Afrique du Sud - Encyclopaedia Universalis - E-Book

Afrique du Sud E-Book

Encyclopaedia Universalis

0,0

Beschreibung

Le présent volume est une sélection thématique des articles qui composent l’Encyclopaedia Universalis.
Écrite par plus de 7 400 auteurs spécialistes et riche de près de 30 000 médias (vidéos, photos, cartes, dessins…), l’Encyclopaedia Universalis est la plus fiable collection de référence disponible en français. Elle aborde tous les domaines du savoir...

Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:

Android
iOS
von Legimi
zertifizierten E-Readern
Kindle™-E-Readern
(für ausgewählte Pakete)

Seitenzahl: 126

Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:

Android
iOS
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



Universalis, une gamme complète de resssources numériques pour la recherche documentaire et l’enseignement.

ISBN : 9782852298644

© Encyclopædia Universalis France, 2019. Tous droits réservés.

Photo de couverture : © Charcompix/Shutterstock

Retrouvez notre catalogue sur www.boutique.universalis.fr

Pour tout problème relatif aux ebooks Universalis, merci de nous contacter directement sur notre site internet :http://www.universalis.fr/assistance/espace-contact/contact

Bienvenue dans ce Grand Article publié par Encyclopædia Universalis.

La collection des Grands Articles rassemble, dans tous les domaines du savoir, des articles :   ·  écrits par des spécialistes reconnus ;   ·  édités selon les critères professionnels les plus exigeants.

Afin de consulter dans les meilleures conditions cet ouvrage, nous vous conseillons d'utiliser, parmi les polices de caractères que propose votre tablette ou votre liseuse, une fonte adaptée aux ouvrages de référence. À défaut, vous risquez de voir certains caractères spéciaux remplacés par des carrés vides (□).

Afrique du Sud

Introduction

À l’extrémité méridionale du continent africain, l’Afrique du Sud se caractérise d’abord par sa diversité. En un seul pays, elle rassemble le désert et la savane, les climats méditerranéen et tropical, les hauts plateaux du Veld, les reliefs enneigés du Drakensberg et les vastes étendues du Karoo, et offre ainsi une gamme extraordinairement variée de paysages, de climats, de territoires, de végétations et de vie animale. Cette diversité naturelle se retrouve au niveau humain. La population sud-africaine rassemble, en une nation « arc-en-ciel », Noirs, Indiens, Métis et Blancs d’origines et d’appartenances religieuses et communautaires très variées. Un grand nombre de langues, de croyances, de traditions et de systèmes sociaux se côtoient. Les activités économiques et financières les plus modernes, qui font la réputation et la richesse du pays, cohabitent avec des organisations productives surannées ou insérées dans d’autres histoires sociales qui soulignent la grande pauvreté d’une partie importante de la population.

L’histoire mouvementée de l’Afrique du Sud traduit les difficultés à gérer cette diversité. Une succession de guerres intérieures, la légalisation de l’exploitation et de la domination raciale sous le terme d’apartheid, et la systématisation de l’expropriation des populations noires ont marqué négativement le pays. Son histoire récente révèle néanmoins un versant plus positif à travers la mise en valeur du pays, la libéralisation politique et économique, la fin de l’apartheid et l’installation d’une démocratie stabilisée. La capacité du pays à se construire sur la base de sa diversité humaine comme une nation, en dépit des vicissitudes historiques qui l’ont affecté, permet de comprendre le dernier paradoxe qui le caractérise. Aussi marginalisée géographiquement soit-elle, l’Afrique du Sud s’affirme aujourd’hui comme le cœur de l’Afrique et comme un pont solide avec l’Asie, l’Amérique et l’Europe, gage de l’ouverture du continent sur le reste du monde. Telle est la situation de ce pays placé au ban des nations pendant plusieurs décennies, et devenu, depuis sa démocratisation réussie des années 1990, un symbole politique international sous la direction de Nelson Mandela.

