Le sourire dans tous ses états - Martine Zisserman - E-Book

Le sourire dans tous ses états E-Book

Martine Zisserman

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Beschreibung

Un livre qui vous donnera envie de sourire !

Nous sourions en moyenne 20 fois par jour. Véritable anti-stress, stimulateur de l’activité cérébrale, « booster » du système immunitaire, le sourire renvoie une image de soi plus jeune, et plus positive.
Passionnée par son métier de chirurgien-dentiste, Martine Zisserman a fait de l’esthétique du sourire sa spécialité. À travers cet ouvrage, l’auteure partage, souvent avec humour, son expérience, son savoir et ses découvertes sur le sourire, sa symbolique, son impact mais aussi des conseils méconnus et malins pour en prendre soin.

Un ouvrage « feel good » passionnant, agrémenté de témoignages, qui vous fera découvrir toutes les facettes de l’un de nos plus précieux atouts !

EXTRAIT

On le connaît depuis toujours, on le rencontre chaque jour (ou presque), on le possède souvent (ou du moins je vous le souhaite !) et sa définition se limite généralement à une mimique. Bien que l’on connaisse tous l’adage selon lequel une image vaut mille mots, il serait convenable de débuter ce voyage au cœur du sourire par une définition plus traditionnelle. Qui est-il ? Le sourire est associé à deux racines latines provenant des mots Risus et Sub-ridere et qui s’accordent toutes les deux à dire que le sourire est intimement lié au rire. Pour le premier, il est un simple synonyme, parfois interchangeable et régulièrement dans l’ombre de l’autre. Pour le second, une traduction littérale le qualifie de « sous-rire », avec une forte connotation de hiérarchie qui n’est pas des plus justes, nous le comprendrons dans les chapitres qui suivent. Si le rire et le sourire vont de pair, peuvent-ils pour autant se confondre de la sorte ? Il suffit d’une nanoseconde de réflexion pour trouver une dizaine d’exemples pouvant contredire un tel argument. Si le rire peut être différent selon son intensité, sa cause, sa durée ou l’individu chez qui il apparaît, le sourire est quant à lui, une source quasi intarissable d’interprétations. Et même le dictionnaire rencontre une certaine difficulté à le définir clairement…

À PROPOS DE L'AUTEUR

Depuis toujours, Martine Zisserman est consciente de l’importance du sourire. Sa passion est devenue son métier, et après plus de trente années d’exercice en tant que dentiste, elle complète son activité en formant ses confrères européens à l’esthétique dentaire, en particulier à la pose de facettes pelliculaires (plus de 5000 poses réalisées à ce jour).

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Dr Martine Zisserman

LE SOURIRE DANS TOUS SES ÉTATS

A Gabrielle, ma mère, qui a été la première à me sourire,à ma naissance,

A Gary, mon fils, qui m’a dédié son premier sourire,

A jean Claude, mon époux, qui m’a séduite grâce à son sourire,

A mes amis, qui me font passer du sourire au rire,

A patients,auquels j’ai redonné le sourire!

« Et toi qu’est-ce que tu voudrais faire quand tu seras grande ? »

Ma réponse à cette question changeait chaque année. De danseuse étoile à star d’Hollywood comme Marylin Monroe ou Nathalie Wood, mon enfance fut rythmée par ces rêves déterminés et plein d’innocence. Toutes ces vocations, aussi variées qu’éphémères, avaient un point commun : faire sourire les gens. En grandissant, les projets ambitieux et farfelus de la petite fille que j’étais, disparurent mais l’intention resta la même et c’est finalement en devenant dentiste que je pus l’accomplir.

