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Contrairement à ce que laisse entendre la croyance populaire, la vocation ne se limite pas à certaines professions privilégiées. Chacun possède en soi la capacité de la découvrir et de la définir selon ses propres termes. Cependant, parfois, il manque juste le déclencheur. À travers son parcours et ses recherches, Pascal Fonteneau souligne l’importance de l’auto-questionnement dès les premières pages de Trouver la bonne piste… L’intuition présente en chacun de nous n’attend qu’à être sollicitée ; il suffit de lui prêter attention et d’oser l’explorer.
À PROPOS DE L'AUTEUR
De la musique au conseil en ressources humaines, en passant par divers postes de management,
Pascal Fonteneau s’est souvent interrogé sur le sens de sa vie. À l’approche de ses 40 ans, il a ressenti le besoin d’entamer une reconversion. Son objectif : aider le plus grand nombre à trouver sa raison d’être dans ce monde. Après l’étude de la psychosociologie et plus de 20 ans d’expérience, il rédige cet ouvrage accessible dans le but de concrétiser son projet, celui d’écrire pour transformer le savoir-faire et le partager de manière significative.
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Pascal Fonteneau
Trouver la bonne piste…
Essai sur la formalisation
et la construction de sa vocation
tout au long de son parcours de vie
© Lys Bleu Éditions – Pascal Fonteneau
ISBN : 979-10-422-3458-4
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
À Élisabeth,
pour son soutien indéfectible et tout son Amour,
et grâce à qui je trouve la force, toujours et encore,
de maintenir le cap vers notre devenir commun,
quelles que soient les épreuves rencontrées.
« Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas, c’est parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles. »
Sénèque (4 av. J.-C.-65 apr. J.-C.)
in Lettres à Lucilius,XVII, 104, vers 63 – 64
Collection Agora, Pocket Ed. (03/1991)
Illustration de couverture : « KAYAKS » – rawpixel.com sur Freepik © Katherine de CHAILLÉ. Reproduction autorisée par Katherine de CHAILLÉ.
Préface : « Sous-bois » © Katherine de CHAILLÉ. Reproduction autorisée par Katherine de CHAILLÉ.
4e de couverture : Portrait © Trinley PARIS. Reproduction autorisée par Studio photo Trinley Paris.
« Trouver la bonne piste, c’est avant tout identifier et reconnaître celle qui nous motive, nous aide à comprendre mieux qui nous sommes, et nous éprouve afin de progresser ; c’est aussi celle qui nous rend joyeux et heureux de vivre, bien entendu, pour permettre notre épanouissement.
– Cette fameuse piste, nous la découvrons au terme d’un premier bout de chemin, incontournable et plus ou moins long ou fastidieux selon la vie de chacun : LA piste qui nous pousse contre vents et marées et nous donne envie, quels que soient les efforts à fournir, de la parcourir jusqu’au bout en faisant fi de la longueur du temps, coûte que coûte, et quoi qu’il arrive. Une fois sur les bons rails, nous retrouvons à la fois les personnes qui nous ressemblent et que l’on aime, et notre liberté d’être et d’agir selon nos intuitions, et en conscience…
– Car nous finissons toujours par comprendre que tous ceux qui se rejoignent au bout d’un chemin – respectivement le leur – l’ont parcouru pour les mêmes raisons, le même but et dans un même état d’esprit de partage, avec empathie et compassion ; ce, pour valider leur inspiration et trouver la force et le courage de réaliser leur vocation dans le respect du monde qui les entoure. »
Le questionnement sur notre vocation implique quelques corollaires : quels points de vue avons-nous (eu) sur ce qui nous (a) construit tout au long de notre vie ? Y prêt(i)ons-nous vraiment attention ? Dans l’affirmative, en quoi cela nous aide-t-il, avec le recul, à mieux comprendre à la fois les chemins empruntés, nos succès, les difficultés rencontrées et nos éventuels échecs ?
– En effet, cherchons-nous, ou avons-nous cherché à identifier cette construction ? Avons-nous réfléchi aux différentes étapes en amont de leur déroulement ? Et dans ce cas, nous sommes-nous interrogés sur l’objet et le sens de ce que nous étions en train d’accomplir et de vivre ? Ou avons-nous continué notre chemin – intuitivement… ou non (dicté par un ou des tiers par exemple) – sans forcément prendre le recul nécessaire et/ou utile pour formaliser ce qu’il se passait, et conscientiser ce que cela nous apportait – ou pas ? Nous sommes-nous interrogés sur les directions à poursuivre ou plutôt de nouvelles à explorer ? Nous sommes-nous fixé des objectifs à atteindre – ou à modifier en cas de fausses routes perçues et reconnues, ou encore mal vécues ?
– Aussi, et ce n’est pas la moindre des questions, quel rôle jouent (ou ont joué) les personnes de notre entourage, quelles que soient-elles ? Savons-nous – ou avons-nous su – identifier celles qui nous aident – ou ont aidés – ou au contraire nous entravent – ou nous ont entravés ? Dans l’affirmative, savons-nous en tirer des leçons ? Et surtout avons-nous identifié ce que cela nous a apporté aussi bien au travers de nos réussites que par l’expérience de nos échecs ? Aussi, connaiss(i)ons-nous autour de nous une ou plusieurs personnes pour qui cette vocation est ou a été une évidence ? Dans l’affirmative, avons-nous partagé sur ce sujet avec elle(s) et quel profit en avons-nous tiré pour la suite ?
