La Philosophie dans le boudoir - Marquis de Sade - E-Book

La Philosophie dans le boudoir E-Book

MARQUIS DE SADE

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Beschreibung

« La Philosophie dans le boudoir » du Marquis de Sade est une oeuvre sulfureuse qui mêle dialogues philosophiques et scènes érotiques explicites. Le récit se déroule sur une journée, dans le boudoir de Madame de Saint-Ange, où elle et son complice Dolmancé entreprennent l'éducation sexuelle et morale de la jeune et naïve Eugénie. À travers une série de discussions et d'actes libertins, les personnages exposent la philosophie libertine de Sade. Ils remettent en question les normes sociales, religieuses et morales de leur époque, prônant une liberté sexuelle totale et un rejet des conventions. Les dialogues abordent des sujets tels que l'athéisme, le crime, l'inceste et la sexualité sans tabous. Le personnage d'Eugénie évolue rapidement, passant de l'innocence à une adhésion enthousiaste aux principes libertins. Sa transformation illustre les théories de Sade sur la nature humaine et l'influence de l'éducation sur le comportement. L'ouvrage inclut également un pamphlet politique intitulé « Français, encore un effort si vous voulez être républicains », dans lequel Sade expose ses idées révolutionnaires et sa vision d'une société libérée des contraintes morales traditionnelles. « La Philosophie dans le boudoir » est une oeuvre provocatrice qui défie les conventions littéraires et morales. Sade y développe sa pensée radicale, mêlant philosophie, politique et érotisme dans un style cru et direct. Le livre explore les limites de la liberté individuelle et remet en question les fondements de la société. Cette oeuvre controversée a influencé de nombreux penseurs et artistes, et continue de susciter débats et réflexions sur la sexualité, la morale et la liberté. Elle reste un texte clé pour comprendre la pensée sadienne et son impact sur la littérature et la philosophie modernes.

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La mère en prescrira la lecture à sa fille.

SOMMAIRE (ne figure pas dans l'ouvrage)

Tome 1

Aux Libertins.

Premier dialogue

Deuxième dialogue

Troisième dialogue

Quatrième dialogue

SOMMAIRE (ne figure pas dans l’ouvrage)

Tome 2

Cinquième dialogue

Français, encore un effort

.

.

Cinquième dialogue (suite)

Sixième dialogue

Septième dialogue

AUX LIBERTINS.

Voluptueux de tous les âges et de tous les sexes, c’est à vous seuls que j’offre cet ouvrage ; nourrissez-vous de ses principes, ils favorisent vos passions, et ces passions, dont de froids et plats moralistes vous effrayent, ne sont que les moyens que la nature emploie pour faire parvenir l’homme aux vues qu’elles a sur lui ; n’écoutez que ces passions délicieuses, leur organe est le seul qui doive vous conduire au bonheur.

Femmes lubriques, que la voluptueuse Saint-Ange soit votre modèle ; méprisez, à son exemple, tout ce qui contrarie les loix divines du plaisir qui l’enchaînèrent toute sa vie.

Jeunes filles trop long-temps contenues dans les liens absurdes et dangereux d’une vertu fantastique et d’une religion dégoûtante, imitez l’ardente Eugénie, détmisez, foulez aux pieds, avec autant de rapidité qu’elle, tous les préceptes ridicules, inculqués par d’imbéciles parens.

Et vous, aimables débauchés, vous qui, depuis votre jeunesse, n’avez plus d’autres freins que vos desirs et d’autres loix que vos caprices, que le cinique Dolmancé vous serve d’exemple ; allez aussi loin que lui, si, comme lui, vous voulez parcourir toutes les routes de fleurs que la lubricité vous prépare ; convainquez-vous à son école que ce n’est qu’en étendant la sphère de ses goûts et de ses fantaisies, que ce n’est qu’en sacrifiant tout à la volupté, que le malheureux individu connu sous le nom d’homme, et jeté malgré lui sur ce triste univers, peut réussir à semer quelques roses sur les épines de la vie.

PREMIER DIALOGUE.

Madame DE SAINT-ANGE, le Chevalier DE MIRVEL.

MADAME DE SAINT-ANGE,

BON jour, mon frère, eh bien, M. Dolmancé ?

LE CHEVALIER.

Il arrivera à quatre heures précises, nous ne dînons qu’à sept, nous aurons, comme tu vois, tout le temps de jaser.

MADAME DE SAINT-ANGE.

Sais-tu, mon frère, que je me repents un peu, et de ma curiosité, et de tous les projets obscènes formés pour aujourd’hui ; en vérité, mon ami, tu es trop indulgent, plus je devrais être raisonnable, plus ma maudite tête s’irrite et devient libertine : tu me passes tout, cela ne sert qu’à me gâter... À vingt-six ans, je devrais être déjà dévote, et je ne suis encore que la plus débordée des femmes... On n’a pas d’idée de ce que je conçois, mon ami, de ce que je voudrais faire. J’imaginais qu’en m’en tenant aux femmes, cela me rendrait sage ;... que mes desirs concentrés dans mon sexe, ne s’exhaleraient plus vers le vôtre ; projets chimériques, mon ami, les plaisirs dont je voulais me priver, ne sont venus s’offrir qu’avec plus d’ardeur à mon esprit, et j’ai vu que quand on était, comme moi, née pour le libertinage, il devenait inutile de songer à s’imposer des freins, de fougueux desirs les brisent bientôt. Enfin, mon cher, je suis un animal amphibie, j’aime tout, je m’amuse de tout, je veux réunir tous les genres ; mais, avoue-le, mon frère, n’est-ce pas une extravagance complette à moi, que de vouloir connaître ce singulier Dolmancé qui de ses jours, dis-tu, n’a pu voir une femme comme l’usage le prescrit, qui, sodomite par principe, non-seulement est idolâtre de son sexe, mais ne cède même au nôtre, que sous la clause spéciale de lui livrer les attraits chéris dont il est accoutumé de se servir chez les hommes. Vois, mon frère, quelle est ma bizarre fantaisie ! je veux être le Ganimède de ce nouveau Jupiter, je veux jouir de ses goûts, de ses débauches, je veux être la victime de ses erreurs : jusqu’à présent tu le sais, mon cher, je ne me suis livrée ainsi, qu’à toi, par complaisance, ou qu’à quelqu’un de mes gens qui, payé pour me traiter de cette façon, ne s’y prêtait que par intérêt ; aujourd’hui ce n’est plus ni la complaisance, ni le caprice, c’est le goût seul qui me détermine... Je crois, entre les procédés qui m’ont asservie, et ceux qui vont m’asservir à cette manie bizarre, une inconcevable différence, et je veux la connaître. Peins-moi ton Dolmancé, je t’en conjure, afin que je l'aye bien dans la tête avant de le voir arriver ; car tu sais que je ne le connais que pour l’avoir rencontré l’autre jour dans une maison où je ne fus que quelques minutes avec lui.