En plus de trente ans d’exercice, les dents sont devenues des « associées » et le sourire, une véritable quête du quotidien. Lorsque je me suis installée, j’ai très rapidement compris que beaucoup des problèmes bucco-dentaires dont souffraient mes patients, tels que les caries ou les déchaussements des dents, étaient directement liés à diverses bactéries. Des bactéries qui, pour certaines, se développaient de façon pathologique mais que l’on pouvait prévenir et traiter. En poursuivant d’autres formations, je me suis perfectionnée dans des traitements pour maintenir les dents en bonne santé et pour longtemps. Mais cela suffisait-il ? Garder les dents de mes patients en bon état était une évidence mais qu’en était-il de leurs sourires ? À une époque où l’esthétisme n’est plus complémentaire mais primordial, comment obtenir un sourire sain et beau ? Pendant longtemps, avoir de « belles » dents était souvent synonyme de pratiques douloureuses et allant à l’encontre de mes principes. Mutiler des dents saines simplement pour modifier leur apparence ? Il en était hors de question !

C’est en me rendant à un séminaire organisé par la firme américaine DENMAT en 2005 que je découvris l’outil qui me mènerait vers une toute nouvelle aventure professionnelle et humaine : les facettes pelliculaires« LUMINEERS ». Ce concept révolutionnaire n’était pourtant pas si novateur. En effet, ces facettes existaient depuis 1982 aux États-Unis mais n’avaient jamais été distribuées en France. Il me fallut quelques minutes pour réaliser que cette technique se devait d’être proposée aux patients français. En écoutant attentivement les explications de pose et en observant les résultats obtenus, je m’imaginais les dizaines de cas qui pourraient bénéficier de ce traitement et les centaines de patients à qui on pourrait offrir une nouvelle raison de sourire.

L’année suivante, je partis à Chicago afin de suivre une formation complète et qui me permit de découvrir, après trente-six ans de pratique, une « facette » inattendue de mon métier.

En 2008, lorsque DENMAT commença à exporter les LUMINEERS en France, je fus choisie pour former à mon tour mes confrères. En quittant mon cabinet un jour par mois, je me lançais à la rencontre de ceux avec qui je partageais non seulement ma profession mais aussi l’envie de proposer aux patients une solution indolore, durable et respectueuse des dents. Nous avions enfin trouvé le moyen d’allier l’esthétisme et la santé bucco-dentaire.

À ce jour, j’ai transmis ce savoir-faire à plus de 2 000 confrères installés dans toute la France et j’ai personnellement traité de nombreux patients, avec plus de 5 000 facettes posées. J’ai également contrecarré l’idée selon laquelle le chemin pour se rendre chez le dentiste devait forcément se faire à reculons : l’enthousiasme de mes patients en est le meilleur démenti !

Si la pose en elle-même reste similaire voire identique, chaque cas est unique et notamment par l’histoire qui se cache derrière chacune des interventions que j’ai pu pratiquer. Depuis douze ans, j’ai rencontré des patients aux récits multiples, allant d’un simple souhait d’avoir une dentition plus homogène au désir de pouvoir montrer ses dents avec assurance. Certains eurent besoin d’une ou deux facettes afin de corriger un sourire qui était déjà satisfaisant, d’autres suivirent des traitements complets qui leur permirent d’ouvrir (enfin) la bouche sans gêne. Chaque patient fut non seulement une prouesse technique mais une aventure humaine où je m’échappais parfois de la dentisterie pour effleurer la psychologie.

C’est à travers ces patients que j’ai pris conscience de l’importance du sourire et de tous ses aspects : ce qu’il pouvait représenter dans les relations personnelles et professionnelles, ce qu’il incarnait vis-à-vis des autres mais avant tout vis-à-vis de soi-même, ce qu’il apportait au quotidien et comment il pouvait, bien au-delà d’un confort esthétique, procurer un réel bien-être et permettre à beaucoup de changer leur regard, de changer leur vie.

Est-ce étonnant qu’un japonais vous présente ses condoléances en souriant ? Pourquoi Leonardo DiCaprio sourit-il lorsqu’il ne gagne pas l’Oscar ? Les fraises ont-elles une incidence sur la blancheur de vos dents ? Combien de fois peut-on sourire dans une journée si on habite à Londres ? La Joconde voudrait-elle faire passer un message par son rictus légendaire ? Est-ce que votre chien vous sourit-il vraiment ou essaye-t-il juste d’avoir plus de croquettes ? Qui de la vendeuse ou du guichetier vous sourira en premier quand vous poussez la porte d’une boutique ou de la banque ? Que faisait Louis XIV quand il avait une carie ? Pourquoi le sourire de votre adversaire vous énerve alors que celui de votre ami vous rassure ? Quel est le rapport entre votre sourire et votre pot de crème anti-âge que vous gardez précieusement dans un compartiment de votre frigo ?

