Erhalten Sie Zugang zu diesem und mehr als 300000 Büchern ab EUR 5,99 monatlich.
Extrait : "Quelle que soit la fausse interprétation que l'ignorance ancienne ou moderne ait donnée au mot Magie, sa seule signification est celle-ci : La Science la plus élevée ou la Sagesse basée sur la connaissance et l'expérience pratique. Si vous doutez qu'il ait une telle chose que la Magie et que vous désirez une représentation de cette chose, vous n'avez qu'à ouvrir les yeux et regarder autour de vous."
Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:
Seitenzahl: 487
Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:
EAN : 9782335037692
©Ligaran 2015
« Tout ce qui existe sur la terre a sa contrepartie aithérée au-dessus de la Terre, et il n’y a rien dans le monde, si insignifiant que ce soit, qui ne dépende de quelque chose de plus élevé ; de manière que si la partie inférieure agit, sa contrepartie supérieure réagit sur elle. »
SOHAR WAJECAE, Fol 456, 6.
Au bas de la figure, on voit un Sphinx qui dort ; la partie supérieure (représentant les principes supérieurs) est humaine, tandis que les parties inférieures (symbolisant les principes inférieurs) sont de nature animale. Le sphinx médite sur la solution du grand problème de la construction de l’Univers, sur la nature et la destinée de l’homme, et sa pensée prend la forme de ce qui est représenté au-dessus de lui, soit le Macrocosme et le Microcosme dans leur action combinée.
En haut, autour, à l’intérieur, sans commencement ni fin, pénétrant tout depuis la périphérie sans limite jusqu’à l’invisible et incompréhensible centre, se trouve Parabrahm, l’Absolu non manifesté, la source suprême de tout pouvoir qui ait jamais été manifesté ou qui puisse se manifester dans l’avenir en un « être », et par l’activité de qui le monde fut amené à l’existence, projeté par le pouvoir de Sa propre volonté et de son imagination.
L’Oméga, qui encadre la figure, (et l’Alpha au centre) représentent le « Fils », l’Absolu ayant été manifesté comme Logos Universel ou le Christ, dénommé aussi Buddhi ou le Sixième principe, la cause du commencement et de la fin de toute création. Il est Un avec le « Père » se manifestant comme Trinité dans l’Unité pour devenir la cause de ce que nous nommons l’Espace, le Mouvement et la Matière. Sa manifestation la plus élevée est la Soi-Conscience, à l’aide de laquelle cette cause peut être comprise par l’intelligence de l’homme.
L’homme spirituel, dont le corps physique est la matrice, tire sa nourriture de ce principe spirituel universel, comme le fœtus physique puise sa nourriture dans le sein maternel, tandis que son âme est formée par les influences astrales ou l’âme du monde.
Du Logos Universel provient la Lumière invisible de l’Esprit, la Vérité, la Loi et la Vie, entourant et pénétrant le Cosmos, et devenant manifeste dans l’âme illuminée de l’homme, pendant que la lumière visible de la Nature est seulement son aspect matériel ou mode de manifestation, de même que le soleil visible est le reflet de son prototype divin le centre invisible du pouvoir ou le grand Soleil spirituel.
Le cercle, avec les douze signes du Zodiaque enveloppant l’espace dans lequel sont représentées les planètes de notre système solaire, symbolise le Cosmos imprégné des influences planétaires pénétrant la Lumière astrale, influences créées par l’action simultanée des émanations astrales des corps cosmiques et de leurs habitants.
L’activité dans le Cosmos est représentée par l’entrelacement des triangles. Les deux grands triangles extérieurs représentent les grands pouvoirs de la création, de la préservation et de la destruction, ou Brahmâ, Vishnou, Siva, en action sur les éléments du Feu, de l’Eau, de la Terre, c’est-à-dire sur les principes primordiaux qui produisent les substances aithériques, fluidiques et physiques.
Les deux triangles intérieurs, entrelacés, se rapportent plus particulièrement au développement de l’homme. B, C, D, représentent la connaissance, celui qui connaît et ce qui est connu, c’est cette trinité qui constitue la connaissance du Soi. E, F, G, représentent l’homme physique, l’homme aithérique ou homme intérieur et l’homme spirituel. Le centre de la figure représente l’Atma divin, identique avec le Logos Universel. Il est, comme ce dernier, Trinité dans l’Unité. C’est la semence spirituelle implantée dans l’esprit de l’homme et par le développement de laquelle il atteint la vie immortelle. Sa lumière est la Rose de la Croix, formée par la Sagesse et la Puissance. Mais au-dessous, c’est le royaume de l’Illusion, qui comprend les pensées matérielles et sensuelles plongeant dans les ténèbres et dans la mort où elles se décomposent, se putréfient et se dissolvent dans les éléments d’où est sorti l’Univers.
Notre siècle est le siècle des idées. La majorité des personnes instruites vivent, on peut le dire, par la tête, et les droits du cœur sont méconnus. La Vanité est souveraine et la Sagesse n’a le droit de parler que quand elle ne risque pas d’amener des conflits avec les désirs égoïstes. Les gardiens de notre science étroite et bornée s’illusionnent en pensant qu’il est possible de saisir la vérité infinie avec leur intelligence limitée, et ils nient l’existence de ce qu’ils ne peuvent pas comprendre.
Nos philosophes spéculatifs se refusent à reconnaître le pouvoir éternel de l’amour universel, dont la lumière est reflétée dans l’âme humaine ; ils désirent examiner les vérités éternelles à la lumière vacillante de leur étroite logique, basant leur raisonnement sur leurs observations physiques. Ils oublient que l’humanité est une Unité et que l’individu ne peut pas embrasser tout ; l’ignorance demande des explications scientifiques du pourquoi l’homme doit être loyal et sincère et du pourquoi il ne doit pas considérer ses intérêts privés comme étant au-dessus de ceux du reste de l’humanité.
Il est universellement admis que la destinée finale de l’homme ne peut dépendre des théories qu’il a pu forger de toutes pièces, en ce qui concerne la Cosmologie, la Pneumatologie, les plans de salut, etc. ; aussi tant que l’homme ne possède pas la connaissance réelle, peu importe les croyances et les opinions, elles peuvent être bonnes ou mauvaises, mais on ne saurait nier que plus tôt l’homme sera débarrassé de ses opinions erronées et, qu’ouvrant les yeux, il reconnaîtra la vérité réelle, plus tôt sa marche ne sera plus entravée par les obstacles qu’il rencontre sur le chemin de son évolution et plus tôt il arrivera au sommet de sa perfection finale.
La question la plus importante à résoudre, semble-t-il, est celle-ci : « Est-il possible qu’un homme puisse connaître, actuellement, quelque chose qui soit au-delà de ses perceptions physiques, à moins qu’il n’en reçoive la révélation venant d’une autorité supposée ? Est-ce que le pouvoir de l’intuition peut être développé à un tel point qu’il puisse atteindre, sans aucune erreur possible, à la connaissance réelle ; ou bien serons-nous toujours condamnés à nous en rapporter aux opinions et aux traditions du plus grand nombre. Un homme peut-il posséder des pouvoirs transcendants autres que ceux admis par la science moderne et, dans ce cas, comment les acquérir ? »
Les pages suivantes ont été écrites dans le but d’essayer de répondre aux questions qui précèdent, en fixant l’attention de ceux qui désirent connaître la vérité sur la véritable nature de l’Homme et sa place dans l’Univers. Ceux qui croient connaître aujourd’hui tout cela n’ont pas besoin des enseignements contenus dans ces pages ; mais à ceux, au contraire, qui désirent mieux connaître ces sujets, elles pourront être de quelque utilité. À ceux-là, nous conseillerons de se rappeler l’avis de Gautama Bouddha à ses disciples : « Ne croyez rien de ce qui peut blesser votre raison, mais ne rejetez rien comme irraisonnable sans un sérieux examen ! »
Ce livre n’a pas été écrit dans le but de convaincre les sceptiques du fait que les phénomènes occultes ont eu lieu dans le passé, comme encore dans le présent, bien qu’on ait tenté de prouver la possibilité de ces incidents mystiques en donnant l’explication des lois par lesquelles ils se produisent. Il n’y a pas, dans ce livre, de longs exemples de tels phénomènes. Ceux qui en désireraient pourront les trouver dans les ouvrages dont les litres ont été donnés en notes au bas de ces pages.
