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Un aperçu de l'art de vivre indien complété par une théorie de l'amour, de la sexualité et du plaisir.
POUR UN PUBLIC AVERTI. Si le Kamasutra est souvent réduit à un guide des positions sexuelles, c'est par ailleurs un ouvrage unique sur la psychologie, la sociologie et la sexologie hindoue ancienne. Le
kâma sûtra est l'art d'aimer entre un homme et une femme, les postures sexuelles étant surtout des recettes pour agrémenter la vie amoureuse du couple et maintenir ainsi l'harmonie. Initialement destiné aux hautes castes indiennes d'alors, on retrouve parmi les thèmes de ce traité l'art et la manière d'acquérir une épouse, la caractérisation des hommes et des femmes, la conduite amoureuse, l'union sexuelle, les charmes, les traditions et la manière de vivre.
Le Kamasutra est un classique de la littérature indienne depuis 1700 ans, qui constitue une fenêtre unique sur la culture et le mysticisme de ce pays.
EXTRAIT
Quelques-uns prétendent qu’il n’y a pas d’ordre ni de temps fixé pour l’embrassement, le baiser, et la pression ou égratignure avec les ongles ou les doigts, mais que toutes ces choses doivent avoir lieu généralement avant l’union sexuelle : tandis que les coups et l’émission de différents sons accompagnent généralement cette union.
Vâtsyâyana, quant à lui, pense que tout est bon à un moment quelconque, l’amour n’ayant souci ni d’ordre ni de temps.
A l’occasion du premier congrès, il faut user modérément du baiser et des autres pratiques ci-dessus mentionnées, ne pas les continuer longtemps, et les alterner. Mais, aux reprises suivantes, c’est le contraire qui est de saison, et la modération n’est plus nécessaire ; on peut les continuer longtemps et, afin d’attiser l’amour, les exercer toutes à la fois.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Vâtsyâyana (IIIe siècle apr. J.-C.) est le nom d'un philosophe indien de la tradition védique, ayant vécu à une époque d'effervescence culturelle (IVe siècle de notre ère). Il est principalement connu pour être l'auteur du traité du désir
Kamasutra et était l'un des érudits du « Mlecchita vikalpa », l'art de l'écriture et des communications secrètes (cryptographie indienne), notamment listé dans son ouvrage.
À PROPOS DE LA COLLECTION
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Grands classiques érotiques.
Autrefois poussés à la clandestinité et relégués dans « l'Enfer des bibliothèques », les auteurs de ces œuvres incontournables du genre sont aujourd'hui reconnus mondialement.
Du Marquis de Sade à Alphonse Momas et ses multiples pseudonymes, en passant par le lyrique Alfred de Musset ou la féministe Renée Dunan, les
Grands classiques érotiques proposent un catalogue complet et varié qui contentera tant les novices que les connaisseurs.
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Au commencement, le Seigneur des Etres créa les hommes et les femmes, et, sous forme de commandements en cent mille chapitres, traça les règles de leur existence par rapport à Dharma qui est l’acquisition du mérite religieux, Artha qui est l’acquisition de la richesse, de la propriété, etc. et Kama qui est l’amour, la jouissance, le plaisir sensuel. On a conservé partout ces trois mots. On peut aussi les définir par vertu, richesse et plaisir, trois choses dont il est continuellement question dans les Lois de Manou.
Quelques-uns de ces commandements, ceux, par exemple, qui traitent de Dharma, furent écrits séparément par Swayambhou Manou ; ceux qui regardent Artha furent compilés par Brihaspati ; et ceux qui ont trait à Kama furent exposés par Nandi, disciple de Mahadeva, en mille chapitres.
