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Nés dans la discrétion en 1924, les jeux Olympiques d’hiver sont devenus au fil des ans un des événements majeurs du calendrier sportif international. Pour leur donner plus de visibilité encore, le Comité international olympique (C.I.O.) a ainsi brisé la sacro-sainte quadriennalité des Jeux, en programmant en 1994 les Jeux d’hiver à Lillehammer, deux ans après les Jeux d’hiver d’Albertville. Le nombre des disciplines a grimpé, le nombre d’épreuves s’est envolé. Ce Dossier Universalis, composé des articles traitant du sujet empruntés au Siècle olympique de Pierre Lagrue, retrace leur histoire, proposant, édition après édition, une synthèse et une chronologie des compétitions. De Chamonix à Vancouver et bientôt à Sotchi, revivez la magie des Jeux d’hiver, présentés et analysés avec passion, précision, objectivité mais sans concessions.
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Nés dans la discrétion en 1924, les Jeux Olympiques d’hiver sont devenus au fil des ans un des événements majeurs du calendrier sportif international. Pour leur donner plus de visibilité encore, le Comité international olympique (C.I.O.) a ainsi brisé la sacro-sainte quadriennalité des Jeux, en programmant en 1994 les Jeux d’hiver à Lillehammer, deux ans après les Jeux d’hiver d’Albertville. Le nombre des disciplines a grimpé, le nombre d’épreuves s’est envolé.
Ce dossier, composé des articles traitant du sujet empruntés au Siècle olympique de Pierre Lagrue, retrace leur histoire, proposant, édition après édition, une synthèse et une chronologie des compétitions. De Chamonix à Vancouver et bientôt à Sotchi, revivez la magie des Jeux d’hiver, présentés et analysés avec passion, précision, objectivité mais sans concessions.
E.U.
Quand débutent à Chamonix les compétitions, le 26 janvier 1924, celles-ci ne sont pas « olympiques ». En effet, si Pierre de Coubertin, au début hostile à l’idée de « Jeux d’hiver », a fini par en admettre à contrecœur la nécessité, estimant en définitive que tous les sports devaient avoir leur place aux jeux Olympiques, l’opposition des Nordiques concernant les disciplines hivernales d’extérieur (le patinage artistique est présent aux Jeux « d’été » depuis 1908, le hockey sur glace depuis 1920) demeurait farouche. Ces derniers craignaient – à juste titre – qu’un rendez-vous olympique nuise aux jeux du Nord (Nordiska Spelen), créés par le colonel Viktor Balk, un ami de Coubertin, qui se tiennent depuis 1901 tous les quatre ans en Suède.
Lors des congrès et conférences olympiques organisés à Lausanne par le Suisse Eugène Monod du 26 mai au 7 juin 1921, le comte Justinien de Clary et le marquis Melchior de Polignac, représentants français au C.I.O., présentent un projet de jeux Olympiques d’hiver. Mais les réticences nordiques ne sont nullement levées, et un compromis doit être trouvé. Depuis 1907 se déroule tous les ans en France une « Semaine internationale des sports d’hiver ». S’appuyant sur cette dénomination, la conférence consultative des sports d’hiver accepte la tenue en 1924 d’une « Semaine internationale du sport d’hiver à l’occasion des jeux Olympiques de 1924 ». Du 12 au 14 juin 1922, durant le congrès des Fédérations internationales de sports d’hiver, Chamonix-Mont-Blanc est choisi pour organiser cette « Semaine ».
Le contrat entre Paris et Chamonix-Mont-Blanc est paraphé le 23 février 1923. Une piste de bobsleigh, une patinoire et un tremplin de saut à skis doivent être construits. L’État promet une aide financière, mais révisera celle-ci à la baisse. Chamonix payera en fait la quasi-totalité des travaux (2 millions de francs). Ce budget est, pour la moitié ou presque, consacré à l’édification de la plus grande patinoire artificielle du monde, d’une surface de glace de 27 600 mètres carrés.
Dans le cadre de cette « Semaine internationale », six sports (bobsleigh, hockey sur glace, patinage, ski nordique [fond, saut, combiné], biathlon et curling [sports de démonstration]) et seize épreuves sont au programme. Deux cent cinquante-huit concurrents (dont onze femmes), représentant seize pays, prennent part aux compétitions.
Mais on a longtemps craint que les épreuves soient perturbées, voire annulées, en raison des caprices de la météorologie. En effet, le 23 décembre 1923, la neige commence à tomber dru et la région se tapisse de blanc ; la patinoire est couverte par 36 000 mètres cubes de poudreuse qu’il faut évacuer en hâte avec l’aide de volontaires. Puis, mi-janvier, c’est le redoux : la glace de la patinoire fond. Heureusement, les températures chutent et la « Semaine » va pouvoir se tenir dans des conditions quasi parfaites. En outre, la « Semaine » connaît un joli succès populaire : dix mille spectateurs payants assistent aux différentes épreuves, laissant une recette de 107 880 francs.
Le bilan sportif se traduit, comme prévu, par une domination nordique : la Norvège (quatre médailles d’or, sept médailles d’argent et six médailles de bronze, soit dix-sept médailles au total), avec Thorleif Haug, maître du ski de fond (trois médailles d’or), obtient les meilleurs résultats, devant la Finlande (quatre médailles d’or, quatre médailles d’argent et trois médailles de bronze, soit onze médailles au total), dans le sillage du patineur de vitesse Clas Thunberg (trois médailles d’or, une en argent, une en bronze).
