Cuba - Encyclopaedia Universalis - E-Book

Beschreibung

L'île de Cuba, la plus grande de l'archipel des Caraïbes (110 922 km2), occupe une position stratégique à 77 km de Haïti et à 140 km de la Jamaïque. Longue de 1 200 km – alors que sa largeur varie de 32 à 145 km –, Cuba est très proche du continent, des États-Unis et du Mexique …

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ISBN : 9782852299689

© Encyclopædia Universalis France, 2019. Tous droits réservés.

Photo de couverture : © Charcompix/Shutterstock

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Cuba

Introduction

Cuba : drapeau. Cuba (1849 ; off. 1902). Surnommé « la bannière de l'Étoile solitaire », le drapeau cubain présente cinq bandes horizontales bleue, blanche, bleue, blanche et bleue, avec, inscrit dans le guindant, un triangle rouge frappé d'une étoile blanche à cinq branches. Les trois bandes bleues symbolisent les provinces qui se soulevèrent en 1849, le blanc la pureté de la cause révolutionnaire, le rouge le sang versé et la séparation d'avec l'Espagne, l'étoile l'indépendance.

Cuba, comme la plupart des îles des Caraïbes, est découverte par Christophe Colomb en 1492 et fait l’objet au XVIIIe siècle d’une guerre de conquête entre l’empire britannique et la couronne d’Espagne. Devenue le joyau de la monarchie espagnole, elle connaît alors quatre siècles de colonisation et contribue à l’enrichissement de sa métropole. L’importation d’esclaves y est massive et systématique, comme en Hispaniola (actuelles républiques d’Haïti et de Saint-Domingue), au point que ceux-ci constituent la majorité de la population au milieu du XIXe siècle. Ce commerce des esclaves favorise l’économie de plantation (tabac, café) aux XVIIIe et XIXe siècles, puis permet l’essor de l’industrie du sucre. Cuba prend alors le relais de la Jamaïque et surtout d’Haïti, après l’indépendance de cette dernière en 1804. C’est à cette période que s’ancre la tradition de la monoculture sucrière, qui fonde la prospérité mais aussi la fragilité et la dépendance de l’île.

Si l’histoire de Cuba est typique des Caraïbes, la situation géographique de l’île est exceptionnelle. Surnommée « la clé du golfe », Cuba est presque à équidistance de la péninsule mexicaine du Yucatán et de la Floride américaine. Cette position a permis au port de La Havane de devenir un lieu d’escale prisé par les bateaux du commerce colonial. Elle permet aussi de comprendre pourquoi Cuba a été convoitée très vite par les États-Unis dès son indépendance, proclamée le 20 mai 1902, et comment elle est ensuite devenue un enjeu de la guerre froide dans la seconde moitié du XXe siècle.

Contrairement aux autres colonies latino-américaines, Cuba reste « toujours très fidèle » à la métropole jusqu’à la fin du XIXe siècle ; elle développe d’importantes relations commerciales avec les États-Unis, qui achètent 95 p. 100 de sa production de sucre en 1891. Cette domination économique facilite la mise sous tutelle de l’île, à l’issue de la sanglante guerre d’indépendance menée de 1895 à 1898 par José Martí, héros de l’indépendance, fondateur du Parti révolutionnaire cubain, mort au combat. Le gouvernement américain signe le traité de Paris en 1898 et s’arroge rapidement un droit de regard sur le processus d’indépendance cubaine avec la promulgation de l’amendement Platt (1901) qui autorise l’ingérence américaine dans les affaires internes du pays. Tandis qu’une partie des élites, américanisée, souhaite cette ingérence pour assurer sa survie économique et se protéger des conflits sociaux et raciaux post-indépendance, c’est principalement contre cette ingérence que se constitue la mouvance révolutionnaire autour de Fidel Castro dans les années 1950, qui convoque l’héritage de José Martí. Aussi, quand Fidel Castro, à la tête des guérilleros vainqueurs, proclame la révolution socialiste en 1961, une partie de ses soutiens s’estime trahie et fait défection à Miami (ou est emprisonnée). En même temps, en 1962, l’imposition d’un embargo unilatéral de la part des États-Unis, qui cherchent à contenir le communisme à leurs portes, incite les dirigeants cubains à chercher le soutien soviétique. Cuba, par sa position stratégique, devient une tête de pont pour le bloc communiste en Amérique latine durant la guerre froide. C’est ainsi que la dynamique de la révolution cubaine, plurielle et contradictoire, prend un tournant orthodoxe qui la transforme en un régime autoritaire allié à l’URSS.

