Albanie - Encyclopaedia Universalis - E-Book

Albanie E-Book

Encyclopaedia Universalis

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Beschreibung

Fortement marquée par une occupation ottomane de cinq siècles, mais cependant fidèle à ses origines ethniques et nationales, l'Albanie (2,8 millions d'habitants au recensement de 2011) s'est affirmée comme État indépendant malgré la petitesse de son territoire et la pauvreté de sa population au sortir de la Seconde Guerre mondiale...

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Universalis, une gamme complète de resssources numériques pour la recherche documentaire et l’enseignement.

ISBN : 9782852298781

© Encyclopædia Universalis France, 2019. Tous droits réservés.

Photo de couverture : © Charcompix/Shutterstock

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Albanie

Introduction

Fortement marquée par une occupation ottomane de cinq siècles, mais cependant fidèle à ses origines ethniques et nationales, l’Albanie (2,8 millions d’habitants au recensement de 2011) s’est affirmée comme État indépendant malgré la petitesse de son territoire et la pauvreté de sa population au sortir de la Seconde Guerre mondiale.

Albanie : drapeau. Albanie (1912 ; modif. 1992). Sur champ rouge sombre, une aigle noire bicéphale (le nom du pays en albanais signifie « Pays des aigles ») : couleur et motif ont été choisis dès le XVe siècle par Georges Castriota, dit Skander-beg, héros national de la résistance albanaise contre les Turcs. L'étoile rouge silhouettée d'or, ajoutée en 1945, a été supprimée en avril 1992.

Admis à l’ONU en 1956 au prix de luttes internes sanglantes et d’un isolement international, l’État communiste albanais a défendu le principe d’une autonomie politique et économique proche de l’autarcie. La rupture de son alliance avec la Chine en 1978 a obligé le gouvernement albanais à diversifier ses échanges et à tenter de concilier pragmatisme et inflexibilité idéologique.

En 1985, l’Albanie est entrée dans l’après-hodjisme. Ramiz Alia, successeur du fondateur historique, a cru pouvoir conjuguer le respect proclamé de la « pensée éternelle du camarade Enver Hodja » avec les nécessités économiques et sociales. L’ouverture au monde et les conséquences de la défaite du communisme est-européen ont eu raison des résistances du régime dans un pays jeune dont la population a doublé depuis 1945. En 1992, l’Albanie s’est dotée d’un gouvernement non communiste. Bénéficiant de ressources énergétiques et agricoles importantes, mais ayant le produit national brut par habitant le plus bas d’Europe, l’Albanie s’est engagée sur le chemin de la démocratie avec un potentiel certain. Cependant, le délabrement de son économie rend nécessaires de substantiels concours internationaux et une coordination rigoureuse de ces derniers. Après trois années de désordres et d’une production paralysée, les signes de reprise économique se font sentir, en particulier dans l’agriculture et l’industrie légère. En 1997, la ruine de plusieurs centaines de milliers d’épargnants, victimes d’une spéculation financière révélatrice de la fragilité des nouvelles institutions, déstabilise profondément le pays. Le président Sali Berisha, leader du Parti démocratique, élu en 1992, est contraint de se retirer pour céder la place aux socialistes (ex-communistes) qui remportent les élections législatives et présidentielle de 1997. En 1999, la guerre au Kosovo et la politique agressive du régime de Belgrade rappellent à nouveau à l’Albanie combien elle est vulnérable. Comme pour les autres pays des Balkans, c’est la voie vers l’intégration euro-atlantique qui lui permet de renouer avec la stabilité géopolitique.

Anne-Marie AUTISSIER

1. Le cadre géographique

Le territoire albanais (28 748 km2) s’inscrit dans un cadre physique essentiellement montagneux de structure dinarique, qui forme une barrière le long de la frontière orientale, alors que la partie occidentale offre, par contraste, un littoral ouvert de plaine.

Les Alpes du Nord, situées à l’est du lac de Shkodër (370 km2) et au nord du Drin, formées de plusieurs massifs calcaires orientés sud-ouest - nord-est, présentent les formes les plus âpres. Les monts abrupts alternent avec des cirques glaciaires et des vallées étroites. Le mont Jezercë (2 693 m) domine une étoile de chaînes de plus de 2 000 mètres qui, dans la partie occidentale, porte le nom de Malësia e Madhe (Grande Montagne). Le climat des Alpes du Nord est rigoureux, avec des minimums d’hiver de — 20 0C. La région a été désenclavée par la construction d’une série de centrales hydroélectriques sur le Drin (280 km), qui prend sa source à Struga, au lac d’Ohrid, et reçoit à Kukës le Drin Blanc, venu de Metohija.