Ces brillants résultats poussent sans doute les Nordiques à revoir leur position concernant les Jeux d’hiver. Lors du congrès olympique de Prague, le 24 mai 1925, leurs comités nationaux votent en faveur de l’institution des jeux Olympiques d’hiver. La « Semaine internationale du sport d’hiver à l’occasion des jeux Olympiques de 1924 » change de nom et se voit rebaptisée « jeux Olympiques d’hiver ». Tous les vainqueurs des épreuves organisées à Chamonix-Mont-Blanc deviennent donc, à titre rétroactif, officiellement champions olympiques.
Pierre LAGRUE
La cérémonie d’ouverture de la « Semaine internationale du sport d’hiver à l’occasion des jeux Olympiques de 1924 » se déroule au stade de glace de Chamonix, par un froid glacial. Gaston Vidal, secrétaire d’État à l’Enseignement technique, représente le gouvernement français ; le comte Justinien de Clary est délégué par le C.I.O. ; et, bien sûr, le maire de Chamonix, Jean Levaire, se trouve dans la tribune. Les concurrents défilent, suivi par un cortège hétéroclite (guides de haute montagne, sapeurs-pompiers, hôteliers, anciens combattants, enfants des écoles...) au son de la fanfare des chasseurs alpins. L’adjudant Mandrillon, chasseur alpin et porte-drapeau de la délégation française, prononce le serment des athlètes.
Le premier « champion olympique d’hiver » est le patineur de vitesse américain Charley Jewtrew, vainqueur du 500 mètres devant deux Norvégiens. Le Finlandais Clas Thunberg, véritable vedette de la discipline, remporte le 5 000 mètres, loin devant son compatriote Julius Skutnabb, relégué à près de 10 secondes.
En patinage de vitesse, le 1 500 mètres et le 10 000 mètres sont au programme. Clas Thunberg s’adjuge le 1 500 mètres, mais il doit se contenter de la médaille d’argent dans le 10 000 mètres, Julius Skutnabb le devançant de 3 secondes. Thunberg obtient bien sûr la médaille d’or dans le combiné.
Le patinage de figures est un spectacle prisé à Chamonix, les spectateurs se montrant particulièrement friands des « figures libres ». L’Autrichienne Herma Szabo-Planck remporte, à l’unanimité du jury, la compétition féminine dont la toute jeune Norvégienne Sonja Henie (onze ans) prend la septième place.
Le tournoi de curling, sport de démonstration, voit la victoire de la Grande-Bretagne.
La patrouille militaire (biathlon) est sport de démonstration. La Suisse gagne cette course de 30 kilomètres.
Le Canada écrase le tournoi de hockey sur glace, marquant 132 buts et n’en concédant que 3 en six matchs. La rencontre décisive, le 3 février, est suivie par un public nombreux et enthousiaste qui a pris d’assaut les gradins, laissant une recette de 30 000 francs. Feintes, attaques rapides, shoots improbables : le Canada propose un magnifique spectacle ; les États-Unis, battus 6 buts à 1 (dont 3 buts d’Harry Watson), ont cependant bien résisté. Coubertin, d’habitude si réservé, montre un enthousiasme inhabituel.
Le Suédois Gillis Grafström, déjà vainqueur en 1920 à Anvers, est de nouveau champion olympique de patinage artistique, malgré une chute dans les figures libres où l’Autrichien Willy Böckl (deuxième) semblait avoir pris l’avantage.
Les compétitions de ski de fond constituent le temps fort de la « Semaine ». Le Norvégien Thorleif Haug (vingt-neuf ans) gagne le 50 kilomètres, devant trois compatriotes, à l’issue de 3 h 44 min 32 s d’efforts.
Juger le concours de patinage artistique par couple s’avère difficile, car les programmes exécutés par les neuf couples inscrits sont tous de grande qualité. Le choix du jury se porte sur les Autrichiens Helene Engelmann et Alfred Berger, devant les favoris norvégiens Ludovika Jakobsson et Walter Jakobsson, alors que les Français Andrée Joly et Pierre Brunet se classent troisièmes.
Thorleif Haug remporte le 18 kilomètres de ski de fond devant un autre Norvégien, Johan Gröttumsbråten, à 1 min 20 s, alors que le Finlandais Tapani Niku, pourtant favori, n’est que troisième.
Pour la compétition de bobsleigh à quatre, les concurrents s’élancent du haut de la piste de l’aiguille du Midi, pour une descente rapide et difficile avec des virages en lacets. Dès la première manche, trois équipages abandonnent. Les Suisses, brillants, s’imposent avec une nette avance sur les Britanniques et les Belges, alors que le capitaine André Berq, pilote du bob français, se montre satisfait de sa quatrième place.
Insatiable, Thorleif Haug obtient la médaille d’or en combiné nordique (fond et saut), devant trois autres Norvégiens.
Thorleif Haug est même « provisoirement » troisième du saut spécial, derrière ses compatriotes Jacob Thams et Narve Bonna. Dans cette compétition, l’Américain Anders Haugen est classé quatrième en raison d’une erreur de notation : il ne recevra sa médaille de bronze qu’un demi-siècle plus tard !
Lors du banquet de clôture présidé par le comte de Clary dans un grand restaurant de Chamonix, Pierre de Coubertin prononce une brève allocution, se félicitant que ses amis nordiques reconnaissent que cette « Semaine » fut organisée de belle manière, qui pourrait servir de modèle à leurs jeux du Nord...
