Guide d'initiation au management artistique en musique urbaine en Afrique E-Book

Magali Wora

• Herausgeber: Publishroom
• Kategorie: Geisteswissenschaft
• Sprache: Französisch
• Veröffentlichungsjahr: 2019

Seitenzahl: 106

Beschreibung

Plongez-vous dans cet ouvrage éclairant afin de pouvoir accompagner au mieux un artiste dans le monde culturel africain et développer efficacement sa carrière.

Ce guide est un outil didactique, encore plus un outil pour accompagner tous les opérateurs culturels désireux de se lancer ou exerçant déjà dans le développement de carrière d’artiste en Afrique.
Dans cet ouvrage, sont abordées différentes thématiques tel que les revenus de l’artiste et son cadre social, les partenaires de l’artiste, la fiche technique, ou encore les contrats de l’industrie musicale. Ce guide « clé en main » est totalement conçu et adapté pour le contexte Africain ; l’objectif étant d’envoyer un message à tous les acteurs de l’industrie musicale subsaharienne : que le talent, seul, ne suffit pas, qu’il est primordial de bien se préparer et se battre pour ses projets, quelques soient les embûches de la réalité Africaine et les éventuels détracteurs.
Il est le premier d’une série de cahier thématique sur les carrières artistiques en Afrique ; les prochains projets étant : « Être producteur indépendant en Afrique » et « Être artiste indépendant en Afrique ».

Ce guide thématique sur le management des musiciens en Afrique vous donnera toutes les clés pour préparer le terrain et mener vos projets à bien.

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE

Dans le guide, Magali Wora donne aux patrons de la musique gabonaise les outils permettant de construire une véritable industrie de la musique. - Eudes Rinaldy Leboukou, ActuDaily

À PROPOS DE L'AUTEUR

Née le 17 septembre 1981, Magali Wora grandit à Libreville, capitale du Gabon où elle a attrapé la passion du travail et ce besoin vital d’autonomie et d’indépendance. Ses études qui l’ont fait passer par le Lycée National Léon Mba, l’emmènent à l’École Nationale Supérieure de Secrétariat en 2004, puis à l’Irma à Paris en 2006 et en 2007 où elle suit des formations courtes en management artistiques et entreprenariat de spectacles. Toujours impliquée dans divers projets culturels, elle assure tour à tour les postes d’agent artistique, directrice artistique ou d’administrateur, notamment sur le Festival Gabao Hip Hop en 2009, avant de rejoindre Rockstar4000/Sony Music Africa en tant que Régional Manager puis MTV Base Africa en 2014. En 2016 et 2017, on la retrouve dans l’organisation du show télévisé Coke Studio Africa où elle est la tête chercheuse d’artistes francophones. L’année suivante, elle assurera le rôle de directrice de casting pour The Voice Afrique Francophone saison 2.
Toujours en quête de savoir et d’outils pratiques, elle suivra tour à tour une formation courte en régie générale à Yakaar (en 2009, Dakar), une formation supérieure sur le management culturel avec le Goethe Institute (2011, Hamburg) et une formation sur le leadership et la gouvernance culturel avec Arterial Network (2013, Douala). C’est ainsi, un savoir accumulé toutes ces années, entre formations et expériences, qu’elle partage habillement au travers d’atelier de formation.
Véritable entrepreneuse, l’année 2019 sera marquée par la sortie de son premier livre/guide sur le management artistique. Ses projets ? Des rêves pleins la tête, deux nouveaux livres sur des thématiques toujours liés à l’exercice de l’art en Afrique, devenir maître de conférence et partager son expérience partout en Afrique et dans le monde.

Leseprobe

Magali Palmira Wora

Guide d’initiation au

management artistique

en musique urbaine en Afrique

introduction

L’idée d’écrire ce guide m’a clairement été suggérée par une amie M… alors que j’étais en plein dans les MTV Africa Music Awards 2016. Il est vrai que plusieurs personnes m’avaient auparavant demandé la raison pour laquelle je n’écrivais pas « quelque chose » pour le management des artistes. Cependant, je n’étais guère très motivée. D’une part, mon emploi du temps quotidien me donnait du fil à retordre et d’autre part je préférais transmettre par des ateliers de formation que par écrit.

