Pour l’amour des roses - Tome 1 - Jacques Mathieu - E-Book

Pour l’amour des roses - Tome 1 E-Book

Jacques Mathieu

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Beschreibung

Au cœur des rues paisibles de Crest, dans la Drôme, un sombre polar dévoile les coulisses secrètes du monde du cinéma. Le commandant François du S.R.P.J de Valence se retrouve dans une enquête complexe, secondé par l’adjudant-chef Chausson de la brigade de Saint-Siméon. Mais lorsque le curé de la commune, Simeoni, et l’instituteur du Clerc d’Arpan, Benucci, entrent en scène, les apparences tranquilles se fissurent. Entre manipulations et révélations insoupçonnées, cette affaire réserve des rebondissements qui vous tiendront en haleine jusqu’à la dernière page.

À PROPOS DE L'AUTEUR 

Longtemps, Jacques Mathieu s’est familiarisé avec une variété de genres littéraires, notamment la poésie, le théâtre et les one-man shows. Cette exploration pluridisciplinaire a inspiré la création de cet ouvrage dense, où il donne vie à toutes les idées qui ont nourri son esprit au fil des ans.

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Jacques Mathieu

Pour l’amour des roses

Tome I

Roman

© Lys Bleu Éditions – Jacques Mathieu

ISBN : 979-10-422-2850-7

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122- 5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122- 4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335- 2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Liste des personnages

Arnaud Siméoni : Le Curé de saint Siméon

René Chausson : Adjudant-chef Gendarmerie de saint Siméon

Christian Benucci : Instituteur au Clerc d’Arpan

Patrick François : Commandant SRPJ de Valence

Guillaume Hubert : Ex-malfaiteur

Simone Tanguis : Caissière à la Station essence à Saint-Siméon

Nadine Tanguis : sœur jumelle de Simone

Catherine Tanguis : sœur de Simone et Nadine

Toinette : bonne du Curé à saint Siméon

Marius Féretti : Metteur en Scène

Gisèle Féretti : Épouse de Marius

Arthur Lacamp : Régisseur des Lambert

Georges Lambert : Scénariste

Isabelle Lambert : Sa Fille

Annette Lambert : Femme de Georges

Denis Benedetto : Lieutenant SRPJ de Valence

Frédéric Caseneuve : Maréchal des Logis Chefs à saint Siméon

Alain Riboul : Médecin généraliste à saint Siméon

Andrée Milani : Actrice d’origine américaine

Charles Petit : Chef Preneur de Vue et ami d’Andrée

Adrien : Maréchal des Logis de gendarmerie à saint Siméon

Gérard : Gendarme à saint Siméon

Henri de Hautecour : Procureur de la République à Valence

Xavier : Expert en balistique SRPJ Valence

Christian Cergy : Adjudant-chef de gendarmerie à Crest

Genevoix : Adjudant-chef Sapeurs-Pompiers à Argena

Firmin : Garde champêtre à saint Siméon

Marcel : Patron du restaurant à saint Siméon

Monique : Son épouse

Mimile : Patron du Drink’s à Valence

Bastien : Barman du Drink’s à Valence

Alain Carbani : Malfaiteur

Raymond Dotour : Agriculteur à Remoule

Lieutenant Devers de Crest : Sapeurs-pompiers

Grégoire Pinson : Réalisateur du film

Edmond Carrera : Comédien du Film

Mariette Dubois : Gendarmette à saint Siméon

Grégoire Santini : Maire de saint Siméon

Chapitre I

Samedi matin 8 août

Le soleil, déjà levé tôt dans son écrin tout empli de fraîcheur nocturne, donnait à ces Préalpes environnantes un bleu azur, filtré par le voile brumeux à l’aspect presque irréel, promettant pour cette belle journée naissante une poussée de fièvre écrasante à faire éclater les plus optimistes de tous les thermomètres.

En cette matinée de samedi aoûtien, le marché, activité coutumière en plein centre de Valence, s’élançait. Pris dans l’étau des deux grands axes incontournables, les boulevards du centre ouest que sont Bancel et Maurice Clerc, tandis qu’à l’est se trouvait l’avenue Félix Faure, elle-même prolongée par l’autre Grand Boulevard, celui du Général de Gaulle, il se poserait méthodiquement. Son flot, hebdomadaire, aux couleurs chatoyantes, voguerait de la place Leclerc jusqu’à celle de la non moins célèbre et jolie Place de la République, au son d’une turbulente symphonie cacophonique que sont les sons métalliques, voire grinçants et ces matrones aux voix non moins élevées, pigmentées d’accents chantants tels que celui des Provençaux, si seulement besoin s’en faisait sentir en atmosphère électrique.

Ils viendraient roucouler aux oreilles de ces rombières qui, vendeuses de mère en fille, loueraient aux adeptes de fouille au gré de ces majestueuses sentes, en ce labyrinthe et apostolique marché, la Divinité ainsi que La Fraîcheur de qui ces Poissons soi-disant pêchés de la veille au soir ou de qui : la forme enchanteresse des lourdes et odorantes Courges célèbres venantes toutes droites de Cavaillon. Pour cet autre, la Sublime Rougeur de cette tomate fraîchement cueillie du matin même. Et même plus tôt encore…

Enfin. Bref, comme on le disait si bien, le Pépîn au même nom, tout cela sans aucune… humeur gravement torride dans un univers verdoyant, mais aussi affreusement gris crasseux en allant presque jusqu’à indéniable asphyxiant. Ce lot bien trop souvent quotidien de nos chères Cités en pleine effervescence.

Toutes les échoppes déploieraient ainsi aux yeux écarquillés et éblouis de ces futurs acquéreurs ou autres potentiels acheteurs tous les produits qu’ils marchanderaient et voire même tâteraient avant d’en chiner les prix de ces objets propices à leurs convoitises. Ces étoffes ou autres matières agrémenteraient le libre cours de leur raison d’être ou pour de ne pas être, quelle que soit leur finalité : cuisinière ou couturière. Mais tout aussi multiples que variées.

Enfouies bien au sein des charpentes métalliques drapées de tentures au, bagout parfois… À la limite du désirable si ce n’était choquant…

C’est d’un pas chaloupé et gracieux qu’évoluait, le plus naturellement du monde, la plus belle des plus belles : j’entends Andrée Milani. Cette Grâce ainsi que le Charme, émanant de toute sa beauté, venaient éclabousser les alentours.

Coulant en longs flots vaporeux jusqu’au milieu de son dos, sa longue et sombre chevelure lui ciselait son visage, avec un art dont même : Il grand et Magnifico, auteur de la Merveilleuse et Phénoménale Joconde : qu’était Léonardo de Vinci, pour le nommer, en aurait pâli et rougi de jalousie…

Pour honorer le portrait, un fin et très léger maquillage soulignait, avec précision, ce visage si frais et à la pureté divine.

Deux émeraudes, frangées de cils soyeux soigneusement et agréablement épilés, pour donner à la jeune femme un petit air mutin qui illuminait cette face fragile.

Un petit mont à la ligne parfaite surplombait une bouche vermeille, affirmant de cette manière, la singularité de la fraîcheur du tableau.

Drapée d’une robe en tulle clair et chaussée d’escarpins vernis, assortis à sa tenue, la jeune femme aux formes enchanteresses, bien plantée sur de longues jambes d’un fuseau parfait, dévoilait pour les regards qui la découvraient un affermissement indéniable et inoubliable d’énergie féerique… en une œuvre virevoltante dans la Nature.

D’une mère corse et d’un père Périgourdin, elle avait gardé, en elle, le côté Bella Ragazina des Mamas Insulaires ainsi que toute cette couleur du Périgord Noir de son père.

Eh bien que fringante et soucieuse de la bienséance elle était tout à fois, forte et prête à prendre le Maquis avec les renommés Cucculelli ou Jacquou le croquant pour se consacrer à y déclarer : « Una Rivoluzione Nel Maquis »…

Les Saintes Armes, elle les portait en elle aussi sûr que Richard Cœur de Lion dans le temps des Croisades. Ainsi sa croisade à elle était portée par Le Corsica Nostra et la Dio Vi Salvi Régina qui n’étaient autres que ses violons d’Ingres et sa raison de vivre.

Ne s’attardant pas sur le marché effervescent, Andrée s’engagea avec une certitude infinie dans la Rue des Repenties où elle savait y trouver la cabine téléphonique en lieu et place de cette, bien connue, par les Valentinois, celle de Michel Chambaud.