À la lumière de tous ces questionnements, existe-t-il un modèle ad hoc pour faire émerger notre vocation le plus tôt possible dans notre vie ? Je pense qu’il revient à chacun de chercher sa voie, d’écouter – attentivement – son for intérieur, à la lumière de son expérience. Ce travail d’introspection et de recherche personnelles compose l’histoire que chacun se doit de reconstituer – par et pour lui-même.
« L’information n’est pas une connaissance.
La seule source de connaissance est l’expérience. »
A. Einstein (1879-1955)
inComment je vois le monde – 1934
Champs Flammarion (1997)
Par conséquent, je n’ai pas la prétention de préconiser quelque recette miracle pour répondre à la question « quelle est ma vocation ? ». Comme vous le comprenez, rien ne compte plus pour moi que l’expérience. L’ambition de cet essai – outre l’occasion de faire un point sur moi-même – est d’aider à la réflexion en apportant un modeste éclairage, par l’exemple expérientiel (et non pas comme un modèle à suivre), mais aussi et surtout par la suggestion de l’auto-questionnement.
J’ai quant à moi découvert cette méthode interrogative à mes 40 ans, lors d’une reconversion professionnelle durant laquelle j’ai étudié la psychologie selon les méthodes dites alternatives, et la sociologie spécialisée dans l’étude et l’analyse des organisations du travail (Cf. bibliographie en fin d’ouvrage). Cette mise en perspective probante m’incite à partager mes expériences – positives ou pas – et les réflexions qui en ont résulté.
Je dois aussi cette présente formalisation à l’écriture de deux projets sans lesquels je n’aurais pas eu l’idée et le désir de rédiger cet Essai. Le premier, rédigé en 1998 (à la quarantaine) et le second en 2018 (à la soixantaine). Je vous les présente plus loin dans ma rédaction ainsi qu’en fin d’ouvrage. Vous découvrirez notamment – annexe I – le Synopsis de mon projet actuel, « ACE Fest » dédié et destiné à la jeunesse, aux parents et aux enseignants (déposé à l’EUIPO – sous le N° 0001167983. [février 2021]).
Aucun mode d’emploi donc dans ce que je vous expose ici, mais des observations empiriques qui me permettent à ce jour d’être en mesure d’exprimer comment ma vocation s’est construite au fil de l’eau, pas toujours consciemment et parfois même avec des variantes contradictoires. Alors que je peux désormais l’énoncer avec un minimum de distance, j’ose avancer mes arguments et exemples pour vous inviter à en faire de même à partir de votre propre expérience de vie.
J’espère sincèrement que vous y trouverez quelques pistes utiles à vos propres interrogations, à l’appuiexclusif, toutefois, je le répète, de vos propres expérimentations ; sans oublier que ces dernières, qu’elles vous aient mené vers la réussite ou vers l’échec, sont toujours porteuses de riches enseignements pour la suite de votre parcours de vie comme vous le savez déjà peut-être ou sans doute.
Né en 1956, ma vie a réellement commencé, selon ma perception des choses, lorsque j’avais 14 ans. Je ne plaisante qu’à moitié !
– 1970, une révélation : le Festival de Woodstock ! Si l’événement a eu lieu en 1969 aux USA, le documentaire qui en a été tiré n’est arrivé sur nos écrans qu’en mai 70. Je parle du festival musical bien entendu. Les lecteurs de ma génération auront compris. Pour les plus jeunes, j’ignore si la musique de ce festival est parvenue jusqu’à leurs oreilles… Il y a déjà quelques générations entre cette date et aujourd’hui. Bref ! À ce moment de ma vie, nous sommes un groupe de camarades à aimer la musique « Pop » et obtenons l’autorisation de nos parents pour aller à Paris (nous n’y habitions pas) voir ce film documentaire. Nous découvrons à la fois l’ambiance particulière qui règne parmi les festivaliers, et des musiciens que nous ne connaissions pas tous encore. Nous comprenons que ce public, qui a pu atteindre le nombre de 450 000 personnes, a la volonté de porter un message de paix. Pour vous faire une idée de l’image que voulaient donner les organisateurs, voici ce qu’indiquait le panneau d’accueil du Festival :
« Trois jours de paix et de concerts.
Des centaines d’hectares à parcourir.
Promène-toi pendant trois jours sans voir un gratte-ciel ou un feu rouge.
Fais voler un cerf-volant. Fais-toi bronzer.
Cuisine toi-même tes repas et respire de l’air pur. »
On parlait alors du mouvement « hippie » qui a duré ensuite quelques années. Mes camarades et moi rigolions en comprenant que nombre de spectateurs du festival fumaient des cigarettes de cannabis. Nous en avions connaissance, mais n’avions pas l’autorisation, ne serait-ce que de l’évoquer ! Notre présence dans le cinéma parisien qui proposait ce film (M° Saint-Michel pour les amoureux du quartier) n’était de toute façon pas justifiée par notre intérêt pour ce sujet ; le nôtre était la musique. Point à la ligne. Et de voir les musiciens sur scène se donner sans compter à la limite du délire nous a décidés ce jour même : nous allions fonder notre propre groupe !