En se plongeant à la fois dans son histoire, son évolution, son fonctionnement et son rôle dans notre société actuelle, j’ai fait des découvertes étonnantes et merveilleuses qui m’ont menée vers une autre réflexion : pourquoi ne pas partager tout cela ? J’ai alors posé ma turbine et pris la plume (ou en réalité le clavier…).

En écrivant ce livre, j’ai souhaité réunir tout ce que j’avais pu apprendre sur celui que nous côtoyons chaque jour et dont nous ignorons souvent la portée. Qu’est-ce qui différencie un sourire d’un autre ? Sourit-on depuis la nuit des temps ? Quelles sont les causes qui le provoquent ? Pourquoi Mona Lisa ne montre-t-elle pas ses dents ? Quel impact le sourire a sur notre tempérament ? Qu’est-ce qui le rend beau et attrayant ? Et tout d’abord qu’est-ce qu’un beau sourire ? Celui de Tom Cruise dans Top Gun ou celui (peut-être moins parfait) qui fait naître par son charme singulier une émotion ?

Enfin, c’est au cœur de mon cabinet parisien que j’ai terminé ce voyage en dévoilant le sourire (mais pas le reste !) de quelques patients traités au cours de ces dernières années et sans qui ce projet n’aurait sans doute pas vu le jour.

La petite fille qui souhaitait donner le sourire aux gens est allée au bout de ses rêves mais se pose une dernière question : aura-t-elle le vôtre à la fin de ce livre ?

Qu’est-ce que le sourire ? Pourquoi sourit-on ?Étude physiologique et psychologique

On le connaît depuis toujours, on le rencontre chaque jour (ou presque), on le possède souvent (ou du moins je vous le souhaite !) et sa définition se limite généralement à une mimique. Bien que l’on connaisse tous l’adage selon lequel une image vaut mille mots, il serait convenable de débuter ce voyage au cœur du sourire par une définition plus traditionnelle. Qui est-il ? Le sourire est associé à deux racines latines provenant des mots Risus et Sub-ridere et qui s’accordent toutes les deux à dire que le sourire est intimement lié au rire. Pour le premier, il est un simple synonyme, parfois interchangeable et régulièrement dans l’ombre de l’autre. Pour le second, une traduction littérale le qualifie de « sous-rire », avec une forte connotation de hiérarchie qui n’est pas des plus justes, nous le comprendrons dans les chapitres qui suivent. Si le rire et le sourire vont de pair, peuvent-ils pour autant se confondre de la sorte ? Il suffit d’une nanoseconde de réflexion pour trouver une dizaine d’exemples pouvant contredire un tel argument. Si le rire peut être différent selon son intensité, sa cause, sa durée ou l’individu chez qui il apparaît, le sourire est quant à lui, une source quasi intarissable d’interprétations. Et même le dictionnaire rencontre une certaine difficulté à le définir clairement…

Le Larousse décrit le sourire comme une « expression rieuse, marquée par de légers mouvements du visage, et en particulier un élément de la bouche, qui indique le plaisir, la sympathie, l›affection… ». Quant au rire, il est défini par l’action de rire, c’est-à-dire par le fait de « manifester une gaieté soudaine par l›expression du visage et par certains mouvements de la bouche et des muscles faciaux, accompagnés d›expirations plus ou moins saccadées et bruyantes ». Ainsi, l’une des différences fondamentales entre le rire et le sourire serait le son émis ? En effet, si on décrit le sourire comme un degré inférieur à celui du rire, c’est simplement parce qu’il est pour beaucoup, l’étape qui le précède. On imagine aisément qu’avant d’éclater de rire suite à une situation comique, une histoire drôle ou une scène humoristique d’un film, notre visage va se tendre et émettre la plus distinguée des grimaces : le sourire. Et même si ce dernier ne dure que quelques centièmes de secondes, c’est bien lui qui donne naissance au rire. Le sourire ne serait-il alors qu’un jeune artiste en première partie d’une star adulée de tous ? Serait-il comme ces publicités que l’on est obligé de regarder avant de pouvoir visionner une vidéo sur YouTube ? Certainement pas !