Une fois isolée à l’intérieur, elle composa le numéro, bien gravé en son disque dur, d’un naturel le plus sérieux du monde, celui d’un Ami Cinéaste.

Une voix hautaine et obséquieuse, mais emplie d’un certain zèle, ne se fit pas attendre et lui répondit :

— Ici la demeure de Monsieur Lambert. À qui ai-je l’honneur ?

La jeune femme, incontestablement familière de la maison, répondit aussi chaleureusement à cette voix.

— Bonjour Maître Lacamp ! C’est moi Andrée ! J’aurais souhaité, si vous m’en donnez la possibilité, m’entretenir avec votre Maître, M. Lambert ! Il devait, d’ailleurs, attendre mon appel.

Le petit blanc dans la conversation provoqué par le Régisseur laissa prévoir à Andrée, la réponse négative qui allait suivre :

— Je crains fort malheureusement que dans l’immédiat cela ne soit, impossible, car il vient tout juste de rentrer de sa promenade matinale journalière et, Monsieur pour une raison que j’ignore, s’est enfermé, à mon grand dam, en son bureau m’informant ainsi, avec certitude, qu’il ne souhaitait, en aucun cas, être dérangé ni par qui, ni pour quoi que ce soit.

Puis le Régisseur reprenant :

— Et au vu de sa fatigue aidante, je ne me permettrai, sous aucun prétexte, de transgresser ses ordres et il ajouta, illico : « Mais si vous me le permettez chère Andrée. Peut-être pourrait-il lui-même vous joindre ? Où m’avez-vous dit être descendue ? »

Andrée manqua un instant de lui dévoiler là où elle se rendait, mais une petite sonnette d’alarme se déclencha, à nouveau, sur son disque dur…

— Non, je vous en remercie beaucoup, mais voilà Monsieur Arthur… Si je suis descendue à Valence, c’est bien pour passer, le plus possible, incognito. Seulement si les personnes dans les lieux où je me rends me connaissent parfaitement, bien que je ne désire pas passer inaperçu. Ainsi à l’hôtel que j’ai choisi, ils ne savent pas au juste la personne que je suis… Ma carrière, bien qu’encore courte, me précède toujours, pourtant, elle ne leur dit rien…

Puis, elle reprit :

— En plus, Georges ne m’y trouvera pas, je n’arrête pas de bouger. J’ai un emploi du temps, moi aussi, un poil bien trop chargé.

« Surtout qu’en tenant compte de ce qui se présentait, pensa-t-elle. Encore une fois, dans son disque dur… Si vous n’aviez pas encore compris. »

Elle ne se sentait pas encore aujourd’hui lui chanter La Traviata, ou mieux encore, l’Air de La Reine des Nuits ! D’où les problèmes qu’elle sentait se soulever. Même si parfois cela la démangeait fortement. Pourtant cela ne regardait en aucun cas, Arthur.

Elle ne se contenta ainsi que d’ajouter :

— Dites-lui simplement que je le rappellerai vers, disons, huit heures et demie.

— Je n’y manquerai pas, Mademoiselle !

— Je vous en saurais gré… À bientôt !

— À bientôt, à vous aussi…

À l’ultime réplique du Régisseur, une nouvelle pensée vint plébisciter le cerveau de la jeune femme tandis qu’elle raccrochait le combiné, et cette chose la rendait un peu plus soucieuse encore.

Pourtant bien que rongée, semble-t-il, par ces pensées, elle décida de reprendre la direction du centre-ville.

Sacré nom d’une pipe, l’état de Georges n’allait pas en s’améliorant. Mais, était-ce en rapport avec les derniers évènements, en cours… car si cela était la réponse, ça ne leur laissait, rien de bon, à présager…

Ce n’était, en tout cas, pas non plus les réflexions et les décisions que Lambert l’avait laissées entendre qui amènerait à admettre le contraire à la jeune actrice.

Cela donnait une résolution à la toute jeune Actrice de se transformer en Sherlock Holmes, ne serait-ce que l’instant de cette énigme aux airs de bizarreries qu’il lui faudrait résoudre dans les prochains temps…

Même si pour l’heure, le chat à fouetter ne montrait pas encore ses moustaches.

Ainsi, en effet, il n’y avait pas encore péril en la demeure.

Marchant d’un bon train, elle longea un grand nombre de Magasins Renommés que les façades de grands immeubles Style Empire surplombaient.

Ces magasins ayant pignon sur rue, longeant le boulevard Bancel qui abritaient depuis de nombreuses décennies d’Histoire contemporaine.

Enfin elle traversa cet axe en deçà du marché.

Elle atteignit celui-ci alors que son occupation débutait un tantinet plus intense. Le flot de la mi-journée ne serait à son comble que dans une petite heure. Mais déjà des clameurs hystériques, pour attirer les clients potentiels, se faisaient discerner…

Malgré cela Andrée virevoltait à cent mille lieues de là.

Son esprit ne travaillait que pour Georges. C’était bien Le Scénariste, hors pair, de ces dix dernières Années. Il s’était fait découvrir, en bossant de main de maître, dans de nombreux longs métrages. Il s’était débattu longtemps pour sortir de l’ombre…

Bien plus connu depuis que Marius l’avait pris sous sa houlette, il avait atteint, dès ce moment même, une notoriété que ses contemporains lui enviaient. Maintenant à l’âge de soixante-cinq ans, sa santé semblait dangereusement affaiblir.

Ses, presque, quarante années de bons et loyaux services dans la Compagnie de Féretti l’avaient bien conforté dans son idéologie. Seule ombre au tableau. Il ne vieillissait que trop mal dans ce confort.

Côté santé et cela obnubilait la toute jeune Actrice, il fallait à tout prix qu’il reprenne un peu sa Carrière à elle en main pour alléger le fardeau qu’elle portait… En effet, depuis une bonne quinzaine de jours, son attitude, maintes et maintes fois, trahissait cette faiblesse qui le faisait partir en vrille. D’autant que l’étrangeté des dires du Régisseur, au commun douteux, en ces derniers temps n’arrangeait pas l’appréhension qu’était celle d’Andrée, habituellement rayonnante.

Le scénariste paraissait franchement, totalement, insondable.

Bien sûr, elle ne l’avait recontacté qu’aujourd’hui, seulement si cela n’était pas sans un réel rapport avec son état, elle le voyait bien fatigué. Et sans chercher à le titiller avec sa santé et ses angoisses, il fallait bien se rendre à cette évidence. En discuter se montrerait la plus judicieuse manière pour acquérir les bonnes résolutions.

Que Georges Lambert soit alité ou attablé à son bureau, il se trouvait que, de ce fait, il soit encore moins visible à cette heure matinale. Elle le comprenait bien… Elle eut souhaité. De tout cœur qu’il ait la même santé que la sienne, à elle, oh bien meilleure que celle qu’il possédait.

Mais en réalité ! Cette tête de mule avait ses propres principes. Andrée, à vrai dire, ne lui connaissait que de bonnes manières qu’il n’arrivait plus à assumer ! Et cette volonté véritable lui manquait plus que le désir de bien faire.

Même la ponctualité… principe prépondérant de son image, ces derniers temps, lui semblait faire cas qu’il s’en battait l’œil ; il donnait cette impression de vouloir se plonger à la conquête d’une autre planète ; cette seule possibilité qui lui venait en tête c’était qu’il virait vers une de ces délinquances tardives, mais insatiable, autant qu’indicible.

Comment, par le fait, ignorer le sujet qui le tenaillait ! Avant qu’il ne tombe malade, il démarrait toutes ses journées tel un métronome par un jogging immuablement pointé, au départ dès six heures et demie, pour une heure quinze de course au minimum et deux heures tout au plus.

Ainsi ce très cher Arthur tenait une position prépondérante dans toute cette mascarade qui se fossilisait dans le therme. Car, oui, aux dires de certaines personnes, La Maladie du Cinéaste correspondait, comme par hasard, quasiment avec l’Arrivée énigmatique, de ce Charlatanesque gigantesque Escogriffe… (Descendant, tout droit, du… français, Charlatan et de l’Italien est-ce que de la Commedia de l’ARTE). En effet, cette arrivée du Sieur Arthur au cœur du domicile consacré, qu’est celui de Georges, ne s’était pas vue accomplie par la simple vertu du Saint-Esprit.

Donc de cause à effet, en ce qui était de la personne.

