Étude de cas au cœur de l’institut KAPI - José Meunier - E-Book

Étude de cas au cœur de l’institut KAPI E-Book

José Meunier

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Beschreibung

L’institut en ressources humaines KAPI, basé à Lille depuis trente-cinq ans, est en vente. Son propriétaire, Lenato Bernard Henri, à l’âge de soixante-cinq ans, souhaite céder l’entreprise pour se consacrer à son BNB – Bonheur National Brut – avec sa femme Gabrielle. Au sein de son équipe composée de deux consultantes et quatre consultants, une bataille féroce s’annonce pour le rachat de l’entreprise lors de cette campagne de reprise. Qui l’emportera ?

 À PROPOS DE L'AUTEUR

José Meunier a été initié à la lecture par sa grand-mère paternelle, à travers des ouvrages tels que "Les aventures de monsieur Pickwick" et "Le tour du monde en aéroplane". Devenu adulte, son intérêt pour les questions sociétales s'est associé à cette culture littéraire, créant ainsi ce roman.

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José Meunier

Étude de cas au cœur de l’institut KAPI

© Lys Bleu Éditions – José Meunier

ISBN : 979-10-422-1370-1

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Note de l’auteur

Le scénario de mon roman est un mélange de faits ayant existé et d’une cuisine inventive.

Les ingrédients sont turpitudes, antinomie et goût puissance 10 du pouvoir.

Le mille-feuille est parfait, dosé à point pour le déguster sans modération.

Lenato Bernard-Henri est le fondateur de l’institut en ressources humaines KAPI qui est implanté à Lille.

Six consultants composent l’équipe, deux Dames et quatre Messieurs.

Après trente-deux années sur le théâtre des opérations, BHL, ce gentleman de soixante-cinq ans souhaite profiter de la vie et céder son entreprise.

Le 8 avril 2022, le scoop tombe !

BHL cédera KAPI, décision mûrement réfléchie et irrévocable…

Une course effrénée s’engage alors pour la reprise de KAPI.

Le bien-être au travail se transforme petit à petit en espionnage du genre de la CIA et il s’instrumentalise.

Le challenge, l’esprit d’équipe, des formes de motivations naturelles deviennent de la jalousie nauséabonde, insupportable, explosive.

Deux consultants Alain et Alex mijotent un plan pour le moins machiavélique pour arriver à leurs fins : racheter KAPI.

Nelson et Jacques, les deux consultants, des années d’expérience chez KAPI et une folle envie de reprise sont également sur le coup.

Focus sur le jalonnement de l’absurdité de l’existence humaine, dans certains cas, pour arriver au pouvoir. Allégorie ou prisme, esprit cartésien peut-être.

Énigmatique certainement !

Le rideau s’ouvre, bonne lecture à vous…

La clarté des fonts baptismaux

Nous sommes le vendredi 8 avril 2022, la journée s’annonce sous les meilleurs auspices.

Le ciel est bleu, d’un bleu azur à perte de vue.

La température agréable a facilité l’éclosion des premiers crocus ainsi que celle des tulipes. Les jonquilles, les reines des prés, les petites pimprenelles pointent le bout du nez.

Ce décor floral est une beauté, une invitation à venir au boulot de façon zen.

Le couple Lenato Gabrielle et Bernard-Henri avait demandé au paysagiste cette harmonie.

Nous cheminons dans cette allée centrale du parc qui nous guide vers les locaux de l’institut en ressources humaines de BHL.

Les hirondelles sont de retour depuis hier, elles sont ravies de reconnaître les lieux.

Dans quelques semaines, les couples se formeront pour donner naissance à toutes ces petites ambassadrices du bonheur comme se plaît à dire la voisine de l’institut, Mme Lecat Gisèle.

Il est vrai que cette année, Pâques sera a priori bon et beau à la fois, contrairement à l’an dernier où il faisait froid et humide, très humide. Albo lapillo notare diem (cette fois, un jour heureux).

M. Lenato Bernard Henri, BHL le bien nommé consacre sa vie à l’institut en ressources humaines et management.

Son bébé porte le nom KAPI depuis près de trente-deux ans à la fin 2022.

