Le Cid - Pierre Corneille - E-Book

Le Cid E-Book

Pierre Corneille

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"Le Cid, écrit par Pierre Corneille, est une pièce de théâtre classique française qui a été publiée en 1637. Cette œuvre emblématique du théâtre du XVIIe siècle raconte l'histoire de Rodrigue, un jeune noble espagnol, qui se retrouve déchiré entre son amour pour Chimène et son devoir de venger l'honneur de son père.Le Cid est une pièce qui explore les thèmes de l'honneur, de l'amour et du devoir, mettant en scène des personnages passionnés et tourmentés. Rodrigue, le héros de l'histoire, est confronté à un dilemme moral difficile : doit-il sacrifier son amour pour Chimène afin de préserver l'honneur de sa famille ?Cette pièce est également connue pour son célèbre monologue de Chimène, dans lequel elle exprime sa douleur et sa colère face à la trahison de Rodrigue. Le Cid est une œuvre qui suscite des réflexions profondes sur les valeurs morales et les choix difficiles auxquels nous sommes parfois confrontés.Le Cid est considéré comme l'une des pièces les plus importantes de la littérature française, et elle a eu un impact significatif sur le théâtre classique. Elle a été adaptée de nombreuses fois au fil des siècles et continue d'être jouée sur les scènes du monde entier. Cette pièce est un incontournable pour tous les amateurs de théâtre et de littérature classique.
Extrait : ""O rage ! ô désespoir ! ô vieillesse ennemie ! N'ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ? Et ne suis-je blanchi dans les travaux guerriers Que pour voir en un jour flétrir tant de lauriers ? Mon bras qu'avec respect tout l'Espagne admire, Mon bras, qui tant de fois a sauvé cet empire, Tant de fois affermi le trône de son roi, Trahit donc ma querelle, et ne fait rien pour moi ?"""

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Seitenzahl: 83

Veröffentlichungsjahr: 2015

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EAN : 9782335004564

©Ligaran 2015

POLYEUCTE
Personnages

D. FERNAND : premier roi de Castille.

D. URRAQUE : infante de Castille.

D. DIÈGUE : père de D. Rodrigue.

D. GOMÈS : comte de Gormas, père de Chimène.

D. RODRIGUE : amant de Chimène.

D. SANCHE : amoureux de Chimène.

D. ARIAS : gentilhomme castillan.

D. ALONSE : gentilhomme castillan.

CHIMÈNE : fille de D. Gomès.

LÉONOR : gouvernante de l’Infante.

ELVIRE : gouvernante de Chimène.

UN PAGE de l’Infante.

 

La scène est à Séville.

Acte premier
Scène première

Chimène, Elvire

CHIMÈNE
Elvire, m’as-tu fait un rapport bien sincère ?
Ne déguises-tu rien de ce qu’a dit mon père ?
ELVIRE
Tous mes sens à moi-même en sont encor charmés :
Il estime Rodrigue autant que vous l’aimez,
Et, si je ne m’abuse, à lire dans son âme,
Il vous commandera de répondre à sa flamme.
CHIMÈNE
Dis-moi donc, je te prie, une seconde fois
Ce qui te fait juger qu’il approuve mon choix ;
Apprends-moi de nouveau quel espoir j’en dois prendre :
Un si charmant discours ne se peut trop entendre,
Tu ne peux trop promettre aux feux de notre amour
La douce liberté de se montrer au jour.
Que t’a-t-il répondu sur la secrète brigue
Que font auprès de toi Don Sanche et Don Rodrigue ?
N’as-tu point trop fait voir quelle inégalité
Entre ces deux amants me penche d’un côté ?
ELVIRE
Non, j’ai peint votre cœur dans une indifférence
Qui n’enfle d’aucun d’eux, ni détruit l’espérance,
Et, sans les voir d’un œil trop sévère ou trop doux,
Attend l’ordre d’un père à choisir un époux.
Ce respect l’a ravi, sa bouche et son visage
M’en ont donné sur l’heure un digne témoignage,
Et, puisqu’il vous en faut encor faire un récit,
Voici d’eux et de vous ce qu’en hâte il m’a dit :
« Elle est dans le devoir, tous deux sont dignes d’elle,
Tous deux formés d’un sang noble, vaillant, fidèle,
Jeunes, mais qui font lire aisément dans leurs yeux
L’éclatante vertu de leurs braves aïeux.
Don Rodrigue surtout n’a trait en son visage
Qui d’un homme de cœur ne soit la haute image,
Et sort d’une maison si féconde en guerriers
Qu’ils y prennent naissance au milieu des lauriers.
La valeur de son père, en son temps sans pareille,
Tant qu’a duré sa force, a passé pour merveille ;
Ses rides sur son front ont gravé ses exploits,
Et nous disent encor ce qu’il fut autrefois.
Je me promets du fils ce que j’ai vu du père,
Et ma fille en un mot peut l’aimer et me plaire. »
Il allait au Conseil, dont l’heure, qui pressait,
A tranché ce discours qu’à peine il commençait ;
Mais, à ce peu de mots, je crois que sa pensée
Entre vos deux amants n’est pas fort balancée.
Le Roi doit à son fils élire un gouverneur,
Et c’est lui que regarde un tel degré d’honneur ;
Ce choix n’est pas douteux, et sa rare vaillance
Ne peut souffrir qu’on craigne aucune concurrence.
Comme ses hauts exploits le rendent sans égal,
Dans un espoir si juste il sera sans rival
Et, puisque don Rodrigue a résolu son père
Au sortir du Conseil à proposer l’affaire,
Je vous laisse à juger s’il prendra bien son temps,
Et si tous vos désirs seront bientôt contents.
CHIMÈNE
Il semble toutefois que mon âme troublée
Refuse cette joie et s’en trouve accablée.
Un moment donne au sort des visages divers,
Et dans ce grand bonheur je crains un grand revers.
ELVIRE
Vous verrez cette crainte heureusement déçue.
CHIMÈNE
Allons, quoi qu’il en soit, en attendre l’issue.
Scène II

