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Dans "Piter Pan dans les jardins de Kensington", James Matthew Barrie nous plonge dans un univers enchanteur, tandis qu'il explore la dualité entre l'enfance et l'âge adulte. À travers les aventures de Peter Pan et du faon, Barrie utilise un style narratif empreint de poésie et de subtilité, alliant réalisme et éléments fantastiques. Le livre, publié à l'origine en 1906, s'inscrit dans un contexte littéraire victorienne en pleine mutation, où le roman pour enfants prend de l'importance et où l'imaginaire se mêle à la nostalgie de l'innocence perdue. James Matthew Barrie, écossais de naissance, a souvent été influencé par ses propres expériences d'enfance, notamment l'influence de son frère décédé. Ces thèmes de la perte et de l'aspiration à l'immortalité se reflètent profondément dans son œuvre. Son talent pour créer des mondes imaginaires, combiné à une compréhension aiguë des émotions humaines, est manifeste dans cette œuvre où l'héroïsme des enfants s'oppose à la cynisme du monde adulte. Je recommande vivement ce livre à quiconque souhaite redécouvrir l'émerveillement et la magie de l'enfance. Barrie nous invite à réfléchir sur notre rapport à la croissance et à la mémoire, ce qui en fait une lecture incontournable tant pour les jeunes lecteurs que pour les adultes. Cette œuvre poignante reste un trésor littéraire qui résonne encore dans nos cœurs.
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Veröffentlichungsjahr: 2022
VOUS verrez par vous-mêmes qu’il vous sera difficile de suivre les aventures de Piter Pan si vous n’êtes pas familiers avec les Jardins de Kensington. Ils sont à Londres, où vit le Roi, et j’avais l’habitude d’y mener David presque chaque jour, à moins qu’il ne fût vraiment trop mal disposé. Aucun enfant n’a jamais fait tout le tour des Jardins, parce qu’on est obligé de rentrer trop tôt. La raison pour laquelle on est obligé de rentrer trop tôt, c’est que, si vous êtes petit comme David, vous dormez de midi à une heure. Si votre mère n’était pas aussi sûre que vous dormez de midi à une heure, vous pourriez plus probablement faire le tour complet des Jardins.
Les Jardins sont bornés d’un côté par une ligne d’omnibus qui n’en finit plus, sur lesquels votre bonne a une telle autorité que si elle tend son doigt vers l’un d’entre eux, il s’arrête immédiatement. Alors elle passe avec vous en toute sécurité de l’autre côté. Il y a plus d’une porte à ces Jardins, mais il n’y en a qu’une par où vous entrez; avant d’entrer vous parlez à la femme des ballons qui se tient dehors. Elle se met aussi près de l’intérieur qu’il lui est possible, parce que si elle laissait passer les ballons à travers les grilles, ils l’enlèveraient, et elle s’envolerait. Elle se tient tout-à-fait accroupie, car les ballons la tiraillent continuellement, et l’effort lui fait une figure toute rouge. Une fois, il y en eut une nouvelle parce que l’ancienne s’était laissé emporter, et David en était très fâché pour l’ancienne, mais il aurait cependant bien voulu être là pour voir comment elle s’était laissé emporter.
Les Jardins sont une contrée immense et redoutable, avec des milliers et des milliers d’arbres; d’abord vous arrivez aux Figues, mais vous ne daignez pas vous y arrêter, car les Figues sont l’apanage de petits personnages, qui s’interdisent tout commerce avec le commun des mortels. Ce nom de Figues vient, selon la légende, de ce qu’on y a planté des Figuiers. Ces raffinés sont eux-mêmes appelés dédaigneusement Figues par David et d’autres héros, et vous serez au fait des us et coutumes de ce clan Dandy des Jardins, quand je vous aurai dit que le cricket est appelé par eux Crickets. Il arrive quelquefois qu’une Figue rebelle passe par dessus la haie et pénètre dans le monde, comme Miss Mabel Grey dont je vous parlerai quand nous serons à la porte de Miss Mabel Grey. Elle fut la seule Figue qui fût réellement célèbre.
Nous voici maintenant à la Grande Allée; elle est beaucoup plus grande que les autres allées, autant que votre père est plus grand que vous. David, dans son admiration, se demandait si elle avait d’abord été petite, si ensuite, elle avait grandi, grandi jusqu’à ce qu’elle fut tout à fait grande, et si les autres promenades étaient ses enfants; et il fit un tableau qui l’amusa beaucoup, de la Grande Allée faisant faire un tour de promenade à une petite allée dans une voiture d’enfant.