À 8 h sonnant à l’horloge de la petite église Ste Eustache, il gare sa limousine grise aux chevrons DS 9 E Tense en marche arrière devant son

bureau. Manœuvre qu’il effectue quasiment les yeux fermés, tellement il y est habitué depuis des années.

Le seul luxe et pas des moindres est une caméra de recul, mais l’option était comprise dans le prix comme dirait BHL, puis au diable l’avarice.

Fidèle à la marque aux chevrons depuis plus de quarante années, pour combler Gabrielle, son épouse qu’il ne voulait surtout pas décevoir. C’est pour cette raison que toutes les options de technologie, de finition et de sellerie sont haut de gamme, privilège… comme ils disent.

D’un pas soutenu, BHL accompli la dizaine de mètres qui le sépare de sa limousine à son bureau aux vitres teintées.

Il entre dans la salle de ses collaborateurs aux boxes cloisonnés décorés aux goûts de chacun.

Photos de famille, enfants, petits-enfants pour certains, épouses, photos de passions également, décorations africaines, tableaux de peintres.

Un bonjour à toutes et à tous avec une poignée de main chaleureuse au passage, c’est ce qui caractérise ce gentleman.

Respectueux de son équipe, il revendique haut et fort et l’avoue en public.

— L’esprit d’équipe, le respect des équipiers fait la cohésion et facilite les relations au sein de notre institut.

Cette situation est parfois galvaudée dans le dos de BHL, le pauvre ne sait pas toujours tout sur l’ambiance qui règne dans les couloirs. Le panier de petits crabes est parfois affamé de pouvoir…

BHL rejoint son bureau, dépose sa mallette, enlève sa veste, se connecte et revient dans l’espace collaborateur. Du haut de son mètre quatre-vingt-deux, il se campe au milieu de la salle tel Néron et lance :

— Mmes, MM, ce soir, je vous invite à prendre un pot à 17 h
—  dans la salle Meunier Constantin (peintre et sculpteur belge). Par avance, je vous remercie.

BHL repart vers son bureau et soudain stoppe sa lancée, pivote sur la droite et revient sur ses pas pour se stationner face à ses consultants…

— Ah oui ! L’ordre du jour. À part bien entendu le plaisir de vous offrir un pot avant ce long week-end de Pâques…
— Euh ! Pas événementiel ni spectaculaire… plutôt stricto sensu l’avenir de l’institut, mais n’ayez aucune crainte pas de pessimisme du tout, notre travail, notre avenir est florissant, nos agendas sont complets jusque… visibilité fin 2025.

Le scoop donne matière à réflexion

L’ensemble des équipiers se regarde, l’un observe l’autre, imaginant une complicité avec BHL. Certains haussent les épaules, d’autres avancent les lèvres dignes des mimes de spectacles de Marceau.

Personne n’ose poser la question au « Boss ».

Mais de quoi s’agit-il ?

Spinoza Nelson, le seul de l’institut à tutoyer BHL, décontracté comme à son habitude et d’un flegme qui lui appartient, se lève et lui demande :

— Mais Bernard Henri, s’il te plaît, rassure-nous, il n’est pas question de ta santé ? Si ce n’est pas toutefois indiscret.
— Rassurez-vous, Mmes et MM, mon dernier bilan général date de février de cette année, il est nickel chrome.
— Eh bien alors, il n’y a pas péril en la demeure, lui rétorque
—  Nelson en lui clignant de l’œil.
— Du tout Nelson, mais n’oublies pas, je suis le plus âgé de l’institut, j’ai 65 ans. Bon allez, bon courage, à ce soir, n’ayez crainte…

BHL rejoint son bureau, il est 8 h 15.

Comme d’habitude, le café de 9 h aura lieu, contrairement aux autres jours, les questions fuseront, les tractations commenceront à prendre forme, les scénarios aussi, mais cette fois sur un unique sujet… la cessation d’activité de BHL.