En l’occurrence Georges, où il n’y avait pas de quoi faire des Paraboles ou Plaidoiries de plus de 15 heures de long, pour s’acheminer au résultat consécutif suivant. Oui, là encore, il n’y avait pas de fumée sans feu. Quant au mal-être de Georges, il ne supposait qu’un seul et unique nom. Celui d’Arthur Lacamp…

À ce propos, s’il fallait venir, à l’aide au Scénariste, Andrée n’en désarmerait pas !

Elle devait, avant tout, faire dégager l’individu et, surtout, faire table rase sur ce Complot naissant. Car, bel et bien Complot se décryptait, de manière sous-jacente, avec pour cible : Georges.

La cause était ainsi combinée d’une telle manière, que même, elle, Andrée Milani risquait d’y laisser des plumes, voire plus. Pourtant, si elle s’y prenait à temps, avec l’impact de sa jeune expérience, elle pouvait prouver l’existence de ce dernier…

Le Scénariste lui avait trouvé de bonnes références : la Qualité de ses postes, et sa voix notamment… Son timbre, elle tenait un peu plus de trois Octaves dans les Airs d’Opérettes qu’elle interprétait admirablement très fréquemment d’où il n’y avait trouvé aucune faille. Il faudrait donc qu’elle aborde, ce sujet avec son fiancé, Charles Petit avant de se rendre, à Saint-Siméon.

Puisqu’il était de sources sûres qu’ils se marieraient dès que possible. Ce pourquoi, ils parlaient même d’organiser la cérémonie à Las Vegas, U.S.A. Ils s’étaient tous investis dans la prochaine Production de Féretti en expédition pour la Californie. Des lieux ô combien enchanteurs…

Cette idée, il la mûrissait depuis un temps certain. Le Sujet avait projeté, au matin, d’un beau jour à Saint-Siméon lors de Vacances communes. Comme à chaque Année.

Andrée, bien qu’encore jeunette dans la Profession, s’était créée un nom qui, même petit, lui avait ouvert des portes… C’est ainsi qu’elle rencontra Charles et que par son biais, elle fut engagée par Marius Féretti. Ce brusque Engagement fit, évidemment, ombrage à Sa Seigneurie, Gisèle, Épouse de Marius, pour qui le Premier Rôle avait été écrit… Le Livret avait été basé sur le timbre de voix de Gisèle qui frôlait de peu les Sopranos. Andrée aurait du travail pour s’y tenir, mais cela ne serait en aucun cas insurmontable…

Sentant cette tension palpable et compréhensible, l’Actrice voulait découvrir toute la clarté sur les Décisions prises, car Gisèle n’était pas à lâcher sa proie, sans virulence.

Andrée savait fort bien que, sa façon de percevoir le fourbi, ne viendrait pas à bout d’un seul coup, au débroussaillage de l’Histoire, du moins pour tout ce que la Volonté du Metteur en Scène avait, embrouillé.

Sa présentation personnelle des évènements passerait, sans doute, une certaine impulsion adéquate de les imaginer… Il fut présomptueux d’affirmer que tout se passerait au mieux. Néanmoins, il fallait bien cela pour contenir les échauffourées et manigances explosives du moment.

Que d’Impatience, il avait fallu à Andrée pour nourrir son bien-être, en ne pouvant qu’assurer les plans que l’Actrice instaurait pour se défendre contre d’éventuelles agressions. Cet aplomb ne serait qu’un bon atout de plus pour discerner cet assemblage de tout ce qu’elle avait prévu d’accomplir cet après-midi.

Et Ce Régisseur ! Tenez, oui. Ce sale fameux fouineur et funeste de Régisseur ! D’où sortait-il ? Quel était son domaine de prédilection et dans lequel jouait-il, en vérité ? À l’entendre. Et puis, pour ses études ? Sans nul doute avait-il décroché, par escroquerie, celui du Bac à Sable. Quant à ses bains, surtout, dans quelle… Potion au Bain truqué, ce farfadet mijotait-il en réalité. Une telle Vérole vénéneuse devrait être décimée, à la Naissance et pulvérisée à l’Acide sulfurique pour ne pas réapparaître… Non, mais dites donc, quel autre Pauvre véritable Loubard de sacrée Comédie mafieuse, se flanquerait-il avec un avorton pareil aux Bonnes Grâces à la Noix. En tout cas, pas un du Périgord ou même de Grenoble ! Comprenne qui peut.

Pour quel Personnage à l’entité morbide officiait-il en vérité ? Il ne possédait sûrement pas plus de facultés dans son, soi-disant, métier qu’un éboueur sans cervelle ou qu’un nu qu’un autre couvert de lingerie fine (Épargnez-moi Mesdames et Damoiselles, pour vos sarcasmes.) Pourtant, pour assouvir, lui-même, son Alter Ego, il fallait le reconnaître, il n’était pas aussi con qu’il en avait l’Air !

Semble-t-il, qu’il ne s’associait qu’à cette espèce ou plutôt ce, ramassis de pédants ne trafiquant, qu’en exerçant leurs pouvoirs de perceurs, en tous genres, afin de grappiller quelques babioles qui leur serait possible de fourlinguer pour en tirer, comme à la vogue, quelques ressources pécuniaires… Quoiqu’à la vogue, pour gagner des sous, si l’on est pas forain soi-même, on peut aller se rhabiller. J’en reviens aux vermines, d’ailleurs, pour quelles raisons les en empêcher, sous couvert de personnalités influentes, ils s’en octroyaient le droit, au détriment de toutes personnes manquantes de vigilance. Et, sans vouloir les offenser, ils font ce qu’ils peuvent et surtout ce qu’on leur dit de faire, comme par principe, la Gente Volaille n’appréciait pas ces manœuvres-là… On entendait, à toute heure du jour ou de la nuit, inlassablement hurler les Sirènes cocoricotantes, ameutantes l’Ensemble de la populace environnante laissant présager de lourdes tâches de perquisitions accréditées par tous Les Parquets de tous Pays.

Et tandis que les Poulets et Dindons sillonnaient, ici, la France, les Trafiquants en profitaient pour siroter de bons cocktails explosant de saveurs multiples, aux Bahamas ou en d’autres sites tranquilles, en faisant :

« Coucou, Les Aminches ! D’ailleurs, pourquoi s’en priver. Il n’y a pas de mal à se faire du bien »…

Effectuer les tâches quémandées n’était pas de tout repos… Néanmoins, il n’y avait pas de quoi chercher midi à quatorze heures, non plus. Tout en cavalant dans… tous les sens pour bien montrer une honorable indispensabilité, Cool Raoul Cool. Ces Gentils Messieurs-dames, dont le bon Citoyen ou Bonne Citoyenne, avaient si injustement le Besoin, eh bien, ceux-là mêmes qu’il est indispensable de respecter, même si nous ne les adorons pas tous comme des Dieux. Eh bien, ceux-là même, se font caillasser, régulièrement et effroyablement, tout comme les Pompiers qui viennent éteindre un Feu de Joie allumé par des loubards ou casseurs, oh le parfait camouflé d’un joyeux drille… Mais comme le disait si bien en son temps Jean de la Fontaine :

Rien ne sert de courir, il faut partir à point.

Courir dans tous les sens, soit. En tout cas, de cette façon-là cela ne fonctionnerait pas aussi merveilleusement qu’escompté… Oui, en effet, on pourrait leur accepter cette impression-là, mais ce tout Puissant Narrateur n’a pas vécu les Années qui se faufilent de notre temps…

Pourtant, bien entendu de chez bien entendu ! si de visu vu, il montrait, en son Époque pour le travail, un acharnement. Bien évident… Hormis la Poésie, il n’en glandait pas plus qu’un cantonnier de nos jours, au point de dire comme les marins de nos jours :

— Arrête de ramer, t’attaques la falaise !

Il ne se cassait pas le bol au final, Le Grand Gaillard D’avant. Un peu comme ces Cantonniers d’Ancien Temps. Eh oui, encore eux. Mais si vous préférez tous ces fonctionnaires. C’est à peu près, la même caractéristique. Sans trop faire d’Erreur !

Elle en était d’une certitude à toute épreuve, mais quoi ?

L’air surfait du pèlerin ne pouvait pas, à n’en point douter, tromper l’œil aguerri d’une Maîtresse de Maison…

Mais comment avait-il bien pu passer au travers des mailles du filet de cette Inquisitrice de la Maison, Madame Lambert, il n’aurait même pas eu sa place dans Les Sousdoués font du Ski…

Il aurait fait honte à la profession !