Pour bien comprendre le contexte de cet événement, rappelons que les Américains vivaient – si j’ose dire – la guerre du Vietnam. La jeunesse américaine manifestait à la fois contre cette guerre et un mode d’éducation qu’elle estimait révolus. Les hippies ont mené les premières manifestations pacifistes dès 1965. Cette révolte contre la guerre du Vietnam fut la seule qui aboutit à une victoire du vivant de leur mouvement ; de ce courant sociétal naîtra aussi un nouveau souffle musical, le genre pop/rock, qui parviendra à s’affranchir des codes musicaux de l’époque.
Bien qu’encore jeunes, l’ambiance de ce festival et les commentaires, à la fois des musiciens et du public interviewés, nous ont fait comprendre le message de cette jeunesse outre-Atlantique. J’étais de ceux qui pensaient que la musique était en effet une bonne solution pour changer le monde et améliorer les relations humaines. La suite de mon récit démontrera que je n’étais pas encore tout à fait arrivé !
Pour les amateurs de ce courant musical et les lecteurs de ma génération, je cite, pour rappel et pour le plaisir, quelques artistes représentatifs de l’époque qui sont venus se produire de manière extraordinaire à Woodstock :
– Jimi HENDRIX qui voulut nous rendre compte de la violence de la guerre en improvisant et en produisant des sons stridents avec sa guitare pour illustrer son message ; les WHO et son batteur fou Keith MOON qui se sont produits sur scène entre 4 h et 7 h du matin ! Richie HAVENS qui donna le coup d’envoi du festival avec sa chanson fétiche « Freedom » reprise en chœur par le public… Joe COCKER qui nous offrit sa version extraordinaire d’une chanson des Beatles « With a little Help from my Friend » ; un groupe peut-être oublié aujourd’hui, CANNED HEAT, et son titre mythique « On The Road Again » ; sans oublier Janis JOPLIN et Joan BAEZ, chanteuses engagées qui ont elles aussi marqué ce festival. Et je termine avec deux groupes qui ont retenu toute l’attention des futurs musiciens que nous étions à ce moment-là, l’un « pure british », TEN YEARS AFTER et son interprétation déjantée de « I’m Going Home » chantée par son leader Alvin LEE, et notre groupe fétiche du moment, SANTANA, dans son interprétation historique de « Soul Sacrifice ».
Suite à ce coup d’envoi révélateur et comme je l’indiquais plus haut, nous décidâmes de « monter » notre propre groupe. Incroyablement, chacun avait une idée précise de l’instrument qu’il allait choisir pour participer à ce projet un peu fou alors que nous n’avions jamais évoqué le sujet auparavant. Et pas de doublon ! Nous disposions d’un chanteur, d’un bassiste, de deux guitaristes, et d’un batteur, votre serviteur.
Ce fut ensuite la décision du passage à l’acte après des réunions qui n’en finissaient pas ! Certains camarades de la bande avaient plus de moyens que d’autres – leurs parents pour être plus exact – pour se procurer « leur » instrument de musique de prédilection… Ce n’était pas tout à fait mon cas et je devais, qui plus est, préparer mes parents à cette grande nouvelle !
Je décidai de commencer en me débrouillant. Je récoltai diverses bassines et cuvettes en plastique, des baguettes de récupération données par des copains, des cuillers de cuisine en bois récupérées en douce ou encore des morceaux de métal trouvés dans le garage de mon père… Le groupe une fois formé, les parents d’un camarade acceptèrent que nous nous installions dans leur garage, et les répétitions démarrèrent… Ce fut un « vrai » point de départ !!!
Alors que nous tentions très maladroitement d’interpréter des titres que nous adorions et écoutions inlassablement sur nos tourne-disques vinyles, un copain flûtiste-saxophoniste nous rejoignit ; déjà inscrit au Conservatoire de musique, il nous invita à en faire autant si nous voulions construire un groupe sérieusement ! C’est alors que je décidai de m’en ouvrir à mes parents…
Quelle ne fut pas ma surprise lorsque mon père me dit que c’était une bonne idée en me proposant, dans la foulée, de m’acheter une batterie ! Il y avait des musiciens du côté de sa famille, il adorait l’accordéon, et voyait d’un bon œil que je me consacre à la musique, beaucoup mieux, précisa-t-il, que de traîner n’importe où, et de perdre ton temps !
J’entrai donc au Conservatoire de Longjumeau (Essonne) qui disposait d’une classe de batterie-jazz dirigée par un professeur, Peter, de l’École AGOSTINI qui, elle, était basée à Paris. Si l’école existe toujours aujourd’hui et bénéficie désormais d’une réputation internationale, j’ai eu l’insigne honneur quant à moi de passer mes examens de fin d’année sous le contrôle de Kenny CLARKE1 (Pittsburgh 1914 – Montreuil-sous-Bois 1985) qui en était le co-fondateur.
Pédagogue dans l’âme, Kenny CLARKE créa un Conservatoire de musique à Saint-Germain-en-Laye (Yvelines) où il enseignait la batterie, puis la fameuse école « Dante AGOSTINI-Kenny CLARKE ». Ensemble, ils publièrent un solfège rythmique qui révolutionna l’enseignement de la batterie, et ce dans le monde entier.