Les montagnes centrales, formées de roches serpentines, succèdent aux Alpes du Nord dans une direction nord-ouest - sud-est jusqu’à l’Osum. Elles renferment des lacs d’origine tectonique, Ohrid (367 km2) et Prespë (285 km2), et recèlent de nombreux gîtes métallifères : cuivre, chrome, ferro-nickel. Les fleuves Drin, Mat, Shkumbin, Seman, Vjosë ont un cours torrentiel en hiver et sec en été qui ne permet pas la navigation. Le long du Shkumbin, limite qui sépare l’Albanie en pays guègue du Nord et tosque du Sud, passait l’ancienne route commerciale, la via Egnatia, qui reliait Rome à Byzance par Durrës et Ohrid. Les anciennes communautés patriarcales ont vécu en région guègue dans les vallées-refuges en clans, ou fis, et sont restées, plus longtemps que dans le Sud, fidèles aux coutumiers, ou kanun.

Dans le Sud succèdent les montagnes méridionales, de plus de 2 000 mètres, orientées nord-ouest - sud-est, formées de chaînes parallèles de calcaire et de flysch : Pogon, Kurvëlesh, Labëri, Himarë. Le Tomor culmine à 2 417 mètres. Les montagnes sont entaillées de vallées profondes où se succèdent bourgs sur les hauteurs et villes aux carrefours : Gjirokastër, Tepelen, Këlcyrë. Le manteau forestier est dégradé. L’orge et le maïs sont cultivés dans les bassins de Kolonjë, Bilisht, Dropull, Libohovë, Përmet, Korçë, tandis que, sur les terrasses aménagées sur les pentes, ont été plantés orangers et oliviers. Les immenses plages de sable et la riviera des confins de la montagne méridionale sont des zones encore inexploitées pour le tourisme international.

La plaine alluviale, d’une largeur de 10 à 50 kilomètres, s’étend du nord au sud, le long de la mer, de Shkodër à Vlorë. Elle est ponctuée de quelques collines. Des travaux d’assainissement et de drainage ont permis de repeupler et de gagner à l’agriculture des terres autrefois porteuses de malaria. LaMyzeqe, partie située entre Peqin, Berat et Vjosë, a été recolonisée. L’élevage et l’agriculture, l’exploitation des gisements de pétrole, l’industrie chimique en font le pôle économique du pays. La région s’est urbanisée, et Rrogozhinë, Lushnjë, Fier et Ballsh sont reliés par train à la capitale.

Bien que le pays soit peu étendu, le climat est sujet à de nombreuses variations locales dues au relief et à la mer. Par sa situation, l’Albanie jouit d’un climat de type méditerranéen, aux étés chauds et aux hivers doux. Le total annuel des précipitations (1 350 mm en moyenne, avec des maximums de 3 m) est l’un des plus élevés d’Europe. Le long de la plaine côtière règne un climat méditerranéen. Les températures d’hiver sont en moyenne de 5 0C, quelquefois de 10 0C. Les températures d’été dépassent très souvent la moyenne de 26 0C pour atteindre des extrêmes de 40 0C. Les chaînes montagneuses, éloignées de la mer, ont un climat continental aux hivers froids, enneigés et venteux. La température moyenne d’hiver, située entre 0 0C et 2 0C, connaît des minimums de — 25 0C, tandis que les moyennes d’été (23 0C) sont comparables à celles de la zone plus typiquement méditerranéenne.

L’Albanie est un pays de faible superficie, mais elle exprime la diversité de ses unités régionales par de nombreux particularismes ethniques et culturels.

Odile DANIEL

2. Une succession d’occupations

• Les origines et le Moyen Âge

L’occupation du sol intervient au Paléolithique moyen ; mais les Albanais actuels descendent probablement des Illyriens, peuplade indo-européenne venue dans la région vers la fin de l’âge du bronze. Leur civilisation se développa rapidement, dès le VIIe siècle avant J.-C., au contact des Grecs qui établirent, notamment à Épidammon (Durrës) et à Apollonie (près de Fier) des colonies dont subsistent d’importants vestiges.

