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Philbert, un montagnard solitaire, s’est retiré du monde après un drame déchirant. Dans son chalet d’alpage isolé, il évite toute interaction, préférant les sentiers de sa montagne où il observe la faune et la flore, cherchant à oublier son passé. Mais une rencontre inattendue ravive une lueur d’espoir en lui. Philbert découvre qu’il peut utiliser sa connaissance de la montagne pour aider des migrants et d’autres personnes en difficulté. Cette nouvelle mission pourrait bien redonner un sens à sa vie.
À PROPOS DE L'AUTRICE
Pour
Laure Lacoume, lire des histoires, les raconter et même les inventer font partie intégrante de son quotidien. Cette passion pour les récits a naturellement guidé sa transition vers l’écriture, où elle explore de nouvelles avenues créatives avec enthousiasme.
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Laure Lacoume
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Roman
© Lys Bleu Éditions – Laure Lacoume
ISBN : 979-10-422-4216-9
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Depuis déjà plusieurs heures, il attendait. Bien installé sur une roche plate recouverte de mousse, il avait adopté une position confortable. Il savait que l’attente serait longue et peut-être même inutile. Plus d’une fois, il était rentré sans avoir vu quoi que ce soit. Mais ces moments lui procuraient tellement de bonheur à chaque fois qu’il était prêt à passer des heures allongé dans le froid et l’humidité. Tous ses sens étaient en éveil. Il scrutait chaque centimètre carré de roche et d’herbe, écoutait le vent siffler et les feuilles des arbres remuer, il entendait le bruit d’un torrent assez proche, des sifflements de marmottes, un cri d’aigle qui tournait lentement dans le ciel, attendant une occasion pour trouver de quoi manger. Il sentait le froid de la roche sous son ventre et mordillait souvent un brin d’herbe pour passer le temps. Il ne faisait plus qu’un avec la nature.
Seuls, ses yeux bleus et perçants ressortaient parmi les couleurs vertes, marron et grises du paysage. Des yeux qui étaient capables de voir très loin de minuscules détails. Depuis qu’il était enfant, il avait cette vue fantastique. Là où son père et les autres utilisaient des jumelles, il n’en n’avait pas besoin. Ce regard, qui savait se faire tendre, rieur, mais le plus souvent tellement dur. Ce regard qui était braqué sur le col, à quelques dizaines de mètres, et qui attendait. Il devait être environ sept heures du matin maintenant. Il s’était levé au milieu de la nuit, avait commencé la longue ascension qui le mènerait à son poste d’observation, s’était installé et depuis, patientait. C’était dans sa nature de ne pas précipiter les choses. Il ne servait à rien d’aller trop vite comme tous ces citadins qui venaient souvent passer des vacances à la montagne et qui couraient sans cesse. Il ne comprenait pas cette envie de finir avant d’avoir commencé. La nature savait vous faire garder raison. Les choses arrivaient au moment prévu, même s’il fallait constater que depuis quelques années, les surprises étaient nombreuses. Le monde ne tournait plus rond, la terre perdait la boussole. Il neigeait au mois d’août et faisait 20 degrés en octobre. Si les anciens avaient vu ça, ils se seraient arraché les poils de la barbe. Pourtant, son grand-père, déjà, aimait à répéter :
« Y a pus d’saison, j’vous l’dis, les gars, y a pus de saison. »
Il ne se trompait pas le vieux, tout devenait de plus en plus fou…
Soudain, son attention fut attirée par un léger bruit. Un caillou venait de rouler. Il se redressa doucement. Il n’osait même plus respirer de peur de gâcher cet instant. Et soudain, il les vit. Des chamois, ses chamois. Une harde d’une dizaine de bêtes approchait doucement, prudemment, la tête dressée pour flairer les odeurs et surveiller les alentours.
Il avait repéré un bébé la semaine précédente et il le remarqua tout de suite. Bien que très jeune, l’animal avait déjà le pied sûr. Cette capacité qu’avaient les chamois à se déplacer dans des milieux hostiles l’avait toujours étonné. De véritables danseurs. Le spectacle était fascinant. Les animaux venaient de passer le col et redescendaient doucement pour atteindre leur but : des tapis de mousse. Ils se régalèrent pendant plusieurs minutes, restant malgré tout sur leurs gardes, prêts à détaler à la moindre alerte. Lui, n’avait pas bougé d’un millimètre depuis l’arrivée des mammifères et commençait à sentir ses muscles s’ankyloser. Soudain, un chamois releva la tête et regarda dans sa direction. Il venait d’être repéré. Les autres animaux se redressèrent un à un, doucement, sans crainte apparente. Tous regardaient vers lui. Alors, tout doucement, il se leva et sortit de sa cachette. La harde ne bougea pas. Pendant quelques secondes, le temps se figea. Chacun restait immobile. Puis, les chamois firent un petit saut et en quelques bonds, ils disparurent.
