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"Les cent ciels – Et surtout le 7" est une compilation qui collige une sélection de 12 poèmes écrits à la fin des années soixante avec 100 textes récents de chansons dont certains ont eu le privilège d’être mis en musique. Laissez-vous aller au rythme de ces vers envoûtants qui certainement ne vous laisseront pas indifférents.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Alain Gauvrit, jusqu’ici reconnu comme romancier et nouvelliste, n’avait publié en poésie qu’un modeste recueil durant son adolescence intitulé "Les merveilleux nuages". Cet ouvrage lui permet d’élargir son horizon littéraire et de toucher un nouveau public.
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Seitenzahl: 126
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Alain Gauvrit
Les cent ciels
Et surtout le 7e
Recueil
© Lys Bleu Éditions – Alain Gauvrit
ISBN : 979-10-422-3386-0
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
– Des nouvelles d’Omer, Éditions Nombre7, novembre 2022 ;
– Libres courts, Éditions Nombre7, août 2022 ;
– Le secret de Roquetaillade, Éditions Nombre7, août 2020 – juin 2022 ;
– La veuve salisienne – récit historique, Éditions Nombre7, juin 2019 – juin 2022 ;
– La sténose – Une intelligence, un destin, Éditions Nombre7, juin 2018 – mai 2022, prix du roman 2019 à Nevers ;
– Folles nouvelles, Éditions Nombre7, août 2017 – mai 2022, prix du Jury Saint-Estèphe 2018, prix du Groupement des Écrivains-Médecins 2019 ;
– Le sanglier de Serre Caüte, Éditions Nombre7, janvier 2017 – avril 2022, médaille de la ville de Salies-de-Béarn 2017 ;
– Les gros orteils élastiqués, Éditions Nombre7, novembre 2021 ;
– Le tour d’Edmonde en 80 jours, Le Lys Bleu Éditions, juin 2023, prix spécial du Jury à la Bal (l) ade littéraire de Lons 2023 ;
– Trilogie Corse, Le Lys Bleu Éditions, février 2021 ;
– La sténose, Éditions Libre Label, avril 2016.
À Thierry Boye,
qui sait marier avec talent
ses notes avec mes mots
pour en faire nos chansons.
Poète des portées,
il me fait musicien des lignes…
Certains poèmes, réécrits pour être mis en musique, ont été reversés dans la partie « Chansons ».
D’autres, qui ont inspiré des chansons éponymes, ont été conservés dans cette partie « Poèmes ».
Le ciel a revêtu son grand manteau de bure
S’effilochant parfois en reflets azurés
Mais le vent vigilant vient panser ses blessures
Parsemant çà et là un soir prématuré
Un dernier cri d’oiseau accompagne son lied
Accrochant un dictame au dernier coin du jour
Une étoile se pend à l’horizon livide
Et la nuit peu à peu dévoile ses atours
Le Grand Théâtre est là, comme un sphinx accroupi
Sur ses douze colonnes et qui veille au passé
Restant indifférent à ces siècles impies
Qui posent sur son front un fardeau encrassé
Sur ce grand champ de blé que l’on nomme Quinconces
Il n’est qu’un seul épi qui se dresse, glorieux,
À jamais à l’abri des chardons et des ronces
Tant il est près, croit-on, de la porte des cieux
Dans le Palais Gallien, une blanche colombe
A traversé la nuit de son envol diaphane
Venant d’on ne sait où, elle va, outre-tombe,
Abreuver les Anciens de rumeurs océanes.
Aux portes de Bordeaux, la Garonne s’avance,
Élégamment parée de reflets argentés
Et le port de la Lune arbore avec prestance
Ce diadème pompeux qu’Ausone avait chanté
Sur la place Royale, la fontaine s’est tue
Et l’eau est maculée de chatoiements soyeux
Un semblant de clarté montre encore les statues
Qui versaient tout à l’heure un flot harmonieux
Les jardins sont emplis d’un silencieux murmure
Les ténèbres s’écoulent comme un suc du terroir
La cathédrale cache en sa hauteur obscure
Les dernières lueurs, gigantesque éteignoir
Dans les palus fertiles, les pampres s’assoupissent
Partout sur les coteaux tout s’endort et se tait
Des longs doigts du sommeil, un voile noir se tisse
Qui du cœur de Bordeaux s’enivre et se repaît.