LE CHEVALIER.

Dolmancé, ma sœur, vient d’atteindre sa trente-sixième année, il est grand, d’une fort belle figure, des yeux très-vifs et très spirituels, mais quelque chose d’un peu dur et d’un peu méchant se peint malgré lui dans ses traits ; il a les plus belles dents du monde, un peu de mollesse dans la taille et dans la tournure, par l’habitude, sans doute, qu’il a de prendre si souvent des airs féminins ; il est d’une élégance extrême, une jolie voix, des talens, et principalement beaucoup de philosophie dans l’esprit.

MADAME DE SAINT-ANGE.

Il ne croit pas en Dieu, j’espère ?

LE CHEVALIER.

Ah ! que dis-tu là ? c’est le plus célèbre athée, l’homme le plus immoral... Oh ! c’est bien la corruption la plus complette et la plus entière, l’individu le plus méchant et le plus scélérat qui puisse exister au monde.

MADAME DE SAINT-ANGE.

Comme tout cela m’échauffe, je vais raffoler de cet homme, et ses goûts, mon frère ?

LE CHEVALIER.

Tu les sais ; les délices de Sodome lui sont aussi chers comme agent que comme patient ; il n’aime que les hommes dans ses plaisirs, et si quelquefois néanmoins il consent à essayer les femmes, ce n’est qu’aux conditions qu’elles seront assez complaisantes pour changer de sexe avec lui. Je lui ai parlé de toi, je l’ai prévenu de tes intentions, il accepte, et t’avertit à son tour des clauses du marché. Je t’en préviens, ma sœur, il te refusera tout net, si tu prétends l’engager à autre chose : ce que je consens à faire avec votre sœur, est, prétend-il, une licence,... une incartade dont on ne se souille que rarement et avec beaucoup de précautions.

MADAME DE SAINT-ANGE.

Se souiller !... des précautions ! j’aime à la folie le langage de ces aimables gens ; entre nous autres femmes, nous avons aussi de ces mots exclusifs qui prouvent comme ceux-là, l’horreur profonde dont elles sont pénétrées pour tout ce qui ne tient pas au culte admis... Eh, dis-moi, mon cher,... il t’a eu ? avec ta délicieuse figure et tes vingt ans ; on peut, je crois, captiver un tel homme ?

LE CHEVALIER.

Je ne te cacherai point mes extravagances avec lui, tu as trop d’esprit pour les blamer. Dans le fait, j’aime les femmes moi, et je ne me livre à ces goûts bizarres que quand un homme aimable m’en presse. Il n’y a rien que je ne fasse alors ; je suis loin de cette morgue ridicule qui fait croire à nos jeunes freluquets qu’il faut repondre par des coups de canne à de semblables propositions ; l’homme est-il le maître de ses goûts ? Il faut plaindre ceux qui en ont de singuliers, mais ne les insulter jamais, leur tort est celui de la nature, ils n’étaient pas plus les maîtres d’arriver au monde avec des goûts différens, que nous ne le sommes de naître ou bancal ou bienfait. Un homme vous dit-il d’ailleurs une chose désagréable en vous témoignant le desir qu’il a de jouir de vous ? non sans doute, c’est un compliment qu’il vous fait ; pourquoi donc y répondre par des injures ou des insultes ? Il n’y a que les sots qui puissent penser ainsi, jamais un homme raisonnable ne parlera sur cette matière différemment que je ne fais ; mais c’est que le monde est peuplé de plats imbéciles qui croyent que c’est leur manquer que de leur avouer qu’on les trouve propres à des plaisirs, et qui gâtés par les femmes, toujours jalouses de ce qui a l’air d’attenter à leurs droits, s’imaginent être les Doms Quichottes de ces droits ordinaires, en brutalisant ceux qui n’en reconnaissent pas toute l’étendue.

MADAME DE SAINT-ANGE

Ah ! mon ami, baise-moi, tu ne serais pas mon frère si tu pensais différemment ; mais un peu de détail, je t’en conjure, et sur le physique de cet homme et sur ces plaisirs avec toi.