L’institut de BHL est sur le théâtre des opérations depuis trente-deux ans. Il drive ses six consultants de façon

patriarcale, même un peu débonnaire au fil du temps.

Ses collaborateurs sont des consultants, un statut avec des particularités avantageuses aux demeurant, car toutes et tous sont des cadres pour la plupart de niveau 4.

BHL n’exige pas de ses consultants une prise de travail à la minute près, mais d’être présent à 8 h, en sachant qu’il est très reconnaissant des coups de colliers donnés en fin de mois.

Il a comme adage de laisser entendre… en boutade à qui veut tendre l’oreille, l’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt et d’ajouter, en arrivant à 8 h, vous avez dormis comme des bébés !

En revanche, la parité n’est pas à l’ordre du jour chez KAPI, deux dames et quatre hommes composent l’équipe. C’est une manière de dosage à la BHL…

Présentation des forces vives chez KAPI

M. Lenato Bernard-Henri, 65 ans, toujours sapé comme un prince, costume taillé sur mesure, grand, mince, poivre et sel.

Marié à Gabrielle, ensemble, ils ont un fils. Gérard

, médecin généraliste sans enfant et célibataire.

BHL est le fondateur de KAPI, l’institut en ressources humaines surnommé l’okapi par ses collaborateurs.

L’okapi mammifère vivant dans la République du Congo, animal très timide, BHL avait fait sa connaissance lors de ses safaris au Congo.

Dès son retour, il avait souhaité donner le nom de KAPI à son institut lors de sa création.

La team des consultantes :

Je vous présente… Poraska Tamara, surnommée la Polka par certains de ses collègues pour sa prestance…

Tamara est âgée de 48 ans, mariée, 2 enfants, un garçon et une fille. Célibataires, ils ont leur indépendance.

Tamara est consultante à l’institut KAPI depuis 21 ans.

Cette dame d’origine polonaise est née en France dans le Nord. Ses grands-parents sont arrivés en 1930 pour travailler dans les mines.

Éducation parfaite, études supérieures effectuées et réussies sans embûche à la Fac de Lille.

Tamara est parfaitement intégrée dans l’équipe, elle a en charge la formation des futurs agents de maîtrise et cadres de 3 grosses entreprises du Valenciennois dans le domaine du commerce et de la distribution.

Tamara est organisée, méthodique et appréciée par ses clients. BHL est très satisfait de son travail. Elle est d’ailleurs la chouchoute du boss et ses collègues la charrient souvent avec ça. Néanmoins, Tamara ne profite pas du système, et tient à le préciser.

Au travail comme dans la vie privée, Tamara est très équilibrée. Sa trajectoire de vie est limpide, sans écueil. Elle est mariée à un kiné, ils forment un couple très uni. BCBG… oui ! Bobos… oui !

Ils adorent taquiner les boutiquiers de la rue piétonne et en particulier écumer les antiquaires du vieux Lille à la recherche de moulins à café.

Tamara a commencé une collection, coup de foudre avec le premier qui appartenait à ses grands-parents. Une beauté et une perfection digne de l’horlogerie suisse dans la précision du mécanisme de fonctionnement.

Il faut avouer que le café dans le Nord est une tradition… une coutume. Une « jatte » de café, c’est sacré au même titre que le petit jaune à Marseille, avec modération. Pas le savon !

Passons à la seconde dame, Lafleur Anne.

Anne, surnommée Tahiti par ses collègues pour son teint hâlé, habillée très tendance, planète mode à ses pieds… Yes !

Droite et honnête, elle préfère qu’on lui coupe la tête, si un jour elle ment.

Anne, 28 ans, la petite dernière arrivée à l’institut KAPI il y a 2 ans, mariée à un professeur des écoles… une jolie Océane de 3 ans fait le bonheur de ce couple made in ch’ti.

Originaire de Dunkerque, Anne a fait ses études dans sa ville natale et a obtenu haut la main son master en ressources humaines et un DESSA en comptabilité. Anne a en charge le consulting du secteur bancaire.

