Loriana Cry - Lucas J. - E-Book

Loriana Cry E-Book

Lucas J.

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Beschreibung

Bienvenue dans le monde réel, où diverses anomalies se cachent, allant de créatures cauchemardesques à des objets simples, mais tous sont susceptibles de vous nuire. Heureusement, une organisation est là pour vous protéger : l’ONA. Ses actions et ses origines sont aussi mystérieuses que les anomalies elles-mêmes. Suivez l'une des meilleures agentes à travers ses aventures. Froide, alcoolique et peu aimable, elle vous emmènera aux limites de la réalité.

À PROPOS DE L'AUTEUR  
Lucas J. écrit afin d’inciter le lecteur à adopter un regard différent sur le monde. À travers la création d’une œuvre mystérieuse, il encourage son public à s’impliquer dans l’intrigue en recherchant entre les lignes les réponses aux nombreuses énigmes.

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Lucas J.

Loriana Cry

Roman

© Lys Bleu Éditions – Lucas J.

ISBN : 979-10-422-2856-9

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Contrat de confidentialité

Ce contrat contient le protocole à adopter si vous avez été en présence d’Anomalies, ou informé de l’existence de ces dernières.

La révélation de l’existence d’Anomalie ou de n’importe quelle information à leur égard (voir document CODE ONA), est passible de la peine capitale.

Sans certificat délivré par l’ONA (Organisation Neutralisante d’Anomalie), la détention d’Anomalie sera punie par ladite organisation.

En cas d’infraction aux règles susdites, un agent de l’ONA sera chargé de faire respecter le règlement.

Une prime est attribuée à chaque entité ennemie de l’Organisation en fonction du danger que celle-ci représente.

Les entités primées neutralisées seront envoyées dans une réserve ou seront abattues.

Si vous êtes agent de l’ONA, vous suivrez les règles du CODE DES AGENTS et du CODE DE LA NORMALITÉ.

Votre contrat d’agent sera conservé au Bureau de votre continent.

En cas d’infraction au code, vous serez exécuté.

Ce règlement engage les pays fondateurs et membres de l’ONA.

L’ONA vous remercie de votre coopération et vous prie de bien vouloir apposer votre signature attestant votre agréation aux termes stipulés ci-dessus.

ONA, depuis 1829.

Signature victime

Signature Agent ONA

Signature Directeur ONA

Étant victime, vous pourrez rencontrer différents types d’agents :

– Agent Chasseur : Agents de terrain, ils sont chargés de la neutralisation des anomalies ;

– Agent Secrétaires de la Normalité : Agents veillant à la classification et à la protection des documents confidentiels ;

– Agent de Réserve : Agents chargés de la protection des territoires propres à l’ONA ;

– Sous-Directeur : Agent formateur ;

– Directeur.

En tant que victime, vous avez pu rencontrer plusieurs types d’Anomalies :

– Hyper prédateur : Espèce animale trop dangereuse pour la cohabitation avec l’Homme.

– Espèce protégée : Espèce animale en voie d’extinction ou considérée éteinte, généralement inoffensive.

– Objet Anomalique : Objet possédant des propriétés izoefhciuo. À chaque entité est rattachée une propriété propre.

Censuré par l’ONA :Dragon

Quand le soleil sombrera, le diable vous trahira. Armé des lames jumelles, il détruira la bête aux trois visages pour révéler la vérité. Ainsi commence la valse des démons.

Sara

L’histoire est incomplète il y a des trous et des manques, car ici il n’y aucune vérité, après cette expérience vous vous poserez sûrement plus de questions qu’il n’y a de réponse. Après tout l’ONA a bien fait son travail.

Les nuits écarlates d’Amsterdam

6 novembre 2001

Lieu : Amsterdam

16 h 30

Température : 9

Nous étions le 6 novembre2001, au cimetière de Zorgvlied, dans la grande et belle ville d’Amsterdam. Les tristes paroles d’un prêtre résonnaient dans ce lieu funeste.

Il n’avait beau être que quinze heures, le froid néerlandais se faisait ressentir. Ce jour-là, une famille en payait les frais, celle de Frank Janssens. Un homme qui n’eut rien d’incroyable dans sa vie, excepté sa mort. En effet Frank se baladait près des quartiers rouges, comme ont coutume de faire tous les hommes censés qui se baladent dans Amsterdam. Contrairement à tous ces hommes, son corps fut quant à lui retrouvé déchiqueté en pleine rue vers trois heures du matin.

Malgré les circonstances inhabituelles de sa mort, aucun criminel n’avait été retrouvé. Ce vendredi matin avaient alors lieu les funérailles de notre macchabée à côté d’un certain Anthonius Johannes. Toute la famille était présente, enfin, plutôt, ce qu’il en restait. Il y avait sa femme qui pleurait comme le font pratiquement toutes les veuves à l’enterrement de leur mari. La belle mère qui dormait, sûrement à cause des mignonnettes de whisky ingurgitées lors du discours.

Sa fille était accompagnée de son fiancé, et ce dernier détestait Frank. Il était d’ailleurs plutôt soulagé de se retrouver ce vendredi matin au cimetière. Il y avait également une dizaine d’autres personnes venues uniquement pour être de parfaits citoyens.

Cependant ces funérailles furent très différentes des autres…

En effet, il est assez rare qu’à un enterrement le cercueil s’ouvre. Le prêtre croyait en ce moment à la résurrection, tandis que les convives s’attendaient à voir sortir de la tombe un zombie.

La première chose qu’ils virent fut un bras et au bout de celui-ci une bouteille de jägermeister vide.