Cet autoritarisme s’exerce cependant en alternant des périodes de durcissement et des périodes plus libérales. Ainsi, durant les années 1970, la répression s’abat sur les milieux intellectuels et culturels ; puis, au milieu des années 1990, la censure entraîne l’exil d’une génération entière d’artistes et d’universitaires ; enfin, les années 2000 sont marquées par l’incarcération d’opposants. En revanche, les années 1960 et 1980 voient l’éclosion de nouvelles générations d’artistes et, depuis les années 1990, malgré des retours en arrière périodiques, une certaine liberté économique est octroyée. Avec l’arrivée de Raúl Castro à la présidence du pays en 2008, la pratique du pouvoir devient routinière et stable : les réformes mises en place sont pérennes, les congrès du parti se tiennent régulièrement et la vie politique se normalise.

Marie Laure GEOFFRAY

1. Géographie

• Géographie physique

Structure et relief

Ouvert largement sur des rivages peu profonds, Cuba entre d’autre part en contact, au pied de la sierra Maestra, avec une fosse de plus de 6 000 m (fosse de Bartlett) qui la sépare de la Jamaïque et se trouve dans le prolongement de la grande fosse des Caïmans.

Les systèmes montagneux et les affleurements géologiques se présentent en bandes plus ou moins parallèles à l’axe de l’île. L’analyse tectonique et la stratigraphie de Cuba semblent d’ailleurs indiquer que les unités paléogéographiques ont été continuellement disposées selon cette direction, au moins depuis le début du Jurassique, époque dont dateraient les roches métamorphiques, maintenant serpentinisées, qui constituent le « complexe de base » de l’île.

Au Jurassique s’étendait une fosse géosynclinale orientée grossièrement est-ouest et recevant une sédimentation abondante, d’abord essentiellement détritique et saline, en provenance d’une terre ferme située au sud de l’île actuelle, et constituée en majeure partie de roches métamorphiques et intrusives. Puis, après l’émersion d’une ride géanticlinale séparant la fosse en deux bassins, la sédimentation se diversifie : au nord de la ride, dépôts carbonatés (dolomies et calcaires) et, plus au nord encore (plate-forme des Bahamas), roches salines ; au sud du géanticlinal (zone de Zaza et du Cauto), sédiments volcano-détritiques.

Cette évolution se poursuit au Crétacé. Des faciès récifaux se développent autour d’îlots, tandis que l’activité volcanique au sud prend de plus en plus d’importance, notamment le long de grandes fractures qui affectent alors cette région de l’écorce terrestre. À la fin du Crétacé interviennent des mouvements très importants (charriages vers le nord, plissements) suivis d’une phase d’érosion intense affectant les zones émergées, en particulier les régions d’Escambray, de Pinar del Río, de l’île de la Jeunesse (ancienne île des Pins) ainsi que celles de Zaza où coexistent les zones de subsidence et les zones de relief.

Ces terres sont partiellement recouvertes au Paléocène, tandis que les faciès carbonatés cèdent la place à des faciès argileux, sauf au nord, sur la plate-forme des Bahamas, où des dolomies continuent à se former. Des mouvements très intenses accroissent considérablement la surface des terres émergées à l’Éocène moyen « phase cubaine » tandis que des intrusions basiques et des minéralisations se produisent. En revanche, les activités volcaniques cessent.

À la suite de nouveaux mouvements (Éocène supérieur), la paléogéographie, à l’Oligocène, devient très différente. La majeure partie de l’île est alors exondée et l’érosion domine ; la sédimentation marneuse et argileuse se localise dans les dépressions tandis que les reliefs les plus importants se trouvent à l’emplacement de l’île de la Jeunesse et dans l’Escambray.

Au Miocène a lieu la dernière grande transgression marine au cours de laquelle cependant s’affirment des reliefs importants dans la région de Pinar del Río, le centre de Cuba, la province de Camagüey, la zone d’Holguín, la sierra Maestra, Mayarí et Baracoa ; en revanche, les dépressions poursuivent leur subsidence avec, sur de grandes épaisseurs, le dépôt de calcaires, de marnes, de conglomérats, d’anhydrites. À cette époque, Cuba est constituée par plusieurs grandes îles séparées par des bras de mer. Cette configuration est modifiée au Pliocène par le soulèvement de toute la zone cubaine qui est alors vraisemblablement reliée à l’Amérique centrale et soumise à une pénéplanation importante. Celle-ci, entretenue par des mouvements de « block faulting » qui rajeunissent les reliefs, s’effectue en plusieurs phases dont on retrouve encore aujourd’hui les traces, mais qui sont difficilement datables.

Au Quaternaire, Cuba prend ses contours actuels et continue à connaître des phases de soulèvements qui intensifient les processus d’érosion.

Dans la partie orientale, d’importantes dislocations mettent en place les grands blocs faillés de la sierra Maestra, dont le point culminant se trouve aujourd’hui à plus de 2 000 m.