Plus tard, ces Kama Sutra (aphorismes sur l’amour), écrits par Nandi en mille chapitres, furent reproduits par Shvetaketou, fils d’Uddvalaka, sous une forme abrégée, en cinq cents chapitres ; le même ouvrage fut également reproduit sous une forme abrégée, en cent cinquante chapitres, par Babhravya, héritier de la région de Punchala (au sud de Delhi). Ces cent cinquante chapitres étaient réunis sous les sept titres ou divisions que voici :
I. Sadharana (questions générales).
II. Samprayogika (embrassements, etc.).
III. Kanya Samprayuktaka (union du mâle et de la femelle).
IV. Bharyadhikarika (sur sa propre épouse). V. Paradarika (sur les épouses d’autrui).
VI. Vaisika (sur les courtisanes).
VII. Aupamishadika (sur les arts de la séduction, les médecines toniques, etc.).
La sixième partie de ce dernier ouvrage fut séparément exposée par Dattaka à la requête des femmes publiques de Pataliputra (Patna) ; de même la première partie, par Charayana. Les autres parties, savoir la deuxième, la troisième, la quatrième, la cinquième et la septième furent chacune séparément exposées par : Suvamanabha (deuxième partie) ; Ghotakamukha (troisième partie) ; Gonardiya (quatrième partie) ; Gonikaputra (cinquième partie) ; Kuchumara (septième partie).
Ainsi rédigé en parties séparées par différents auteurs, l’ouvrage était presque impossible à trouver complet ; et comme les parties exposées par Dattaka et les autres ne traitaient que des matières spéciales dont chacune d’elles était le sujet ; comme, d’ailleurs, l’œuvre originale de Babhravya n’était pas d’une étude facile, à cause de son étendue, Vâtsyâyana, par ces diverses raisons, a composé le présent ouvrage, d’un volume restreint, en guise de résumé de tous les travaux des susdits auteurs.
Chapitre Ier. Table des matières
Chapitre II. Observations sur les trois acquisitions terrestres : vertu, richesse, amour
Chapitre III. De l’étude des soixante-quatre arts
Chapitre IV. De l’aménagement d’une maison et du mobilier d’intérieur ; de la vie journalière d’un citoyen, ses compagnons, ses amusements, etc.
Chapitre V. Des catégories de femmes propres ou impropres au congrès avec le citoyen ; des amis et messagers
Chapitre Ier. Des diverses sortes d’unions suivant les dimensions, la force du désir, le temps ; et des différentes sortes d’amour
Chapitre II. De l’embrassement
Chapitre III. Du baiser
Chapitre IV. De la pression ou marque avec les ongles
Chapitre V. De la morsure, et des procédés d’amour à employer avec les femmes de différents pays
Chapitre VI. Des différentes manières de se coucher, et des différentes sortes de congrès
Chapitre VII. Des différentes manières de frapper, et des sons appropriés
Chapitre VIII. Des femmes qui jouent le rôle des hommes
Chapitre IX. De l’intromission du Lingam dans la bouche
Chapitre X. Par où commencer et par où finir le congrès – Différentes sortes de congrès, et querelles d’amour
Chapitre Ier. Observations sur les fiançailles et le mariage
Chapitre II. De la confiance à inspirer à la fille
Chapitre III. De la cour, et de la manifestation des sentiments par signes et actes extérieurs
Chapitre IV. Des choses que l’homme doit faire seul, pour s’assurer l’acquisition de la fille – Pareillement, ce que doit faire la fille pour dominer l’homme et se l’assujettir
Chapitre V. Des différentes formes de mariage
Chapitre Ier. De la manière de vivre d’une femme vertueuse, et de sa conduite pendant l’absence de soi mari
Chapitre II. De la conduite de la plus ancienne épouse envers les autres épouses de son mari, et de la plus jeune épouse envers les plus ancienne. De la conduite d’une veuve vierge remariée ; d’une épouse rebutée par son mari ; des femmes dans le harem du roi ; et d’un époux qui a plus d’une épouse
Chapitre Ier. Des caractéristiques des hommes et des femmes, et pourquoi les femmes résistent aux poursuites des hommes – Des hommes qui ont du succès auprès des femmes, et des femmes dont la conquête est facile.
Chapitre II. Des moyens d’aborder une femme, et des efforts à faire pour la conquérir.
Chapitre III. Examen de l’état d’esprit d’une femme.
Chapitre IV. Des devoirs d’une entremetteuse. Chapitre V. De l’amour des personnes en charge pour les épouses d’autrui
Chapitre VI. Des femmes du harem royal, et de la garde de sa propre épouse
Chapitre Ier. Pourquoi les courtisanes s’adressent aux hommes ; des moyens de s’attacher l’homme désiré, et de l’espèce d’homme qu’il est désirable de s’attacher
Chapitre II. De la courtisane vivant maritalement avec un homme
Chapitre III. Des moyens de gagner de l’argent ; des signes qu’un amant commence à se fatiguer, et de la manière de s’en débarrasser
Chapitre IV. D’une nouvelle union avec un ancien amant
Chapitre V. Des différentes sortes de gain.