Un sentiment d’effroi traversa le corps de tous les invités, quand tout à coup surgit des profondeurs une femme. ELLE était fine et portait une capuche cachant la partie supérieure de son visage. Cela faisait ressortir ses lèvres rouges et pulpeuses, ses cheveux lisses et châtains dépassaient de part et d’autre de sa tête. Elle portait également un pull d’une célèbre marque de skateboard.

La femme se leva en titubant et s’exprima à voix haute au cadavre de Mr Janssens :

Jeune femme :

Merci pour votre compagnie monsieur jancène ou je ne sais pas quoi… prenez mes cinq euros et achetez-vous un truc là où vous allez.

Excepté la belle-mère qui dormait encore, la famille observait la scène, choquée.

Le beau-fils prit son courage à deux mains et se leva pour incendier la profanatrice de tombeaux :

Beau-fils :

Écoutez,-moi madem…

À peine avait-il eu le temps de finir sa phrase que la jeune femme lui avait fait une clef de bras. Il tomba au sol en pleurant de douleur, tout le monde se jeta sur lui pour l’aider excepté encore une fois la belle-mère qui venait de se réveiller entre-temps pour rire aux éclats. Personne n’osait s’approcher de cette étrange femme, alors elle en profita pour voler les dernières mignonnettes de whisky et sortir du cimetière.

La jeune étrangère fut alors lâchée dans la grande ville d’Amsterdam, mais qui était-elle ? Pourquoi se trouvait-elle dans le cercueil de la victime ? Et surtout est-ce que ce Rapport sera adapté en film, et Jennifer Aniston jouera-t-elle dedans ?

Notre mystérieuse jeune femme passa son après-midi à arpenter les rues de la ville, elle en découvrit ses lieux incontournables, comme le Paleis op de Dam qui était le palais royal de la ville. C’était un bâtiment fait de grès jaune typique du style hollandais, un édifice imposant et respectueux, dont l’architecte Jacob Van Campen ne pouvait qu’être fier.

Elle traversa également de magnifiques petites ruelles, emprunta de nombreux ponts, tout en observant la population se déplacer, la plupart du temps à vélo.

Il y en avait un nombre incroyable, de partout, de toutes les couleurs, de toutes les tailles et même de toutes les formes.

De plus, une douce odeur venait caresser les narines de notre amie, celle d’une plante, la spécialité de la ville, les tulipes. Vous pouvez en acheter un peu partout dans la ville, mais le meilleur endroit reste le marché aux fleurs, idéal pour ramener un souvenir légal de la capitale.

L’autre odeur était celle des Bitterballen, de délicieuses boulettes de viande frites…

Après avoir arpenté la ville toute la journée, la dame encapuchonnée passa également devant la basilique Saint-Nicolas, un lieu de recueillement pour tout bon catholique, mais ses pas la guidèrent plutôt vers un autre sanctuaire. L’un des Pubs les plus cotés de la ville, qui se trouvait dans le quartier de Wallen, l’un des plus touristiques.

Ce bar était magnifique, éclairé de néons rouges et de spots lumineux, à l’intérieur il y avait une agitation unique typique des bars des pays nordiques. La bière coulait à flots et les rires se faisaient entendre jusqu’à l’autre côté de la rive.

La femme rentra, poussa avec la plus grande sympathie un homme et ne dit qu’un mot au barman « bier ».

Il lui servit une de ces bières brassées avec des méthodes traditionnelles et qui coûtent extrêmement cher pour de l’alcool.

Pour une femme comme elle, l’alcool n’avait pas de prix, elle passa sa soirée à boire et à réfléchir, jusqu’au moment où un homme vint l’aborder :

Inconnu :

Bonzoiiir madameee.

Jeune femme :

Vous vous êtes mon prince charmant ?

L’homme sourit.

Jeune femme :

Peut-être bien je vous laisse le découvrir…

Il posa ses lèvres sur celles de la femme qui était déjà dans un état second. Fier de lui, il s’apprêta à lui prendre la main, mais, il ne se sentait pas bien. Sa tête commençait à tourner, les gens autour de lui se dédoublaient, puis il s’écroula.

Tout d’un coup il n’y eut plus un bruit, le barman récupéra l’homme et le jeta à l’extérieur du bar, la soirée reprit alors son cours. Notre amie se demanda pourquoi il était tombé, la réponse lui traversa immédiatement l’esprit. « pourquoi j’ai utilisé mon rouge à lèvres soporifique ? » se demanda-t-elle. Malgré tout elle continua de boire. Tout en dégustant son breuvage, elle écoutait la conversation de deux hommes assis derrière elle :

Premier homme :

Je te dis qu’ils l’ont trouvé en cinq morceaux le bougre.

Deuxième homme :

Cinq ? Ce sont les journalistes qui racontent n’importe quoi pour faire la une.

Premier homme :

Mais si ! C’est à cause des bars a pute ça, ils attirent des gens peu recommandables pleins de vices qui tuent pour s’amuser.

Deuxième homme :

Attend Chris, ta femme elle bossait pas dans un de ces bars ?

Premier homme :

CA N’A RIEN A VOIR ! Elle était serveuse.

Deuxième homme :

Calme-toi Chris je savais pas, peu importe si c’étaient des clients ou non, le résultat est le même, t’es cocu Chris.

Premier homme :

Répète ça ?!

Le deuxième homme n’eut même pas le temps de répondre que son « ami » lui sautait dessus pour l’étrangler et tout le bar se mit à les encourager. Le barman était dépassé par les événements, alors qu’une bagarre venait d’éclater, la jeune femme partit trouver un endroit où dormir.

