Une femme sans importance - Oscar Wilde - E-Book

Une femme sans importance E-Book

Oscar Wilde

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Beschreibung

Une femme sans importance est la deuxième des Comédies de Société de Wilde. Bien moins connue en France que l'Importance d'être constant, elle est moins intéressante pour son histoire que pour son esprit. Wilde y déploie à travers ses personnages tout l'art de la conversation : aphorismes, paradoxes, généralités délicieuses. Mais à la fin du second acte, le drame commence : une femme partie seule avec son enfant après que le père ait refusé de l'épouser retrouve cet homme. Tout le poids de la morale anglaise, injuste et sexiste, pèse sur ses épaules. Face à ce fils de 20 ans, le père saura t-il assumer ses responsabilités ? La mère le tolérera t-elle encore dans sa vie?

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Seitenzahl: 119

Veröffentlichungsjahr: 2021

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PERSONNAGES

LORLD ILLINGWORTH,

dandy cynique

Mrs. Arbuthnot,

une femme sans importance

GERALD ARBUTHNOT,

jeune homme ambitieux

MISS HESTER WORSLEY,

jeune américaine

Lady HHUNSTANTON,

hôtesse de la soirée

LADY CAROLINE,

noble aigrie

Mrs. ALLONBY,

femme élégante et vénéneuse

LADY STUTFIELD,

à la recherche d'un mari

SIR JOHN,

quatrième mari de Lady Stutfield

MR. KELVIL,

député à la chambre des Communes

L'ARCHIDIACRE DAUBENY,

veut se distraire

LORD ALFRED,

jeune homme oisif

FRANCIS,

valet de pied

FARQUHAR,

serviteur

ALICE,

servante

LES DÉCORS DE LA PIÈCE

ACTE I. La terrasse de Hunstanton Chase. ACTE II. La salle de séjour à Hunstanton Chase. ACTE III. Le Hall de Hunstanton Chase. ACTE IV. Le salon de la maison de Mrs. Arbuthnot's House à Wrockley.

ÉPOQUE : L'époque actuelle

LIEU : Les Comtés du centre de l'Angleterre.

La pièce se déroule en 24 heures.

Sommaire

ACTE I : La terrasse de Hunstanton Chase

Scène première

Scène 2

Scène 3

Scène 4

Scène 5

Scène 6

Scène 7

Scène 8

Scène 9

Scène 10

Scène 11

Scène 12

ACTE II : La salle de séjour à Hunstanton Chase

Scène 2

Scène 3

Scène 4

Scène 5

Scène 6

Scène 7

Scène 8

Scène 9

Scène 10

ACTE TROISIÈME

Scène 1

Scène 2

Scène 3

Scène 4

Scène 5

Scène 6

Scène 7

Scène 8

Scène 9

Scène 10

Scène 11

Scène 12

Scène 13

Scène 14

Scène 15

Scène 16

ACTE QUATRIÈME

Scène 1

Scène 2

Scène 3

Scène 4

Scène 5

Scène 6

Scène 7

Scène 8

ACTE I

La terrasse de Hunstanton Chase

Scène première

Hester, Lady Caroline, Sir John

Lady Caroline. Je crois que c'est la première fois que vous séjournez dans un manoir en pays anglais, Miss Worsley ?

Hester. Oui, Lady Caroline.

Lady Caroline. On m'a dit que vous n'aviez pas de manoir, en Amérique ?

Hester. Nous n'en avons pas beaucoup.

Lady Caroline. Avez-vous du pays ? Ce qu'on appelle pays ?

Hester(souriant). Nous avons le plus grand pays du monde, Lady Caroline. A l'école, on nous disait tout le temps que certains de nos États étaient plus grands que la France et l'Angleterre réunis.

Lady Caroline. Vous devez trouver qu'il y a beaucoup de courants d'air, j'imagine. (à Sir John) John, tu ferais bien de mettre ton cache-nez. A quoi cela sert que je te tricote toujours des cache-nez si c'est pour ne pas les mettre ?

Sir John. J'ai chaud, Caroline. Je t'assure.

Lady Caroline. Je ne crois pas, John. Eh bien, Miss Worsley, vous ne pouviez pas trouver un endroit plus charmant que celui-ci, bien que la maison soit excessivement humide, ce qui impardonnable, et que cette chère Lady Hunstanton soit parfois assez peu regardante sur les personnes qu'elle invite ici. (à Sir John) Jane favorise trop la mixité. Lord Illingworth, bien sûr, est un homme très distingué. C'est un privilège de le rencontrer. Et ce député, Mr. Kettle...

