La logique du Végétarisme - Christelle Pujol - E-Book

La logique du Végétarisme E-Book

Christelle Pujol

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Beschreibung

« montrer ce qu'est le végétarisme, et (un point à peine moins essentiel) ce que n'est pas le végétarisme. »

Henry Stephens Salt, végétarien convaincu, fut membre de la célèbre Vegetarian Society de Londres. Cet écrivain anglais milita avec conviction en faveur de nombreuses réformes sociales et lutta ouvertement contre la vivisection. Ses écrits ont influencé de nombreux intellectuels dont le Mahatma Gandhi pour son étude du végétarisme. 
On lui attribue le mérite d'avoir été le premier écrivain à plaider explicitement en faveur des droits des animaux ( Animals’ Rights: Considered in Relation to Social Progress - 1892). Il était très en avance sur son temps dans son approche du bien-être des animaux et lutta fermement pour une réforme des abattoirs.
Avec une logique claire et des dialogues divertissants, l'auteur présente les nombreuses raisons en faveur du régime végétarien. Définissant le végétarisme comme un choix moral, politique et économique, ce livre nous incite à réfléchir sur les réformes nécessaires de notre régime alimentaire.

Extrait : « Le but particulier de ce livre est de présenter de manière claire et rationnelle la logique du végétarisme. Les aspects éthiques, scientifiques et économiques du système ont déjà fait l'objet d'une grande attention de la part d'écrivains reconnus, mais il n'y a pas encore eu d'effort organisé pour présenter la vision logique, c'est-à-dire la portée dialectique des arguments, offensifs et défensifs, sur lesquels se fonde l'argument du végétarisme. Je suis conscient que la simple logique n'est pas en soi une question de première importance, et qu'un grand principe humain, fondé sur un véritable instinct naturel, sera à long terme comblé, quelles que soient les batailles verbeuses qui s'y déroulent pendant un certain temps ; néanmoins, il n'y a pas de meilleure méthode pour accélérer ce résultat que de présenter les questions au public sous un jour évident et clair. Je souhaite donc, dans ce travail, montrer ce qu'est le végétarisme, et (un point à peine moins essentiel) ce que n'est pas le végétarisme. »
 

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La logique du Végétarisme

Essais et Dialogues

Henry S. Salt

Traduction parChristelle Pujol

Alicia Editions

Table des matières

PREFACE

INTRODUCTION

POURQUOI  "VÉGÉTARIEN"?

LA RAISON D'ÊTRE DU VÉGÉTARISME

LE PASSÉ ET LE PRÉSENT DU VÉGÉTARISME

PREUVE STRUCTURELLE

L'APPEL À LA NATURE

L'ARGUMENT HUMANITAIRE

EXCUSES ET SOPHISMES

LA RUSE DE LA COHÉRENCE

LA DÉPRAVATION DU BOUCHER

L'ARGUMENT ESTHÉTIQUE

L'ARGUMENT DE L'HYGIÈNE

DIGESTION

LES CONDITIONS CLIMATIQUES

VIANDE ET MORALE

L'ARGUMENT ÉCONOMIQUE

DOUTES ET DIFFICULTÉS

BIBLE ET BOEUF

LA FAMILLE DU CARNIVORE

LE VEGETARIANISME EN RELATION AVEC D'AUTRES REFORMES

CONCLUSION

PREFACE

En préparant ma nouvelle édition de "La Logique du Végétarisme" , j'ai lu et relu avec soin une liasse d'avis de presse qui saluait la première parution du livre il y a sept ans, dans l'espoir de profiter de toute critique négative qui pourrait mettre au jour des arguments que j'avais alors négligés. En cela, cependant, j'ai été fort déçu, car, mis à part quelques objections comme celle que le Spectator1 a soulevée sérieusement - à savoir que je n'avais pas rendu justice au grand problème de ce qu'il adviendrait des Esquimaux - la seule plainte concrète que je puisse trouver est que les représentants des mangeurs de chair que j'ai présentés dans ces dialogues ont été délibérément choisis pour dire n'importe quoi. "Il est facile, a dit un critique, de contrecarrer un adversaire si l'on a le choix des arguments et la formulation des réponses."