Le sourire est un concept qui abrite un nombre important de nuances, chacune porteuse d’un message bien particulier. Alors que le rire est associé à la gaieté, le sourire apparait dans une multitude de cas et exprime des émotions variées pouvant être opposées les unes aux autres. Avez-vous déjà essayé de dénombrer les types de sourires ? Celui que l’on fait à la boulangère lorsqu’elle nous tend notre pain au chocolat, celui qu’on tente de cacher à la vue de cette fille qui ne nous laisse pas insensible, celui qui surgit lorsque l’on est témoin de la chute d’une personne en pleine rue, celui qui manifeste notre empathie à la vue d’une circonstance malheureuse ou encore celui qui semble vouloir sortir de notre mâchoire à la suite d’une victoire durement remportée (notamment lors des matchs de football disputés sur console de jeux ou d’une remise d’Oscar). Le psychologue américain de renom Paul Ekman, spécialiste des expressions faciales et des émotions, dénombre pas moins de dix-neuf sortes de sourire. Le sourire est donc pluriel à la fois par le nombre important d’émotions qu’il peut exprimer mais aussi par le fait que chaque personne possède le sien (ou même les siens !)

Le sourire fait ainsi partie des expressions non-verbales qui en disent beaucoup ! Une sorte de langage silencieux mais qui génère un certain mystère et beaucoup d’interprétations : on se demande d’ailleurs souvent qu’est ce qui se cache derrière tel ou tel sourire. Avant de se plonger dans son histoire et ses différentes formes, intéressons-nous tout d’abord à son mécanisme. Nos expressions faciales sont perçues grâce à une trentaine de muscles situés sur l’ensemble de notre visage et qui en contrôle les différentes parties. Cligner des yeux, faire la moue, remuer son nez comme Samantha Stephens l’inimitable Sorcière Bien-Aimée ou encore hausser les sourcils, tous ces mouvements nécessitent l’intervention de plusieurs muscles. Bien qu’elles puissent vous paraître naturelles et instinctives (ce qui est en partie le cas), ces mimiques sont le fruit d’un brillant mécanisme. Pour apparaître sur le visage, le sourire fait fonctionner dix-sept muscles dont les zygomatiques. Le grand zygomatique se contracte sous la joue et permet de surélever le coin des lèvres. Le petit zygomatique est quant à lui situé devant son « aîné » et c’est lui qui tire la lèvre supérieure pour laisser apparaître les dents de devant. D’autres muscles sont mis en action comme le risorius que l’on appelle aussi communément « le muscle du sourire de la Joconde » puisqu’il provoque le sourire en coin. Selon les muscles utilisés, on peut déceler l’authenticité du sourire et percevoir s’il est naturel ou plutôt forcé. Certains sourires peuvent, à long terme, marquer le visage et la peau comme celui qui est à l’origine des pattes d’oies aux abords des yeux. N’en déplaise à la médecine esthétique et aux crèmes antirides qui peuplent les présentoirs des rayons cosmétiques, un visage portant les traces d’une vie entière à sourire sera toujours plus radieux que celui d’une poupée de cire !

Puisque le mécanisme du sourire est géré par un ensemble de muscles qui s’accordent entre eux à la façon d’un orchestre philharmonique, quel élément les déclenche ? Qui est leur chef d’orchestre ? Pour le trouver, il faut se rendre vers la septième paire de nerfs crâniens que l’on appelle aussi plus communément les nerfs faciaux. Ces nerfs sont divisés en trois branches qui sont elles-mêmes divisées à nouveau en sous-branches qui dirigent les muscles du haut, du centre et du bas du visage. On doit par ailleurs l’harmonie des mouvements du visage à la somatotopie du cortex moteur. Bien que chaque muscle soit soumis à plusieurs commandes motrices, ils font tous preuve d’une extrême précision et permettent ainsi à l’individu de contrôler ses mimiques. On remarque que le haut du visage est beaucoup moins mobile que le bas qui peut, lui, distinguer ses deux côtés et les faire bouger de façon distincte.

