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"Amour, je vous le dis !" est un voyage initiatique dans lequel l’auteure partage ses épreuves et son cheminement vers le développement personnel et la spiritualité. À travers ses écrits, elle révèle une réalité où les êtres disparus continuent d’exister de manière tangible. Guidée par les messages de ses mentors spirituels, elle propose une profonde réflexion sur les mystères et les leçons de la vie.
À PROPOS DE L'AUTRICE
Dotée d’une riche diversité culturelle,
Michèle Boubée-Ségas a choisi de transposer ses expériences en mots. Après avoir vécu les conflits entre ses parents et confronté plusieurs tragédies qui ont bouleversé sa vie, l’écriture s’est imposée à elle comme un moyen de catharsis essentiel.
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Michèle Boubée-Ségas
Amour, je vous le dis !
Comprendre – Accepter –
Lâcher-prise
Essai
© Lys Bleu Éditions – Michèle Boubée-Ségas
ISBN : 979-10-422-3802-5
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Qu’est-ce que le mal si ce n’est l’absence d’amour ?
Qu’est-ce que la nuit si ce n’est l’absence du soleil ?
Reconnais-tu la couleur des yeux des hommes que tu croises dans la pénombre ?
De même, l’âme absente par sa haine ne distingue pas les desseins du Père.
Que sais-tu de ton ennemi si tu n’as pas vu l’homme en lui ?
Que sais-tu des forces qui l’ont conduit jusqu’à toi ?
Je te l’affirme, celui qui regarde l’ennemi en l’autre, contemple sa propre image déformée dans un miroir, il se nourrit de ses rancœurs et se condamne à vivre parmi les ombres. Il n’existe au monde qu’une arme qui mérite d’être honorée, la seule que votre Père ait fourbie pour nous : l’amour. Aimez-donc comme je vous aime ! Le soleil dispense-t-il ses rayons à l’un plutôt qu’à l’autre ?
De mémoire d’Essénien
Daniel Meurois
Je vis dans un village de six cents âmes dans les Landes à deux heures des Pyrénées et une heure de l’Océan, en plein cœur de cette bourgade et à proximité d’une forêt. C’est dans cette maison contemporaine construite en 2013 avec Patrick que ma vie bascule durant quatre jours, cette fin mai 2019. Je devrais être triste, bien au contraire, je me sens remplie d’énergie, heureuse de recevoir de la famille et je m’affaire à préparer avec amour un repas. Puis, avec mon époux, nous nous rendons à l’église de notre paroisse pour rendre hommage à Cédric, notre fils décédé dramatiquement trois années auparavant. Ce même jour de l’Ascension, nous décidons avec ma sœur de faire également dire une messe à l’intention de notre père, de notre mère et notre frère. Jean Marc, mon frangin, nous a quittés en 1984, tragiquement, à l’âge de vingt-huit ans.
À l’issue de la cérémonie, avec quelques membres de la famille, nous allons nous recueillir devant nos deux tombes familiales, puis nous nous retrouvons à notre domicile. Certains cousins, n’étant jamais venus nous rendre visite, admirent notre devant de porte qui a été créé par un paysagiste d’un village voisin. Un airial, transformé en jardin zen, de type japonais. Deux énormes bassins à poissons rouges sont séparés par un petit pont orné de jardinières de géraniums lierres de couleur rose, et entre chaque plantation, nous trouvons diverses sortes de cailloux, de couleurs différentes, grises, blanches et des ardoises. Cet environnement est agrémenté de divers arbustes avec des essences différentes. Un beau catalpa, arbre décoratif du printemps à l’automne, nous enchante par sa magnifique floraison, mais nous déçoit par sa fructification étonnante de gros haricots qui finissent par tomber sur notre sol minéral. Ses très grandes feuilles ornementales nous procurent une protection ombragée, bienvenue et confortable en été. Quelle chance, pour nos invités, de s’aventurer sur le petit sentier caillouteux et en même temps de pouvoir contempler les divers rosiers déjà en fleurs et les quelques hortensias, ces arbustes aux boules de fleurs qui commencent, en ce mois de mai, à nous enchanter avec pour certains des nuances de rose et d’autres de bleu selon leur emplacement dans le jardin. Les iris (orchidée du pauvre, appellation de certains jardiniers) ont fini leur floraison, mais les millepertuis sont bientôt prêts à éclore et à illuminer le jardin avec leur couleur jaune plus ou moins vif. L’heure du repas approche et surtout de l’apéritif. En conséquence, nous nous installons sur la terrasse principale où là, un autre paysage s’offre à eux. Ce que l’on pouvait appeler un airial, il y a quelques années, terme gascon, exclusif des Landes. C’est un terrain autour d’une maison, fait d’un vaste espace de pelouse ouvert sur lequel se dressent quelques chênes, souvent centenaires, des pins, une clairière au cœur du massif forestier, regroupant quelques maisons : la maison du maître et du ou des métayers ainsi que leurs dépendances (grange, bergerie, poulailler, four à pain, puits). L’airial d’un village constitue ce que l’on appelle aujourd’hui, le « quartier », petit hameau ou lieu-dit et à l’écart du bourg. Il y a 150 ans, cette société originale de bergers-agriculteurs était en telle symbiose avec son environnement, elle disparut lorsque la lande fit place à la forêt.
