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En 1929, Vladimir, un ancien mineur de charbon russe, se révolte contre le régime politique stalinien et déserte la ferme collective dans laquelle il travaille. Pour échapper aux autorités, il se rend près de Volgograd dans une datcha nichée au fond d’une vallée où habite Andréï, son ami d’enfance. Il crée ensuite un groupe de rebelles armés pour lutter contre l’action des milices et du pouvoir, et installe son quartier général dans la vieille datcha. Il effectue alors de nombreuses opérations militaires au péril de sa vie et de celle de ses hommes. Parviendra-t-il à déstabiliser le régime totalitaire communiste ?
À PROPOS DE L'AUTEUR
Passionné de littérature,
Fabien Soucaille écrit des romans depuis plus de dix ans. Bouleversé par la guerre de Russie, il écrit
La révolte des Moujiks, un ouvrage de fiction basé sur l’histoire russe au début du vingtième siècle.
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Fabien Soucaille
La révolte des moujiks
Nouvelles
© Lys Bleu Éditions – Fabien Soucaille
ISBN : 979-10-377-8790-3
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Cette œuvre est une fiction. Toute ressemblance avec des personnages existants ou ayant existé, tant leurs noms que leurs actions, ne serait que pure coïncidence.
Le travail était pénible et harassant pour les ouvriers enrôlés dans la ferme collective principale de la ville de Kazan. Ces derniers fournissaient une main-d’œuvre efficace qui ne se plaignait jamais. Aujourd’hui, c’était le 50e anniversaire de Staline (1929), leur souverain omnipotent. Les ouvriers allaient pouvoir partager un repas exceptionnel à base de viande. Ils n’en avaient pas mangé depuis plusieurs mois ! L’un d’eux, Vladimir, disait à sa femme : « manger un bon morceau de viande, cela me manquait beaucoup, et je ne m’y attendais pas, c’est une bonne nouvelle ». Après ce repas roboratif de midi, comme chaque jour à 14 heures, le travail au champ reprit pour le couple et leurs semblables. Leur tâche consistait à moissonner du blé, à récolter des salades, des tomates, des pois chiches pendant six heures d’affilée, etc. Vladimir, qui était d’une constitution robuste, lorsque le travail devenait trop dur pour sa belle-sœur, redoublait d’activité pour prendre de l’avance et pour pouvoir lui prêter main-forte en la remplaçant pendant une heure ou deux ! Son comportement altruiste et obligeant n’était pas une crânerie, il savait pertinemment que les ouvriers qui n’atteignaient pas leur quota de travail étaient sévèrement punis par leurs gardiens. Ils recevaient des coups de bâton ou étaient brûlés avec des cigarettes. On leur réduisait leur portion alimentaire quotidienne, on les faisait dormir à même le sol. On les privait de douches et d’ablutions. Ils vivaient un véritable calvaire. C’était pour ces raisons que Vladimir n’hésitait pas à se sacrifier. Un certain nombre d’ouvriers finissaient par mourir d’épuisement ou de lassitude morale. Mais leur disparition n’était pas signalée par les responsables. Elle passait même inaperçue dans la multitude du groupe. Par chance, lorsque la douleur devenait insupportable, lorsque les ouvriers étaient moribonds, les militaires russes abrégeaient leurs souffrances en les abattant d’une balle de fusil en pleine tête. Le seul point positif dans leur vie concentrationnaire était de pouvoir assister régulièrement à des parades militaires fastueuses. Une troupe de soldats, nombreux et en apparat, accompagnée de hauts responsables militaires comme Molotov ou Beria, défilaient devant eux accompagnés d’une musique jouée par un orchestre. Puis ces hauts responsables donnaient ensuite une allocution solennelle dans laquelle ils louangeaient le travail accompli par leur communauté, leur apportaient du tabac et du café pour les récompenser de leurs efforts. Ils soulignaient leur mérite d’accepter de travailler dans des conditions climatiques difficiles (très chaud en été et froid en hiver) et leur promettaient que la rigueur, l’ascétisme qui leur étaient imposés étaient nécessaires pour redresser l’économie et servir les intérêts de la nation. Les ouvriers le croyaient.