Pour être tout à fait honnête, j’ai certes appris à lire mon solfège rythmique, mais avais un mal de chien à m’y tenir. Comme au collège, l’obligation d’apprendre la « chose » théorique me posait un problème… Non pas que je ne comprenais rien, j’étais tout simplement réfractaire à ce qui se présentait à moi comme étant une « obligation » ; la « règle » m’indisposait en général – ou bien peut-être la méthode employée ? Allez savoir ! Au sein de ma famille ou dans le monde extérieur, j’ai toujours eu soif d’une liberté sans limite. Avec le recul et mes connaissances actuelles des méthodes pédagogiques dites « alternatives », j’estime que je me serais senti plus en phase dans une école pratiquant ce type de méthode.
Aujourd’hui, je sais – et ose – dire comment je fonctionnais. J’étais tout simplement intuitif et je n’hésitais pas à en abuser. Au collège, certains professeurs pensaient que j’étais un élève enclin à tricher, à détourner l’attention en improvisant d’une manière qu’ils qualifiaient eux-mêmes d’astucieuse (sans pour autant m’excuser) ; au Conservatoire en revanche, mon sens de l’improvisation séduisait, et l’on en redemandait… tout en me priant de travailler mes partitions que j’oubliais de respecter un peu trop souvent !
Pour en revenir à notre groupe de musiciens, alors que j’étais désormais équipé d’un véritable instrument et que d’autres avaient suivi pour prendre des cours de musique dignes de ce nom, nous avons commencé à nous organiser plus sérieusement pour bâtir notre premier répertoire. Le père d’une camarade nous proposa un local plus approprié à notre activité. Isolé et insonorisé par nos soins dans une cour de ferme, éloigné de tout voisin qui aurait pu se plaindre du « bruit » ! En parlant de bruit, il en est un qui commença à courir dans notre collège comme quoi nous avions formé un groupe « Pop » ; arrivé aux oreilles du proviseur, ce dernier nous invita alors à préparer un concert pour les fêtes de fin d’année qui se déroulaient dans la salle des fêtes de la commune.
Je déplore que la pratique photographique ne remportât pas autant de succès qu’aujourd’hui avec nos téléphones portables, car je ne dispose que de 3 photos d’archives de très mauvaise qualité, dont celle ci-jointe, mais qui restent néanmoins chères à mon cœur…
1971 : photo prise par
l’un de mes parents le jour du concert
Note : pour les amateurs, je disposais d’une batterie Hollywood Jazz Meazzi.
Ce concert fut le seul de cette importance pour notre groupe. Qui plus est, nous quittions tous le collège et cela donna matière à la perte de vue de certains camarades. Le groupe prit fin en 1971.
Rentrée scolaire 71/72 : mon professeur de batterie, Peter, me fit une proposition aussi surprenante qu’inattendue. Une danseuse enseignant le « Modern’Jazz », Annick, fit son entrée dans le Conservatoire. Disciple du danseur américain, Matt MATTOX (1921-2013), créateur de ce style – réalisant de nombreuses résidences à Paris –, elle souhaitait l’accompagnement d’un batteur comme cela se pratiquait dans les cours de son Maître. Peter me confia que s’il ne s’accordait pas à dire que j’étais son meilleur élève, du fait que je me montrais parfois « approximatif » dans la lecture des partitions, il considérait, dans ce cas précis, que j’étais le mieux placé pour faire le job. En effet, sa vision de ce « métier » particulier – accompagner les danseurs – impliquait un sens de l’improvisation ainsi qu’une grande intuition, et que pour ces deux raisons, il était fait pour moi ! Flatté par son choix et ses commentaires, j’ajoute qu’une troisième qualité, inconnue de nous jusqu’alors, allait jouer en ma faveur pour accomplir ce magnifique « métier » de musicien-répétiteur : un sens particulièrement aigu de l’observation.
Je ne tardai donc pas à découvrir, pour la première fois de ma vie, une salle de danse digne de ce nom…
À l’écoute de ce que me demandait Annick, je me mis en condition pour à la fois bien prendre en compte ses directives et observer – attentivement – les élèves que je devais « accompagner » dans tous les sens du terme : souligner les gestes, les expressions émotionnelles, sans parler du tempo et du rythme des mouvements bien entendu. Il ne m’aura fallu que 2 ou 3 cours pour que je me sente tout à fait à l’aise dans mon rôle. Cette découverte fut pour moi une révélation… Je parlerai de cette expérience et de ce métier particulier plus loin dans mon récit.
Rentrée scolaire 72/73 : le professeur de percussions (classiques) du Conservatoire de Longjumeau vint à notre rencontre dans la classe de batterie pour demander qui serait volontaire pour le rejoindre, non pas à Longjumeau, mais à Bourg-la-Reine (Hauts-de-Seine – IdF) où, nous expliquait-il, il manquait d’élèves d’une part, mais aussi et surtout, qu’il disposait de tous les instruments possibles d’autre part. Le Conservatoire de Longjumeau était un Conservatoire municipal quand celui de Bourg-la-Reine était « National de Région » (CNR), disposant de ce fait de budgets beaucoup plus conséquents pour se doter d’instruments.
