quoi bon t’inquiéter de tous ces bavardages ? que peut-il t’arriver ? qui peut t’en vouloir ?… Ton état est de donner des leçons de musique, n’est-ce pas ?… Eh bien, tu prends des écoliers où tu en trouves ; fallait-il refuser ta porte au fils du ministre, au baron Ferdinand, parce qu’il est riche, jeune et beau ? C’eût été le comble de la stupidité.
C’eût été la suprême sagesse, au contraire ; car, enfin, que résultera-t-il de tout ce méchant commerce ?… Rien de bon… Il aime Louise, je ne dis pas le contraire… et cela se voit… ou plutôt, cela se devine dans chacune de ses paroles ; mais le fils du noble président n’épousera pas la fille du pauvre musicien.
Qui te dit cela ?
Sotte que tu es !
Et si je te disais, moi, qu’il a promis d’épouser notre fille !
Et à qui a-t-il promis cela ?
À notre fille elle-même.
Mordieu ! la belle promesse, et comme nous allons dormir tranquilles sur cette assurance !… Le baron de Walter a promis à Louise d’épouser Louise… et, en attendant, qui sait ce qu’il a déjà demandé à compte sur ce mariage ! Ô femme, femme, prends garde ! ce sont les mères qui répondent à Dieu de la pureté de leurs filles… prends garda !… il la séduira sous tes yeux, c’est moi qui te le-dis… Puis, un beau matin, tu trouveras ta fille en pleurs ; tu lui demanderas quelle ; cause fait couler ses larmes : elle te répondra, ce jour-là, que c’est la fuite de son amant… et, le lendemain, elle, t’avouera que c’est la perte de son honneur.
Que Dieu nous garde d’un pareil malheur !
Oui ; mais gardons-nous-en d’abord nous-mêmes ; et, pour cela, il faut qu’à la première visite que fera ici le baron de Walter, je lui montre cette porte, en lui faisant comprendre que le menuisier l’a faite pour entrer dans cette maison quand on y entre avec de bonnes intentions, mais aussi pour en sortir quand on y est entré avec de mauvaises.
Fais attention, Miller ; car, avec cette résolution, non seulement tu te fais un ennemi dû fils du président, mais encore tu diminues nos pauvres ressources de moitié, en te privant de ton meilleur élève.
Je diminue nos ressources !… c’est-à-dire, que tu as peur de renoncer à ton café et à ton tabac ? Va-t’en au diable avec tes ressources, si ces ressources doivent s’augmenter au prix de l’honneur de ma fille ; j’aimerais mieux, vois-tu, aller de porte en porte avec mon violon, comme un mendiant… j’aimerais mieux donner des concerts où chacun payerait sa place en apportant un morceau de pain… j’aimerais mieux mettre en pièces ce vieil ami qui est là, et qui m’a si souvent consolé quand je pleurais… le briser en mille morceaux, entends-tu bien, que de me laisser un seul instant tenter par l’or honteux qui perdrait l’âme de mon enfant… Femme, femme ! ne dis jamais de pareilles choses, si tu ne veux pas que je croie m’être trompé en te regardant vingt ans comme une honnête créature.
Ah ! si tu lisais les charmantes lettres que le baron écrit à notre fille, tu verrais bien que leur amour est pur comme le jour du bon Dieu.
Eh ! oui, certes, je sais bien cela !… tous les amours commencent par être purs, puis ils finissent comme celui de la Marguerite de Faust, avec un orphelin de plus jeté sur cette terre… Bienheureux encore quand la honte ne tue pas la maternité, et quand la maternité ne tue pas l’enfant !
Voyons, ne t’emporte pas ainsi ; à quoi bon jeter feu et flamme justement aujourd’hui plutôt qu’hier ?
Veux-tu que je te dise pourquoi ? C’est que je sais qu’aujourd’hui nous devons recevoir la visite du secrétaire de Son Excellence… de M. Wurm, à qui j’ai à peu près fiancé Louise l’an dernier ; tu t’en souviens, ce me semble, quoique tu aies l’air de l’avoir oublié.
Et c’est là le tort que tu as eu… que de te presser ainsi, de promettre la main de ta fille à un domestique.
D’abord, M. Wurm n’est pas un domestique, c’est le secrétaire de M. le président… c’est même plus que son secrétaire, c’est presque son ami.