Sir John. Kelvil, mon amour, Kelvil.

Lady Caroline. Il est certainement très respectable. Quand on n'a jamais eu l'occasion, de toute sa vie, d'entendre le nom de quelqu'un, cela en dit beaucoup sur lui, de nos jours. Mais Mrs. Allonby n'est pas une personne très convenable.

Hester. Mrs. Allonby me déplaît. Elle me déplaît plus que je ne puis le dire.

Lady Caroline. Je ne suis pas sûre, Miss Worsley, que des étrangers comme vous devriez cultiver des sympathies ou des répugnances à l'égard des gens qu'ils sont invités à rencontrer. Mrs. Allonby est de très bonne naissance. C'est la nièce de Lord Brancaster. Bien sûr, on raconte qu'elle a fait deux fugues avant de se marier, mais vous savez combien la plupart des gens sont injustes. Moi- même, je suis persuadée qu'elle n'a pas fait plus d'une fugue.

Hester. Mr. Arbuthnot est très charmant.

Lady Caroline. Ah oui ! Le jeune homme qui travaille dans une banque. Lady Hunstanton est très gentille de l'avoir invité ici, et Lord Illingworth semble s'être entiché de lui. Je ne suis pas sûre, cependant, que Jane ait raison de ne pas le traiter selon son rang. De mon temps, Miss Worsley, personne ne rencontrait jamais qui que ce soit dans la bonne société qui travaillait pour gagner sa vie. Ce n'était pas considéré.

Hester. En Amérique, ce sont les gens que nous respectons le plus.

Lady Caroline. Je n'en doute pas.

Hester. Mr. Arbuthnot est d'un naturel merveilleux ! Il est si simple, si sincère. C'est la première fois que je rencontre quelqu'un doté d'un naturel si merveilleux. C'est un privilège de le rencontrer.

Lady Caroline. Miss Worsley, en Angleterre, ce n'est pas convenable pour une jeune fille de parler avec tant d'enthousiasme d'une personne du sexe opposé. Les anglaises concèdent leurs sentiments après le mariage. Elles ne les montrent qu'à ce moment.

Hester. Est-ce qu'en Angleterre, vous refusez qu'un jeune homme et une jeune femme soient amis ?

Scène 2

Hester, Lady Caroline, Sir John, Lady Hunstanton, Francis

Lady Caroline. Nous le déconseillons. Jane, j'étais justement en train de dire que vous nous aviez invité à une réception fort plaisante. Vous savez choisir vos invités. C'est un véritable don.

Lady Hunstanton. Ma chère Caroline, que c'est gentil de votre part ! Je pense que nous allons tous très bien ensemble. Et j'espère que notre charmante visiteuse américaine rapportera de beaux souvenirs de notre vie de campagne à l'anglaise. (Au valet de pied) Le coussin ici, Francis. Et mon châle. Prenez le Shetland. (Le valet de pied sort pour aller chercher le châle.)

Scène 3

Hester, Lady Caroline, Sir John, Lady Hunstanton, Gerald puis Francis

Gerald. Lady Hunstanton, j'ai de très bonnes nouvelles. Lord Illingworth vient juste de me proposer de faire de moi son secrétaire.

Lady Hunstanton. Son secrétaire ? C'est une bonne nouvelle, en effet, Gerald. Cela présage un avenir très brillant pour vous. Votre chère mère en sera enchantée. Je dois vraiment essayer de la persuader de venir ici ce soir. Croyez-vous qu'elle viendra, Gerald ? Je sais à quel point il est difficile de la faire se déplacer.

Gerald. Oh ! Je crois vraiment qu'elle viendra, Lady Hunstanton, si elle sait que ce que m'a proposé Lord Illingworth.

(Entre le valet de pied avec le châle)

Lady Hunstanton. Je vais lui écrire et lui annoncer la nouvelle, je lui demanderai de venir pour le rencontrer. (au valet de pied) Attendez, Francis. (Elle écrit une lettre)

Lady Caroline. C'est une merveilleuse opportunité pour un si jeune homme que vous, Mr. Arbuthnot.

Gerald. En effet, Lady Caroline. Je crois que je me montrerai digne de cette opportunité.

Lady Caroline. Je le crois aussi.

Gerald, à Hester. Vous ne m'avez pas encore félicité, Miss Worsley.