BHL ne s’est pas trompé dans le recrutement de cette consultante. Elle a une progression à deux chiffres sur les objectifs annuels que lui a demandés son Boss. Exactement, 11 % la première année, alors que 6 % étaient le deal lors de son entretien de pilotage, cette année.

Tenez-vous bien, 11,8 %. Super, comme dit BHL. Je veux bien le croire.

M. le directeur a confectionné un indicateur maison, mais très efficace, logiquement. Cet indicateur confidentiel, à la limite vis-à-vis de la CNIL (commission nationale informatique et liberté), qui ne donnerait pas son aval sur ce suivi, je pense. Sapiens nihil affirmât quod non probet (je n’ai pas de preuve pour autant), passons.

BHL a des notes manuscrites sur un tabloïde issu des entretiens avec le panel des clients d’Anne. Cela lui sert à connaître sa performance, le niveau de satisfaction de ses clients. Pas vraiment machiavélique, ce suivi. Pas copié sur le principe de la police de la stasie, mais limite déontologiquement.

Une fuite lors d’un buffet chez M. Dakota, un des clients d’Anne, où était présente l’équipe KAPI au complet a mis un peu BHL en déséquilibre et lui a donné quelques sueurs froides dans le dos.

Ce client, un peu fatigué en soirée, s’adressant à Anne, avait lancé à haute voix…

— Mme 4 étoiles va bien ?

Anne, surprise de voir M. Dakota lui lancer cette question, pensa qu’il voulait prendre des nouvelles de sa santé, assez logique comme pensée… mais lui demanda une explication pour confirmer, car elle était dubitative… intuitive peut-être sur ce coup-là !

— Pardon, M. Dakota, vous dites ?

M. Dakota s’apercevant quand même de sa maladresse se mit à tousser.

Extirpant quelques mots à peine audibles du fond de sa cage thoracique caverneuse… il répondit :

— Pas grave Anne. Euh ! Je pensais à autre chose !

BHL, pas très loin de la scène, et de ce fait, avait entendu intégralement le piètre compliment de Dakota envers Anne. Il intervint tout de suite, au risque que son secret sur le suivi de ses collaborateurs ne se transforme en turpitudes, et encore plus si Anne avait saisi l’énigme ?

BHL, l’esprit vif, avait souvenir que Dakota était allé en voyage à l’île Maurice, la transition était trouvée, il fallait la transformer.

— M. Dakota, vos vacances sur l’île Maurice, c’était kisct le 4 étoiles, Anne ressemble à une personne de l’hôtel, je suppose ?

M. Dakota qui avait repris un peu ses esprits répond à BHL :

— Oh oui, vraiment bien l’hôtel. Anne a une sœur jumelle !

Ouf, le message subliminal était passé. Enfin éteint.

La team des consultants :

Je commence par Latour Alain, 38 ans, né en Gironde et surnommé par ses collègues le fennec, par son audace, pas toujours politiquement correcte, pour arriver à ses fins.

Marié depuis 4 ans à Virginie, cheffe de cabinet d’un préfet et sans enfants.

Employé chez KAPI depuis 8 ans, Alain a fait de brillantes études. Diplômé en ressources humaines dans une prestigieuse école anglaise, un master en droit, il a également une licence en informatique.

Alain a en charge la formation et le suivi des cadres administratifs du TGI de Lille, mais aussi, les chefs de service du centre des impôts de Lille.

Toute proportion gardée, Alain, célibataire jusque l’âge de 34 ans, avouons-le, ne voulait pas de femme. Plus exactement, il ne voulait pas passer devant M. le maire.

Les années passèrent, et un soir de Saint-Sylvestre, Alain, visionnaire, manichéen, cartésien également, a séduit Virginie invitée chez des amis communs, cette jeune dame de 2 ans sa cadette, fonctionnaire émérite au service d’un préfet à forte réputation.

Il a su associer l’utile à l’agréable. Au demeurant, il a mis en œuvre une cour assidue, honnête, et le respect l’un pour l’autre s’est transformé au fil du temps en amitié, jusqu’à ce que l’amour finisse par les rapprocher définitivement.

Il n’en reste que cette situation inéluctable, Alain l’avait préméditée dès le départ lors de la présentation des invités chez leurs amis.