À deux mètres de la terrasse, où une vingtaine d’assiettes sont installées sur une longue tablée, une représentation de force invincible de la nature, une solidité, une puissance, ce symbole de communication entre le ciel et la terre fait l’admiration des nouveaux convives. Je ne connais pas d’autre arbre aussi hospitalier, généreux, majestueux qui représente l’éternité et la hauteur tant au sens matériel que spirituel. Quel bonheur pour notre chêne de recevoir plein de câlins et il me le rend bien, il me donne quotidiennement ma ration d’énergie ! Tout au long de l’année, il nous rappelle sa présence par ses fleurs, ses glands, ses feuilles, qui tombent sur notre terrasse. Il nous occupe quotidiennement, mais nous l’aimons. En alchimie, il représente les quatre éléments : l’eau circule dans sa sève, la terre nourrit ses racines, l’air pénètre par ses feuilles et le feu est la consumation de son bois. Il a également des vertus médicinales.
Nos cousins sont des citadins et ils sont surpris de ne pas entendre le bruit des voitures. Évidemment, ils ont parcouru une centaine de mètres sur un chemin nous éloignant du bitume. Ils sont en admiration devant tous les oiseaux qui volent à proximité et qui font également le bonheur de notre chêne. Tourterelles, merles, moineaux, mésanges se côtoient, tout cela dans une grande diversité de chants tant par l’intensité que par la hauteur et le timbre des sons émis. Par exemple, les pinsons, varient leur mélodie en maintenant constamment le rythme, quant au rossignol il est particulièrement caractéristique : il est constitué par deux séries d’un trille d’une seule note et se termine par un gazouillis.
Nous passons aux choses sérieuses diront certains, quelques apéritifs et des amuse-bouches à volonté délient les langues ! … que c’est bon de se retrouver entre personnes de la même famille et reparler de nos ancêtres ! Je m’intéresse depuis de nombreuses années à la généalogie et ces cousins sont heureux que je puisse faire le lien entre nous tous. Puis à partir de ce moment privilégié, Valérie, son mari, Yvon et Caroline, se sentant tellement bien dans notre petit coin de paradis, décident de prolonger leur séjour et ils resteront quatre jours. Dès leur présence, le temps s’est arrêté ! Et au fur et à mesure des conversations, de nos parcours professionnels, de nos échanges sur nos avancements spirituels, mon frère, Jean-Marc, se manifeste. Ouah ! Il s’invite à nos bavardages et se met à dialoguer par l’intermédiaire de Valérie pendant un grand moment. Il nous confirme qu’il a été volontairement tué dans l’exercice de ses fonctions et nous en donne les circonstances. Jean-Marc, ce frère tant aimé, avait attendu le mois de septembre 2011 pour se manifester auprès d’une grande amie « Germaine » par l’intermédiaire de l’écriture automatique. Quand je dis amie, c’est plus que cela ; ils étaient nés le même jour, unis comme une fratrie et c’était un amour indestructible. À l’âge adulte, les deux camarades, « les flammes jumelles », si je peux les nommer ainsi, ont été séparées par la vie professionnelle et personnelle.
Jean-Marc, ce gentil et coquin « frangin », mon frère était un beau blondinet dans son enfance et il était très attachant. Il souffrait certainement comme ses deux sœurs, de la mésentente de nos parents, mais c’est un sujet que nous n’abordions pas, nous subissions cette ambiance ! Nous avions un papa devenu alcoolique à ma naissance, et maman se plaignait tout le temps de son comportement, de son caractère. Je lui avais demandé la raison pour laquelle elle n’avait pas divorcé puisqu’elle n’était pas heureuse.
Effectivement, il y avait peu de divorces à cette époque-là et les femmes étaient dépendantes de leur mari. Elles n’avaient pas le permis de conduire et ne pouvaient pas aller travailler à la ville comme ma mère. Dans un petit village, c’était honteux de divorcer. Elle avait très peu travaillé. Elle avait eu un emploi de quelques heures par semaine ou par mois, je ne sais plus, de secrétaire de mairie. Un autre travail qui lui avait plu, c’était de faire et servir la soupe aux enfants qui mangeaient à la cantine de l’école de la commune. Je n’ai pas connu cette époque de travail à l’extérieur, je l’ai toujours vu à la maison. Elle aidait, lorsque sa santé lui permettait, aux vendanges, au tue-cochon, aux « despourguères ». Mais comme la coutume était de faire manger les voisins et la famille qui aidaient, elle était plutôt derrière le fourneau.
