Arménie - Encyclopaedia Universalis - E-Book

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Encyclopaedia Universalis

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Beschreibung

Située au nord-est de l'Anatolie, l'Arménie s'étend approximativement de la mer Noire aux lacs de Van, Sevan et Ourmia. Le mont Ararat (5 165 m), sommet mythique où se serait échouée l'arche de Noé, en est son pivot géographique et symbolique. Son histoire commencerait aux alentours du VIIe siècle avant J.-C. ..

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ISBN : 9782852298804

© Encyclopædia Universalis France, 2019. Tous droits réservés.

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Arménie

Introduction

Située au nord-est de l’Anatolie, l’Arménie s’étend approximativement de la mer Noire aux lacs de Van, Sevan et Ourmia. Le mont Ararat (5 165 m), sommet mythique où se serait échouée l’arche de Noé, en est son pivot géographique et symbolique. Son histoire commencerait aux alentours du VIIe siècle avant J.-C. Les origines du peuple arménien sont encore très mal connues. Rapidement, il fonde un puissant royaume qui deviendra en 301 après J.-C. le premier « État » officiellement chrétien. La situation géographique de l’Arménie, au carrefour de tous les grands empires (mède, perse, macédonien, romain, byzantin, seldjoukide, ottoman et russe), lui vaut le triste privilège d’être un des principaux champs de bataille de la région. Les périodes d’occupation et de sujétion ne sont entrecoupées que de brèves périodes d’indépendance. Cependant, tous ces envahisseurs ne pourront jamais éradiquer l’identité nationale arménienne. L’Arménie ne cessera de renaître de ses cendres. Malgré les terribles massacres de 1915, le premier génocide du XXe siècle, malgré une soviétisation totale d’une partie de leur territoire en 1920, les Arméniens, solidement attachés à leur religion, leur culture et leur langue, ont continué à sauvegarder leur personnalité soit en diaspora, soit en république socialiste soviétique d’Arménie. Depuis 1975, on assiste même à un réveil du nationalisme arménien. Ce réveil se traduit par la proclamation de l’indépendance du pays en 1990 peu avant la disparition de l’U.R.S.S., dans un contexte particulièrement difficile : paupérisation généralisée, guerre avec l’Azerbaïdjan, blocus économique turc, dislocation de la Géorgie, guerre en Tchétchénie.

Arménie : drapeau. Arménie (1918 ; réad. et modif 1990). Lors de la désagrégation de l'U.R.S.S., la nouvelle République d'Arménie réadopta le 24 août 1990 le drapeau de sa première république (1918-1920). La seule différence est la conservation des proportions soviétiques 1 : 2 au lieu des 2 : 3 d'origine. Le tricolore horizontal rouge, bleu, orange aurait été une manière de rappeler les couleurs des Lusignan, rois de Cilicie arménienne jusqu'en 1375 et dernière maison régnante nationale, afin de souligner la continuité historique de l'État.

Christophe CHICLET

1. Géographie

Partie caucasienne de la Grande Arménie, sans ouverture maritime, l’Arménie, petit territoire de 29 800 kilomètres carrés, affronte de graves difficultés dues en grande partie à son histoire douloureuse et à son isolement physique et géopolitique. Situé à un croisement géostratégique, au sud du Caucase, entre Orient et Occident, le territoire arménien est au cœur d’enjeux de pouvoir. Carrefour millénaire, entre mer Noire et mer Caspienne, il devient, sous la période soviétique, un cul-de-sac au sud de l’U.R.S.S., puis, après 1991, un couloir nord-sud, entre Moyen-Orient et Russie. Depuis la chute de l’U.R.S.S. et l’entrée dans l’économie de marché, la situation du pays est aggravée par le blocus des trois quarts de ses frontières, imposé par ses voisins turcophones en raison du conflit du Haut-Karabakh (1991-1994), non encore résolu, qui l’oppose à l’Azerbaïdjan.

Membre de la Communauté des États indépendants (C.E.I.) depuis sa création en décembre 1991 et quarante-deuxième État membre du Conseil de l’Europe depuis le 25 janvier 2001, l’Arménie reste liée à la Russie par des accords politico-économiques qui lui assurent une certaine sécurité face à ses voisins turcs et azéris. La sécurité territoriale et énergétique commande, pour une large part, ses alliances avec Moscou et Téhéran, alors que l’Azerbaïdjan et la Géorgie s’inscrivent dans l’axe Washington-Ankara. Ne partageant pas de frontière avec la Russie, l’Arménie bénéficie du voisinage particulièrement précieux de l’Iran : un gazoduc, commencé en 2004, en voie d’achèvement, lui permettra de renforcer son indépendance énergétique.