Ce winner cherchait des appuis dans la magistrature et la politique avec toujours la même idée fixe en tête, régner un jour sur une société en communication ou un institut de conseil aux entreprises.

L’annonce de la cessation de KAPI est une réflexion à considérer très sérieusement dans les jours à venir ! Qui habet aures audiendi, audiat (faire son profit d’un avis).

Nous sommes en présence de Semonville Alex, 36 ans, né à Bourg-la-Reine et surnommé par ses collègues, et surtout par Jacques, M. 4 Volts pour son manque n’initiative et sa mollesse dans les prises de décisions

Alex, 36 ans, marié à Dominique, une ravissante autochtone de 34 ans qui est arrivée avec ses parents de la Martinique à l’âge de 8 ans. Ils n’ont pas d’enfant.

Dominique est responsable d’une agence de voyages.

Alex a fait ses études à Paris, il est diplômé en ressources humaines de la prestigieuse école HEC. Il est professionnel, méticuleux, méthodique, honnête et respectueux d’autrui, féru de mathématiques, passionné de philosophie et de sociologie.

Alex est toujours d’un calme olympien. Petit bémol, il est un peu influençable, il a cédé à son collègue Alain pour le covoiturage, du fait qu’ils résident tous deux dans la même copropriété… résidence Renoir.

Il n’était pas très chaud au départ, pourtant,

Jacques avait déjà eu vent qu’Alex n’était pas emballé de cette collaboration forcée, il s’était confié d’ailleurs…

— Je suis gêné d’arriver au travail quelques minutes avant et bien souvent après 8 h, et ce, quand Alain prend sa voiture.

— Vous arrivez juste également quand vous prenez la vôtre, lui dit Jacques !

— Effectivement Jacques, mais j’attends toujours 10 min devant la résidence d’Alain et ensuite, il me parle avant de démarrer…

— Insistez… mon vieux en lui disant, nous discuterons pendant le trajet !

— Beh ! Oui, je n’ose pas !

— Vous n’avez donc pas de c… s au cul ? Un jour, il va vous embobiner… vous enfumer… vous êtes un camay !

Bon, allez, débrouillez-vous ! Mais ne criez pas un jour au secours !

Alex a en charge la formation et le suivi des agents de maîtrise et cadres de ERDS et de la SNCF depuis son arrivée chez KAPI il y a 6 ans.

Le voilà, Legros Jacques, 60 ans, surnommé par ses collègues, le Schauzeur ou le suranné, sourcils énormes, barbe

poivre et sel pas toujours entretenue, et vêtements très vintage.

Divorcé, il vit seul et a un fils. Martial, contrôleur de gestion pour une enseigne de bricolage, marié à Mathilde. Jacques est grand-père d’une petite Mélanie, 5 ans.

Entré à l’institut KAPI à l’âge de 24 ans, il a travaillé quelques années en Belgique avant de rejoindre KAPI.

Jacques a un Bac + 3 en communication. À l’époque, une licence suffisait et/ou était une carte de visite pour un emploi, la recherche n’était pas un chemin de croix pour trouver du travail.

Jacques est arrivé chez KAPI juste un an avant la création de l’institut.

Dans les années 1978-1980, on ne parlait pas de consultant, mais de conseiller.

Jacques a d’ailleurs été embauché en tant que conseiller en management.

BHL commençait à honorer de plus en plus de contrats pour des administrations en recherche de formation pour certains employés.

En charge de management essentiellement, BHL travaillait sans relâche. Il ne pouvait plus tenir la cadence.

BHL et Jacques se partageaient un bureau de 20 m2 dans le centre-ville de Lille.

BHL négociait les contrats et faisait le démarcheur. Bel homme, déjà bobos et bon parleur, c’était sa tâche, son labeur, avec des journées très longues. Le soir, il faisait la gestion comptable de son affaire.

Le rôle de Jacques était de préparer les supports-papier-conseils en formation pour les cours, pour les sites demandeurs.

Méthodique, bien rédigé, intercalaires de couleurs pour bien ponctuer les thèmes à enseigner.