Elle découvrit de nuit le quartier de Warret, aussi surnommé le quartier rouge. Tout était différent ici, on y trouvait un grand nombre de bordels, où de jolies femmes dansent dans des vitrines. La belle aux lèvres pulpeuses toujours encapuchonnée s’assit sur un banc pour dessaouler un peu, tout en observant la scène qui se dessinait sous ses yeux.

La rue était éclairée de néons roses et violets provenant d’un de ces bars à vitrine. De l’autre côté de celle-ci dansait une femme, elle était habillée uniquement de sous-vêtements fluorescents et une musique d’ambiance l’accompagnait. Il y avait un certain sentiment de liberté dans sa danse, cependant la vitrine qui l’entourait donnait une impression d’enfermement. Comment savoir si elle faisait ça par passion ou par obligation ? Quoi qu’il en soit, les personnes qui admiraient le spectacle avaient toutes les mêmes réactions. Un adolescent à vélo baissait la tête l’air gêné malgré les baisers envolés de la danseuse, un homme alcoolisé riait avant de s’allonger ironiquement sur le sol, ivre. On voyait différents types de personnes rentrer dans ce lieu, des jeunes, des vieux, des pères de famille, des mères de famille, des riches, des pauvres, elle crut même apercevoir un policier en service.

Le quartier de Warret est un lieu unique, se dit notre amie toujours en train de dessoûler sur le banc. Vers quatre heures du matin, elle se releva et atterrit on ne sait comment devant un hôtel se trouvant près du port avec une odeur de marée, naturelle pour certains, écœurante pour d’autres.

Un hôtel sans étoiles, le bâtiment avait l’air délabré de l’extérieur et ne reflétait pas le luxe. C’est en rentrant qu’elle constata qu’il l’était également de l’intérieur.

Une tapisserie vert foncé recouvrait les murs, il y avait un vieil escalier en bois qui grinçait et des blattes se baladaient un peu partout. Au milieu de tout ça siégeait un comptoir où était affalée une vieille femme. Celle-ci ne dit qu’une phrase :

Receptioniste :

Vous avez réservé ?

Jeune femme :

Oui… au nom de…

Loriana Cry.

***

Il était quinze heures trente quand Loriana ouvrit les yeux dans cette chambre d’hôtel miteuse du port d’Amsterdam. Celle-ci était décorée d’une tapisserie verte, mais pas un vert propre et lisse, plutôt un vert foncé sale et déchiré.

Dans la chambre numéro 124 était entreposé un petit lit avec un matelas si inconfortable qu’il était plus sage de s’allonger sur le parquet. Celui-ci avait une fâcheuse tendance à grincer. Il y avait dans cette même salle une armoire en chêne, le seul meuble qui paraissait correct ici. Sur celle-ci une petite pancarte indiquait « niets doen » ce qui signifiait en Néerlandais « ne rien poser ». Vous vous doutez bien que notre charmante protagoniste avait soigneusement posé sa valise de 30 kg sur ce meuble, ainsi qu’une arme sur la petite table de nuit placée à quelques centimètres du lit.

Ce n’était pas n’importe quelle arme, il s’agissait d’un katana de « soixante centimètres de plaisir » comme le disait si bien Loriana. Une arme pouvant trancher le bras de n’importe quelle personne, mais dont le métal était d’une grande fragilité.

Cela faisait presque un an qu’elle avait ce katana et qu’il n’avait à son grand regret toujours pas servi.

Après avoir passé une nuit d’insomnie, elle se prépara et descendit de sa chambre. La réceptionniste n’était pas là et il y faisait une température glaciale, mais pour les personnes du nord, il faisait bon.

Loriana repensa à la discussion des hommes du bar. Disant que si Frank Janssens avait été retrouvé mutilé ce serait à cause des bordels de la ville.

Alors la jeune femme voulut se rendre dans un de ces endroits, mais pas avant d’être passé boire un verre au pub. Elle commanda vers seize heures le meilleur bourbon du bar. Surpris, le jeune serveur lui dit : « Ce n’est pas un peu tôt ? », Loriana lui lança un regard si noir et terrifiant que le serveur partit très vite chercher le bourbon oubliant les autres commandes passées précédemment.

Après finalement trois verres de bourbon, elle rejoignit le Pink Crazy Poney, un bordel installé depuis peu.

Les néons roses étaient éteints, mais l’enseigne en forme de poney clignotait encore. Les vitrines étaient fermées contrairement à la nuit dernière et cet endroit était très calme, presque apaisant.

Loriana rentra à l’intérieur de ce lieu saint et réputé que beaucoup de touristes admirent lors de leurs voyages à Amsterdam.

Il y avait à l’intérieur des canapés en velours, des sièges en cuirs, encore des néons roses, de petites tables faites pour des rendez-vous en tête à tête, mais sûrement pas avec la future mère de vos enfants. On pouvait également observer un grand escalier menant aux chambres à l’étage, des chambres étranges où l’on ne dort jamais.

Il y avait également un immense bar en bois de chêne. Derrière se trouvait le Graal de notre protagoniste, des centaines de bouteilles d’alcool différentes allant de la vodka la plus miséreuse au bourbon le plus réputé.

Soudain un homme sortit de derrière le comptoir, plutôt musclé, une mâchoire carrée, des cheveux noirs et courts ainsi que de beaux yeux bleus.

***

L’homme :

Excusez-moi, mais nous sommes fermés.

Loriana :

Ça tombe bien, je ne suis pas là pour consommer.

L’homme :

Oh et que me vaut le plaisir ?

Lorianasouriant :

Tu me plais bien toi.

L’homme :

Je sais satisfaire les clients et les femmes.

Un long blanc s’installa.

L’homme :

Un peu nul ça.

Loriana :

Légèrement.

L’homme :

Oh excusez-moi je me suis pas présenté, Joe.

