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Les mots se déploient, dans "Écrins d’amour", comme des instants de bonheur et s’envolent avec une fenêtre ouverte sur le monde en une réserve inépuisable. Ils vagabondent dans le ciel et la mer, porteurs d’aventures et d’émotions.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Lou Florian puise son inspiration dans les romans de San Antonio, le cinéma d’Audiard, l’esprit surréaliste d’André Breton et la poésie d’Éluard. Cette créativité transparaît dans ses œuvres, comme en témoigne "Écrins d’amour".
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Seitenzahl: 45
Lou Florian
Écrins d’amour
Recueil
© Lys Bleu Éditions – Lou Florian
ISBN : 979-10-422-2572-8
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Ah, dérouler des mots bonheur ! Des mots qui s’envolent, avec des hublots ouverts et des soutes disponibles. Des mots couleur de ciel et de mer dans l’azur du cœur. Des mots navigateurs, avec des vents du large et des sillons dans le tumulte des vagues, des remous dans la tempête, des rires sous la pluie, des yeux émerveillés sous les étoiles. Des mots en vrac, toutes voiles devant, glanant l’ivresse nécessaire, avec la poésie en guise de sextant.
J’aime la danse des mots, le rythme dans la peau des syllabes. Les phrases qui roulent, tels des galets dans la rivière inspirée. J’aime le flux des idées légères, sans cracher sur celles qui ont la force des tempêtes et des rugissements. Il est des ouragans nécessaires. J’aime la cadence des jours qui s’enfuient, laissant derrière eux la poussière des gestes inutiles. Et j’aime à me rappeler ce qui pour moi a un prix.
En ces temps reculés
Bucolix était l’ami indéfectible
D’un immense et courageux chef gaulois
Qui plus tard on le sait
Se prit une déculottée mémorable
Lors du siège d’Alésia
Bien avant ce fait déconcertant
La Gaule se voulait festive
Canaille, libre et sauvage
On y mangeait
Festoyait buvait
On y baisait
À tire-larigot
C’était bien rigolo
Les zizis frétillaient dans les caleçons
Ça copulait, mes polissons
Ça sentait bon la moule fraîche
Et les potimarrons
Les potées marrantes
Et les petits harengs
Bucolix
Digne chef de village
Avait le teint clair
La parole facile
Et la moustache drue
Sa femme, son amour
Son délice, sa muse
Était ravissante
Superbe pimbêche au beau minois
Aux tétons ravageurs
Aux hanches souples
Et à la taille fine
Son joli p’tit cul gigotait sous sa tunique
Lorsqu’elle se trémoussait
Sur la place du village
Les jours de marché
Mais elle ne se laissait pas conter fleurette
Tant elle avait l’art et la manière
De repousser les prétendants
Ah, que d’allusions friponnes
Parvenaient à ses oreilles
Sans qu’elle y prêta attention
Tandis que Bucolix
Lui susurrait avec émotion :
« Moi, conquérir des royaumes ?
Oh que non !
Mais conquérir ton cœur
Oh que oui ! »
« Ah, mon bel amour ! » répondait-elle
« Que de délicatesse à mon encontre
Que de mots doucereux qui m’émeuvent
Mon fier gaulois !
Tu n’es pas comme ces Romains sournois
Qui envahissent nos terres
Et abusent de nos récoltes »
« Tu es si charmante douce friponne ! »
Répliquait le chef du village
« J’en ai le cœur en pâmoison
Ce soir dans notre hutte
À la lueur d’un feu de bois
Je t’encanaillerai comme il se doit ! »
« Bucolix, mon amour valeureux
Je bois tes paroles
Mon cœur s’emballe
Des idées polissonnes
M’assaillent et me troublent
Promis, juré, j’écarterai les cuisses ! »
« Ça présage une nouvelle nuit torride
Ravissante épouse
Sur la paille, je te butinerai
À la mode des abeilles »
« Je vois déjà rosir ton preux pistil !
Comment te résister, mon bien aimé !
La fête des amoureux approche aussi
En ce joli mois de mai »
« Je sais, je sais !
La fête des glands et des saucisses »
« Tout le village s’y prépare
Pour s’adonner aux délices
Ils n’attendent que ça
Mon cher, il me vient une idée !
Changeons le menu avant les ébats
Point de cochonnaille
Ni de sanglier à la veillée
J’ai comme idée de réveiller les papilles
Avec un fromage promptement inventé »
« Avec du lait de vache, c’est certain !
J’ai vu tes jolies mains traire les mamelles
Tu y allais bon train »
« Nos plaines verdoyantes
Regorgent de bétail
Nos bêtes y broutent
Puis s’allongent dans l’herbe tendre
J’ai approché l’une d’elle
J’ai pétri ses pis gonflés
Son lait était chaud
Il sentait bon le printemps et la luzerne
Ça me donnait des idées
Comme celle d’inventer un fromage »
« Un fromage, bien sûr !
Oh mais, quelle trouvaille ! »
« Dans nos verts pâturages
Tout n’est qu’abondance
Il suffit de se servir
Organisons un concours ! »
« Un concours ?
Mais un concours de quoi ? »
« Mais de fromage, voyons !
Le plus talentueux
Ou la plus talentueuse d’entre nous
Gagnera un trophée ! »
La belle avait cette idée en tête
Pour asseoir sa renommée
Son fromage aurait un nom
Qui la rendrait célèbre :
Le camembert !
Qui l’eût cru au lait cru ?
Celui-ci, encore en ébauche
Dans les mains expertes de la vachère
Devint crémeux à souhait
Puis délicieusement coulant
Pour ne pas dire trop fait
Vous avez dit trop fait ?
Ah, c’est peu dire
Tant il titillait les narines !
La Gauloise remporta le concours
Et son fromage pur délice
Obtint on le sait
L’appellation ô combien méritée
De camembert trophée