Contes de Pirates - Arthur Conan Doyle - E-Book

Contes de Pirates E-Book

Arthur Conan Doyle

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Beschreibung

Le gouverneur de St Kitts - Sir Charles Ewan doit faire pendre le pirate Sharkey mais ce dernier prend la place de Sir Charles sur le bateau du capitaine Scarrow, qui ne connaît pas Sir Charles... Les rapports du capitaine Sharkey avec Stephen Craddock - Son navire étant en cale sèche, Sharkey en profite pour prendre un canot et aller à la chasse au boeuf sauvage. Stephen Craddock utilise le White-Rose pour le faire passer pour le bateau de Sharkey et faire ainsi monter ce dernier dans le mauvais bateau... La flétrissure de Sharkey - Sharkey s'empare du Portobello, prend la cargaison et tue tous les hommes sauf une jeune fille qui était enfermée dans une cabine. Sharkey s'octroie la jeune fille mais rapidement le médecin constate qu'elle a la lèpre... Comment Copley Banks extermina le capitaine Sharkey - Copley Banks veut se venger de Sharkey car il a tué sa femme et ses deux fils. Il se fait ami avec Sharkey et profite que ce dernier ait trop bu d'alcool pour le capturer et le tuer... La Claquante - Bataille entre la Leda et La Claquante. Un pirate de la terre - Sir Henry, magistrat, se fait voleur pour reprendre à Sir George Wilde l'argent que celui-ci lui a mal fait placer...

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Veröffentlichungsjahr: 2017

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Contes de Pirates

Arthur Conan Doyle

Publication: 1922Catégorie(s): Fiction, Action & Aventure, Nouvelles
A Propos Doyle:

Sir Arthur Ignatius Conan Doyle, DL (22 May 1859 – 7 July 1930) was a Scottish author most noted for his stories about the detective Sherlock Holmes, which are generally considered a major innovation in the field of crime fiction, and the adventures of Professor Challenger. He was a prolific writer whose other works include science fiction stories, historical novels, plays and romances, poetry, and non-fiction. Conan was originally a given name, but Doyle used it as part of his surname in his later years. 

LE GOUVERNEUR DE SAINT KITTS

Titre original : Captain Sharkey : How The Governor of Saint Kitts’ Came Home (1897).

 

Quand le traité d’Utrecht eut mis fin aux longues guerres de la succession d’Espagne, les nombreux corsaires qui avaient été utilisés par les nations en lutte se trouvèrent sans emploi. Certains prirent goût aux habitudes paisibles, mais moins lucratives, du commerce ordinaire. D’autres furent absorbés par les flottes de pêche. Quelques téméraires hissèrent le pavillon noir à la misaine et le drapeau rouge au grand mât ; pour leur propre compte ils déclaraient la guerre à toute l’humanité.

Avec des équipages mêlés, recrutés un peu partout, ils écumèrent les mers. De temps en temps, ils disparaissaient pour caréner dans une crique écartée, ou bien ils se livraient à mille débauches dans un port excentrique dont ils émerveillaient les habitants par leur prodigalité et les terrorisaient par leurs manières de brutes.

Sur la côte de Coromandel, à Madagascar, dans les eaux africaines, et surtout dans les Antilles et les mers américaines, les pirates constituaient une menace constante. Avec un insolent appétit de confort ils réglaient leurs déprédations sur l’agrément des saisons : en été ils harcelaient la Nouvelle-Angleterre, et en hiver ils descendaient vers les îles des Tropiques.

Ils étaient d’autant plus à redouter qu’ils manquaient totalement de la discipline et de la mesure qui avaient rendu leurs prédécesseurs, les boucaniers, à la fois formidables et respectables. Ces Ismaëls de l’océan ne rendaient de comptes à personne et ils traitaient leurs prisonniers selon leur capricieuse ivresse du moment. Des éclairs d’une générosité grotesque alternaient avec de plus longues périodes d’une inconcevable férocité. Le capitaine qui tombait entre leurs mains pouvait se trouver aussi bien relâché avec sa cargaison après avoir participé à d’abominables beuveries qu’assis à table avec son propre nez et ses lèvres servis en vinaigrette devant lui. À cette époque il fallait être un solide marin pour commercer dans la mer des Caraïbes !

