Croisades - Daniel Labadie - E-Book

Croisades E-Book

Daniel Labadie

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Beschreibung

"Croisades" vous invite à une aventure à travers le Maroc, révélant ses trésors culturels. Suivez un explorateur audacieux dans un voyage épique de Marrakech aux dunes du Sahara, des montagnes de l’Atlas aux côtes sauvages de l’Atlantique. Entre paysages spectaculaires et savoirs uniques, il découvre des mystères ancestraux, rencontre des personnages fascinants et surmonte des défis inattendus. Chaque étape dévoile une nouvelle merveille, chaque tournant offre une invitation à l’enchantement.

 À PROPOS DE L'AUTEUR

Daniel Labadie explore à travers l’écriture un chemin vers la reconstruction physique et psychologique. Auteur de plusieurs ouvrages marquants, il a notamment publié en 2023 "Mes vies" et "Enseigner autrement" aux éditions Le Lys Bleu.

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Daniel Labadie

Croisades

Roman

© Lys Bleu Éditions – Daniel Labadie

ISBN : 979-10-422-4098-1

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

1

Le début d’une aventure

avec la traversée de l’Espagne

Le side-car sautait de rocher en rocher avec des incursions dangereuses dans des trous et des ravins où Manu pensait qu’il allait finir… Il avait beaucoup de mal à lui donner un semblant de direction et regrettait de lui avoir infligé ce parcours ! En vérité, c’est Manu qui avait décidé de sortir des routes goudronnées pour s’aventurer derrière un guide en Peugeot 103 sur cette piste… C’est donc lui qui allait devoir assumer les incidents qui allaient se déclarer !

Ce qui caractérise en premier les Marocains est leur attachement à vendre leurs services… Que ce soit dans les médinas où ils vous pilotent pendant qu’un autre prendra en charge la moto, l’auto, les bagages et vous pouvez vraiment compter sur eux ! Ils ont en général passé le diplôme de guide, mais ne désirent pas travailler pour une société et préfèrent débusquer seuls leurs clients en respectant un ordre déterminé tels des taxis aux abords des lieux les plus touristiques. Leur présence m’a été souvent fort utile sur bien des points. Que ce soit pour sécuriser les déplacements dans ces lieux où tout se ressemble, où il est difficile de prendre des points de repère surtout pour moi qui ai vraiment perdu le sens de l’orientation depuis mon accident de moto contre un tracteur. (Voir Mes vies chez Le Lys Bleu). Pour avoir une vue d’ensemble et des détails propres à chaque médina et entendre les points à retenir de l’historique et des particularités de ce qu’il y a à voir. Ils peuvent être précieux également lors d’échanges sur des achats qu’il faut absolument négocier sous peine de fâcher tout simplement le vendeur… Le titre initial du livre Notre croisade pacifique au Maroc m’est venu lors de ces temps longs de conduite du side-car sur les routes où c’était un plaisir. Nous avons vécu au cours des siècles des croisades soi-disant pour des raisons religieuses, mais véritablement au service du pouvoir des organisateurs et de leur puissance. Si les habitants de ces régions ont bien en commun la notion de partage et d’humanité, comme celle de partager le pain et les éléments essentiels pour vivre, ils ont été convaincus par les autorités de faire la guerre et d’assouvir la puissance des dominants !