L’Infante, Léonor, le page

L’INFANTE
Page, allez avertir Chimène de ma part
Qu’aujourd’hui pour me voir elle attend un peu tard,
Et que mon amitié se plaint de sa paresse.

(Le page rentre.)

LÉONOR
Madame, chaque jour même désir vous presse,
Et dans son entretien je vous vois chaque jour
Demander en quel point se trouve son amour.
L’INFANTE
Ce n’est pas sans sujet, je l’ai presque forcée
À recevoir les traits dont son âme est blessée ;
Elle aime Don Rodrigue, et le tient de ma main,
Et par moi Don Rodrigue a vaincu son dédain :
Ainsi, de ces amants ayant formé les chaînes,
Je dois prendre intérêt à voir finir leurs peines.
LÉONOR
Madame, toutefois, parmi leurs bons succès
Vous montrez un chagrin qui va jusqu’à l’excès.
Cet amour, qui tous deux les comble d’allégresse,
Fait-il de ce grand cœur la profonde tristesse,
Et ce grand intérêt que vous prenez pour eux
Vous rend-il malheureuse, alors qu’ils sont heureux ?
Mais je vais trop avant et deviens indiscrète.
L’INFANTE
Ma tristesse redouble à la tenir secrète.
Écoute, écoute enfin comme j’ai combattu,
Écoute quels assauts brave encor ma vertu.
L’amour est un tyran qui n’épargne personne :
Ce jeune cavalier, cet amant que je donne,
Je l’aime.
LÉONOR
Vous l’aimez !
L’INFANTE
Mets la main sur mon cœur,
Et vois comme il se trouble au nom de son vainqueur,
Comme il le reconnaît.
LÉONOR
Pardonnez-moi, Madame,
Si je sors du respect pour blâmer cette flamme.
Une grande princesse à ce point s’oublier,
Que d’admettre en son cœur un simple cavalier !
Et que dirait le Roi ? que dirait la Castille
Vous souvient-il encor de qui vous êtes fille ?
L’INFANTE
Il m’en souvient si bien que j’épandrai mon sang
Avant que je m’abaisse à démentir mon rang.
Je te répondrais bien que, dans les belles âmes,
Le seul mérite a droit de produire des flammes,
Et, si ma passion cherchait à s’excuser,
Mille exemples fameux pourraient l’autoriser ;
Mais je n’en veux point suivre où ma gloire s’engage ;
La surprise des sens n’abat point mon courage,
Et je me dis toujours qu’étant fille de Roi,
Tout autre qu’un monarque est indigne de moi.
Quand je vis que mon cœur ne se pouvait défendre,
Moi-même je donnai ce que je n’osai prendre :
Je mis, au lieu de moi, Chimène en ses liens,
Et j’allumai leurs feux pour éteindre les miens.
Ne t’étonne donc plus si mon âme gênée
Avec impatience attend leur hyménée ;
Tu vois que mon repos en dépend aujourd’hui :
Si l’amour vit d’espoir, il périt avec lui ;
C’est un feu qui s’éteint, faute de nourriture,
Et, malgré la rigueur de ma triste aventure,
Si Chimène a jamais Rodrigue pour mari,
Mon espérance est morte, et mon esprit guéri.
Je souffre cependant un tourment incroyable ;
Jusques à cet hymen Rodrigue m’est aimable,
Je travaille à le perdre, et le perds à regret,
Et de là prend son cours mon déplaisir secret.
Je vois avec chagrin que l’amour me contraigne
À pousser des soupirs pour ce que je dédaigne ;