LE CHEVALIER

M. Dolmancé était instruit par un de mes amis, du superbe membre dont tu sais que je suis pourvu, il engagea le marquis de V... à me donner à souper avec lui. Une fois là, il fallut bien exhiber ce que je portais ; la curiosité parut d’abord être le seul motif, un très-beau cul qu’on me tourna, et dont on me supplia de jouir, me fit bientôt voir que le goût seul avait eu part à cet examen. Je prévins Dolmancé de toutes les difficultés de l’entreprise, rien ne l’effaroucha. Je suis à l’épreuve du bélier, me dit-il, et vous n’aurez même pas la gloire d’être le plus redoutable des hommes qui perforèrent le cul que je vous offre. Le Marquis était là, il nous encourageait en tripotant, maniant, baisant tout ce que nous mettions au jour l’un et l’autre. Je me présente... je veux au moins quelques apprêts ; gardez-vous en bien, me dit le Marquis, vous ôteriez la moitié des sensations que Dolmancé attend de vous ; il veut qu’on le pourfende... il veut qu’on le déchire ; il sera satisfait, dis-je, en me plongeant aveuglément dans le gouffre... et tu crois peut-être, ma sœur, que j’eus beaucoup de peine... pas un mot ; mon vit, tout énorme qu’il est, disparut sans que je m’en doutasse, et je touchais le fond de ses entrailles sans que le bougre eût l’air de le sentir. Je traitai Dolmancé en ami, l’excessive volupté qu’il goûtait, ses frétillemens, ses propos délicieux, tout me rendit bientôt heureux moi-même, et je l’inondai. À peine fus-je dehors que Dolmancé se retournant vers moi échévelé, rouge comme une bacchante : tu vois l’état où tu m’as mis cher Chevalier, me dit-il, en m’offrant un vit sec et mutin, fort long, et d’au moins six pouces de tour, daigne, je t’en conjure, ô mon amour, me servir de femme après avoir été mon amant, et que je puisse dire que j’ai goûté dans tes bras divins tous les plaisirs du goût que je chéris avec tant d’empire. Trouvant aussi peu de difficulté à l’un qu’à l’autre, je me prêtai ; le Marquis se déculottant à mes yeux, me conjura de vouloir bien être encore un peu homme avec lui pendant que j’allais être la femme de son ami ; je le traitai comme Dolmancé, qui me rendant au centuple toutes les secousses dont j’accablais notre tiers, exhala bientôt au fond de mon cul, cette liqueur enchanteresse dont j’arrosais, presqu’en même temps celui de V...

MADAME DE SAINT-ANGE.

Tu dois avoir eu le plus grand plaisir, mon frère, à te trouver ainsi entre deux, on dit que c’est charmant.

LE CHEVALIER.

Il est bien certain, mon ange, que c’est la meilleure place ; mais quoi qu’on en puisse dire, tout cela sont des extravagances que je ne préférerai jamais au plaisir des femmes.

MADAME DE SAINT-ANGE.

Eh bien, mon cher amour, pour récompenser aujourd’hui ta délicate complaisance, je vais livrer à tes ardeurs une jeune fille vierge, et plus belle que l'amour.

LE CHEVALIER.

Comment, avec Dolmancé... tu fais venir une femme chez toi ?

MADAME DE SAINT-ANGE.

Il s’agit d’une éducation, c’est une petite fille que j’ai connue au couvent l’automne dernier, pendant que mon mari était aux eaux. Là nous ne pûmes rien, nous n’osâmes rien, trop de yeux étaient fixés sur nous, mais nous nous promîmes de nous reunir dès que cela serait possible ; uniquement occupée de ce desir j’ai, pour y satisfaire, fait connaissance avec sa famille. Son père est un libertin... que j’ai captivé. Enfin la belle vient, je l’attends, nous passerons deux jours ensemble... deux jours délicieux, la meilleure partie de ce temps, je l’emploie à éduquer cette jeune personne. Dolmancé et moi nous placerons dans cette jolie petite tête, tous les principes du libertinage le plus effréné, nous l’embraserons de nos feux, nous l’alimenterons de notre philosophie, nous lui inspirerons nos desirs, et comme je veux joindre un peu de pratique à la théorie, comme je veux qu’on démontre à mesure qu’on dissertera, je t’ai destiné, mon frère, à la moisson des myrthes de Cythère, Dolmancé à celle des roses de Sodome. J’aurai deux plaisirs à la fois, celui de jouir moi-même de ces voluptés criminelles et celui d’en donner des leçons, d’en inspirer les goûts à l’aimable innocente que j’attire dans nos filets. Eh bien, Chevalier, ce projet est-il digne de mon imagination ?

LE CHEVALIER.

Il ne peut être conçu que par elle, il est divin, ma sœur, et je te promets d’y remplir à merveille le rôle charmant que tu m’y destine. Ah ! friponne, comme tu vas jouir du plaisir d’éduquer cette enfant ; quelles délices pour toi de la corrompre, d’étouffer dans ce jeune cœur toutes les semences de vertu et de religion qu’y placèrent ses institutrices. En vérité cela est trop roué pour moi.

MADAME DE SAINT-ANGE.

Il est bien sûr que je n’épargnerai rien pour la pervertir, pour dégrader, pour culbuter dans elle tous les faux principes de morale dont on aurait pu déjà l’étourdir ; je veux, en deux leçons, la rendre aussi scélérate que moi... aussi impie... aussi débauchée. Préviens Dolmancé, mets-le au fait dès qu’il arrivera, pour que le venin de ses immoralités circulant dans ce jeune cœur avec celui que j’y lancerai, parvienne à déraciner dans peu d’instans toutes les semences de vertu qui pourraient y germer sans nous.

LE CHEVALIER.

Il était impossible de mieux trouver l’homme qu’il te fallait, l’irréligion, l’impiété, l’inhumanité, le libertinage découlent des lèvres de Dolmancé, comme autrefois Fonction mystique, de celles du célèbre archévêque de Cambrai ; c’est le plus profond séducteur, l’homme le plus corrompu, le plus dangereux... Ah ! ma chère amie, que ton élève réponde aux soins de l’instituteur, et je te la garantis bientôt perdue,

MADAME DE SAINT-ANGE.