Une courte cérémonie de clôture officielle se tient au stade de glace, en présence des représentants de toutes les nations.
Pierre LAGRUE
Cette fois, contrairement à 1924, les compétitions de Saint-Moritz reçoivent officiellement l’appellation « jeux Olympiques d’hiver ». Néanmoins, le C.I.O. souhaitait – ce sera le cas jusqu’en 1936 – que Jeux d’hiver et Jeux d’été se déroulent dans le même pays. Mais, le 2 juin 1921, jour où Amsterdam fut désignée ville d’accueil des Jeux d’été de 1928, de Jeux d’hiver il n’était alors bien sûr point question. Si les Pays-Bas sont le berceau du patinage de vitesse, il n’est pas possible d’organiser dans ce plat pays des épreuves de ski ou de bobsleigh, par exemple. Le C.I.O. déroge donc à la règle qu’il a établie, et confie l’organisation des IIes jeux Olympiques d’hiver à la Suisse. Les villes de Davos, Engelberg et Saint-Moritz se portent candidates. Le 6 mai 1926, le C.I.O., réuni pour sa vingt-quatrième session à Lisbonne, choisit Saint-Moritz.
Saint-Moritz, station de sports d’hiver huppée et prisée de la haute société depuis la fin du XIXe siècle, en profite pour s’offrir une cure de rajeunissement. La municipalité investit des sommes importantes pour rénover les installations sportives existantes ou en construire de nouvelles, telles que la patinoire, immense, et le tremplin de saut à skis. La station des Grisons se pare aux couleurs olympiques, de grands anneaux multicolores sont installés le long de la route accidentée qui conduit au village depuis la gare. Chaque train amène des voyageurs en grand nombre, et les hôtels de la ville affichent rapidement complet. Certains spectateurs doivent même « loger » dans les couloirs des hôtels. Néanmoins, personne n’envisage de renoncer à la fête olympique, surtout que fréquenter la rue centrale vêtu des dernières tenues à la mode est du meilleur ton...
Un nouveau sport est inscrit au programme olympique, le skeleton, qui est né à Saint-Moritz à la fin du XIXe siècle et dont les épreuves se déroulent sur la célèbre Cresta Run, piste de 1 213 mètres reliant Saint-Moritz à Celerina. En outre, les spectateurs peuvent assister à des démonstrations de courses de chevaux sur neige. Du 11 au 19 février 1928, quatre cent quatre-vingt-quatre sportifs et sportives, représentant vingt-cinq pays, dont le Japon, prennent part à quatorze épreuves, sans compter la patrouille militaire en biathlon.
Néanmoins, les conditions météorologiques nuisent au bon déroulement des Jeux : au début de la semaine, les patineurs de vitesse doivent affronter un froid glacial, alors que, quelques jours plus tard, la température atteint + 25 0C, ce qui oblige les organisateurs à annuler le 10 000 mètres car la glace de la patinoire a fondu. Pour certains journalistes, ces aléas climatiques condamnent même la pérennité des Jeux d’hiver...
Le bilan sportif se traduit par une domination de la Norvège encore plus nette qu’en 1924 : les Norvégiens s’adjugent sept médailles d’or, quatre médailles d’argent et cinq médailles de bronze, soit seize médailles au total, le patineur de vitesse Bernt Evensen (trois médailles, dont une en or) et le skieur de fond Johan Gröttumsbråten (deux médailles d’or) contribuant grandement à ce bilan. Dans ce classement officieux apparaissent à la deuxième place les États-Unis (deux médailles d’or, deux médailles d’argent et deux médailles de bronze), qui devancent les deux autres pays nordiques, Suède et Finlande (deux médailles d’or, deux médailles d’argent et une médaille de bronze pour les deux nations). La France est cinquième, avec une médaille d’or, remportée par Andrée Joly et Pierre Brunet en patinage par couple. Douze nations obtiennent une médaille au moins.
Enfin, durant ces Jeux, la Fédération internationale de ski, réunie à Saint-Moritz, accepte, sur proposition du Britannique Arnold Lunn, la mise à l’essai de courses de descente et de slalom dans l’avenir...
Pierre LAGRUE
La cérémonie d’ouverture se déroule sous un ciel gris et neigeux en présence du président de la Confédération suisse, Edmund Schulthess. Des salves de canon se font entendre, les cloches du village carillonnent. Néanmoins, on ne parvient pas à hisser le drapeau olympique au sommet du mât, par la faute d’une poulie cassée.
Pour les débuts de la compétition de hockey sur glace, la France bat la Hongrie (2 buts à 0). Le Canada est dispensé de la première phase.
En patinage de vitesse, le 500 mètres se déroule par un froid glacial, sous une neige qui tombe en abondance, alors que le fœhn perturbe les concurrents. Dans ces conditions éprouvantes, le Finlandais Clas Thunberg (trente-quatre ans) et le Norvégien Bernt Evensen (moins de vingt-trois ans) sont classés premiers ex aequo et trois concurrents se partagent la médaille de bronze. Le 5 000 mètres voit la victoire d’Ivar Ballangrud (Norvège), révélation des Jeux. Quant au dernier concurrent de cette épreuve, le Canadien Constant, il tourne dans la nuit sur l’anneau déserté par spectateurs et journalistes, pressés d’aller se mettre au chaud.