Les jours, les semaines, les mois passaient dans la ferme collective. Au début de l’hiver, une épidémie de peste s’abattit sur la région. Un dispensaire fut ouvert pour soigner les malades. Vladimir et Myriem étaient contaminés par le virus. Comme les médicaments étaient très sommaires et peu efficaces, certains malades mouraient. Vladimir s’en sortit, car il était toujours aussi résistant. Son épouse Myriem ne guérissait pas. Elle était victime d’une forte fièvre ; Vladimir demanda la permission à sa direction de pouvoir rester à son chevet durant la journée pour la soutenir. La direction accepta. Même si ces derniers jours, son état s’était stabilisé, elle était loin de pouvoir être rétablie. Pour faire baisser sa fièvre, Vladimir ne s’arrêtait pas de lui appliquer des compresses d’eau tiède sur le front. Les antibiotiques qu’on lui faisait prendre ne semblaient pas améliorer son état. Vladimir devait constater la décrépitude inexorable de son épouse chez qui d’énormes ganglions apparaissaient au niveau du cou et des aisselles. Myriem avait désormais beaucoup de mal à respirer et crachait du sang par moments. Vladimir lui chuchotait régulièrement des mots doux et affectueux à l’oreille, ce qui la réconfortait un peu. Le dernier jour avant sa mort, Myriem prit la main de Vladimir dans la sienne et lui demanda d’aller chercher de la morphine, car elle souffrait trop durement. Vladimir se renseigna auprès du service médical et à force d’adjuration obtint la précieuse substance. Une piqûre de morphine fut alors administrée à Myriem par l’infirmière, en chef. Quelques heures plus tard, le cœur de Myriem s’arrêta de battre. Vladimir ressentit un sentiment d’énorme tristesse, mais il n’en voulait pas à l’institution, car il estimait qu’elle avait fait son devoir (prescription d’antibiotiques, de morphines, régime alimentaire, etc.). Pour chasser sa mélancolie, il se remémora alors tous les bons moments que Myriem et lui avaient partagés ensemble : d’abord leur rencontre fortuite à la mine de Volgograd. Elle travaillait dans le service administratif, lui dans l’extraction du charbon. Ensuite, leur idylle fut heureuse pendant plus de quinze ans, excepté le moment où Myriem n’avait pas pu avoir d’enfant à cause d’une fausse couche. Puis, la misère et la famine qui avaient été suivies par l’avènement du régime stalinien en 1927. Enfin, le rapatriement fut fait par les milices dans la ferme collective de Kazan. Leur existence commune s’était déroulée très vite. Tout compte fait, ils en avaient bien profité !
Cela faisait quelques mois que Vladimir s’était rendu compte de la malignité du gouvernement qui dirigeait son pays. Il trouvait particulièrement barbares les exécutions sommaires perpétrées contre une partie de la population russe ; c’est pourquoi, un jour, à l’âge de 55 ans, il décida de se révolter. Il déserta la ferme collective dans laquelle il travaillait en déjouant la vigilance de ses gardiens. Il se rendit près de Volgograd dans une vieille datcha nichée au fond d’une vallée où habitait un vieil ami d’enfance anticonformiste. Son ami était parvenu à se dissimuler dans ce lieu, et donc à échapper à la déportation. Lorsqu’il arriva à destination, il tonitrua le surnom d’enfance de son vieil ami « Andreï » en précisant qu’il n’avait rien à craindre, car c’était Vladimir. Au bout de quelques secondes, par une trappe camouflée dans un buisson luxuriant jouxtant la demeure, il vit apparaître un homme hirsute, la barbe et les cheveux en bataille, qui tenait un fusil de chasse entre les mains. Vladimir mit quelques instants avant de pouvoir reconnaître son ami. Puis il se rapprocha de lui pour le prendre dans ses bras en lui affirmant : « comment vas-tu Andreï ? Depuis le temps qu’on ne s’était pas revu ! je suis tellement content. »
« Toi, lui répondit le répugnant individu, te rencontrer ici, mais c’est incroyable, j’ai du mal à y croire ! »
Les deux hommes échangèrent ensuite de nombreuses effusions et pénétrèrent par une porte en bois de chêne massif dans la datcha pour boire un coup. Puis ils reprirent la conversation.
« Mais comment as-tu fait pour pénétrer dans ma propriété sans faire aboyer les chiens de berger qui y vivent ? C’est chose impossible. »
« Tu sais bien que je connais le souterrain qui mène jusqu’à la citerne. Je l’ai donc emprunté. »
« Ah bon, vraiment ! tu t’en es souvenu, c’est exceptionnel. Bon à présent, passons aux choses sérieuses, pour quelles raisons es-tu venu ici ? As-tu déserté les fermes collectives ? Les autorités militaires sont-elles à ta recherche ? Tu sais que je ne peux pas te cacher ici sans prendre de gros risques. Explique-moi ta situation. »
Le visage de Vladimir prit tout à coup un air inquiet et grave.