Cela ne sera sûrement pas long avec les dispositions que je lui connais...

LE CHEVALIER.

Mais dis-moi, chère sœur, ne redoutes-tu rien des parens ? Si cette petite fille venait à jaser quand elle retournera chez elle.

MADAME DE SAINT-ANGE.

Ne crains rien, j’ai séduit le père... il est à moi, faut-il enfin te l’avouer, je me suis livrée à lui pour qu’il fermât les yeux, il ignore mes desseins, mais il n’osera jamais les approfondir... Je le tiens.

LE CHEVALIER.

Tes moyens sont affreux.

MADAME DE SAINT-ANGE.

Voilà comme il les faut pour qu’ils soient sûrs.

LE CHEVALIER.

Eh dis-moi, je te prie, quelle est cette jeune personne ?

MADAME DE SAINT-ANGE.

Ou la nomme Eugénie, elle est la fille d’un certain Mistival, l’un des plus riches traitans de la capitale, âgé d’environ trente-six ans ; la mère en a tout au plus trente-deux, et la petite fille quinze. Mistival est aussi libertin que sa femme est dévote. Pour Eugénie, ce serait en vain, mon ami, que j’essaierais de te la peindre ; elle est au-dessus de mes pinceaux, qu’il te suffise d’être convaincu que ni toi, ni moi n’avons certainement jamais vu rien d’aussi délicieux au monde.

LE CHEVALIER.

Mais esquisse au moins, si tu ne peux peindre, afin que sachant à-peu-près à qui je vais avoir à faire, je me remplisse mieux l’imagination de l’idole où je dois sacrifier.

MADAME DE SAINT-ANGE.

Eh bien, mon ami, ses cheveux châtains qu’à peine on peut empoigner, lui descendent au bas des fesses, son teint est d’une blancheur éblouissante, son nez un peu aquilin, ses yeux d’un noir d’ébène, et d’une ardeur..., oh, mon ami, il n’est pas possible de tenir à ces yeux-là, tu n’imagines point toutes les sottises qu’ils m’ont fait faire..., si tu voyais les jolis sourcils qui les couronnent..., les intéressantes paupières qui les bordent, sa bouche est trèspetite, ses dents superbes, et tout cela d’une fraîcheur... Une de ses beautés est la manière élégante dont sa belle tête est attachée sur ses épaules, l’air de noblesse qu’elle a quand elle la tourne... Eugénie est grande pour son âge, on lui donnerait dix-sept ans, sa taille est un modèle d’élégance et de finesse, sa gorge délicieuse..., ce sont bien les deux plus jolis petits tetons..., à peine y a-t-il de quoi remplir la main, mais si doux..., si frais..., si blancs ; vingt fois j’ai perdu la tête en les baisant, et si tu avais vu comme elle s’animait sous mes caresses..., comme ses deux grands yeux me peignaient l’état de son ame... ; mon ami, je ne sais pas comme est le reste. Ah ! s’il en faut juger par ce que je connais, jamais l’Olimpe n’eut une divinité qui la valût... Mais je l’entends... Laisse-nous, sors par le jardin pour ne la point rencontrer, et sois exact au rendez-vous.

LE CHEVALIER.

Le tableau que tu viens de me faire te répond de mon exactitude... Oh ciel ! sortir... te quitter dans l’état où je suis... Adieu... un baiser... un seul baiser, ma sœur, pour me satisfaire au-moins jusque-là. (Elle le baise, touche son vit au travers de sa culotte, et le jeune homme sort avec précipitation.)

SECOND DIALOGUE.

Madame DE SAINT-ANGE, EUGÉNIE.

MADAME DE SAINT-ANGE.

EH bon jour, ma belle, je t’attendais avec une impatience que tu devines bien aisément si tu lis dans mon cœur.

EUGÉNIE.

Oh ! ma toute bonne, j’ai cru que je n’arriverais jamais, tant j’avais d’empressement d’être dans tes bras ; une heure avant que de partir j’ai frémi que tout ne changeât ; ma mère s’opposait absolument à cette délicieuse partie, elle prétendait qu’il n’était pas convenable qu’une fille de mon âge allât seule ; mais mon père l’avait si mal traitée avant-hier qu’un seul de ses regards a fait rentrer madame de Mistival dans le néant ; elle a fini par consentir à ce que m’accordait mon père, et je suis accourue. On me donne deux jours, il faut absolument que ta voiture et l’une de tes femmes me ramène après demain.

MADAME DE SAINT-ANGE.

Que cet intervalle est court, mon cher ange, à peine pourrai-je, en si peu de temps, t’exprimer tout ce que tu m’inspires..., et d’ailleurs nous avons à causer ; ne sais-tu pas que c’est dans cette entrevue que je dois t’initier dans les plus secrets mystères de Vénus ; aurons-nous le temps en deux jours ?

EUGÉNIE.

Ah ! si je ne savais pas tout je resterais... je suis venue ici pour m’instruire et je ne m’en irai pas que je ne sois savante...

MAD. DE SAINT-ANGE, la baisant.

Oh ! cher amour, que de choses nous allons faire et dire réciproquement ; mais à propos veux-tu déjeûner, ma reine, il serait possible que la leçon fût longue ?

EUGÉNIE.

Je n’ai, chère amie, d’autre besoin que celui de t’entendre, nous avons déjeûné à une lieue d’ici, j’attendrais maintenant jusqu’à huit heures du soir sans éprouver le moindre besoin.

MADAME DE SAINT-ANGE.