À la grande surprise de mon professeur de batterie, je fus prompt à saisir l’occasion. Les percussions classiques se composaient de toute une famille d’instruments en plus des éléments de batterie que je connaissais. Timbales d’orchestre chromatiques, xylophone, vibraphone, marimba, glockenspiel, le carillon, les jeux de cloches et de cymbales, les gongs, mais aussi tout un tas d’accessoires percussifs tels que le triangle, les Wood-Blocks, les Temple-Blocks, le tambour de basque (tambourin), la crécelle et j’en passe…
Sans oublier les percussions sud-américaines reprises et utilisées dans certaines œuvres de musique contemporaine telles que la « cabasa », ou encore les bongos, les congas et les timbales (timbalès) cubaines. Bref ! Après une première visite de la salle de classe de percussions au Conservatoire de Bourg-la-Reine, je me décidai – sans trop réfléchir – et acceptai l’invitation.
Le jeune musicien de 16 ans que j’étais ne pouvait résister au désir de jouer de ces instruments tous plus magiques les uns que les autres…
Mais je n’étais pas sans savoir, alors que je n’avais pas tenu mes parents au courant de ce nouveau projet, que je rencontrerai des difficultés à obtenir leur accord. Au plan financier, la question ne se posait plus depuis que je travaillais au Conservatoire de Longjumeau pour accompagner les cours de danse. Quatre heures de cours par semaine me rapportaient bien plus que ce que me coûtait mon cours de batterie hebdomadaire. Il me restait donc de quoi payer mes cours de percussions. Mais le problème était de me rendre à Bourg-la-Reine qui se situait à plus d’une heure de bus d’où nous habitions. La bonne solution était que je m’y rende en mobylette où je ne mettrais qu’à peine trois quarts d’heure… Mon problème : je n’avais pas de mobylette !
Dans un premier temps, j’informai mon professeur de percussions que mes parents me demandaient un temps de réflexion en lui disant que je ne serais sans doute pas en mesure de venir à ses cours avant janvier 1973.
De retour à mon cours de batterie, mon professeur tint à s’entretenir avec moi, seul à seul. Allant droit au but, il me dit que si je décidais de m’inscrire au cours de percussions, j’allais devoir prendre au sérieux ses remarques sur mes difficultés à lire les partitions. Et d’ajouter que j’allais surtout devoir apprendre le solfège « tout court » eu égard aux instruments, nouveaux pour moi, qui réclamaient cette connaissance. Il m’expliqua que les claviers percussifs exigeaient une parfaite maîtrise de la langue musicale mélodique, chromatique et harmonique, autant que rythmique. Et de conclure qu’à ce jour, je n’étais pas prêt… du tout !
Si j’étais improvisateur né (sic), je n’essayai pas d’en jouer ce jour-là, ne serait-ce qu’en raison du fait que je m’y attendais. Ce que je lui répondis en lui expliquant qu’en effet, je m’en étais ouvert à son confrère ; ce dernier m’avait répondu qu’il pouvait se douter de cette situation puisque la batterie jazz ne réclamait pas l’usage du solfège mélodique ; mais qu’en revanche, le Conservatoire de Bourg-la-Reine exigeait une connaissance minimum de cette discipline et proposait des cours supplémentaires aux élèves dans mon cas ; et qu’enfin, si je ne m’inscrivais qu’à partir de janvier, mes premiers cours se limiteraient aux éléments de batterie, aux instruments à peaux, et que nous pourrions commencer à travailler les timbales d’orchestre avant d’aborder l’apprentissage des claviers à la rentrée suivante.
À la lumière de ce que je venais de lui dire, mon professeur de batterie décida de se montrer bienveillant et m’apporta tout son soutien avec empathie, ajoutant qu’en cas de difficulté, je pouvais lui demander son aide. J’étais rassuré tout en étant conscient que je me lançais quand même un peu dans le vide !
Arriva le moment où je décidai d’en parler à mes parents. Là encore, j’allais devoir surmonter un obstacle de taille, et pas des moindres. Si mon père se montra sensible à mon argument financier grâce à mes modestes revenus, il me demanda comment j’envisageais d’acheter une mobylette. Et surtout me posa la question de savoir comment, avec ma mère, ils allaient vivre le fait que je me déplace jusqu’à Bourg-la-Reine, plus proche de Paris et donc plus encombré par la circulation automobile, avec ce moyen de locomotion. Il me rappela qu’il pleuvait parfois, ou encore qu’il neigeait l’hiver, et que c’était donc dangereux. Il me demanda d’y réfléchir avant de lui rapporter mes réponses.
Alors qu’il décida de m’en reparler sans attendre mes réponses, il me dit ceci : tu as 16 ans et tu es donc responsable de tes actes. Tu es aussi en âge de travailler, me rappelant qu’il avait commencé lui-même à travailler à 13 ans, juste après avoir obtenu son certificat d’études ; et que donc, de ce point de vue, il ne voyait pas où était l’obstacle si toutefois je prenais les bonnes décisions. Mais, ajouta-t-il, nous voyons un problème qui semble t’échapper ; tu consacres de plus en plus de temps à la musique et tu nous donnes l’impression de ne plus t’occuper de tes études. Alors tu vas réfléchir à cela aussi, et une fois que tu auras trouvé une solution, tu nous en parles… me confiant au passage qu’il ne voyait pas lui-même l’intérêt de poursuivre des études, s’en étant lui-même passé… Ce dernier commentaire me refroidissait un peu.
Je ne pouvais cependant guère le contredire bien que ma maman ne semblait pas d’accord avec lui. Mais j’avoue que le lycée m’ennuyait passablement ; en dehors du français, des langues étrangères et de la philosophie, les autres matières me semblaient tristement inutiles, allant jusqu’à penser que je perdais mon temps… Pour l’heure, je décidai de garder cela pour moi.