Rien ne manquait lors des repas, j’adorais ces moments de convivialité, surtout les jours de tue-cochon. Maintenant c’est interdit, le peu de cochons élevés dans les fermes qui restent est tué en abattoir. Mais dans mes jeunes années, c’était la tradition dans nos campagnes d’abattre le cochon à son domicile. Je ne délivrerai pas le détail dans ce livre aux plus jeunes qui veulent en savoir plus sur cette coutume. Mes lecteurs qui n’ont pas connu cette époque, merci de vous documenter sur internet. Je mentionnerai juste le travail des enfants, qui étaient autorisés à ne pas aller en classe ce jour-là, car ils devaient aider à nettoyer consciencieusement les boyaux à l’aide de différentes cafetières émaillées, que nous remplissions d’eau. Sous le contrôle des adultes, il fallait que cette tâche soit faite consciencieusement, car ces boyaux deviendraient des saucisses, des boudins. Les saucissons ne se faisaient pas dans mon village maternel, mais seulement dans celui de mes grands-parents paternels, au pied des Pyrénées. Chacun avait sa tâche, les femmes, les hommes et les enfants. Cela s’effectuait l’hiver et j’avais très froid aux mains.
Quant aux vendanges, nous avions une petite vigne, et cela ne prenait que deux ou trois jours. Je manquais l’école qu’une seule journée. Je ne me souviens plus de mon âge, mais mon grand-père m’avait appris à me servir du sécateur pour tailler les grappes de raisins. Pourquoi je me rappelle tous ces repas c’est parce que pour moi c’était la fête avec ceux qui avaient aidé, c’étaient de grands moments de partage et je n’entendais pas mes parents se disputer. Tout le monde paraissait s’amuser, l’alcool aidant. Il y avait du vin rouge ou du vin blanc, notre production. Au dessert c’était « le bourrit », le pastis landais. Notre spécialité, ce gâteau brioché au goût anisé, cuit dans un moule à brioche cannelé.
Concernant les « despourguères », ce travail qui s’effectuait sous forme de veillées consistait à dépouiller les maïs c’est-à-dire de séparer les épis des maïs de leurs feuilles blondes. C’était un moment privilégié et une fois que les maïs étaient ramassés, il fallait faire vite afin que les feuilles ne pourrissent pas sur l’épi. C’était l’occasion pour la famille et les voisins de se réunir et, tout en occupant ses mains, de chanter et se raconter des histoires. Là, j’y assistais quelques heures puis on m’envoyait me coucher, car le lendemain, il y avait école.
Ces coutumes terminées et dès que tout le monde était reparti, notre mère recommençait à se plaindre de ses rhumatismes, de ses hanches et elle n’oubliait pas de critiquer les uns et les autres. Elle vivait des revenus de mon père et de ses parents sous le même toit et eux, ils commençaient à se faire vieux. Mon père avait eu plusieurs métiers : garçons de café à Paris, livreur chez Kronenbourg, chiffonnier dans sa jeunesse.
À cette époque-là, seuls deux hommes possédaient une voiture dans mon petit village de quelques âmes.
Le métier de chiffonnier consistait à passer chez les gens récupérer des choses usagées et il les vendait à des entreprises de transformation ; je me souviens qu’il récupérait la plume de canard. Il avait travaillé également de longues années dans un Lycée s’occupant de l’accueil puis il avait été également agent d’entretien dans cet établissement jusqu’à ce qu’il tombe malade bien avant sa retraite.
Maman râlait tout le temps après papa et un jour je lui avais demandé : « Pourquoi avoir fait cinq enfants ? » Ma mère m’avait répondu « tu sais, il n’y avait pas la pilule autrefois ». Nos parents, en regardant leurs photos, étaient un très beau couple, mais quel gâchis au fil des années ! Papa avec l’alcool, maman avec son caractère et sa double personnalité. Un bémol à son état d’être, elle savait bien recevoir, accueillante et la porte était toujours ouverte.
Quand j’ai commencé ce livre, il y a deux ans à Quarteira, ville de l’Algarve au sud du Portugal, je lui en voulais encore d’avoir traversé une enfance et une adolescence malheureuses. Pardon maman, je ne savais pas !
Maintenant avec le recul et mon cheminement dans le développement personnel, où j’apprends tous les jours, je comprends et j’ai même beaucoup de compassion par rapport à ce qu’elle a vécu. Que de non-dits, que de souffrance pour elle aussi ! Mais avec ma sœur Nicole et mon frère Jean-Marc, nous ignorions sa vie avant nos conceptions.
J’étais constamment manipulée puis rabaissée physiquement et mentalement.