Passons donc dans mon boudoir, nous y serons plus à l’aise ; j’ai déjà prévenu mes gens ; sois assurée qu’on ne s’avisera pas de nous interrompre.

(Elles y passent dans les bras l’une de l’autre.)

TROISIEME DIALOGUE.

Madame de SAINT-ANGE, EUGÉNIE, DOLMANCÉ.

La scène est dans un Boudoir délicieux.

EUGÉNIE,très-surprise de voir dans ce cabinet un homme qu'elle n'attendait pas.

Oh dieu, ma chère amie, c’est une trahison !

MAD. DE SAINT-ANGE,également surprise.

Par quel hazard ici, Monsieur, vous ne deviez ce me semble arriver qu’à quatre heures ?

DOLMANCÉ.

On devance toujours le plus qu’on peut le bonheur de vous voir, Madame ; j’ai rencontré monsieur votre frère, il a senti le besoin dont serait ma présence aux leçons que vous devez donner à Mademoiselle, il savait que ce serait ici le lycée où se ferait le cours, il m’y a secrétement introduit, n’imaginant pas que vous le désaprouvassiez, et pour lui, comme il sait que ses démonstrations ne seront nécessaires qu’après les dissertations théoriques, il ne paraîtra que tantôt.

MADAME DE SAINT-ANGE.

En vérité, Dolmancé, voilà un tour...

EUGÉNIE.

Dont je ne suis pas la dupe, ma bonne amie, tout cela est ton ouvrage..., au moins fallait-il me consulter..., me voilà d’une honte à présent qui, certainement, s’opposera à tous nos projets.

MADAME DE SAINT-ANGE.

Je te proteste, Eugénie, que l’idée de cette surprise n’appartient qu’à mon frère ; mais qu’elle ne t’effraye pas, Dolmancé que je connais pour un homme fort aimable, et précisément du degré de philosophie qu’il nous faut pour ton instruction, ne peut qu’être très-utile à nos projets ; à l’égard de sa discrétion, je te réponds de lui comme de moi. Familiarise-toi donc, ma chère, avec l’homme du monde le plus en état de te former, et de te conduire dans la carrière du bonheur et des plaisirs que nous voulons parcourir ensemble.

EUGÉNIE,rougissant.

Oh ! je n’en suis pas moins d’une confusion...

DOLMANCÉ,

Allons, belle Eugénie, mettez-vous à votre aise..., la pudeur est une vieille vertu dont vous devez, avec autant de charmes, savoir vous passer à merveille.

EUGÉNIE.

Mais la décence...

DOLMANCÉ.

Autre usage gothique dont on fait bien peu de cas aujourd’hui. Il contrarie si fort la nature.

Dolmancé saisit Eugénie, la presse entre ses bras et la baise.

EUGÉNIE,se défendant.

Finissez donc, Monsieur..., en vérité vous me ménagez bien peu.

MADAME DE SAINT-ANGE.

Eugénie, crois-moi, cessons l’une et l’autre d’être prudes avec cet homme charmant ; je ne le connais pas plus que toi, regardes pourtant comme je me livre à lui ; (Elle le baise lubriquement sur la bouché) imite-moi.

EUGÉNIE.

Oh, je le veux bien, de qui prendrais-je de meilleurs exemples ?

Elle se livre à Dolmancé qui la baise ardemment langue en bouche.

DOLMANCÉ.

Ah ! l’aimable et délicieuse créature.

MADAME DE SAINT-ANGE, la baisant de même.

Crois-tu donc, petite friponne, que je n’aurai pas également mon tour ?

Ici Dolmancé les tenant l'une et l'autre dans ses bras, les langote un quart-d 'heure toutes deux, et toutes deux se le rendent et le lui rendent.

DOLMANCÉ.

Ah ! voilà des préliminaires qui m’enivrent de volupté ! Mesdames, voulez-vous m’en croire, il fait extraordinairement chaud, mettons-nous à notre aise, nous jaserons infiniment mieux.

MADAME DE SAINT-ANGE.

J’y consens ; revêtons-nous de ces simarres de gaze, elles ne voileront de nos attraits que ce qu’il faut cacher au desir.

EUGÉNIE.

En vérité, ma bonne, vous me faites faire des choses...

MAD. DE SAINT-ANGE,l’aidant à se déshabiller.

Tout-à-fait ridicule, n’est-ce pas ?

EUGÉNIE.

Au moins bien indecente, en vérité... eh ! comme tu me baises.

MADAME DE SAINT-ANGE.

La jolie gorge... C’est une rose à peine épanouie.

DOLMANCÉ,considérant les tetons d’Eugénie sans les toucher.

Et qui promet d’autres appas... infiniment plus estimables,

MADAME DE SAINT-ANGE.

Plus estimables ?

DOLMANCÉ.

Oh oui, d’honneur !

En disant cela Dolmancé fait mine de retourner Eugénie pour l'examiner par derrière.

EUGÉNIE.

Oh, non, non, je vous en conjure.

MADAME DE SAINT-ANGE.

Non, Dolmancé..., je ne veux pas que vous voyiez encore... un objet dont l’empire est trop grand sur vous, pour que l’ayant une fois dans la tête, vous puissiez ensuite raisonner de sens-froid. Nous avons besoin de vos leçons, donnez-nous-les, et les myrthes que vous voulez cueillir formeront ensuite votre couronne.

DOLMANCÉ.

Soit, mais pour démontrer, pour donner à ce bel enfant les premières leçons du libertinage, il faut bien au-moins vous, Madame, que vous ayiez la complaisance de vous prêter.

MADAME DE SAINT-ANGE.

À la bonne heure... Eh bien, tenez, me voilà toute nue, dissertez sur moi tant que vous voudrez.