LA LOI SPIRITUELLE DANS LE MONDE MATERIEL
« Il n’y a pas de religion plus élevée que la vérité ! »
Quelle que soit la fausse interprétation que l’ignorance ancienne ou moderne ait donnée au mot Magie, sa seule signification est celle-ci : La Science la plus élevée ou la Sagesse basée sur la connaissance et l’expérience pratique.
Si vous doutez qu’il y ait une telle chose que la Magie et que vous désiriez une représentation de cette chose, vous n’avez qu’à ouvrir les yeux et regarder autour de vous. Considérez le monde, les animaux, les arbres et demandez-vous s’ils existent par un autre pouvoir que le pouvoir magique de la nature ? Le pouvoir magique n’est pas un pouvoir surnaturel, si par ce terme « surnaturel » vous voulez dire un pouvoir placé en dehors de la Nature. Supposer l’existence, d’un tel pouvoir serait une chose absurde, une superstition en contradiction avec toute notre expérience, car nous voyons que tous les organismes, végétaux et animaux, croissent par l’action des forces internes se manifestant extérieurement et non par quelque chose d’ajouté de l’extérieur à leur substance. Une semence ne devient pas un arbre, un enfant ne devient pas non plus un homme à l’aide de quelque chose d’ajouté à son organisme par un ouvrier quelconque, à l’instar d’une maison qu’on bâtit en superposant des pierres les unes sur les autres.
Les choses vivantes croissent par l’action d’un pouvoir interne agissant du centre de la forme. De ce centre découlent toutes les influences venant du magasin universel de la matière et du mouvement, et de là elles rayonnent encore de la périphérie et accomplissent le travail qui construit l’organisme vivant.
Et que pourrait être ce pouvoir, si ce n’est un pouvoir spirituel, car lui seul peut pénétrer tout à fait au centre des choses matérielles. Ce pouvoir agit selon la loi et construit les organismes selon un certain mode qui est supérieur à la force mécanique aveugle qui, dès lors, agit aveuglément. Ce pouvoir ne saurait être une simple force mécanique parce que nous savons qu’une telle force s’arrête aussitôt que l’impulsion d’où elle tire son origine cesse d’agir, tandis que le courant vital est inépuisable, les formes dans lesquelles il se manifeste mourant soules. Cette force ne saurait être chimique, parce que l’action chimique cesse quand la combinaison chimique a été effectuée. Cela doit donc être un pouvoir vivant, et comme la vie ne peut être la production d’une forme sans vie, ce ne peut être que la Vie Une agissant dans les centres vitaux des formes.
La Nature est une magicienne, chaque plante, chaque animal, chaque homme est un magicien qui se sort de ses pouvoirs inconsciemment et instinctivement pour construire son propre organisme ; ou, en d’autres termes, chaque être vivant est un organisme dans lequel le pouvoir magique de l’esprit de la Nature agit. Si un homme pouvait atteindre la connaissance et savoir contrôler ce pouvoir de vie, il pourrait l’employer consciemment, au lieu de subir seulement son influence inconsciemment ; l’homme serait alors un magicien et pourrait contrôler le processus de la vie dans son organisme et peut-être dans celui des autres êtres.
La question qui se pose maintenant est celle-ci :
« Un homme peut-il acquérir un pouvoir capable de contrôler le processus de la vie ? » La réponse à cette question dépend de ce que vous entendez par ce terme « homme » ? Si vous appelez homme l’animai intellectuel que nous rencontrons tous les jours dans les rues, alors la réponse sera : Non ! car la majorité des hommes et des femmes de notre génération présente, y compris nos plus grandes lumières scientifiques, ne savent absolument rien à propos de leur nature intérieure ou du pouvoir universel de la Vie Une, et beaucoup d’entre eux n’ont pas encore décidé s’ils doivent ou non croire à l’existence de leur âme. Ils ne peuvent pas la voir, la toucher objectivement, et, en conséquence, ils ne savent qu’en faire.
Mais si vous entendez par « homme » le principe intelligent qui est actif dans y organisme de l’homme et constitue l’être humain, et par l’action duquel il devient un être très à part et supérieur aux animaux dans les formes humaines ou animales, dans ce cas, je réponds : Oui ! car le pouvoir Divin qui agit dans l’organisme de l’homme est un pouvoir identique à celui qui agit du centre de la Nature. C’est un pouvoir intérieur de l’homme et il appartient au vrai Soi de l’homme, et une fois qu’un homme connaît tous les pouvoirs qui appartiennent à sa constitution essentielle, et qu’il connaît le moyen de les utiliser, il peut alors sortir de l’état passif, entrer dans l’état actif, et se servir de ces pouvoirs.
Ceci peut paraître absurde, mais c’est néanmoins d’une conséquence logique tirée des vérités fondamentales de la constitution de l’homme ; en effet, si un homme pouvait contrôler le pouvoir universel de vie agissant en lui, il pourrait prolonger la vie de son organisme aussi longtemps qu’il le voudrait. S’il pouvait le contrôler, et qu’il connût toutes les lois de sa nature, il pourrait rendre son corps dense ou vaporeux, le réduire à un point minuscule ou l’amplifier de façon à occuper un grand espace. À vrai dire, la vérité est plus étrange que la fiction et nous pouvons la saisir, si nous pouvons seulement nous élever plus haut que les conceptions étroites et les préjugés dont nous avons hérité de notre éducation, ou acquis par l’observation des sens.
Il se passe continuellement des faits des plus étranges dans la Nature et qui n’attirent pour ainsi dire pas notre attention. Ils ne nous paraissent pas étranges, quoique nous ne les comprenions pas, et cela tout simplement parce que nous sommes accoutumés à les voir tous les jours. Qui pourrait être assez « fou » pour croire qu’un arbre peut croître et sortir d’une semence. Comme, évidemment, il n’y a pas un arbre dans la semence, il faut que l’expérience nous apprenne que les arbres proviennent de semences, malgré tous les arguments contraires. Qui pourrait croire qu’une fleur provienne d’une plante, si on ne l’avait pas vu, car l’observation et la raison nous montrent qu’il n’y a pas de fleur dans la tige. Néanmoins, les fleurs croissent et on ne saurait les faire disparaître avec des arguments.
Partout, dans la nature, l’action d’une loi spirituelle universelle se manifeste, mais nous ne pouvons pas voir la loi elle-même. Partout, nous voyons les manifestations de la Sagesse, mais ceux qui essaient de trouver l’origine de la Sagesse dans leurs propres cerveaux, la chercheront en vain.