« Si tu ne fais pas ceci, tu n’auras pas cela », « si tu le dis à ton père, tu ne te marieras pas » et toujours des si… »
« Cache tes oreilles, elles sont vilaines, n’attache pas tes cheveux, çà ne te va pas… »
Puis quelques années plus tard, c’était Dédé, mon beau-frère, le mari de ma sœur qui lui aussi aurait pu obtenir le diplôme de la manipulation et de la perversion. Étant une nouvelle proie, ce furent des années difficiles pour ma sœur et moi. Mais surtout des années de peur, d’angoisse. Il en voulait à la hiérarchie de son travail, à sa sœur après la mort de ses parents. Que cela soit ma mère ou mon beau-frère, ils étaient jaloux tous les deux, ils critiquaient tout le temps et tout le monde, mais étaient les meilleures personnes pour ceux qui ne les pratiquaient pas.
Deux profils de ma famille ayant eu cette capacité à me rabaisser, à me perturber, à obtenir ce qu’ils voulaient : ma mère et mon beau-frère, mari de ma sœur. Ce dernier, étant donné qu’il avait usé de toutes ces ressources pour anéantir ma sœur, il avait eu la judicieuse idée de s’en prendre à moi. Ces deux personnes de notre entourage très néfastes pour notre mental s’entendaient très bien. Que ce soit l’un ou l’autre, dès que les convives étaient repartis, ils ne manquaient pas de faire des commentaires désobligeants sur chacun. Je ne vous parle pas des gens du village ou de leurs connaissances. Leurs mauvaises pensées me mettaient très mal à l’aise ; je ne comprenais pas le pourquoi de ces critiques !
Avec le recul, je me rendais compte qu’ils mentaient, ils ne se remettaient jamais en question, ils communiquaient différemment en fonction des personnes et des situations.
Nous, ses enfants, nous étions considérés comme des êtres imparfaits, notamment les deux filles, qu’elle ne trouvait pas belles. Nous étions constamment jugées, dévalorisées.
Ce n’est pas étonnant que nous n’ayons pas confiance en nous.
Aucune compassion, le verbe aimer ne faisant pas partie de son langage pas plus que les câlins. Elle voyait le mal partout, elle voulait qu’on l’admire, qu’on la félicite. Vis-à-vis des gens, elle voulait garder une belle image d’elle et il ne fallait pas que ces enfants lui fassent honte.
« Que vont dire les gens si tu fais ça ! »
Afin de comprendre la négativité des personnes néfastes auprès de moi, j’ai cheminé jusqu’au développement personnel et j’ai compris également un nouveau concept : l’effet miroir.
Cela peut paraître anodin, nous en entendons de plus en plus parler dans les livres de développement personnel. Et pourtant, l’effet miroir est sans doute l’un des outils les plus pratiques qui aient été découverts au cours de ces dernières années. C’est un concept qui reprend la notion de cause à effet, mais l’applique à un niveau très personnel. Il part du principe que chaque situation vécue et le ressenti qui l’accompagne est l’effet d’une cause qui se trouve à l’intérieur de nous-mêmes. On parle d’effet miroir parce que l’autre, ou la personne en face de nous, agit d’une manière qui nous renvoie à notre propre réalité. Cette réalité peut être positive ou négative, mais l’autre l’a simplement projetée en adoptant une posture qui nous réjouit ou nous agace ; l’autre devient donc notre miroir. Carl Gustav Young disait « tout ce que nous voyons chez les autres n’est que le reflet de nous-mêmes ».
Donc j’ai essayé de comprendre. Les relations entre ma mère et moi-même étaient très souvent ambiguës. Elle me voyait comme elle, il fallait que je lui ressemble. J’étais le substitut d’elle-même et elle se projetait dans ma vie. Elle souhaitait me protéger du monde extérieur au risque de m’étouffer. Dans l’espoir que je réussisse mieux qu’elle, elle me transmettait ses désirs. Quelle que soit la relation avec sa mère, cet effet miroir joue immanquablement.
Ma prière fréquente était : je ne veux pas ressembler à ma mère.
Pourquoi notre mère était ainsi avec ses filles ? C’était notre questionnement. Ma sœur, mon aînée de 9 ans, me disait qu’elle pensait qu’elle avait eu une enfance gâtée, avec des parents aimants, malgré la guerre et vivant à la campagne, elle n’avait manqué de rien, petite fille.
Mais Nicole ne connaissait pas le passé de nos grands-parents, pas plus que moi bien plus jeune. Notre grand-mère Maria avait eu une aventure avec un de ses beaux-frères, révélation après le décès de notre mère. Un non-dit qui bouleversa sa vie et un peu la nôtre surtout par rapport à l’arbre généalogique !
Maria est décédée en 1970, après des années de paralysie à la suite d’un accident vasculaire cérébral, j’avais 17 ans. Celui que j’ai toujours considéré comme mon grand-père, Emile, Antoine est décédé en 1980. C’était mon parrain.