Le 1 500 mètres de patinage de vitesse est serré : Clas Thunberg s’impose en 2 min 21,1 s, devant Evensen (2 min 21,9 s) et Ballangrud (2 min 22,6 s). Quant au 10 000 mètres, il est annulé par le juge-arbitre norvégien car le vent du sud-ouest porte la température à + 25 0C et la piste commence de fondre ; il est néanmoins utile de préciser que l’Américain Irving Jaffee occupait alors la tête du classement devant tous les concurrents norvégiens...
Dans ces conditions atmosphériques, le 50 kilomètres à skis met les concurrents à rude épreuve, la lourde neige se transformant peu à peu en eau boueuse. Per-Erik Hedlünd (Suède) – tenue blanche et bonnet rouge – s’impose devant deux autres Suédois relégués à plus de 13 minutes ; néanmoins, il lui a fallu 68 minutes de plus que Haug en 1924 pour couvrir la distance ; en outre, un quart des concurrents ont abandonné.
Gillis Grafström (Suède), précis et athlétique, obtient sa troisième médaille d’or consécutive en patinage de figures.
La pluie tombe de manière ininterrompue et la température ne baisse guère (+ 10 0C). Dans ces conditions, les organisateurs décident de reporter toutes les épreuves. Mais le froid va revenir dès le lendemain et les Jeux seront sauvés.
La Norvégienne Sonja Henie (quinze ans), jupe courte et bas de soie, patine avec grâce et finesse, tout en exécutant à la perfection des figures d’une technicité complexe. Elle séduit les juges et émeut le public. Sa médaille d’or marque le début d’un long règne.
Le 18 kilomètres de ski de fond, dont soixante-quinze concurrents prennent le départ, voit la victoire du Norvégien Johan Gröttumsbråten, devant deux compatriotes.
La démonstration de skeleton, sur la Cresta Run, est peu favorable aux spécialistes locaux : le meilleur des Suisses se classe cinquième d’une épreuve dominée par les Américains, Jennison Heaton l’emportant devant Jack Heaton.
La phase finale du tournoi de hockey sur glace voit une démonstration du Canada qui écrase successivement la Suède (11 buts à 0), la Grande-Bretagne (14 buts à 0) et la Suisse (13 buts à 0) !
Johan Gröttumsbråten avait forgé la veille, en ski de fond, la première partie de son succès en combiné nordique. À l’issue du saut, il est médaillé d’or devant ses compatriotes Hans Vinjarengen et John Snersrud.
La compétition de bob à cinq voit un doublé des équipages des États-Unis, qui devancent l’Allemagne et les deux formations de l’Argentine. Les Suisses ne sont que huitièmes. Trois des Américains n’étaient jamais monté dans un bobsleigh quelques mois plus tôt : ils ont été sélectionnés en répondant à une annonce parue dans l’édition parisienne du New York Tribune.
En saut spécial, Jacob Tullin Thams, vainqueur en 1924, fait une chute spectaculaire alors que son saut est mesuré à 73 mètres ; il est évacué dans le coma vers l’hôpital. Les Norvégiens n’en dominent pas moins la compétition, Alf Andersen, grâce à un saut de 64 mètres, devançant Sigmund Ruud.
Pour la première fois aux Jeux d’hiver, le drapeau français flotte en haut du mât : Andrée Joly et Pierre Brunet, qui s’entraînent assidûment depuis de longues années, proposent un programme énergique et harmonieux, ce qui leur vaut la médaille d’or en patinage par couple.
C’est l’heure de la cérémonie de clôture et de la distribution des prix. Huit mille spectateurs – les dames ont sorti leurs plus belles fourrures et les messieurs sont tous bien mis – assistent au défilé des bannières de toutes les nations participantes, précédées du drapeau olympique. Edmund Schulthess s’adresse à la foule et la fin des Jeux d’hiver est saluée par cinq coups de canon.
Pierre LAGRUE
Le 10 avril 1929, lors de sa vingt-septième session de Lausanne, le C.I.O. attribuait, à l’unanimité des votants, l’organisation des IIIes jeux Olympiques d’hiver à la ville de Lake Placid (État de New York). Six ans plus tôt, les Jeux d’été de 1932 avaient été confiés à Los Angeles. Selon la règle non écrite fixée par le C.I.O. qui veut que Jeux d’été et Jeux d’hiver aient lieu dans le même pays, il semblait acquis que ces IIIes Jeux d’hiver se dérouleraient aux États-Unis. Outre Lake Placid, Yosemite Valley, Lake Tahoe, Bear Moutain, Duluth, Minneapolis et Denver firent acte de candidature. En outre – puisque le C.I.O. avait dû déroger à sa propre règle pour les Jeux d’hiver de 1928 –, Montréal et même Oslo tentèrent leur chance. Il n’est pas inutile de rappeler que la candidature de Lake Placid ne fut pas totalement spontanée. En effet, en 1927, un membre du Comité olympique américain demanda aux édiles de cette ville de quatre mille âmes si Lake Placid, alors « capitale » américaine des sports de glace, souhaitait organiser les Jeux d’hiver de 1932. La majorité d’entre eux, n’y voyant pas grand intérêt, lui adressèrent un refus poli. Un seul homme, Godfrey Dewey, se montra enthousiasmé par le projet. Il se rendit dans les plus prestigieuses stations de sports d’hiver des Alpes, prit moult renseignements, réussit, en mars 1928, à convaincre les représentants de la ville de la viabilité du projet olympique, puis présenta brillamment le dossier aux membres du C.I.O., séduits.
