Chérophobie : quand le bonheur fait peur - Véronique Lopez - E-Book

Chérophobie : quand le bonheur fait peur E-Book

Véronique Lopez

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Beschreibung

La chérophobie, ce mal insidieux qui empoisonne le bonheur L'auteur, Véronique Lopez, qui exerce la psychothérapie depuis de longues années, explore dans cet ouvrage un trouble encore peu identifié : la peur panique du bonheur. Elle nous plonge au coeur du quotidien bouleversant des chérophobes, incapables de savourer les joies simples de l'existence. À travers des témoignages touchants, elle analyse avec finesse les racines de leur peur irrationnelle. Car, derrière des symptômes étranges se cachent souvent des blessures profondes : un traumatisme d'enfance, un deuil douloureux, des échecs répétés... Autant d'épreuves qui ont transformé la perspective du bonheur en une source d'appréhension. Accessible à tous, ce livre se veut aussi porteur d'espoir. Il présente de nombreuses pistes thérapeutiques permettant de retrouver le goût du bonheur.

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"Pour ne pas devenir très malheureux, le moyen le plus certain est de ne pas demander à être très heureux."

Arthur Schopenhauer

SOMMAIRE

Avant-propos

Introduction

Histoire de la chérophobie

Principaux symptômes de la chérophobie

Les différentes facettes du chérophobe

Des origines traumatiques

Les autres sources de la chérophobie

La chérophobie de l’enfant

Thérapies et traitements

Conclusion

Glossaire

Bibliographie

AVANT-PROPOS

Le bonheur semble si naturel, si spontané pour beaucoup. Une étreinte chaleureuse, un fou rire avec des amis, une victoire professionnelle... Autant de petites joies simples du quotidien, de sources d’épanouissement.

Pourtant, certaines personnes semblent fuir ces moments comme la peste, les perçoivent comme menaçants, contradiction étrange s’il en est. J’ai mis des années à percer le mystère de ce paradoxe. Et si derrière se cachait une véritable phobie, un blocage psychique face au bonheur ?

C’est cette fascinante énigme que je vous invite à explorer dans cet ouvrage. Nous suivrons pas à pas le lent dévoilement du trouble, l'identification de ses symptômes, l'analyse de ses origines souvent enfouies. Puis, nous explorerons les solutions pour retrouver le chemin de la sérénité.

À travers cet ouvrage, je souhaite apporter un éclairage sur cette problématique méconnue qu'est la chérophobie, afin de permettre à ceux qui en souffrent de mieux comprendre et d’apprivoiser leur peur panique du bonheur. Mon ambition est de leur fournir des clés pour entamer un véritable travail thérapeutique et retrouver une vie épanouie. Car la chérophobie, aussi absurde puisse-telle paraître, représente une réelle détresse qui brise bien des existences.

Identifier ses racines et ses manifestations peut être le premier pas vers la guérison.

C’est tout l’enjeu de ce livre : contribuer à sortir la chérophobie de l’ombre, afin que le bonheur puisse à nouveau être vécu sereinement.

INTRODUCTION

Au cours de mes séances de psychothérapie et de psychanalyse, j’ai été confrontée à de nombreux patients souffrant de troubles anxieux et dépressifs. Au fil des années, j'ai réalisé que certains d'entre eux présentaient des symptômes atypiques, que je n'arrivais pas à classer dans les cadres nosographiques habituels. Après de patientes observations, j'ai fini par identifier le dénominateur commun : une peur panique du bonheur et du plaisir. Je me trouvais face à des cas de chérophobie.

Contrairement à la dépression, ce trouble, encore peu diagnostiqué, ne s'accompagne pas d'une humeur triste ou morose persistante. Le DSM-5 décrit la dépression comme "une humeur dépressive présente pratiquement toute la journée, presque tous les jours" (1).

Les chérophobes peuvent au contraire présenter une humeur normale, voire joyeuse, en dehors des épisodes aigus de peur ou de panique face aux situations positives.

Ils ne répondent pas non plus aux critères de perte d'intérêt, de fatigue, de culpabilité excessive ou de troubles du sommeil et de l'appétit définissant un épisode dépressif majeur (1).

Par ailleurs, la chérophobie se distingue des troubles bipolaires, caractérisés par une alternance de phases dépressives et maniaques (2). Le sujet chérophobe ne présente pas de signes typiques de manie comme une euphorie et une hyperactivité anormales, une réduction du besoin de sommeil, des propos et idées accélérés ou encore une augmentation de l’estime de soi.

Bien que pouvant entraîner des souffrances psychologiques, la chérophobie apparaît donc comme une entité nosographique distincte des troubles de l'humeur, ce qui justifie une prise en charge spécifique.

J'ai choisi d'aborder la chérophobie sous différents angles dans cet ouvrage : symptômes, origines, traitements... Plutôt que de présenter le trouble de façon linéaire, ce découpage en chapitres thématiques permet d'approfondir chaque facette, de l'explorer sous toutes ses coutures :

En isolant les manifestations cliniques, nous pourrons les analyser une à une dans le détail, et ainsi saisir la complexité de leur intrication chez le patient.

En disséquant méthodiquement les racines traumatiques de la chérophobie, nous augmenterons nos chances de remonter à la source des blocages du patient.

En dressant un panorama large des solutions thérapeutiques disponibles, nous pourrons orienter au mieux le patient vers les plus adaptées à son profil.