Afrique du Sud : drapeau. Afrique du Sud (1994). L'ancien drapeau flottait depuis le 31 mai 1928, date du dix-huitième anniversaire de l'Union sud-africaine. Le nouveau drapeau, décrit ci-dessous, a été hissé pour la première fois dans la nuit du 26 au 27 avril 1994, à minuit une minute.Il présente un grand motif vert en forme d'Y couché – un pairle en langage héraldique –, s'étendant des coins supérieur et inférieur du guindant jusqu'au milieu du battant, bordé de blanc à l'extérieur et d'or (jaune orange) à l'intérieur (côté hampe) ; les bras de l'Y déterminent ainsi un triangle isocèle noir au guindant et sa jambe deux trapèzes, rouge (piment) au sommet et bleu à la base. L'aspect général n'est pas sans rappeler celui du drapeau du Vanuatu. On notera que ce drapeau du renouveau a été choisi parmi 7 000 propositions émanant de la population sud-africaine ; il a remplacé l'ancien drapeau à l'occasion des élections générales du 27 avril 1994.Ce nouveau drapeau sud-africain réunit les six couleurs le plus souvent rencontrées dans les anciens drapeaux du pays, ainsi que dans les emblèmes de l'Afrique moderne et des divers mouvements de libération. Toutefois, comme le souligne l'historien sud-africain Graham Dominy, « on ne peut prétendre y attacher un symbolisme précis, les couleurs [en vexillologie comme ailleurs] n'ayant pas une signification universellement univoque : par exemple, et selon le contexte culturel d'un pays à l'autre, le noir peut désigner le peuple africain ou signifier l'anarchie, ou la mort et le deuil ; le bleu peut représenter l'eau ou la paix, le vert une expansion nouvelle, un renouveau, ou encore l'islam ; le rouge peut signifier les souffrances, le martyre religieux, ou au contraire la révolution athée ; le jaune peut désigner tout aussi bien la richesse que la maladie ; quant au blanc, il peut ici ou là signifier la race blanche, ou la pureté, la paix, la capitulation, ou bien même, dans la culture japonaise, le deuil de la mort » (voir aussi « Couleurs » dans le Petit glossaire vexillologique). Selon ce même auteur, la clé pour comprendre ce drapeau serait plutôt dans son dessin, où l'Y symbolise la transformation et l'unité, un concept de convergence et de mouvement en avant.

Dominique DARBON

Ivan CROUZEL

1. Géographie

L’espace sud-africain a été structuré par la longue histoire de la séparation des groupes humains, encore très réelle plus de vingt ans après la fin du régime d’apartheid. L’organisation du territoire est avant tout liée à des facteurs politiques et humains ; les milieux naturels, sauf les plus extrêmes, ne servent que de cadre.

• Une population inégalement répartie sur un vaste territoire

Les paysages

Immense territoire (1 224 297 km2) compris entre le 18e et le 33e parallèle sud, la République d’Afrique du Sud couvre un espace marqué par des inégalités de toutes natures. Tout d’abord, la chaîne du Drakensberg et les reliefs qui la prolongent jusque dans l’arrière-pays du Cap constituent la limite entre l’Ouest sec et peu peuplé et l’Est bien arrosé et plus densément occupé. Ensuite, à l’intérieur du pays, donc à l’ouest et au nord de l’arc montagneux, s’étage une succession de hauts plateaux en gradins séparés par des escarpements : le haut Veld (supérieur à 1 200 m), le moyen Veld (entre 600 et 1 200 m) et le bas Veld (inférieur à 600 m). Ces plateaux, de plus en plus secs et de moins en moins élevés vers l’ouest, s’abaissent jusqu’au bassin désertique du Kalahari et le sud du désert du Namib, via les vastes étendues du Grand Karoo. Partout la couverture végétale est basse, savane herbeuse, parfois arborée, ou steppe.

Ce sont d’autres paysages, moins étendus, qui font la diversité sud-africaine, tels que les montagnes du Drakensberg, à des altitudes supérieures à 3 000 m, accidentées de pics acérés et de roches mises à nues, parfois aux formes plus molles en fonction de la lithologie, de l’étagement altitudinal, et de l’exposition des versants. Les littoraux présentent encore une plus grande variété. Il y a le désert côtier brumeux, longé par le courant froid de Benguela au nord-ouest du pays ; le littoral du sud, dit méditerranéen (du fait de son climat), avec des sites grandioses de corniches dues à la tombée brutale de la montagne dans la mer ; le littoral tropical de l’océan Indien, à l’est, le long duquel s’étendent de longues plages de sable, des côtes à coraux, des étendues de mangroves et des lagunes. On ne saurait enfin oublier les paysages des grandes vallées, même si peu de fleuves importants arrosent le pays. Les principaux sont l’Orange et son affluent le Vaal, ainsi que le Limpopo, fleuve frontalier avec le Botswana et le Mozambique. Seule la partie est du pays est abondamment pourvue de cours d’eau descendant du Drakensberg.