Hélas ! la Grande Dépression se fait durement sentir et les organisateurs sont confrontés aux difficultés économiques. L’État de New York injecte bien 500 000 dollars, mais ces Jeux ne doivent leur survie qu’au mécénat. Ainsi, Godfrey Dewey, bien évidemment nommé président du comité d’organisation, fait don d’un terrain appartenant à sa famille pour que la piste de bobsleigh puisse être construite. La réalisation de cette piste de bobsleigh engloutit néanmoins 247 000 dollars.
Les Jeux d’hiver se déroulent donc pour la première fois dans le Nouveau Monde. Mais le lointain voyage décourage nombre de concurrents européens, qui ne traversent pas l’Atlantique. De ce fait, seulement deux cent cinquante-deux sportifs et sportives, représentant dix-sept pays (alors que Lake Placid avait envoyé une invitation à soixante-cinq pays), participent aux quatorze épreuves d’un programme duquel le skeleton disparaît. En outre, les conditions météorologiques ne sont pas favorables : en raison d’un enneigement insuffisant, Franklin D. Roosevelt, gouverneur de l’État de New York, se voit contraint de faire venir du Canada tout proche des trains entiers chargés de neige. Mais cette situation n’aurait-elle pas dû être envisagée, car Lake Placid est située à moins de 570 mètres d’altitude ? Enfin, au fil des jours, l’organisation montre de sévères carences. Ces premiers « Jeux d’hiver du Nouveau Monde », qui coûtent pourtant plus de 1 million de dollars, constituent un véritable échec.
L’examen des résultats sportifs est trompeur. Les États-Unis occupent la première place de l’officieux classement des nations, avec six médailles d’or, quatre médailles d’argent et deux médailles de bronze, soit douze médailles au total. Mais quatre de ces médailles d’or reviennent à leurs patineurs de vitesse (Jack Shea et Irving Jaffee, deux chacun), très favorisés par le système des compétitions : alors que, depuis la fin du XIXe siècle, le format des épreuves est immuable (les concurrents s’élancent deux par deux et se battent avant tout contre le chronomètre), les départs sont donnés en groupe, selon les règles en vigueur en Amérique du Nord, ce qui déconcerte tous les patineurs européens. De plus, la délégation américaine comptait soixante-quatre athlètes (contre dix-neuf pour la Norvège, par exemple). La suite de ce classement est un peu plus conforme à la logique : la Norvège est deuxième (trois médailles d’or, quatre médailles d’argent, trois médailles de bronze, soit dix médailles au total), la Suède troisième (une médaille d’or, deux médailles d’argent), mais le Canada (une médaille d’or, une médaille d’argent, cinq médailles de bronze) apparaît à la quatrième place. La France, comme en 1928 grâce à la médaille d’or d’Andrée et Pierre Brunet en patinage par couple, est septième. Dix pays obtiennent une médaille au moins.
Pierre LAGRUE
Au terme d’une brève cérémonie d’ouverture, lors de laquelle Jack Shea prononce le serment des athlètes, Franklin D. Roosevelt déclare les Jeux ouverts.
Le règlement des compétitions de patinage de vitesse déconcerte totalement les Européens. Le matin, sur 500 mètres, Jack Shea (États-Unis) s’impose, mais Bernt Evensen (Norvège) parvient à arracher la médaille d’argent, le Canadien Alexander Hurd se classant troisième. Quant au 5 000 mètres, disputé l’après-midi, il voit un triplé nord-américain : Irving Jaffee (États-Unis) remporte la course, devant son compatriote Edward Murphy et le Canadien William Logan ; Ivar Ballangrud (Norvège), le meilleur patineur de son époque, est rejeté à la cinquième place.
Le tournoi de curling, sport de démonstration, voit la victoire de l’équipe du Manitoba, devant les formations de l’Ontario et du Québec.
La plupart des équipes européennes ont renoncé à faire le déplacement pour participer au tournoi de hockey sur glace, lequel réunit de ce fait un maigre plateau (Canada, États-Unis, Allemagne, Pologne), ce qui oblige à faire s’affronter les formations à deux reprises. Une nouvelle fois, le Canada obtient la médaille d’or, mais les États-Unis lui ont opposé une farouche résistance : face à cet adversaire, le Canada ne s’impose qu’après prolongation (2 buts à 1), le 4 février, puis il concède un match nul (2 buts partout), en clôture de la compétition, le 13.
En patinage de vitesse, aucun Européen ne parvient à se qualifier pour la finale du 1 500 mètres, qui voit la victoire de l’Américain Jack Shea.
Des courses de chiens de traîneau sont organisées en démonstration.
Patinage de vitesse : Irving Jaffee s’adjuge un 10 000 mètres dont Ivar Ballangrud parvient à prendre la deuxième place.
Sur la patinoire couverte située à la pointe du lac Mirror, la jeunesse du patineur artistique autrichien Karl Schäfer (vingt-deux ans et demi), qui propose un programme enlevé sur la musique d’une valse à deux temps, s’impose aux trente-huit ans du Suédois Gillis Grafström, blessé au cou et qui a chuté lors des figures imposées.
Seule vraie star de ces Jeux, la rayonnante Norvégienne Sonja Henie séduit le public et les juges : comme en 1928, elle est championne olympique de patinage artistique, devant l’Autrichienne Fritzi Burger, déjà médaillée d’argent à Saint-Moritz. La Norvégienne, qui exécute plusieurs figures inédites, est longuement ovationnée par la foule enfin passionnée.