En l’occurrence, il n’y avait qu’un. Seul Gros Poisson qui nageait entre deux eaux de couleurs troublées…

Mais comme personne dans la Maison ne collait à un tel énergumène où donc dénicher ce personnage douteux ? Fallait-il se rendre à cette évidence : le Big Fish ou Big Taupe avait bien un certain monopole d’exploitation sur la Famille Lambert.

Restait que toutes les caractéristiques essentielles à ce genre d’individu que représentait Arthur se voulaient de ressembler sans ne paraître au premier, deuxième ou comme au troisième degré à ce genre-là. Il est à s’apercevoir que la nature fait, quand elle le veut, en définitive, bien les choses.

Il en faut peu pour être heureux

Oui vraiment peu pour être heureux,

Il faut se satisfaire du nécessaire…

N’est-ce pas Baloo avec le petit d’homme : Mooglie.

Mais à ce niveau-là. Mieux valait s’abstenir. Son Amateurisme indéniable présentait de toute évidence… Une Incompétence manifeste qui ne s’arrangerait pas au fil du temps !

Pourtant à sa décharge, il fallait tout de même lui reconnaître une Qualité d’une Grande Subtilité Cette Dernière, sa principale Valeur, à son corps défendant, n’en était pas des moindres…

Il existait au Grade de ce Spiritualisme précis au point qu’il vous endormait afin que vous ne déceliez pas sa démarche de noyer, un Requin, sans pour autant le miniaturiser, dans un Grand Verre d’Eau… Chose qu’il employait, lorsqu’il en sentait le besoin… Et, comme cela lui convenait, en l’occurrence, ce matin-là, il avait eu matière à y songer, même si le Travail de Georges se trouvait en souffrance.

Andrée, perdue dans les nimbes célestes, ne s’interrogea pas sur cette Femme brune énigmatique, toute de gris vêtue, qui depuis cinq bonnes minutes, la pistait. Cette Etrange Procession se faufila au travers du marché ne stoppant qu’à la porte d’un Débit de Boisson…

La Jeune Femme jeta un rapide coup d’œil aux environs tandis que la suiveuse jouait, admirablement, la désinvolture en lorgnant deux ou trois magasins du Centreville…

L’Actrice, insouciante, repoussa la porte du bar-restaurant, « Le Drink’s ». J’ai été scotché par cette bien belle, mais énigmatique et inquiétante créature.

Oui, et pourtant elle donnait l’air de bien visualiser certaines de ses inquiétudes… Seulement pour qui ? Un très simple fait funeste au destin croquignolet se dessinait inexorablement dans son sillage…

Le Drink’s était le café idéal pour tout rendez-vous, quels qu’ils soient.

Avec son cadre tranquille, voire un tantinet agréable, il assurerait à Andrée qui l’appréciait tel quel qu’il en soit l’heure de la journée pour l’intimité offerte à chacune des arrivées de tout client… Il présentait cet accueil chaleureux que l’on aurait supputé retrouver dans toutes chopes du Midi.

Elle y fut reçue, comme de bien entendu, dès son arrivée, par un, ô combien agréable salut de bienvenue qui chanta comme il se devait, à ses oreilles…

Cette drôlesse qui la suivait en profita pour prendre la tangente, se faufila vers une table au fond du bar restaurant. Elle se savait, ainsi, à l’abri de regards, parfois peu discrets, lancés par d’autres consommateurs tout comme, celui du serveur qui, en bon maître partiel des lieux n’avait pas loupé son entrée, étrange femme que celle-ci… se dit-il soupçonneux à l’égard de cette dernière…

Andrée, quant à elle, répondit chaleureusement au salut de bienvenue du Barman.

Elle lança à la volée.

— Toujours, avé le compliment aux lèvres, Mon cher Bastien ! taquina Andrée qui reprit du bout des lèvres :

« Par contre tu ne seras jamais qu’un Don Juan ! » fit-elle d’une voix riante et aimable, puis elle continua : « Si je ne te connaissais pas comme le fond de ma poche, j’affirmerais que tu en pinces pour ma pomme. Il est même étonnant, d’ailleurs, que tu ne m’aies pas annoncé, étant si familier avec moi, d’être amoureux de moi. »

— Eh ! Qui sait ! avança ce dernier tu ne me connais pas autant que tu ne le crois !

— Et ta femme, et tes gamins ! Tu en fais quoi ? Coquin !

— Ne t’inquiète pas, je ne les oublie pas ma belle. Mais je te taquinais ! répondit Bastien d’un ton qui ne laissait rien envisager de mauvais.

— Je le sais bien ! Mais l’Amour pour ton Métier est bien plus fort que celui qui me porte !

Bastien la remercia avec ferveur puis revint à son comptoir afin de s’occuper en outre de la fâcheuse cliente renégate.

Il s’enquit, bien vite, de sa Commande qu’il s’empressa, en ayant pris soin de récupérer la valeur de celle-ci, de la servir…

Son incommodité le fit fuir pour s’occuper d’autres arrivants, plus gracieux. Ces derniers arrivants. Cela va de soi.

Fidèle parmi les fidèles, Bastien se trouvait à son poste de serveur du petit établissement…

C’était une perle rare par excellence. Il ne manquait pas d’occasion pour faire le bien dans son entourage ainsi que pour lui… Dire du mal d’autrui ce n’était chez lui, qu’un machin inconcevable… Quand il donnait son amitié à une personne qui en valait la peine, ils se trouvaient liés, corps et âme…

Dans le cas précis d’Andrée Milani, il se devait de la mettre en confiance, surtout elle. Personne ne pouvait lui être plus cher. Ce fut sa toute première cliente, un matin… L’ayant reconnue de suite par sa Prime Notoriété. De très forts liens de Confidentialité et d’Amitié les nouèrent, ce jour-là. C’était un samedi.

Comme ce jour, le Marché effervescent allait s’ouvrir quand elle fit son Entrée. Et puis, Bastien n’était pas aussi ancien que ça au Drink’s et Andrée connaissait déjà parfaitement ce Commerce pour l’avoir fréquenté avant qu’il n’arrive…

Aussi en réponse à son amie Andrée, il lui décocha un sourire dont il était, a priori, le seul à en avoir le secret. Son sourire qui le rendait si sympathique à quiconque faisait pour la toute première fois son entrée, se réclamant animateur, et spontanément dans le bar, l’agitation effrénée illuminait l’atmosphère…

Il lança, enchanté :

— Ce doit être merveilleux de s’entendre et se voir ovationné, pendant les Soirées de vos, Grandes Premières de Film.

— Oh, tu sais Bastien. Oui, bien sûr que cela nous apporte de la joie. Cependant, il nous arrive souvent le revers de la médaille. Fit l’Actrice en toute modestie.

— Pardon du peu ! s’exclama le Serveur. Dans votre Confrérie, être Un ou Une Actrice, ce n’est pas une Plénitude qui vous est offerte et puis devenir Créature de Rêve…

Il stoppa un moment, et reprit :

— N’êtes-vous pas consciente de ce bien que vous portez au Public ? Il est toujours demandeur de frisson, glacial, horreur ou bonheur… Le Public attend énormément de vous… Il veut effacer les traces lugubres qu’il traîne dans la nuit… La Modestie, à la rigueur, je l’admets… Oui ! Du moins, car pour vous jeter dans un rôle, il faut être réservé. Malheureusement, il y en a toujours qui pètent plus haut que leur derrière. De ceux-là, à la limite, on s’en fiche comme de l’An 40. Car, une fois passé cela, ensuite on rencontre celle ou celui, encore plus sublime qui vous fait exploser les Mirettes.

Bastien s’arrêta de nouveau et enchaîna :

— Il veut tout voir ce que vous avez en vous. Vos peurs et hilarités, tout comme vos faits et gestes, nous parlent plus qu’un discours ou quelque expression employés. Vous animez les salles, aussi bien qu’un Taureau dans une Arène… Même cet Ancien et Vieil Ami, Charlie Chaplin, dans le muet, avec ses distributions de baffes et de coups de pied au derrière nous assurait des scènes plus ardentes et parlantes que le cinéma d’aujourd’hui. Eux, au moins, avaient du bas goût. Attention ! Je n’entends pas, par-là, que ceux que l’on découvre, de nos jours, sont des nuls. Cependant il serait judicieux que l’on puisse, à notre époque, tester leurs mêmes scènes, mais en utilisant les moyens qu’ils avaient à leur époque. Nous pourrions, toutefois, y associer le parlant, seulement par onomatopée et de la musique, bien sûr, Andrée fit la remarque :

— Je comprends bien qu’à leur époque, sans dialogues audibles et sans musiques autres que le piano, tous les Artistes devaient se démener à fond, pour rendre le Cinéma loufoque et original. Cette Arrivée du parlant fut bien entendu, une Aventure en soi et surtout bénéfique, tant bien pour les Comédiens que pour les Spectateurs. Oui, tu as raison, pouvoir les comparer à armes égales serait une belle expérience. Néanmoins… il n’est pas encore né, le film où l’on verrait, le public crever un Écran pour applaudir les acteurs et les remercier. Bien qu’à plusieurs reprises de nombreux films exercent tant de clameurs que l’on puisse entendre de tels grands Boums se terminant en Tonnerre d’applaudissements. Vous me faites marcher Bastien !