Je n'aurais peut-être pas dû m'attendre à ce que l'assurance donnée dans mon chapitre introductif quant à l'authenticité des plaidoiries anti-végétariennes me protège de cette accusation ; en effet, le Messager Végétarien, dans un examen amical du livre, a exprimé ce même doute quant à la politique du dialogue, car, comme il le disait, "les arguments contre le végétarisme sont souvent si bêtes qu'il semble que l'auteur ait installé un homme de paille pour le détruire". Pourtant, comme l'a ajouté le Messager lui-même, "il n'y a pas d'argument contre le végétarisme cité dans ce volume que nous n'avons pas, à maintes reprises, vu sérieusement avancé par nos adversaires". Il serait sûrement étrange que les réformateurs de l'alimentation évitent de présenter de manière laconique le raisonnement de leurs adversaires pour le fait même de son imbécillité !

Et il y a cette autre question. Si je n'ai pas réussi à inclure dans ma sélection les arguments efficaces contre le végétarisme, où et quels sont-ils ? En regardant ceux qui sont cités dans les avis de presse, je ne peux en découvrir aucun qui me semble formidable, mais plutôt que d'être à nouveau soupçonné de répression injuste, permettez-moi de citer franchement les exemples suivants de la philosophie du mangeur de viande bovine :

"La preuve que l'homme doit manger de la viande, c'est qu'il l'a toujours fait, qu'il le fait actuellement et qu'il le fera toujours."

Et encore une fois :

"Personne ne voudra dire qu'il (l'avocat du végétarisme) a tort, mais les gens continueront à vivre comme avant. Shelley et Thoreau, Wagner et Edward Fitz Gerald étaient végétariens, mais Wellington et Gladstone ont pris part au rôti de boeuf de la vieille Angleterre, et n'étaient pas moins bons."

Ces déclarations sont d'une simplicité sublime, ce qui est très impressionnant, mais je ne pense pas qu'on puisse faire du tort aux arguments contre le végétarisme en ne les incluant pas dans une discussion qui se veut logique.

H. S. S.

1Magazine hebdomadaire mettant en vedette les meilleurs journalistes, auteurs, critiques et caricaturistes britanniques, depuis 1828.

INTRODUCTION

Le but particulier de ce livre est de présenter de manière claire et rationnelle la logique du végétarisme. Les aspects éthiques, scientifiques et économiques du système ont déjà fait l'objet d'une grande attention de la part d'écrivains reconnus, mais il n'y a pas encore eu d'effort organisé pour présenter la vision logique, c'est-à-dire la portée dialectique des arguments, offensifs et défensifs, sur lesquels se fonde l'argument du végétarisme. Je suis conscient que la simple logique n'est pas en soi une question de première importance, et qu'un grand principe humain, fondé sur un véritable instinct naturel, sera à long terme comblé, quelles que soient les batailles verbeuses qui s'y déroulent pendant un certain temps ; néanmoins, il n'y a pas de meilleure méthode pour accélérer ce résultat que de présenter les questions au public sous un jour évident et clair. Je souhaite donc, dans ce travail, montrer ce qu'est le végétarisme, et (un point à peine moins essentiel) ce que n'est pas le végétarisme.

Car si, en raison de la propagande menée depuis cinquante ans, on parle de plus en plus de végétarisme et on discute beaucoup de ses doctrines, il y a encore de très nombreux malentendus sur ses objectifs et sa signification réels. En cela, comme dans d'autres phases du grand mouvement progressiste dont le végétarisme fait partie, exprimer une idée nouvelle, c'est exciter une foule de préjugés aveugles et faire naitre la colère. Les défenseurs de l'ancien système sont trop dédaigneux pour prendre conseil auprès des défenseurs du nouveau ; c'est pourquoi ils leur attribuent communément des conceptions très différentes de celles qu'ils ont réellement, et inconsciemment, ils créent un homme de paille pour le plaisir de le frapper de critiques. Sans toujours faire preuve de sympathie, et surtout d'humour, ils exagèrent de façon absurde les points les moins importants du raisonnement de leurs adversaires, oubliant ainsi trop souvent ce qui est au cœur de la controverse. Il est donc très préoccupant pour le végétarisme que son cas soit présenté de manière à exclure toute possibilité de doute quant aux véritables questions en jeu. Si l'accord est hors de notre portée, vérifions au moins le point précis de notre désaccord.