Justement le capitaine John Scarrow, du bateau Morning-Star, en était un. Il n’en poussa pas moins un profond soupir de soulagement quand il entendit l’ancre gifler l’eau et qu’il évita sur ses amarres à moins de cent yards des canons de la citadelle de Basseterre. Saint Kitts était le dernier port où il relâchait ; de bonne heure le lendemain matin sa proue pointerait en direction de la vieille Angleterre. Il en avait assez de ces océans hantés par les voleurs ! Depuis qu’il avait quitté Maracaïbo sur la mer des Antilles avec son plein chargement de sucre et de poivre rouge, il avait tressailli chaque fois qu’un hunier miroitait au-dessus de la surface violette des eaux tropicales. Il avait caboté en remontant les îles du Vent, touchant ici ou là, et partout il avait dû prêter l’oreille à des histoires de brigands.

Le capitaine Sharkey, qui commandait le corsaire Happy-Delivery de vingt canons, avait descendu la côte en la jalonnant de navires coulés et de cadavres. Quantité d’anecdotes couraient sur ses plaisanteries sinistres et sur son impitoyable férocité. Des Bahamas à la mer des Antilles, son bateau noir comme du charbon était une promesse de mort et de beaucoup de choses plus terribles que la mort. Le capitaine Scarrow avait été tellement énervé par ces histoires qu’avec son navire neuf gréé en trois-mâts carré et sa cargaison de valeur il s’était déporté vers l’ouest jusqu’à l’îles des Oiseaux pour s’écarter de la route commerciale normale. Même dans ces eaux solitaires le capitaine Sharkey s’était rappelé à son souvenir.

Un matin ses matelots avaient repêché un canot à la dérive, dont le seul occupant était un marin délirant qui avait poussé des rugissements pendant qu’il avait été hissé à bord, et qui leur avait montré une langue aussi sèche qu’un champignon noir. De l’eau et des soins avaient vite fait de lui l’homme le plus robuste et le plus alerte de tout l’équipage. Il était de Marblehead, dans la Nouvelle-Angleterre, à ce qu’il semblait, et il restait l’unique survivant d’un schooner qui avait été coulé par le terrible Sharkey.

Pendant une semaine Hiram Evanson (il s’appelait ainsi) avait vogué à la dérive sous le soleil tropical. Sharkey avait donné l’ordre que les restes mutilés de son défunt capitaine fussent placés dans son canot « en guise de provisions de voyage », mais le malheureux les avait instantanément rejetés à la mer de peur que la tentation ne devînt trop forte. Il avait vécu sur les réserves de sa grande carcasse jusqu’à ce que, in extremis, le Morning-Star l’eût trouvé dans l’état de folie qui, dans ces cas-là, précède la mort. Pour le capitaine Scarrow, qui naviguait avec un équipage réduit, ce robuste originaire de la Nouvelle-Angleterre était une aubaine. Il se vantait même d’être le premier marin à qui le capitaine Sharkey avait rendu service.

À présent qu’ils étaient amarrés à l’abri des canons de Basseterre, le pirate n’était plus guère à redouter. Pourtant le marin ne cessait de penser à lui, et la vue de son agent local grimpant en canot pour aller à sa rencontre ne parvint pas à le distraire.

– Je vous parie, Morgan, dit-il à son second, que l’agent prononcera le nom de Sharkey dans les cent premiers mots qui sortiront de sa bouche !

– Eh bien ! capitaine, voilà un dollar en argent, je le risque, répondit le vieux marin de Bristol qui se tenait à côté de lui.