Loriana :

Loriana Cry.

Joe :

Un charmant prénom.

Loriana :

Tu t’enfonces là, Joe.

Joe :

Excusez-moi.

Loriana :

Ce n’est pas grave comme je l’ai dit je ne suis pas là pour consommer.

Joe :

Ah oui, mais je ne suis que serveur.

Loriana :

Très bien, je voudrais voir tout le personnel.

Joe :

Tout ? Euh… très bien, je vais vous chercher la patronne alors.

Joe partit la tête baissée vers une porte camouflée derrière un rideau rose. Loriana attendit alors en regardant autour d’elle, et remarqua des cadavres de bouteilles cachés sous une table ainsi qu’un paquet de préservatifs posé sur un tabouret. Elle se fit la réflexion qu’elle n’était sûrement pas dans une école primaire. Puis elle pencha sa tête de l’autre côté du bar, regardant fixement une bouteille de Jägermeinster qui semblait l’appeler. Elle tendit alors son bras pour l’attraper quand tout à coup, une femme d’une soixantaine d’années débarqua dans la salle suivie du barman.

Directrice  :

Alors vous êtes qui ?

Loriana :

Agent Cry.

Directrice :

Je ne vous ai pas demandé votre nom, mais votre profession.

Cette réponse eu le don d’énerver la jeune femme qui répliqua d’un ton sec.

Loriana :

Je suis chargée de veiller à la protection de la population en traquant différents animaux nuisibles, Madame.

Directrice :

Voilà qui a le mérite d’être clair, mais il n’y a pas d’animaux ici, à part la nuit avec certains clients.

Loriana :

Peut-être bien que si, j’aimerai m’entretenir avec vos employés.

Directrice :

Comme vous voudrez ça, ne coûte rien.

Loriana :

Merci madame.

Directrice :

Vous pouvez m’appeler Madeleine.

Loriana :

Non ça ira.

***

Loriana s’installa alors dans le bureau de la cheffe, une salle très petite avec une minuscule fenêtre qui rendait l’air étouffant. Sur le bureau principal étaient disposées des photos de différents hommes politiques accompagnant la directrice à l’époque où elle n’était qu’employée.

On frappa alors à la porte. « Entrez ! » s’exclama la chasseuse.

Une petite personne timide entra dans la salle, des cheveux blancs mi-longs, des yeux de biche entourés d’eye-liner noir, mais une mâchoire assez masculine.

Loriana :

votre nom ?

Sasha :

Sasha.

Loriana :

Mais vous avez un surnom ?

Sasha :

Non pas particulièrement.

Loriana :

couleur préférée ?

Sasha :

C’est important ?

Lorianarépondit rapidement :

Oui.

Sasha :

Le gris.

Loriana :

Ah…

Elle dévisagea Sasha en fronçant les sourcils, dubitative.

Sasha :

Je suis transgenre si c’est la question que vous vous posiez.

Loriana :

Non pas spécialement. Vous savez je viens de finir 3 bourbons, je suis un peu perdue. D’après mes rapports c’est avec vous que Frank Janssens a passé sa dernière nuit.

Sasha :

Oh je sais ce que vous pensez.

Loriana :

Je ne crois pas.

Sasha :

Eh bien oui, on a passé la nuit ensemble, mais il est rentré immédiatement après avoir fini son affaire.

Loriana :

Charmant. Et bien sûr pas de témoin ?

Sasha :

Euh non, désolé.

Loriana :

Encore heureux. C’est pas grave, SUIVANT !

Sasha :

Vous ne voulez pas en savoir plus ?

Loriana :

Pour quoi faire ? Vous voulez m’avouer avoir tué Janssens ?

Sasha :

Non, je n’ai jamais fait ça.

Loriana :

Très bien alors, SUIVANT !

La prochaine personne fut Joe, il s’installa dans la pièce où un silence pesant durait depuis trois minutes.

Joe :

voilà, voilà…

Loriana :

Hum.

Joe regardait en l’air tandis que la chasseuse le fixait.

Loriana :

Bon t’as essayé de me draguer et alors ?

Joe :

D’habitude ça marche.

Loriana :

Oui bah tu me plais pas on va pas en faire toute une histoire.

Joe :

Merde qu’est-ce qui marche plus chez moi ?

Loriana :

Non, ça doit être moi, je suis sûrement trop sobre.

Joe :

Euh… Merci ?

Loriana :

C’est rien jojo, SUIVANT !

Ce fut le tour de Niki, une grande femme aux cheveux noirs et aux yeux marron. Elle avait le visage d’une femme de l’est.

Loriana :

Asseyez-vous.

Niki :

kim jesteś.

Loriana :

euh quoi ?

Niki :

nigdy cię nie widziałem.

Loriana :

Ah j’ai compris c’est une blague !

Niki :

Przepraszam !

Loriana :

oh non c’est pas une blague, Putain.

SUIVANT !

Niki restait assise devant Loriana sans bouger, ce qui avait le don d’énerver cette dernière. Elle se mit à lui faire des mouvements de main méprisants lui intimant l’ordre de quitter la pièce, avant d’ajouter « allez dégage ». La jeune femme finit par comprendre et repartit d’où elle venait.

C’était enfin le tour de la dernière employée. Elle répondait au nom de Lizzie et c’était sûrement la fille la plus belle du Pink Crazy Poney. Elle avait les yeux verts, une chevelure blonde recouvrant sa nuque. Des lèvres fines et douces ainsi qu’un corps parfait pour exercer son métier. En la voyant, Loriana fut chamboulée. Était-ce de la jalousie ou de l’attirance ?

Lorianase levant

Enchantée, asseyez-vous.

