Le cœur au travail - Cécile Sarfati - E-Book

Le cœur au travail E-Book

Cécile Sarfati

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Beschreibung

Mais pourquoi parler d'amour au travail ? Sujet risqué, thématique inabordable voire même complètement taboue...

Les auteurs se sont emparés ici du sujet. Ils nous questionnent après avoir interrogé les acteurs du monde du travail. Parce que l'amour est présent partout, sous de multiples facettes. En prendre conscience, en tenir compte dans notre façon de travailler, dans nos rapports les uns avec les autres, cela change la donne. Les implications concrètes de l'amour dans notre milieu professionnel demeurent encore largement sous-estimées. Le constat est sans appel : il est primordial d'en parler. Pour l'organisation de l'entreprise comme pour les professionnels qui y travaillent.

Un ouvrage surprenant sur l'implication des émotions dans les relations professionnelles !

À PROPOS DES AUTEURS

Cécile Sarfati et Roland de Saint Etienne associent des expériences qui viennent ici se confronter et s'enrichir : consultants, coach, psychologue, practicienne en shiatsu. Ils côtoient et accompagnent au quotidien les travailleurs, les managers, les équipes, les dirigeants des organisations depuis plus de quinze ans. Dans leurs vies professionnelles, ils ont tous deux été "touchés" par le manque d'ouverture et d'acceptation des émotions.

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Un essai de Roland de Saint Etienne et Cécile Sarfati

Le coeur au travail

Préface de Fabrice Midal

Dessins originaux d’Emmanuelle Louria à partir des verbatim cités lors de notre enquête sur « la place du cœur dans les organisations », 2012

Remerciements

Nous remercions celles et ceux sans qui de tels projets ne pourraient se réaliser, nos formateurs, enseignants, coachs, superviseurs, collègues, confrères, clients, et nos chers fournisseurs.

Nous remercions nos proches qui nous ont soutenu pendant tout ce temps.

Nous remercions les dirigeants, les managers et employés que nous avons rencontrés et avec qui nous avons pu échanger sur l’amour et le cœur au travail, nos patients et coachés qui se sont confiés sur leurs émotions, souffrances et aussi leurs joies et plaisirs.

Nous remercions Sophie ainsi que Philippe qui nous ont proposé leur regard professionnel, critique et bienveillant sur ce travail.

Nous remercions chaleureusement Fabrice Midal qui a préfacé cet ouvrage.

Nous remercions spécialement Emmanuelle Louria qui a collaboré à cet ouvrage en acceptant de l’illustrer. Les dix dessins de qualité, et tellement représentatifs des verbatim de notre enquête, ont été faits avec amour et nous en sommes très reconnaissants !

Préface

Et si le grand problème de notre temps était la manière dont nous avons complètement mis de côté la question de l’amour, ou de la bienveillance, de nos discours, de nos approches, de nos engagements ? Imaginer aujourd’hui qu’un cadre, un enseignant, un médecin explique qu’il fait son métier par amour ! Nous serions inquiets ! En réalité, l’amour est bien plus tabou aujourd’hui que la sexualité ou tout autre sujet.

En tant que philosophe, je me suis longuement penché sur les raisons de cette situation. Car de l’Antiquité grecque jusqu’à la Renaissance, la question de l’amour est au cœur de toute pensée aussi bien de l’éducation, que de la politique. Le terme même de philosophie contient en lui le mot « philia », la modalité d’amour la plus haute.

Mais l’amour a été sans doute si souvent instrumentalisé, et en particulier par tout un discours religieux, qu’il est devenu l’objet d’une critique soutenue. Nombre d’auteurs ont cherché à montrer que l’amour était une illusion et que ceux qui en parlaient cachaient d’obscurs desseins. Et s’est ainsi imposé un discours selon lequel nous serions d’abord des êtres profondément égoïstes. C’est là aussi bien le ressort de toute la pensée politique (à travers Hobbes), de la pensée économique (à travers Adam Smith), de toute la pensée démographique (à partir de Malthus), comme de la psychanalyse de Freud qui n’a pas de mots assez durs sur ce qu’il nomme une illusion.

Mais nous avons été trop loin. Notre étouffons d’être ainsi privés de cette dimension si essentielle.

Sans doute faut-il aujourd’hui repenser l’amour pour lui rendre une place dans nos vies. Je propose parfois d’en parler comme bienveillance — pour le distinguer de la conception d’un amour aveugle, toujours plus ou moins lié à la dimension sexuelle, etc…

L’apport de l’ouvrage que vous tenez dans les mains est justement son engagement très concret de partir de situations de la vie d’entreprises pour étudier comment l’absence d’amour ou de bienveillance ruine les relations et la possibilité de travailler ensemble. L’importance d’un tel travail est précisément de sortir l’amour de ce flou romantique et abstrait qui empêche de comprendre la manière dont il construit nos vies. Je crois que c’est là sans doute la voie pour le retrouver — éviter de trop grandes généralités pour travailler très concrètement sur la manière dont il est vécu.