Sur une piste difficile, les Américains Hubert Stevens et Curtis Stevens, malgré une première manche ratée (ils concèdent plus de 7 secondes aux Suisses), remportent la compétition de bob à deux, devant les Suisses Reto Capadrutt et Oscar Geier, et la seconde formation des États-Unis. Néanmoins, une polémique éclate car les patins en forme de lame qui équipent les bobs américains détériorent la piste.
En démonstration, des femmes participent à deux courses de patinage de vitesse.
Le 18 kilomètres de ski de fond voit un doublé suédois : Sven Utterström devance son compatriote Axel Wikström de 2 minutes.
Johan Gröttumsbråten (Norvège), supérieur dans la course de fond de 18 kilomètres, parvient à préserver son avantage lors du concours de saut à skis (dont il prend la sixième place) et remporte sa seconde médaille d’or consécutive en combiné nordique, devançant trois compatriotes.
Les quinze mille spectateurs scrutent le ciel : la veille, il pleuvait et le temps se couvre de nouveau. En haut du tremplin, les concurrents de la compétition de saut spécial s’élancent un à un dans un ciel assombri et se posent dans une aire de réception détrempée par la pluie. Le jeune Norvégien Birger Ruud (vingt ans), grâce à un second saut très spectaculaire (69 m), s’impose de peu devant son compatriote Hans Beck, qui retombe à 71,5 mètres lors de son premier saut mais se contente de 63,5 mètres lors du second.
Andrée Joly a épousé Pierre Brunet en 1930 : uni dans la vie comme sur la glace, le couple français est de nouveau champion olympique de patinage artistique, mais les Américains Beatrix Loughran et Sherwin Badger leur ont tenu la dragée haute et le jury a eu beaucoup de mal à les départager : les Français obtiennent 78,70 points, les Américains 77,50 points.
Le 50 kilomètres de ski de fond – disputé sur une piste où affleurent les cailloux tandis que certains passages sont gorgés d’eau – est marqué par un duel émouvant entre deux Finlandais : à l’issue de près de 4 heures et demie d’effort intense, Veli Saarinen (4 h 28 min) arrache la victoire à Väinö Liikkanen pour 20 secondes seulement, alors que le troisième, le Norvégien Arne Rustadstuen, est rejeté à près de 4 minutes.
Une brève cérémonie de clôture des Jeux est organisée.
Le mauvais temps a contraint les organisateurs à différer la compétition de bob à quatre. Celle-ci se déroule donc deux jours après la cérémonie de clôture. Elle connaît un doublé des équipages des États-Unis. Parmi les quatre médaillés d’or figure l’éclectique Eddie Eagan, qui fut champion olympique de boxe (mi-lourds) en 1920.
Pierre LAGRUE
Le 7 juin 1933, le C.I.O., réuni pour sa trente et unième session à Vienne, désigne Garmisch-Partenkirchen ville d’accueil des IVes jeux Olympiques d’hiver. L’assemblée ne vote pas : Berlin ayant été élue en 1931 ville organisatrice des Jeux d’été de 1936, Garmisch-Partenkirchen fait valoir son droit de préemption – Jeux d’été et Jeux d’hiver sont censés se dérouler dans le même pays –, alors que Montréal et Saint-Moritz étaient également candidates.
Pour le IIIe Reich, les Jeux d’hiver de Garmisch-Partenkirchen servent en quelque sorte de « répétition générale » avant la tenue des Jeux d’été de Berlin, en août. Des fonds spéciaux sont débloqués, sur ordre de Joseph Goebbels, ministre de la Propagande, afin que la fête nazie soit grandiose. « Ga-Pa », comme on surnomme la station des Alpes bavaroises, propose une gigantesque exhibition à la gloire du führer. En tout domaine, il est question d’apparat et de démesure. Pour la première fois, la cérémonie d’ouverture est l’occasion d’une manifestation grandiose. Dans l’enceinte du stade de neige, tous les participants attendent au garde-à-vous l’arrivée du führer, dont l’entrée, en tenue militaire, est saluée par des « Heil Hitler » retentissants. Après que le chancelier du Reich a proclamé l’avènement de « l’année sportive nouvelle » et déclaré les Jeux ouverts, les fanfares entonnent L’Hymne de l’alliance universelle de Richard Strauss et des salves de canon éclatent dans les montagnes. Pour la première fois, la flamme olympique est allumée aux Jeux d’hiver : elle brûle en haut du tremplin de saut à skis.
Six cent quarante-six sportifs et sportives – un record –, représentant vingt-huit pays, participent à dix-sept épreuves, dont une compétition de ski alpin. Cette épreuve de ski alpin, justement, donne lieu à une polémique : le C.I.O., considérant les moniteurs de ski comme des « professionnels », leur interdit d’y prendre part ; de ce fait, Suisses et Autrichiens la boycottent (quelques Autrichiens sont néanmoins au départ, sous les couleurs de l’Allemagne).
Au regard de l’Histoire, les résultats sportifs sont peu de chose. Il convient néanmoins de saluer la performance du Norvégien Ivar Ballangrud, qui s’adjuge trois médailles d’or et une médaille d’argent en patinage de vitesse. Devancée en 1932 par les États-Unis, la Norvège retrouve son leadership : ses représentants obtiennent sept médailles d’or, cinq médailles d’argent et trois médailles de bronze, soit quinze médailles au total. Suit l’Allemagne, ses concurrents offrant au IIIe Reich trois médailles d’or (dont les titres masculin et féminin en ski alpin) et trois médailles d’argent. La Suède (deux médailles d’or, deux médailles d’argent, trois médailles de bronze) est troisième. La France ne remporte qu’une médaille de bronze (Émile Allais se classe troisième du combiné alpin), ce qui lui vaut la dixième place, ex aequo avec la Hongrie. Onze pays obtiennent une médaille au moins.