• Un pays de haute montagne

Citadelle perchée dans le sud du Caucase, l’Arménie a une altitude moyenne de 1 800 mètres et 90 p. 100 du territoire se situent à plus de 1 000 mètres. Le massif arménien culmine à 4 090 mètres au mont Aragatz, constituant l’ensemble volcanique central. Sa richesse géologique le définit comme le karastan, ou « pays des pierres », caractérisé par un ancien volcanisme et l’instabilité tectonique, sur la ligne de faille nord-anatolienne. Le séisme du 7 décembre 1988 fut l’un des plus meurtriers en Arménie : il fit plus de 70 000 morts, entre Gumri (ex-Léninakan) et Vanadzor (ex-Kirovakan), au nord du pays.

Le mont Ararat, avec ses deux cônes volcaniques mythiques, Sis (3 925 m) et Massis (5 165 m), est visible de toutes parts. Aujourd’hui en Turquie, depuis le traité de Kars de 1921, exclu du territoire arménien, il continue à symboliser l’arménité.

La continentalité est le trait majeur du climat de l’Arménie, avec de fortes amplitudes thermiques (de — 35 0C à + 40 0C) et une pluviométrie (nivale et pluviale) globalement faible (624 mm/an) aggravée par la sécheresse estivale, d’où un déficit en partie comblé par les ressources du réseau hydrographique.

Partie du château d’eau caucasien, l’Arménie est dotée de ressources en eau abondantes : 6,49 milliards de mètres cubes d’eaux de surface et d’importantes réserves souterraines. L’Araxe, fleuve frontalier avec la Turquie et l’Iran, est la colonne vertébrale du système hydrographique ; avec l’Akhourian, son affluent principal, son bassin couvre 76,6 p. 100 de la superficie du pays. Élément majeur du dispositif hydrologique, le lac Sevan, un des plus vieux lacs du monde, est un réservoir d’eau douce suspendu à 1 900 mètres d’altitude. Durant la période soviétique, son exploitation forcée pour l’industrie et l’irrigation en a fait baisser le niveau de 18 mètres : c’est la plus grande catastrophe écologique de la région. Un programme coûteux de réhabilitation du système lacustre met en œuvre des transferts de bassins entre les rivières Vorotan et Arpa, puis de l’Arpa au lac Sevan

• Population, urbanisation et société

Au recensement de 2011, la république d’Arménie comptait officiellement 2 871 500 habitants contre 3 800 000 en 1991. Fuyant le chaos postsoviétique, les forces vives ont quitté le pays. Aspirés par la diaspora arménienne dans le monde, les émigrants contribuent à l’amélioration du revenu familial mais affaiblissent le potentiel humain du pays. Le taux d’accroissement naturel est faible, 3,7 p. 1000, et même si le taux de natalité enregistre une légère remontée (+ 1,6 p. 1000 depuis 2002), il reste peu élevé, 11,7 p. 1000 (moyenne mondiale : 21 p. 1000) tandis que la mortalité infantile demeure élevée (11,6 p. 1000).

La société arménienne compte 98 p. 100 d’Arméniens. Cette monoethnicité renforce le sentiment identitaire de la population et conditionne les recompositions socio-spatiales en cours, comme la « réarménisation » de villages vidés de leurs habitants azéris.

Le réseau urbain est fortement déséquilibré : 64 p. 100 de la population vit en ville. Erevan concentre 1 127 300 habitants (janvier 2012), soit 38,5 p. 100 de la population arménienne et 60 p. 100 de la population urbaine. Gumri et Vanadzor, respectivement deuxième et troisième villes du pays, arrivent loin derrière, avec 145 900 et 104 900 habitants. Un phénomène transitoire de recomposition du tissu économique due à la désindustrialisation des villes, avec l’effondrement de l’appareil productif, et au développement d’un secteur primaire « par défaut » (ou « de survie »), particulièrement perceptible dans les campagnes, conduit à un processus de « revillagisation » des petites villes et confirme les profondes mutations en cours, dans un contexte d’affaiblissement économique aggravé hors de la capitale.

• Une économie postsoviétique en transition

En quinze ans, l’Arménie, soutenue par des organismes internationaux (Banque mondiale, Banque européenne pour la reconstruction et le développement), mais pénalisée par le blocus, a réussi à réduire son inflation (4 962 p. 100 en 1994, 175 p. 100 en 1995, 2,2 p. 100 en 2005) et enregistre, depuis 2004, un taux de croissance plus qu’honorable. Le P.I.B., qui a doublé depuis 1995, s’est accru de 38 p. 100 de 2002 à 2005. Toutefois, malgré un redressement de la valeur des exportations, ces résultats ne peuvent occulter le déficit de la balance commerciale (— 777,2 millions de dollars pour 2005) alourdi par la dépendance énergétique du pays.

La croissance relative mais rapide du secteur tertiaire (+ 150 p. 100 depuis 1995, représentant 44,8 p. 100 du P.I.B. en 2004) est due surtout à l’explosion du commerce et des services, et rejoint la tendance générale des économies en transition postcollectiviste.