Fabrice Midal

Fabrice Midal est le fondateur de Une journée pour apprendre à méditer http ://www.fabricemidal.com/

Introduction

Et si le monde du travail était tout simplement en manque d’amour ? Lui si présent au cinéma, dans la littérature, dans l’art et la musique, partout dans les médias et parfois même dans le langage politique, lui qui berce notre existence semble curieusement absent de la vie active.

Dans nos interventions en tant que consultants et coach, ce thème ne représente que rarement la demande initiale de nos clients. Pourtant, nombre de nos interventions en entreprise nous conduisent à développer des comportements tels que : écouter l’autre, le comprendre, se dire les choses, faire des compliments, favoriser la confiance, donner le droit à l’erreur, se respecter. À promouvoir les valeurs telles que l’empathie, la bienveillance, l’esprit d’équipe… Et lorsque nous travaillons sur ces composantes, l’énergie est démultipliée, l’efficacité augmente, les résultats sont au rendez-vous.

Il nous est même arrivé de parler tout naturellement de « cœur » ou même d’« amour » en séminaire. Et là c’est la stupeur, le choc et le rejet avant de prendre conscience de la portée de ces mots. Il s’agit donc bien là d’un changement de perspective.

Parallèlement à ces constats, dans le contexte de crise que nous traversons, nous sommes de plus en plus sensibilisés aux questions du stress, des risques psychosociaux et de la souffrance au travail.

Simultanément, une nouvelle tendance voit le jour et prend de l’ampleur avec la venue d’événements portés par ce « cœur » comme « la journée de la gentillesse » ou une journée « j’aime ma boîte ». De très nombreux articles et ouvrages sur le bonheur et le bien-être au travail fleurissent. Le cœur et l’amour sont sous-entendus mais très rarement, voire jamais cités.

Nous avons donc décidé de pousser plus loin notre investigation du sujet. Plus précisément, nous nous sommes interrogés sur la place du cœur et de façon plus explicite de l’amour dans l’environnement professionnel en France actuellement. La question que nous nous sommes posée est la suivante :

Est-ce bien vrai que l’amour ne s’exprime pas au travail, et qu’il serait favorable pour les personnes et pour les organisations de le développer ?

Nous avons souhaité savoir si ce que nous observons dans notre métier de coach se vérifie sur un plan plus global, quantitativement, et s’il existe des différences significatives entre les managers et les employés, les hommes et les femmes, les jeunes et les moins jeunes, les entreprises publiques et privées, grandes et petites structures etc.

Notre hypothèse principale a été la suivante : le cœur dans le monde professionnel, dans les organisations, est atrophié.

Nos hypothèses secondaires ont été :

•l’amour est tabou dans les organisations ;

•les gens ont peur des sentiments au travail ;

•les dirigeants, les managers et leurs équipes, les salariés, les acteurs des organisations (entreprises publiques et privées) sont prêts à investir davantage de cœur dans leur travail ;

•et ont tout à y gagner individuellement et collectivement.

Pour confirmer ou infirmer nos hypothèses, nous avons dans un premier temps mené des entretiens individuels avec des dirigeants, des managers et des employés entre fin 2010 et fin 2011.

Nous ressentions les choses. Elles étaient claires pour nous mais difficilement explicables concrètement. Nos échanges nous ont souvent mis, ainsi que nos interlocuteurs, dans un état de confusion. Il y avait toujours un début d’entretien avec de fortes convictions. Le monde du travail est impitoyable, guerrier. Mais en quelques dizaines de minutes le doute s’installait et débouchait sur une perplexité et de vraies interrogations.

Et ce sont ces interrogations que nous voudrions partager avec vous dans ce livre.

Pour en avoir le cœur net, nous avons réalisé dans un second temps une enquête de perception nationale dont nous vous restituerons la méthodologie et les résultats de façon synthétique dans les pages qui suivent.

Cette enquête1 nous montre que la situation dans les organisations est à la fois alarmante et très encourageante. Le changement est possible et cela n’est peut-être pas si compliqué.

1 Sarfati Cécile, De Saint Étienne Roland, La place du cœur dans les organisations, enquête menée en ligne au cours du mois de février 2012 auprès de 1 168 actifs en France, 2012.

ILe cœur est partout et nulle part

Tout a commencé, ou du moins notre réflexion partagée sur l’amour, le cœur au travail, suite à une expérience que nous avons vécue ensemble et que nous souhaitons vous raconter. Nous formions un duo (Cécile et Roland) pour accompagner une équipe de direction à franchir une nouvelle étape dans sa récente reconstruction. Pour relater le contexte rapidement, il s’agissait d’accompagner un changement majeur dans la façon dont le nouveau président voulait organiser la gouvernance de l’entreprise. Avant son arrivée, deux instances se réunissaient en deux temps. Un comité exécutif traitait de la gouvernance en général puis s’ensuivait une revue des résultats de chaque responsable de business unit qui venait en rendre compte, chacun leur tour, se sentant plutôt devant un tribunal que dans un échange constructif. Le souhait du président était de rompre avec cette « sombre » habitude et de créer une seule instance rassemblant tout le monde.