Chapitre VI. Des gains et des pertes, gains et pertes accessoires, doutes ; et enfin, des différentes sortes de courtisanes
Chapitre Ier. De la parure personnelle, de la séduction des cœurs, et des médecines toniques
Chapitre II. Des moyens d’exciter le désir, et des procédés à employer pour renforcer le Lingam – Expériences et recettes diverses.
L’homme, dont la période de vie est de cent années, doit pratiquer Dharma, Artha et Kama à différentes époques, et de telle manière qu’ils puissent s’harmoniser entre eux sans le moindre désaccord. Il doit acquérir de l’instruction dans son enfance ; dans la jeunesse et l’âge mûr, il s’occupera d’Artha et de Kama, et dans la vieillesse il poursuivra Dharma, s’efforçant ainsi de gagner Moksha, c’est-à-dire la dispense de transmigration ultérieure. Ou, étant donné l’incertitude de la vie, il peut pratiquer ces trois choses aux époques qui lui seront spécifiées. Mais une chose est à noter, c’est qu’il doit mener la vie d’un étudiant religieux jusqu’à ce qu’il ait fini son éducation.
Dharma est l’obéissance au commandement des Shastra ou Ecriture Sainte des Hindous, de faire certaines choses, telles que des sacrifices, lesquelles ne sont pas généralement faites, parce qu’elles n’appartiennent pas à ce monde et ne produisent pas d’effet visible ; et de ne pas faire d’autres choses, comme de manger de la viande, ce qui se fait souvent parce que cela est de ce monde et a des effets visibles., Dharma est enseigné par le Shruti (Ecriture Sainte) et par ceux qui l’expliquent.
Artha est l’acquisition des arts, terres, or, bétail, richesses, équipages et amis. C’est, en outre, la protection de ce qui est acquis, et l’accroissement de ce qui est protégé.
Artha est enseigné par les officiers du Roi, et par les négociants versés dans le commerce. Kama est la jouissance d’objets appropriés par les cinq sens de l’ouïe, du toucher, de la vue, du goût et de l’odorat, assistés de l’esprit uni à l’âme. Le point essentiel en ceci est un contact spécial entre l’organe du sens et son objet, et la conscience du plaisir qui en résulte s’appelle Kama.
Kama est enseigné par les Kama Sutra (aphorismes sur l’amour) et par la pratique des citoyens. Quand tous les trois, Dharma, Artha et Kama, sont réunis, le précédent est meilleur que le suivant ; c’est-à-dire, Dharma est meilleur qu’Artha, et Artha meilleur que Kama. Mais Artha doit toujours être pratiqué d’abord par le Roi, car c’est d’Artha seul que dépend la subsistance du peuple. De même, Kama étant l’occupation des femmes publiques, elles doivent le préférer aux deux autres. Ce sont là les exceptions à la règle générale.
Plusieurs savants hommes disent que Dharma se rapportant à des choses qui ne sont pas de ce monde, il peut convenablement en être traité dans un livre ; comme aussi d’Artha, parce que la pratique en est possible seulement par l’application de certains moyens, dont la connaissance ne s’acquiert que par l’étude et les livres.
Mais Kama, étant une chose pratiquée même par la création brute et qui se voit partout, n’a aucunement besoin d’un livre pour l’enseigner.
Cela n’est pas exact. Le commerce sexuel étant une chose dépendante de l’homme et de la femme, il requiert l’application de certains moyens enseignés par les Kama Shastra. La non-application de moyens spéciaux, que nous remarquons dans la création brute, est due à ce que les animaux n’ont pas d’entraves ; à ce que leurs femelles ne sont propres au commerce sexuel qu’à certaines saisons, sans plus ; enfin, à ce que leur rapprochement n’est précédé d’aucune sorte de pensée.
Les Lokayatikas disent : « Les commandements religieux ne doivent pas être observés, car ils portent un fruit à venir, si même, ce qui est douteux, ils portent un fruit quelconque. Qui serait assez fou pour laisser aller dans les mains d’un autre ce qu’il a dans ses propres mains ? D’ailleurs, il est préférable d’avoir un pigeon aujourd’hui qu’un paon demain ; et une pièce de cuivre que nous avons la certitude d’obtenir est meilleure qu’une pièce d’or dont la possession est douteuse. »
Cela n’est pas exact.