Il laissa s’écouler quelques minutes pour profiter encore de la scène qui venait d’arriver. Puis, il attrapa son sac à dos et commença lentement la descente vers son chalet.
C’était un petit chalet en bois, solide et pratique. L’électricité était assurée grâce à un panneau solaire. Il n’y avait pas l’eau courante, mais Philbert descendait régulièrement au village pour aller chercher de l’eau potable. Quant à sa toilette, il la faisait avec l’eau du torrent qui coulait à quelques mètres et qu’il récupérait dans un abreuvoir en bois. Il la stockait dans un bidon pour qu’elle ne soit pas glaciale au moment de se laver. Il descendait de temps en temps au village avec sa moto et faisait son ravitaillement à l’épicerie. Il en profitait pour récupérer son courrier qui était rare, passait saluer quelques amis puis remontait chez lui. Il vivait seul. Ça n’avait pas toujours été le cas. Cela faisait maintenant cinq ans que Philbert avait décidé d’occuper cet endroit qui appartenait à sa famille depuis plusieurs générations. Depuis l’accident. Ses amis avaient essayé de l’en dissuader, car vivre seul en montagne était très difficile. Mais Philbert n’avait écouté personne. Au début, quelqu’un montait chaque jour pour lui apporter des vivres et lui tenir compagnie. Mais, au bout de plusieurs semaines, les villageois s’étaient lassés. D’autant plus que Philbert n’avait envie de voir personne et il s’arrangeait pour partir en montagne au moment des visites. Si quelqu’un connaissait la montagne, c’était bien lui. Il l’avait parcourue dans tous les sens depuis son plus jeune âge. Il avait accompagné son grand-père qui gardait des moutons, puis son père, guide qui organisait des randonnées pour des clients. L’enfant avait la montagne dans le sang. Il ne voulait jamais rentrer quand la nuit tombait et ses parents s’étaient souvent fâchés. Éloigné de sa terre natale pendant ses études d’architecture, il n’avait eu de cesse que d’y revenir. Diplôme en poche, il avait ouvert son cabinet au village et tout marchait bien. Des gens du coin le consultaient pour les plans de chalets de plus en plus grands et des citadins commençaient aussi à faire construire des habitations pour leurs vacances, puis leur retraite. Dès qu’il le pouvait, Philbert partait en montagne pour plusieurs jours. Il bivouaquait dans des endroits, tous plus beaux les uns que les autres. L’hiver, c’était le ski de randonnée. La neige immaculée, le froid vif qui piquait la peau, la glisse dans la descente, le paradis. Philbert était heureux.
Un jour, au village, il devait avoir vingt ans, il était tombé nez à nez avec Flore, une amie d’enfance. Ils avaient fréquenté l’école du village ensemble de la maternelle au CM2, puis étaient allés dans le même collège, le même lycée et s’étaient ensuite perdus de vue. La revoir ce jour-là avait provoqué un choc. La petite fille qui jouait avec les garçons, qui n’avait peur de rien, qui lançait des cailloux dans la rivière pour faire des ricochets, qui grimpait dans les arbres… était devenue une magnifique jeune fille. Le teint hâlé, un sourire ravageur, un regard pétillant… Philbert s’était senti rougir comme une tomate en se retrouvant face à elle. Ils avaient été très heureux de se retrouver, avaient longuement discuté de leurs parcours respectifs. Flore, après ses études, était devenue enseignante et elle travaillait dans la vallée depuis le mois de septembre. Elle habitait au village et faisait la route tous les jours pour aller travailler. À partir de ce jour, Philbert ne pensa plus qu’à elle. Il en rêvait la nuit, se sentait oppressé quand elle le quittait, rougissait quand d’autres parlaient d’elle, il était fou amoureux. De son côté, Flore éprouvait les mêmes sentiments. Quelques mois plus tard, ils s’étaient mariés. La fête avait été très joyeuse. Tout le village avait été invité. Les jeunes filles et la plupart des hommes avaient revêtu le costume traditionnel de la vallée, on avait mangé, dansé, chanté jusqu’au bout de la nuit. Les anciens regardaient ce jeune couple avec nostalgie, on leur annonçait une belle famille avec des enfants robustes.