Hester. Vous en êtes vraiment content ?

Gerald. Bien sûr que je le suis. Cela veut tout dire pour moi, les choses qui me semblaient désespérément inatteignables seront peut-être à présent à portée de toutes mes espérances.

Hester. Rien ne devrait être hors de portée de l'espoir. La vie est un espoir.

Lady Hunstanton. J'imagine, Caroline, que Lord Illingworth vise une ambassade. J'ai entendu dire qu'on lui avait offert Vienne. Mais c'est peut-être faux.

Lady Caroline. Je ne pense pas que l'Angleterre doive être représentée à l'étranger par un homme célibataire. Cela pourrait conduire à des complications.

Lady Hunstanton. Vous vous inquiétez trop, Caroline. Beaucoup trop, croyez-moi. De plus, Lord Illingworth se mariera sans doute un jour. J'espérais qu'il se marie à Lady Kelso. Mais je crois qu'il avait dit qu'elle avait une trop grande famille. Ou un trop grand pied ? J'ai oublié. Je le regrette beaucoup. Elle était faite pour être la femme d'un ambassadeur.

Lady Caroline. Elle avait sans doute une faculté merveilleuse pour se souvenir des noms des gens, et pour oublier leurs visages.

Lady Hunstanton. Eh bien, c'est tout à fait normal, Caroline, vous ne trouvez pas ? (Au valet de pied) Dites à Henry que j'attends une réponse. (à Gerald) J'ai écrit à votre chère mère, Gerald, pour lui annoncer la bonne nouvelle et lui dire qu'il faut absolument qu'elle vienne pour dîner.

Le valet de pied sort.

Gerald. Mais c'est terriblement gentil de votre part, Lady Hunstanton. (à Hester) Voulez-vous faire un tour, Miss Worsley ?

Hester. Avec plaisir.

Scène 4

Lady Caroline, Sir John, Lady Hunstanton

Lady Hunstanton. Je prends beaucoup d'intérêt aux affaires de Gerald Arbuthnot. C'est mon protégé. Et je suis particulièrement heureuse que Lord Illingworth ait fait cette proposition de son propre chef sans que je lui suggère rien. Personne n'aime qu'on lui demande des services. Je me rappelle cette pauvre Charlotte Pagden qui s'était rendue très impopulaire pendant toute une saison, parce qu'elle avait une gouvernante française qu'elle recommandait à tout le monde.

Lady Caroline. J'ai vu cette gouvernante, Jane. Lady Pagden me l'a envoyée. C'était avant l'arrivée d'Eleanor. Elle était beaucoup trop jolie pour rester dans une maison respectable. Je ne me suis pas demandé pourquoi Lady Pagden était si empressée de se débarrasser d'elle.

Lady Hunstanton. Ceci explique cela.

Lady Caroline. John, l'herbe est trop humide pour toi. Tu ferais bien de t'éloigner et de mettre tes caoutchoucs.

Sir John. Je suis très à mon aise. Je t'assure.

Lady Caroline. Tu devrais me laisser décider de ce genre de choses, John. Je te prie de faire ce que je te dis.

(Sir John se lève et s'éloigne)

Lady Hunstanton. Vous le gâtez, Caroline, je vous le dis !

Scène 5

Lady Caroline, Lady Hunstanton, Mrs. Allonby, Lady Stutfield

Lady Hunstanton. Eh bien, ma chère, j'espère que vous avez apprécié le parc. On dit que le bois y est superbe.

Mrs. Allonby. Les arbres sont merveilleux, Lady Hunstanton.

Mrs.Stutfield. Vraiment, vraiment merveilleux.

Mrs. Allonby. Mais d'une certaine façon, je suis persuadée que si je vivais à la campagne pendant six mois, je deviendrais tellement fruste que personne ne m'accorderait la moindre attention.

Lady Hunstanton. Je vous assure, ma chère, que la campagne n'a pas du tout cet effet-là. La preuve, c'était à Melthorpe, qui est à seulement deux miles d'ici, que Lady Belton s'est enfuie avec Lord Fethersdale. Je me souviens parfaitement de cet événement. Le pauvre Lord Belton est mort trois jours après, de joie, ou de la goutte. Je ne sais plus. Nous faisions un long séjour ici à ce moment, nous suivions donc de très près toute cette affaire.

Mrs. Allonby. Je pense que s'enfuir est lâche. C'est courir loin du danger. Et le danger est devenu rare dans la vie moderne.