Je t’aime
Bohème
Nom de ma liberté
Et je lève mon verre
De bière
Santé !
Que meure
Sur l’heure
Et sans secours aucun
Celui-là qui enchaîne
De haine
Quelqu’un
Sans doute
Il coûte
Et c’est bien éprouvant
De vivre à sa manière
Derrière
Devant
Mais double
Et trouble
Est notre Société
Attachés oui, mais libres
De vivre
Voûtés
Et l’homme
En somme
Est fait pour vivre ainsi
Mais avec ma bohème
Je t’aime
Aussi !
Qu’advient-il maintenant de vos deux corps ridés
Puisqu’il n’est plus le temps de vous faire l’amour
Que du plaisir des sens, vos deux êtres vidés
Aux douces tentations sont désormais bien sourds ?
Nos corps sont deux ballons tout gonflés de tendresse
Se vidant peu à peu de s’aimer chaque jour
Et leur infime souffle est comme une caresse
Qui fripe notre peau en quittant son séjour.
Pourquoi laisser vos doigts sur des photos jaunies
Effeuiller tristement les scènes du passé ?
Parce que nos souvenirs, sentant leur agonie,
N’acceptent pas toujours de se voir effacés.
Ils ont peur de la mort, du moins à ce qu’il semble !
Ils redoutent surtout de n’être plus ensemble.
Dans le couloir obscur
L’homme presse le pas
On le suit
Il le sent
Et il se cogne aux murs
Mais résiste et se bat
Qui le suit ?
C’est le Temps !
Marcher, courir, s’enfuir
Ne pas se retourner
On le suit
Il le sait
Souffrir, pleurer, gémir
Surtout ne pas tomber
Il me suit
Il me hait
Et un jour,
Il m’aura !
Baigne-toi, Polymnie, au flot de l’Hippocrène
Et rends grâce à Pégase
Et puis, de l’Hélicon, viens-t’en noyer ma peine
Me rendre mes extases
Présente-moi à celle que je ne connais pas
Mais qui hante mes rêves
Celle pour qui ma plume invente des appas
Qui sont autant de glaives
Elle lira ces mots, enviant le bel amour
Que le poète encense
Ne sachant même pas que c’est pour elle un jour
Qu’il souffrît en silence !
Comme un chien
Que l’on bat
Et qui ne geint
Ni se débat
Qui lèche, oublieux,
La main qui le frappe
Avec, du fond des yeux,
Un « pourquoi ? » qui s’échappe…
Ça fait mal d’être seul
Muselé, incompris,
Drapé d’un linceul
D’injuste mépris
De n’être aimé
De n’être rien
Qu’un paumé
Comme un chien !
Les aiguilles d’un réveil s’aimaient d’un amour tendre
Madame, des deux aiguilles, était la plus petite
Monsieur, ne vous déplaise, allait beaucoup plus vite
Hélas, pour se revoir, une heure fallait attendre
L’amour bouscule ici toutes les conventions
La courtoisie n’est plus, Madame attend Monsieur
« C’est lassant, disait-elle, des larmes au bord des yeux »
Mais le temps restait sourd à ses lamentations
Témoignant pour cela d’un admirable cran
Mademoiselle des secondes leur servait de facteur
S’envoyant des mots doux, tous deux attendaient l’heure
Où Monsieur bouclerait son long tour de cadran
Quand survenait enfin l’instant de la rencontre
En une douce étreinte, tous deux se confondaient
Mais à peine enlacés, elle se morfondait
Alors qu’il entamait un nouveau tour de montre
Qui pourrait supporter cette vie de saccades ?
Cette ronde devait finir par mal tourner
Le destin décida par une belle journée
Qu’il était enfin temps de stopper la balade
Et le tic-tac se tut, ce bourreau sans merci
Renonça pour toujours à son tempo barbare
Maintenant, à jamais, plus rien ne les sépare
Et ils peuvent s’aimer sans crainte ni souci
Arrêtés face à face, ils resteront unis
Les amants se marièrent à grand fracas de cloches
Mademoiselle des secondes vint les chercher en coche
Et, comme de coutume, cette histoire finit
Par beaucoup d’aiguillettes en manière d’enfants
Sans ressort, l’existence est réduite à néant
Concernant cette fable, il en fut autrement
Sa mort a, pour la vie, réuni les amants.