Dans la Grande Allée vous rencontrez tous les personnages qui méritent d’être connus; il y a généralement avec eux une gouvernante pour les empêcher d’aller sur l’herbe humide, pour les faire rester en punition au coin d’un siège s’ils ont fait ‘mad-dog’ ou Mary-Annish. Faire ‘Mary-Annish,’ c’est se conduire comme une fille, pleurnicher, parce que la nourrice ne veut pas vous porter, ou sourire avec le pouce dans la bouche, et c’est un détestable procédé ; faire ‘mad-dog,’ c’est crier à tout propos, et cela ne va pas sans quelque satisfaction.
Si je devais noter tous les endroits remarquables qui se trouvent le long de la Grande Allée il faudrait rentrer avant que j’eusse fini. Je désignerai simplement de ma canne l’arbre de Cecco Hewlett, ce lieu mémorable où un enfant appelé Cecco perdit un sou, et, en le cherchant, trouva deux sous. Il y a eu depuis, à cet endroit, une grande quantité de trous creusés. Un peu plus bas dans la promenade est la petite maison de bois où se cacha Marmaduke Perry. Il n’y a pas de plus terrible histoire, parmi les histoires des Jardins, que celle de Marmaduke Perry, qui a été Mary-Annish trois jours de suite, et qui fut condamné à paraître dans la Grande Allée vêtu des habits de sa sœur. Il se cacha dans la petite maison de bois, et refusa d’en sortir jusqu’à ce qu’on lui eût apporté ses larges culottes de garçon.
Vous pouvez essayer maintenant d’aller au Bassin, mais les bonnes le détestent parce qu’elles ne sont pas réellement braves, et elles vous font regarder de l’autre côté, vers le Gros Sou et le Palais des Bébés. Il y avait une petite fille qui était le bébé le plus célèbre des Jardins, et qui vivait dans le Palais toute seule, avec une foule de poupées; on sonna la cloche et elle se leva de son lit, quoiqu’il fût plus de six heures, elle alluma une chandelle et elle ouvrit la porte en chemise de nuit, et alors tous crièrent en grande joie: ‘Salut, Reine d’Angleterre!’ Ce que David n’arrivait pas à s’expliquer, c’est comment elle avait pu savoir où étaient les allumettes. Le Gros Sou est une statue en son honneur.
Ensuite nous arrivons à la Bosse, qui est la partie de la Grande Allée où sont courues les grandes courses. Même si vous n’avez pas l’intention de courir, vous êtes forcé de courir quand vous arrivez à la Bosse, tant la pente à cet endroit est entraînante et glissante. Parfois l’on s’arrête après avoir couru jusqu’à moitié chemin, et alors on est perdu; heureusement, il y a tout près une autre petite maison de bois, appelée la ‘Maison perdue’ ; on n’a qu’à dire à l’homme qui s’y trouve qu’on est perdu et il vous remet dans votre chemin. C’est un jeu glorieux que de courir sur la pente de la Bosse, mais vous ne pouvez pas le faire les jours de vent parce que vous n’y êtes pas: les feuilles mortes y sont à votre place. Il n’y a peut-être rien qui ait un sens aussi vif du jeu qu’une feuille morte.
De la Bosse, on peut voir la porte qui tire son nom de Miss Mabel Grey, la Figue dont j’ai promis de vous parler. Il y avait toujours deux bonnes avec elle, ou sa mère et une bonne, et pendant longtemps elle fut un enfant modèle qui se tenait bien à table, et disait: ‘Comment allez-vous?’ aux autres Figues. Le seul jeu auquel elle jouait était de lancer un ballon avec grâce, et d’attendre que sa bonne le lui rapportât. Puis, un jour, elle se lassa de tout cela et devint ‘mad-dog’ ; d’abord, pour montrer qu’elle était réellement ‘mad-dog,’ elle défit ses deux lacets de soulier à la fois et tira la langue à l’est, à l’ouest, au nord et au sud. Puis, elle lança sa ceinture dans une flaque, et elle la piétina jusqu’à ce que l’eau sale eut rejailli sur sa blouse; après quoi, elle passa par dessus la haie, et elle eut une série d’aventures incroyables dont la moindre fut qu’elle perdit ses deux souliers. A la fin, elle arriva à la porte, qui a depuis pris son nom, elle sortit par cette porte dans des rues où David et moi n’avons jamais été, bien que nous ayons entendu leur rugissement, elle courut encore plus loin et l’on n’aurait jamais plus entendu parler d’elle, si sa mère n’avait sauté dans un omnibus et ne l’avait ainsi rattrapée. Tout cela est arrivé, à vrai dire, il y a longtemps, et ce n’est pas la Mabel Grey que David connaît.