L’art de la Magie est l’art d’employer des forces spirituelles soi-disant invisibles pour obtenir certains résultats visibles. De telles forces ne sont pas nécessairement des entités invisibles, flottant dans l’espace vide et prêtes à se rendre à l’appel de n’importe qui connaissant quelques incantations ou cérémonies magiques. Ce sont, surtout, des influences invisibles mais néanmoins très puissantes des émotions et de la volonté, des désirs et des passions, de la pensée et de l’imagination, de l’amour et de la haine, de la pour et de l’espérance, de la foi et du doute, etc., etc. Ces influences sont les pouvoirs de ce que nous dénommons l’âme ; elles sont utilisées partout et par tous chaque jour, et cela, consciemment et inconsciemment, avec ou sans le concours de la volonté et tandis que ceux qui ne peuvent résister à ces influences sont entraînées par elles, sont des instruments passifs, des Médiums par lesquels ces pouvoirs invisibles agissent, et bien souvent à contrecœur : ces médiums sont leurs esclaves. Ceux qui peuvent guider et contrôler ces influences en exerçant sur eux-mêmes un contrôle, ceux-là, suivant leur capacité de contrôle, sont des magiciens vrais et puissants et peuvent utiliser leur pouvoir pour le bien ou le mal. Nous Voyons donc, en exceptant les personnes irresponsables, que quiconque a le pouvoir de la volonté est un magicien actif tant qu’il exerce ce pouvoir. C’est un Magicien blanc s’il l’utilise pour le bien, un Magicien noir s’il l’emploie pour le mal.
Il y a en Orient bien des personnes, et quelques-unes en Occident, qui accomplissent des phénomènes extraordinaires, faits qui sont généralement classés sous le nom de Magie ; mais il ne s’ensuit pus logiquement que ces personnes soient des Magiciens conscients ; cela montre seulement que le pouvoir qui agit à travers leur organisme est un pouvoir magique, et le « Magicien » supposé peut être uniquement l’instrument au moyen duquel les pouvoirs invisibles intelligents exécutent des phénomènes ; il peut, de plus, arriver fort bien que le magicien ne sache point ce qu’est ce pouvoir.
Nous ne pouvons pas dire véritablement que nous avons la vie, car la vie ne nous appartient pas et nous ne pouvons pas la contrôler ou l’accaparer. Tout ce que nous pouvons dire sans vanité ni présomption, c’est que nous sommes des instruments à travers lesquels la Vie Une universelle se manifeste dans la forme d’un être humain. Nous sommes tous des Médiums à travers lesquels agit la Vie Universelle. C’est seulement lorsque nous nous connaissons nous-mêmes et que nous pouvons contrôler le principe de la vie en nous, que nous pouvons devenir réellement nos propres maîtres. Celui qui pense qu’il a un pouvoir quelconque en propre, pense bien à tort, car tous les pouvoirs lui ont été prêtés par la Nature, ou, pour le dire d’une manière plus correcte, par cet éternel pouvoir spirituel qui agit au-dedans et du centre de la Nature, et que les hommes ont dénommé « Dieu », parce qu’ils ont trouvé qu’il était la source de tout le bien, l’unique Réalité dans l’Univers et dans chaque être.
Personne ne saurait nier que l’homme, outre les pouvoirs physiques qu’il possède, est aussi temporairement doué d’énergies mentales et même spirituelles. Nous aimons une personne, nous la respectons et nous lui obéissons, non à cause de sa force physique, mais à cause de sa valeur intellectuelle et morale ou pendant que nous sommes sous l’influence de la croyance qu’elle a quoique autorité réelle ou imaginaire. Un roi ou un évêque n’a pas nécessairement, comme individu, plus de force physique que son valet ou son maître d’hôtel et, pour être obéi, il faut qu’il se fasse connaître. Un capitaine peut être physiquement le plus faible de sa compagnie, et cependant ses soldats lui obéissent. Nous aimons la beauté, l’harmonie et le sublime, non à cause de leur utilité pour les usages matériels, mais parce que ces qualités donnent de la satisfaction et qu’elles correspondent à un sens intime, qui n’appartient pas au plan physique. La civilisation se propage plutôt par les influences morales et intellectuelles que par le pouvoir de la baïonnette, et le dicton qui énonce qu’à notre époque la plume est plus puissante que le sabre est fort juste.
Que serait le monde sans le pouvoir magique de l’amour, de la beauté et de l’harmonie ? Quelle apparence aurait-il, s’il était tel que le représente la science moderne ?
Un monde dans lequel le pouvoir universel de la vérité ne serait pas reconnu, ne serait qu’un monde de maniaques ou de fous, un monde rempli d’hallucination et pas autre chose. Dans un monde tel, l’art et la poésie ne pouvant exister, la justice deviendrait le bon plaisir, l’honnêteté l’équivalent de l’imbécillité, et tenir au vrai serait insensé ; la seule idole serait l’« Égoïsme », le seul Dieu méritant quelque considération.
On peut dire que la Magie est la science qui s’occupe des pouvoirs mentaux et moraux de l’homme et démontre quel contrôle il peut exercer sur lui-même et sur les autres. Pour étudier les pouvoirs de l’homme, il est nécessaire d’examiner ce qu’il est et ses relations à l’égard de l’Univers. Si une telle recherche est bien dirigée, elle montrera que les éléments dont l’homme essentiel est composé sont identiques à ceux que nous trouvons dans l’Univers, c’est-à-dire que celui-ci est le Macrocosme et l’homme sa vraie copie, le Microcosme.
L’homme Microcosmique et le Macrocosme de la nature sont un. Comment dès lors serait-il possible que le Macrocosme pût contenir quelque chose qui ne fût pas contenu dans le Microcosme, ou bien que l’homme pût trouver quelque chose dans son organisme qu’on ne saurait trouver dans le grand organisme de la Nature ? Est-ce que l’homme n’est pas l’Enfant de la Nature et peut-il avoir quelque chose en lui dans sa constitution, qui ne lui-vienne pas de son père et de sa mère éternels ? Si l’organisme de l’homme contenait quelque chose contre Nature, ce serait un monstre, et il serait rejeté de la Nature. Tout ce que contient la Nature peut se trouver dans l’organisme de l’homme et y existe à l’état de germe soit développé, latent ou actif, et peut être aperçu par celui qui possède la Soi-connaissance.
Nous sommes nos dans un monde dans lequel nous nous trouvons entourés par les objets physiques. Il semble qu’il existe encore un autre monde, un monde subjectif en dedans de nous, capable de recevoir et de retenir des impressions du monde extérieur. Chacun est un monde à part et ses relations avec l’espace sont toutes différentes. Chacun a ses jours de soleil et ses nuits d’obscurité, qui ne sont pas réglés par les jours et les nuits des autres ; chacun a ses nuages, ses orages et ses formes à lui.
À mesure que nous progressons, nous écoutons les enseignements de la Science pour essayer, de découvrir la vraie Nature de ces mondes et les lois qui les régissent. Mais la science physique s’occupe seulement des formes et celles-ci changent continuellement. La science ne donne que partiellement la solution des problèmes du monde objectif et, à l’égard du monde subjectif, elle nous laisse presque entièrement dans l’obscurité. La science moderne classifie les phénomènes et décrit des évènements, mais nous dire comment un évènement a lieu ne suffit pas à expliquer pourquoi il a lieu. Ne découvrir que les causes qui sont elles-mêmes les effets des causes premières inconnues, c’est éluder une difficulté pour lui en substituer une autre. La science décrit quelques attributs des choses, mais les causes premières qui ont amené ces attributs à l’existence sont pour elle inconnues et resteront telles jusqu’au jour où ses pouvoirs de perception pourront pénétrer l’invisible.
