Gobseck - Honoré de Balzac - E-Book

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Honore de Balzac

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Beschreibung

Gobseck, Maître Cornélius et Facino Cane ont en commun un caractère fondamental : la fascination pour l’argent. Gobseck, implacable vieillard, a fait de l’usure un art dont il respecte scrupuleusement les règles. Maître Cornélius est un marchand riche et avare, banquier de Louis XI et Facino Cane, un noble Vénitien déchu et ruiné, à la recherche du trésor des Doges de Venise.

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Copyright

First published in 1830

Copyright © 2020 Classica Libris

Dédicace

À monsieur le baron Barchou de Penhoen

Parmi tous les élèves de Vendôme, nous sommes je crois, les seuls qui se sont retrouvés au milieu de la carrière des lettres, nous qui cultivions déjà la philosophie à l’âge où nous ne devions cultiver que le De viris ! Voici l’ouvrage que je faisais quand nous nous sommes revus, et pendant que tu travaillais à tes beaux ouvrages sur la philosophie allemande. Ainsi nous n’avons manqué ni l’un ni l’autre à nos vocations. Tu éprouveras donc sans doute à voir ici ton nom autant de plaisir qu’en a eu à l’y inscrire

Ton vieux camarade de collège,

De Balzac

1840.

Gobseck

À une heure du matin, pendant l’hiver de 1829 à 1830, il se trouvait encore dans le salon de la vicomtesse de Grandlieu deux personnes étrangères à sa famille. Un jeune et joli homme sortit en entendant sonner la pendule. Quand le bruit de la voiture retentit dans la cour, la vicomtesse ne voyant plus que son frère et un ami de la famille qui achevaient leur piquet, s’avança vers sa fille qui, debout devant la cheminée du salon, semblait examiner un garde-vue en lithophanie, et qui écoutait le bruit du cabriolet de manière à justifier les craintes de sa mère.

– Camille, si vous continuez à tenir avec le jeune comte de Restaud la conduite que vous avez eue ce soir, vous m’obligerez à ne plus le recevoir. Écoutez, mon enfant, si vous avez confiance en ma tendresse, laissez-moi vous guider dans la vie. À dix-sept ans l’on ne sait juger ni de l’avenir, ni du passé, ni de certaines considérations sociales. Je ne vous ferai qu’une seule observation. Monsieur de Restaud a une mère qui mangerait des millions, une femme mal née, une demoiselle Goriot qui jadis a fait beaucoup parler d’elle. Elle s’est si mal comportée avec son père qu’elle ne mérite certes pas d’avoir un si bon fils. Le jeune comte l’adore et la soutient avec une piété filiale digne des plus grands éloges ; il a surtout de son frère et de sa sœur un soin extrême. – Quelque admirable que soit cette conduite, ajouta la comtesse d’un air fin, tant que sa mère existera, toutes les familles trembleront de confier à ce petit Restaud l’avenir et la fortune d’une jeune fille.

– J’ai entendu quelques mots qui me donnent envie d’intervenir entre vous et mademoiselle de Grandlieu, s’écria l’ami de la famille. – J’ai gagné, monsieur le comte, dit-il en s’adressant à son adversaire. Je vous laisse pour courir au secours de votre nièce.

– Voilà ce qui s’appelle avoir des oreilles d’avoué, s’écria la vicomtesse. Mon cher Derville, comment avez-vous pu entendre ce que je disais tout bas à Camille ?

– J’ai compris vos regards, répondit Derville en s’asseyant dans une bergère au coin de la cheminée.

L’oncle se mit à côté de sa nièce, et madame de Grandlieu prit place sur une chauffeuse, entre sa fille et Derville.

– Il est temps, madame la vicomtesse, que je vous conte une histoire qui vous fera modifier le jugement que vous portez sur la fortune du comte Ernest de Restaud.

– Une histoire ! s’écria Camille. Commencez donc vite, monsieur.

Derville jeta sur madame de Grandlieu un regard qui lui fit comprendre que ce récit devait l’intéresser. La vicomtesse de Grandlieu était par sa fortune et par l’antiquité de son nom, une des femmes les plus remarquables du faubourg Saint-Germain ; et, s’il ne semble pas naturel qu’un avoué de Paris pût lui parler si familièrement et se comportât chez elle d’une manière si cavalière, il est néanmoins facile d’expliquer ce phénomène. Madame de Grandlieu, rentrée en France avec la famille royale, était venue habiter Paris, où elle n’avait d’abord vécu que de secours accordés par Louis XVIII sur les fonds de la Liste Civile, situation insupportable. L’avoué eut l’occasion de découvrir quelques vices de forme dans la vente que la république avait jadis faite de l’hôtel de Grandlieu, et prétendit qu’il devait être restitué à la vicomtesse. Il entreprit ce procès moyennant un forfait, et le gagna. Encouragé par ce succès, il chicana si bien je ne sais quel hospice, qu’il en obtint la restitution de la forêt de Grandlieu. Puis, il fit encore recouvrer quelques actions sur le canal d’Orléans, et certains immeubles assez importants que l’empereur avait donnés en dot à des établissements publics. Ainsi rétablie par l’habileté du jeune avoué, la fortune de madame de Grandlieu s’était élevée à un revenu de soixante mille francs environ, lors de la loi sur l’indemnité qui lui avait rendu des sommes énormes. Homme de haute probité, savant, modeste et de bonne compagnie, cet avoué devint alors l’ami de la famille. Quoique sa conduite envers madame de Grandlieu lui eût mérité l’estime et la clientèle des meilleures maisons du faubourg Saint-Germain, il ne profitait pas de cette faveur comme en aurait pu profiter un homme ambitieux. Il résistait aux offres de la vicomtesse qui voulait lui faire vendre sa charge et le jeter dans la magistrature, carrière où, par ses protections, il aurait obtenu le plus rapide avancement. À l’exception de l’hôtel de Grandlieu, où il passait quelquefois la soirée, il n’allait dans le monde que pour y entretenir ses relations. Il était fort heureux que ses talents eussent été mis en lumière par son dévouement à madame de Grandlieu, car il aurait couru le risque de laisser dépérir son étude. Derville n’avait pas une âme d’avoué.

Depuis que le comte Ernest de Restaud s’était introduit chez la vicomtesse, et que Derville avait découvert la sympathie de Camille pour ce jeune homme, il était devenu aussi assidu chez madame de Grandlieu que l’aurait été un dandy de la Chaussée-d’Antin nouvellement admis dans les cercles du noble faubourg. Quelques jours auparavant, il s’était trouvé dans un bal auprès de Camille, et lui avait dit en montrant le jeune comte : – Il est dommage que ce garçon-là n’ait pas deux ou trois millions, n’est-ce pas ?