— Holà. D’où me vient entendre ce vouvoiement intempestif, je n’aime pas ça, mais alors, pas ça du tout ? affirma le serveur, un brin irrité. En effet si, venant de moi vers vous, cela se conçoit, je vous certifie que si le contraire se prolongeait, je considérerais ne plus accepter aucune autre forme de faiblesse de ta part, car vous êtes une Battante. Si vous ne le croyez pas, dites-vous que vous êtes une Guner. Si Le Cinéma a accueilli un prodige, telle que vous, dans ses rangs. Il vous faut prouver que vous êtes digne de ces lettres-là, donc continuez à travailler votre avantage. Mais ce ne serait pas un bienfait que de me fourguer, une fois de plus, ce vouvoiement à la « je m’en foutiste ». Sinon, vous aurez droit à mon « 45 Fillette » dans votre Popotin, et sachez que je ne vous considérerai plus comme une Amie ou même une simple Copine, A vous la balle ! C’est A prendre ou A laisser !

La Jeune Femme le regarda, sur le coup médusée puis, pouffant de rire, elle intervint sans se faire prier :

— Ah, ça c’est ben vraiii ! Faudrait voir à voairrre ! Mais non mais des fois. Y a pas de choix à faire… Sont-ce du lard ou du cochon que tu nous sers-là ! Mon p’tit gars ! Dis-moi ! Si, au lieu de me débiter tes fadaises, tu m’adressais plutôt une de tes corbeilles de tes soi-disant friandises, merveilles pour tout bon petit-déjeuner qui se respecte, Ces Croissants et Pains au Chocolat que tu nous distribues avé la générosité que nous te connaissons à nous tous, tes fidèles clients ainsi qu’un de tes cafés noirs de chez noir, succulents sortants, tout droit derrière les fagots. Allez ouste ! Et ne perds pas que je te tiens à l’œil. Comme cela tu n’oublieras pas que ce que je désire avant tous, ce sont ces Chers et si Tendres Croissants Croustillants à souhait ? J’ai déjà une faim de louve.

— Normal, Ma Princesse. Avec tous ces produits de qualité incontestable qu’il me soit permis de vous offrir, je ne peux que m’en apporter un mérite sans équivoque. Par contre, vous, qui en êtes les principaux bénéficiaires : vous vous devez d’en porter de nobles louanges et donc, vous en deviendrez les protagonistes en chefs parce que vous acceptez les produits. En outre, je suis en train de vous réclamer, cette raison principale, qui est celle de ne pas déprécier la pure qualité de la marchandise proposée… Surtout si vous faites partie de mes si chers grignoteurs, toujours Bénéficiaires prioritaires.

Le but du jeu est, pour moi, de choisir pour vous les quelques denrées alimentaires les plus sophistiquées provenant de l’une de nos meilleures boulangeries afin d’épater, à coup sûr, les plus fins gourmets de ce monde chic, les Valentinois. Vois-tu ! Une clientèle, ça se dorlote et se chouchoute… Les Boulangeries et Usines de Torréfaction de ce pays sont, pour nous, les principales et plus essentielles mamelles de ce métier, le Summum de l’artisanat. Il est essentiel de savoir flatter toutes les Personnes dans notre corporation. Mais je n’entends pas par-là de déprécier le client. Le pur client est le roi de ce showbiz. On ne déglingue pas la poule aux œufs d’or. L’exécuter risquerait fort de faire mauvais genre. Il faut surtout savoir être un gentil face à toute la clientèle qui se hâte pour se procurer toutes les richesses qui anoblissent et enjolivent le magasin…

Ainsi tous les fournisseurs se précipitant en ne demandant rien à personne, ne sont pas tous des vautours. Ils s’interrogent d’abord, quant à leur avenir comme celui de tester leurs friandises, car un mets est, tout d’abord, en somme, une friandise qu’il' est primordial d’agrémenter pour tous les fins gourmets que nous sommes tous et c’est irréversible.

Le Serveur dut abandonner l’Actrice pour servir quelques clients.

— Ne t’inquiète pas. Je n’en ai pas pour très longtemps…

Andrée le regarda partir en pensant :

C’est véritablement une perle. Si jamais, j’ai une maison à moi, je lui proposerai de prendre la Place de Régisseur. Il connaît tout de ce que l’on doit faire dans une maison…

Puis ses pensées s’en furent vers cette Vie d’Actrice qu’elle tenait aujourd’hui, depuis près de trois Ans. Oui, elle avait une chance inouïe de pouvoir percer en travaillant avec un tel Metteur en Scène que Marius Féretti.

Andrée vit revenir, vers elle, Bastien souriant qui s’assit en face d’elle.

— Alors, Ma Princesse. Quels sont les sujets de tes tourments ?

Andrée le dévisagea et fit mélancolique :

— Bah, toujours les mêmes. Je suis heureuse en Boulot, comme en Amour, mais je ne suis pas certaine que cela ne puisse durer très longtemps. Gisèle en est la coupable.

— La Gisèle, la femme de…

— Oui, c’est bien celle de Marius ? Toujours identique à elle-même. Mais assez parlé de moi. Toi et tes Clients que tu chéris, comment cela va-t-il ?

— Toujours Pareil… Il y a les sympas, les Amis comme toi, et puis, il y a les autres plus ou moins grincheux et pourtant, toujours aussi fidèles. Alors, je ne m’en plains pas. Malgré ceux-là mêmes qui nous prennent pour des imbéciles et croient nous couillonner. Je dirai que je me fiche bien de ce qu’ils pensent, surtout lorsqu’une Starlette, telle que toi vient me tenir compagnie…

— J’en suis aux Anges. Bastien s’interrompit un, instant et reprit : Autrement, c’est à ce moment-là, que l’on serait pris pour des moins que rien. Il n’y a que très peu de Gens qui connaissent ces Cavernes divines d’où me proviennent, tous ces fabuleux produits qu’il m’est un agréable Honneur de vous servir. Produits pour lesquels, je me confine quotidiennement, à cette condition suprême, que même si l’on ne devait plus en connaître les moindres secrets d’origine, je me ferais un malin plaisir pour me les procurer. Même pas pour moi ! s’inquiéta Andrée.

L’Actrice s’interrogea :

— Il se peut que certains d’entre eux me sollicitent le bonheur que je leur adresse un passe-droit. Donc pour ce faire, il se doit d’être aimable avec tout le monde et d’accepter de ne point divulguer les données recueillies. Et de cette façon s’il n’en était pas suivi ainsi et que par un ultrapur et extrême hasard, il leur prenait cet avis farfelu et saugrenu de transgresser mes ordres. Humanum Véritas, alors gare à leurs fesses, en vérité, je vous le dis.

C’est bien ce que comptait Andrée :

— Nous nous devons d’accepter toutes nos façons de penser. Néanmoins celle d’autres n’est pas à bannir et doit, en aucun cas, nous laisser insensibles. L’idée saugrenue de ne pas aimer cette façon de libre-pensée ou de ne pas apprécier ce que l’on vous sert à l’occasion si vous préférez. Ce serait comme si vous me forciez à m’enfermer en mes derniers retranchements. Chose qui me mettrait dans l’obligation de me fâcher et tu me connais dans ces affaires-là… Je cartonne sec. Aussi à bon entendeur salut ! Et advienne que pourra, clôtura d’un ton faussement hautain le Barman.

Sur ce, le barman s’enquit de sa tâche.

— Que dirais-tu d’un bon chocolat !

— Si tu me prends par les sentiments…

— Alors, pour La Princesse, ce sera un bon chocolat crémeux, je parie !

Sur les rires de l’Actrice, il se dressa et alla s’enquérir si l’Étrange Brunette ne désirait pas un autre breuvage…

À la réponse de celle-ci, il lui lança un vif :

— Restez aimable, si vous n’êtes pas jolie…

— Oui et vous, SOYEZ POLI AVEC LA CLIENTÈLE.