Le souvenir négatif du couple que j’en ai, c’est qu’ils se disputaient uniquement le soir quand ils allaient se coucher. Mais pourquoi ?
J’entendais les injures qu’il proférait à ma grand-mère, car ma chambre était juste au-dessus de la leur et seulement un plancher pour moi et un plafond en bois pour eux nous séparaient. Les paroles étaient en patois, mais je les comprenais et pour des oreilles d’enfants ce n’était pas très gentil pour ne pas dire grossier.
Le patois, c’était le parler local des anciens, le dialecte. Dans le village des Pyrénées, il était différent, mais d’entendre parler mes grands-parents de là-bas, lors de mes vacances, je les comprenais également. Ils me parlaient en français, car à l’école il était interdit de parler patois et mes parents étaient vigilants.
Certaines journées et presque toutes les soirées, avant que je monte me coucher, ma mère et mon père prenaient le relais en se chamaillant de plus en plus souvent, car mon père était de plus en plus alcoolisé. Pourquoi s’était-il mis à boire ?
Après mon certificat de fin d’études (CEP), je demandais à mes parents de m’inscrire à l’internat afin de poursuivre mes études que ma mère avait choisies pour moi : secrétaire. J’avais eu leur accord, pour une fois, j’étais entendue.
Ces trois années d’internat furent une grande délivrance. Je rentrais tous les vendredis soirs et je repartais tous les dimanches en fin d’après-midi. Je retrouvais mes copines et surtout celle qui est ma grande amie encore aujourd’hui. J’étais heureuse toute la semaine. Comme j’ai toujours voulu apprendre, j’ai excellé en sténographie et en dactylographie. J’obtins le Certificat d’Aptitude Professionnelle (CAP) de sténo-dactylographe. Nous n’étions que cinq dans la classe de trente à l’avoir obtenu. Durant ces années de lycée, l’année 1968 avait énormément perturbé les élèves, les professeurs, les cours… Il y avait de nombreuses grèves. Seules les filles internes étaient enfermées. Il y avait très peu de garçons demi-pensionnaires ou externes, en cours de comptabilité. On nous gardait dans la cour de récréation et au cours de la semaine nous avions très peu d’information sur la gravité des évènements afin de ne pas nous angoisser. Je retiendrai une heureuse nouvelle de cette époque, ce fut l’annonce de la naissance de mon neveu, fils de Nicole, le 20 mai 1968.
Après ces trois belles années, le lycée professionnel me proposa de partir dans un autre lycée, mais à une cinquantaine de kilomètres afin de poursuivre mes études. Je voulais également tenter le concours des postes, mais il fallait que je parte à Paris et également que j’attende un an, car j’étais trop jeune. Donc, là j’avais essuyé les deux refus. « Tu ne vas pas partir, tu vas travailler, on aura besoin de toi ici. »
Ils peuvent être satisfaits, leur fille n’a fait que travailler jusqu’à ce jour.
J’ai réussi professionnellement dans mes deux métiers : secrétaire et assistante familiale, vingt années environ dans chaque activité. Que cela soit dans mon métier de secrétaire, même si ce n’était pas mon choix, ou dans mon métier d’assistante familiale, je ne comptais pas mes heures et je ne refusais jamais un surcroît de travail.
Pourquoi je travaillais autant : je reportais mes problèmes personnels dans la sphère professionnelle. Je me surinvestissais pour ne pas revenir sur mes angoisses. Même si je ne vivais plus dans sa maison depuis mon mariage, ma mère habitait à 100 m et nous l’avions toujours sur « le dos ».
Patrick travaillait beaucoup également, et à la maison, il fallait également assumer le quotidien d’abord avec nos enfants puis après avec les enfants placés.
Souvent, j’entendais de la part de connaissances : « pourquoi, tu es toujours à fond ? »
Un jour j’ai acheté une chaise relax. Patrick m’a dit que c’était inutile, car je n’y poserai jamais les fesses. Il avait raison.
J’avais tellement été briefée par ma mère qu’il fallait que je travaille, j’avais honte de me reposer. Je ne serais pas une bonne épouse ou une bonne mère si on me voyait allongée dans la journée. Je ne voulais pas décevoir ma famille.
Quand j’étais malade, mais pas gravissime, comme angines, bronchites chroniques, gastros, plus occasionnellement, il était hors de question que je prenne un arrêt de travail. Quant au chômage, il ne fallait même pas que je m’en préoccupe, de toute façon, je pensais régulièrement que j’aurais du travail. Je ne connaissais pas la loi d’attraction à ce moment-là.
J’ai même eu une entorse au genou après une chute de ski, j’ai souffert très longtemps, ne pouvant pas conduire et je me déplaçais difficilement, Patrick me conduisait au travail.
