Écrins d’amour - Lou Florian - E-Book

Écrins d’amour E-Book

Lou Florian

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Beschreibung

Les mots se déploient, dans "Écrins d’amour", comme des instants de bonheur et s’envolent avec une fenêtre ouverte sur le monde en une réserve inépuisable. Ils vagabondent dans le ciel et la mer, porteurs d’aventures et d’émotions.


À PROPOS DE L'AUTEUR


Lou Florian puise son inspiration dans les romans de San Antonio, le cinéma d’Audiard, l’esprit surréaliste d’André Breton et la poésie d’Éluard. Cette créativité transparaît dans ses œuvres, comme en témoigne "Écrins d’amour".

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Lou Florian

Écrins d’amour

Recueil

© Lys Bleu Éditions – Lou Florian

ISBN : 979-10-422-2572-8

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Avant-propos

Ah, dérouler des mots bonheur ! Des mots qui s’envolent, avec des hublots ouverts et des soutes disponibles. Des mots couleur de ciel et de mer dans l’azur du cœur. Des mots navigateurs, avec des vents du large et des sillons dans le tumulte des vagues, des remous dans la tempête, des rires sous la pluie, des yeux émerveillés sous les étoiles. Des mots en vrac, toutes voiles devant, glanant l’ivresse nécessaire, avec la poésie en guise de sextant.

J’aime la danse des mots, le rythme dans la peau des syllabes. Les phrases qui roulent, tels des galets dans la rivière inspirée. J’aime le flux des idées légères, sans cracher sur celles qui ont la force des tempêtes et des rugissements. Il est des ouragans nécessaires. J’aime la cadence des jours qui s’enfuient, laissant derrière eux la poussière des gestes inutiles. Et j’aime à me rappeler ce qui pour moi a un prix.

Humour gaulois

Camembert trophée

En ces temps reculés

Bucolix était l’ami indéfectible

D’un immense et courageux chef gaulois

Qui plus tard on le sait

Se prit une déculottée mémorable

Lors du siège d’Alésia

Bien avant ce fait déconcertant

La Gaule se voulait festive

Canaille, libre et sauvage

On y mangeait

Festoyait buvait

On y baisait

À tire-larigot

C’était bien rigolo

Les zizis frétillaient dans les caleçons

Ça copulait, mes polissons

Ça sentait bon la moule fraîche

Et les potimarrons

Les potées marrantes

Et les petits harengs

Bucolix

Digne chef de village

Avait le teint clair

La parole facile

Et la moustache drue

Sa femme, son amour

Son délice, sa muse

Était ravissante

Superbe pimbêche au beau minois

Aux tétons ravageurs

Aux hanches souples

Et à la taille fine

Son joli p’tit cul gigotait sous sa tunique

Lorsqu’elle se trémoussait

Sur la place du village

Les jours de marché

Mais elle ne se laissait pas conter fleurette

Tant elle avait l’art et la manière

De repousser les prétendants

Ah, que d’allusions friponnes

Parvenaient à ses oreilles

Sans qu’elle y prêta attention

Tandis que Bucolix

Lui susurrait avec émotion :

« Moi, conquérir des royaumes ?

Oh que non !

Mais conquérir ton cœur

Oh que oui ! »

« Ah, mon bel amour ! » répondait-elle

« Que de délicatesse à mon encontre

Que de mots doucereux qui m’émeuvent

Mon fier gaulois !

Tu n’es pas comme ces Romains sournois

Qui envahissent nos terres

Et abusent de nos récoltes »

« Tu es si charmante douce friponne ! »

Répliquait le chef du village

« J’en ai le cœur en pâmoison

Ce soir dans notre hutte

À la lueur d’un feu de bois

Je t’encanaillerai comme il se doit ! »

« Bucolix, mon amour valeureux

Je bois tes paroles

Mon cœur s’emballe

Des idées polissonnes

M’assaillent et me troublent

Promis, juré, j’écarterai les cuisses ! »

« Ça présage une nouvelle nuit torride

Ravissante épouse

Sur la paille, je te butinerai

À la mode des abeilles »

« Je vois déjà rosir ton preux pistil !

Comment te résister, mon bien aimé !

La fête des amoureux approche aussi

En ce joli mois de mai »

« Je sais, je sais !

La fête des glands et des saucisses »

« Tout le village s’y prépare

Pour s’adonner aux délices

Ils n’attendent que ça

Mon cher, il me vient une idée !

Changeons le menu avant les ébats

Point de cochonnaille

Ni de sanglier à la veillée

J’ai comme idée de réveiller les papilles

Avec un fromage promptement inventé »

« Avec du lait de vache, c’est certain !

J’ai vu tes jolies mains traire les mamelles

Tu y allais bon train »

« Nos plaines verdoyantes

Regorgent de bétail

Nos bêtes y broutent

Puis s’allongent dans l’herbe tendre

J’ai approché l’une d’elle

J’ai pétri ses pis gonflés

Son lait était chaud

Il sentait bon le printemps et la luzerne

Ça me donnait des idées

Comme celle d’inventer un fromage »

« Un fromage, bien sûr !

Oh mais, quelle trouvaille ! »

« Dans nos verts pâturages

Tout n’est qu’abondance

Il suffit de se servir

Organisons un concours ! »

« Un concours ?

Mais un concours de quoi ? »

« Mais de fromage, voyons !

Le plus talentueux

Ou la plus talentueuse d’entre nous

Gagnera un trophée ! »

La belle avait cette idée en tête

Pour asseoir sa renommée

Son fromage aurait un nom

Qui la rendrait célèbre :

Le camembert !

Qui l’eût cru au lait cru ?

Celui-ci, encore en ébauche

Dans les mains expertes de la vachère

Devint crémeux à souhait

Puis délicieusement coulant

Pour ne pas dire trop fait

Vous avez dit trop fait ?

Ah, c’est peu dire

Tant il titillait les narines !

La Gauloise remporta le concours

Et son fromage pur délice

Obtint on le sait

L’appellation ô combien méritée

De camembert trophée