Ces amitiés des grands avec leurs inférieurs cachent toujours quelque secret terrible !… On a dit de singulières choses, voilà bientôt quinze ans, quand le comte de Walter succédé à son prédécesseur.
Silence, femme ! pas un mot là-dessus ; il ne manquerait plus que de pareils propos pour nous achever… Voyons, brosse ma redingote… Le pasteur est un saint homme… Je vais lui tout dire, et lui demander conseil… Ah ! voilà M. Wurm !… Allons, tâche, au moins, de ne nous faire un ennemi de celui-là qu’au dernier moment.
Les mêmes, Wurm.
Bonjour, monsieur le secrétaire ! on a enfin le plaisir de vous voir… Vous devenez en vérité si rare, que je me demande si vous ne croyez pas, bien à tort, avoir à vous plaindre de nous.
Le plaisir est tout pour moi, monsieur Miller ; mais, voulez-vous que je vous parle franc, si depuis longtemps je ne suis pas venu vous voir, c’est que j’ai craint qu’on ne fit pas grand compte de ma bourgeoise personne chez des gens habitués aux bonnes grâces d’un des premiers gentilshommes du pays.
Je vois ce que vous voulez dire, monsieur Wurm… Oui, M. le baron de Walter nous fait quelquefois l’honneur de nous visiter ; mais ses visites ne nous ont pas rendus plus fiers que nous n’étions… et nous ne méprisons personne.
Voyons, femme, une chaise à M. Wurm… Ne voulez-vous pas déposer votre canne et votre chapeau, monsieur ?…
Merci… (Il met sa canne et son chapeau près de lui.) Eh bien, comment va ma future ?…
Votre future ?…
Eh ! sans doute !… Louise.
Louise va bien, monsieur, Dieu merci…
N’est-elle point à la maison, et ne puis-je la voir un instant ?
Dame, à moins que vous ne l’attendiez… Elle est à la messe, et, ordinairement, elle y reste longtemps, je vous en préviens.
Femme !…
Ce que vous me dites là me plaît, ma chère madame Miller ; cela me prouve que je trouverai dans Louise une épouse pieuse, une bonne chrétienne…
Cependant, monsieur le secrétaire, il ne faudrait pas trop regarder… excusez-moi de parler ainsi, il ne faudrait pas trop, dis-je, regarder comme faites les choses qui sont encore à faire.
Femme, te tairas-tu ?…
Expliquez-vous, ma bonne madame Miller ; car, en vérité, je ne vous comprends pas.
Que je m’explique, monsieur Wurm ?… Oh ! mon Dieu, c’est bien facile… Vous comprenez… ce qui est bon est bon ; mais qui vaut mieux est mieux, et, par conséquent, doit être préféré.
Oh ! oh ! qu’est-ce que cela veut dire ?
Cela veut dire que le devoir d’une mère est d’aider au bonheur de son enfant au lieu de l’entraver… Or, comme je n’ai qu’une enfant, je désire qu’elle soit heureuse.
Ah ! langue de vipère !
Et, puisque le bon Dieu veut faire de ma fille une dame…
Ah çà ! veux-tu te taire ?… ou faut-il que je te casse mon violon sur la tête ?… Allons, à ta cuisine !… Ne faites pas attention à tout ce babillage, mon cher monsieur Wurm… À ta cuisine, je te dis !… c’est la place d’une femme de ménage… surtout quand il est dix heures du matin, et que l’on n’a pas encore déjeuné.
J’y vais… C’est égal, je lui ai toujours dit ce que j’avais à lui dire…
Eh bien ?
J’y vais, mon Dieu, j’y vais.
Miller, Wurm.
Ah ! monsieur Miller, je ne croyais pas avoir mérité une pareille réception.
Mais, mon Dieu, monsieur, vous le voyez : bien, moi, au contraire…
Je vous avais cru ; jusqu’à présent, homme de parole, et mes prétentions à la main de votre fille me paraissaient aussi bien agréées que si, au lieu de cette parole, j’avais eu votre signature ; car enfin, je ne vaux pas un baron, c’est vrai, mais néanmoins je ne suis pas un homme à dédaigner… J’ai un emploi honorable, et qui peut honorablement nourrir une famille ; le président a de la bienveillance pour moi, et, si je veux me pousser plus haut, son appui ne me manquera point… Mes vues, à moi, étaient donc sérieuses, et je regrette que vous vous laissiez leurrer par les promesses d’un jeune étourdi.