Ils le sont encore même dans nos pays soi-disant évolués où nous vivons une crainte de remplacement de nos populations par celles de pays appauvris et venant chercher un lieu de vie. Cette théorie est bien alimentée par des hommes politiques ou populistes qui prospèrent eux aussi sur la misère des autres. Tous les pays développés font pourtant face à un déficit de population, ne serait-ce que pour les pratiques médicales et bien d’autres secteurs. Pourtant cette crainte de remplacement empêche nos sociétés d’ouvrir les yeux sur l’avenir de la société entière et de notre planète elle-même. Ainsi, lorsqu’on partage des relations avec ces personnes particulières qui ont vécu des années voire des siècles de croisades, la notion de pacifisme ne peut que nous venir à l’esprit. Un autre monde plus actuel de recherche de souveraineté est le combat implacable qui a mené communisme et capitalisme à s’affronter. Si le communisme a eu des parasites amenant le capitalisme à le rejeter avec des prétextes sans autre forme de procès, cela nous a menés à la mondialisation et à tous ses excès, à une uniformisation des actes et des modes de vie. La croisade à mener contre ce mode de vie uniformisé ne sera pas simple et sera pour moi et d’autres marginaux « l’ultime croisade ». Je voulais appeler ce livre Notre croisade pacifique au Maroc pour dire que nous sommes tous dépositaires d’un bonheur partagé bien loin des rivalités de personnes ou de pays. Nous sommes amenés à vivre d’une façon dictée par d’autres humains grâce à la publicité qui amène des messages subliminaux. Nous ne sommes plus que des robots agissant pour et avec une norme écrite et dictée intelligemment. Ainsi il y a bien des années, je mettais en garde contre cette publicité qui n’en était qu’à ses débuts. Elle commençait avec les dessins animés pour les enfants qui apportent de la musique, des images qu’ils retrouveront plus tard dans les publicités que nous devons subir à la télévision, sur les réseaux sociaux et en fait en permanence dans notre vie. Bientôt, ce sera une puce qui sera implantée chez les enfants soi-disant pour mieux les soigner, mais en réalité pour savoir à tout moment où nous sommes mieux qu’avec un GPS, mais aussi savoir ce que nous faisons et pourquoi pas à quoi nous pensons et le mot « pensée » aura-t-il encore un sens. « L’ultime croisade » sera certainement un défi à cet environnement malsain qui cherche plus à nous détruire qu’à nous accompagner. Je me rassure en écoutant autour de moi des personnes qui partagent cet avis et refusent d’entrer dans un système qu’ils sentent contraire à leurs valeurs ou tout simplement qu’ils ne sont pas prêts à appliquer. Revenons à un déroulement plus chronologique de ce voyage dont les premières lignes sont en fait un retour sur un moment particulièrement difficile pour le pilote et sa monture. Jamais je n’aurai pensé être capable et assez fou pour mener sur ces pistes un side-car routier !

Nous pensions prendre le départ le 13 novembre pour respecter les temps de présence au Maroc et mon emploi du temps qui, s’il n’est pas comparable à celui d’un ministre, occupe bien mes journées… Dans un souci d’éviter d’avoir à changer des pneus lors du voyage avec les difficultés rencontrées pendant mon périple au Cap Nord, j’avais demandé à mon mécano de mettre un pneu neuf à l’arrière de la moto et sur le panier. C’est à ce moment-là que nous prîmes conscience que les deux roulements du panier étaient hors d’usage… Si l’un d’entre eux pouvait être simplement remplacé, l’autre avait fait fondre la bague qui le tenait et il fallut aller chercher chez un gros fabricant de roulements la pièce rare qui allait pouvoir sauver le side-car. Le side-car étant Indien, il n’y avait pas de possibilité de trouver des pièces ! Encore une fois, les compétences de mes mécanos avaient réalisé le miracle attendu… Ce n’est que trois jours plus tard, soit le 16, que les compères se mettaient en route. Ne soyez pas étonnées de m’entendre parler au pluriel, mais mon side-car est désormais aussi précieux qu’un ami fidèle et je le considère comme acteur du voyage à titre premier. Dès les premiers tours de roue, j’appréciais le nouveau comportement du side-car. Étant libéré, le panier suivait sa trajectoire plus facilement et il y a bien longtemps qu’il n’en avait pas été ainsi…

La première tâche était de traverser l’Espagne et Tom Tom me rendit de précieux services dans ce projet. Il me permit aussi de jouer le rôle de compteur de vitesse, car le câble de celui de la moto rendit l’âme dès le second jour. Mais ce ne fut pas le seul pépin à déplorer lors du départ. En effet, j’avais décidé d’emporter un câble d’embrayage qui est relativement fragile et que je sais changer sans trop de difficultés. Le problème vint du fait que pour gagner de la place, j’avais décidé de ranger mon bidon d’huile destiné à faire au moins une vidange pendant le périple dans le coffre arrière du side-car au-dessus de la batterie. Bonne idée, pensais-je sans imaginer que la pression du bidon sur le câble d’embrayage pourtant bien mis en sécurité dans son emballage fit contact avec les cosses de la batterie et je découvris avec surprise une fuite d’huile à un endroit improbable !