DOLMANCÉ.

Ah ! le beau corps... c’est Vénus, elle-même, embellie par les grâces !

EUGÉNIE.

Oh ! ma chère amie, que d’attraits, laisse-moi les parcourir à mon aise, laisse-moi les couvrir de baisers. (Elle execute.)

DOLMANCÉ.

Quelles excellentes dispositions ! Un peu moins d’ardeur, belle Eugénie, ce n’est que de l’attention que je vous demande pour ce moment-ci.

EUGÉNIE.

Allons, j’écoute, j’écoute... C’est qu’elle est si belle... si potelée, si fraîche : ah comme elle est charmante, ma bonne amie, n’est-ce pas, Monsieur ?

DOLMANCÉ.

Elle est belle, assurément... parfaitement belle ; mais je suis persuadé que vous ne lui cédez en rien... Allons, écoutez-moi, jolie petite élève, ou craignez que, si vous n’êtes pas docile, je n’use sur vous des droits que me donne amplement le titre de votre instituteur.

MADAME DE SAINT-ANGE.

Oh oui, oui, Dolmancé, je vous la livre, il faut la gronder d’importance si elle n’est pas sage.

DOLMANCÉ.

Je pourrais bien ne pas m’en tenir aux remontrances.

EUGÉNIE.

Oh, juste ciel ! vous m’effrayez, et qu’entreprendriez-vous donc, Monsieur ?

DOLMANCÉ,balbutiant et baisant Eugénie sur la bouche.

Des châtimens,... des corrections, et ce joli petit cul pourrait bien me répondre des fautes de la tête. (Il le lui frappe au travers de la simarre de gaze dont est maintenant vêtue Eugénie.)

MADAME DE SAINT-ANGE.

Oui, j’approuve le projet, mais non pas le geste. Commençons notre leçon, ou le peu de temps que nous avons à jouir d’Eugénie va se passer ainsi en préliminaires, et l’instruction ne se fera point.

DOLMANCÉ.Il touche à mesure, sur Madame de Saint-Ange, toutes les parties qu'il démontre.

Je commence.

Je ne parlerai point de ces globes de chair, vous savez aussi bien que moi, Eugénie, que l'on les nomme indifféremment gorge, sein, tetons ; leur usage est d’une grande vertu dans le plaisir, un amant les a sous les yeux en jouissant, il les caresse, il les manie, quelques-uns en forment même le siége de la jouissance, et leur membre se nichant entre les deux monts de Vénus, que la femme serre et comprime sur ce membre, au bout de quelques mouvemens, certains hommes parviennent à répandre là le baume délicieux de la vie dont l’écoulement fait tout le bonheur des libertins... Mais ce membre sur lequel il faudra disserter sans cesse, ne serait-il pas à propos, Madame, d’en donner une dissertation à notre écolière ?

MADAME DE SAINT-ANGE.

Je le crois de même.

DOLMANCÉ.

Eh bien, Madame, je vais m’étendre sur ce canapé, vous vous placerez près de moi, vous vous emparerez du sujet, et vous en expliquerez vous-même les propriétés à notre jeune élève. (Dolmancé se place et Madame de Saint-Ange démontre.)

MADAME DE SAINT-ANGE.

Ce sceptre de Vénus, que tu vois sous tes yeux, Eugénie, est le premier agent des plaisirs de l’amour, on le nomme membre par excellence : il n’est pas une seule partie du corps humain dans laquelle il ne s’introduise ; toujours docile aux passions de celui qui le meut, tantôt il se niche là, (elle touche le con d'Eugénie) c’est sa route ordinaire... la plus usitée, mais non pas la plus agréable ; recherchant un temple plus mystérieux, c’est souvent ici (elle écarte ses fesses et montre le trou de son cul) que le libertin cherche à jouir : nous reviendrons sur cette jouissance la plus délicieuse de toutes ; la bouche, le sein, les aisselles lui présentent souvent encore des autels où brûle son encens ; et quel que soit enfin celui de tous les endroits qu’il préfère, on le voit, après s’être agité quelques instans, lancer une liqueur blanche et visqueuse dont l’écoulement plonge l’homme dans un delire assez vif pour lui procurer les plaisirs les plus doux qu’il puisse espérer de sa vie.

EUGÉNIE.

Oh que je voudrais voir couler cette liqueur !

MADAME DE SAINT-ANGE.

Cela se pourrait par la simple vibration de ma main ; vois comme il s’irrite à mesure que je le secoue, ces mouvemens se nomment pollution, et en terme de libertinage cette action s’appelle branler.

EUGÉNIE.

Oh, ma chere amie, laisse-moi branler ce beau membre.

DOLMANCÉ.

Je n’y tiens pas ! laissons-la faire, Madame, cette ingénuité me fait horriblement bander.

MADAME DE SAINT-ANGE.

Je m’oppose à cette effervescence, Dolmancé, soyez sage, l’écoulement de cette semence, en diminuant l’activité de vos esprits animaux, ralentirait la chaleur de vos dissertations.

EUGÉNIE,maniant les testicules de Dolmancé.

Oh ! que je suis fâchée, ma bonne amie, de la résistance que tu mets à mes desirs... et ces boules, quel est leur usage, et comment les nomme-t-on ?

MADAME DE SAINT-ANGE.

Le mot technique est couilles,... testicules est celui de l’art. Ces boules renferment le réservoir de cette semence prolifique dont je viens de te parler, et dont l’éjaculation dans la matrice de la femme, produit l’espèce humaine ; mais nous appuierons peu sur ces détails, Eugénie, plus dépendans de la médecine que du libertinage. Une jolie fille ne doit s’occuper que de foutre et jamais d’engendrer. Nous glisserons sur tout ce qui tient au plat méchanisme de la population, pour nous attacher principalement et, uniquement aux voluptés libertines dont l’esprit n’est nullement populateur.