Je sens en deux partis mon esprit divisé :
Si mon courage est haut, mon cœur est embrasé,
Cet hymen m’est fatal, je le crains et souhaite,
Je n’ose en espérer, qu’une joie imparfaite ;
Ma gloire et mon amour ont pour moi tant d’appas
Que je meurs, s’il s’achève ou ne s’achève pas.
LÉONOR
Madame, après cela je n’ai rien à vous dire,
Sinon que de vos maux avec vous je soupire :
Je vous blâmais tantôt, je vous plains à présent.
Mais, puisque dans un mal si doux et si cuisant,
Votre vertu combat et son charme et sa force,
En repousse l’assaut, en rejette l’amorce,
Elle rendra le calme à vos esprits flottants.
Espérez donc tout d’elle et du secours du temps,
Espérez tout du Ciel : il a trop de justice
Pour laisser la vertu dans un si long supplice.
L’INFANTE
Ma plus douce espérance est de perdre l’espoir.
LE PAGE
Par vos commandements Chimène vous vient voir.
L’INFANTE à Léonor.
Allez l’entretenir en cette galerie.
LÉONOR
Voulez-vous demeurer dedans la rêverie ?
L’INFANTE
Non, je veux seulement, malgré mon déplaisir,
Remettre mon visage un peu plus à loisir.
Je vous suis. Juste Ciel, d’où j’attends mon remède,
Mets enfin quelque borne au mal qui me possède,
Assure mon repos, assure mon honneur ;
Dans le bonheur d’autrui, je cherche mon bonheur :
Cet hyménée à trois également importe ;
Rends son effet plus prompt, ou mon âme plus forte :
D’un lien conjugal joindre ces deux amants,
C’est briser tous mes fers et finir mes tourments.
Mais je tarde un peu trop ; allons trouver Chimène,
Et par son entretien soulager notre peine.
Scène III

Le Comte, D. Diègue

LE COMTE
Enfin, vous l’emportez, et la faveur du Roi
Vous élève en un rang qui n’était dû qu’à moi :
Il vous fait gouverneur du Prince de Castille.
D. DIÈGUE
Cette marque d’honneur qu’il met dans ma famille
Montre à tous qu’il est juste, et fait connaître assez
Qu’il sait récompenser les services passés.
LE COMTE
Pour grands que soient les rois, ils sont ce que nous sommes ;
Ils peuvent se tromper comme les autres hommes ;
Et ce choix sert de preuve à tous les courtisans
Qu’ils savent mal payer les services présents.
D. DIÈGUE
Ne parlons plus d’un choix dont votre esprit s’irrite :
La faveur l’a pu faire autant que le mérite ;
Mais on doit ce respect au pouvoir absolu,
De n’examiner rien quand un roi l’a voulu.
À l’honneur qu’il m’a fait ajoutez-en un autre,
Joignons d’un sacré nœud ma maison à la vôtre :
Vous n’avez qu’une fille, et moi je n’ai qu’un fils ;
Leur hymen peut nous rendre à jamais plus qu’amis
Faites-nous cette grâce, et l’acceptez pour gendre.
D. Diègue – Achève et prends ma vie après un tel affront…
LE COMTE
À des partis plus hauts ce beau fils doit prétendre,
Et le nouvel éclat de votre dignité
Lui doit enfler le cœur d’une autre vanité.
Exercez-la, Monsieur, et gouvernez le Prince,
Montrez-lui comme il faut régir une province,
Faire trembler partout les peuples sous la loi,
Remplir les bons d’amour et les méchants d’effroi ;