Dans la perspective de ce résultat, il conviendra de recourir de temps à autre à la forme du dialogue, de manière à mettre en contraste les avantages et les inconvénients de l'argument. Ces conversations ne seront pas non plus tout à fait imaginaires, car, pour éviter toute suspicion d'accabler le contre-cas de nos opposants par une présentation fantaisiste, je ne présenterai que les objections au végétarisme sur lesquelles on a réellement insisté - les objections, en fait, qui reviennent maintes et maintes fois dans tous les colloques sur la réforme alimentaire - avec parfois les mots mêmes du disciple mangeur de chair. Ce n'est pas ma faute si certaines de ces objections semblent insensées. J'ai souvent été émerveillé par la manière imprudente avec laquelle ceux qui combattent des notions nouvelles et inconnues s'avancent vers la rencontre, sans protection intellectuelle et en se fiant entièrement à certaines vieilles erreurs génériques qui, si nous pouvons en juger par leur apparence à tous les âges et sous tous les climats, sont autochtones dans l'esprit humain. Beaucoup des critiques que le mangeur de chair opposent aujourd'hui au végétarien sont les mêmes, mutatis mutandis1, que celles que les apologistes de toutes les coutumes cruelles et iniques, de l’esclavage aux rites de la sati2, ont jetées à différents moments entre les dents du réformateur.

Montrer l'irréalité de ces sophismes, en dissipant les idées fausses sur lesquelles ils reposent, et affirmer le credo du végétarisme comme prêché et pratiqué par ses amis plutôt que comme mal compris par ses ennemis - tel est l'objet de ce travail. Faire des "conversions", au sens ordinaire du terme, ne me concerne pas. Ce que nous devons faire, c'est découvrir qui sont des mangeurs de chair par conviction inébranlable, et ceux qui le sont par insouciance et ignorance, et amener à nos côtés cette dernière classe, ceux qui sont naturellement alliés à nous, bien que par hasard ils se soient rangés dans l'opposition. Et cela, une fois de plus, ne peut se faire qu'en rendant les questions indubitables.

Soit dit en passant, j'espère que ces pages peuvent suggérer à nos antagonistes que les végétariens, peut-être, ne sont pas les faibles sentimentalistes sans cervelle que l'on décrit si souvent. C'est pour le moins divertissant lorsqu'un critique qui vient de demander (par exemple) "ce qu'il adviendrait des animaux" si l'humanité s'abstenait de les manger, fait remarquer aux végétariens que "leur cœur est meilleur que leur tête". Hélas, nous ne pouvons pas honnêtement rendre le compliment en disant d'un tel philosophe que sa tête est meilleure que son cœur ! On ne saurait trop insister sur le fait que l'attrait du végétarisme, comme de tous les systèmes humains, n'est pas seulement pour le cœur, ni pour l’esprit, mais pour l’esprit et le cœur réunis, et que si ses revendications ne parviennent pas à gagner ce double jugement, elles sont nécessairement nulles et sans valeur. L'épreuve de la logique, pas moins que l'épreuve des sentiments, est délibérément remise en question par nous, car ce n'est que par ceux qui peuvent penser aussi bien que ressentir, et ressentir aussi bien que penser, que la question de l'alimentation, ou en fait toute grande question sociale, peut être amené à être solutionnée.

1Mutatis mutandis est une locution latine, signifiant littéralement : ce qui devait être changé ayant été changé.

2Sacrifice des veuves qui se jettent dans le bûcher crématoire de leur époux en Inde et qui meurent brûlées vives.

POURQUOI  "VÉGÉTARIEN"?

Le terme "végétarien", tel qu'il s'applique à ceux qui s'abstiennent de toute nourriture de viande ou de chair animale, mais pas nécessairement de produits animaux comme les œufs, le lait et le fromage, semble avoir vu le jour il y a plus de cinquante ans, au moment de la fondation de la Vegetarian Society1, en 1847. Jusqu'à cette date, aucun nom spécial n'avait été attribué au système diététique réformé, généralement connu sous le nom de "régime pythagoricien" ou "régime végétal", comme on peut le lire dans les écrits de l'époque. Vraisemblablement, on a estimé que lorsque le mouvement a pris de l'ampleur et était sur le point d'entrer dans une nouvelle phase, avec une propagande organisée, il était conseillé de lui donner un titre original et distinctif. La question de savoir si, de ce point de vue, le nom "végétarien" a été choisi avec sagesse ou non est une question sur laquelle il y a eu des divergences d'opinion entre les réformateurs alimentaires eux-mêmes, et il est possible que les critiques négatives auraient été encore plus fortes sans le fait qu'aucun meilleur titre n'ait été proposé.

