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France, 1970. Issu d’une classe bourgeoise catholique de Paris, Étienne Grimoux doit subir une éducation extrêmement stricte qui le fait souvent se sentir injustement traité. Ses parents espèrent qu’il suivra leurs traces en poursuivant des études en médecine ou en aéronautique, comme le veut la tradition familiale. Étienne se retrouve donc confronté au défi de s’opposer à l’autorité parentale pour marquer sa propre voie. Comment Étienne parviendra-t-il à trouver son chemin malgré les attentes familiales ?
À PROPOS DE L'AUTEUR
Adepte du style romanesque, Fabien Soucaille vous invite à explorer "Sous le joug des traditions", une nouvelle qui fait écho à "La révolte des Moujiks", son précédent livre publié chez Le Lys Bleu Éditions en mars 2023. Dans cette nouvelle œuvre, il vous plonge au cœur d’une saga où les aspirations à la liberté se heurtent aux conventions familiales.
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Fabien Soucaille
Sous le joug des traditions
Nouvelles
© Lys Bleu Éditions – Fabien Soucaille
ISBN : 979-10-422-0598-0
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
En hommage à mon grand-père Paul.
À partir de la fin de la Deuxième Guerre mondiale, en France, l’autoritarisme et la punition physique étaient les seuls moyens utilisés pour éduquer efficacement les enfants. La morale chrétienne exerçait encore une certaine influence sur l’esprit des hommes. Etienne, âgé de neuf ans en 1975, était issu d’une famille bourgeoise catholique très connue des habitants parisiens (la famille Grimoux), fêtait aujourd’hui son neuvième anniversaire. Dans la maison de maître du sixième Arrondissement, sa mère prit la peine d’inviter de nombreux camarades de classe. Etienne avait deux ans d’avance. Elle employait du personnel pour organiser le goûter qui avait lieu dans l’immense salle à manger. Le petit Etienne ne savait plus où donner de la tête pour satisfaire la sollicitation de ses invités. À cause de sa notoriété, tout le monde voulait prendre une photo avec lui. Le goûter se déroulait bien, les parents d’Etienne ne parlaient que des performances scolaires de leur fils aux deux ou trois parents qui étaient restés pour assister à la fête. Au moment de déguster une énorme Charlotte mousse à la fraise construite sur trois étages avec une pâte à biscuit succulente, la mère d’Etienne lui demanda de monter sur une estrade et de faire un discours pour remercier ses camarades de classe de leur présence et des cadeaux qu’ils lui avaient offerts. Etienne rechigna à la tâche, car il était timide. Il ne voulait pas prendre la parole solennellement, surtout lorsqu’il y avait un micro. Il s’exécuta finalement. Madeleine (la mère d’Etienne) parlait beaucoup avec le professeur de son fils, il était venu pour leur faire plaisir. Comme Etienne lui avait confié récemment qu’il en avait peur, et que cela l’empêchait de bien travailler, elle l’obligea à discourir avec lui pour tirer les choses au clair. Elle dit à son fils :
— Tu vois, Etienne, Monsieur Belin n’est pas méchant. Il souhaite juste faire respecter le calme et la cohésion dans sa classe et s’il t’a « pris un peu en grippe », c’est que tu devais perturber ses cours. Tu n’as rien à craindre de lui surtout que tu fais partie des bons élèves maintenant. Monsieur Belin t’apprécie beaucoup, contrairement à ce que tu crois.
— Non, maman, ce n’est pas vrai, Monsieur Belin ne m’aime pas, il me contraint à venir au tableau et me pose des problèmes que je n’ai pas encore abordés en cours, et donc, que je ne peux pas résoudre. Ensuite, pour me punir, il me met au piquet, ce n’est pas juste.
« Écoute-moi, Etienne, c’est moi qui ai demandé à ton professeur d’être plus sévère avec toi, car ces derniers mois, je voyais bien que tu ne fournissais pas assez d’efforts dans tes devoirs à la maison pour être performant à l’école et avoir de bonnes notes. Si tu trouves que Monsieur Belin est trop sévère, je veux bien lui demander d’être plus clément à l’avenir. Mais en retour, il faut que tu apprennes bien tes leçons de mathématiques et que tu finisses les exercices qu’on te demande de faire. Tu dois progresser dans cette discipline, si tu veux devenir le meilleur élève de ta classe ».