Cependant, la sollicitation de M. venait me faire réaliser l’urgence et la nécessité d’écrire ce guide. Mais la réalité étant que le métier est difficile et trop souvent ingrat. Beaucoup de ceux qui ont commencé avant, en même temps ou après moi ont abandonné l’œuvre pour se tourner vers un métier moins conflictuel. Mais sans manager pour diriger les carrières d’artistes, je ne pouvais m’attendre à une réelle évolution de l’industrie musicale urbaine en Afrique.

Par ailleurs, j’ai eu le privilège de suivre diverses formations courtes et continues sur le métier de manager et grâce au Goethe Institut; ainsi, j’ai pu acquérir les outils pédagogiques pour transmettre mon savoir. J’étais, par conséquent, l’une des mieux qualifiés pour le faire. Je m’y suis donc collée.

Comme l’indique son intitulé, ce manuel est à la fois un guide mais également un travail de recherche afin d’approfondir les questions liées au management artistique. Il aura pour but de donner des orientations, des propositions, des modèles de travail, et de répondre à certaines questions que les opérateurs culturels qui se lancent dans la carrière de managers d’artistes se posent ou font face. J’utiliserai dans la mesure du possible des termes simples et facilement compréhensibles.

Bonne lecture à tous et que Dieu vous remplisse de ce nouveau savoir.

remerciements

Je tiens tout particulièrement à remercier tous ceux qui de près ou de loin, ont contribué à la matérialisation de ce guide.

A Marjorie Rodrigues Ben David, qui m’a stimulé pour que je concrétise ce guide. Elle était tout le temps en train de me rappeler si j’avais commencé à écrire. A Passion Artistik, qui prend fièrement le relai de ce que j’ai initié.

A toute l’équipe de Live Y Dream, au Togo, qui a corrigé et mis en page ce guide. A toute l’équipe de Kod’bart, au Gabon, qui a mis en page et illustré ce guide. Vous êtes des génies. Et je confirme que l’Afrique c’est le futur. A mon très spécial assistant Ulrich Chadare, je t’aime, tu es spécial pour moi.

A ma mère, Aleka Kaya Françoise Simone, A mon père, Reningovolo Jean… J’ai un peu des deux. Je vous aime.

A mon Père spirituel Michel Ambouroue, mon past Hip Hop qui m’a appris à apprécier ma valeur… Tu es bénissant et ta place est unique dans mon coeur. Je t’aime oh.

A un de mes frères d’armes qui souffre avec moi dans le management d’artiste : Davy Lessouga, leader de demain. I believe in you.

A des aînées qui ont tracé la voie devant moi : Safouane Pindra, Tony Mefe, Jules Kandem, Claudy Siar, Jandre Louw, Garrick William, Tim Horwood, Deana Heslop-Mthembu, James Bassingthwaighte.

A Prince Mo’… On revient de loin mais on a pu donner vie à « Live and Believe », cet album entièrement produit par Real Black Music. Thanks GOD.

A Hervé Mandina, sans toi les choses n’auraient jamais été les mêmes. L.O.V.E

Et pour finir « Oche Baba God… Everything is here in your Presence, Jesus ».

chapitre 1 : Qui est l’artiste ?

Le management artistique repose sur l’artiste. Sans l’artiste le manager n’a point d’existence. C’est pour cette raison que nous ouvrons ce manuel par un chapitre qui se penche sur les caractéristiques généralement observées chez ces êtres exceptionnels que sont les artistes.

La créativité…

De manière générale nous définirons l’artiste comme étant un individu faisant (une) œuvre, cultivant ou maitrisant un art, un savoir, une technique et dont on remarque entre autres la créativité, la poésie, l’originalité de sa production, de ses actes, de ses gestes. Ses œuvres sont source d’émotions, de sentiments, de réflexions, de spiritualités ou de transcendances.

La sensibilité…

De ce fait, toute personne qui aspire à se lancer dans le métier de manager d’artiste doit réaliser que leur monde est artistique, imaginaire, quelque peu déluré. Pour ma part je les ai classés en deux (2) catégories : Les sensibles et les hyper sensibles. En effet, l’artiste de par sa nature a une sensibilité différente du commun des mortels. Ils sont habités par les émotions qu’ils transmettent.