Outre l’observation scientifique, il semble qu’il y ait un autre moyen d’obtenir la connaissance du côté mystérieux de la Nature. Les instructeurs religieux du monde prétendent avoir sondé les profondeurs que les scientistes ne peuvent pas atteindre. Leur doctrine est supposée, par bien des gens, avoir été reçue par certaines révélations divines ou angéliques, provenant d’un Être, suprême, infini, omniprésent quoique personnel et pour cette raison éternellement limite, mais dont on n’a jamais pu prouver l’existence. Quoique l’existence d’un tel Être soit, pour le moins, excessivement douteuse, toutefois, les hommes de toutes les nations se sont prosternés par terreur devant ses rescrits supposés, prêts à s’entre-déchirer, à se couper la gorge sur le signe d’un ordre supposé de celui-ci, et les hommes sont prêts à mettre leur argent, leur vie et même leur honneur sous les pieds de ceux qui sont considérés comme les confidents ou les délégués de ce Dieu. Des hommes et des femmes sont prêts à se rendre malheureux et misérables leur vie durant, dans l’idée d’obtenir quelque récompense dans une autre vie. Quelques-uns passent leur vie dans l’espoir de plaisirs anticipés dans une vie future qu’ils ne réaliseront jamais peut-être ; d’autres meurent par peur de perdre ce qu’ils ne possèdent pas. Des milliers de personnes sont occupées à enseigner à d’autres ce qu’elles ne savent pas elles-mêmes et, malgré le très grand nombre de systèmes religieux, il y a actuellement sur la terre fort peu d’esprits religieux.
Le terme Religion est dérivé du latin religare qui, littéralement traduit, signifie relier. La religion, dans le vrai sens du mot, implique la science qui examine le lien existant entre l’homme et la cause dont il a tiré son origine, ou, en d’autres termes, qui s’occupe de la relation qui existe entre l’homme et Dieu ; car le véritable synonyme de Dieu est : La Suprême et Première Cause, et la Nature est l’effet de sa manifestation. La vraie Religion est donc une science plus haute qu’une science basée sur la soute perception des sens, mais elle ne peut pas être en conflit avec ce qui est vrai dans la science. Rien que ce qui est faux dans la science doit nécessairement être en conflit avec ce qui est vrai dans la religion, et ce qui est faux dans la religion, en conflit avec ce qui est vrai dans la science. La vraie religion et la vraie science sont finalement une et même chose et, par conséquent, également vraies. Une religion qui s’attache aux illusions, et une science illusoire, sont également fausses ; et plus elles s’attachent d’une manière opiniâtre à leurs illusions, plus elles sont pernicieuses dans leur effet.
Une distinction devrait être faite entre religion et religionisme ; entre science et scientisme ; entre science mystique et mysticisme.
L’aspect le plus élevé de la religion est, pratiquement, l’union de l’homme avec la Suprême Cause Première de qui est émané son principe.
Son second aspect enseigne, théoriquement, les relations existant entre cette Grande Cause Première et l’homme ; en d’autres termes, les relations existant entre le Macrocosme et le Microcosme.
Dans son aspect inférieur, le religionisme consiste dans l’adoration de formes mortes, de fétiches, d’essais sans résultat, pour se mettre en faveur auprès de quelque Déité imaginaire, pour persuader « Dieu » de changer ses idées et tenter d’obtenir des faveurs qui ne s’accordent pas avec la justice.
La Science, dans son aspect le plus élevé, est la vraie connaissance des lois fondamentales de la Nature et elle est aussi une science spirituelle basée sur la connaissance de l’esprit du Soi de chacun.
Dans son aspect moins élevé, c’est la connaissance de la phénoménalité extérieure et des causes secondes ou superficielles que cet aspect produit et que les scientistes modernes ont faussement pris pour la cause finale.
Dans son aspect inférieur, le scientisme est un système d’observations d’apparences extérieures des causes dont nous ne connaissons rien.
Le religionisme et le scientisme sont sujets à changer continuellement. Ils ont été créés par les illusions, et ils meurent quand celles-ci sont dissipées. La vraie science et la vraie religion sont une, et si elles sont réalisées, elles forment, avec la vérité contenue en elles, la pyramide triangulaire dont la base repose sur la terre et dont le sommet atteint jusqu’au ciel.
La vraie signification de la Science mystique est la connaissance spirituelle par l’âme de ce qui est spirituel et hyperphysique, et cela à l’aide des pouvoirs spirituels de l’âme. Ces pouvoirs sont en germe dans chaque organisme humain, mais peu de personnes les ont assez développés pour pouvoir les utiliser pratiquement.
Le mysticisme appartient aux spéculations vaporeuses du cerveau. C’est un grand penchant pour les illusions, un désir d’étudier les mystères divins que l’intellect matériel ne peut pas comprendre. C’est un désir ardent de satisfaire une curiosité touchant à ce qu’un animal ne doit pas savoir. C’est le domaine de la fantaisie et du rêve, le paradis de ceux qui désirent voir des fantômes et toutes les niaiseries spiritiques de tout genre.
Mais que sont la vraie religion et la vraie science ? Il n’y a pas de doute qu’il existe une parenté définie entre l’homme et la cause qui a appelé l’humanité à l’existence ; la vraie religion et la vraie science doivent être celles qui nous apprennent les vraies conditions de cette parenté. Si nous regardons superficiellement les divers systèmes des religions du monde, nous trouvons qu’apparemment toutes se contredisent. Nous trouvons un énorme amas de ce qui nous semble des superstitions et des absurdités entassé sur un granit de quelques vérités. Nous admirons l’éthique et les doctrines morales de notre système de religion favorite, et nous acceptons toutes les fadaises théologiques, oubliant que l’éthique de toutes les religions est essentiellement la même et que tout le fatras qui les encombre n’est plus la vraie religion. Évidemment, il est absurde de croire qu’un système quelconque peut être vrai, s’il ne contient pas la vérité. Mais il est également évident qu’une chose ne peut pas être vraie et fausse en même temps. La vérité peut seulement être Une. La vérité ne change pas, mais nous changeons nous-mêmes et, en changeant, l’aspect de la vérité change avec nous.
Les systèmes variés des religions du monde ne peuvent être produits contre la Nature. Ils sont tous naturels à la croissance de l’Évolution spirituelle de l’homme sur ce globe ; ils diffèrent seulement dans les conditions sous lesquelles ils sont entrés dans l’existence. Ils diffèrent au moment où ils ont commencé à exister, tandis que la science de l’homme est composée artificiellement de faits collectionnés sur une observation extérieure. Chaque être humain intelligent, excepté celui qui est aveuglé par des préjugés, reconnaît ce fait : que chacun des grands systèmes religieux du monde renferme certaines vérités ; et nous savons intuitivement qu’elles sont vraies, et comme il ne peut y avoir qu’une seule vérité fondamentale, il en résulte que toutes les religions sont des branches d’un même arbre, même si les formes dans lesquelles la vérité se manifeste ne se ressemblent pas. La clarté du soleil est partout la même, elle est seulement plus intense dans certaines contrées que dans d’autres. Dans l’une, le soleil fait croître des palmiers, dans une autre des champignons, mais il n’y a qu’un Soleil dans notre système. Les procédés qui ont cours sur le plan physique ont leurs analogues sur le plan spirituel, car il n’y a qu’une Nature et une Loi.