Vous vous trompez, monsieur Wurm, je ne me laisse tromper par aucune promesse, et la preuve, c’est que les choses restent comme nous les avions arrêtées ; la parole que je vous ai engagée autrefois, je vous l’engage de nouveau ; la réponse que je vous fis l’an dernier, je vous la renouvelle aujourd’hui. Louise vous plaît, bien… Plaisez à Louise… et ce sera très bien… Lui convenez-vous, c’est à merveille… elle n’a qu’à dire oui ; et, si bas qu’elle dira ce oui… je vous réponds que je l’entendrai… Secoue-t-elle la tête, à la volonté de Dieu, monsieur Wurm… je ne contraindrai jamais ma Louise… Vous acceptez le refus de ma fille, et vous buvez une bouteille de vin du Rhin avec le père. Vous comprenez, c’est elle qui doit vivre avec vous, ce n’est pas moi… Pourquoi pousserais-je dans ses bras, par pur entêtement, un homme… un homme qu’elle n’aimerait pas ?… Pour donner prise sur moi au malin esprit, et pour l’entendre me dire à l’oreille, à chaque verre de vin que je boirais : « Tu es le misérable qui a causé le malheur de ta fille… » Non, monsieur Wurm, non, je ne ferai jamais cela…
Cependant, monsieur Miller, le conseil d’un père est tout-puissant sur une fille, et, si vous vouliez bien !… car enfin vous me connaissez…
Et, de par tous les diables ! ce n’est point moi qui dois vous connaître ! C’est ma Louise ; ce qui me plaît à moi, vieux marronneur, n’est pas, je le crois bien, ce qui flattera l’humeur rêveuse d’une jeune fille… Oh ! demandez-moi si vous ferez convenablement votre partie dans un orchestre, et je vous dirai à un cheveu près ce que vous valez ; mais l’esprit d’une femme est bien autre chose à déchiffrer que la sonate la plus embrouillée… Non, non, tout ce que je puis vous promettre, monsieur le secrétaire, c’est de ne pas détourner ma fille de vous… Mais, pour l’influencer, dans une affaire aussi grave que le mariage, jamais, monsieur Wurm, jamais !
Bien obligé, monsieur Miller.
Eh bien, vous vous en allez ?
Qu’ai-je à faire encore ici, je vous le demande ?
Dame, c’est comme vous voudrez ! Adieu…
Ah ! non pas adieu… au revoir !
Miller, seul.
Il s’éloigne en menaçant, je crois… Oh ! par ma foi, je comprends bien la répulsion que Louise manifeste pour ce vilain visage… En vérité, cet homme a quelque chose d’étrange et de repoussant ; on dirait qu’il a été introduit par contrebande dans le monde du bon Dieu, avec ses yeux de fouine, ses cheveux roux, et son menton si allongé, qu’on croirait que la nature, irritée d’une pareille œuvre, l’a empoigné par là, et a jeté mon drôle dans quelque coin… Non, non, non, bien décidément, je ne forcerai point ma file.
Miller, Louise, entrant.
Elle dépose son livre de messe, et va à Miller.
Bonjour, mon père.
D’où viens-tu, mon enfant ?
De la messe, comme ma mère a dû vous le dire.
Ah ! c’est vrai… Bien, ma Louise !… bien, je me réjouis de voir que tu tournes si ardemment ta pensée vers le Seigneur… Reste toujours ainsi, ma Louise, et le Seigneur te bénira.
Dieu vous entende, mon père !… M. de Walter n’est point là ?
J’espérais que mon enfant avait oublié ce nom à l’église.
Je vous entends, mon père… Mais, si j’ai la faiblesse de l’aimer, je n’ai pas l’hypocrisie du moins de cacher les sentiments que j’ai pour lui… Hélas ! mon père, longtemps je n’ai pensé qu’à Dieu ; puis, au moment où je l’ai vu, j’ai pensé à Dieu… et à lui… Enfin, depuis quelque temps, je ne pense qu’à lui tout seul… C’est bien mal, mon père, je le sais, ou plutôt, dites-moi… lorsque nous oublions l’artiste en regardant son tableau, n’est-ce pas le plus grand éloge que nous puissions faire de l’artiste ?… et, si dans ma joie je me détourne de Dieu pour admirer son chef-d’œuvre, ne doit-il pas se réjouir de cette adoration ?