EUGÉNIE.

Mais, ma chère amie, lorsque ce membre énorme, qui peut à peine tenir dans ma main, pénètre, ainsi que tu m’assures que cela se peut, dans un trou aussi petit que celui de ton derrière, cela doit faire une bien grande douleur à la femme.

MADAME DE SAINT-ANGE.

Soit que cette introduction se fasse par devant, soit qu’elle se fasse par derrière, lorsqu’une femme n’y est pas encore accoutumée, elle y éprouve toujours de la douleur. Il a plu à la Nature de ne nous faire arriver au bonheur que par des peines ; mais une fois vaincue, rien ne peut rendre les plaisirs que l’on goûte, et celui qu’on éprouve à l’introduction de ce membre dans nos culs, est incontestablement préférable à tous ceux que peut procurer cette même introduction par devant ; que de dangers, d’ailleurs, n’evite pas une femme alors ! moins de risques pour sa santé, et plus aucuns pour la grossesse. Je ne m’étends pas davantage à présent sur cette volupté, notre maître à toutes des deux, Eugénie, l’analysera bientôt amplement, et joignant la pratique à la théorie, te convaincra, j’espère, ma toute bonne, que de tous les plaisirs de la jouissance, c’est le seul que tu doives préférer.

DOLMANCÉ.

Dépêchez vos démonstrations, Madame, je vous en conjure, je n’y puis plus tenir, je déchargerai malgré moi, et ce redoutable membre réduit à rien, ne pourrait plus servir à vos leçons.

EUGÉNIE.

Comment ! il s’anéantirait, ma bonne, s’il perdait cette semence dont tu parles... Oh ! laisse-moi la lui faire perdre, pour que je voye comme il deviendrait,... et puis j’aurais tant de plaisir à voir couler cela.

MADAME DE SAINT-ANGE.

Non, non, Dolmancé, levez-vous, songez que c’est là le prix de vos travaux, et que je ne puis vous le livrer qu’après que vous l’aurez mérité.

DOLMANCÉ.

Soit ; mais pour mieux convaincre Eugénie de tout ce que nous allons lui débiter sur le plaisir, quel inconvénient y aurait-il que vous la branliez devant moi, par exemple ?

MADAME DE SAINT-ANGE.

Aucun, sans doute, et j’y vais procéder avec d’autant plus de joie que cette épisode lubrique ne pourra qu’aider nos leçons. Place-toi sur ce canapé, ma toute bonne.

EUGÉNIE.

Oh dieu ! la délicieuse niche ! Mais pourquoi toutes ces glaces ?

MADAME DE SAINT-ANGE.

C’est pour que, répétant les attitudes en mille sens divers, elles multiplient à l’infini les mêmes jouissances aux yeux de ceux qui les goûtent sur cette ottomane ; aucune des parties de l’un ou l’autre corps ne peut être cachée par ce moyen, il faut que tout soit en vue, ce sont autant de groupes rassemblés autour de ceux que l’amour enchaîne, autant d’imitateurs de leurs plaisirs, autant de tableaux délicieux dont leur lubricité s’enivre, et qui servent bientôt à la compléter elle-même.

EUGÉNIE.

Que cette invention est délicieuse !

MADAME DE SAINT-ANGE.

Dolmancé, déshabillez-vous-même la victime.

DOLMANCÉ,

Cela ne sera pas difficile, puisqu’il ne s’agit que d’enlever cette gaze pour distinguer à nud les plus touchans attraits. (Il la met nue, et ses premiers regards se portent aussitôt sur le derrière,) Je vais donc le voir ce cul divin et précieux que j’ambitionne avec tant d’ardeur... Sacredieu ! que d’embonpoint et de fraîcheur, que d’éclat et d’élégance !... Je n’en vis jamais un plus beau.

MADAME DE SAINT-ANGE.

Ah, fripon, comme tes premiers hommages prouvent tes plaisirs et tes goûts !

DOLMANCÉ.

Mais peut-il être au monde rien qui vaille cela ? Où l’Amour aurait-il de plus divins autels ?... Eugénie,... sublime Eugénie, que j’accable ce cul des plus douces caresses. (Il le manie et le baise avec transport,)

MADAME DE SAINT-ANGE.

Arrêtez, libertin, vous oubliez qu’à moi seule appartient Eugénie, unique prix des leçons qu’elle attend de vous ; ce n’est qu’après les avoir reçues qu’elle deviendra votre récompense : suspendez cette ardeur, ou je me fâche.

DOLMANCÉ.

Ah ! friponne ; c’est de la jalousie... Eh bien, livrez-moi le vôtre, je vais l’accabler des mêmes hommages. (Il enlève la simarre de madame de Saint-Ange et lui caresse le derrière.)

Ah ! qu’il est beau, mon ange... qu’il est délicieux aussi, que je les compare... que je les admire près l’un de l’autre, c’est Ganimède à côté de Vénus. (Il les accable de baisers tous deux.) Afin de laisser toujours sous mes yeux le spectacle enchanteur de tant de beautés, ne pourriez-vous pas, Madame, en vous enchaînant l’une à l’autre, offrir sans cesse à mes regards ces culs charmans que j’idolâtre ?

MADAME DE SAINT-ANGE,

À merveille... tenez, êtes-vous satisfait ?

(Elles s'enlacent l'une dans l'autre, de manière à ce que leurs deux culs soient en face de Dolmancé.)

DOLMANCÉ.