Son hurlement fit se tourner la tête des autres clients. Andrée d’où elle se trouvait avait pu suivre l’action…

Bastien n’en rajouta pas et fila s’occuper d’Andrée. La préparation du chocolat fut vite enlevée.

Puis ayant servi la belle ACTRICE, il se reposa sur sa place antérieure. Il avait un sourire forcé à la pensée de cette inconnue grincheuse.

Andrée souleva la question à laquelle il s’attendait :

— Pas très sociable cette bonne femme…

— Bah, ce sont les risques du Métier. Une fois passée, l’interlocution est très vite oubliée…

Pourtant Bastien, en fin psychologue, interrogea, de nouveau l’Actrice :

— Et toi ! N’as-tu pas d’autres problèmes que ceux provoqués par Gisèle Féretti.

En effet, vu la lenteur de la venue de la réponse, il comprenait que la question embarrassait La Comédienne… Pour tout expliquer, il semblait indubitable qu’elle attendait quelqu’un ou bien alors qu’il se passa une chose spéciale. Il fit tout de même, en accompagnement.

— Votre Seigneurie, voudrait-elle goûter à son deuxième Chocolat, bien crémeux à souhait ? Mais, pour ton régime, ma Belle, tu repasseras à la Caisse.

— Eh coquin ! Tu veux ma peau, ma parole.

— Je suis là pour me soumettre aux ordres de ma Chère Clientèle choyée. Vous me réclamez de Bonnes Choses que je me dois vous servir donc : avec Amour !

— Alors, puisque tu sais que je suis au régime, pour quelle raison les deux pains au chocolat de tout à l’heure ? Ne sont-ils pas au beurre ?

— Donc, conclusion, la prochaine fois pas de Croissants, ni Pains au Chocolat.

— Assassin ! Tu veux m’affamer ! s’époustoufla-t-elle en riant à cette boutade…

Il engagea aussitôt une conversation aux accents énigmatiques et mystérieux, due sans doute à la présence de la Jeune Femme :

Bastien s’engagea :

— Dites-moi ma Belle, j’aurai une confidence à vous faire. Andrée, j’ai toujours été en admiration avec le monde du cinéma. J’ai toujours voulu l’envie d’y participer. Bien sûr, sans aucune prétention. Être acteur ne m’irait pas. Je n’en avais pas du tout le gabarit. Mais tenez ! Tout simplement pouvoir tenir un simple rôle de cameramen. Ça, c’est une position que j’aurai pu l’exercer, je le pense, mais encore faut-il y avoir la chance d’occuper la place ou que l’on nous en donne l’occasion… Cela ne m’aurait pas du tout déplu. Ce job touchant le monde cinématographique nous fait tellement rêver. Il nous fait vivre des aventures extraordinaires. J’entends par là, nous tous les non investis du grand écran. Car si vous êtes du même avis que moi, il en est parfait ainsi ! Il faut bien être investi de ce sacerdoce pour réussir dans la profession. N’est-ce pas Mademoiselle ? Pendant que le Serveur discutait, Andrée avait bien observé Bastien avec nostalgie, tout en l’écoutant, son laïus l’avait passionné, un tantinet, avec application. Puis, après un instant, elle lui répondit :

— Oh oui bien sûr, pour réussir il faut persévérer durement, car pour percer dans ce milieu diabolique je dois le reconnaître, cela tient lieu du parcours du combattant et, s’il y a tant de soupirants mordus de celui-ci, peu de ceux-là sont élus. Je reconnais qu’effectivement, nous avons eu avec Charles, mon fiancé, une chance sacrément infernale. Notre rencontre, avec les Cinéastes que sont Georges et Marius, pour le moins époustouflant. Il est bien sûr que Charles ne leur était pas inconnu puisqu’il bossait déjà pour eux. Avec eux, il avait atteint un très, très niveau. Mais cette grandeur totale de pouvoir s’entretenir avec eux, au sujet de notre avenir à nous deux fut formidable, fabuleux. Charles ainsi que moi-même. Ce sont bien des pointures à ne pas douter des plus exemplaires.

— Je pense que cela ne va pas vous ôter votre part de talent, car si vous n’aviez pas eu cette lumière de virtuosité, en bref votre signature latente dans la peau vous n’auriez sûrement pas pu percer dans le métier comme vous l’avez faite. Si vous me permettez de m’exprimer ainsi, et vous vous seriez fait aller voir ailleurs, si vous m’accordez l’expression par mégarde. Enfin encore faudrait-il qu’un autre dandin vous proposât, à jouer dans un autre film ; cependant, il n’est pas à exclure que nous y récoltions, une certaine gloire dans le cas où le générique annonce, précisément notre présence, si nous ne sommes pas tous logés à la même enseigne dans la Création initiale.

La Jeune Femme ajouta aussitôt :

— Tenez, prenez Charles, mon Compagnon, bien que déjà nanti de son magnifique Palmarès, il peut très bien se retrouver au chomdu, malgré un curriculum vitae à faire pâlir l’idole des écrans… Car il n’est pas dégueulasse, seulement toutes ses prestations ne paraissent pas sur celui-ci. Pour moi, je suis certaine qu’il a, au moins cinq engagements qui sont passés, à la limite, aux oubliettes. Mais que pouvait-on dire ? Ne suis-je pas, rien qu’un tout petit vilain canard, barbotant, comme il le peut, dans une mare emplie d’une multitude… de farfadets et qui se débat, vainement, contre de véritables pauvres petits diables.

— Oh que non, tu exagères drôlement ta position. Crois-moi. Si, aux yeux de toutes les autres Actrices, tu passerais pour nulle, ce n’est qu’une illusion. Tu es, de loin, bien meilleure qu’elles, ensemble réunies. Je t’affirme, tu possèdes cette rareté infuse de Noblesse, même si tu ne t’en rends pas compte. C’est cette divine fraîcheur que les autres t’envient. Reste telle que tu es, Ton Avenir est tout tracé !

— Je le voudrai bien, mais rien n’est plus irritant que, lorsque l’on t’agresse, sans raison valable. Je leur parais comme un véritable obstacle qui leur pique, sans tire, leur foutu gagne-pain à leur nez et à leur barbe. Si, je m’en vois pas moins flattée. C’est que ça les emmerde. Je n’en crains pas moins leur réaction qui ne saurait tarder. Néanmoins, le retour de manivelle sur leurs tronches, ça me fait plaisir. La seule, dont je crains le plus la réaction, n’a pas d’autre Nom qu’une Vipère… Elle n’est, entre autres, qu’une malfaisante… Une certaine au nom de Madame Féretti. Une Dame qui se pavane, en gueulant, sur scène, créant des Scandales d’une Lamentable Fécondité, sans scrupule, ni souciance. À vrai dire, je dirai qu’Un Serf du Moyen-âge aurait plus eu de Titres de Noblesse qu’elle, de nos jours. Et c’est l’Authenticité même, à n’en point tromper le Monde.

Elle s’arrêta une minute puis reprit, toujours aussi remontée.

— Pourtant, étant donné que je ne suis qu’une, simple, aiguille plantée dans un pied de Son Altesse Sérénissime Gisèle, celle-ci connaît la manière de me jeter un Sortilège, sans autre ambiguïté que sa Personne. J’ai l’impression de n’être, face à ses mirettes, qu’un simple petit pion de merde sur son Échiquier de même qualité. À savoir que même si d’une pichenette elle peut me renverser, il n’en est pas moins vrai que je me sens capable de me rebiffer.

Après un laps de temps que Bastien ne songea pas à meubler, elle se relança avec la même animosité :

— N’en déplaise à sa Grâce, car même un, seul petit pion peut provoquez un échec et mat. À présent, c’est à elle de voir où se situe réellement son Intérêt. C’est en un certain ordre le Milieu qui veut ça ! C.Q.F.D.

Le Barman emballa la conversation :

— Je prends comptant, tes paroles. C’est donc, bien un nœud de vipères, que le milieu dans lequel tu vis, si je comprends ton raisonnement.

— Oh oui ! Et ce que l’on voit n’est autre que la partie visible de l’iceberg.

À ce moment, deux nouveaux clients entrant dans l’estaminet interrompirent, alors encore enragée, l’actrice mélancolique.

Bastien s’excusa auprès de la jeune femme, la laissant à ses réflexions. Il se devait de s’occuper de ces nouveaux arrivants, Andrée le suivit du regard, tout en s’isolant dans le cocon de ses pensées et idées…

Bastien servit les nouveaux venus.