Peu de temps après cet échange, une idée me vint à l’esprit : non loin d’où nous habitions et plus précisément sur le territoire de mon ancien collège, à Morangis, existait une zone industrielle importante. Enfourchant mon vélo, je décidai d’aller, à l’occasion de congés scolaires, prospecter toutes ces entreprises. L’une d’elles me proposa de venir travailler en juin et en juillet, voire en août si je ne prenais pas de vacances. La rémunération, pour quelqu’un de mon âge, était plus qu’attractive. Le job consistait à préparer des commandes de pièces détachées de matériel agricole… Bref ! J’avais trouvé une solution.
Après vérification au Lycée, j’étais libre à compter du 20 juin. J’appelai l’entreprise pour le leur dire. Ils étaient d’accord et je décidai de travailler jusqu’au 15 août.
Une fois cela officialisé, je revins vers mon père pour l’en informer et lui donner le résultat de mes réflexions ; je lui dis notamment que j’allais faire le maximum pour obtenir mon bac et qu’ensuite, je m’orienterai vers le métier de la musique. Quant à mes voyages à mobylette, je lui assurai que je ne l’utiliserais que si le temps me le permettait, sans hésiter à emprunter le bus dès que nécessaire. Sans autre forme de commentaires, il m’acheta une mobylette !
Pour clore ce chapitre de jeunesse, je commençai donc mes cours de percussions en janvier 1973. L’année suivante, en juin 1974, je passai péniblement mon bac et échouai.
Peu de temps après cet événement aux allures de défaite, mon père me fit un cadeau des plus surprenants : une machine à écrire. Interrogatif, je lui demandai quelle idée l’avait poussé à m’offrir un tel outil. Un peu embarrassé, il me répondit qu’il avait l’intuition que cet « instrument » allait me servir, sans autre forme d’explication. J’avais vécu une scolarité laborieuse et mon père pensait peut-être, mais pour une raison qui lui échappait autant qu’à moi, que la maîtrise de l’utilisation de la machine à écrire pourrait un jour me sauver des eaux !
Quoiqu’il en soit, curieux que j’étais de nature, je me mis à apprendre à me servir de l’« instrument » grâce à une méthode que mon père m’avait offerte en même temps que la machine.
En juin 1976, je passais mes examens de fin d’études au CNR de Bourg-la-Reine. J’avais, à ce moment-là, cessé mes cours de batterie jazz depuis un an.
Pendant tout ce temps, chaque été, je suis retourné travailler dans l’entreprise qui me proposait toujours un job comme je le souhaitais… J’y avais même fidélisé quelques camarades étudiants qui venaient également se faire de l’argent de poche pour mieux passer l’année suivante.
Jusqu’à l’été 76, j’ai continué à accompagner les cours de danse « Modern’Jazz » d’Annick au sein du Conservatoire de Longjumeau. Cela a contribué grandement à me confirmer que j’étais fait pour ce job auquel je contribuais de mieux en mieux, notamment en me chargeant d’écrire les pièces de percussions réservées aux passages d’examens de fin d’année des élèves danseurs.
Pressentant que j’allais rencontrer des difficultés à me projeter, je décidai d’accomplir mon service militaire – obligatoire à mon époque – comme pour me libérer d’une corvée qui empêchait toute sérénité pour réfléchir à mes projets d’avenir. Les services de l’état me proposèrent la première date possible pour rejoindre une caserne : octobre 1976, je suis donc convoqué dans une caserne dans le nord-est de la France.
Sur ce point, aucun commentaire sinon que je me suis adapté et ai fait preuve d’une sociabilité exemplaire pendant un an pour que cette « obligation » ne devienne pas une double épreuve ennuyeuse.
Pour la petite histoire, ma maîtrise de la machine à écrire me permit de devenir le secrétaire de l’équipe du chef de corps au Poste de Commandement, une fois passée la période des classes naturellement. J’accédai à ce poste sur les conseils et grâce à l’appui d’un camarade de classes et de chambrée, futur avocat, qui m’avait confié avoir toute confiance en moi ; lui-même rejoignait ce même poste de commandement au sein du service de la chancellerie en qualité de juriste.
Le Commandant, chef de la chancellerie, lui avait conseillé de trouver un secrétaire, digne de confiance précisément, et maîtrisant le bon usage de la langue française. Les tests que je dus passer ont rassuré tout le monde sur ce dernier point. Et, autre point essentiel, le fait d’être devenu secrétaire au Poste de Commandement m’évita, à la fin de mes classes, d’aller faire le zouave dans des manœuvres où l’on apprenait à tirer au fusil et réaliser diverses cabrioles, toutes inutiles à mes yeux…
Comme quoi, rien n’est jamais complètement inutile ! Ce point de détail me rendit un fier service dans un premier temps et en cette circonstance notamment… Mon père eut un sourire appuyé à l’annonce de cette nouvelle.
En outre, si cette révélation sur ma maîtrise de la dactylographie vous semble n’être qu’un détail, sachez que sa pratique quotidienne a créé un antécédent positif et facilitant pour mes futures activités comme vous le verrez plus loin.