Ne voulant pas m’arrêter, c’est comme cela que j’ai failli laisser ma vie lors d’une péritonite avec complications durant six mois avec deux interventions chirurgicales. Mon hépatite virale (jaunisse) m’a maintenue au lit, sans quitter la chambre trois mois et autant pour la convalescence.
Puisque je ne savais pas m’arrêter, là, je n’ai pas eu le choix de mes repos forcés, mon corps disait stop.
J’ai eu la chance d’avoir trois beaux bébés biologiques avec trois grossesses pathologiques malgré 4 mois passés allongée pour ma fille, 7 mois pour Cédric, 6 mois pour mon troisième fils. Du coup, j’ai tout de même travaillé dans mon lit : canevas, tricot, crochet, lecture, il m’était impossible de rester inactive. Patrick m’avait installé la télévision dans la chambre, mais je préférais lire.
Après avoir lu le livre « Ho’Oponopono » du Docteur Luc Bodin, médecin diplômé en cancérologie clinique et spécialiste en médecines naturelles, je me suis intéressée à un autre de ses ouvrages « La loi d’attraction ».
« Notre pensée attire à chaque instant un de ces potentiels qui se manifeste alors dans notre existence. Elle influe ainsi sur tous les évènements de notre vie, les bons comme les mauvais. Nous sommes souvent dominés par nos pensées inconscientes qui ne sont pas toujours très positives à notre égard ».
Un travail de longue haleine m’attendait. Il fallait que je commence par réfléchir à toutes les fausses croyances qui m’avaient été inculquées.
J’apprenais que la pensée était une vibration. Chaque émotion, tout comme chaque ressenti, chaque idée, chaque envie, chaque désir…, présente une vibration qui lui est propre. Or, dans l’univers tout est vibrations. La plupart du temps, notre esprit, sous l’effet du mental, de notre ego, des émotions et surtout de notre inconscient, émet des pensées disparates et, surtout, pas toujours positives à notre égard à cause de nos peurs, nos doutes et nos croyances limitantes. Nos pensées positives nous apportent un environnement harmonieux, alors que les négatives génèrent les situations difficiles. Si on veut changer ces dernières, il suffit de modifier nos pensées. Le docteur Bodin précise dans son livre que je recommande que c’est nous qui créons la chance et la malchance. « L’homme est le seul maître de son destin ».
Certaines situations peuvent durer longtemps et parfois toute notre vie si nous ne prenons pas conscience qu’il faut que nous apprenions à modifier nos pensées et notre langage.
On pourrait dire qu’une pensée limitante est un poison de l’esprit. Plus pragmatiquement, il s’agit de l’ensemble des idées ou certitudes négatives que l’on considère comme vraies et qui sont si solidement ancrées qu’elles brident les envies et les ambitions de ceux qui les ont en eux. N’importe quel type de personnalité peut être prisonnière de pensées limitantes. Les caractères tristes et pessimistes comme les plus positifs. Heureusement, il est possible de s’en débarrasser. La première étape et d’en comprendre leur origine. Nous ne les avons pas par hasard. Elles nous viennent de l’héritage culturel, notre éducation et de l’expérience sociale, expériences vécues. Concrètement, la croyance limitante est un obstacle psychique qui va s’opposer à toute tentative de réaliser une action importante pour soi. Cela génère un véritable blocage intérieur, occasionnant un manque de confiance en soi et en ses capacités. Il n’est pas rare que les croyances limitantes soient entretenues par l’entourage. En ce qui me concerne, c’est par ma mère puisque je n’ai pas échappé à tout ça. Mon cheminement de vie a été marqué par ces expériences douloureuses que sont les blocages dont on ne parvient pas à s’affranchir. En conséquence, voulant avoir une vie meilleure psychologiquement, j’ai eu la chance de découvrir « La loi d’attraction ».
J’ai mis de la distance physique entre moi et certaines personnes qui m’empêchaient de me réaliser, j’ai fait le bilan des croyances que l’on m’avait inculquées ainsi que des croyances religieuses et j’ai lu de nombreux livres pour essayer de comprendre.
Quelques indices pour repérer nos croyances limitantes, car elles sont généralement formulées comme une évidence ou une généralité. Elles contiennent souvent « toujours », « jamais », « personne », « tout le monde », « chaque fois », « je suis trop… » ou « je ne suis pas assez ».
Quelques exemples de fausses croyances : « les hommes, tous des infidèles ».
Quand j’avais appris à ma mère que mon amoureux était militaire, elle m’avait répondu : « tu verras, les militaires sont comme les marins, ils ont une femme à chaque port ». 2022 est l’année de nos cinquante ans de mariage !
« Il faut travailler dur pour réussir ». Merci maman, je t’ai écoutée.
« Il y a et il y a eu des enfants handicapés dans la famille de Patrick, tu ne peux pas te marier avec lui ». En conséquence, j’ai très mal vécu psychologiquement la grossesse de ma fille, l’aînée, surtout qu’à quatre mois j’ai fait une hémorragie importante et les échographies n’existaient pas encore. Heureusement, nous n’avons aucun enfant handicapé. Sur trois grossesses, deux grossesses pathologiques avec placenta prævia, ce n’est pas anodin.