L’Ecriture Sainte, qui ordonne la pratique de Dharma, ne permet aucun doute.
Les sacrifices, qu’on fait pour la destruction des ennemis, ou pour avoir de la pluie, ont un fruit visible.
Le soleil, la lune, les étoiles, les planètes et autres corps célestes, paraissent opérer intentionnellement pour le bien du monde, c’étaient certainement des matérialistes qui semblaient croire qu’un oiseau dans la main en vaut deux dans le buisson.
L’existence du monde est assurée par l’observation des règles concernant les quatre classes d’hommes et leurs quatre stages de vie.
Nous voyons qu’on sème de la graine dans la terre avec l’espoir d’une moisson future. Vâtsyâyana, en conséquence, est d’avis qu’il faut obéir aux commandements de la religion.
Ceux qui croient que le destin est le premier moteur de toutes choses disent : « Nous ne devons pas nous efforcer d’acquérir la richesse, car souvent on ne l’acquiert pas en dépit de tous les efforts, tandis que d’autres fois elle nous vient sans aucun effort de notre part.
« Conséquemment, toute chose est au pouvoir du destin, qui est le maître du gain et de la perte, du succès et du désastre, du plaisir et de la peine. Ainsi avons-nous vu Bali élevé au trône d’Indra par le destin, puis renversé par le même pouvoir, et c’est le destin seul qui peut le réinstaller. »
Ce raisonnement n’est pas juste. Comme l’acquisition d’un objet quelconque présuppose dans tous les cas un certain effort de la part de l’homme, l’application de moyens convenables peut être considérée comme la cause de toutes nos acquisitions, et cette application de moyens convenables étant dès lors nécessaire (même quand une chose doit fatalement arriver), il s’ensuit qu’une personne qui ne fait rien ne goûtera aucun bonheur.
Ceux qui inclinent à penser qu’Attira est le principal objet à se procurer raisonnent ainsi : « Il ne faut pas rechercher les plaisirs, parce qu’ils font obstacle à la pratique de Dharma et d’Attira, qui tous les deux leur sont supérieurs, et qu’ils sont méprisés par les personnes de mérite. Les plaisirs conduisent l’homme à la détresse, et le mettent en contact avec des gens de peu ; ils lui font commettre des actes irréguliers et le rendent impur, lui inspirent l’insouciance de l’avenir, et encouragent la dissipation et la légèreté. Il est notoire, d’ailleurs, qu’une foule d’hommes exclusivement adonnés au plaisir se sont perdus, eux, leurs familles et leurs amis. Ainsi le roi Dandakya, de la dynastie Bhoja, fit enlever une fille de Brahmane dans une mauvaise intention, et bientôt ruiné perdit son royaume. Indra, qui avait violé la chasteté d’Ahalya, en fut sévèrement puni. De même le puissant Kichaka, qui avait essayé de séduire Draujadi, et Ravana, qui avait voulu abuser de Sita, furent châtiés pour leurs crimes. Ces personnages et beaucoup d’autres furent les victimes de leurs plaisirs. »
Cette objection ne tient pas, car les plaisirs, étant aussi nécessaires que la nourriture à l’existence et au bien-être du corps, sont par suite également légitimes. Ils sont, de plus, les résultats de Dharma et d’Artha. D’ailleurs, il convient d’apporter dans les plaisirs de la modération et de la prudence. Personne ne s’abstient de cuire des aliments parce qu’il y a des mendiants pour les demander, ou de semer des grains parce qu’il y a des bêtes pour détruire le blé quand il est mûr.
Donc un homme qui pratique Dharma, Artha et Kama goûte le bonheur à la fois dans ce monde et dans le monde à venir. Les gens de bien pratiquent les actes dont le résultat ne leur inspire aucune crainte pour le monde à venir, et qui n’offrent aucun danger pour leur bien-être.
Tout acte qui conduit à la pratique de Dharma, Artha et Kama réunis, ou de deux, ou même d’un seul, doit être exécuté ; mais il faut s’abstenir d’un acte qui conduirait à la pratique d’un seul aux dépens des deux autres.