Les rameurs noirs rangèrent le canot le long du bateau et l’agent grimpa à l’échelle.

– Bonjour, capitaine Scarrow ! s’écria-t-il. Connaissez-vous la nouvelle pour Sharkey ?

Le capitaine décocha à son second un sourire en coin.

– Quelle diablerie vient-il de commettre ?

– Diablerie ? Mais alors vous ne savez pas ! Eh bien ! Nous l’avons ici sous les verrous. Oui, ici, à Basseterre. Il a été jugé mercredi dernier, et il sera pendu demain matin.

Le capitaine et son second poussèrent un cri de joie, auquel l’équipage ne tarda pas à faire écho. Il ne fut plus question de discipline : ils se rassemblèrent tous à la coupée pour entendre les nouvelles. Le matelot de la Nouvelle-Angleterre se tenait au premier rang ; il tourna vers le ciel un visage extasié, car il était de souche puritaine.

– Sharkey va être pendu ! s’exclama-t-il. Savez-vous, monsieur l’agent, si l’on n’a pas besoin d’un bourreau ?

– Arrière ! rugit le second, dont le sens de la discipline l’emporta enfin sur l’intérêt qu’il portait à la nouvelle. Je vous paie ce dollar, capitaine Scarrow, plus joyeusement que je n’ai jamais payé un pari perdu. Comment le bandit a-t-il été capturé ?

– Ah ! pour cela, il était devenu insupportable pour ses propres camarades ! Ils l’avaient si bien pris en horreur qu’ils n’ont plus voulu le voir sur leur navire. Alors, ils l’ont abandonné sur les Little Mangles, au sud de la Mysteriosa Bank ; un bateau de commerce de Portobello l’y a découvert et l’a amené ici. Il avait été question de l’envoyer se faire juger à la Jamaïque, mais notre bon petit gouverneur, sir Charles Ewan, n’a rien voulu entendre. « Sharkey est mon plat du jour, a-t-il déclaré. Je le ferai cuire moi-même. » Si vous pouvez rester jusqu’à demain matin dix heures, vous verrez un beau quartier de viande se balancer au vent.

– Je le voudrais bien, répondit le capitaine d’une voix où traînait le regret d’un spectacle manqué. Mais malheureusement je ne suis pas en avance. Je partirai avec la marée du soir.

– Oh ! n’y comptez pas ! Le gouverneur part avec vous.

– Le gouverneur ?

– Oui. Il a reçu une dépêche du gouvernement lui ordonnant de rentrer sans délai. Le bateau qui l’a apportée est reparti pour la Virginie. Aussi sir Charles vous a-t-il attendu, car je lui ai dit que vous arriveriez avant les pluies.

– Eh, eh ! fit le capitaine, perplexe. Je ne suis qu’un simple marin, et je ne connais pas grand-chose aux gouverneurs ni aux baronnets ; à leurs manières non plus d’ailleurs ! je ne me rappelle pas avoir jamais adressé la parole à l’un d’eux. Mais si c’est pour le service du roi George, et s’il veut que je le conduise jusqu’à Londres, je m’arrangerai. Il pourra disposer de ma cabine personnelle. Pour ce qui est de la cuisine, il y a de la ratatouille et du salmigondis six jours par semaine ; s’il pense que notre ordinaire est trop grossier pour son palais, il n’a qu’à se faire accompagner de son cuisinier.

– Ne vous faites pas de soucis pour cela, capitaine Scarrow ! Sir Charles en ce moment n’est pas en très bonne santé ; il relève d’une fièvre quarte, et il ne bougera pas de sa cabine pendant la plus grande partie du voyage. Le docteur Larousse m’a dit qu’il ne se serait pas rétabli si la prochaine pendaison de Sharkey ne l’avait ravigoté. C’est un homme qui a un tempérament plein de fougue ; il ne faudra pas lui en vouloir s’il a le parler un peu brusque.