La faiblesse à la fois des précipitations sur la majeure partie du territoire national (seulement 4 p. 100 de celui-ci reçoivent plus de 1 000 mm par an) et du réseau hydrographique font de l’Afrique du Sud un pays avant tout sec. Le climat est lié, d’une part, à trois cellules anticycloniques situées approximativement à 300 de latitude sud : la haute pression sud-atlantique, la haute pression sud-indienne, la haute pression continentale. Cette dernière explique la faiblesse des précipitations. Comme elle est plus marquée en hiver (juin-juillet), il ne pleut pas. En été (novembre-février), elle s’affaiblit, l’air froid et sec de la haute pression atlantique et l’air chaud et humide de la haute pression indienne entrent alors en contact sur le continent provoquant des précipitations violentes venues essentiellement de l’océan Indien. D’autre part, l’Afrique du Sud est sous l’influence de la circulation cyclonique des latitudes tempérées, liée aux basses pressions du front polaire. Celles-ci, portées par les easterlies (vents d’est), amènent de l’air froid et humide responsable des fronts froids et des pluies hivernales au sud du pays.

Des facteurs à l’échelle régionale, liés à la latitude, expliquent également l’originalité climatique de l’Afrique du Sud. L’altitude accentue les froids hivernaux, l’enneigement est souvent important sur les reliefs. Le froid n’épargne que la façade orientale du pays (c’est-à-dire la province du KwaZulu-Natal). Par ailleurs, le courant froid de Benguela et le courant chaud des Aiguilles réduisent l’effet modérateur océanique et expliquent pour l’un la fraîcheur et la sécheresse de la côte ouest, pour l’autre l’humidité et la chaleur de la côte est.

De cette variété climatique découle une forte diversité des paysages. Celle-ci est valorisée par les activités touristiques : plages et réserves animalières (dont la plus étendue d’Afrique, le parc national Kruger) abondent. L’Afrique du Sud attire en effet des flux touristiques de plus en plus importants (près de 10 millions de visiteurs annuels depuis 2010), essentiellement grâce à ses parcs nationaux, mais également de plus en plus grâce à son patrimoine historique (vieilles villes du Cap, de Stellenbosch, île de Robben Island au large du Cap où fut emprisonné Nelson Mandela, etc.).

Enfin, on ne peut évoquer la nature sud-africaine sans souligner un fait majeur pour l’occupation humaine : l’extraordinaire richesse du sous-sol qui a permis le développement d’une économie minière à grande échelle, à partir de la fin du XIXe siècle, fondée principalement sur le diamant et l’or, sur le fer, le cuivre et le charbon, mais aussi, et de plus en plus, sur les minerais rares (titane, vanadium, zirconium, vermiculite, etc.).

La population sud-africaine

Les 53 millions de Sud-Africains (en 2014) sont essentiellement concentrés à l’est et au sud du pays. Des foyers de peuplement se dégagent plus particulièrement : le Gauteng avec des densités urbaines fortes, la côte du KwaZulu-Natal avec de fortes densités à la fois urbaines et rurales (celles-ci se prolongent vers le sud dans le Cap-Est). Les autres foyers de peuplement sont secondaires et surtout urbains, il s’agit de la région du Cap, des pôles de Port Elizabeth (Nelson Mandela Bay) et East London (Buffalo City) et, à l’intérieur, des champs aurifères de l’État Libre (région de Welkom).

Cette population ne connaît aujourd’hui qu’une faible croissance démographique : supérieure à 2 p. 100 par an au début des années 1990, elle est tombée à 1 p. 100 depuis 2014 ; dans le même temps, l’espérance de vie a chuté de 59 ans en 1990 à 54 ans en 2014. La principale cause de cette évolution est la dramatique épidémie de sida qui affecte plus de 10 p. 100 de la population et représente la première cause de mortalité.

La population sud-africaine avait été divisée, dans les années 1950, en quatre grandes catégories « raciales » par le régime de l’apartheid : Blancs, Noirs, Coloured et Indiens. Sur la population totale, on comptait, en 2014, 80 p. 100 de Noirs, 9 p. 100 de Coloured, 8,5 p. 100 de Blancs et 2,6 p. 100 d’Asiatiques. Ces divisions restent importantes, malgré la fin de l’apartheid en 1991, tout en recouvrant une grande variété ethnique. Par ailleurs, la population reste très jeune, près de la moitié des Sud-Africains ayant moins de 20 ans.