L’homme doit étudier les Kama Sutra et les arts et sciences qui s’y rattachent, concurremment avec les arts et sciences relatifs à Dharma et Artha. Les jeunes filles doivent aussi étudier les Kama Sutra, ainsi que les arts et sciences accessoires, avant leur mariage, puis continuer cette étude avec le consentement de leurs maris.
Ici des savants interviennent, disant que les femmes, auxquelles il est interdit d’étudier aucune science, ne doivent pas étudier les Kama Sutra.
Mais Vâtsyâyana est d’avis que cette objection ne tient pas : car les femmes connaissent déjà la pratique des Kalqa Sutra, pratique qui dérive des Kama Shastra, ou de la science de Kama lui-même. En outre, ce n’est pas seulement dans ce cas particulier, mais dans beaucoup d’autres, que, la pratique de la science étant connue de tous, quelques-uns seulement connaissent les règles et les lois sur lesquelles la science est basée. Ainsi les Yadnikas ou sacrificateurs, quoique ignorants de la grammaire, emploient des mots appropriés en s’adressant aux différentes divinités, et ne savent pas comment ces mots s’écrivent. Ainsi encore telles et telles personnes remplissent leurs devoirs à tels ou tels jours propices fixés par l’astrologie, sans être initiées à la science astrologique.
De même les conducteurs de chevaux et d’éléphants entraînent ces animaux sans connaître la science de l’entraînement, mais uniquement par la pratique. Pareillement encore le peuple des provinces les plus éloignées obéit aux lois du royaume par pratique, et parce qu’il y a un Roi au-dessus de lui, sans autre raison. Et nous savons par expérience que certaines femmes, telles que les filles des princes et de leurs ministres, et les femmes publiques, sont réellement versées dans les Kama Shastra.
Une femme, conséquemment, doit apprendre les Kama Shastra, ou tout au moins une partie, en étudiant leur pratique sous la direction de quelque amie intime. Elle doit étudier seule, en son particulier, les soixante-quatre pratiques qui appartiennent aux Kama Shastra. Son institutrice sera l’une des personnes suivantes, savoir : la fille de sa nourrice qui aura été élevée avec elle et sera déjà mariée, ou une amie digne de toute confiance, ou la sœur de sa mère (c’est-à-dire sa tante maternelle), ou une vieille servante, ou une mendiante qui aura précédemment vécu dans la famille, ou sa propre sœur, à qui elle peut toujours se confier.
Elle devra étudier les arts suivants, de concert avec les Kama sutra :
1. Le chant.
2. La musique instrumentale.
3. La danse.
4. L’association de la danse, du chant et de la musique instrumentale.
5. L’écriture et le dessin.
6. Le tatouage.
7. L’habillement et la parure d’une idole avec du riz et des fleurs.
8. La disposition et l’arrangement de lits ou couches de fleurs, ou de fleurs sur le sol.
9. La coloration des dents, des vêtements, des cheveux, des ongles et des corps ; c’est-à-dire leur teinture, leur coloris et leur peinture.
10. La fixation de verres de couleur sur un plancher.
11. L’art de faire les lits et d’étendre les tapis et coussins pour se reposer.
12. Le jeu de verres musicaux remplis d’eau.
13. L’emmagasinage et l’accumulation de l’eau dans les aqueducs, citernes et réservoirs.
14. La peinture, l’arrangement et la décoration.
15. La confection de rosaires, colliers, guirlandes et couronnes.
16. Le façonnage de turbans et de chapelets, d’aigrettes et nœuds de fleurs.
17. Les représentations scéniques. Les exercices de théâtre.
18. La confection d’ornements d’oreilles.
19. La préparation de parfums et d’odeurs.
20. L’habit et l’arrangement des bijoux et décorations, et la parure dans l’habillement.
21. La magie ou sorcellerie.
22. L’agilité ou adresse de la main.
23. L’art culinaire.
24. La préparation de limonades, sorbets, boissons acidulées et extraits spiritueux avec parfums et coloris convenables.
25. L’art du tailleur et la couture.
26. La confection de perroquets, fleurs, aigrettes, glands, bouquets, balles, nœuds, etc., en laine ou en fil.
27. La solution d’énigmes, logogriphes, mots couverts, jeux de mots et questions énigmatiques.
28. Un jeu, qui consiste à répéter des vers : lorsqu’une personne a fini, une autre personne doit commencer aussitôt, en répétant un autre vers dont la première lettre doit être la même que la dernière du vers par où a fini le précédent récitateur ; quiconque manque de répéter est considéré comme perdant et obligé de payer un forfait ou de laisser son enjeu.
