Onze jours de siège - Jules Verne - E-Book

Onze jours de siège E-Book

Jules Verne.

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Beschreibung

Onze jours de siège est une comédie en trois actes et en prose, écrite par Jules Verne, en collaboration avec Charles Wallut, dont la rédaction débuta en 1856 et se déroula jusqu'en 1860. Elle fut jouée pour la première fois, au Théâtre du Vaudeville, le 1er juin 1861. Robert et Laurence Maubray se sont mariés à l'île Maurice, dont le jeune homme est originaire. Ils viennent se fixer à Paris, où leur bonheur serait sans ombre, si Robert n'aimait par trop sa liberté. En effet, il n'hésite pas à délaisser sa jeune épouse, pour se rendre au Cercle ou sortir entre garçons. Laurence en devient vite jalouse. Durant une conversation avec deux de ses amis, le médecin Maxime Duvernet et le notaire Roquefeuille, Robert vient à parler du consul de France qui l'a marié. C'est alors que la question de sa nationalité se trouve posée. En effet, l'île Maurice appartient à l'Angleterre, et ce n'est que deux ans après la naissance de son fils que le père de Robert s'est fait naturalisé français. Donc, Maubray possède la nationalité anglaise, puisqu'il n'y a aucun effet rétroactif pour la naturalisation. Mais Roquefeuille va plus loin, en déclarant que le mariage de Robert et de Laurence est nul, ayant été célébré par le consul de France, et non par les autorités anglaises

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Seitenzahl: 89

Veröffentlichungsjahr: 2018

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Onze jours de siège

Pages de titreComédieActe premierScène VIActe deuxièmeActe troisièmePage de copyright

Jules Verne – Charles Wallut

Comédie

Édition de référence :

Michel Lévy Frères, Libraires-Éditeurs,

Paris, 1861.

Personnages

Roquefeuille,notaire.

Robert Maubray,30 ans.

Maxime Duvernet,son ami, médecin.

Baptiste,domestique.

Laurence,femme de Maubray, 22 ans.

Léonie de Vanvres,son amie, 24 ans.

Thérèse,femme de chambre.

La scène se passe de nos jours, à Paris.

Tous les indications sont prises de la gauche du spectateur.

Acte premier

Un salon chez Robert : au fond, portes à droite et à gauche ; au milieu, une cheminée ; pendule ; vases de fleurs ; bougies allumées ; à gauche, une porte, un guéridon ; au milieu du théâtre, une table, sonnette ; siège de chaque côté ; à droite, une porte, un canapé.

Scène première

Baptiste, seul.

(Au lever du rideau. Baptiste sort du fond à gauche, et écoute à la porte.)

On les entend d’ici ! (Descendant en scène). Ma foi ! m’est avis que quand les maîtres se disputent à table, les domestiques font sagement de s’en aller. (On sonne. Il hausse les épaules et va s’asseoir sur le canapé.) C’est vrai, cela trouble le service ; on ignore si monsieur ou madame parlent sérieusement ou plaisantent, (on resonne) et l’on ne sait plus quelle contenance garder, s’il faut sourire ou prendre son air grave.

Scène II

Baptiste, Robert, puis Laurence.

Robert, entrant.

Ah ! c’est ainsi que vous venez lorsqu’on vous appelle ?

Baptiste

Monsieur, c’est que...

Robert

C’est bien... Apportez-moi mon pardessus et mon chapeau. (Laurence entre et congédie du geste Baptiste qui s’incline et sort.)

Scène III

Robert, Laurence.

Laurence

Ainsi, vous êtes bien décidé, Robert, à vous rendre à cette soirée de garçons ? (Elle descend à droite.)

Robert

Encore ! Ah çà ! nous allons recommencer ! Ce n’est pas chose convenue ?

Laurence

J’espérais, au contraire, que mes observations...

Robert

Mais vos observations sont des enfantillages, ma chère amie ; je ne veux pas, en les prenant au sérieux, nous rendre aussi ridicules l’un que l’autre !

Laurence

Ridicules !... parce que vous m’auriez fait un petit sacrifice ?

Robert

Eh ! mon Dieu ! demandez-moi des choses raisonnables !... Mais, j’en appelle à vous, voyons !... m’empêcher de sortir ce soir, d’aller à ce rendez-vous... une fantaisie pareille ! un caprice aussi puéril !

Laurence

J’ai vu le temps où vous n’auriez même pas songé à le discuter.

Robert

Ah ! voilà bien mon tort, parbleu ! C’est d’avoir fait, dès les premiers jours, une telle abnégation de mon autorité, que, de concession en concession, nous en sommes aujourd’hui, vous, à la tyrannie, et moi, à l’humiliation !

Laurence

Oh !

Robert, appuyant.

Oui ! à l’humiliation ! En vérité, si je vous laissais faire, je ne serais plus un homme, mais un enfant mené à la lisière... Je ne pourrais ni sortir ni rentrer sans consulter votre bon plaisir ! Et je n’irais plus voir de bons amis, le soir, qu’à la dérobée, et en me glissant le long des murs, comme un homme qui va commettre un crime !