Dans l'ensemble, le nom "végétarien" semble être assez pratique, son inconvénient étant qu'il donne lieu à des sophismes de la part des opposants captifs. Dans toutes les controverses comme celle dont le végétarisme est le sujet, il y a des verbalistes qui ne peuvent pas voir au-delà de la coquille extérieure d'un mot à la chose que le mot signifie, et qui se plaisent à couper la logique et à soulever de petits obstacles, comme ainsi :

LE VERBALISTE :Pourquoi le nom de "végétarien" ?

LE VÉGÉTARIEN :Pourquoi pas "végétarien" ?

LE VERBALISTE :Comment cela peut-il être conforme au végétarisme de consommer, comme vous l'admettez, du lait, du beurre, du fromage et des œufs, qui sont tous des aliments de choix du règne animal ?

LE VÉGÉTARIEN :Cela dépend entièrement de ce que l'on entend par "végétarisme".

LE VERBALISTE :Eh bien, sa signification est sûrement évidente - un régime de légumes seulement, sans aucune particule de substance animale.

LE VÉGÉTARIEN :En fait, tel n'est pas, et n'a jamais été, son sens accepté. La question a souvent été débattue dans les premières années de la Vegetarian Society, et il a toujours été considéré que l'utilisation des œufs et du lait n'était pas interdite. "Induire des habitudes d'abstinence de la chair des animaux (poisson, chair, volaille) comme nourriture" était le but avoué du végétarisme, comme officiellement indiqué sur la page titre de son journal.

LE VERBALISTE :Mais le mot "végétarien" - quel autre sens peut-il avoir que celui que je lui ai attribué ?

LE VÉGÉTARIEN :Vraisemblablement ceux qui ont inventé le mot étaient les meilleurs juges de sa signification, et ce qu'ils entendaient par là est prouvé sans aucun doute par l'usage de la Vegetarian Society.

LE VERBALISTE :Mais ont-ils eu le droit de détourner ainsi le mot de sa dérivation naturelle ?

LE VÉGÉTARIEN :Si vous faites appel à l'étymologie, cela soulève une toute autre question, et là aussi, vous trouverez les autorités contre vous. Nul n'a mieux le droit de s'exprimer sur cette question que le professeur J. E. B. Mayor, le grand érudit latin, et il affirme que, du point de vue étymologique, "végétarien" ne peut signifier "un mangeur de légumes". Il est dérivé du mot vegetus, soit "vigoureux", et signifie, strictement interprété, "celui qui vise la vigueur". Attention, je ne dis pas que les auteurs du terme "végétarien" avaient ce sens en vue, mais simplement que le sens étymologique du mot ne favorise pas plus votre affirmation que le sens historique.

LE VERBALISTE :Alors, qu'est-ce que ça veut dire "végétarien" ? Comment l'expliquez-vous vous-même ?

LE VÉGÉTARIEN :Un "végétarien" est celui qui s'abstient de manger la chair des animaux, et dont la nourriture provient principalement du règne végétal.

Le dialogue ci-dessus montrera l'absurdité et l'injustice d'accuser les végétariens, comme l'a fait feu Sir Henry Thompson, de "termes équivoques, ambigus - bref, de contrevérité", parce qu'ils conservent un titre qui a été inventé à l'origine pour leur cas. L'affirmation selon laquelle les végétariens ont changé la signification de leur nom, en raison de leur incapacité à trouver une alimentation adéquate avec une alimentation purement végétale, est fondée sur une ignorance similaire des faits. Voici deux spécimens de l'inexactitude de Sir Henry Thompson. En 1885, il écrivait :"Il est grand temps de nous épargner l'obscur langage, ou plutôt l'énoncé inexact, auquel les consommateurs de lait et d'œufs sont attachés, en assumant un titre qui appartient depuis des siècles à cet ensemble non négligeable de personnes dont les habitudes de vie donnent le droit de l'utiliser".2 Remarquez que Sir Henry Thompson avait alors le sentiment que le nom "végétarien" (inventé en 1847) avait des siècles ! Il n'était pas non plus, à l'exception des noms, plus exact en ce qui concerne la pratique elle-même, car il peut être prouvé sur l'autorité d'une longue succession d'écrivains, du temps d'Ovide à celui de Shelley, que l'utilisation du lait et de ses produits a été dès le début considérée comme compatible avec le régime pythagoricien ou "végétarien". Le fait que certains abstinents individuels se soient également abstenus de toute substance animale ne justifie pas la tentative d'imposer une abstinence plus stricte à tous les végétariens au risque d'être privés de leur nom.