29. L’art de la mimique ou imitation.
30. La lecture, y compris le chant et l’intonation.
31. L’étude des phrases difficiles à prononcer. C’est un exercice qui sert d’amusement surtout aux femmes et aux enfants : étant donné une phrase difficile, qu’il faut répéter rapidement, les mots sont souvent transposés ou mal prononcés.
32. L’exercice de l’épée, du bâton simple, du bâton de défense, de l’arc et des flèches.
33. L’art de tirer des inférences, de raisonner ou inférer.
34. La menuiserie, ou l’art du menuisier.
35. L’architecture, ou l’art de bâtir.
36. La connaissance des monnaies d’or et d’argent, des bijoux et pierres précieuses.
37. La chimie et la minéralogie.
38. Le coloriage des bijoux, pierres précieuses et perles.
39. La connaissance des mines et carrières.
40. Le jardinage ; l’art de traiter les maladies des arbres et des plantes, de les entretenir et de déterminer leur âge.
41. La conduite des combats de coqs, de cailles, de béliers.
42. L’art d’instruire à farter les perroquets et les sansonnets.
43. L’art d’appliquer des onguents parfumés sur le corps, d’imprégner les cheveux de pommades et de parfums et de les tresser.
44. L’intelligence des écritures chiffrées et l’écriture des mots sous différentes formes.
45. L’art de parler en changeant la forme des mots. Cela se fait de diverses manières. Les uns changent le commencement et la fin des mots ; les autres intercalent des lettres parasites entre chaque syllabe d’un mot, etc.
46. La connaissance des langues et des dialectes provinciaux.
47. L’art de dresser des chariots de fleurs.
48. L’art de tracer des diagrammes mystiques, ou de préparer des charmes et enchantements, et de nouer des bracelets.
49. Les exercices d’esprit, tels que de compléter des stances ou des versets dont vous n’avez qu’une partie ; ou de suppléer une, deux ou trois lignes lorsque les autres lignes ont été prises au hasard dans différents versets, de manière à faire du tout un verset complet pour le sens ; ou d’arranger les mots d’un verset qu’on aurait irrégulièrement écrit en séparant les voyelles des consonnes ou en les omettant tout à fait ; ou de mettre en vers ou en prose des phrases représentées par des signes ou des symboles. Il y a une foule d’exercices de ce genre.
50. La composition des poèmes.
51. La connaissance des dictionnaires et vocabulaires.
52. L’art de changer et de déguiser l’apparence des personnes.
53. L’art de changer l’apparence des choses, comme de faire prendre du coton pour de la soie, des objets grossiers et communs pour des objets fins et rares.
54. Les différentes sortes de jeu.
55. L’art d’acquérir la propriété d’autrui par voie de mantras ou enchantements.
56. L’adresse aux exercices juvéniles.
57. La connaissance des usages sociaux, et l’art de présenter aux autres ses respects et compliments.
58. La science de la guerre, des armes, des armées, etc.
59. L’art de la gymnastique.
60. L’art de deviner le caractère d’un homme par les traits de son visage.
61. L’art de scander ou de construire des vers.
62. Les récréations arithmétiques.
63. La confection des fleurs artificielles.
64. La confection de figures et images en argile.
Une femme publique, douée de bonnes dispositions, ayant de la beauté jointe à d’autres attraits, et, aussi, versée dans les arts ci-dessus, reçoit le nom de Ganika, ou femme publique de haute qualité ; elle a droit, dans une société d’hommes, à un siège d’honneur. Toujours respectée par le Roi et louangée par les lettrés, ayant ses faveurs recherchées de tous, elle devient l’objet de la considération universelle. Pareillement, la fille d’un roi, comme celle d’un ministre, si elle possède les arts ci-dessus, peut s’assurer la préférence de son époux, alors même que celui-ci aurait des milliers d’autres femmes. Ajoutez à cela que si une femme vient à être séparée de son mari et tombe en détresse, elle peut gagner aisément sa vie, même à l’étranger, grâce à la connaissance de ces arts. Leur connaissance seule est un attrait pour une femme, bien que leur pratique soit seulement possible dans telles ou telles circonstances. Un homme versé dans ces arts, parlant agréablement et au fait des procédés de la galanterie, conquiert vite le cœur des femmes, même après un temps très court de relations.