L’Actrice était troublée par ses propres propos…

Exactement ! Tout semblait lui réussir jusqu’à présent ! Même qu’aux dires de certaines personnes, cette chance se trouvait des plus mal placée, pour peu qu’elle dérangeât le Monde du Cinéma en tout genre. Cependant, ce galop d’essai n’était qu’un coup de pied, au cœur d’une fourmilière géante désobligeante.

La Prime Raison venait de Marius qui l’avait fraîchement pêchée. En effet, il avait eu la folle idée d’intégrer cette Jeune Actrice, en verve, dans l’une de ses réalisations et, misant sur elle, en ce milieu très particulier, dans lequel il jouait gros. C’était un pari si complexe, mais trop tentant. Toute la clique qui le suivait allait rugir. Les loges se verraient inaccessibles durant une longue Période.

Dans les hautes sphères, la tribu de ces petites bestioles s’agiterait nerveusement…

À un tel point qu’après les séries de qu’en-dira-t-on, ces Fameuses Bestioles pernicieuses s’étaient mises à titiller la Jeune Actrice, l’agressant même ouvertement.

Fallait-il acquérir cela en une mise en demeure.

En vrai, si l’on optait pour cette cause, toute l’affabulation qui naîtrait se métamorphoserait en un flot de magma bouillant dangereusement.

C’était une des raisons pour lesquelles elle désirait absolument rencontrer, de nouveau, au plus vite, leurs bienfaiteurs… Elle se devait si, comme elle semblait l’entendre, voir cette affaire se débattre s’intégrant à une dimension de dangerosité sérieuse, voire maximale, au point de se faire déplumer simplement et proprement. Il leur devait éliminer ces risques portant atteinte à leurs vies… Or, il se révélait qu’il en fût ainsi, aussi bien, au privé qu’à l’ordre professionnel, d’où menaces et donc obligation de résoudre ces faits néfastes.

Une fois les souvenirs de frayeur passés, l’Actrice revint vers de plus saines méditations qu’auparavant qui s’avéraient, jusqu’à mortelles pour eux deux.

Bien entendu ! Ces Bestioles enragées ne s’aventureraient, peut-être pas, nécessairement à de telles fins morbides. Pourtant, ils devaient s’en méfier, tout de même !

Paraissant à l’écran, elles s’afficheraient ainsi des personnes raisonnables.

Pourtant, à ses yeux, elles ne seraient plus jamais les mêmes. Or, la disposition de Georges, face à la Comédienne, s’était montrée explicite, pas de conneries. Et s’il se prouvait qu’il soit incontestablement malade ou non, cela ne présagerait rien de meilleur, pour eux non plus. Surtout, que la prévision de cet épilogue qui se voulait joyeux pour tous. Ainsi se divulguaient, par la suite, ces futures journées sereines, en apparence, qui se profilaient devant eux…

D’où, toutes ces questions qu’elle se posait incessamment, qui les inviteraient à prévoir de longues relations psychologiques qui lui turlupineraient les méninges…

Cela ne venait pas d’un hypothétique manège de scolopendres géantes envahissant son cervelet et agissant, dans son esprit, comme de vulgaires vermines. Non, les agissements présents, bien que primaires, étaient plus subtils. C’est donc pour tout cela qu’il lui faudrait des réponses sereines. D’où cette descente forcée à Saint-Siméon pour y récupérer et sans bavure les retours qui lui seraient donnés…

Ce passage, obligatoire chez Georges, en présence de Marius serait, prédominant, à l’encontre de son destin Cinéphile, à tout point de vue.

Le scénariste, elle en était certaine, ne se sentait pas si, confortablement dans son assiette.

Assurément, les évènements futurs, en l’occurrence : Ce Tournage de la Comédie musicale, en toile de fond, en étaient la cause et, elle se jurait de délier les langues, quoiqu’il en coûte, au final, pour la Production.

Pour sa tranquillité, comme pour connaître le fin mot de cette histoire, elle se devait de trifouiller la mélasse occasionnée par les turpitudes de Gisèle envers elle…

Décidément Gisèle ne savait rien faire d’autre que de l’escagasser.

Bastien, de nouveau libre dans son travail, s’assit face à la magnifique Andrée.

Il la tira brusquement de ses rêves, en lui faisant :

— Oh ma belle ! On rêvasse. Tu t’imaginais déjà, te pavanant à CANNES. Dis, ce doit être passionnant de s’entendre applaudi et ovationné par la foule, en se voyant à l’écran les jours de grandes premières panoramiques.

Andrée sursauta et fit, après un court instant, l’air de la surprise :

— Oui, je m’imagine, mais tu sais. Je ne l’ai pas encore vécu Bastien ! Et ne sais pas si je le vivrais vraiment un jour.

Elle marqua un temps d’arrêt et embraya :

— Dis-toi, Bastien, que, pour juste, deux ou trois heures maximums de Bonheur fugitif, nous subissons, bien trop souvent, des tourments bien réels ceux-là. Les outrages y font aussi partie commune et sont tout aussi réels que les premiers. Apprends bien, qu’en un à trois mois, ou plus, de fastidieux tournages, et ce n’est pas de la gnognotte que de refaire dix à trente fois les mêmes scènes à cause de faits bidons, des défauts d’Éclairage, ou encore : mauvais sons ou bien mauvaises prises ou réplique, car l’Acteur peut lui aussi se plante, dans le texte ou la chorégraphie. Et ce n’est pas rare ! Parfois, on en rigole ou ça tourne au vinaigre, selon la teneur de fatigue. Et puis, de se changer de Costume, encaisser la chaleur des studios. Affronter les Affres du Climat ; les Disputes fréquentes : les Engueulades. Se maquiller. Se démaquiller et se remaquiller. Et le tout en faisant semblant d’être de bonne humeur. Pour sûr que le métier est merveilleux, mais, si l’on joue la comédie avec un grand « C », nous le faisons dans tous les sens du terme. S’il y a des jours de joies et de peines, je te parle de celles que l’on voit à l’écran, elles se trouvent n’être que celles prévues par notre scénariste.

Elle s’arrêta un instant et, d’un coup, reprit coupant la parole au Serveur :

— Excuse-moi mon cher Bastien ! On nous envie bien de gloire, mais le public ne connaît pas ce qu’est la rançon de cette gloire si nous l’atteignons. Nous ne sommes jamais à l’abri d’un bide. Oui, mon cher ami, il faut le dire et le vivre pour bien en comprendre le système des rouages, il faut que vous vous installiez dans notre peau. Nous ne sommes que de simples « pantins » doués de la parole, à moins que tu ne me prouves par A + B le contraire, rien ni personne ne pourra changer cela. Nous ne nous trouvons, en somme, qu’entre deux alternatives. Soit le film plaît et c’est un Super Scoop. Nous y récoltons toutes les éloges, ainsi que les bravos et j’en passe. Soit le film joue la Mort du Cygne et nous n’avons plus, dès ce jour, que deux solutions se déroulant pour nous. Ou bien, on nous renvoie au bercail avec perte et fracas, accompagnés de moult sifflets qui s’ensuivent. Ou bien nous nous faisons lyncher tout simplement et purement sur la place publique, par le biais des Médias qui s’y collent. J’exagère peut-être, mais l’idée est bien là, tout de même.

Le Serveur quitta à nouveau l’Actrice puis revint vers elle la trouvant tout entière sur une autre planète.

Il la laissa gamberger puis pour rompre le silence, il lança à brûle-pourpoint.

— Dites-moi, Andrée ! En vous écoutant, on penserait que vous allez tout envoyer paître et sans combattre, jeter votre tablier, sans armes ni trompettes !

— Vous n’allez pas me le faire croire, tout de même. Ne serait-ce pas absurde de tout bazarder surtout quand on nous présente de pareilles raisons débiles ! Vous avez bien et on le sent, le feu sacré. Votre carrière est déjà toute tracée, pourtant. Battez-vous ! Cette Féretti, que vaut-elle à ce jour ! Si j’ai bien absorbé vos dires. Ce n’est que de la pisse de sansonnet !

Andrée prit du temps pour reprendre. Elle finit par quitter son orbite et réussit à répondre d’une voix qui se voulait rassurante, mais à laquelle il manquait le petit smille afin de redonner le peps de la réussite.