« Tu ne vas pas changer de métier à 40 ans et t’occuper d’enfants à faire la bonne à tout faire ». J’ai changé de métier qui m’a énormément épanouie et j’ai même passé avec succès le diplôme d’état : le DEAF à 50 ans. (Diplôme d’État d’Assistante Familiale) J’avais une multitude d’activités très enrichissantes et variées.
Marie-Madeleine, Mado pour certains, mais la plupart du temps nommée Madeleine est décédée en janvier 2014. Ce n’est que l’été 2016 que nous avons appris que mon véritable grand-père était notre grand-oncle, décédé lorsque j’avais 9 ans. Ce généreux tonton avait une femme « tantine » que j’adorais, mais il avait aussi deux belles-sœurs qu’il avait gâtées avec un enfant chacune. Puis, un jour, les langues se sont déliées, mais trop tard pour en discuter avec les personnes concernées, décédées. Ma mère savait tout ça, et de son vivant, elle n’a jamais fait aucune allusion à ces situations.
Que de non-dits ! … dans notre famille et celle de mon mari dont je ne parlerai pas dans ce livre.
C’est une chose qui n’a pas été dite, une réponse, une explication que l’on ne nous a pas donné quand il le fallait. Il est important de bien différencier le non-dit qui relève du secret (de famille entre autres), sujet de ce livre et le non-dit par manque d’affirmation ou désir de retenir de l’info et avoir un certain pouvoir.Par exemple, nous n’osons pas dire ce que l’on pense ou dire ce que nousavons sur le cœur. Nous pouvons être face à une personne qui fait de la rétention d’information, elle omet de nous donner l’information importante.
Les secrets, les mensonges, cela peut faire des ravages au sein d’une famille. Le dialogue entre parents et enfants est primordial pour lever les tabous et mieux comprendre son histoire. Ce sont des faits difficiles à révéler. Donc l’imagination d’un enfant peut combler le manque. Une confiance qui s’estompe, des mensonges dommageables… Les adultes tentent de dissimuler des faits « honteux » pour protéger leur image et ils pensent, à tort, protéger la vie de leur enfant. Ces mensonges, proférés souvent dans de bonnes intentions, entraînent parfois des conséquences catastrophiques. Si un secret peut empêcher un enfant de se construire sereinement, c’est bien parce qu’il devine qu’on lui cache quelque chose. L’enfant risque alors de combler les « trous » avec son imagination, inventant des peurs, pouvant somatiser et pouvant perdre la confiance envers ses parents.
Je savais que j’avais un frère qui s’appelait Christian et qui était décédé à la naissance en 1943, dix ans avant mon arrivée. Il était trop petit m’avait-elle dit. Elle m’avait montré une photo de son premier fils dans les bras de mon père. Durant toute ma petite enfance, je rêvais qu’il n’était pas mort et qu’un jour, il retrouverait notre maison. Je lui parlais fréquemment. J’avais perdu également une petite sœur Eliane née en 1945 et elle était décédée le lendemain de sa naissance, ma mère m’avait dit qu’elle était viable et elle était décédée à la suite d’une erreur médicale, une piqûre.
Quelle famille n’a pas ses secrets ? Pourtant, petits ou grands, ils risquent d’engendrer de lourds conflits familiaux et individuels qui pèsent sur plusieurs générations. Certaines histoires enfouies pèsent sur notre existence, provoquant mal-être ou névroses persistantes dont on ne trouve pas forcément la cause.
Celui qui garde un lourd secret, ici ma mère, qui ne s’est jamais libérée de ce fardeau. Je compatis actuellement, car elle a dû énormément souffrir de savoir que son père biologique était son oncle. J’admire celui qui l’a élevée, éduquée, mon parrain et celui que j’ai toujours considéré comme mon grand-père « pépé ».
Le dernier non-dit, il vient de m’être révélé. Papa me disait fréquemment ainsi qu’à ma sœur (notre frère je ne sais pas) : vous avez des racines espagnoles. J’ai longtemps recherché en vain dans ma généalogie. Papa est décédé avec son secret. Avec ma sœur, il y a quelques années, nous avons fait un test ADN : 99 % Ibères.