Les Illyriens, qui débordaient largement les limites des pays aujourd’hui occupés par des Albanais, se divisèrent progressivement en petits États ennemis que les Macédoniens soumirent sous Philippe et Alexandre. Ils reprirent leur indépendance ensuite et le royaume d’Épire eut son heure de gloire avec Pyrrhus, mais l’ensemble du pays devait passer, non sans mal, sous la domination de Rome au IIe siècle avant J.-C. Peu à peu la civilisation romaine se répandait, surtout sur les côtes et le long de voies de pénétration (la via Egnatia, en particulier). L’assimilation devait être telle que l’Illyrie, christianisée dès le Ier siècle (avec saint Asti à Durrës et saint Donat à Vlora), fournit, au IIIe siècle, plusieurs empereurs. Comprise, en 395, dans l’empire d’Orient, elle fut ravagée par les invasions barbares avant que le déferlement slave des VIe et VIIe siècles ne refoule le peuplement antérieur dans les régions où l’albanais reste aujourd’hui parlé.

Le pays, resté sous la domination byzantine jusqu’au IXe siècle, fut alors occupé par les Bulgares puis reconquis en 1018 par Basile II. Le XIe et le XIIe siècle furent troublés par les invasions normandes, dirigées notamment par Robert Guiscard et son fils Bohémond, et par les tentatives d’indépendance d’une féodalité qui se constituait, tentatives attisées par le schisme de 1054 qui laissa sous l’influence de l’Église romaine le nord de l’Albanie (c’est à cette époque que le mot apparaît dans l’acception actuelle).

La crise qui suivit, à Byzance, la chute des Comnènes, à la fin du XIIe siècle, et la quatrième croisade permirent la création de principautés indépendantes, comme celle qui fut fondée par Progon ( 1195) autour de Kruja ; leurs luttes favorisèrent les interventions des Bulgares et des Byzantins ; mais à peine ceux-ci avaient-ils soumis la région (1261) qu’elle passait à Charles d’Anjou qui, installé à Vlora dès 1269, se proclame « rex Albaniae » en 1272.

La domination angevine dura tant bien que mal jusque vers le milieu du XIVe siècle pour s’effondrer sous les coups de l’Empire serbe d’Étienne Dušan, après la mort duquel (1355) l’Albanie sombra dans une anarchie dont émergèrent plus ou moins trois principautés : celle de Balsha autour de Shkodër, celle des Thopia à Durrës et celle des Shpata dans le Sud.

• La domination turque

Ces principautés sans cesse en lutte entre elles et avec Venise ne négligèrent pas de faire appel aux Turcs qui, au début du XVe siècle, occupèrent le pays et en soumirent la plus grande partie au système des timars(fiefs militaires non héréditaires). La rigueur du joug turc provoqua rapidement des révoltes, mais il fallut attendre Skanderbeg pour assister à un soulèvement général.

Fils d’un grand seigneur albanais, devenu néanmoins haut fonctionnaire turc, Skanderbeg se révolta lors de la guerre turco-hongroise de 1443. Il sut grouper contre les Turcs les forces du pays (assemblée de Lezh, 1444) et parvint, malgré les jalousies et les trahisons, à repousser les plus violentes attaques (siège de Kruja), intervenant même dans la politique européenne (traité de Gaète avec le royaume de Naples en 1451).

Après sa mort (1468), l’Albanie retomba rapidement aux mains du sultan, tandis que de nombreux Albanais se réfugiaient en Calabre et en Sicile, où ils ont conservé jusqu’à nos jours leur langue et leurs coutumes. Pendant les XVIe et XVIIe siècles, l’Albanie allait s’islamiser en grande partie et fournir de nombreux soldats et fonctionnaires à l’empire turc. Elle allait connaître aussi la dégénérescence du système des timars, remplacés peu à peu par des çifliks(grandes propriétés héréditaires). La décadence de l’autorité centrale et le marasme économique encouragèrent des révoltes et des guerres privées féroces. Au XVIIIe siècle, cependant, la reprise de l’activité économique permit l’essor intellectuel de certains centres (Berat, Voskopoje). Dans le même temps, quelques feudataires parvenaient à créer d’importantes principautés, ainsi les Bushatli à Shkodër et, surtout, Ali Pacha, autour de Janina, dans le Sud.

La Porte brisa la puissance des pachas