Tous différents, les sourires nécessitent-ils alors les mêmes muscles ? Le neurologue français Duchenne de Boulogne1 étudie dès le xixe siècle les expressions du visage qu’il stimule notamment à l’aide de l’électricité. Premier médecin à avoir découvert et déterminé les muscles faciaux, il démontre que selon l’origine du sourire, certains muscles sont utilisés. Dans le cas d’un sourire forcé ou de politesse, c’est le grand zygomatique qui est contracté alors qu’un sourire spontané et provoqué par une émotion de joie, nécessite également certains muscles liés aux yeux. Ces muscles ne pouvant être commandés de façon arbitraire, ils prouvent ainsi l’authenticité du sourire. Une question se pose alors : si les sourires semblent être des réflexes, pourquoi sommes-nous capables de sourire de façon non spontanée ?

Le sourire (tout comme les autres expressions faciales) peut être causé par trois formes d’émotion.

La première est l’émotion réelle qui apparaît spontanément et que l’on rencontre au quotidien : lorsque l’on voit un ami dans la rue, en regardant un film qui nous fait sourire, devant un enfant attendrissant, lors d’un moment agréable en famille ou entre amis. Dans ces cas, le sourire arrive de façon automatique et parfois sans que l’on s’en rende compte. On retrouve aussi cette forme de spontanéité dans d’autres émotions comme la peur ou la surprise qui peuvent alors modifier notre timbre de voix ou notre gestuelle.

La seconde découle de la première mais avec un degré différent : l’expression est véritable mais l’individu cherche à la masquer. Ce genre d’émotion est très courant et nous permet de contrôler l’image que l’on renvoie aux autres. N’avez-vous jamais fait semblant d’être aux anges à l’ouverture d’un cadeau d’anniversaire du plus mauvais goût ? Ou de sourire lorsque votre patron vous montre la photo de son nouveau-né qui ne ressemble pas tout à fait à un chérubin ? Dans ces cas, nous faisons généralement appel au talent d’acteur qui sommeille en chacun de nous et il suffit de quelques secondes pour enfiler le masque qui empêchera tout incident diplomatique. On remplace alors une émotion par une mimique et l’honneur est sauf.

La troisième catégorie d’émotion est une version plus avancée qui au lieu de remplacer, cache. On retrouve ce phénomène notamment lors de moments où nous devons dissimuler une émotion très forte et contenir une réaction qui doit demeurer imperceptible. Prenons l’exemple d’un jeune homme amoureux qui, à la vue de celle qu’il convoite, tente de ne pas rougir ou d’un étudiant qui se fait réprimander par son professeur mais qui retient sa colère. Dans de tels cas, l’émotion est si forte qu’il n’est pas toujours possible de faire semblant : on se contente alors de refréner et d’amoindrir cette réaction qui nous envahit. En d’autres termes, on sauve les meubles ! Pour la plupart des gens, il est difficile de distinguer avec certitude la véracité d’un sourire à moins de très bien connaître la personne ou d’être un profiler au service du FBI.

Outre les dix-neuf sortes de sourires répertoriées par Dr Paul Ekman, les plasticiens identifient trois types de sourire avec chacun des caractéristiques bien spécifiques.