Si une personne se querelle avec une autre au sujet d’opinions religieuses, elle n’a pas en elle la vraie religion ; elle ne possède pas, non plus, la vraie connaissance, parce que la vraie religion est la réalisation de la vérité. La seule vraie religion est celle de l’Amour universel ; cet amour, ce sentiment donne le pouvoir de reconnaître son soi divin et universel. L’amour est un élément de la Sagesse divine, et la sagesse ne saurait exister sans l’amour. Chaque espèce d’oiseau chante dans les bois une mélodie différente ; mais le principe qui les fait chanter est le même dans chaque espèce. Les oiseaux ne se querellent pas parce que l’un peut mieux chanter que les autres. En outre, les controverses religieuses, avec les animosités qui en sont les conséquences, sont ce qu’il y a de moins utile au monde, car personne ne saurait détruire les ténèbres en les combattant avec un bâton ; le seul moyen de les combattre, c’est d’employer la lumière. Ainsi le seul moyen de dissiper l’ignorance spirituelle est de laisser entrer dans chaque cœur la lumière de la connaissance provenant de l’amour.
Toutes les religions sont basées sur la vérité intérieure ; toutes ont une ornementation extérieure qui varie avec le caractère des divers systèmes ; mais toutes sont fondées sur la vérité et si nous comparons les divers systèmes l’un avec l’autre, en regardant au-dessous de la surface des formes extérieures, nous trouvons que cette vérité est une et même dans tous les systèmes religieux. Dans tous, la vérité a été cachée sous un langage plus ou moins allégorique. Des pouvoirs impersonnels et invisibles ont été personnifiés et représentés sous la forme d’images sculptées dans la pierre ou le bois ; et ce qui n’a pas de forme. La Vérité a été représenté par des formes illusoires. Ces formes peuvent attirer l’attention des intelligences peu avancées à l’aide de ces images et de ces tableaux figurés… Elles sont, pour les grands enfants de toutes les nations, ce que les livres d’images sont pour les petits enfants qui ne peuvent pas encore lire, et il ne serait pas raisonnable de priver les grands enfants de leurs images, avant qu’ils puissent lire dans leur propre cœur, pas plus que d’enlever les livres d’images aux petits enfants et de leur demander de lire des livres imprimés qu’ils ne peuvent encore comprendre.
Les histoires contenues dans la Bible, et autres livres religieux, seraient peu intéressantes, très insignifiantes même, si les évènements personnels qui y sont décrits se rapportaient uniquement à la vie de certaines personnes qui ont vécu il y a des milliers d’années et dont la biographie ne pourrait avoir grand intérêt pour les personnes de nos jours. Que nous importe de connaître les affaires de famille d’un homme nommé Adam ou Abraham ? Pourquoi devons-nous nous intéresser à savoir combien d’enfants légitimes ou d’enfants naturels ont eu les Patriarches Juifs et ce qu’ils sont devenus ? Qu’est-ce que cela peut bien nous faire de savoir si un homme du nom de Jonas a été ou non jeté à la mer et avalé par une baleine ? Il est plus intéressant et plus important pour nous de savoir ce qui se passe dans les différents pays de l’Europe que ce qui se passait à la Cour de Zorobabel et de Nabuchodonosor.
Mais heureusement pour la Bible – si nous savions seulement comment on doit la lire – et heureusement pour nous, les histoires qu’elle contient sont loin d’être simplement des histoires de personnes qui ont vécu autrefois. Ce sont des allégories et des mythes qui ont une signification profonde peu connue des interprètes et des critiques de la Bible.
Les hommes et les femmes de l’Ancien et du Nouveau Testament représentent bien autre chose que de simples personnes supposées avoir vécu dans ces temps-là. Ce sont les personnifications des forces spirituelles, éternellement actives : la science physique ne sait même pas qu’elles existent. Ces histoires expliquent leur action dans le Macrocosme et sa contrepartie le Microcosme ; elles enseignent l’histoire de l’Évolution de l’humanité dans son aspect spirituel.
Si nos philosophes naturalistes voulaient étudier la Bible et les livres anciens de l’Orient sur la religion, sous leur aspect ésotérique et spirituel, ils pourraient apprendre beaucoup de choses qu’ils désirent savoir. Ils pourraient découvrir ce que sont les vrais pouvoirs de « l’homme intérieur » encore endormi, pouvoirs qui sont nécessaires pour produire à volonté des phénomènes occultes. Ils pourraient trouver le moyen de transmuer en or pur le plomb ou le fer et de transformer en dieux des animaux.
Mais c’est une vérité basée sur des lois naturelles qu’un homme ne peut pas voir quelque chose qui n’existe pas dans son mental. Si un homme ferme les yeux, il ne voit rien, et si son intellect est rempli d’illusions, il n’y aura pas de place pour la vérité et les symboles les plus profonds seront comme des tableaux qui n’auront pour lui aucune signification.
Si nos enfants – les grands comme les petits – regardaient les tableaux sans apprendre le texte explicatif, ils seraient portés à croire que les illustrations sont les choses mêmes qu’on a voulu représenter, et ils s’accoutumeraient à perdre de vue que les formes sont des illusions et qu’on ne saurait voir des réalités sans formes. Il est beaucoup plus facile de croire que de penser. Les enfants ne devraient pas s’attarder par trop à regarder leurs livres d’images et à négliger par là une éducation plus élevée. Inhumanité a dépassé l’enfance dans notre cycle, et elle demande une nourriture plus intellectuelle. L’âge de la superstition s’en va, l’humanité ne demande pas des opinions, mais du savoir, et la connaissance ne saurait être acquise sans effort. Si nous examinons les différents systèmes de religions, nous pourrons trouver beaucoup de vérité, mais nous ne pourrons la reconnaître sans la connaissance ; et la vraie connaissance ne peut être acquise que par l’expérience. L’opinion exprimée par une personne peut seulement en convaincre une autre si cette dernière est en mesure de corroborer cette opinion par la même expérience ou toute autre semblable. Une personne peut seulement croire à ce qu’elle sait elle-même et elle ne peut réellement connaître que ce qu’elle a éprouvé par elle-même.
Il y a une grande différence entre la croyance et la compréhension de la vérité. Nous pouvons accepter la vérité ou y croire, dans notre cœur, et la rejeter avec notre intelligence. C’est-à-dire que nous pouvons sentir intuitivement la vérité et ne pas la comprendre intellectuellement. Si la génération actuelle voulait cultiver la faculté de connaître la vérité par le cœur et d’examiner ensuite ce qu’elle sait au moyen de son intelligence, nous aurions bientôt, en général, un état social meilleur et plus heureux. Mais le malheur de notre siècle, c’est que les facultés intellectuelles rejettent la vérité qui est dans le cœur. La science du cerveau supprime la connaissance de l’âme et essaie de saisir ce qui ne saurait être compris que par le cœur.
Les hommes au lieu d’habiter le sanctuaire de leur temple, s’en absentent continuellement et habitent au grenier, passant leur temps à regarder par l’œil de bœuf les théories scientifiques et les autres illusions de la vie. Jour et nuit, ils y restent et veillent pour ne pas manquer d’observer les illusions qui passent, et pendant que leur attention est absorbée par ce spectacle d’oisifs, les voleurs entrent dans la maison, dans le sanctuaire, et emportent les trésors sans être aperçus. Puis, quand la maison est détruite et que la mort apparaît, l’âme retourne au cœur, le trouve vide, désolé, et les illusions qui ont occupé le cerveau pendant la vie s’enfuient et laissent l’homme dépouillé de tout, parce qu’il n’a pas aperçu la vérité dans son cœur.