Pierre LAGRUE
Plus de trente mille personnes assistent à la cérémonie d’ouverture sur le stade de neige, alors que de gros flocons tombent sur la Bavière. L’arrivée d’Adolf Hitler, accompagné des dignitaires du régime nazi et du comte Henri de Baillet-Latour, président du C.I.O., est acclamée par la foule bras tendus et saluée par des « Heil Hitler », véritables cris de ralliement. Karl Ritter von Halt, président du comité d’organisation, s’adresse au führer, qui proclame l’ouverture des Jeux. Les fanfares entonnent L’Hymne de l’alliance universelle, des coups de canon retentissent dans les montagnes. Un feu symbolique est allumé en haut du tremplin de saut à skis ; Wilhelm Bogner prête le serment des athlètes.
Le tournoi de hockey sur glace est marqué par une réelle surprise : le 11 février, le Canada est battu (2 buts à 1) par la Grande-Bretagne (dont l’équipe est composée en fait de joueurs anglo-canadiens) et laisse échapper la médaille d’or qui revient aux Britanniques, lesquels, pourtant, concèdent le match nul face à l’Allemagne le 12 février ; le Canada est médaillé d’argent.
Le ski alpin fait son entrée au programme olympique, sous la forme d’un combiné (descente et slalom). Ce jour ont lieu les descentes, sur la piste de Kreuzeck. Chez les hommes, l’éclectique Norvégien Birger Ruud, spécialiste du saut à skis, qui ne s’est mis au ski alpin que depuis un an, se situe nettement en tête : il devance l’Allemand Franz Pfnür de plus de 4 secondes, alors que le jeune Savoyard Émile Allais (vingt-trois ans), qui perd beaucoup de temps sur les faux plats, est quatrième à plus de 11 secondes. Chez les femmes, l’étonnante Norvégienne Laila Schou-Nilsen (une championne talentueuse qui, à moins de dix-sept ans, détient les cinq records du monde de patinage de vitesse) s’assure une belle avance, alors que l’Allemande Christl Cranz (vingt-deux ans), la grande favorite, qui est tombée, ne se classe que cinquième.
Le slalom du combiné féminin est l’occasion d’un étonnant retournement de situation. Christl Cranz parvient à effacer ses 19 secondes de retard et s’adjuge la première médaille d’or attribuée en ski alpin ; sa compatriote Käthe Grasegger se hisse à la deuxième place, Laila Schou-Nilsen étant rejetée sur la troisième marche du podium.
Le slalom messieurs, qui se déroule devant soixante-dix mille spectateurs au Gudiberg, est également l’occasion d’une inversion de tendance et d’un triomphe allemand dans le combiné : Franz Pfnür (vingt-six ans) s’impose devant son compatriote Gustav Lantschner ; le Français Émile Allais est troisième, Ruud n’est que quatrième.
Une nouvelle épreuve, le relais 4 fois 10 kilomètres de ski de fond, apparaît au programme. Elle est l’occasion d’une empoignade émouvante : le Norvégien Bjarne Iversen, dernier relayeur de son équipe, compte 1 min 21 s d’avance sur le Finlandais Kalle Jalkanen quand il s’élance pour effectuer sa boucle de 10 kilomètres ; or Jalkanen le rejoint et le devance au sprint de 6 secondes. La Finlande s’impose donc en 2 h 41 min 33 s.
Le soir, les officiels, en smoking noir et cravate de soie blanche, se rendent à Munich dans un train spécial affrété par le IIIe Reich, car Joseph Goebbels donne un banquet...
Les compétitions de patinage de vitesse s’ouvrent par le 500 mètres : le Norvégien Ivar Ballangrud, âgé de près de trente-deux ans, l’emporte avec 0,1 s d’avance sur son compatriote Georg Krog.
Doublé suisse en bob à quatre.
Le skieur de fond suédois Erik Larsson remporte le 18 kilomètres avec près d’une minute d’avance sur le Norvégien Oddbjørn Hagen.
Patinage de vitesse : Ivar Ballangrud, dominateur, gagne le 5 000 mètres devant deux Finlandais.
En combiné nordique, le podium est occupé par trois Norvégiens (victoire de l’excellent sauteur Oddbjørn Hagen).
Andrée et Pierre Brunet ont décidé de ne pas participer aux Jeux de Garmisch-Partenkirchen. L’épreuve de patinage par couple n’en est pas moins spectaculaire, les Allemands Maxie Herber et Ernst Baier dominant d’un souffle les jeunes Viennois Ilse et Erik Pausin, à l’issue d’une lutte très serrée.
Pour 1 seconde, le patineur de vitesse Charles Mathiesen (Norvège) remporte le 1 500 mètres devant son compatriote Ivar Ballangrud.
En patinage artistique, Ernst Baier, sacré dans l’épreuve par couple la veille, participe également à la compétition individuelle. Il doit se contenter de la médaille d’argent, Karl Schäfer (Autriche), le lauréat de 1932, s’avérant nettement supérieur.
Dernière épreuve de patinage de vitesse, le 10 000 mètres voit un nouveau triomphe d’Ivar Ballangrud ; comme dans le 5 000 mètres, Birger Wasenius (Finlande) est deuxième.
Ivan Brown et Alan Washbond (États-Unis) sont champions olympiques de bob à deux, devant les Suisses Fritz Feierabend et Joseph Beerli.