Récemment, cela me perturbait de ne pas savoir, donc j’ai recommencé mes investigations et je me suis orientée vers ma famille paternelle. J’ai demandé à une de mes cousines, car sa grand-mère, était la marraine de mon père. Elle m’a parlé des déplacements de mes grands-parents à Paris, ils se croisaient. Ma grand-mère revenait de temps en temps à son village natal. Je me suis appuyée sur les différentes dates de guerre, des Espagnols qui avaient pu émigrer dans ce village ou aux alentours, des photos. J’ai trouvé que dans les années 1920/1921 beaucoup venaient aider aux travaux des champs. La marraine et tante par alliance de mon père était Espagnole, sa famille était venue habiter en France. Cette grand-tante avait un frère qui s’appelait Antoine. Il avait été l’amoureux de ma grand-mère d’où la naissance de mon père. Je comprends mieux la vie séparée de mes grands-parents et leurs disputes. Je comprends mieux le mal-être de mon père, certainement qu’il avait eu son enfance perturbée avec ces non-dits et ces origines. Lui, il savait qu’il avait un papa espagnol.
À l’heure où je vous écris, j’en souris. J’ai avancé dans le développement personnel et j’accepte mes nouvelles origines. Je ne suis pas étonnée, j’adore l’Espagne, la paëlla et la sangria.
Ce qui pourrait m’ennuyer le plus, c’est mon arbre généalogique avec deux grands-pères qui ne sont plus mes grands-pères biologiques, mais tant pis, je vais continuer avec, le passé est derrière et il ne me perturbe pas. Je vis agréablement le mieux possible le moment présent.
Il était métayer. J’ai vécu dans sa ferme jusqu’à l’âge de 5 ans, elle se trouvait à 1,5 km du village où j’ai fait toute ma scolarité, où j’ai eu toute mon éducation religieuse, du baptême à la confirmation comme tous les enfants de l’époque. Nous n’avions pas le choix, cela faisait partie des croyances et éducation de nos parents. Nous allions à la messe tous les dimanches, avec les beaux habits et nos plus belles chaussures uniquement ce jour-là. Je me souviens de la belle robe, toujours la même, que je portais jusqu’au changement de saison, puis les chaussures blanches l’été, nettoyées avec le tube de blanc et une petite brosse, et les chaussures noir verni l’hiver.
Donc avec Pépé, ma grand-mère Mané, mes parents, ma sœur et mon jeune frère, nous vivions dans cette propriété qui n’était pas la nôtre. Il était métayer. Je me souviens qu’il travaillait très dur, car il fallait qu’il reverse la moitié de toutes ses récoltes au propriétaire. Son métier c’était résinier ou gemmeur.
La forêt des Landes de Gascogne est un massif forestier du sud-ouest de la France située en Nouvelle-Aquitaine. D’une superficie de près d’un million d’hectares, elle est la plus grande forêt artificielle d’Europe occidentale.
Donc, imaginez bien qu’avec tous ces pins, il y avait beaucoup de travail pour un nombre considérable de métairies.
Pépé effectuait des saignées dans les pins et il en récoltait la résine qui s’en écoulait. À cette époque-là, tous les pins adultes étaient résinés. Si vous vous promenez dans les belles forêts des Landes, actuellement se font rares les petits pots en terre cuite qui étaient accrochés aux pins afin de récolter la résine. Cette activité appelée gemmage et pratiquée déjà durant l’Antiquité s’est peu à peu éteinte pour des raisons économiques.
L’utilisation de la résine de pin s’était diversifiée peu à peu et on la retrouvait dans la composition des bougies et des torches ou dans les onguents utilisés pour soigner les affections respiratoires. La distillation de la résine permettait également d’obtenir de l’essence térébenthine et de la colophane et plein d’autres dérivés.
Ce métier a disparu en 1990.
Mané s’occupait de la volaille, du jardin. Ils élevaient des canards, pour les confits, les pâtés et les foies gras et ils engraissaient également un cochon ; ils avaient également quelques lapins. Nous vivions des produits de la ferme. L’épicier passait une fois par semaine avec son camion et là, nous avions droit à quelques yaourts nature, du fromage Edam ou croûte rouge, comme on aimait l’appeler et du gruyère.
Ils travaillaient la terre et ils avaient quelques vaches que j’allais garder avec lui. Je me souviens qu’il m’apprenait à compter en faisant des traits dans la terre avec son bâton, l’aiguillon. Les jeudis après-midi, j’accompagnais pépé aux travaux des champs.
Jusqu’en septembre 1972, dans la scolarité française, le jeudi était jour de congé tandis que le mercredi était travaillé : l’abandon progressif du samedi après-midi comme période de travail amena à rééquilibrer la semaine en basculant le repos du jeudi au mercredi.
Avant de semer le maïs, il fallait labourer la terre et faire des sillons c’est-à-dire une mince ligne creuse. Pour effectuer ce travail, il fallait qu’il attelle son ânesse qu’il appelait Marquise, à la charrue, cet outil agricole, puis c’est là que j’intervenais. Marquise était très têtue, et souvent elle ne voulait pas marcher droit, donc à ses côtés, je la tenais par la bride fixée sur sa tête pour la guider. Parfois, c’est moi qui me faisais gronder, car je n’étais pas très concentrée et ces grandes lignées n’étaient pas droites.