Le vrai but d’un système religieux doit être d’enseigner le moyen à l’aide duquel on peut développer le pouvoir de percevoir la vérité en elle-même et indépendamment de l’opinion d’autrui. Demander à quelqu’un de croire à l’opinion exprimée par un autre et se montrer satisfait d’une telle croyance, c’est lui demander de rester ignorant et de se fier davantage aux convictions d’une autre personne qu’à sa propre expérience. Un homme sans la connaissance ne peut avoir une conviction réelle, non plus qu’une vraie foi. Son adoption d’une théorie ou d’un système quelconque dépend de son lieu de naissance, du milieu où il a été élevé, des circonstances de famille et de son entourage. Il est plus disposé à adopter le système dont ses parents ou ses proches ont hérité, et si il va de l’un à l’autre généralement parlant, il opère ce changement non par conviction, mais dans un but égoïste et dans l’attente d’obtenir quelque bénéfice. Au point de vue spirituel, en opérant un changement dans de telles circonstances, il ne gagnera rien ; car pour approcher de la vérité, il faut aimer la vérité pour elle-même et non pour les avantages particuliers qu’elle pourrait amener après elle. Au point de vue intellectuel, il gagnerait peu ou rien, en échangeant une superstition contre une autre. Le seul moyen par lequel l’homme peut espérer connaître la vérité, c’est d’aimer la vérité parce qu’elle est la vérité, et de libérer son esprit de tous les préjugés et préférences afin que celui-ci soit pénétré par la lumière.
Le Religionisme moderne n’est qu’une religion de peur. Les hommes ne désirent pas s’abstenir du vice, mais ils désirent éviter le châtiment que le vice pourrait leur attirer. Leur expérience leur enseigne que les lois de la nature sont immuables, mais néanmoins ils continuent d’agir contre la Loi Universelle. Ils prétendent croire à un Dieu qui ne change pus et, quand même, ils implorent son assistance s’ils désirent violer ses lois. Quand pourront-ils s’élever à concevoir que le seul Dieu possible est le pouvoir Universel qui agit dans la Loi, et que la Loi de l’esprit est invariable ? Violer la Loi, c’est identiquement la même chose que de violer le Dieu que nous avons en nous, et le seul moyen de se faire pardonner, c’est de rendre la suprématie à la Loi et de créer en nous un nouveau Dieu.
Il peut être bon d’étudier les opinions des autres et de les emmagasiner dans les feuillets de notre mémoire, mais nous ne devons pas croire qu’ils constituent la soi-connaissance. Même les enseignements des plus grands adeptes du monde, aussi incontestables qu’ils puissent être, peuvent seulement nous instruire, mais ne peuvent nous donner la connaissance réelle. Ils peuvent nous montrer le chemin, mais nous sommes obligés de monter nous-mêmes les échelons de l’échelle. Si nous devions reconnaître leur dictum, comme le but final et l’accepter sans plus d’investigation intérieure, nous retomberions dans un système de croyance fondé sur l’autorité. La connaissance donne la force ; le doute paralyse la volonté. Un homme qui croit ne pouvoir marcher ne pourra pas marcher, aussi longtemps qu’il croira ne pouvoir le faire. Un homme qui sait par expérience qu’il peut se maîtriser pourra le faire. Celui qui peut se maîtriser peut maîtriser ce qui est plus bas que lui, parce que ce qui est bas est contrôlé par ce qui est élevé, et il n’y a rien de plus élevé que l’homme qui a atteint la parfaite Soi-connaissance.
La connaissance de soi-même est identique avec la Soi-connaissance, c’est-à-dire avec la connaissance de son propre âme ; ceci est indépendant de tous les dogmes et de toutes doctrines, quelle que soit l’autorité extérieure d’où ils proviennent. Si nous étudions les enseignements d’une autorité extérieure à nous-mêmes, nous savons mieux l’opinion d’une telle autorité à l’égard de la vérité, mais nous n’atteignons pas pour cela la Soi-connaissance de la vérité. Si, par exemple, nous apprenons ce que le Christ enseigne à l’égard de Dieu, nous sommes seulement informés de ce qu’il savait ou croyait savoir, mais nous ne pourrons reconnaître Dieu dans tout cela, à moins que nous nous éveillons à la réalisation de la présence de Dieu en notre cœur. La connaissance même du plus sage d’entre les hommes, si elle nous était communiquée, ne serait pour nous rien de plus qu’une opinion, aussi longtemps que nous ne l’aurions pas expérimentée en nous-mêmes. Aussi longtemps que nous ne pourrons pénétrer dans l’âme de l’homme, nous ne pourrons pas en savoir beaucoup sur lui, excepté en ce qui concerne sa forme corporelle ; mais comment pénétrer l’âme d’un autre, tant que nous ne connaissons pas la nôtre ? C’est pourquoi le commencement de toute connaissance réelle est la connaissance de soi-même ; la connaissance de l’âme et non les divagations du cerveau.
Est-ce que la science extérieure donne quelque vraie connaissance à l’homme ? La portée de son pouvoir d’observation est limitée par le pouvoir perceptif des sens physiques secondés par des instruments physiques. Cette science n’a pas les moyens de faire des investigations dans ce qui dépasse les sens physiques ; elle ne peut entrer dans le temple de l’invisible, elle connaît seulement la forme extérieure dans laquelle habite la réalité. Elle sait seulement ce que l’homme semble être, mais non ce qu’il est ; elle ne sait rien de l’homme spirituel et réel et même, quelquefois, elle nie jusqu’à son existence. Nous demandons en vain à la science la solution du problème que le Sphinx Égyptien avait proposé, il y a plusieurs milliers d’années déjà.
Est-ce que les systèmes populaires de la Religion confèrent quelque vraie connaissance à l’homme ? La conception moyenne que les théologiens ont de l’être mystérieux qu’on appelle un homme est aussi étroite que colle d’un professeur de science moderne. L’homme lui paraît un être personnel, isolé des autres êtres personnels ; et le centre des intérêts de l’infiniment grand lui semble aussi le centre de son infiniment petite personnalité. Il oublie que les fondateurs des principaux systèmes religieux enseignèrent que l’homme originel et spirituel était un pouvoir universel et que l’homme réel (ou Ego) est un tout qui ne peut être divisé, que la forme personnelle de l’homme est seulement un temple temporaire dans lequel habite l’esprit.
Les fausses conceptions qui proviennent de l’ignorance de la vraie nature de l’homme sont la cause que les opinions religieuses des Théologiens, dans les pays chrétiens et païens, sont d’ordinaire basées sur l’égoïsme, c’est-à-dire sur l’opposé de l’esprit de ce qu’enseigne la vraie Religion. Les chrétiens et les païens aspirent après un bien qui doit être accordé, ou dès ce monde ou dans une autre vie, par un être imaginaire, à l’insignifiante bulle de savon dénommée le Soi-personnel. Chacun de ces petits rions désire, lui surtout, être sauvé, tandis que le salut du reste de l’humanité n’est qu’une affaire secondaire. On s’attend à recevoir quelque bienfait qu’on ne mérite pas et à se mettre en faveur auprès de quelque Déité personnelle pour plaider sa cause devant Dieu, frustrer le Diable de ce qui lui est dû et passer par contrebande, malgré ses imperfections, dans le royaume du ciel.
Le seul objet raisonnable que présentent certains systèmes de religions exotériques, c’est d’amener l’homme d’un état inférieur à un état plus élevé dans lequel il pourra mieux concevoir sa vraie dignité, comme membre de la grande famille humaine. S’il y a une possibilité de communiquer à l’homme la connaissance de son vrai Soi, les églises sont des milieux où cette connaissance doit être communiquée ; mais, pour obtenir ce résultat, les droits de la vérité doivent prévaloir sur ceux de la forme ; les intérêts de la religion et les intérêts de l’« église » doivent cesser d’être des expressions rivales, et l’Église doit être de nouveau fondée sur le roc de la Soi-connaissance, au lieu de l’être sur l’insatiable désir d’obtenir quelque bien dans ce monde ou dans un avenir problématique.