Elle a crié dans son sommeil, elle a crié
Mais son cri s’est ancré tout au bord de sa gorge
Refoulé par la houle en un râle éraillé
Par le souffle puissant d’une infernale forge
De son corps convulsé est montée une plainte
Comme un fringuant navire qui tire sur l’amarre
Comme un hauban geignard dispense sa complainte
Énorme violon, gigantesque cithare
Son buste s’est dressé et sa blanche poitrine
Était encore en proie à des spasmes haletants
Comme le flot secoue la grêle algue marine
Et brasse sa chair molle en son sein palpitant
Elle pleure à présent et de ses yeux hagards
S’écoulent lentement les derniers oripeaux
Du terrible fantasme. L’immonde cauchemar
Se meurt en larmes tièdes au velours de sa peau.
Ne retiens plus mes doigts
S’ils veulent te parler
En caresses
Car bien mieux que ma voix
Ils sauront t’effleurer
De promesses
Et laisse donc ma bouche
Raconter à tes yeux
Des baisers
S’étendre sur ta couche
Perdue dans tes cheveux
Et t’aimer…
Chemin faisant, des vers de terre
Croisent en un champ une vipère
Et le serpent de se moquer
Des vermisseaux insignifiants
Leur conseillant maints fortifiants
Pour avoir l’air moins efflanqués
Mais le talon d’une botte humaine
Interrompit l’énergumène
Forts du conseil, les vermisseaux
À belles dents mangèrent l’aspic
Et scrupuleux, chaque lombric
Voulait pour lui les gros morceaux
Ne vous moquez des vers de terre
Ils seront là dans votre bière !
À regarder le ciel, par une nuit sans lune
J’ai rêvé d’éphélides
Au berceau de tes yeux
Et j’ai suivi en vain jusqu’au pied de la dune
Le pas des Néréides
En cherchant tes cheveux
Pourquoi n’ai-je piqué, au seuil de l’infortune
La frêle chrysalide
En son cocon soyeux ?
Puisque le papillon, sans probité aucune,
A ravi la sylphide
Que poursuivaient mes vœux…
Y a ceux qui crèvent au champ d’honneur
Sans sonnerie et sans sonneur
On leur dispense des médailles
En lieu de toutes funérailles
Y a ceux qui meurent dans un coin
Sans faire de bruit et sans témoin
Deux ou trois fleurs, une couronne
En guise de dernière aumône
Je n’aurai pas la chance de
Mourir tout seul comme un merdeux
Il faudra bien assurément
Des cons à mon enterrement
Pas de grenouilles de bénitier
Pas d’inconnus pris de pitié
Je ne veux pas de cabotins
Marchant derrière dans le crottin
Pas de sourires obséquieux
Pas de regards mouillés aux cieux
Pas de mouchoir au coin de l’œil
Je n’veux pas d’eau dans mon cercueil
À cet instant qu’on dit suprême
Je veux revoir les gens qui m’aiment
Et sans tristesse, et sans émoi
S’il en est un, tant mieux pour moi
Déambulant sur le trottoir
De mon céleste promenoir
Je serai là à vous épier
Vous feriez bien de vous méfier
Si j’aperçois une fripouille
Rôdant autour de ma dépouille
Je lui promets de sans pitié
Venir lui chatouiller les pieds !
Je voulais naviguer
Sur les cinq océans
Avec elle voguer
Sur un voilier géant
Pour goûter elle et moi
Loin des gouffres amers
Aux délicieux émois
Des cent cinquante mers
La belle a refusé
Merci beaucoup, Monsieur !