« Mais non, maman, je ne suis pas d’accord, je ne veux pas devenir le meilleur élève de ma classe. Ce qui m’intéresse, c’est d’apprendre l’orthographe et la grammaire sur le bout des doigts pour être capable d’écrire sans fautes et de devenir reporter. Ma matière préférée, c’est le français. On en a déjà parlé ensemble. »
La mère d’Etienne ne fut pas convaincue par le discours frondeur de son fils et prit à témoin le professeur pour corroborer son opinion. Elle affirma : « Dites-lui, Monsieur Belin, que de nos jours, ses idées de reporters sont une utopie, et que les élèves qui ont un bon niveau en mathématiques sont promis à un bel avenir bien plus que ceux qui suivent un cursus littéraire. Que ceux-là obtiendront des postes beaucoup plus prestigieux que leurs homologues bons en lettres. Les sciences ont totalement envahi notre monde et notre quotidien. »
Le professeur abondait dans le sens de Madame Grimoux. Il fit la morale à Etienne et l’incita à travailler davantage en mathématiques. Puis au milieu de la fête, le moment était venu pour Etienne de découvrir ses cadeaux. Mais sans aucune explication, certains présents comme le jeu électronique de « King Kong » lui furent soustraits avant même qu’il ait pu les ouvrir. Madeleine et Gérard étaient d’une grande sévérité. Ils lui inculquaient des valeurs morales et ils n’admettaient pas que leur fils s’abêtisse sur des jeux électroniques. Ce cadeau lui était donc confisqué d’office. Etienne qui avait entendu ses parents dire qu’il s’agissait d’un jeu électronique se plaignit envers eux. Il leur affirma d’un air consterné : « je vous en supplie, ne m’interdisez pas de jouer à ce jeu électronique. Je vous promets que j’en ferai bon usage et que cela ne m’empêchera pas de bien travailler. Laissez-moi en profiter… S’il vous plaît ».
Sa mère lui répondit : « Non, Etienne, tu sais très bien que ces jeux sont nocifs pour ton équilibre et tes facultés intellectuelles. Des études scientifiques démontrent de façon incontestable qu’ils rendent addictifs et diminuent les capacités intellectuelles de ceux qui les utilisent. On en a déjà parlé ensemble. Tu n’en feras pas usage, que cela te chagrine ou non ! Ouvre plutôt ce cadeau ! C’est celui de Stéphane, ton meilleur copain. Tu vas voir, c’est beaucoup plus raisonnable ».
Etienne finit par obéir à ses parents, car il était d’un tempérament docile, mais au fond de lui, il leur en voulait profondément. Il ouvrit donc le cadeau de Stéphane et s’exclama envers lui : « un jeu d’échecs de luxe, celui que je préfère. Comme c’est gentil de ta part Stéphane, ça me fait vraiment très plaisir. »
— Je le savais, répondit Stéphane, on pourra désormais s’affronter sur un damier de luxe, beaucoup plus confortable que le mien. Ensuite, Etienne continuait d’ouvrir ses cadeaux et ne cessait de remercier ses camarades pour leur générosité. Une heure trente plus tard, la fête prit fin.
Les copains d’Etienne quittèrent la maison de maître. Etienne ne comprenait pas pourquoi ses parents faisaient preuve d’autant d’autorité dans leur éducation. Cela lui paraissait totalement injuste. Mais le respect et l’admiration qu’il éprouvait pour eux l’empêchaient de se révolter.
Les jours suivants, à l’occasion d’un repas pris avec leur fils, Gérard et Madeleine lui adressèrent les recommandations concernant la conduite à adopter dans la vie et à l’école. Ils lui affirmaient : « c’est bien Etienne, tu sembles avoir compris la valeur des études. Nous avons constaté que tu as fourni de gros efforts ces dernières semaines, et que tu as obtenu de bonnes notes en mathématiques comme on te le demandait. Mais ce n’est pas suffisant, tu dois encore progresser ! Tu verras, un jour, tu nous remercieras de t’avoir poussé dans les études. »
— Oui, papa et maman, vous avez certainement raison ! Mais en contrepartie de mes efforts, puis-je vous demander une faveur ?
— Oui, laquelle ?
— J’aimerais faire du football en compétition. Qu’en pensez-vous ?
Les parents d’Etienne se turent quelques instants pour réfléchir intensément, puis reprirent la conversation sur un ton impérieux : « Etienne, nous ne sommes pas d’accord ! Nous craignons que la pratique de ce sport perturbe tes études. Tu n’as que neuf ans et le football est un sport physiquement rude. Nous préférons attendre quelques années pour que ton corps se soit développé et qu’il ait atteint sa maturité ».
— Ah, vraiment… je suis tellement déçu ! Hier, j’ai joué au football avec mes camarades de classe et j’ai été émerveillé ! Ce sport est tellement agréable ! C’est vraiment dommage que vous m’empêchiez d’y jouer, je ne crois pas que ce soit dangereux pour moi. Je trouve que vous êtes injustes avec moi et cela me chagrine beaucoup.
— Etienne, tu sais combien on t’aime, et si notre décision te provoque trop de peine, nous sommes prêts à fournir un effort pour assouvir certains de tes désirs. Si tu continues de bien travailler, nous sommes d’accord, ta mère et moi, pour t’amener, pendant les grandes vacances, au mois de juillet, faire un stage de football dans un camp. Est-ce que cela te console ?