Il y a tout d’abord le sourire commissural. C’est le plus courant et il représente près de 70% des sourires. Il relève les commissures vers l’extérieur et la lèvre supérieure se hisse pour laisser apparaître les dents du haut. Il donne l’impression d’un sourire naturel et spontané à l’image de son collègue le sourire cuspidé. Plus rare mais tout aussi charmant, ce dernier active principalement les muscles de la lèvre supérieure et dévoile les incisives et les canines. Dans ce type de sourire, les commissures ne se déplacent que dans un second temps et restent généralement en dessous de la lèvre. Enfin, le sourire complexe ne fait pas de distinction et montre toutes les dents ! Il est plus inhabituel puisqu’il contracte simultanément toutes les parties de la bouche : les muscles de la lèvre supérieure et inférieure ainsi que les coins des lèvres sont mis en action au même moment pour un sourire qui laisse à penser qu’il est parfois un peu forcé…

Très répandu dans l’inconscient contemporain, le sourire « Ultra Brite2 » n’est pourtant pas classifié de façon officielle. Son nom provient d’une publicité des années 1980 mettant en scène un homme prêt à sauter du haut d’une falaise pour récupérer l’œillet que sa dulcinée avait lancé. Il finit par récupérer la fleur entre ses dents blanches comme neige. Son secret ? Le dentifrice blanchissant Ultra Brite qui en plus d’un sourire éclatant, fera de vous un héros des temps modernes. À la façon du Père Noël en habit rouge de Coca-Cola, le sourire Ultra Brite est devenu en quelques années un véritable mythe issu d’un marketing bien pensé et bien maîtrisé.

Résultat d’une totale concordance entre notre cerveau et les muscles de notre visage, le sourire exprime les premiers messages que l’on désire transmettre aux autres. S’il est pour certain un langage universel, nous verrons dans les prochains chapitres que ce n’est pas toujours le cas. De la même façon qu’un sourire peut être interprété de plusieurs façons différentes, l’acte en lui-même possède des codes et des usages variés selon certains pays et certaines communautés. De nombreux scientifiques, et notamment Charles Darwin dans son livre L’Expression des émotions chez l’homme et les animaux, ont démontré que les émotions avaient un caractère universel : la peur, la joie, la stupeur, la colère et bien d’autres se retrouvent dans la quasi-totalité des ethnies avec cependant quelques nuances selon les us et coutumes. Il en est de même pour le sourire qui n’est étranger à aucune culture. Peut-on alors affirmer que le sourire est un réflexe qui se développe instinctivement depuis la naissance ou est-ce un usage que l’homme apprend à acquérir en grandissant ? En un mot, le sourire est-il un don du ciel ou un travail de longue haleine ?

Dans le cadre de ses études sur les expressions faciales, le Dr Paul Ekman s’intéressa à leur aspect culturel. À la fin des années 1970, il fit réaliser une série de portraits regroupant des individus de nationalités différentes et chacun exprimant des émotions telles que la joie, la colère, la tristesse, la surprise, la peur et le dégoût. Il montra ensuite ces photographies à un panel de sujets d’âges et de cultures variés en leur demandant de deviner quelle émotion était exprimée par les personnes photographiées. Les résultats ne laissèrent pas beaucoup de place au doute : la très grande majorité des sujets interrogés surent reconnaître la bonne émotion. Cette expérience lui permit d’ouvrir une brèche et de pousser son raisonnement en incluant d’autres critères plus avancés. Pour cela, il s’envola vers la Nouvelle-Guinée à la rencontre des peuples Papous et Wahgi. Accompagné des chercheurs Wallace V. Friesen et Phoabe Ellsworth, son intérêt se porta vers ces sujets pour différentes raisons. Tout d’abord, ces peuples vivaient depuis des siècles de façon isolée et étaient donc « immunisés » de toute influence occidentale qu’elle soit d’ordre culturel, éducatif ou historique. Ils représentaient ainsi les parfaits « cobayes » pour déterminer si les émotions et les expressions étaient propres à chacun ou universelles. Après leur avoir raconté une histoire, les sujets devaient exprimer l’émotion qui correspondait au sentiment ressenti. Puis, après avoir exprimé leurs propres émotions, on leur montrait les photographies des sujets américains de la première partie de l’expérience en leur demandant de déterminer quelle expression était la plus adéquate. Dans le prolongement de ce qui avait été affirmé par Charles Darwin et confirmé par Paul Ekman lors de ses premières expériences, les Papous et les Wahgi eurent la même interprétation des émotions que les sujets occidentaux. De retour aux États-Unis, les photographies de leurs expressions furent montrées à des étudiants américains : sans surprise, tout concordait.