« Je vais être sincère avec toi Andreï. Je ne suis pas recherché par les autorités, mais j’ai bien déserté la ferme collective dans laquelle je travaillais. Le régime de Staline est un rouleau compresseur qui détruit les êtres humains. Je n’ai plus confiance en lui. Le labeur et les conditions de vie qu’il nous impose sont abjects, vils, méprisables. Je veux vivre autrement et pour cela j’ai besoin que tu me caches. »
« Je suis désolé d’apprendre que ton existence est si difficile et si douloureuse, mais tu sais depuis combien d’années je vis clandestinement ici, ce n’est pas le moment pour moi de me faire prendre ! comprends-moi. »
« Non, je m’y refuse, car si j’étais à ta place je n’hésiterais pas à porter secours à mon meilleur ami. Je suis en grande difficulté Andreï, j’ai vraiment besoin de ton aide. Je t’en conjure ! »
Andreï réfléchit quelques secondes intérieurement puis affirma : « c’est une lourde responsabilité pour moi de te cacher ici, mais devant ton désarroi et ta détresse j’accepte. Mais au fait qu’est devenue ta femme ? L’as-tu abandonnée dans la ferme collective ? »
« Non pas du tout, elle est morte de la peste, il y a quelques mois. C’est tragique ! »
« Si tu restes ici, tu devras t’habituer à vivre dans une cachette qui mesure trois mètres sur trois. Ça ne te posera pas de problème, crois-tu ? »
« Aucun ! »
Les jours passaient et Andreï et Vladimir cohabitaient parfaitement. Le plus difficile était de s’approvisionner. Andreï avait placé de nombreux collets dans la nature pour attraper des lièvres, des grives, des cailles. Mais ces derniers temps, les prises étaient parcimonieuses, voire insuffisantes. Il se rendit donc à pied à une fabrique de boîtes de conserve de haricots qui se situait à la lisière du village et subtilisa une vingtaine de boîtes qu’il rangea dans son sac à dos. Puis il repartit. Il ne s’était pas fait attraper. Lors des derniers mètres, il fut repéré par une patrouille qui le prit en chasse. Andreï risquait de se faire emprisonner si on le rattrapait, mais heureusement Vladimir veillait sur lui en l’attendant en contrebas de la propriété. Il lui porta donc secours en le délestant d’une partie de son chargement. Tous deux parvinrent ensuite à se réfugier dans le souterrain qui reliait le bas du terrain à la vieille datcha. Ils ne bougèrent pas de cet endroit pendant plus de quarante minutes, car les soldats étaient persuadés que l’individu qu’ils poursuivaient s’était réfugié dans la bâtisse. Ils la fouillèrent donc minutieusement, mais sans parvenir à déceler leur cachette. Les journées s’écoulaient inlassablement, Vladimir était totalement coupé du monde et n’avait plus aucune nouvelle de son frère et de ses amis. Il n’était pas non plus tenu au courant des évènements politiques et sociaux qui avaient lieu dans les grandes villes de son pays. Un jour cependant, il décida de s’en informer. Il se rendit dans le village d’Omsk et dans un tabac acheta un journal qui avait échappé à la censure. Il apprit avec ébahissement qu’à Volgograd, non loin de l’endroit où il se trouvait, les milices avaient procédé à l’exécution sommaire de Moujiks qui refusaient de céder leurs fermes à l’État. Ces nouvelles lui provoquèrent une réaction saugrenue. Désormais, il ne souhaitait plus seulement se cacher des autorités, mais il désirait s’opposer à leur agissement. De retour à la datcha, il mit donc son ami au courant de ses résolutions. Andreï trouva l’attitude de son camarade périlleuse, hasardeuse et lui fit savoir qu’il ne devrait pas compter sur lui pour coopérer. Cette discussion créa un léger différend entre les deux hommes. Mais quelques jours plus tard, Vladimir parvint à convaincre son meilleur ami de la nécessité de créer un clan armé de rebelles pour lutter contre l’action des milices. Les crimes qu’elles commettaient sur les civils et sur les populations rurales étaient intolérables. Vladimir envisagea de parcourir les plaines russes du nord (non inféodées à la dictature), et de recruter des agriculteurs dans les fermes pour les transformer ensuite en combattants dissidents. Andreï lui demanda où il comptait implanter leur repère ? Les milices fouillaient chaque mètre carré de terrain dans la région et si Vladimir s’implantait dans le nord du pays avec les membres de son groupe, il serait trop éloigné de la capitale et des villes principales pour agir diligemment. Vladimir lui répondit : « on pourrait implanter le repère ici en aménageant par exemple le souterrain de façon à pouvoir y vivre. Qu’en penses-tu ? »
« L’opération est risquée, car si on doit faire des travaux pour installer l’eau courante, des garde-manger et des toilettes, cela va faire du bruit. »
« Nous devons agir ainsi, même si cela comporte des risques. On ne doit plus cautionner les violences et les souffrances que le pouvoir fait subir à notre peuple. C’est trop injuste, il n’a rien demandé ! »
« Je ne suis pas entièrement de ton avis. Une partie de la nation russe est partisane du régime communiste et le soutient. »
« Mon pauvre Andreï, tu te fourvoies complètement. Tu confonds visiblement le marxisme ou le communisme avec le régime stalinien. Ce sont deux choses très différentes et qui n’ont aucun rapport. Le peuple russe a été instrumentalisé par la propagande et par le culte de la personnalité de Staline. Les citoyens qui ont refusé de s’inféoder à son régime ont été éliminés par les milices et par son armée. Aujourd’hui, la politique menée par Staline n’est pas celle du parti communiste, c’est une véritable dictature ! J’aurais pensé que ces informations ne t’avaient pas échappé, toi qui es anarchiste. »
Andreï sembla réfléchir intensément pendant un long moment, puis affirma avec amertume :
« C’est incroyable, Vladimir tu as raison.
J’ai été dupé par la théorie communiste. Quelle infamie ! Je suis vraiment très naïf. Pour essayer de rattraper mes erreurs, je suis d’accord pour implanter ton repère chez moi et pour aménager le souterrain comme tu le souhaites. »