Le Cocher de cabriolet - Alexandre Dumas - E-Book

Le Cocher de cabriolet E-Book

Dumas Alexandre

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Beschreibung

Extrait : "Je ne sais si, parmi les personnes qui liront ces quelques lignes, il en est qui se soient jamais avisées de remarquer la différence qui existe entre le cocher de cabriolet et le cocher de fiacre. Ce dernier grave, immobile et froid, supportant les intempéries de l'air avec l'impassibilité d'un stoïcien ; isolé sur son siège ; au milieu de la société, sans contact avec elle ; se permettant, pour toute distraction, un coup de fouet à son camarade qui passe ; ..."

À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARAN

Les éditions LIGARAN proposent des versions numériques de qualité de grands livres de la littérature classique mais également des livres rares en partenariat avec la BNF. Beaucoup de soins sont apportés à ces versions ebook pour éviter les fautes que l'on trouve trop souvent dans des versions numériques de ces textes.

LIGARAN propose des grands classiques dans les domaines suivants :

• Livres rares
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• Première guerre mondiale
• Jeunesse
• Policier

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Seitenzahl: 41

Veröffentlichungsjahr: 2015

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Note de l’éditeur

Paris, ou le Livre des Cent-et-Un publié en quinze volumes chez Ladvocat de 1831 à 1834, constitue une des premières initiatives éditoriales majeures de la « littérature panoramique », selon l’expression du philosophe Walter Benjamin, très en vogue au XIXe siècle. Cent un contributeurs, célèbres pour certains, moins connus pour d’autres, appartenant tous au paysage littéraire et mondain de l’époque, ont écrit ces textes pour venir en aide à leur éditeur qui faisait face à d'importantes difficultés financières… Ainsi ont-ils constitué une fresque unique qui offre un véritable « Paris kaléidoscopique ».

Le présent ouvrage a été sélectionné parmi les textes publiés dans Paris ou le Livre des Cent-et-Un. De nombreux titres de cette fresque sont disponibles auprès de la majorité des librairies en ligne.

Le cocher de cabriolet

Je ne sais si, parmi les personnes qui liront ces quelques lignes, il en est qui se soient jamais avisées de remarquer la différence qui existe entre le cocher de cabriolet et le cocher de fiacre. Ce dernier grave, immobile et froid, supportant les intempéries de l’air avec l’impassibilité d’un stoïcien ; isolé sur son siège ; au milieu de la société, sans contact avec elle ; se permettant, pour toute distraction, un coup de fouet à son camarade qui passe ; sans amour pour les deux maigres rosses qu’il conduit ; sans aménité pour les infortunés qu’il brouette, et ne daignant échanger avec eux un sourire grimaçant, qu’à ces mots classiques : « Au pas, et toujours tout droit. » Du reste, être assez égoïste, fort maussade, portant des cheveux plats, et jurant Dieu.

Tout autre chose est du cocher de cabriolet ; il faut être de bien mauvaise humeur pour ne pas se dérider aux avances qu’il vous fait, à la paille qu’il vous pousse sous les pieds, à la couverture dont il se prive, soit qu’il pleuve, soit qu’il gèle, pour vous garantir de la pluie ou du froid ; il faut être frappé d’un mutisme bien obstiné, pour garder le silence aux mille questions qu’il vous fait, aux exclamations qui lui échappent, aux citations historiques dont il vous pourchasse. C’est que le cocher de cabriolet a vu le monde, il a vécu dans la société ; il a conduit, à l’heure, un candidat académicien faisant ses 39 visites, et le candidat a déteint sur lui, voilà pour la littérature ; il a mené, à la course, un député à la chambre, et le député l’a frotté de politique ; deux étudiants sont montés près de lui, ils ont parlé opérations, et il a pris une teinture de médecine ; bref, superficiel en tout, mais étranger à peu de choses de ce monde, il est caustique, spirituel, causeur, porte une casquette, et a toujours un parent ou un ami qui le fait entrer pour rien au spectacle : nous sommes forcés d’ajouter à regret, que la place qu’il y occupe est marquée au centre du parterre.

Le cocher de fiacre est l’homme des temps primitifs, n’ayant de rapports avec les individus que ceux strictement nécessaires à l’exercice de ses fonctions, assommant, mais honnête homme.

Le cocher de cabriolet est l’homme des sociétés vieillies, la civilisation est venue à lui, il s’est laissé faire par elle : sa moralité est à peu près celle de Bartholo.

En général, les cabaretiers prennent pour enseigne un cocher de fiacre, son chapeau ciré sur la tête, son manteau bleu sur le dos, son fouet d’une main, et une bourse de l’autre, avec cet exergue : « Au Cocher fidèle. »

Je n’ai jamais vu d’enseigne représentant un cocher de cabriolet, dans la même situation morale.

N’importe, j’ai une prédilection toute particulière pour les cochers de cabriolets, cela tient peut-être à ce que j’ai rarement une bourse à laisser dans leur voiture.

Quand je ne pense pas à un drame qui me préoccupe, quand je ne vais pas à une répétition qui m’ennuie, quand je ne reviens pas d’un spectacle qui m’a endormi, je cause avec eux, et quelquefois je m’amuse autant en dix minutes que dure la course, que je me suis ennuyé dans les quatre heures qu’a duré la soirée de laquelle ils me ramènent.

J’ai donc un tiroir de mon cerveau consacré uniquement à ces souvenirs à 25 sous.

Parmi ces souvenirs, il y en a un qui a laissé une trace profonde.

Il y a cependant déjà près d’un an que Cantillon m’a raconté l’histoire que je vais vous dire.

Cantillon conduit le numéro 221.

C’est un homme de 40 à 45 ans, brun, aux traits fortement accentués, portant, à l’époque dont je vous parle, 1er janvier 1831, un chapeau de feutre, avec un reste de galon, une redingote de drap lie de vin, avec un reste de livrée, des bottes avec un reste de revers. Depuis onze mois, tous ces restes-là doivent être disparus. On comprendra tout à l’heure d’où vient, ou plutôt, car je ne l’ai pas revu depuis l’époque que j’ai dite, d’où venait cette notable différence entre son costume et celui de ses collègues.

C’était, comme je l’ai dit, le 1er