Cette expérience permit de démontrer que le sourire, comme les autres émotions, est non seulement semblable dans toutes les cultures mais qu’il ne découle pas d’un apprentissage : il est inné ! La prochaine fois que vous tomberez sur une personne faisant la tête, tâchez de le lui rappeler !

L’universalité du sourire a également été démontrée chez des sujets âgés de seulement quelques jours ou quelques mois. En effet, des bébés nés malvoyants, malentendants ou parfois souffrant des deux handicaps furent observés. N’ayant pas la totalité de leurs sens, ces bébés étaient dans l’incapacité d’imiter. De la même façon que les peuples de Nouvelle-Guinée qui n’avaient pas subi l’influence des autres ethnies, ces bébés représentaient des sujets à la neutralité très intéressante dans le cadre de cette étude.

Les résultats ont démontré que chez les bébés souffrants d’un ou des deux handicaps, les premiers sourires surviennent au même âge que les autres bébés c’est-à-dire vers à la fin du premier mois environ. Mais je vous vois venir… Si votre enfant a souri dès ces premiers jours, il n’est pas une exception : on parle alors du « sourire aux anges » qui apparait généralement lorsque votre bébé dort et qui s’apparent en réalité à un réflexe et non à une volonté. N’ayez crainte, l’enfant prodige aura sûrement un autre talent !

Multiple chez l’adulte, le sourire l’est aussi chez l’enfant. Au fil de sa croissance et de son développement, le bébé va apprendre à maîtriser son sourire et à le différencier selon les situations. Selon le psychanalyste britannique John Bowlby3, il existe quatre stades de développement du sourire chez les nouveau-nés.

Le sourire spontané est celui que l’on décèle dès les premiers jours de la naissance4. Il est assez furtif et incomplet puisqu’il n’est pas produit par l’enfant suite à une émotion : c’est en réalité un réflexe comme lorsque le poing se lève ou la tête se tourne. Perçu pendant les trois premières semaines de l’enfant, il n’est pas le fruit d’une réaction et apparait de façon aléatoire et impromptue. De plus, c’est un sourire très « léger » et il vous faudra sûrement être l’un des deux parents (ou grands-parents tout au plus) pour le percevoir et s’en extasier. Non, votre enfant n’est pas bougon mais à cet âge, ses sens ne sont pas encore assez développés pour qu’il puisse véritablement répondre et avoir une interaction avec vous. C’est au cours de la quatrième ou cinquième semaine que l’on voit un changement opérer car le sourire devient plus expressif. Le bébé réagit alors à un son, une lumière, une voix, un toucher et aussi après un repas qu’il trouve à son goût ! Ce sont ses premiers pas vers la sociabilité : le sourire passe du réflexe inné et génétique à un comportement social dont il comprendra la portée tout au long de sa vie. Selon les études menées par John Bowlby, chez les bébés malvoyants ou malentendants comme chez les autres, ce type de sourire est identique. Nous verrons plus tard que ce n’est pas toujours le cas pour d’autres sourires.

Le sourire social non sélectif suit le sourire spontané. En effet, lorsque le bébé atteint quinze jours, les éléments physiologiques responsables de ces sourires réflexes s’atténuent et le nourrisson aura bien plus de chance de faire une risette à la vue d’un visage ou au son d’une voix. Bien qu’il ne soit pas toujours très prononcé, le sourire s’affirme de plus en plus au cours des mois qui suivent. Après avoir passé plusieurs jours à observer ce nouveau monde qui l’entoure, le bébé va se familiariser avec les visages et ce n’est qu’une fois qu’il les aura assimilés qu’il pourra leur sourire. Il cherchera un regard et lorsqu’il l’aura capté, ses zygomatiques se mettront en marche pour le plus grand bonheur de celui ou celle qui recevra ce sourire.