Celui qui suit des voies égoïstes ne peut entrer dans un ciel où les considérations personnelles n’existent pas. Celui qui ne s’inquiète pas du ciel, mais qui est content de se trouver là où il est, celui-là est déjà au ciel ; tandis que celui qui est mécontent peut le réclamer vainement. Être sans désirs personnels, être satisfait de ce qu’on a, être libre d’esprit et être au Ciel ne signifie qu’une seule et même chose : être en un état dans lequel la liberté et le bonheur existent. L’homme qui accomplit des actes de bienfaisance avec l’espoir d’en être récompensé n’est pas heureux s’il n’obtient pas une récompense, et s’il l’obtient, son bonheur prend fin à l’instant même. Il n’y a pas de bonheur et de repos permanents aussi longtemps qu’il y a quelque travail à accomplir ; l’accomplissement du devoir amène toujours avec lui sa récompense.
L’homme qui fait une bonne action avec l’espoir d’une récompense, n’est pas libre ; il est son propre serviteur, celui de son Soi-Inférieur, et il agit pour tirer un profit pour lui-même et non pour le bien absolu. Aussi ce n’est pas le pouvoir de Dieu qui lui donne sa récompense, il ne peut attendre celle-ci que de l’entourage temporaire de ce Dieu.
L’homme qui, poussé par un motif égoïste, accomplit une mauvaise action n’est pas libre, n’est plus son maître. Celui qui aime le mal, mais qui est retenu par la peur, n’est pas libre. Celui qui a reconnu dans le fond de son propre cœur le pouvoir de l’Univers, celui-là est libre. Celui dont la volonté est influencée par son propre Soi est l’esclave de sa personnalité ; mais celui qui a vaincu ce soi-disant Soi entre dans une vie plus élevée et devient une puissance véritable.
La science de la vie consiste à subjuguer nos vils instincts et à cultiver nos aspirations élevées. Aussi sa première leçon est-elle de nous libérer de l’amour égoïste du Soi, le premier ange du mal, ou, d’après Sir Edwin Arnold :
Le Soi inférieur est une chose sans réalité, composée de beaucoup d’égos illusoires, et chacun d’eux a ses prétentions et ses exigences, croissant en nombre et en intensité au fur et à mesure que nous essayons de les satisfaire. Ils sont les forces semi-intelligentes de l’âme qui voudraient la réduire en poussière si on les laissait faire, mais il faut les soumettre et les réduire par le vrai maître, le « Moi » Supérieur, le Dieu.
Ces forces dont on a beaucoup parlé dans la littérature occultiste sont les Élémentals. Ce ne sont point des forces imaginaires, mais bien vivantes, et ceux qui ont acquis le pouvoir de regarder par le sens interne de leur âme peuvent les voir objectivement. Chacune de ces forces correspond à un désir animal, et si on permet à ce désir de croître, il est symbolisé par la forme de l’être ou animal qui correspond à sa nature. Dans le principe, ils sont légers et vaporeux, mais au fur et à mesure que le désir auquel ils correspondent continue à se réaliser, leur densité se renforce ; et étant nourris par la volonté, ils acquièrent beaucoup de force à mesure que les désirs deviennent plus ardents, plus passionnels. Les petits Élémentals sont absorbés par les plus grands et les désirs infimes sont absorbés par les désirs plus forts jusqu’à ce que, finalement, il ne reste qu’une grande passion, un très puissant Élémental. Ils forment alors ce qu’on nomme les très redoutables Gardiens du seuil, lesquels sont les Gardiens du Paradis de l’âme. On les a décrits comme ayant des formes très diverses : serpents, tigres, pores, loups affamés, etc., mais comme ils sont le produit d’éléments humains et animaux, ils n’ont pas toujours des formes animales, mois, fréquemment, ce sont des corps d’animaux avec des têtes humaines ou bien ils ont des corps humains avec des têtes animales. Leur variété de formes est très considérable, vu le grand nombre des passions humaines dont le mélange crée des variétés infinies d’entités fournies par la luxure, l’avarice, la gloutonnerie, l’amour sensuel, l’ambition, la poltronnerie, la peur, la lâcheté, la terreur, la haine, l’orgueil, la vanité, la présomption, la sottise, la volupté, l’égoïsme, la jalousie, l’envie, l’arrogance, l’hypocrisie, la cupidité, le mensonge, la duplicité, la superstition, etc., etc.
Ces Élémentals habitent le plan de l’âme de l’homme, aussi longtemps que vit celui-ci ; ils deviennent forts et robustes parce qu’ils tirent leur existence de son principe vital et se nourrissent de la substance de ses pensées. Si, par suite d’une grande frayeur, ces êtres sont sortis de leur sphère, l’homme peut les voir objectivement. Des rites ou cérémonies religieuses ne pourraient les tuer ; un prêtre ne saurait les exorciser ; seul le pouvoir de la volonté spirituelle de l’homme divin peut les détruire. Il peut les annihiler comme la Lumière dissipe les ténèbres ou comme l’éclair déchire les nuages.
Ceux-là seuls en qui la conscience divine et spirituelle est éveillée peuvent avoir une volonté mentale que ne connaissent pas les non régénérés. Mais ceux qui ne sont pas trop engagés avec ces Élémentals peuvent les faire périr lentement, en leur retirant l’aliment nécessaire à leur existence, c’est-à-dire en ne s’occupant pas d’eux, en ne prenant avec eux aucun plaisir et en ne donnant pas à leur existence le consentement de leur volonté. Par un tel procédé, ils commencent à dépérir, puis ils meurent en se putréfiant comme un membre qui serait atteint de gangrène Une ligne de démarcation s’établit entre l’âme et le corps de l’homme qui peut alors éprouver de l’inflammation et de la souffrance. Une opération s’accomplit, analogue à celle qui a lieu quand une partie gangrenée du corps physique se détache, et finalement la carcasse de l’Élémental se désagrège et se dissout.
Cette description n’est ni une fantaisie, ni une allégorie. Théophraste Paracelse, Jacob Dœhme et beaucoup d’autres occultistes ont écrit sur ce sujet, et leurs doctrines dûment appréciées expliquent beaucoup d’évènements mentionnés dans l’histoire de la sorcellerie, ainsi que dans les légendes de la vie des Saints.
Mais, ce n’est pas seulement dans le royaume de l’âme de l’homme qu’il existe des germes animaux. Dans chaque constitution humaine, il existe aussi des germes comme il y en avait en Shakespeare, en Washington, en Gœthe, en Voltaire, en Bouddha et en Jésus de Nazareth. Il existe aussi des germes pouvant développer un Néron, une Messaline, un Torquemada ; et chaque germe a le pouvoir latent de se développer, de prendre forme et finalement de s’exprimer et de se refléter dans le corps physique, autant que la densité des atomes matériels et leur lenteur à se transformer le permettent, car chaque caractère correspond à une forme, et chaque forme à un caractère.
Le microcosme de l’homme est un jardin dans lequel il y a des plantes vivantes en train de croître ; les unes sont vénéneuses, les autres salutaires. Il dépend de l’homme de décider des germes qu’il désire développer sur un arbre vivant ; cet arbre, c’est lui-même.