Moins de la moitié des Sud-Africains blancs sont anglophones, le reste est essentiellement composé d’Afrikaners, descendants des colons hollandais du Cap et des huguenots français. Les Indiens, soit un peu plus de 1 million de personnes, sont en majorité hindouistes, descendants de migrants venus du sud de l’Inde entre 1860 et 1911. Cependant, une partie de cette communauté est constituée de musulmans, originaires du nord de l’Inde et de l’actuel Pakistan. Les Coloured sont des métis, des Khoi, des Griqua, des Nama, ou plutôt, ils ne sont ni Indiens, ni Blancs, ni Noirs. On a défini ainsi négativement 4 millions de personnes, presque toutes de langue afrikaans. Enfin, les Noirs forment le groupe le plus complexe. Appartenant en grande majorité à deux grandes familles linguistiques (Nguni et Sotho), ils sont en outre divisés en neuf ethnies. Les Zoulous, Xhosa et Swazi appartiennent au groupe nguni ; les Basotho, Tswana, Pedi et Ndebele appartiennent au groupe sotho ; enfin, les Venda appartiennent au groupe shona, et les Shangaan sont liés aux groupes ethniques du sud du Mozambique. La diversité ethnique se reflète dans la diversité linguistique. Alors que seuls l’anglais et l’afrikaans étaient reconnus langues officielles jusqu’en 1994, la nouvelle Constitution en reconnaît onze. Si l’isiZulu (langue maternelle du quart de la population en 2014), l’isiXhosa (17 p. 100) et l’afrikaans (14 p. 100) dominent à l’échelle nationale, les différences régionales sont considérables.

• Un héritage à gérer : la ségrégation socio-spatiale

Structurée principalement durant la période coloniale et sous le régime d’apartheid, l’organisation de l’espace sud-africain représente un défi pour le régime démocratique mis en place en 1994 : comment gérer cet héritage ? Selon quels principes gouverner un territoire pour le rendre plus « équitable » ?

Le nouveau découpage territorial

À partir du début du XXe siècle s’est mise en place une véritable partition de l’Afrique du Sud entre terres blanches et terres noires hors desquelles les droits des non-Blancs étaient restreints. C’est le National Party (N.P.), arrivé au pouvoir en 1948, qui systématisa cette ségrégation spatiale dans le cadre du système d’apartheid. La politique du petit apartheid imposait la ségrégation des lieux publics. Le grand apartheid définissait les zones de résidence de chaque groupe dit racial. En ville, les non-Blancs furent dans leur grande majorité privés du droit de propriété et cantonnés dans des lotissements publics appelés townships. À l’échelle nationale, le pays fut systématiquement divisé entre terres européennes et africaines (les dix bantoustans), laissant un héritage de misère et de sous-équipement dans des régions entières. Le gouvernement élu démocratiquement en 1994 a démantelé l’apartheid spatial en mettant en place un nouveau découpage territorial.

Afrique du Sud : les bantoustans. Les dix bantoustans, nés du découpage territorial instauré par le régime d'apartheid en Afrique du Sud.

L’Afrique du Sud compte aujourd’hui neuf provinces au lieu des quatre provinces blanches et des dix bantoustans noirs du régime d’apartheid. La province du Cap a été divisée en trois : le Cap-Ouest, le Cap-Est et le Cap-Nord ; l’État Libre d’Orange (devenu l’État Libre en 1994) n’a pas été modifié, sa capitale est restée Bloemfontein (municipalité de Mangaung) ; le KwaZulu-Natal est formé du KwaZulu, du Natal et d’une portion de l’ancien bantoustan du Transkei ; la province du Nord-Ouest comporte des parties de l’ancienne province du Cap, du Transvaal et du Bophuthatswana ; la province du Limpopo (capitale Pietersburg rebaptisée Polokwane) comprend des parties du Transvaal et les anciens bantoustans du Gazankulu, du Venda et du Lebowa ; le Mpumalanga (capitale Nelspruit, municipalité de Mbombela) est la réunion du Transvaal oriental et du KaNgwane tandis que le Gauteng correspond à l’ancienne aire métropolitaine du P.W.V. (Pretoria-Witwatersrand-Vereeniging) et à une petite portion du KwaNdebele.

Afrique du Sud : population et découpage politique. Répartition de la population et découpage politique en Afrique du Sud depuis la fin de l'apartheid.

À plus grande échelle, de la multitude d’autorités locales du début des années 1990, on est passé depuis 2000 à un système de municipalités homogénéisées qui compte cinquante-deux District Councils (lesquels englobent 241 Local Councils