Bien entendu, j’ouvris ce compartiment et découvris les dégâts. Récupérer ce qui était récupérable, de l’huile, nettoyer ce qui était rempli et il y en avait… la batterie ne fonctionnait plus et je dus prendre celle de la 2CV identique pour essayer de partir. Hélas, elle ne semblait pas en grande forme et je dus utiliser des câbles et une autre batterie pour mettre mon fidèle ami en route ! Départ retardé à la mi-après-midi avec un bidon d’huile placé ailleurs sans risque de mise en court-circuit. Le départ se fit sous un ciel bien couvert, mais sans pluie en direction de la frontière espagnole la plus proche située à 20 km de chez moi à peine. La moto ronronnait de plaisir sur ces routes escarpées que son pilote connaissait parfaitement. Le pilote justement cherchait un endroit pour passer la nuit avec une pente pour démarrer la moto si la batterie posait des problèmes… Ce fut sur la petite commune d’Aren en redescendant les Pyrénées en Espagne que le « Graal » vint… Une petite route sortait de la commune pour monter je ne sais où et en faisant demi-tour, le lendemain le side-car serait idéalement placé pour repartir. La tente montée avant la nuit, je pouvais me mettre à manger comme le nomade qui est en moi adore le faire en profitant du lieu où je me sens chez moi et c’est sûrement ça l’esprit nomade qui m’habite ! Nuit paisible comme d’habitude avec un sommeil réparateur et le matin, petit déjeuner, pliage du campement, chargement du side-car et je démarrais la moto sans peine dans un brouillard certain. Un fourgon s’arrêtait devant nous et un gars de mon âge m’ayant vu prendre le petit déjeuner venait prendre des informations sur nous et surtout sur l’attelage !

Je débitais mon discours et il me demanda la permission de prendre en photo les protagonistes de cette aventure. Ce fut la première des innombrables photos où nous furent fixés durant le périple dans tous les pays traversés… C’est le side-car qui avait la primeur et je la lui laissais volontiers, car c’était mon lien avec le monde des vivants. C’était un parfait moyen de communiquer avec les autres, supprimant même la barrière des langues ! La question posée en priorité étant celle de son âge et je sentais bien qu’en disant qu’il était né en 2016, les gens étaient surpris, voire déçus, car ils le pensaient beaucoup plus vieux. J’eus l’idée vers la fin de notre voyage de lui offrir une autre histoire attachée à la nôtre. J’ai eu en 2016 un très grave accident de la route, moto contre tracteur, dont je suis véritablement sorti par miracle et pour vaincre la dépression post-traumatique subie j’avais décidé d’acheter ce side-car que je trouvais parfait. Si cet achat fut inopérant et que des soins psychiatriques furent nécessaires, ma seconde vie débuta elle aussi en 2016. Nous avons donc une naissance commune et pourquoi ne pas lui donner mon âge réel et dire qu’il avait été produit lui aussi en 1948 ?

Je fis ainsi et les premiers échanges ont été bien plus positifs avec les gens posant ce type de question. Ils sont contents d’entendre qu’une moto de cet âge participe à de tels raids et peuvent imaginer ce qu’ils veulent. Les puristes sont même convaincus, car les sacoches sur la roue avant cachent le frein à disque inconnu alors et le démarreur électrique a pu être installé postérieurement comme sur d’autres motos. Nous avons donc maintenant une existence parfaitement compatible dont je me réjouis et en mythomane, je finis par le croire moi-même… Le second jour, soit le 17 novembre, Tom Tom nous guida en Espagne par des routes superbes me laissant penser que nous allions traverser telle ou telle ville bien connue, mais nous changions de route à quelques kilomètres pour les éviter ce que j’appréciais, car j’ai horreur des embouteillages et ce qui nous fait penser à cette civilisation dont nous sommes prisonniers d’une certaine façon !

Des cols à plus de 1500 m où le froid piquait grave, des tunnels pour faciliter les passages, des plantations d’oliviers bien entretenues, des champs d’environ un hectare séparés par des haies, des talus conservés, preuves que la biodiversité est encouragée dans ce pays. Le repas de midi fut pris dans un endroit absolument superbe loin des routes empruntées et je me mis à le comparer à des endroits évoquant l’Égypte. Vraiment seul au monde dans un écrin que pourraient nous envier bien des explorateurs !