Pour en revenir maintenant à la Grande Allée, nous avons à notre droite l’Allée des Bébés, qui est si pleine de promeneurs qu’on pourrait la traverser d’un bout à l’autre en passant sur des bébés si toutefois les nourrices vous laissaient faire. De cette promenade un passage, appelé à cause de sa longueur, le Pouce de Bunting, mène à la rue Picnic, où se trouvent de vraies chaudières, et où les fleurs de châtaignier tombent dans votre gobelet pendant que vous buvez. Il y a aussi des enfants très ordinaires qui y goûtent; et les fleurs de châtaignier tombent également dans leur gobelet.
Puis, vient le Puits de St. Govor qui était plein d’eau quand Malcolm le Hardi tomba dedans. Malcolm était le favori de sa mère, et il lui laissait mettre le bras autour de son cou en public parce qu’elle était veuve; mais il avait aussi du goût pour les aventures, et il aimait à jouer avec un ramoneur qui avait tué bon nombre d’ours. Le nom du ramoneur était ‘Sooty.’ Un jour qu’ils jouaient ensemble près du Puits, Malcolm tomba dedans, et il se serait noyé si Sooty n’avait plongé et ne l’en avait retiré. Mais l’eau avait débarrassé Sooty de sa suie, et l’on découvrit en lui le père de Malcolm depuis longtemps disparu. Ainsi Malcolm ne permit plus à sa mère de lui passer son bras autour du cou.
Entre le Puits et le bassin sont les terrains du cricket, et souvent le choix des camps prend tellement de temps qu’il n’en reste presque plus pour le cricket. Chacun des joueurs désire crosser le premier, et dès qu’il y en a un de sorti, il jette une boule, à moins que vous ne soyiez plus fort que lui; et pendant que vous vous battez tous les deux, les joueurs ont décidé de jouer à un autre jeu. Les Jardins comprennent deux sortes de cricket: le cricket des garçons qui est le vrai cricket, qui se joue avec une crosse, et le cricket des filles qui se joue avec une raquette, et... une gouvernante. Les filles ne peuvent véritablement pas jouer au cricket, et ceux qui assistent à leurs ridicules efforts leur font entendre de moqueuses appréciations. Cependant un très désagréable incident se produisit un jour où quelques effrontées défièrent l’équipe de David, et où une encombrante créature, appelée Angela Clare, manqua tant de balles que—mais au lieu de vous dire le résultat de ce fâcheux match, je vais passer rapidement au bassin, qui est le centre et l’attraction des Jardins.
Il est rond parce qu’il est juste au milieu des Jardins; et quand on est arrivé, on ne désire pas aller plus loin. On ne peut pas être tranquille tout le temps au bassin, mais on fait comme si on le pouvait, tandis qu’on peut être tranquille tout le temps sur la Grande Allée; et la raison en est, qu’on oublie où l’on est et que, quand on se le rappelle, on est si mouillé qu’on ne risque pas de l’être davantage. Il y a des hommes qui lancent des bateaux sur le bassin, des bateaux si gros qu’ils les apportent sur des brouettes; quelquefois même ils les mettent dans des voitures d’enfant, et alors les bébés doivent marcher. Les enfants bancals des Jardins sont ceux qui ont dû marcher trop tôt parce que leur père avait besoin de leur petite voiture.