Treize ans plus tard, l'argument de Sir Henry Thompson a été entièrement modifié. Son affirmation de l'antiquité du nom "végétarien" a été discrètement abandonnée ; en fait, sa nouveauté a maintenant été plutôt soulignée.

"Ils (les "végétariens") affirment avec insistance qu'ils ne dépendent plus pour leur alimentation des produits du règne végétal, contrairement à ceux qui, à l'origine, ont adopté le nom à une date non négligeable.3 Mais notre critique s'est encore une fois totalement trompée. Il n'y a aucune différence entre le régime alimentaire de ceux qui ont adopté le nom à cette date et celui de ceux qui le portent maintenant. Maintenant, comme alors, il y a quelques végétariens qui abjurent tout ce qui est de l'animal, mais la règle de la Vegetarian Society maintenant, comme alors, est que l'utilisation des œufs et du lait est permise. Lors de la troisième réunion annuelle, tenue en 1850, l'un des orateurs a déclaré que "les limites à l'intérieur desquelles l'alimentation de la Vegetarian Society était restreinte n'excluaient que la chair et le sang des animaux".

Pour éviter tout malentendu, permettez-moi de répéter que le végétarisme n'a rien à voir avec la défense du nom "végétarien" en soi ; il peut être un bon ou un mauvais nom. Ce que nous défendons, c'est notre droit au titre, une revendication historique irrévocable qui ne doit pas être bouleversée par des affirmations aussi infondées et contradictoires que celles citées.

Mais on peut dire que même si le titre est historiquement authentique, il vaudrait mieux le changer, car il conduit évidemment à l'incompréhension. Nous devrions être tout à fait disposés à le faire, mais avec deux difficultés :premièrement, qu'aucun autre titre satisfaisant n'a jamais été proposé et, deuxièmement, que, le mot "végétarien" ayant désormais une place reconnue dans la langue, il serait à peine possible de s'en débarrasser ; en tout cas, le substitut, pour avoir le moins de chance de succès, devrait être très concis, populaire et expressif. Prenons, par exemple, le nom d'"abstinent de chair" ou d'"akréophage", proposé par Sir Henry Thompson. L'objection évidente à ces termes est qu'ils sont simplement négatifs et qu'ils donnent l'impression que nous sommes abstinents et rien de plus. Nous ne nous opposons pas du tout à l'utilisation du terme "abstinent de chair" comme explication du terme "végétarien", mais nous nous y opposons en tant que substitut, car en tant que tel, il donnerait une importance excessive à notre déconsommation de la nourriture de chair animale, qui, après tout, n'est que le résultat particulier d'une habitude générale du mental. Exprimons-le de cette façon :Notre vision de la vie est telle que la consommation de chair animale nous est répugnante et impossible ; mais le simple fait que cette abstinence attire l'attention particulière des mangeurs de viande, et devienne le sujet immédiat de controverse, n'en fait pas la somme et la substance de notre foi. Nous pensons que dans une société rationnelle et humanisée, il ne saurait y avoir de doute sur une pratique telle que de manger de la chair ; l'idée même serait insupportable. C'est pourquoi nous nous opposons à être étiquetés avec un terme négatif qui ne fait que marquer notre divergence par rapport à l'alimentation des autres ; nous préférons quelque chose qui est positif et qui indique notre propre différence. Et jusqu'à ce que nous trouvions un titre plus approprié, nous avons l'intention de tirer le meilleur parti de ce que nous avons.

L'argument "Pourquoi "végétarien"?" est en fait un argument fallacieux. La question pratique entre "végétariens" et mangeurs de viande a toujours été parfaitement claire pour ceux qui voulaient la comprendre, et la tentative faite par les verbalistes de détourner l'attention de la chose pour l'attacher au nom n'est que sophismes. Je parlerai dans le chapitre suivant de cette question pratique essentielle et de la distinction supplémentaire entre le régime "végétarien" ou "régime alimentaire sans viande" et le régime exclusivement végétal.

1La Vegetarian Society du Royaume-Uni est une association caritative britannique créée le 30 septembre 1847 pour promouvoir le végétarisme.

2XIXe siècle, mai 1885.

3Ibid, juin 1898.

LA RAISON D'ÊTRE DU VÉGÉTARISME