Les jeunes mariés n’avaient pas fait de voyage de noces. Ils avaient préféré passer quelques jours seuls en montagne, à dormir à la belle étoile, à profiter des paysages…
Puis le rythme s’était calmé, chacun avait repris son travail. Philbert et Flore se retrouvaient en fin d’après-midi au cabinet d’architecte et ils rentraient ensemble chez eux. Pour l’instant, ils occupaient une petite maison au milieu du village, petit héritage des grands-parents de Flore. La jeune femme était passionnée par son métier et avait toujours des anecdotes à raconter. Son mari l’écoutait, il la regardait avec amour et mesurait à chaque instant la chance qu’il avait de partager sa vie avec cette personne extraordinaire. Quant à lui, il lui montrait des plans de superbes chalets qu’il avait dessinés. Plus tard, ils auraient le leur, il fallait être encore un peu patient.
Puis un jour, Flore annonça qu’elle attendait un enfant. Philbert faillit s’évanouir de bonheur. Il était sûr que ce serait un garçon, il l’emmènerait en montagne et lui apprendrait à suivre des traces d’animaux, à connaître les plantes et les fleurs. Cela faisait beaucoup rire Flore qui lui disait souvent qu’elle sentait que ce serait une fille. Fille ou garçon ? Le destin choisirait.
Ce matin-là, Philbert s’était levé du pied gauche. Il avait renversé son café trop chaud sur sa chemise, avait cherché en vain les plans qu’il devait présenter à ses clients. Il avait embrassé rapidement Flore qui était en retard également et était parti vers son bureau. C’était une journée grise et triste. Il y avait du brouillard.
Vers 9 h, son téléphone sonna. Il était en réunion et refusa l’appel. Mais l’appareil sonna de nouveau. Philbert s’excusa, sortit de la pièce et répondit à l’appel. Ses clients, qui étaient dans son bureau, le virent s’effondrer.
Cela faisait cinq ans que l’accident était arrivé, mais la douleur était toujours aussi forte. Philbert s’était retrouvé seul et désemparé et personne n’avait pu l’aider. Il avait disparu pendant plusieurs jours. Quand on l’avait revu, il était sale, barbu, avait le regard complètement vide, il errait dans les rues du village et poussait parfois des hurlements avant de s’effondrer en pleurs. Puis, petit à petit, il était revenu parmi les vivants, mais avait décidé de quitter le village et d’aller s’installer dans le chalet d’alpage.
Il s’éloignait de plus en plus de la civilisation et espaçait ses voyages au village. La dernière fois qu’il était descendu, il était arrivé au moment de la sortie des classes. Des enfants quittaient l’école en riant, se bousculant et poussant des cris. Un petit garçon avait même traversé la rue devant lui, n’ayant aucune conscience du danger. Philbert avait dû freiner brutalement. Il avait senti une tenaille lui serrer le cœur, il n’avait pas eu la force de faire ses courses et était remonté directement chez lui. Là, il s’était allongé par terre, devant le chalet et avait crié. Il avait maudit le ciel qui lui avait arraché les êtres auxquels il tenait plus que tout au monde, il avait supplié qu’on l’emporte lui aussi, car sa vie était devenue insupportable. Puis, la douleur, comme d’habitude, s’était apaisée pour laisser place à une infinie tristesse qui ne le quittait guère. Après cet épisode, il était resté plusieurs semaines sans descendre. Des amis montaient quelquefois et lui laissaient des victuailles devant la porte. Il leur en était reconnaissant, mais n’avait pas le courage de les rencontrer en face. Il ne pouvait plus soutenir une conversation, il n’avait qu’une envie, être seul dans la montagne.
Il parlait certes, mais pas à des humains. Il s’adressait au torrent qui grondait, il parlait aux fleurs qu’il rencontrait, il leur demandait de continuer à vivre. Il observait des familles de marmottes jouer, il se demandait si elles éprouvaient des sentiments les unes pour les autres, il admirait la sentinelle dressée sur un rocher, à l’affût du moindre danger, prête à siffler pour avertir ses congénères et à détaler. Il observait des colonnes de fourmis allant se ravitailler, toujours dans un ordre impeccable, chacune ayant un rôle bien précis et défini. Il s’amusait à dresser de légers obstacles pour observer les réactions : certaines les contournaient, d’autres plus hardies, les escaladaient. Il aimait sentir le soleil et le froid sur sa peau. Il avait toujours eu l’habitude de prendre des photos… avant. Mais son appareil n’était pas sorti de son étui depuis longtemps. Il avait envie, parfois, de se remettre à fixer ces instants de communion avec la nature… mais il n’en trouvait pas le courage. Il n’avait plus d’envie particulière, il traversait les jours comme ça, en attendant… il ne savait pas quoi.