Vous désirez toujours avoir un yacht à lancer sur le bassin, si bien qu’à la fin votre oncle vous en donne un. C’est splendide d’avoir à le porter au bassin le premier jour, et ce n’est pas moins splendide d’en parler à ceux qui n’ont pas d’oncle, mais bientôt on aime mieux le laisser à la maison. Car le bateau le plus agréable qui jette l’ancre dans le bassin est certainement le bateau que vous faites simplement avec votre canne, c’est le bateau-canne, parce qu’il est une canne avant d’être à l’eau, tenu par une corde. Alors, tandis que vous faites le tour du bassin, en le tirant, vous voyez de petits hommes courir sur le pont, des voiles s’élever par magie et prendre la brise; et pendant les mauvaises nuits vous le mettez dans un asile confortable, inconnu des vrais yachts. La nuit passe en un clin d’œil, et, de nouveau, votre hardi bateau met le nez au vent, des baleines surgissent, vous passez devant des villes incendiées, vous avez des combats avec des pirates et vous jetez l’ancre sur des îles de corail. Vous êtes tout seul pendant que se déroulent toutes ces aventures, car deux enfants ensemble ne peuvent pas s’aventurer bien loin sur le bassin; et quoique vous puissiez vous parler à vous-même au cours du voyage, donnant des ordres et les exécutant avec célérité, vous ne savez pas, quand le moment de rentrer est venu, où vous avez été ni ce qui a gonflé vos voiles. Votre trésor est, pour ainsi dire, enfermé tout entier dans votre main, et il sera découvert peut-être par un autre enfant quelques années plus tard.
Mais les yachts ne comptent pas. Est-il quelqu’un qui se rappelle cette habitude de sa jeunesse à cause des yachts qu’il a pu lancer? Certainement non. C’est le bateau-canne qui est resté dans la mémoire. Les yachts sont des jouets, leurs propriétaires des marins d’eau douce. Tout ce qu’ils peuvent faire, c’est de passer et de repasser un bassin, tandis que l’autre bateau tient la mer. Vous autres yachtmen, avec vos cannes, qui pensez que nous sommes tous là à vous regarder, sachez que vos bateaux ne sont que des accidents du paysage, et que fussent-ils abordés et coulés par des canards, tout n’en irait pas moins comme d’habitude au Bassin.
Des chemins venus de partout se pressent en foule comme des enfants au bord du bassin. Quelques-uns sont des chemins ordinaires, qui ont une grille de chaque côté et qui sont faits par des hommes en bras de chemise, mais les autres sont vagabonds, larges à un endroit, et à un autre si étroits que vous pouvez juste y passer. On les appelle ‘Chemins qui se sont faits eux-mêmes,’ et David désirait pouvoir les voir pendant qu’ils se font eux-mêmes. Mais comme toutes les merveilles qui se sont produites dans les Jardins, cela s’est fait, avons-nous pensé, la nuit quand les portes étaient fermées. Nous avons aussi décidé que les chemins se font eux-mêmes, parce que c’est leur seule chance d’atteindre le bassin.
Un de ces chemins bohèmes vient de l’endroit où l’on tond les moutons; quand David a vu tomber ses boucles chez le coiffeur, il leur a dit adieu, m’a-t-on assuré, sans la moindre crainte, quoique sa mère n’ait jamais été depuis tout à fait la même mère, pleine d’orgueil. Aussi il méprise les moutons qui fuient le tondeur, et leur crie d’un ton insultant: ‘Poltrons, Poltrons, Couards!’ Mais quand l’homme les saisit entre ses jambes, David lui montre le poing pour oser se servir d’aussi gros ciseaux. Un autre moment impressionnant, c’est quand l’homme enlève la laine du dos des moutons, et qu’ils paraissent tout à coup comme des dames au théâtre. Les moutons sont si effrayés par la tonte qu’ils deviennent tout à fait blancs et maigres, et qu’à peine délivrés, ils se mettent à paître l’herbe comme s’ils craignaient de ne plus pouvoir manger. David est curieux de savoir s’ils se rendent compte, en se regardant les uns les autres, qu’ils ne sont plus les mêmes, et si c’est là ce qui les fait se battre avec ceux qui ne sont pas encore tondus. Ce sont de grands batailleurs et d’une espèce si extraordinaire que tous les ans ils s’attaquent à Porthos, mon chien du St. Bernard. D’ordinaire Porthos peut disperser un troupeau de moutons rien qu’en annonçant son approche, mais quand ces moutons-là viennent sur lui d’un air peu rassurant, le souvenir de l’année précédente fait la lumière dans sa tête. Comme il ne peut pas dignement battre en retraite, il s’arrête, regarde autour de lui, comme perdu dans l’admiration du paysage, et se retire avec une belle indifférence, en me lançant un regard du coin de l’œil.