Mais ce n’était pas simple, car ils se retrouvaient treize autour de la table et en plus chargés des effets du passé. Le résultat s’est vite fait remarquer : pas ou peu de dialogue, pas d’échanges et une atmosphère plutôt lourde. Pratiquement seul le président s’exprimait en déroulant les points à traiter et en décidant. Habitué à un management « beaucoup plus participatif », cela ne lui convenait pas et il décida de faire appel à des coachs.

C’est là que nous intervenons… Nous lui avons proposé de l’aider à créer une « réelle » équipe de direction à partir de la mise en œuvre d’un projet collectif.

Une étape cruciale de cette reconstruction consistait à réunir ce nouveau comité de direction pour deux jours, « au vert » ou plutôt dans une très belle ville d’un pays européen limitrophe, nous dirons ici que c’était Barcelone afin de préserver l’anonymat.

Nous avions préparé ces deux journées autour d’un synopsis qui enchaînait différentes étapes qui commençaient par le traditionnel « tour de table ». Comme attendu, il fut très froid, factuel, distant, ce qui contrastait avec le cadre chaleureux, nous pourrions même dire merveilleux. Nous avons alors présenté un modèle, sur lequel nous reviendrons, qui pourrait se résumer par l’idée suivante. Nous avons :

•une « tête » qui nous permet d’analyser les situations, les faits ;

•des « tripes » qui nous permettent d’agir ;

•et un « cœur » qui nous permet de ressentir.

Et là nous leur avons fait remarquer que nous n’avions pas ressenti « grand-chose ». Et quelle fut leur surprise quand nous leur avons demandé de refaire un tour de table, et cette fois en révélant davantage de cœur.

Ils se sont prêtés à l’exercice, certains très volontiers, comme si nous avions libéré ainsi une énergie positive cachée. D’autres plus modestement mais curieux de ce qui se passait. Et enfin beaucoup d’émotions négatives ont pu aussi s’exprimer, comme de la colère, de l’inquiétude et un manque cruel d’authenticité, de clarté qui s’est exprimé par une impression « d’enfumage entre eux » ressentis par plusieurs.

À partir de ce premier partage, réel échange autour du cœur et avec lui, le mode de fonctionnement de l’équipe a complètement changé et a marqué, nous pourrions même dire imprégné, la suite de ces deux jours passés ensemble, de l’intervention sur plusieurs mois et surtout leur façon de travailler ensemble. Ce cœur a été le ciment de la reconstruction de l’équipe.

Nous citons quelques extraits du bilan que nous avons fait ensemble : « Nous avons créé l’unité entre nous », « par des échanges, une meilleure écoute, du respect, de la transparence », « nous avons appris à travailler ensemble », « travailler en équipe, à nous comprendre », « plus de fluidité entre nous », « un fonctionnement plus mature, plus responsable ». « J’ai un très bon souvenir de Barcelone, je pense que vous nous avez permis d’avancer en nous poussant à être nous-mêmes. »

Nous avions vécu cette expérience clé sur le terrain, ainsi que de nombreuses autres interventions en tant que coachs qui nous prouvaient l’intérêt d’équilibrer la tête, le cœur et les tripes. À ce stade, nous souhaitions interroger les personnes en entreprise pour les faire réagir sur la notion d’amour au travail. Nous avons donc mené une enquête de perception auprès d’une dizaine de personnes, en majorité des cadres, en les faisant parler sur le sujet librement. Voici la synthèse des résultats de ces quelques « entretiens pour voir ».

Les personnes accompagnées en shiatsu par Cécile racontaient aussi parfois des histoires de cœur au travail qui allaient dans le même sens et nous les avons intégrées à notre réflexion. Nous en décrivons un cas ci-dessous.

D’après la majorité des personnes interrogées, les risques sont grands à laisser transparaître ses sentiments dans le cadre professionnel. Dès le début de l’entretien, ils l’affirment avec force en décrivant les types de dangers auxquels s’expose celui qui manifestera de l’amour :

•la présence de sentiments entre les personnes peut avoir des conséquences négatives : copinage, favoritisme, jalousie, injustice, promotions injustifiées, manipulation ;

•l’émotion sollicite beaucoup, à la fois le récepteur et l’émetteur. Cela épuise ;

•le pouvoir et les relations hiérarchiques faussent les cartes ;

•la performance en est diminuée ;

•cela déconnecte du raisonnable, on se perd, il faut revenir à la raison ;

•cela donne une mauvaise image de la personne car elle manque de contrôle.

V., femme de 55 ans, dirigeante dans une SSII

Pour elle, l’émotion ? Méfiance, méfiance…

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