C’est pour cette raison qu’ils sont souvent perçus comme trop extravertis, trop introvertis, trop différents, trop spéciaux. Les hyper sensibles quant à eux sont un ou plusieurs degrés au dessus de la sensibilité « normale » chez un artiste. Ils peuvent être les cas les plus difficiles à canaliser car leur trop grande sensibilité qui est un merveilleux don peut s’avérer être un effroyable handicap.

Alliée à la drogue ou à environnement de vie instable ou inadapté, leur hyper sensibilité peut les faire basculer progressivement dans des maladies telles que la dépression, le bipolarisme, la schizophrénie… Les exemples sont nombreux Kurt Cobain, Amy Winehouse, Diam’s… Les cas africains ne sont pas rares mais la culture africaine veut qu’on n’en parle pas et qu’ils ne soient pas exposés.

L’environnement…

A ces aspects de créativité et de sensibilité nous ajouterons le fait que l’artiste est fortement façonné par l’environnement dans lequel il a grandi ou longtemps baigné. Cet environnement imprime les valeurs qui l’habitent, les causes qu’il va défendre ou promouvoir et sa perception du monde.

Cas pratique 1 : Vous managez un artiste de gospel d’obédience pentecôtiste charismatique. Cette obédience est caractérisée par le fait de donner libre cours à la manifestation du Saint Esprit. Alors que l’artiste est en représentation, il se laisse conduire tout d’un coup par le Saint Esprit qui le conduit à prier et à prophétiser pour une ou plusieurs personnes ou carrément à faire un appel à donner sa vie à Jésus.

Si en tant que manager vous n’avez pas une connaissance de l’obédience pentecôtiste charismatique, vous serez soit gêné par la tournure des choses, soit décontenancé par la situation qui pourrait paraître ridicule soit simplement mécontent; ce qui pourrait finir par être un point de discorde avec l’artiste.

Cas pratique 2 : Vous managez un artistique qui est de foi musulmane. Cette expression de foi est caractérisée et régulée par des heures de prières ou par un mois de jeûne. Certains artistes ne souhaitent pas faire de représentation durant le mois de Ramadan. Le mois de Ramadan pourrait tomber à une période de grandes activités annuelles et faire perdre des contrats intéressants.

Si en tant que manager vous ne comprenez pas les principes qui régissent la foi et le mode de vie de votre artiste, ce pourrait être une source de discorde avec ce dernier.

Cas pratique 3 : Vous managez un rappeur. Le hip-hop est une culture qui a ses codes, ses valeurs et son fonctionnement. « Beat », « Flow », « Mesures », « Free-styles », « Sample », « Egotrip », « Clash » sont quelques codes qui régissent le hip-hop. En tant que manager, ne pas être imprégné de cet univers met en déphasage avec l’artiste. En effet, on ne peut vouloir manager un rappeur et se nourrir quotidiennement de l’univers Afropop de Magic System. Ce sont des univers musicaux qui se côtoient, qui se mettent ensemble le temps d’une chanson, mais qui ont des codes, des valeurs et un fonctionnement différents.

La passion…

L’artiste est caractérisé par la passion qui l’habite pour son art : la passion de créer, la passion de partager ses créations avec son public, la passion d’interagir avec ce public. Cette passion peut le rendre aveugle à la réalité dans laquelle il vit. Noyé dans sa subjectivité, sans un manager pour maintenir un brin d’objectivité, l’artiste pourrait faire des choix infructueux pour sa carrière. La dose de passion ne doit donc pas être éteinte; mais plutôt canalisée.

Au regard des points abordés, nous pouvons dire que l’artiste est principalement caractérisé par sa créativité, sa sensibilité, son environnement et sa passion. D’autres caractéristiques secondaires tels que l’engagement peuvent d’une part, s’ajouter à la liste, mais d’autre part varier en fonction de chaque artiste.

Conseil 1 : Au regard des points pré-cités, nous suggérons aux futurs managers artistiques de tenir compte de ces aspects avant de s’engager dans une relation de management avec un artiste. Nous vous suggérons fortement de ne point choisir d’artistes dont vous ne comprenez pas l’univers et dont vous n’avez aucune intention de faire des efforts pour y remédier.