Le principe établi était une semaine de préparation, une semaine de formation et conseil, l’agenda était ainsi fixé.

Jacques arrive à 7 h 15 pour travailler, mais ne rentre à l’institut qu’à 7 h 45.

Il rend visite à Maryvonne, la tenancière du petit café tabac dans une rue adjacente à l’institut.

Jacques est un fidèle investisseur chez elle depuis 30 ans. Les petits cafés, en arrivant le matin, agrémentés d’un petit Calv. en période hivernale, et de quelques cigarillos ninas l’accompagnent dans la lecture de son journal local.

Jacques a même le privilège de garer son scooter dans un des garages de Maryvonne.

Il peut ensuite, ninas au bec, rejoindre son bureau, cool en l’espace de 10 minutes.

Consultant consciencieux, professionnel, il a dû prendre un arrêt de travail de 8 jours en 30 ans de présence. De plus, un chauffard était à l’origine de l’inattention. Il a roulé sur le pied de Jacques sur un passage protégé. Pauvre Jacques !

Au demeurant consciencieux, mais pas question d’arriver trop tôt au bureau, et de repartir trop tard après l’heure, le patron est assez riche !

C’est sa devise, il est assez distant de ses collègues. En effet, il n’a pas trop d’atomes crochus avec eux, sauf avec Nelson. Un contentieux de longue date les lie, Nelson l’a surpris en possession de flacons de rosé sur son lieu de travail.

Jacques traversait une période douloureuse en instance de divorce, pas facile !

Cet événement s’est déroulé en l’absence de BHL qui était en vacances au Bouthan.

Jacques a presque supplié Nelson de fermer les yeux. En échange, il passa un deal avec lui qui consistait à être à ses côtés dans toutes les situations, les circonstances où Nelson était en minorité sur des décisions.

Jacques tend même ses deux énormes

pavillons chez Maryvonne lorsque des inconnus parlementent sur des dossiers d’entreprises.

Il dit à haute voix au bistrot d’un côté les pipelettes, de l’autre côté l’alcool, cet assemblage vaut mieux qu’un sérum de vérité.

Nous sommes dès à présent avec le 4e consultant.

Spinoza Nelson surnommé par ses collègues le sphinx par sa finesse et son sens pour décortiquer et mettre à nu en tout bien tout honneur les problèmes compliqués.

Âgé de 59 ans, marié à Justine, un fils Térence qui travaille en région parisienne et continue ses études pour décrocher un doctorat en gestion d’entreprise.

Nelson est entré chez KAPI il y a 31 ans pour pallier cette fois au retard de Jacques.

Le bouche-à-oreille fonctionnait très bien, ce nouveau concept de formation en

management des ressources humaines plaisait beaucoup aux dirigeants de diverses sociétés et administrations.

BHL a pris conscience qu’il fallait vite très vite prendre la décision d’embaucher un second conseiller, il a donc lancé un appel à candidatures, sur les 18 prétendants au poste, c’est Nelson haut la main qui a décroché la faveur de BHL.

Avec en poche un master M et d’un diplôme en sociologie du travail, le management des ressources humaines était tout indiqué pour cet investissement chez KAPI.

Nelson était le bienvenu pour porter secours au boss et aider son collègue.

Nelson a très vite pris la mesure de l’importance que cet institut en plein développement pourrait avoir dans les années à venir… ad augusta par augusta (arriver au triomphe en surmontant maintes difficultés).

Au fil des années ce consultant a pris de la considération aux yeux de BHL, à un tel point qu’il est devenu le pilier de KAPI, prise de décisions rapides et réfléchies, altruiste, visionnaire, fin négociateur, pas débonnaire pour un sou lui ! Sa devise est la suivante :

Observation, réflexion, action, application. Il met en œuvre sa méthode de travail au sein de KAPI et chez ses clients, de la

même façon.

BHL a validé par ailleurs à Nelson une délégation croissante de pouvoir avec une autonomie avancée, c’est-à-dire des comptes rendus, débriefing à chaque retour du boss.