Lizzie :

J’espère que ça va aller vite je n’ai pas que ça à faire, moi.

Loriana :

Oui ne vous inquiétez pas, avez… avez-vous… excusez-moi, mais vos cils ce sont des vrais ?

Lizzie :

Non je mets des extensions, c’est sur mon apparence que vous voulez poser des questions ?

Loriana :

Non désolée, j’en étais sûre, sinon avez-vous tué des gens récemment ou vu des bêtes sauvages le faire ?

Lizzie :

Quoi ? Non, pourquoi cette question ?

Loriana :

Très bien, on en a fini, Bonne journée.

Lizzie leva les yeux, surprise, beaucoup de questions lui trottaient dans la tête. Loriana avait fini sa journée et partit en laissant tous les employés en plan l’esprit embrouillé.

Pourquoi ces questions ? Qui était-elle ? Quel métier exerce-t-elle ? Et où a-t-elle trouvé cette veste incroyablement belle ?

La jeune femme passa le reste de son temps à boire.

De cette journée, elle ne se souviendra que de l’alcool présent dans les bars du port. Elle se remémora sa discussion philosophique jusqu’à vingt et une heures avec un sans-abri, boire avec des Russes, frapper les Russes, boire encore, fumer, donner un coup de pied dans un landau sans savoir ce qu’il y avait à l’intérieur puis finir son aventure à l’hôtel.

Le lendemain vers vingt heures, elle retourna au Pink Crazy Poney, qui venait juste d’ouvrir. Il y manquait la plupart des employés et il n’y avait aucun client. Seul Joe était au comptoir, Madeleine dans son bureau et Sasha assise sur un fauteuil lisant un livre que Loriana n’avait jamais vue. À en croire la couverture, l’œuvre narrait la rentrée scolaire d’un magicien.

Loriana :

Allez, Joe sert moi un Get j’ai besoin de laver mon estomac.

Joe :

T’es sûre ? On t’a vue hier, tu sais, tu faisais peine à voir.

Loriana :

Je t’ai pas demandé une psychanalyse, mais un get alors fait ton boulot.

Joe :

En parlant de boulot, ça avance ton enquête ? Madeleine a dit que t’étais une sorte de chasseuse.

Loriana :

Pose pas de questions Joe.

Joe :

Apparemment il y aurait des bêtes sauvages ici, à Amsterdam.

Loriana :

T’es trop curieux Joe, ça te jouera des tours plus tard.

Elle but son get cul sec et posa sa tête sur le bar. Madeleine rentra dans la pièce.

La Directrice :

Vous êtes encore là, vous ?

Loriana :

Oui, j’ai une piste sur mon affaire.

La Directrice :

Très bien, mais cela ne m’intéresse pas le moins du monde, vous êtes une femme qui a vu des choses et fait des choses. Grâce à mon métier, j’arrive à cerner les gens en général.

Loriana :

Vous, vous avez besoin que je vous rende un service.

La Directrice :

Écouter, notre établissement existe depuis trente ans, et aujourd’hui des gens veulent le faire fermer.

Loriana :

Qui voudrait faire fermer le temple du sexe ?

La Directrice :

Une association chrétienne pour enfants de chœur.

Loriana :

Oh je vois, on dirait le scénario d’une comédie américaine.

La Directrice :

Leur centre se trouve au bout de la rue, j’aimerais que vous vous y rendiez pour établir un plan visant à les faire disparaître. Ça doit être dans vos cordes ?

Loriana :

Oui, c’est pas mon principal travail, mais je peux faire ça contre rémunération, les temps sont durs.

La Directrice :

Parfait.

Loriana :

Cependant, j’ai une condition.

La Directrice :

J’aurais dû m’y attendre.

Loriana :

Je veux que Sasha vienne avec moi.

Sasha :

MOI ?

La Directrice :

D’accord.

Sasha :

Pourquoi moi ? Je ne vais pas trop vous gêner ?

Loriana :

Non ne t’inquiète pas

Sasha :

Parfait, je viens, on va bien s’amuser !

***

Vers vingt et une heures, la chasseuse et la prostituée arrivèrent chez les enfants de chœur. Ce lieu était situé dans une petite ruelle proche de l’église Saint-Martin.

Devant se trouvaient des camions montrant que l’aménagement avait été fait dans la journée.

Sasha :

Alors on fait quoi, quel genre d’aventure je vais vivre ?

Loriana :

holà ne te fais pas trop d’idées, on est juste là en repérage.

Sasha :

Ah mince l’histoire risque d’être redondante.

Loriana :

Quelle histoire ?

Sasha :

Non rien.

La chasseuse vit sur le côté une petite porte métallique, donnant sur les cuisines à en croire l’écriteau. Devant l’entrée principale attendait un homme en chaise roulante. Il fumait une cigarette vérifiant autour de lui que personne ne le prenne en flagrant délit. À force de regarder à droite et à gauche, il finit par voir nos deux personnages.

***

L’inconnu :

Hé vous ! Vous faites quoi ici ?

Loriana :

Désolé nous ne faisons que passer pour savoir ce qui se passe.

L’inconnu :

Jouez pas aux touristes, vous êtes des putes.

Loriana :

Vous êtes bien vulgaires pour un homme dont le père est Dieu.

L’inconnu :

C’est vous qui êtes vulgaires, vous vendez votre corps pour satisfaire des hommes et des femmes sales. Vous attirez des fous qui tuent pour le plaisir, vous êtes la gangrène de cette ville et on vous fera fermer.

Sur ces paroles Loriana resta neutre, elle regarda en arrière, croyant voir Sasha pleurer. Elle se dirigea froidement vers l’homme en chaise roulante, qui continuait de les insulter. Doucement elle sortit un petit couteau de sa poche, et creva les pneus du fauteuil.