Un homme instruit de la sorte, et possesseur d’une fortune qu’il peut avoir acquise par don, conquête, opérations de commerce, dépôt ou héritage de ses ancêtres, doit devenir chef de maison, et mener la vie de citoyen. Il prendra une maison dans une ville ou un grand village, ou dans le voisinage d’honnêtes gens, ou dans un lieu fréquenté par un grand nombre de personnes. Cette résidence sera située près d’un cours d’eau, et divisée en différents compartiments pour divers objets. Elle sera entourée d’un jardin, et contiendra deux appartements, l’un extérieur, l’autre intérieur. L’appartement intérieur sera occupé par les femmes ; l’autre, embaumé de riches parfums, renfermera un lit, moelleux, agréable à l’œil, couvert d’un drap de parfaite blancheur, jeu élevé vers le milieu, surmonté de guirlandes et de faisceaux de fleurs, avec un baldaquin au-dessus, et deux oreillers, l’un à la tête, l’autre au pied. Il y aura aussi une sorte de sofa ou lit de repos, et à la tête une crédence où seront placés les onguents parfumés pour la nuit, des fleurs, des pots de collyre et autres substances odoriférantes, les essences servant à parfumer la bouche et des écorces de citron commun. Près de ce sofa, sur le plancher, un crachoir, une boîte à parures, et aussi un lit pendu à une défense d’éléphant, une table à dessiner, un pot de parfums, quelques livres et des guirlandes d’amarantes jaunes. Un peu plus loin, et sur le plancher, il doit y avoir un siège rond, une boîte à jeux et une table à jouer aux dés ; en dehors de l’appartement extérieur seront des volières, et une salle séparée pour filer, sculpter le bois et autres semblables divertissements.
Dans le jardin, il y aura une balançoire tournante et une ordinaire ; puis un berceau de plantes grimpantes couvert de fleurs, avec un banc de gazon pour s’asseoir.
Levé dès le matin, le chef de maison, après s’être occupé des devoirs indispensables, se lavera les dents, s’appliquera sur le corps, en quantité modérée, des onguents et des parfums, mettra du collyre sur ses paupières et sous ses yeux, colorera ses lèvres avec de l’alacktaka, et se regardera dans le miroir. Puis, ayant mangé des feuilles de bétel et d’autres choses qui parfument la bouche, il vaquera à ses affaires habituelles.
Chaque jour, il prendra un bain, de deux jours l’un s’oindra le corps avec de l’huile, tous les trois jours s’appliquera sur le corps une substance mousseuse, se fera raser la tête (visage compris) tous les quatre jours, et les autres parties du corps tous les cinq ou dix jours. Tout cela doit être ponctuellement exécuté ; il aura soin, également, de faire disparaître la sueur des aisselles. Il prendra ses repas dans la matinée, dans l’après-midi, et encore le soir, comme le prescrit Charayana. Après déjeuner, il s’occupera d’apprendre à parler à des perroquets et autres oiseaux ; puis viendront les combats de coqs, de cailles et de béliers. Un temps limité sera consacré à des divertissements avec des Pithamardas, des Vitas et des Vidushakas ; ensuite il fera la sieste de midi.
Puis, le chef de maison, s’étant revêtu de ses habits et ornements, passera l’après-midi à converser avec ses amis.