Sans trop m’étendre, je tiens également à préciser que j’ai développé mon adaptabilité tout en respectant mes propres préceptes de vie fondamentaux ; à savoir, à la fois suivre les règles vis-à-vis du code militaire de la caserne tout en veillant à satisfaire mon besoin et ma volonté irrépressibles de liberté. Je m’explique : en dehors du cadre des permissions délivrées lors de certains WE, nous n’avions pas le droit de franchir les limites de la « zone de garnison » (en gros, la ville à laquelle la caserne était rattachée). En revanche, à raison d’une fois par semaine, nous avions la liberté de demander un « quartier libre » d’une demi-journée. Celui-ci nous permettant de nous rendre en ville pour, par exemple, faire quelques courses personnelles ou nous rendre, par exemple, à la Bibliothèque municipale. Précisément, sous ce dernier prétexte, j’allais emprunter un livre une fois de temps en temps ; mais ce n’était pas le but ultime et réel de ma démarche. La veille de mon quartier libre, à la fin de ma journée de service, je ne dînais pas sur place et prenais le train pour me rendre à Paris (environ 1 heure de voyage) ; j’allais visiter mon amie qui y résidait. Les lendemains matin en revanche, il s’agissait pour moi de prendre mon train de retour (c’est à dire surtout ne pas le louper !) pour être à mon poste au Quartier à midi pile !
Un de ces jours pas tout à fait comme les autres, alors que je faisais mon petit numéro quasi hebdomadaire, mon Commandant me convoqua dans son bureau. Il me pria de m’asseoir pour, me dit-il, l’assurer de toute mon attention ! Il ouvrit un code militaire et me lut un passage qui allait m’intéresser, me précisa-t-il : Franchir la zone de garnison en dehors des périodes tolérées par le règlement de la caserne peut être considéré comme un acte de désertion et implique de ce fait une mise aux arrêts et un placement en cellule pour une durée définie par jugement.
Sur ces mots, il referma le code et me regarda droit dans les yeux, puis ajouta : le principe, voyez-vous Fonteneau, réside dans le fait de ne pas se faire prendre et de continuer à être respectueux des ordres que l’on vous donne dans toutes vos activités, et surtout, d’être toujours présent à chaque moment où l’on attend de vous que vous serviez la communauté militaire et votre pays. Et pour cela, vous le comprendrez, mieux vaut ne pas être absent, même accidentellement.
Il eut enfin un petit sourire et me dit : je n’aime pas les soldats qui font mine de me respecter sans y croire ; j’aime les soldats qui savent prendre des risques – car c’est une qualité à mes yeux – tout en me montrant que je peux compter sur eux sans faillir et avec franchise. Me suis-je bien fait comprendre ? enchaîna-t-il. L’essentiel pour moi étant que vous ayez bien pris connaissance de cette règle, et que vous agissiez désormais en connaissance de cause.
Je lui répondis avoir bien compris tout ce qu’il m’avait dit sans autre forme de commentaire.
Ce sur quoi il me demanda de rejoindre mon poste ; et je pris donc congé, à sa demande un poil autoritaire ! Je lui reconnaissais alors une qualité d’honnêteté intellectuelle, voire même un certain sens de l’humour non dénué d’une certaine forme de respect à mon endroit… Je me trouvais satisfait de cet entretien et cela ne m’empêcha nullement de continuer à prendre régulièrement mes quartiers libres, tout en respectant les règles du Code (sic !), et ce jusqu’à la fin de mon année de service. Je me rendis rapidement compte que nul n’était dupe au Poste de Commandement, notamment le jour où, alors que je regagnais mon poste à midi pile (!), je croisai le Chef de Corps (lieutenant-colonel de son état) à l’entrée de mon bureau, qui me demanda : alors, ce livre Fonteneau, intéressant ? avec un grand sourire complice… Bref ! Je compris qu’oser prendre des risques bénéficiait, tout en observant un minimum le respect des règles et surtout des personnes, d’un large crédit de la part des militaires de métier ; tout du moins les officiers supérieurs suis-je tenté de dire.
Octobre 1977, me voici de retour au domicile familial et à nouveau en « phase » avec l’actualité du pays que j’avais perdue de vue ; la vie en caserne nous isolait un peu des réalités de la vie courante sans parler de l’actualité, ce qui nous arrangeait un peu pour ne rien cacher. Et je m’intéressais particulièrement à ce qu’il se passait notamment au plan de l’emploi dans mon pays.
Pour mémoire (et pour les plus jeunes qui n’ont pu connaître cette période), je rappelle le contexte économique de la fin des années 70 :
1975 avait sonné discrètement la fin des trente glorieuses ; je dis « discrètement », car ceux qui avaient bénéficié de cette période faste continuaient à vivre dans une forme d’opulence ostentatoire et provocatrice, voire insolente, avec un plaisir non déguisé !
La réalité était malheureusement tout autre. Face aux promesses faites aux Français quant à l’amélioration de leur niveau de vie, la situation s’était détériorée suite au premier choc pétrolier mondial de 1973 et plus tard, une inflation atteignant les 11 % intervint et fragilisa, notamment, la situation économique de la France de façon significative.
Suite à ce premier choc pétrolier, un second du même ordre se déclara en 1979, lié à une profonde crise iranienne qui engendra la fuite du Shah d’Iran ; puis une guerre déclarée entre l’Irak et l’Iran eut de graves incidences sur le cours du pétrole dans le reste du monde.