Laurence

Oh ! ce n’est pas un crime !

Robert

Vous êtes bien bonne !

Laurence

Mais c’est une faute !

Robert

Eh bien, ma chère Laurence, le sage pèche sept fois par jour ; or, je suis dans les limites de la sagesse, puisque, depuis ce matin, je n’ai encore commis que deux fautes !

Laurence

Vous êtes modeste ! Lesquelles ?

Robert

La première, c’est de vous avoir parlé de cette partie projetée, au lieu d’imaginer quelque prétexte ; la seconde, c’est d’avoir discuté avec vous mon droit d’y aller !... Je me permettrai donc d’en commettre une troisième, qui sera de me rendre à cette soirée quand l’heure en sera venue.

Laurence

Vous me faites comprendre un peu cruellement que vous êtes le maître absolu de vos actions.

Robert

Voyons, Laurence, ce n’est pas sérieux, n’est-ce pas ? Et cette méchante querelle a trop duré ! Donne-moi ta petite main, et n’en parlons plus ! Je suis vif, je m’emporte... j’ai tort... mais aussi sois raisonnable... et ne me boude pas comme un enfant ! Tu as assez de confiance en moi pour que ces idées d’indépendance ne te portent aucun ombrage ; je t’accorde les mêmes droits, parce que j’ai la même confiance. Et de tout cela il résulte, en y songeant bien, que nous avons été tout à l’heure aussi fous et aussi maladroits l’un que l’autre (Il va pour l’embrasser.)

Laurence, se levant.

Parlez pour vous !

Robert, un peu piqué.

Soit ! comme vous voudrez ! Baptiste !... (Baptiste entre avec les objets et sort.)

Laurence

Je croyais que cette petite débauche ne commençait qu’à neuf heures, et il est à peine...

Robert

Il est l’heure à laquelle s’envolent les maris que l’on veut garder en cage !

Laurence

Trop d’esprit !

Robert

Esprit dé liberté, voilà tout ! J’aurais eu plaisir à vous tenir encore compagnie, si vous aviez voulu être plus aimable ; mais j’aime mieux vous quitter que de continuer la conversation sur ce ton ; je pars donc, je vais à mon cercle, parce que mon ami Maxime Duvernet m’y a donné rendez-vous ; mon ami Maxime m’y a donné rendez-vous, parce que je dois le présenter chez mon autre ami Horace. Je ne sais quand je reviendrai, parce que j’ignore à quelle heure finira cette orgie romaine ; et maintenant, ma chère Laurence, que j’ai répondu à mon juge d’instruction, mes parce que ont l’honneur de tirer la révérence à vos pourquoi ! (Il sort par le fond.)

Scène IV

Laurence

Non... il s’éloigne !... (Écoutant.) Il est parti !... C’est la première fois qu’il ne revient pas m’embrasser et me demander pardon. J’ai peut-être été trop sévère aussi ? Si je l’appelais ?... Il est trop loin... Et puis, enfin, c’est lui qui a tort, ce n’est pas moi ! Me laisser seule !... une soirée entière ! Oh ! si l’on m’avait dit cela il y a un an seulement ! Et pourtant j’aurais dû me douter que la troisième année de ménage serait difficile à traverser, les deux autres étaient si douces... cela ne pouvait pas durer ! (Entendant ouvrir.) Qu’est-ce que c’est ? je n’y suis pour personne !

Scène V

Laurence, Roquefeuille.

Roquefeuille

Pas même pour votre vieil ami Roquefeuille ?

Laurence

Ah ! excepté pour lui ! (Elle lui tend la main.)

Roquefeuille

Merci de la faveur ! Mais permettez à l’élu de protester pour les réprouvés : une jolie femme n’a pas le droit de fuir ainsi le monde, et de se dérober à l’admiration de tous. Voici pour moi ! (Il lui tend la main.) Et voici pour les autres ! (Il baise l’autre à plusieurs reprises.)

Laurence, retirant sa main.

Eh bien, eh bien ! encore ?

Roquefeuille, continuant.

Dame ! il y a foule !

Léonie

Vous êtes galant, ce soir, mon cher notaire !

Roquefeuille

Ah ! voilà un mot qui fait sur moi l’effet de la glace ! Ne m’appelez pas notaire, si vous appréciez quelque peu ma galanterie. Est-ce que je ressemble à un notaire ? Maxime devait me prendre ici, où est-il ?

Laurence

Il n’y est pas.

Roquefeuille

Et Robert ?

Laurence

Il n’y est plus.

Roquefeuille

Oh ! oh ! comme vous dites cela !

Laurence

Ah ! mon cher Roquefeuille, tâchez de me distraire, et soyez gai pour nous deux, car je suis bien triste.

Roquefeuille

Est-ce possible ? Contez-moi cela bien vite !... Qu’avez-vous ?

Laurence

Je n’ai rien... pas même... mon mari !

Roquefeuille

Robert le diable ?

Laurence

Voilà que vous plaisantez !

Roquefeuille

Ah ! ah ! le cas est grave. Vous me dites : Soyez gai, sans vous informer si c’est mon heure ! Je fais tous mes efforts, et vous n’êtes pas contente. Il y a donc quelque chose ?