L’homme surpris et choqué ne pouvant plus s’enfuir était devenu la proie de la chasseuse.

Soudain, de toutes ses forces, elle donna un coup de poing dans le visage du chrétien, lui explosant la cloison nasale, et continua encore et encore détruisant peu à peu le visage de cet homme pur. Le père de famille était immobile et subissait les coups de son agresseur qui s’arrêta quelques instants pour reprendre de plus belle.

Sasha essayait tant bien que mal de l’arrêter, elle savait que frapper cet homme ne changerait rien. Cela ne ferait qu’envenimer les choses, mais Loriana avait besoin d’extérioriser toute la colère qu’elle accumulait depuis plusieurs mois.

Au bout de dix minutes, un homme sortit du centre, et appela du renfort.

Sasha :

On fait quoi ?

Loriana :

Cours !

Les deux hors la loi prirent la fuite, poursuivies par les hommes de l’association. Elles prirent des petites ruelles mal éclairées à l’odeur nauséabonde, pour atterrir dans la rue principale, bondée à cette heure-ci.

Les assaillants perdirent leurs traces, ainsi Loriana et Sasha s’arrêtèrent sur le pont d’un bateau amarré au port.

Sasha :

Wow le moins qu’on puisse dire c’est qu’on s’ennuie pas avec toi.

Loriana :

T’as vu ça ?

Sasha :

Écoute, je voulais te remercier d’avoir pris ma défense, tu sais c’est pas tout…

Loriana :

Je t’arrête tout de suite, j’ai pas pris ta défense, j’ai frappé ce type parce que j’en avais envie.

Sasha :

C’est pas grave, merci quand même. En plus c’est faux ce qu’il dit, j’aime ce que je fais, j’ai jamais vu un endroit aussi accueillant que le Pink Crazy Pony.

Loriana :

Tant mieux.

Sasha :

Mais il me reste une question.

Loriana :

Oui ?

Sasha :

Tu me soupçonnes encore d’avoir tué Frank ?

Loriana :

Non, je pense pas que quelqu’un comme toi ait les couilles de commettre un crime pareil.

Sasha :

Ah ça oui j’en ai des couilles.

Un long silence s’installa, puis les deux associées sourirent jusqu’à rire bêtement.

Loriana :

Toi et Frank vous étiez proches ?

Sasha :

Non, pas vraiment c’était mon premier client.

Loriana :

Et ça n’a pas créé de liens entre vous ?

Sasha :

Non je ne suis là que depuis deux semaines.

À ce moment-là Loriana était perdu, elle n’avait plus aucune piste, alors elle et Sasha rentrèrent au Pink Crazy Pony.

***

Vers trois heures du matin, alors que les clients partaient un par un, Loriana, adossée au comptoir

comme toujours, tenait un verre d’alcool à la main. Elle observait les gens assis sur les canapés de velours qui s’extasiaient devant une femme dansant sur une barre. Loriana comparait ça à des spectateurs d’un cirque venus contempler des tigres sauter dans des cerceaux, ou à des amateurs d’art venus observer un tableau de Dali.

ELLE reprit un autre verre, et Lizzie apparut, toujours aussi belle, habillée d’une nuisette sexy, conçue pour exciter les personnes qui fantasment sur leurs femmes de ménage.

Elle sourit à notre chasseuse et s’essaya à ses côtés.

***

Lizzie :

Alors ton enquête ?

Loriana :

C’est comme ça que tu attires tes clients ? Tu leur parles de leur boulot pour les attendrir puis tu parles de leur père et après hop ?

Lizzie souriant :

Hop !

Loriana :

Ça avance pas, je tourne en rond et je m’ennuie.

Lizzie :

Tu t’ennuies ?

Loriana :

Arrête de répéter ce que je dis.

Soudain Loriana examina Lizzie quelques secondes, elle analysa ses yeux, ses lèvres, sa gorge puis repris la conversation normalement.

Loriana :

Sinon ça te prend longtemps à te faire belle comme ça ?

Lizzie :

Hum, environ une demi-heure.

Loriana :

Tant que ça ? Je pense pas que tu aies besoin d’être autant resplendissante.

Lizzie :

C’est comme ça que tu attires tes amantes ? Arrête tes disquettes, si tu veux me voir nue, je fais ça gratuit pour toi. Tu nous aides beaucoup avec ce centre d’enfants débiles et ces puceaux prudes.

Loriana :

Puceaux je sais pas, le prêtre a l’air très proche d’eux

***

Lizzie éclata de rire, suite à cette blague de mauvais goût.

Lizzie d’une voix douce :

Allez suis moi.

Loriana sourit et attrapa la main de la call-girl qui passa entre les sièges des clients, qui la regardaient jaloux. Comme si tout le monde voulait s’offrir les privilèges de Lizzie.

Loriana entra dans une chambre isolée, sûrement la plus belle de tout le bâtiment. Dans cette salle, il y avait un grand lit, entouré de coussins roses et recouvert d’une épaisse couette bleu marine. Une petite table de nuit où était posée dessus une lampe à lave, devant cet immense lit siégeait fièrement une armoire remplie d’objets conçus pour assouvir vos fantasmes les plus sombres.

Et enfin la petite télé cathodique diffusait le concert d’un célèbre rappeur, qui répéter sans cesse « please stand up ».

Loriana :

Sympa la musique.

Lizzie :

T’aimes bien ?

Loriana :

C’est pas mal.

Lizzie :

Je pense que c’est un artiste qu’on finira par oublier dans un an ou deux.

Loriana :

Tu crois ?