Désolée d’abuser
J’irai pas en ces lieux
Depuis toujours hélas,
Il n’y a rien à faire,
Je pâtis, quoi qu’on fasse,
D’un fâcheux mal de mer
J’ai voulu randonner
Sur les six continents
Pour me faire pardonner
Cet échec lancinant
Mettre tous les pays
À un seul jet de pierre
Sous ses yeux ébahis
Abolir les frontières
La belle a décliné
Merci beaucoup, Monsieur !
Je ne peux opiner
Ça ne convient pas mieux
Je souffre également
Et là, c’est un mystère,
Depuis un bon moment
D’un sérieux mal de terre
Mal de mer, mal de terre
C’est vraiment désolant
Mais il reste les airs
Et mon tapis volant
En mode ascensionnel
Déclarer « Je vous aime ! »
Connaître les cent ciels
Et surtout le septième
La belle a récusé
Merci beaucoup, Monsieur !
Veuillez bien m’excuser
De repousser vos cieux
Ne croyez surtout pas
Qu’avec vous j’exagère
Mais papa ne veut pas
Que je m’envoie en l’air
Laissez-moi Mademoiselle
Déplorer ces refus
Qui vraiment m’interpellent
Comme jamais je le fus
Si votre mal de mer
Ne doit rien à maman
Que vient faire votre père
Dans notre firmament ?
Vous confondez Monsieur
La mer et la maman
Et mélangez les cieux
Avec le firmament
Vous n’êtes pas sérieux
Je ne vous retiens pas
Merci beaucoup, Monsieur,
Mais je préfère… papa !
Il a suffi de presque rien
Pour que l’épine tue la rose
Tu es fragile, je l’savais bien
Il a suffi de pas grand-chose
Je n’ai pas su prendre patience
Pour de ton cœur chercher les clés
Sans m’accorder de ta confiance
Tu t’es ceinte de barbelés
Il suffisait d’un cri
Il suffisait de larmes
Pour effacer le gris
Et déposer les armes…
Il suffisait d’un mot
D’un signe ou bien d’un geste
Pour conjurer mes maux
Et me guérir du reste…
Il a suffi de presque rien
Pour que tu fermes ton armure
Pour que tu rompes tous les liens
Que tu t’entoures de hauts murs
Que puis-je faire maintenant
Pour conquérir ta forteresse ?
Dans ton château, point de manants
Je ne suis pas de ta noblesse
Il suffisait d’un cri
Il suffisait de larmes
Pour effacer le gris
Et déposer les armes…
Il suffisait d’un mot
D’un signe ou bien d’un geste
Pour conjurer mes maux
Et me guérir du reste…
Plus rien à faire en ces lieux
De m’éloigner tu n’as de cesse
Je vais rejoindre ma banlieue
Je n’suis pas fait pour les princesses
Je trouverai une villageoise
Robe de bure, sabots crottés
Qui voudra bien que j’apprivoise
Sa chaste et farouche beauté
Il suffisait d’un cri
Il suffisait de larmes
Pour effacer le gris
Et déposer les armes…
Il suffisait d’un mot
D’un signe ou bien d’un geste
Que même à demi-mot
Tu me le dises : reste !
Il a suffi de presque rien
Pour que l’épine tue la rose
Tu es fragile, je l’savais bien
Il a suffi de pas grand-chose
J’n’ai plus de mots pour te le dire
J’t’aurais aimée, tant mieux tant pis
Pour le meilleur et pour le pire…
N’est-ce pas ce que l’on dit ?
Moi qui aime les femmes avec des formes
Avec des rondeurs
Là où il faut
Comment cette fille filiforme
A pu mettre mon cœur
En mille morceaux ?
Mes faveurs vont plus aux femmes mûres
Je passe à trépas
Quand elles sont nues
Ma nouvelle nana est immature
On ne trouve pas
Plus ingénue
Rien ne saurait nous déplaire
Faut tout goûter dans la vie
Une pulpeuse ou son contraire
Et voilà qu’on change d’avis
Vous saurez toujours nous plaire
Faut tout goûter dans la vie
Une jeunette ou son contraire
Peut nous faire changer d’envie
Moi qui préfère les femmes drôles
Avec un humour
Second degré
Celle qui se pend à mon épaule
Rit aux calembours
Contre son gré
Moi qui veux plutôt des femmes instruites
Avec des neurones
Haut potentiel