— Non, pas totalement ! j’aurai vraiment aimé faire partie d’un club. Mais malgré cela, j’apprécie votre proposition et je vous en remercie !
Le temps passait, et l’année touchait à sa fin. Comme souhaité, Etienne avait eu de bons résultats et ses parents, pour le récompenser, l’amenèrent en Suisse faire un stage de football. Mais les choses ne se passèrent pas comme celui-ci l’avait imaginé. Une fois rendus à Bex, dans ce camp, les parents d’Etienne restèrent à ses côtés. Gérard assistait à toutes les séances d’entraînement d’Etienne et il avait toujours l’impression que son fils ne donnait pas le meilleur de lui-même (esprit de compétition). En fin d’après-midi, à la sortie du stade, il le grondait sévèrement, sans que cela soit justifié et lui reprochait de lui faire dépenser de l’argent oiseusement. Les réprimandes étaient si importantes que l’entraîneur d’Etienne prit un jour sa défense en public. Il dit à son père :
— Monsieur Grimoux, vous n’allez pas « engueuler » votre fils à chaque session. Vous voyez bien qu’il fait ce qu’il peut, ce ne sont pas les championnats du monde ici, et votre fils ne deviendra pas une vedette si c’est ce que vous croyez. Soyez indulgents, arrêtez de l’importuner. Vous allez finir par le dégoûter.
— Monsieur Masson, je ne vous permets pas de vous immiscer dans l’éducation de mon fils. J’ai des convictions personnelles profondes et j’estime être en droit de les appliquer. Je trouve vos propos incongrus.
— Comme vous l’entendez, Monsieur Grimoux, mais si votre fils finit par se dégoûter du football, vous en connaîtrez la raison !
— Aucun souci à me faire à ce sujet, mon fils est un inconditionnel du sport, le fait que je le réprimande ne le gêne pas du tout. Depuis le plus jeune âge, je lui inculque des valeurs, et cela a toujours eu sur lui une influence positive.
— Écoutez, Monsieur Grimoux, si je me permets d’intervenir en faveur d’Etienne, c’est parce que parmi tous les parents qui assistent à l’entraînement de leurs enfants sur le terrain, vous êtes le seul à avoir ce comportement ! Mettez-vous à sa place, il doit vivre cela comme une véritable injustice !
— Pas du tout, Monsieur Masson. Il ne m’a fait part d’aucun reproche ou amertume. Comme je vous l’ai déjà dit, dans notre famille, nous éduquons les enfants avec sévérité dès le plus jeune âge !
— Bon, bon, Monsieur, visiblement vous ne comprenez pas mon raisonnement, je n’insisterai pas, n’en parlons plus !
Les jours suivants, Etienne subissait toujours les mêmes remontrances de son père à la sortie des entraînements. Il se sentait vexé, car il était persuadé qu’il donnait tout ce qu’il avait sur le terrain et pendant l’effort. Gérard continuait d’estimer le contraire. Il finissait même par le fustiger pendant les entraînements. Le dernier jour du stage, à cause de l’attitude tyrannique de son père, Etienne fut victime d’un accident. L’entraînement avait été intense, on était dans le dernier quart d’heure et Etienne était exténué. Mais pour obéir aux injonctions de son père, il alla dans les airs au contact d’un attaquant dans sa surface de réparation. Lorsqu’il retomba les pieds au sol, sa cheville droite se déroba sous son poids et se luxa complètement. Gérard était allé trop loin, son fils, à cause de lui, s’était cassé la cheville. L’entraîneur qui n’avait pas vu l’action ne comprit pas tout de suite. Il finit par évacuer Etienne sur un brancard et l’amena à l’infirmerie. Les dommages étaient conséquents : fracture de la malléole et rupture des tendons. L’état de la cheville d’Etienne nécessitait trois mois de plâtre et une vingtaine de séances de rééducation. Etienne ne pourrait donc pas retrouver le terrain de football avant cinq ou six mois. Gérard, toujours aussi sûr de lui, ne remit même pas en cause son autorité. Il considérait que l’accident dont avait été victime son fils était dû à la malchance, et qu’en prenant de l’âge, il se renforcerait physiquement ; ce qui éviterait que cela se reproduise.
Des jours, des semaines, des mois passèrent. Gérard et Madeleine continuaient d’inculquer des valeurs morales à leur fils (le travail consciencieux, l’estime de soi, la persévérance, la réussite professionnelle, etc.) Dès son entrée en sixième, Etienne était totalement formaté pour suivre ses études. Il devint rapidement le meilleur de sa classe à partir de ce moment-là, une rumeur enfla et Etienne fut la risée de certains élèves de sa classe. On disait de lui : « tiens, voilà le premier de classe, c’est un lèche-bottes de première » ou « L’intello Grimoux est laid comme un pou ». Au bout de deux ou trois mois, Etienne en avait assez de subir les moqueries de ses camarades de classe. A fortiori