Alors que les trente glorieuses avaient fabriqué de toute pièce une société de consommation qui avait pris l’habitude d’utiliser la ressource pétrolière sans compter, le prix de cette dernière fut multiplié par 2,7 fois entre mi-1978 et 1981…
Donc, durant toute cette période (de 1973 à 1981), la croissance s’effondre et le chômage augmente pour franchir la barre du million d’individus à la recherche d’un emploi en France.
Eu égard à mon âge, et compte tenu de ce que nous vivons aujourd’hui, depuis 2020, vous comprendrez aisément que j’ai connu, subi et vécu parfois, depuis ce moment et tout au long de ma vie professionnelle, une augmentation constante du chômage. Si la France n’a naturellement pas été la seule à subir cette épreuve, elle n’a malheureusement pas été en reste pour affronter ce fléau socio-économique.
Revenons à mon retour à la vie civile en 1977. La France crée plusieurs « plans » pour lutter contre le chômage ; l’un d’eux prévoyait un programme spécifique pour aider les jeunes à faire face au chômage grandissant : en avril 1977, il fut annoncé l’adoption d’un « pacte national pour l’emploi des jeunes » afin d’enrayer la progression du chômage, notamment au sein d’une des catégories les plus touchées, les 18-25 ans. J’en faisais partie.
À peine sorti de l’armée, je me rends à l’ANPE (parent historique du Pôle Emploi qu’il est prévu de rebaptiser « France Travail » en 2024) selon le protocole prévu en ma qualité de militaire appelé et libéré. Fort de ma connaissance de la mesure ministérielle prévue pour les jeunes de ma tranche d’âge, je ne tardais pas à demander quelles étaient les formations auxquelles je pouvais prétendre, indiquant au passage que je pouvais habiter à Paris pour la circonstance. J’avais un peu perdu mes contacts de vue, à l’exception de mon amie chère qui me proposa, dès mon retour à la vie civile, de partager un appartement à Paris, à Alésia, dès que je le désirerais et si la reprise de ma vie active devait s’effectuer à proximité. C’était donc le moment ou jamais d’utiliser cet inestimable atout le cas échéant.
On me parle immédiatement, après lecture de mon CV, d’un organisme de formation en m’expliquant que cette société bénéficiait d’une renommée hors norme d’une part, et comptait de nombreux liens avec de très grandes entreprises industrielles d’autre part ; parmi elles, il évoqua une grande entreprise, éditeur et fabricant de disques.
Je regardai mon interlocuteur bien en face en lui demandant s’il avait fait un rapprochement avec mon profil de musicien. La personne acquiesça immédiatement en me disant qu’avec mon parcours, précisément, sans doute serait-il difficile d’intéresser d’autres types d’entreprises ; là, je m’interrogeais intérieurement sur la motivation d’un tel raisonnement, mais me suis abstenu de tout commentaire ! Avec mon accord (comment aurais-je pu refuser une telle offre ?), l’agent prit son téléphone pour convenir d’un rendez-vous pour moi avec l’organisme de formation. La prochaine session de formation de 6 mois démarrait début novembre 77.
Un rendez-vous avec mon futur responsable de formation me permit de valider ma candidature. En revanche, malgré mes allusions au désir de faire mon stage pratique dans la maison de disques, il me fit comprendre qu’il ne fallait pas mettre la charrue avant les bœufs ; je compris que je n’avais pas affaire au même profil à comparer avec celui de l’agence pour l’emploi. Deux axes de formation étaient proposés : la fonction commerciale et la fonction RH ; et l’on m’expliqua que cela se déciderait une fois effectué le 1er mois de formation qui donnerait lieu à une orientation, après évaluation, vers l’une des deux disciplines et par voie de conséquences vers les entreprises possibles pour exécuter mon stage pratique.
Je ne m’étendrai pas sur le contenu de la formation, me contentant de décrire ma stratégie pour atteindre mon objectif d’entrer dans la maison de disques.
Une fois avoir commencé à suivre les différents cours de notre formation, je me suis rapproché de l’assistante qui gérait tous les aspects pratiques et veillait au bon déroulement de notre formation. Elle m’expliqua un peu le détail des stages en entreprise qui s’offraient à nous. Lorsqu’elle aborda le dossier de la maison de disques, je lui demandai, en prenant soin de ne pas faire montre d’une motivation exacerbée, s’il était précisé la nature de la mission que cette société proposait. Elle me répondit naturellement et en suivant : dans le cadre de l’absorption d’une filiale, le DRH de cette entreprise attendait un(e) stagiaire pour seconder sa consœur, RRH de la fameuse filiale, aux fins d’établir les coefficients de tous les postes actifs…
C’était donc une mission RH !
Le reste du 1er mois à accomplir m’était offert pour faire preuve de mon intérêt et de ma compétence pour cette discipline et me faire remarquer dans tous les cours qui s’en rapprochaient de près ou de loin… Ma stratégie avait fonctionné ! Je me suis retrouvé dans la branche RH de ma formation pour les 5 mois suivants…
Confiant en l’avenir, et cette formation étant rémunérée convenablement, je décidai, grâce à un camarade de stage dont la famille travaillait dans l’immobilier, de m’installer dans un modeste studio de location, tout près de la Place Daumesnil dans le 12e arrondissement de Paris.