Je précise que certains témoignages décrivent des patients qui ne souffrent pas nécessairement de chérophobie à titre de trouble permanent, mais qui font preuve de cette phobie du bonheur à un moment spécifique de leur existence.

En effet, la chérophobie peut survenir de manière épisodique chez des personnes sans être un état durable. Elle peut être déclenchée par un événement traumatisant ou une période de fragilité, avant de se résorber avec le temps ou grâce à une prise en charge adaptée.

Mon intention est justement d'explorer la chérophobie sous toutes ses formes, y compris transitoires. Cela permet d'enrichir notre compréhension de ce phénomène complexe, qui peut toucher certains de manière située sans pour autant représenter une composante structurelle de leur personnalité.

L'objectif est moins de cataloguer des individus que de discerner des dynamiques psychiques singulières, propres à cette phobie irrationnelle du bonheur sous ses expressions variées.

Cette approche multidimensionnelle, bien que plus exigeante, me semble indispensable pour embrasser dans sa globalité cette problématique encore méconnue qu'est la chérophobie.

(1) DSM-5, American Psychiatric Association, 2015

(2) Haute Autorité de Santé, "Trouble bipolaire", 2010

HISTOIRE DE LA CHÉROPHOBIE

Le terme "chérophobie" vient du grec khaïro "se réjouir" et fóbos "la peur".

La peur du bonheur semble avoir touché certaines âmes sensibles dès l'Antiquité. Le philosophe grec Platon (428-348 av. J-C) évoque dans ses écrits « ces tempéraments qui ne peuvent s'épanouir sans sombrer dans la morosité, comme si tout plaisir leur était une souffrance ».

Au Moyen-âge, le poète persan Omar Khayyám (1048-1131) décrit dans ses vers les affres de « celui qui se complaît dans les larmes, fuyant l'allégresse comme la peste ». On trouve également dans des textes soufis des mentions de cette méfiance maladive pour la félicité.

Plus près de nous, le philosophe français Pascal (1623-1662) aborde la difficulté de certains esprits tourmentés à goûter le bonheur dans ses Pensées : « Rien n'est si insupportable à l'homme que d'être dans un plein repos, sans passion, sans affaire, sans divertissement, sans application ».

Chez Kierkegaard (1813-1855), la peur de la joie transparaît dans son concept de "maladie à la mort", cette incapacité à pleinement vivre qui ronge l'individu.

On trouve des descriptions plus spécifiques de cette phobie du plaisir dès les années 1950, notamment dans les écrits psychanalytiques de Freud. Dans son ouvrage "Au-delà du principe de plaisir" (1920), il évoque le cas de l’un de ses patients, Monsieur S. Lors de leurs séances d’analyse, Freud remarque que Monsieur S. semble systématiquement fuir ou saboter les situations susceptibles de lui apporter du plaisir et de la joie. Par exemple, cet homme d’affaires prospère travaille sans relâche en négligeant sa famille et ses loisirs. Ou encore, il repousse les avances de sa maîtresse qui pourrait lui apporter une relation épanouissante.

Freud émet l'hypothèse que Monsieur S. est animé par une pulsion de mort le poussant à s'infliger des souffrances. Mais au-delà, il décèle une véritable phobie de tout ce qui est agréable et joyeux dans l'existence. Il parle d’"une répulsion morbide pour les situations heureuses, comme si elles dissimulaient un piège ou un danger" (Freud S., 1920).

Bien que Freud ne nomme pas explicitement le terme "chérophobie", cette description clinique correspond parfaitement à ce trouble. Elle montre que ses prémices existaient dans la psychanalyse freudienne, avant même d'être identifiées en tant que telles.

Dans les années 1960-70, le psychiatre Fritz Riemann observe également des cas de patients présentant une "aversion pour tout excès de plaisir" et un "évitement maladif des situations agréables". Il parle d'un "refoulement pathologique de la joie de vivre".

Le psychologue humaniste Erich Fromm décrit lui en 1947 dans son ouvrage "Le complexe d'infériorité" des personnalités présentant une "incapacité à éprouver du plaisir" et un "sentiment de ne pas avoir le droit d'être heureux". Il relie ce trouble à un manque d'estime de soi et à des exigences intériorisées trop élevées.

On le voit, dès le milieu du 20e siècle, plusieurs psychologues et psychanalystes avaient perçu et décrit ce qui allait devenir la chérophobie, même si le terme exact n'était pas encore conceptualisé.

Actuellement, la chérophobie commence à être reconnue comme un trouble spécifique par certains chercheurs et praticiens. Des études récentes estiment qu'elle toucherait 2 à 5 % de la population, avec une prédominance féminine. Cependant, elle reste encore peu identifiée et diagnostiquée en dehors des cercles de psychologues, psychanalystes et psychothérapeutes avertis.

L'enjeu est donc désormais de continuer à documenter ce trouble pour le faire reconnaître officiellement par les autorités médicales et permettre une prise en charge adaptée des patients. Car derrière l'apparente absurdité de la chérophobie se dissimule une détresse bien réelle qui brise de nombreuses vies. Mieux comprendre ce phénomène est la première étape pour mieux le soulager.

PRINCIPAUX SYMPTÔMES

Je préfère préciser d’emblée que mes patients ne viennent pas me consulter en me demandant de les aider à affronter leur phobie du bonheur ou, encore moins, en se déclarant d'emblée "chérophobes". Ce trouble discret met du temps à se révéler. Souvent, ils expriment d'abord d'autres motifs de consultation classiques : problèmes de confiance en soi, difficultés relationnelles, troubles de l'humeur...