La destruction du relief est générale : des deux phases de pénéplanation du Pliocène, il ne reste que quelques vestiges dans le relief actuel : d’une part les yunques(enclumes) situés au-dessus de 500 m, qui correspondent à la pénéplaine la plus ancienne, et pratiquement limités au yunque de Baracoa et, d’autre part, les cuchillas, vers 300-400 m, que l’on retrouve sur les sommets de certaines montagnes de Baracoa, des hauteurs de Matanzas ainsi que sur la plupart des massifs et cordillères de la région de Pinar del Río.

Les processus de formation des latérites nickélifères de la région d’Oriente, amorcés avec les nivellements pliocènes, se poursuivent au Quaternaire.

Pendant toute cette période, Cuba s’est trouvée sous l’influence d’un climat chaud. Les roches en place sont soumises à une intense érosion. La dissolution des calcaires par les eaux chaudes est un facteur prépondérant de désagrégation.

Dans les régions en relief où dominent les calcaires, la destruction a lieu sous l’action conjuguée de l’érosion superficielle et du creusement des rivières souterraines. Il en résulte une morphologie karstique en forme de cône (mogotes) caractéristique d’un milieu tropical.

Les types karstiques les plus remarquables se rencontrent dans la sierra de Los Organos, constituée, aujourd’hui, d’une part d’une série de chaînes plus ou moins parallèles, et de l’autre de mogotesisolés, séparés par des poljés fertiles. La structure de cet ensemble actuellement si déchiqueté correspond à un ancien anticlinal constitué essentiellement de calcaires jurassiques supérieurs.

La plupart des plaines cubaines, bien que n’ayant pas toutes une origine commune, ont été soumises à une karstification intense.

Il en est ainsi pour la plaine karstique occidentale s’étendant d’Artemisa à Cienfuegos, et pour la plaine orientale allant de Trinidad au centre de la province d’Oriente (cette dernière étant interrompue par des affleurements volcaniques, granitiques et ultrabasiques).

Sur ces deux plaines anciennes, les processus de formation de sols argileux latéritiques sont avancés.

Pour les plaines récentes formées de calcaires quaternaires (Guanahacabibes, Zapata et sud de l’île de la Jeunesse), la dissolution de la roche en place a donné naissance à des lapiés (dientes de perros, « dents de chiens ») et des microdolines fertiles (casimbas).

Les dépôts détritiques provenant des montagnes de Pinar del Río ont colmaté la plaine située au pied de la grande ligne de faille dans la moitié sud de cette province.

La plaine du Cauto Alto Cedro, qui repose sur une stratigraphie calcaire, est de formation alluviale.

Des mouvements tectoniques, tantôt ascendants tantôt descendants, ne cessent d’affecter encore actuellement les contours de l’île. Il existe en différents points des côtes cubaines des terrasses émergées dont les plus remarquables sont celles de Maisí, s’échelonnant sur dix niveaux différents jusqu’à une altitude de 400 m. Il existe également deux terrasses sous-marines situées à moins 9 m et à moins 18 m. Les mouvements descendants ont affecté une partie de la côte sud, provoquant ainsi la formation de marécages.

En raison de sa forme allongée et étroite, et de la disposition de son relief, Cuba ne possède pas de longs cours d’eau, le plus important étant le fleuve Cauto (250 kilomètres de longueur).

Climat, végétation, sols

Le climat de Cuba réunit les caractéristiques des climats de la zone tropicale humide.

En janvier, mois frais et sec, presque tout le territoire, y compris un ample secteur montagnard, connaît une moyenne supérieure à 20 0C (pour Köppen, l’isotherme 18 0C pour le mois le moins chaud établit la limite de la zone tropicale humide). En juillet, mois chaud et humide, les températures moyennes sont partout supérieures à 21 0C, l’isotherme 27 0C étant le plus représentatif. Les amplitudes diurnes, par contre, sont supérieures aux écarts saisonniers des températures.

Bien qu’inégales dans leur répartition, les précipitations annuelles dépassent généralement 1 000 mm dans les plaines, et leur volume croît avec l’altitude. De la distribution des pluies au long de l’année, la caractéristique essentielle est la grande quantité de précipitations mensuelles pendant la saison humide (de mai à octobre) et l’existence de plusieurs mois de saison sèche correspondant aux mois les plus frais (d’octobre à mai).

L’évaporation et l’écoulement ne sont pas très importants, étant donné d’une part la grande humidité de l’atmosphère (assez constante d’un bout de l’année à l’autre) et, d’autre part, la topographie plane du territoire où coulent des fleuves courts et peu abondants. L’eau non évaporée et non drainée vers la mer alimente des nappes souterraines situées à faible profondeur.