Un manager n’a pas pour mission première de changer la nature d’un artiste, il a pour mission de développer sa carrière artistique.

Conseil 2 : Si vous n’aimez pas la créativité d’un artiste, nous vous suggérons fortement de ne point vous engager avec cet artiste. En effet, si l’idée en filigrane c’est de changer sa créativité pour qu’elle s’adapte au désir du manager, du producteur ou de la tendance actuelle, l’artiste s’exécutera, peut-être un temps mais finira par se rebeller contre ce dicta sur sa créativité.

Conseil 3 : Si la confiance n’est pas au centre de la relation avec l’artiste,

NE VOUS ENGAGEZ PAS.

La relation manager – artiste est basée sur la confiance. Le succès apporte souvent son lot d’inconvénients et l’absence de confiance entraine inéluctablement des ruptures professionnelles.

chapitre 2 : les revenus de l’artiste et son cadre social

L’artiste, une économie à trois dimensions

L’artiste peut être considéré comme une économie à trois (3) dimensions qui se décline par son travail, sa notoriété et sa créativité.

Son travail…

Pour l’artiste musicien son travail c’est créer et représenter le fruit de sa création sous toute forme de représentation nécessitant un public ou pas. Ecrire et composer des chansons, les enregistrer, les illustrer au travers de vidéo-clip, représenter et faire la promotion de sa création au travers de diffusion radio, télévisée ou spectacle: c’est le travail de base d’un artiste.

Sa notoriété…

Il est entendu qu’il est considéré par notoriété, la valorisation de l’artiste et de son nom (droit de la personne, droit à l’image, droit des marques). Cette valorisation se travaillant même en dehors du travail de l’artiste. Devenir un brand ambassador d’une marque est l’un des exemples d’utilisation de la notoriété. L’image de l’artiste est alliée à celle d’un produit phare d’une marque afin de susciter un engouement, un attachement de la fan-base de cet artiste à ce produit.

Sa créativité…

Il est également considéré par créativité et patrimoine, le droit de la propriété intellectuelle qui prend une vraie valeur avec le temps et l’exploitation des œuvres. Il y a toujours une période momentanée, décidée, volontaire ou involontaire où l’artiste ne fait plus de représentation sur scène. Alors qu’il est physiquement absent de la scène, ses œuvres quant à elles continuent d’être achetées, exploitées en radio et en télévision… Ces exploitations annexes font recevoir à l’artiste ses droits d’auteurs, droits voisins, royalties…

La réglementation du spectacle

Bien que le Sénégal soit précurseur et bon élève dans la gestion des industries culturelles, force est de constater que très peu de pays en Afrique Subsaharienne, ont une réelle réglementation du spectacle vivant. Les organisateurs de spectacles vivants doivent détenir une autorisation particulière d’exercer, délivrée selon des conditions et pour une durée précise. Le numéro de la licence doit figurer, sous peine de sanctions, sur les affiches, prospectus et billets des spectacles. La licence est personnelle et incessible : elle ne peut pas être cédée à une autre personne. Si l’activité est exercée par une personne morale, la licence est délivrée à son représentant légal ou statutaire. Ces derniers sont donc des entrepreneurs de spectacle.

Dans le secteur de la musique urbaine la majorité des spectacles vivants ponctuels sont organisés par des amateurs ou par un richissime donateur ou mécène. C’est pour cette raison que nous faisons face à beaucoup plus d’incohérences en termes d’organisation de spectacles vivants en Afrique Subsaharienne comparativement à ceux d’Afrique du Sud, d’Afrique Australe ou d’Afrique du Nord.

Conseil : Face à une telle désorganisation, l’artiste ne peut malheureusement pas arrêter de travailler. Il se retrouve à avoir une obligation de meilleure organisation interne avec son staff pour pouvoir offrir à chaque fois à son public des représentations de qualité.

L’environnement social

Au Gabon, mais aussi dans plusieurs pays d’Afrique Subsaharienne, l’Artiste n’a aucun système de protection sociale. Ni assurance maladie, ni cotisation de retraite, ni statut juridique professionnel… L’artiste est, ainsi, en précarité totale dans l’exercice de sa profession.

La présomption de salariat