Depuis plusieurs semaines, il se passionnait pour une harde de chamois, celle-là même qu’il avait observée quelques heures auparavant. Pourquoi ? Il ne savait pas vraiment. Il avait toujours eu une fascination pour ces acrobates montagnards. Il les préférait aux bouquetins, plus lourds, plus massifs. Certes, il éprouvait toujours beaucoup de plaisir à rencontrer un troupeau de ces « chèvres sauvages » comme les appelait autrefois son grand-père. Il réussissait même souvent à les approcher de très près. Mais un épisode de son enfance lui revenait en mémoire, qui lui laissait une sorte d’appréhension. À l’âge de 6 ans, il avait suivi son père dans une longue randonnée. Tous deux marchaient en silence. Le père de Philbert était un taiseux et intimidait le garçonnet. L’enfant aurait voulu poser des dizaines de questions, mais les réponses ressemblaient souvent à un grognement qui signifiait « tais-toi et marche ! » Au bout de plusieurs heures d’ascension, ils étaient tombés sur un troupeau de bouquetins occupés à déjeuner. Les bêtes n’avaient pratiquement pas bougé et les deux randonneurs s’étaient installés à quelques mètres. Puis, Philbert, fatigué, s’était endormi. Un souffle chaud l’avait réveillé. Il avait ouvert les yeux et avait eu la peur de sa vie. Un museau énorme et chaud, des yeux globuleux, une odeur suffocante et des cornes gigantesques… voilà ce qui se dressait au-dessus de son visage. L’enfant avait poussé un hurlement et le gros mâle qui s’était approché, s’était sauvé. Son père avait ri pendant de longues minutes, pendant que l’enfant, lui, pleurait. Par la suite, il avait toujours gardé une peur des bouquetins.
C’est pourquoi il préférait les chamois, plus fins, plus rapides, plus élégants, leur tête surmontée de deux petites cornes recourbées. Quand il avait vu la harde pour la première fois, il y avait cinq mâles et huit femelles, mais pas de petits. Il les avait observés au niveau du col qui montait de la vallée italienne. Il y était retourné plusieurs fois et avait remarqué que certaines femelles étaient grosses. Et il y a quelques jours, il avait vu un petit. Il avait éprouvé une joie enfantine en découvrant ce petit animal si jeune et déjà si débrouillard, faisant des petits sauts dans l’herbe et s’amusant à glisser dans les cailloux. Et depuis, il s’y rendait tous les deux jours. Il ne voyait pas les animaux à chaque fois, mais peu importe.
Il commençait à se demander s’il n’allait pas refaire des photos.
Aujourd’hui, un autre travail l’attendait. Le toit de lauze de son chalet avait besoin de quelques réparations. Le temps était beau, la température idéale. Philbert se mit au travail en début d’après-midi. Le contact avec les pierres lui procurait un plaisir simple, il ne portait pas de gants et ses mains étaient recouvertes de coupures et d’égratignures. Au bout d’un moment, il s’assit sur son toit et regarda le paysage qui l’entourait. Les montagnes offraient leurs aiguilles qui se dressaient majestueusement vers le ciel, on voyait bien la limite de la forêt puis les éboulis. Sur les sommets, on apercevait encore de la neige. Quelques sentiers serpentaient sur les versants. Autour du chalet, c’étaient les alpages. Mais l’ombre des sommets commençait à descendre et la lumière disparaissait peu à peu. Philbert eut un frisson. Il était temps de descendre. Il regarda encore autour de lui. La nuit était tombée très vite. C’était toujours comme ça en montagne. Soudain, le regard perçant de Philbert fut attiré par une lumière. Il regarda mieux et aperçut très fugacement une petite lueur, comme celle d’une lampe électrique. Encore des randonneurs qui avaient mal calculé la durée de leur promenade et qui étaient obligés de rentrer de nuit. Quels inconscients ! Quand la lumière baissait, le relief disparaissait et les chutes étaient fréquentes. Philbert ne supportait pas le comportement de ces gens qui s’aventuraient dans un milieu dont ils ignoraient tout. La montagne ne faisait pas de cadeaux. Il suivit la lumière pendant quelques minutes encore. Puis elle disparut. Ces touristes auraient des aventures à raconter. Ils penseraient avoir frôlé la mort et broderaient un peu pour se rendre intéressants. Philbert alla chercher du pain et du fromage et s’assit sur le banc de pierre, devant le chalet, pour manger. Les étoiles apparaissaient peu à peu dans le ciel. Celui-ci était dégagé, la nuit magnifique. Une étoile filante passa. Philbert ferma les yeux. C’était toujours à ce moment que la tristesse l’envahissait. Combien de fois avait-il regardé le ciel avec Flore, tous les deux étendus sur une couverture sur l’herbe mouillée ? Quand une étoile filante passait, elle disait toujours : « Fais un vœu ! » Et au bout de quelques secondes, elle demandait : « Alors, c’était quoi ? » Invariablement, Philbert répondait : « Je ne peux pas te le dire, sinon, il ne se réalisera pas. » Il faisait toujours le même : je ne souhaite qu’une chose, passer ma vie avec Flore et nos futurs enfants.