Lizzie :

Allez allonges toi, je vais mettre une musique plus propice à la situation.

Loriana se coucha sur le lit. Lizzie sortit du placard, un tourne-disque.

Loriana :

Wow, ils vendent encore des antiquités comme ça ?

Lizzie :

Chut.

Le tourne-disque diffusa alors la musique, « Top of the world » de Carpenters. Une musique qui même dans les années 2000 était déjà passée de mode. Une musique douce et romantique, qui correspondait étrangement bien à la situation.

Lizzie dansait au rythme de la musique, d’une manière sensuelle et délicate, ses mains suivaient les courbes de son corps. Elles les faisaient suivre du haut de ses hanches, remonter sur ses seins, le long de sa nuque pour finir par les passer dans ses cheveux blonds.

Puis toujours en rythme, elle enleva la bretelle gauche, puis la droite et perdit sont haut.

Les seins nus, elle dansait, lançant des sourires à la chasseuse.

Elle continua de jouer avec ses mains, les faisant descendre sur son tanga noir. Le vêtement de soie descendit le long de ses jambes, laissant notre chère Lizzie complémentent nue au moment du deuxième refrain.

« I'm on the top of the world lookin' down on creation, And the only explanation I can find ,Is the love that I've found, ever since you've been around, your love's put me at the top of the world »

Lizzie dansait, dans la plus belle tenue d’Eve, puis s’essaya sur les genoux de Loriana, lui faisant un clin d’œil. Elle caressa les cuisses de sa cliente et aperçut une cicatrice. Les deux jeunes femmes étaient face à face, alors que Lizzie faisait un suçon sur la gorge de notre chasseuse, la strip-teaseuse put voir sur l’épaule de sa cliente un tatouage « MSN ».

Chacune des lettres était rayée, Loriana passa sa main dans la crinière de la call-girl et la fit descendre le long de sa jugulaire. Elle sentit alors une petite bosse, intriguée, la chasseuse regarda tout en continuant de caresser les jambes de la prostituée.

C’est à ce moment-là qu’elle comprit. Elle venait de résoudre le mystère qui entourait cette ville depuis plusieurs mois. Sur la jugulaire de Lizzie se trouvaient deux points noirs d’un diamètre de trois centimètres.

Loriana se leva subitement, et se précipita vers la sortie, laissant Lizzie nue, seul sur le lit dans l’incompréhension la plus totale.

***

De quatre heures du matin à dix-sept heures, Loriana était dans sa chambre d’hôtel, dans un chaos total. Tout était en désordre, la couette était retournée, la valise complètement défaite. Sur le parquet se trouvait un réchaud, une odeur de plante s’en dégageait et à côté de cela, des seringues remplies de morphine jonchaient le sol.

Bien évidemment, une ribambelle de bouteilles vides d’alcool en tout genre étaient entreposées un peu partout dans la chambre d’hôtel numéro 124.

Il y avait également le katana blanc orné de motifs en or. Il était posé sur le bord du lit à côté d’un coussin coupé en deux dont les plumes blanches recouvraient le matelas.

Loriana :

Pas aujourd’hui.

Katana

Loriana :

Me regarde pas comme ça.

Katana

Loriana :

N’insiste pas.

Katana

Loriana :

Je te dis que tu peux pas venir aujourd’hui.

Katana

Loriana :

Si c’est comme ça, je te range dans ta boîte.

Elle prit le Katana et le rangea en claquant la caisse énervée, puis partit se coucher.

Quelques heures plus tard, elle émergea, accablée par la fatigue et par la boisson. Sa mixture étrange était enfin finie, mais ça lui avait pris toute la journée.

Il était l’heure de détruire une association d’enfants de chœur et de finir sa mission principale.

Loriana rassembla ses affaires, trempa ses lèvres rouges dans sa mixture, et se dit que ça pourrait être meilleur, mais elle n’avait pas le temps d’améliorer sa recette. Elle prit son sac, une bouteille de whisky et claqua la porte derrière elle ou il était inscrit « Breek niet ».

***

Il était vingt et une heures dans la petite salle des « enfants de dieux » où une petite sauterie avait lieu. Bien sûr il n’y avait ni alcool, ni drogue et encore moins strip-teaseuse, un spectacle rare dans le quartier de Wallen.

La soirée se passait à merveille, les convives étaient en majorité des parents qui n’attendaient qu’une chose, le dessert, pour enfin aller coucher leurs enfants bien trop excités. Ils passaient la plupart de leur temps à courir dans tous les sens, faisant baisser la libido de leurs parents.

Le dessert était une pièce montée préparée dans une petite boulangerie non loin du Pink Crazy Pony. Dans la salle on pouvait entendre du jazz, cette douce mélodie apaisante diffusée dans d’énormes enceintes prévues initialement pour des festivals.

L’atmosphère douce et délicate fut interrompue, les lumières furent coupées, et l’immense pièce montée fit son entrée dans la salle. Les invités applaudirent l’immense gâteau, fait à base de chouquettes remplies de crèmes. Dessus étaient posées des bougies d’anges ainsi qu’une petite plaque ou il était inscrit « Welcome ». Pour souhaiter la bienvenue aux enfants dans l’association. Comme le disent certains pédophiles « il n’y a rien de mieux pour attirer un enfant que des gâteaux ».

Alors que tout le monde souriait, s’empressant de vouloir manger la sculpture de sucre, une vieille femme d’environ soixante-dix ans, les cheveux gris et les yeux globuleux, fit son apparition. C’était la directrice, bien différente de celle du Pink Crazy Pony, autant physiquement que mentalement.

Elle prit le micro, se saisit de ses notes qu’elle avait écrites depuis déjà deux mois et commença son long discours éclairé par les projecteurs.