Lady Caroline. Autant que je puisse dire, les jeunes femmes de notre époque semblent penser que l'unique but dans la vie est d'être toujours en train de jouer avec le feu.

Mrs. Allonby. Le grand avantage de souvent jouer avec le feu, Lady Caroline, c'est qu'on ne se brûle jamais. Ce sont les gens qui ne savent pas jouer avec le feu qui se font roussir.

Mrs.Stutfield. Oui ; je vois ça. C'est très très utile.

Lady Hunstanton. Je ne sais pas comment le monde tournerait avec de telles théories, Mrs. Allonby.

Mrs.Stutfield. Ah ! Le monde a été fait pour les hommes et non pour les femmes.

Mrs. Allonby. Oh, ne dites pas cela, Lady Stutfield. Nous en profitons beaucoup plus. Il y a beaucoup plus de choses qui nous sont interdites.

Mrs.Stutfield. Oui, c'est vrai. Tout à fait. Je n'avais pas pensé à cela.

Scène 6

Lady Caroline, Lady Hunstanton, Mrs. Allonby, Lady Stutfield, Sir John, Lord Alfred, Mr.Kelvil

Lady Hunstanton. Alors, Mr. Kelvil, en avez -vous fini avec votre travail ?

Kelvil. J'ai fini d'écrire pour aujourd'hui, Lady Hunstanton. Ce fut une tâche ardue. On demande beaucoup de leur temps aux hommes politiques de nos jours, vraiment beaucoup. Et je ne pense pas qu'on reconnaisse assez leur travail.

Lady Caroline. John, as-tu mis tes caoutchoucs ?

Sir John. Oui, mon amour.

Lady Caroline. Je pense que tu ferais mieux de venir ici, John. C'est plus à l'abri.

Sir John. Je suis très à mon aise, Caroline.

Lady Caroline. Je ne crois pas, John. Tu ferais mieux de t'assoir derrière moi.

(John se lève et s'exécute)

Lady Stutfield. Et qu'avez-vous écrit, ce matin, Mr. Kelvil ?

Kelvil. J'ai écrit sur le sujet habituel. La Pureté.

Lady Stutfield. Ce doit être un sujet très, très intéressant.

Kelvil. A notre époque, Lady Stufield, c'est le sujet national. Je proposais d'interroger mes électeurs à ce sujet avant que le Parlement ne se réunisse. J'ai pu constater que les classes les plus pauvres sont largement en faveur d'une moralisation à tous les niveaux.

Lady Stutfield. C'est vraiment, vraiment bien de leur part.

Lady Caroline. Ètes-vous favorable à ce que les femmes se mêlent de politique, Mr. Kettle ?

Sir John. Kelvil, mon amour, Kelvil.

Kelvil. L'influence grandissante de la gente féminine est ce qu'il y a de rassurant dans notre vie politique, Lady Caroline. Les femmes sont toujours du coté de la morale, publique ou privée.

Lady Stutfield. C'est très, très gratifiant de vous entendre parler ainsi.

Lady Hunstanton. Ah, oui ! L'important chez une femme, ce sont ses qualités morales. J'ai bien peur, Caroline, que ce cher Lord Illingworth ne reconnaisse pas les qualités morales des femmes à leur juste valeur.

Scène 7

Lady Caroline, Lady Hunstanton, Mrs. Allonby, Lady Stutfield, Sir John, Mr.Kelvil, Lord Alfred, Lord Illingworth

Lady Stutfield. Tout le monde dit que Lord Illingworth est vraiment, vraiment méchant.

Lord Illingworth. Mais quel monde dit cela, Lady Stutfield ? C'est sûrement l'autre monde. Ce monde-ci et moi sommes en excellents termes. (Il s'assoit à côté de Mrs. Allonby)

Lady Stutfield. Tous mes amis m'ont dit que vous étiez très très méchant.

Lord Illingworth. C'est vraiment monstrueux, cette manière qu'on a, de nos jours, de faire courir des rumeurs, dans le dos des gens, qui sont absolument et entièrement vraies.

Lady Hunstanton. Ce cher Lord Illingworth est incorrigible, Lady Stutfield. J'ai renoncé à le réformer. Il faudrait tout un service public, un portefeuille ministériel et une myriade de secrétaires pour cela. Mais vous avez déjà le secrétaire, Lord Illingworth, n'est-ce pas ? Gerald Arbuthnot nous a dit la bonne nouvelle ; c'était vraiment gentil de votre part.

Lord Illingworth.