Laurence

Oui.

Roquefeuille

Eh bien, confessez-vous ! Je sais plus d’une oreille qui serait friande d’entendre ces jolis péchés de femme ! Je vous prête la mienne. Avouez que votre mari est sorti à la suite d’une petite discussion.

Laurence

Oui.

Roquefeuille

Je m’en doutais. Et cette discussion est venue de ce que vous n’avez jamais bien compris le rôle respectif des époux. Tenez, regardez la première voiture qui passe. Il y a un homme sur le siège et un cheval dans les brancards.

Laurence

C’est leur place !

Roquefeuille

D’accord ! Mais pourquoi ? Le cheval est le plus fort, et, s’il le voulait, il emporterait la voiture et l’homme, et c’est lui qui conduirait. Or l’homme, qui le sait, se garde bien d’irriter le cheval ; il le flatte, il le caresse de la voix, de la main, et, grâce à cet accord mutuel, la voiture marche sans accident. Eh bien ! chère dame, vous avez trop appuyé sur la bride, et votre mari se sera cabré.

Laurence

Je le crains !

Roquefeuille

J’en étais sûr ! Robert n’est pas parti... Il s’est évadé... Il a le mors aux dents !

Laurence

Le croyez-vous ?

Roquefeuille

C’est évident ! Ah ! qu’un grand moraliste a donc eu raison de dire : « Le mariage est un combat à outrance, avant lequel les époux demandent au ciel sa bénédiction ! »

Laurence

Merci, mon cher notaire !

Roquefeuille

Encore ! Pas de notaire, ou je ne ris plus ! Et ne me rappelez pas une profession que j’ai en horreur !

Laurence

En horreur !

Roquefeuille

En horreur ! Le notaire sérieux, officiel, convaincu, zélé, celui qui rédige, qui fait des actes et qui entasse d’affreux dossiers dans les cartons de son affreuse étude, celui-là est une calamité publique ! Je le dénonce à la haine de ses concitoyens, auxquels il prête son ministère pour tous les désastres de la vie : les hypothèques, les testaments et les mariages !... Le bon, le vrai, le parfait notaire, c’est moi ! Je ne me prends pas au sérieux, moi !... Jamais !... Qu’un client me consulte pour l’acquisition d’un immeuble, je lui prouve par A plus B que la terre est un médiocre placement, où il récoltera moins de blé que de procès, et le client remporte son argent... Qu’un autre m’appelle pour recevoir son testament, je lui démontre qu’il s’apprête à faire des ingrats, et il prend le parti de guérir... Tout profit ! Enfin, qu’un troisième me demande de dresser un contrat de mariage, je le conduis chez l’avoué, mon voisin, qui a la spécialité des séparations, et de là au café Anglais, où je lui montre les joies du célibat à travers les fumées du champagne ! Et il se marie tout de même... Mais enfin, il se marie !...

Laurence

Vous devez avoir une jolie clientèle ?

Roquefeuille

La plus belle clientèle de Paris. L’honnête homme fait toujours son chemin.

Laurence

Vous finiriez par me convertir... et si mon contrat était à refaire...

Roquefeuille

Vous jetteriez la plume au feu ?

Laurence

Je le signerais des deux mains ! J’aime tant mon pauvre Robert !

Roquefeuille

Il vous aime aussi, parbleu !

Laurence

Sans doute, mais pas comme autrefois.

Roquefeuille

Il a raison de varier : « L’ennui naquit un jour de l’uniformité ! »

Laurence

Qu’il y a loin de Paris à Maurice, où nous nous sommes connus, où nous nous sommes aimés !

Roquefeuille

Trois mille lieues, si vous consultez Malte-Brun !

Laurence

L’immensité, si je consulte son cœur !

Roquefeuille

C’est la loi ! Vous me parlez de Maurice ! Voyez Paul et Virginie. Si Virginie eût épousé Paul, où serait Virginie, ce soir ?... Au coin du feu !... et Paul, au cercle !

Laurence

Encore s’il n’y avait que le cercle ! Mais, après le cercle, Robert et son ami Maxime doivent finir leur nuit dans une réunion de garçons !

Roquefeuille

Eh bien, tant mieux !

Laurence

Tant mieux... pour qui ?

Roquefeuille

Pour vous ! Votre mari redevient garçon, et vous, vous redevenez demoiselle. À son retour, ce sera un nouveau mariage que vous contracterez tous deux.

Laurence

Mon cher Roquefeuille, je ne tiens pas à me remarier si souvent.

Roquefeuille

C’est pourtant ce qu’on a de mieux à faire quand on a commis la maladresse de se marier une première fois.

Laurence, riant.

Tenez, vous êtes insupportable !

Roquefeuille

Allons donc ! voilà un sourire !

Laurence

Ah ! si vous me donniez le moyen d’empêcher Robert d’aller à cette soirée !

Roquefeuille

Obtenez un mandat d’arrêt !

Laurence

Je voudrais quelque chose de moins violent !

Roquefeuille

Cherchons !