On ne saurait davantage : voilà précisément ce que je demandais ; agitez maintenant ces beaux culs de tout le feu de la lubricité ; qu’ils se baissent et se relèvent en cadence, qu’ils suivent les impressions dont le plaisir va les mouvoir... Bien, bien, c’est délicieux !

EUGÉNIE.

Ah ! ma bonne, que tu me fais de plaisir... Comment appelle-t-on ce que nous faisons-là ?

MADAME DE SAINT-ANGE.

Se branler, ma mie,... se donner du plaisir ; mais, tiens, changeons de posture, examine mon con... c’est ainsi que se nomme le temple de Vénus ; cet antre que ta main couvre, examine-le bien ; je vais l’entrouvrir ; cette élévation dont tu vois qu’il est couronné s’appelle la motte ; elle se garnit de poil communément à quatorze ou quinze ans, quand une fille commence à être réglée. Cette languette qu’on trouve au-dessous se nomme le clitoris. Là gît toute la sensibilité des femmes, c’est le foyer de toute la mienne ; on ne saurait me chatouiller cette partie sans me voir pâmer de plaisir... Essaye-le... Ah ! petite friponne, comme tu y vas... On dirait que tu n’as fait que cela toute ta vie... arrête... arrête... Non, te dis-je, je ne veux pas me livrer... Ah ! contenez-moi, Dolmancé, sous les doigts enchanteurs de cette jolie fille, je suis prête à perdre la tête.

DOLMANCÉ.

Eh bien ! pour attiédir, s’il se peut, vos idées en les variant, branlez-la vous-même ; contenez-vous, et qu’elle seule se livre... Là, oui, dans cette attitude, son joli cul, de cette manière, va se trouver sous mes mains ; je vais le polluer légèrement d’un doigt... Livrez-vous, Eugénie, abandonnez tous vos sens au plaisir, qu’il soit le seul dieu de votre existence ; c’est à lui seul qu’une jeune fille doit tout sacrifier, et rien à ses yeux ne doit être aussi sacré que le plaisir.

EUGÉNIE.

Ah ! rien au-moins n’est aussi délicieux, je l’éprouve... je suis hors de moi... je ne sais plus ce que je dis, ni ce que je fais... quelle ivresse s’empare de mes sens !

DOLMANCÉ.

Comme la petite friponne décharge... son anus se resserre à me couper le doigt... qu’elle serait délicieuse à enculer dans cet instant ! (Il se lève et présente son vit au trou du cul de la jeune fille,)

MADAME DE SAINT-ANGE.

Encore un moment de patience. Que l’éducation de cette chère fille nous occupe seule... Il est si doux de la former.

DOLMANCÉ.

Eh bien ! Tu le vois, Eugénie, après une pollution plus ou moins longue, les glandes séminales se gonflent et finissent par exhaler une liqueur dont l’écoulement plonge la femme dans le transport le plus délicieux. Cela s’appelle décharger, quand ta bonne amie le voudra je te ferai voir de quelle manière plus énergique et plus impérieuse cette même opération se fait dans les hommes.

MADAME DE SAINT-ANGE,

Attends, Eugénie, je vais maintenant t’apprendre une nouvelle manière de plonger une femme dans la plus extrême volupté, écarte bien tes cuisses... Dolmancé, vous voyez que de la façon dont je la place, son cul vous reste, gamahuchez-le lui pendant que son con va l’être par ma langue, et faisons-la pâmer entre nous, ainsi, trois ou quatre fois de suite, s’il se peut. Ta motte est charmante, Eugénie, que j’aime à baiser ce petit poil follet... Ton clitoris, que je vois mieux maintenant, est peu formé, mais bien sensible... Comme tu fretilles — Laisse-moi t’écarter... Ah ! tu es bien surement vierge, dis-moi l’effet que tu vas éprouver dès que nos langues vont s’introduire, à la fois, dans tes deux ouvertures ? (On exécute,)

EUGÉNIE.

Ah ! ma chère. C’est délicieux, c’est une sensation impossible à peindre ; il me serait bien difficile de dire laquelle de vos deux langues me plonge mieux dans le delire.

DOLMANCÉ.

Par l’attitude où je me place, mon vit est très-près de vos mains, Madame, daignez le branler, je vous prie, pendant que je suce ce cul divin. Enfoncez davantage votre langue,

Madame, ne vous en tenez pas à lui sucer le clitoris, faites pénétrer cette langue voluptueuse jusques dans la matrice, c’est la meilleure façon de hâter l’éjaculation de son foutre.

EUGÉNIE, se raidissant.

Ah ! je n’en peux plus, je me meurs, ne m’abandonnez pas, mes amis, je suis prête à m’évanouir.

(Elle décharge au milieu de ses deux instituteurs,)

MADAME DE SAINT-ANGE.

Eh bien ! ma mie, comment te trouves-tu du plaisir que nous t’avons donné ?

EUGÉNIE.

Je suis morte, je suis brisée... je suis anéantie... Mais expliquez-moi, je vous prie, deux mots que vous avez prononcés et que je n’entends pas, d’abord que signifie matrice ?

MADAME DE SAINT-ANGE.

C’est une espèce de vase ressemblant à une bouteille dont le cou embrasse le membre de l’homme, et qui reçoit le foutre produit chez la femme par le suintement des glandes, et, dans l’homme, par l’éjaculation que nous te ferons voir ; et du mélange de ces liqueurs naît le germe qui produit tour-à-tour des garçons ou des filles.

EUGÉNIE.

Ah ! j’entends ; cette définition m’explique en même temps le mot foutre que je n’avais pas d’abord bien compris. Et l’union des semences est-elle nécessaire à la formation du fœtus ?

MADAME DE SAINT-ANGE.