Le soir, on chantera. Enfin, le chef de maison, en compagnie l’un ami, attendra dans sa chambre, préalablement décorée et parfumée, la venue de la femme qui peut lui être attachée, ou bien lui enverra une messagère, ou ira lui-même la trouver. Lorsqu’elle sera arrivée, lui et son ami lui souhaiteront la bienvenue et la récréeront par des propos aimables et plaisants. Telle sera la dernière occupation du jour. Voici les divertissements et amusements auxquels on se livrera de temps à autre :
1. Festivals en l’honneur de différentes divinités.
2. Réunions de société des deux sexes.
3. Parties à boire.
4. Pique-niques.
5. Autres divertissements de société.
Festivals
A certain jour particulièrement propice, une assemblée de citoyens devra se tenir dans le temple de Saraswati. Ce sera alors l’occasion d’éprouver le talent des chanteurs ou autres artistes qui auront pu venir dans la ville, et le lendemain il y aura toujours une distribution de récompenses. On pourra ensuite les retenir ou les renvoyer, selon que l’assemblée aura ou non goûté leurs exercices. Les membres de l’assemblée devront agir de concert en temps de détresse comme en temps de prospérité ; et c’est aussi le devoir de ces citoyens de donner l’hospitalité aux étrangers qui auront pu venir dans l’assemblée. Ceci s’applique, bien entendu, à tous les autres festivals qui peuvent être célébrés en l’honneur des différentes divinités, conformément aux présentes règles.
Réunions de société
Lorsque des hommes de même âge, dispositions et talents, ayant le goût des mêmes plaisirs, avec le même degré d’éducation, se réunissent en compagnie de femmes publiques, ou dans une assemblée de citoyens, ou au domicile d’un des deux, pour y tenir ensemble d’agréables conversations, cela s’appelle une réunion de société. On s’y amuse notamment à compléter des vers à moitié composés par d’autres, et à éprouver l’instruction de chacun dans les différents arts.
Les femmes d’une grande beauté, ayant des goûts analogues à ceux des hommes et des attraits propres à captiver les cœurs, ne manquent pas d’être honorées dans ces réunions.
Parties à boire
Hommes et femmes doivent boire dans les maisons les uns des autres. Et alors les hommes feront boire aux femmes publiques, et boiront eux-mêmes des liqueurs telles que le Madhou, l’Aireya, le Sara et l’Asawa, qui sont de goût amer et sur ; et aussi d’autres boissons faites avec les écorces de différents arbres, des fruits et des feuilles sauvages.
Promenades aux jardins, ou pique-niques
Dans la matinée, les hommes, après s’être habillés, se rendront à cheval aux jardins, accompagnés de femmes publiques et suivis de domestiques. Ils vaqueront à aux exercices convenables, passeront le temps en agréables distractions, telles que combats de cailles, de coqs et de béliers, et autres spectacles ; puis ils s’en retourneront chez eux dans l’après-midi, en rapportant des bouquets de fleurs, etc.
De la même façon, en été, ils iront se baigner dans une eau dont préalablement on aura retiré les animaux méchants ou dangereux, et qui aura été empierrée de tous côtés.
Autres divertissements de société
Passer les nuits à jouer aux dés. Se promener au clair de lune. Célébrer une fête en honneur du printemps. Cueillir les bourgeons et les fruits du manguier. Manger les fibres du lotus. Manger les épis le blé tendres. Faire des pique-niques dans les forêts quand les arbres revêtent leur nouveau feuillage. L’Udakakshvedika, ou exercice dans l’eau. Se décorer mutuellement avec les fleurs de certains arbres. Se battre avec les fleurs de l’arbre Kadamba ; et une foule d’autres exercices connus dans tout le pays, ou particuliers à certaines provinces.
Ces amusements et d’autres semblables seront toujours en usage parmi les citoyens. Ils seront, notamment, goûtés par un homme qui se divertit seul avec une courtisane, ou bien par une courtisane qui se récrée de même en compagnie de servantes ou de citoyens.
Un Pithamarda est un homme sans fortune, seul dans le monde, dont l’unique propriété consiste dans son Mallika, quelque substance mousseuse, et un habit rouge ; qui vient d’une bonne contrée, et qui est habile dans tous les arts : en enseignant ces arts, il est repu dans la compagnie des citoyens et dans les demeures des femmes publiques.
Un Vita est un homme qui jouit des avantages de la fortune : compatriote des citoyens avec lesquels il se lie, possédant les qualités d’un chef de maison, ayant sa femme avec lui, il est honoré dans l’assemblée des citoyens et dans les demeures des femmes publiques, dont l’assistance le fait vivre.
Le rire est un personnage versé seulement dans quelques arts, un amuseur bien vu de tout le monde.
Ces différentes personnes servent d’intermédiaires dans les querelles et réconciliations entre citoyens et femmes publiques.