Pour pouvoir atteindre à une grande élévation spirituelle il n’est pas nécessaire de devenir misanthrope, de se retirer en un désert pour s’y nourrir des produits d’une imagination morbide. Pour ceux qui n’ont pas encore maîtrisé le Soi inférieur, les conflits causés par les petits désagréments journaliers sont la meilleure école pour exercer le pouvoir de la volonté, « Renoncer aux vanités de ce monde » ne veut pas dire qu’on doit regarder avec mépris le progrès du monde, qu’on doit ignorer les mathématiques et la logique et ne pas s’intéresser au bien-être de l’humanité, éviter les devoirs de la vie et négliger ceux de la famille. Un tel procédé serait tout le contraire de ce qu’on doit faire et ne servirait qu’à augmenter l’égoïsme, et l’âme s’amoindrirait au lieu de se dilater au point de pouvoir embrasser le monde. Il faut atteindre un état avant d’essayer de le dépasser. Un misanthrope ne saurait atteindra l’amour de Dieu, s’il ne peut parvenir tout d’abord à atteindre l’état dans lequel il aimerait toute l’humanité. « Renoncer à soi-même » signifie conquérir le sentiment de la personnalité et se libérer soi-même de l’amour des choses que désire cette personnalité ; cela signifie aussi : « Vivre dans le monde, sans s’attacher au monde », substituer l’amour universel à l’amour personnel et placer les intérêts de l’humanité bien au-dessus des intérêts personnels. La renonciation au Soi, qui n’est qu’un manque, est nécessairement suivie du progrès spirituel. À mesure que nous oublions le moi personnel, nous attachons moins d’importance aux personnalités, aux objets et aux sentiments personnels. Nous commençons à nous apercevoir que nous ne sommes plus des entités permanentes immuables, demeurant fermement isolées parmi d’autres entités et séparées d’elles par des enveloppes impénétrables, mais que nous sommes des manifestations d’un pouvoir infini qui embrasse l’Univers et dont les pouvoirs sont concentrés en nous et mis au contre du corps que nous habitons temporairement. C’est vers ce corps que se dirigent et rayonnent sans cesse les rayons d’une sphère infinie de lumière dont la circonférence est sans limites et le centre partout.
De la reconnaissance et de la réalisation de cette vérité dépend la seule vraie Loi, la Religion de l’amour universel de Dieu dans tous les Êtres. Aussi longtemps que l’homme, prendra en considération son petit moi dans ses pensées et dans ses actions, la sphère de son intelligence sera nécessairement bornée. Toutes les sectes de nos religions populaires sont basées sur des considérations égoïstes. Chacun de nos sectaires religieux désire obtenir quoique bien spirituel, sinon matériel, pour lui-même. Chacun désire être sauvé par quelqu’un : lui d’abord, puis peut-être les autres, mais lui surtout. Or, la véritable religion de l’amour ne connaît pas le moi.
Même le désir élevé et louable d’aller au ciel ou d’entrer en l’état de Nirvâna est, après tout, un désir d’égoïsme, et aussi longtemps qu’un homme est possédé par ce désir, il n’aperçoit que son Soi personnel. Et ce n’est que quand il cesse d’avoir son Soi limité et illusoire, que son vrai Dieu devient illimité et omniprésent, comme l’esprit de la Sagesse. Celui qui désire la Connaissance illimitée doit s’élever au-dessus de la limitation.
En considérant la personnalité à ce point de vue élevé, elle paraît bien petite, insignifiante, et de bien peu d’importance. L’homme apparaît comme la centralisation d’une idée, les gens et les peuples comme de vivants grains de sable sur le rivage d’un Océan infini. La fortune, la célébrité, l’amour, le bien-être, etc., n’ont pas plus d’importance que des bulles de savon et l’âme n’hésite pas à renoncer à toutes ces vanités, comme à de vains jouets d’enfants. Cette renonciation ne peut pas être appelée un sacrifice, parce que les enfants ne font pas un sacrifice en renonçant à leurs jouets lorsqu’ils n’éprouvent plus le désir de les avoir. Au fur et à mesure que se développe leur intelligence, ils se dirigent vers ce qui leur est plus utile ; de même, quand l’âme de l’homme grandit, tout ce qui l’entoure ainsi que la planète qu’il habite lui apparaît comme un paysage vu de loin ou du sommet d’une montagne, tandis que sa conception de l’infini devient plus grande et prend un aspect gigantesque. Cette expansion de notre existence nous arrache, comme le dit Bulwer-Lytton dans Zanoni, à un pays, à une maison, en nous faisant citoyen du grand Univers ; elle nous sépare de nos affections imaginaires pour les formes passagères de nos parents et de nos amis, pour nous unir à tout jamais à leurs véritables individualités, comme à des frères et à des sœurs immortels ; elle nous élève des confins étroits de l’illusion au Royaume illimité de l’idéal, et en dégageant l’homme de sa prison d’argile, elle le conduit à la liberté sublime et à la splendeur de la Vie Éternelle et Universelle.
Chaque forme de vie, sans excepter celle de l’homme, n’est rien autre qu’un foyer dans lequel les énergies du principe universel de la vie sont concentrées, et plus elles sont concentrées, moins elles peuvent manifester de l’activité pour croître et se répandre. L’homme satisfait de lui-même, qui se sert de ses capacités dans un but purement égoïste, contracte en lui ses énergies et, au fur et à mesure que ce travail s’accomplit, son intelligence se rétrécit de plus en plus, il devient insignifiant, tandis qu’il perd tout de vue, tout le quitte et l’abandonne. D’un autre côté, si quelqu’un vit seulement dans le domaine du rêve, il envoie ainsi ses forces dans les régions de l’inconnu, les éparpillant dans l’espace, sans avoir acquis de la force intellectuelle ; ses pensées erreront comme des ombres à travers le royaume de l’infini et elles seront dispersées. Ni le réaliste opiniâtre, ni le rêveur visionnaire, ni l’idéaliste ne peuvent saisir la vérité. Le progrès harmonique demande l’expansion, en même temps que l’accumulation d’énergie qui y correspond.
Il y a des personnes qui possèdent un grand pouvoir intellectuel, mais qui ont peu de spiritualité ; d’autres qui possèdent un grand pouvoir, spirituel, mais peu d’intelligence, enfin d’autres qui ont une énergie intellectuelle bien soutenue par une forte spiritualité ; ceux-là sont des Élus. Pour pratiquer une chose, il faut d’abord apprendre à comprendre ce que nous désirons pratiquer en observant et en recevant l’instruction. La compréhension résulte de l’assimilation et de la croissance, non de la mémoire. La vérité doit nourrir l’âme. C’est en éveillant en nous un état de conscience naturel que celui-ci devient une partie de notre être… Si quelqu’un arrive de nuit dans un pays inconnu, il ne peut presque pas se rappeler où il se trouve, quand il se réveille. Il a peut-être rêvé de sa maison et de ceux : qu’il vient de quitter, mais c’est seulement quand il ouvre les yeux et s’éveille complètement qu’il voit autour de lui des choses nouvelles et étranges, et que, les autres impressions diminuant, il commence à ressaisir ses idées et à se rendre compte du milieu où il se trouve. C’est de la même manière que doivent se dissiper les erreurs anciennes, avant que les vérités nouvelles puissent se réaliser. L’homme commence seulement à exister, en tant qu’être spirituel et conscient, lorsqu’il commence à vivre de la vie spirituelle.
Pour acquérir la spiritualité, il faut avoir la santé physique, le savoir intellectuel et l’activité spirituelle. L’intuition doit être soutenue par une intelligence exempte d’égoïsme, une pensée pure par un corps sain. Comment réaliser tout ceci ? Une science qui ne s’occupe que d’effets illusoires ne pourrait l’enseigner, pas plus qu’une croyance religieuse basée sur des illusions ; ce qui peut l’enseigner, c’est la Théosophie, la Religion de la Sagesse des siècles, dont la base est la vérité. Pouvoir l’appliquer pratiquement, tel est le but le plus noble de l’existence humaine.