Sonja Henie (vingt-trois ans) s’adjuge son troisième titre olympique consécutif, mais la Britannique Cecilia Colledge (quinze ans), proposant un programme audacieux, est battue de peu. La « Fée de la glace » norvégienne va désormais passer professionnelle et se consacrer à ses spectacles sur glace.
Le 50 kilomètres de ski de fond est largement dominé par les Suédois, qui occupent les quatre premières places, la victoire allant à Elis Wiklund.
Cent cinquante mille spectateurs assistent au saut spécial. Hitler et son état-major au grand complet sont également présents aux abords du tremplin. Sous une pluie fine et battante, Sven Eriksson (Suède) saute deux fois à 76 mètres, mais Birger Ruud (75 m et 74,50 m) s’impose grâce à son style parfait.
La cérémonie de clôture est l’occasion d’une grandiose manifestation militaire. Les troupes de la Reichswehr paradent au son d’une musique martiale, accompagnées d’un millier d’enfants des Jeunesses hitlériennes qui brandissent des torches blanches. Puis le défilé des drapeaux commence, au son de la Marche de Frédéric le Grand. Les vainqueurs olympiques défilent à leur tour, saluant Hitler. La flamme s’éteint... On tire un feu d’artifice.
Pierre LAGRUE
Le C.I.O., sourd aux grondements du monde, avait choisi le 9 juin 1939 les villes d’accueil des jeux Olympiques de 1944, Cortina d’Ampezzo ayant été préférée à Montréal et Oslo en ce qui concerne les Jeux d’hiver. Bien sûr, la Seconde Guerre mondiale a tout balayé. Le conflit terminé, le mouvement olympique souhaite rapidement voir renaître les Jeux et le C.I.O. tient session en juin 1946. Il est décidé que, pour redonner au rendez-vous sa quadriennalité, les prochains jeux Olympiques se dérouleront en 1948. En ce qui concerne l’édition hivernale, seule Saint-Moritz – forte de l’expérience de 1928 et dotée de toutes les infrastructures nécessaires – se porte candidate. Les Jeux d’hiver sont donc de retour dans la station des Grisons.
Pour ces « Jeux de la paix » auxquels ne sont conviés ni l’Allemagne ni le Japon, six cent soixante-neuf sportifs et sportives, représentant vingt-huit pays, participent à vingt-deux épreuves (contre dix-sept en 1936). Mais la « paix » ne règne pas dans tous les sports, et, une nouvelle fois, la notion de « professionnalisme » se trouve au cœur d’une importante polémique. Le C.I.O. s’attaque cette fois au hockey sur glace nord-américain. Dès 1946, le Comité sermonne les fédérations d’Amérique du Nord, accusées de mercantilisme ; il menace même de rayer le hockey sur glace du programme olympique si rien ne bouge. Et, de 1946 à 1948, rien ne bouge, mais tout se calme... Or, à la surprise des organisateurs, deux équipes des États-Unis se rendent en Suisse et prétendent participer aux Jeux. La formation de l’Amateur Athletic Union s’est déplacée avec la bénédiction du Comité olympique américain, mais l’équipe présentée par l’Amateur Hockey Association of United States est de son côté reconnue par la Ligue internationale de hockey sur glace. Devant cet imbroglio, le C.I.O. envisage d’annuler le tournoi de hockey sur glace. Mais les organisateurs se refusent à envisager une telle extrémité, et les joueurs présentés par l’Amateur Hockey Association of United States sont autorisés à participer aux Jeux. Quatrièmes du tournoi, les États-Unis seront rétroactivement disqualifiés ; cet épisode fera un moment craindre pour la pérennité des Jeux d’hiver.
Le skeleton – sport symbole de Saint-Moritz – est, comme en 1928, au programme. En outre, le pentathlon d’hiver (course de ski de fond, tir au pistolet, descente, escrime, équitation) est sport de démonstration. Mais le réel événement de ces Jeux est l’importance donnée au ski alpin, sur l’insistance d’Arnold Lunn. Désormais, en plus du combiné, la descente et le slalom font l’objet d’un classement spécifique et donnent pleinement droit à des médailles. Ainsi, le Français Henri Oreiller, vainqueur de la descente et du combiné, est l’une des vedettes de cette édition. De vedettes, ces Jeux manquent cruellement, aucun champion ne multipliant les victoires, même si le patineur américain Dick Button fait preuve d’un grand talent artistique.
Le bilan des nations est dominé par les Scandinaves, la Norvège et la Suède obtenant le même nombre de récompenses : quatre médailles d’or, trois médailles d’argent et trois médailles de bronze, soit dix médailles au total. À domicile, les Suisses réalisent une jolie performance (trois médailles d’or, quatre médailles d’argent, trois médailles de bronze, soit dix médailles au total également), ses représentants se distinguant en bobsleigh et en ski alpin. Quant à la France, elle apparaît pour la première fois en bonne position : elle est cinquième (deux médailles d’or, une médaille d’argent, deux médailles de bronze, soit cinq médailles au total) : elle doit toutes ses récompenses au ski alpin.
Pierre LAGRUE
Au terme d’une brève cérémonie d’ouverture qui se résume au défilé des athlètes, Enrico Celio, président de la Confédération suisse, proclame l’ouverture des Jeux.
Le tournoi de hockey sur glace se dispute selon la formule de la poule unique (toutes les équipes s’affrontent et l’addition des résultats donne le classement final). Mais deux équipes des États-Unis sont présentes en Suisse – celle de