Ah ! nous y voilà, mon Dieu !
Où peut-il être, à présent ?… Heureuses les jeunes filles nobles, heureuses les grandes dames qui peuvent le voir et l’entendre !… Moi, je n’ai pas ce bonheur… Je suis une pauvre fille oubliée, moi…
Louise !…
Ah ! pardon, pardon, mon père ; je ne me plains pas de mon sort, je désire seulement penser librement à lui… Oh ! je voudrais réunir tout ce qui me reste d’existence dans un seul souffle, et, de ce souffle doux et caressant, rafraîchir son visage… Cette fleur de jeunesse que Dieu m’a donnée, je voudrais que ce fût une violette, et qu’il marchât dessus… même sans la voir… Mourir sous son pied me suffirait.
Louise, je donnerais le petit nombre d’années qui me restent à vivre pour que tu n’eusses jamais vu le major.
Que dites-vous là !… Oh ! ce n’est point votre pensée, mon bon père… Vous ne savez donc pas que Ferdinand est à moi ; qu’il a été créé pour ma félicité terrestre, par le père de ceux qui s’aiment en ce monde, et qui doivent s’aimer dans l’autre ?… Écoutez : quand je le vis pour la première fois, mon père, le sang me monta au visage, mon cœur bondit de joie, chaque pulsation de mes artères, chaque souffle de la brise, chaque bruit de la nature, murmura à mes oreilles : « C’est lui ! » Et mon âme, reconnaissant à son tour celui qui m’avait manqué jusque-là pour compléter ma vie… mon âme murmura : « C’est lui ! oh ! c’est bien lui… » Alors, ce mot retentit joyeusement dans la nature entière ; alors, le premier rayon se leva dans mon âme… Je sentis dans mon cœur éclore mille jeunes pensées pareilles aux fleurs qui s’épanouissent sur la terre quand le printemps revient… Je ne voyais plus le monde… et cependant il me semblait que jamais le monde n’avait été si beau… Je ne songeais plus à Dieu, et cependant il me semblait que jamais je ne l’avais, tant aimé, que jamais il n’avait été plus grand !
Louise… Louise… pauvre chère enfant de mon cœur !… demande-moi mon sang, demande-moi ma vie… et tu les auras… mais ne me demande pas celui que tu aimes… hélas !… hélas !… Dieu m’est témoin que je ne puis pas te le donner.
(Il sort.)
Louise, seule, et poursuivant la pensée dans laquelle elle est absorbée.
Aussi, je ne le demande qu’à Dieu, mon père, ou plutôt qu’à l’éternité ; cette pauvre goutte de rosée, qu’on appelle le temps, s’évapore délicieusement dans ce rêve de bonheur qu’il me donne… Le rêve me suffit ; je renonce à lui dans ce monde… Mais ce monde… on ne fait qu’y passer… Un jour, les barrières qui nous séparent tomberont devant la mystérieuse égalité du tombeau ; un jour, chacun rejettera, le pauvre ses haillons, le riche sa fortune, le noble ses honneurs ; alors, la différence des conditions disparaîtra, chacun n’apportera avec soi que ses douleurs, ses crimes ou ses vertus ; moi, je n’apporterai que mon innocence et mon amour… Mon père m’a dit souvent que la parure et les titres pompeux seront de peu de valeur lorsque l’ange du jugement nous réveillera dans nos sépulcres pour nous conduire devant Dieu ; les cœurs seuls, alors, auront du prix à ses regards ; alors, je serai riche ! alors, mes larmes seront comptées pour des trésors, et mes soupirs, pour des aïeux… alors, oh ! alors, je serai une bien grande dame… et Ferdinand aura beau regarder autour de lui, il n’y aura pas une femme, fût-elle princesse, fût-elle reine, qu’il puisse préférer à la fille du pauvre musicien Miller.
Louise, Ferdinand.
Louise !… (Il s’approche.) Qu’a-t-elle donc ?… Oh ! mon Dieu, Louise, comme tu es pâle !
Ah ! c’est toi… toi, mon Ferdinand ! Te voilà, je n’ai plus rien.
Pourquoi cette tristesse, mon Dieu ?