– Il pourra dire ce qu’il voudra et faire ce qui lui plaira tant qu’il ne se mettra pas par le travers de mes écubiers quand je m’occuperai du bateau, dit le capitaine. Il est gouverneur de Saint Kitts, mais moi je suis gouverneur du Morning-Star. Et, avec sa permission, je partirai dès la première marée, car j’ai des devoirs à remplir vis-à-vis de mon patron, tout comme il en a vis-à-vis du roi George.

– Il doit régler beaucoup d’affaires avant son départ ; il ne pourra pas être prêt pour ce soir.

– Alors pour la première marée demain matin !

– Très bien. Ce soir, je ferai porter ses bagages à bord, et il montera lui-même demain de bonne heure si je peux obtenir de lui qu’il quitte Saint Kitts sans voir Sharkey danser la matelote des bandits. Ses ordres sont pressants ; il est donc possible qu’il arrive tout de suite. Le Dr Larousse l’accompagnera sans doute pour le soigner pendant le voyage.

Une fois seuls, le capitaine et son second se livrèrent à tous les préparatifs dignes d’un illustre passager. La plus grande cabine fut nettoyée et décorée en son honneur ; des tonneaux de vin et des caisses de fruits furent achetés pour corser l’ordinaire. Dans la soirée commencèrent à arriver les bagages de sir Charles : de grandes malles cerclées de fer à l’épreuve des fourmis, des valises officielles, et aussi des paquets de forme bizarre qui contenaient probablement un tricorne et une épée. Et puis survint une lettre, avec des armes sur le gros cachet rouge, qui présentait les compliments de sir Charles au capitaine Scarrow ; le gouverneur espérait le rejoindre dans la matinée, dès que ses devoirs et ses infirmités le lui permettraient.

Il tint parole. À peine les premières lueurs grises de l’aube avaient-elles commencé à virer au rouge qu’il était conduit contre le flanc du Morning-Star dont il gravit, non sans difficultés, l’échelle. Le capitaine avait été averti que le gouverneur était un personnage excentrique ; il ne s’attendait pourtant pas à la curieuse silhouette qui clopinait sur le gaillard d’arrière et qui s’aidait pour marcher d’une canne en bambou épais. Il portait une perruque de Ramilies, toute tressée en petites queues comme un manteau de caniche, et qui retombait si bas sur les yeux que ses grosses lunettes vertes donnaient l’impression qu’elles y étaient suspendues. Un nez féroce en forme de bec, très long, très maigre, fendait l’air devant lui. Sa fièvre l’avait obligé à enrouler sa gorge et son menton d’un large foulard. Il était enveloppé dans une ample robe damassée serrée à la taille par un cordon. En avançant, il promenait en l’air son nez dominateur, mais il tournait lentement la tête de droite à gauche comme un myope presque aveugle, et il appela le capitaine d’une voix forte, aiguë, maussade.

– Avez-vous mes bagages ? lui demanda-t-il.

– Oui, sir Charles.

– Du vin à bord ?

– J’en ai fait apporter cinq tonneaux, sir Charles.

– Et du tabac ?

– J’ai un barillet de la Trinité.

– Savez-vous jouer au piquet ?

– Passablement, sir Charles.

– Alors, levez l’ancre et prenez la mer !

Une brise fraîche soufflait de l’ouest. Quand les rayons du soleil transpercèrent la brume matinale, le bateau était déjà coque noyée par rapport aux îles. Le gouverneur continuait à boitiller sur le pont dont il faisait le tour en s’agrippant d’une main à la rambarde.

– Vous êtes maintenant au service du gouvernement, capitaine ! déclara-t-il. Je vous assure qu’à Westminster on compte les jours avant mon arrivée. Êtes-vous à pleine charge ?

– Le bateau est plein comme un œuf, sir Charles.

– Très bien ! Je crains, capitaine Scarrow, que vous n’ayez pour compagnon de voyage qu’un pauvre aveugle impotent.