— Heureusement même. Sinon pourquoi aurais-je fait des pieds et des mains pour devenir cette actrice qui fait briller les écrans. Être l’idole du public c’est merveilleux et ça donne du charme à ce métier attirant. Ce n’est pas vraiment cet appât du gain que nous miroitons, mais c’est, avant tout, tout ce contact indirect avec le public qui nous fait vivre, notre existence. Sans vous, nous ne valons pas un pet de lapin. Ce contact n’est pas direct bien sûr. Mais, même à travers l’écran. Lorsque nous jouons, j’ai l’impression que nous pouvons nous parler face à face. Nous toucher à l’extrême. Le cinéma, c’est comme à la boulangerie, nous pétrissons le sujet, nous le malaxons pour lui retirer le meilleur de lui-même. Les sujets que nous traitons doivent être accueillis pour le pire et le meilleur, comme dans un Mariage où le public et les Acteurs s’unissent. Nous Y mettons pour cela tout notre cœur seulement si nous ne crevons pas l’écran comme tu le disais tout à l’heure, avec toutes les ardeurs de nos Âmes.

Elle marqua une pause puis reprit, toujours aussi éprise de ce métier.

— Et puis au cours des tournages, nous connaissons de tels moments de franches rigolades que nous apprécions ce que nous faisons, sans rechigner. Oh non. Bastien dans son ensemble, le métier ne paraît pas, malgré toutes les difficultés rencontrées, si désagréables que cela, disons a priori. D’ailleurs quel métier n’a pas d’inconvénients majeurs ? Si toi-même tu nous donnes toute ton attention, ne préférerais-tu, pas vivre entre tous les membres de ta famille ? N’en as-tu pas un peu marre ? Astiquer le comptoir ? Le percolateur et tout le toutim ? Ne voudrais-tu pas franchement tout… plaquer parce que tu en as un ras-le-bol à en mourir ? Je t’ai vu servir là-bas au fond cette femme. Elle n’avait pas l’air commode !

Bastien saisit, sans louper l’occasion :

— À ce niveau-là, vous ne vous trompez pas trop… Si tous mes clients étaient comme vous, ce serait merveilleux, mais ce n’est pas le cas… Pourtant je ne quitterai pas mon travail de sitôt. Dame ! j’ai charge d’âme !

— Je suis bien heureuse de te l’entendre dire, mon cher Bastien !

Un très large sourire orna les lèvres du serveur montrant qu’il conservait, pour argent comptant, les paroles de la jeune femme. Bien souvent, il avait cette idée de larguer ce bar dont il ne démordait pas à dire qu’il en était amoureux et y tenait comme à la prunelle de ses yeux bien qu’il ne soit pas chez lui.

Il admettait néanmoins que son travail était tel qu’il ne pouvait absolument pas abandonner le navire commandé par son patron, Mimile, en l’occurrence, commandait à l’excellence même.

Emile le commandant de bord et Patron du Bar, que deviendrait-il s’il venait à le lâcher tout d’un plan. Enfin quand on est chargé de famille on ne peut pas tout balancer sous le prétexte d’un ras-le-bol, d’un coup de blues. Comme l’avait si bien exprimé Andrée bien que n’étant pas la panacée. Sa situation n’était pas si mauvaise que cela. Il avait l’assurance de ce métier et des revenus. Alors, allez au diable êtres malpropres, médisants et méprisants. L’Épouse de Bastien, à ses heures, donnait un Coup de Main en Cuisine, lors des coups de Feu du samedi Midi.

Une autre personne avait esquissé un sourire qui en disait long sur ses intentions.

Même, si son heure de gloire n’était pas encore arrivée, elle la voyait venir à grands pas de géant !

Bien que se trouvant assez loin de la table d’Andrée, elle n’avait rien manqué de leur conversation et elle n’avait qu’une seule idée, les directives de son grand Patron.

Une fois le travail exécuté, ce dernier serait heureux de sa petite touche finale. Elle ne ferait qu’une bouchée de cette demi-portion.

Évidemment, bien peu lui importait. Elle avait tout prévu ! Disons presque tout…

Toujours souriant, le Serveur s’intéressa, fasciné :

— Parlez-moi, plutôt de votre prochain film !

Andrée fut enchantée que Bastien s’intéressât, autant, de cette vie qu’elle menait en cinématographie, répondit avec beaucoup de chaleur.

— Il y a bien de choses à dire à ce sujet… Mais tout d’abord son titre :

Pour l’amour des roses.

Un titre un peu simplet pour Une si Grande Comédie musicale qui, cependant, en contait long à propos de Cette Enigme.

Ce Nouvel Ouvrage de la Maison Féretti où elle devait interpréter, en principe, le rôle principal féminin sera pour moi une nouvelle rampe pour ma carrière. Je dois bien reconnaître que, pour un deuxième grand film, Marius Féretti me fait sauter très haut dans la hiérarchie que compte le cinéma, car choisir une Artiste de Second Rôle, en lieu et place de son Épouse. Si cela me fait frémir, La Gisèle doit sacrément râler pour le coup qu’il lui porte…

La Jeune Comédienne hésita un instant puis reprit :

— Il est vrai qu’au cours de mon premier film dans lequel je jouais un second Rôle, j’ai, paraît-il, formidablement, survolé tout ce que le Producteur attendait de moi… Ce second rôle m’a propulsée sur les devants de la Scène, à tel point que même Mitiame Norbert qui interprétait le Rôle de : Jessica, le Premier Rôle, m’a congratulée pour ma performance. Le Rôle dans le Film, d’Hervé Landreux m’a apporté une notoriété à laquelle je ne m’attendais pas le moins du monde. Ce Rôle sur mesure bien que n’étant un rôle moyen m’a ouvert les portes de la Gloire. J’avais eu la chance d’exprimer ce que je ressentais. Et le Scénariste, Philippe Arbois a bien reconnu illico, ce que je pouvais amener au Monde cinématographique. Oui, sans vouloir vanter mon petit emploi. Je crois m’être ouverte les portes Royales du Grand Monde. C’est ainsi qu’avec Charles, j’ai pu être engagée par Marius et Georges. Enfin, dorénavant, c’est ce que je ressens.

Elle s’interrompit, un moment, pendant lequel elle se revit, dans ce second rôle qui l’avait envoyée dans les Hautes Sphères sans aucun doute.

L’Actrice reprit presque aussitôt :

— Pour ce premier film, Hervé et Philippe m’avaient présenté ce Rôle comme un Rôle, soi-disant, secondaire. Pourtant plus j’y pense quand je m’interpose dans ce rôle, avec le recul et c’était tellement réel que j’ai pensé que c’était ma Vie. Le Personnage, je m’y suis investie à bloc, comme Fernandel dans le Schpountz. Aussi, pour la Comédie musicale, je me garderai bien de baisser ma garde, car je sais que l’on va m’attendre, au tournant. Ce ne sera donc, pas du tout, du gâteau que l’on me servira dans cette production-là…

Bastien allait lui couper la parole, mais elle attaqua sans répit :

— Ces journées où l’on peut travailler avec des Célébrités tant renommés, en aucun cas, nous ne devons les louper… C’est ce qui me forge dans ma foi… De plus, ce qui m’enthousiasme dans mon poste, c’est de me trouver sous la direction d’un Maître D’œuvre tel que ce Prestigieux Marius Féretti. Car Il se montre bien comme. Le Nec Plus Ultra de tous les Metteurs en Scène Français, du moins de sa Génération.

Elle hésita un instant puis reprit :

— Pourtant, parfois, je me demande : quelle mouche a bien pu piquer Marius pour qu’il me choisisse plutôt que cette Tordue de Gisèle, surtout dans un tel rôle ! Elle possède bien plus de charme et de renommée, au regard de tous, que moi-même. Bien entendu, elle est plutôt tordue, la Gisèle.

Après une courte hésitation, elle attaqua :

— Mais, sa Femme ou pas, comme le disent, si bien, les Médias, malgré les bizutages qu’elle lui a octroyés. Ses Lettres de Noblesse, autrefois si chèrement payées, elle ne les mérite plus du tout. Evidemment, je me trouvais libre de tout contrat. Néanmoins, si je ne m’abuse, Son Épouse Gisèle était bien libre, elle aussi. Pourtant elle se trouve totalement effacée de toutes Productions réalisées dès la fin de la dernière qu’il a accomplie, et ce pour jusqu’à la Nuit des Temps…

Bastien intervint aussitôt :

— En peu de mots. Il y a comme, de l’eau dans le gaz, chez Les Féretti !

Andrée rétorqua, bon enfant :