La part de l’agriculture (26,6 p. 100 du P.I.B.), handicapée par la rupture des circuits d’approvisionnement de l’ex-U.R.S.S., a progressé de 25 p. 100 en dix ans. Avec la décollectivisation totale et brutale du secteur agricole en 1991-1992, la privatisation du foncier a généré un microfundium peu productif (1,5 ha en moyenne), tourné vers l’autosuffisance alimentaire. Dans un contexte d’économie libérale, l’agriculture affronte la concurrence et doit revaloriser ses productions emblématiques : vigne, fruits, tabac, légumes, alors que le marché intérieur est déficitaire en aliments de base (viande, lait, céréales) et que les combinats soviétiques d’agroalimentaire ont été fermés. La rupture des anciens réseaux qui approvisionnaient la R.S.S. d’Arménie, ainsi que les effets du blocus subi par le pays, associés à la pénurie énergétique et à de nombreux autres facteurs de désagrégation économique (héritages soviétiques, décollectivisation, matériel agricole et industriel inadapté, etc.) pénalisent la réorganisation de l’économie agricole.

La production industrielle (28,3 p. 100 du P.I.B. en 2004) a subi de plein fouet le choc dû à l’effondrement soviétique. La fermeture, totale ou partielle, des gros combinats a interrompu les productions de base, chimie, textile, mécanique, mais le secteur minier (molybdène, cuivre) connaît une embellie due à la demande mondiale. L’évolution en cours (+ 50 p. 100 du volume ou de la valeur de la production depuis 1995), avec l’émergence de petites unités industrielles, concerne essentiellement une partie (les boissons notamment) de l’agroalimentaire (en volume) et la taille de diamants (en valeur).

Les investissements étrangers proviennent de capitaux russes essentiellement, mais comptent aussi des intérêts français (boissons et technologies) avec Pernod-Ricard, Castel, Alcatel, Air France...

De forts contrastes sociaux caractérisent le processus de transition en cours. Malgré un redressement considérable depuis l’indépendance, le revenu moyen reste faible, soit l’équivalent de 90 euros par personne et par mois (2004), et près de 45 p. 100 de la population vivent au-dessous du seuil de pauvreté.

Françoise ARDILLIER-CARRAS

2. Histoire

• L’Arménie antique

Les origines de l’Arménie et du peuple arménien sont encore largement méconnues. Si plusieurs hypothèses sont avancées, la plus plausible fait état du mélange d’un peuple indo-européen de la branche thraco-phrygienne avec des autochtones d’Ourartou. Ces derniers auraient mis sur pied leur royaume dès le début du IXe siècle avant J.-C. et fondé l’actuel Erevan (Erebouni) en 782 avant J.-C. Deux siècles plus tard, les Thraco-Phrygiens venus des Balkans déferlent sur l’Anatolie, détruisant au passage l’empire hittite, et viennent se fixer sur les hauts plateaux bordés par les chaînes du Caucase et du Taurus. Le peuple arménien serait issu de ce mélange. Moins d’un demi-siècle après, les Arméniens passent sous la tutelle des Mèdes puis des Perses achéménides. Ces derniers, défaits par les armées d’Alexandre le Grand en 331 avant J.-C., abandonnent l’Arménie aux Macédoniens. En 190 avant J.-C., Antiochos III, l’un des successeurs d’Alexandre, est battu à son tour par les Romains. Artaxias et Zareh, alors gouverneurs des deux provinces arméniennes, proclament leur indépendance. À la mort de Zareh, Artaxias unifie l’Arménie et en agrandit les frontières. En 95 avant J.-C., Tigrane, son successeur, monte sur le trône et devient rapidement Tigrane le Grand, prestigieux fondateur de l’empire d’Arménie qui s’étendra de la mer Noire à la Caspienne et à la Méditerranée. Mais, en 66 avant J.-C., cet empereur arménien épris d’hellénisme est battu par les légions de Pompée. Devenue protectorat romain, l’Arménie est dirigée par les successeurs de Tigrane jusqu’en l’an 2 après J.-C. Après une période de troubles intérieurs, elle tombe aux mains d’une dynastie parthe : les Arsacides. C’est un de ses rois, Tiridate III, qui, en 301, proclame le christianisme religion d’État. L’Arménie devient ainsi le premier royaume officiellement chrétien. Grigor, le premier catholicos (pasteur suprême), est sanctifié sous le nom de Grégoire l’Illuminateur, d’où la dénomination d’Église grégorienne pour qualifier le culte arménien. Dans la foulée, les Arméniens abandonnent l’écriture grecque pour utiliser leur propre alphabet, inventé par Mesrop Machtotz. Les deux piliers de l’« arménité » sont désormais en place. En 428, l’Arménie, bien qu’assujettie une nouvelle fois par la Perse sassanide, conserve sa liberté de culte.

• L’Arménie médiévale et moderne

À la fin du VIe