« Bonsoir à tous,

Depuis toute petite j’ai été bercée par la lumière de dieu, toute ma vie il a dicté mes choix, avec l’aide de mon mari. C’est grâce à lui que je suis devenue la femme que je suis, et j’aimerai… »

Étrangement, le micro de la vieille dame se coupa, les projecteurs se coupèrent et la salle fut plongée dans le noir. Les convives et le personnel étaient inquiets, les parents demandèrent aux enfants de se rapprocher d’eux, quelque chose rôdait autour.

Il n’y avait plus aucun bruit, ce silence dura trente longues secondes.

Soudain, une musique se lança sur les enceintes, Britney Spears, Oops… i did it again :

« Oops, I did it again

I played with your heart, got lost in the game

Oh baby, baby

Oops, you think I'm in love

That I'm sent from above

I'm not that innocent »

Image d’archive

Dans cette ambiance sexy et libérale, personne ne comprenait ce qu’il se passait. La musique ne fut pas la seule chose choquante pour les enfants de chœur. En effet, Nikki, la meilleure strip-teaseuse du Pink Crazy Pony sortit de la belle pièce montée. Les yeux des parents s’écarquillèrent, mais la surprise n’était pas finie, il y avait également toute la clientèle du bordel dans cette grande salle.

Des hommes déguisés en femme, des femmes déguisées en infirmière, Sasha qui dansait heureuse sur la table devant une mère de famille indignée. Tous les parents l’étaient d’ailleurs, sauf un père qui admirait le spectacle, très rapidement rappelé à l’ordre par sa femme.

Tous les parents s’étaient plaints auprès de la gérante et avaient désinscrit leurs enfants par la suite.

L’alcool coulait à flots, on faisait des aquariums dans les vestiaires où se changeaient les enfants, les endroits de prières devinrent des endroits de buvette.

C’était une fête avec un grand F. alors que tout le monde s’amusait et rigolait, Loriana se tenait seule dans un coin. Elle regarda sa montre, qui indiquait vingt-deux heures.

Elle s’avança vers la directrice Madeleine.

La Directrice :

Beau boulot ça ne me serait jamais venu à l’esprit de faire une telle chose.

Loriana :

Il faut dire que j’ai de l’imagination, mais ils vont sûrement appeler la police.

La Directrice :

T’en fais pas, dans quelques minutes nous serons partis.

Loriana :

Ils vont peut-être remonter la piste jusqu’à vous.

La Directrice :

Non, on a cassé les caméras de surveillance et il faut dire qu’il y a un paquet de clubs de strip-tease dans le coin.

Loriana :

Je suis contente pour vous alors.

La Directrice :

Sincèrement ?

Loriana :

Non. Je peux avoir mon argent maintenant ?

La Directrice :

Vous avez des problèmes vous, à quémander de l’argent aussi facilement, on dirait mes filles.

Loriana ne dit rien, pris son argent et sortit de la salle, regardant une dernière fois derrière elle et vit Lizzie danser sensuellement contre un homme. Pendant ce temps Sasha buvait des coups avec Nikki. Joe croisa le regard de la chasseuse, mais celle-ci partit avant qu’il ne l’invite à danser.

***

À vingt-trois heures, Loriana s’apprêtait à rentrer par effraction dans une belle maison du centre-ville faite en brique. Au 5 Molensteeg, juste au-dessus d’une supérette, et accessoirement la maison de Lizzie.

Loriana monta les étages un par un, les marches grinçaient, les appartements étaient silencieux, il était tard et tout le monde dormait.

Elle arriva finalement au deuxième étage, où trônait fièrement une grande porte violette au poignet doré. Le chiffre trois était inscrit juste en dessous de l’œil de bœuf.

Loriana ouvrit délicatement la porte, si le mot « délicatement » signifiait exploser la poignée à l’aide de sa valise en métal. Étrangement, les voisins n’avaient rien remarqué.

Elle ouvrit doucement la porte qui grinçait énormément. Un petit coup de graisse dans les charnières n’aurait pas été du luxe.

La jeune femme découvrit un petit appartement d’à peine vingt-cinq mètre carré.

L’entrée donnait directement sur le salon, une petite salle carrée composée d’un bureau, d’un canapé dépliant, une table basse et une télé cathodique.

À la droite de notre intruse, on pouvait voir la cuisine, petite, mais fonctionnelle, elle était malheureusement dans un désordre total.

Loriana parcourut la salle principale pour atteindre la chambre au milieu de laquelle siégeait un grand lit. Il prenait toute la pièce, l’air y était étouffant. Lorsqu’on s’allongeait, on pouvait admirer le ciel, par le velux.

Sur le côté se trouvait une petite armoire débordant de tous types de vêtements, chics, de marques ou non, sexy, beaucoup de sexy.

Une porte située juste à côté de cette armoire donnait accès à la salle de bain et aux toilettes, mais la traqueuse ne voulut pas s’aventurer dans cette salle privée.

Elle posa sa valise à côté du lit et ouvrit le velux. Tous les radiateurs étaient allumés, il faisait aussi chaud et humide que dans une forêt thaïlandaise.

Loriana s’allongea dans le lit, s’emmitoufla sous la couette rose et épaisse, mais ne dormait que d’un œil.

La nuit était calme, le ciel était recouvert d’un épais nuage, un léger courant d’air s’infiltrait par le velux. Ça ne perturbait aucunement la chasseuse, qui était préoccupée par quelque chose de bien plus inquiétant.

Le robinet était mal fermé et les gouttes tombaient une par une, le parquet grinçait et des tuiles glissaient du toit. Sûrement le vent, dans le meilleur des cas.

Loriana