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Tiré du célèbre ouvrage "Les grands Initiés", ce chapitre de l'histoire secrète des religions d'Edouard Schuré offre une lecture ésotérique et théosophique de la vie du Christ. Dans le Livre VII de l'oeuvre magistrale de Schuré, celui-ci aborde en effet sous cet angle plusieurs passages de la vie du Christ, parmi lesquels : I - Etat du monde à la naissance de Jésus II - Marie - Premier développement de Jésus III - Les Esséniens - Jean-Baptiste - La tentation IV - La vie publique de Jésus - Enseignement populaire et enseignement ésotérique - Les miracles - Les apôtres, les femmes V - Lutte avec les Pharisiens - La fuite à Césarée - La transfiguration VI - Dernier voyage à Jérusalem - La promesse - La cène, le procès, la mort et la résurrection VII - La promesse et l'accomplissement - Le temple Un ouvrage à recommander à, tous ceux qui cherchent une clef d'entrée pour la compréhension théosophique du christianisme et des Évangiles.
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Seitenzahl: 156
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État du monde à la naissance de Jésus
Marie – Premier développements de Jésus
Les Esséniens – Jean-Baptiste – La Tentation
La vie publique de Jésus - Enseignement populaire et enseignement ésotérique - Les miracles - les Apôtres, les femmes
Lutte avec les Pharisiens – La fuite à Césarée - La transfiguration
Dernier voyage à Jérusalem - La promesse, la Cène, le procès, la mort et la Résurrection
La Promesse et l’accomplissement - Le Temple
Je ne suis pas venu pour abolir la Loi et les Prophètes, mais pour les accomplir.
— MATTHIEU. V, 7.
La Lumière était dans le monde et le monde a été fait par elle ; mais le monde ne l’a pas connue.
— JEAN. I, 10
L’avènement du Fils de l’Homme sera comme un éclair qui sort de l’Orient et va jusqu’en Occident.
— MATTHIEU. XXIV, 27.
Dans le texte original, les mots qui suivent apparaissent sous la forme d’une note de bas de page
Le travail accompli depuis cent ans par la critique sur la vie de Jésus est certainement un des plus considérables de ce temps-ci. On en trouvera un aperçu complet dans le lumineux résumé qu’en a fait M. Sabatier (Dictionnaire des Sciences religieuses, par Lichtenberger, tome VII. Article Jésus.) Cette belle étude donne tout l’historique de la question et en marque avec précision l’état actuel. – Je rappellerai simplement ici les deux phrases principales qu’elle a traversées avec Strauss et Renan, pour mieux établir le point de vue nouveau auquel je me suis placé.
Sortant de l’école philosophique de Hegel et se rattachant à l’école critique et historique de Bauer, Strauss, sans nier l’existence de Jésus, essaya de prouver que sa vie, telle qu’elle est racontée dans les Évangiles, est un mythe, une légende créée par l’imagination populaire, pour les besoins du christianisme naissant et selon les prophéties de l’Ancien Testament. Sa thèse, purement négative, défendue avec une extrême ingéniosité et une profonde érudition, s’est trouvée vraie sur certains points de détail, mais absolument insoutenable dans l’ensemble et sur les points essentiels. Elle a en outre le grave défaut de n’expliquer ni le caractère de Jésus, ni l’origine du christianisme. La vie de Jésus de Strauss est un système planétaire sans soleil. II faut lui accorder néanmoins un mérite considérable, celui d’avoir transféré le problème du domaine de la théologie dogmatique sur celui de la critique des textes et de l’histoire.
La vie de Jésus de M. Renan a dû sa brillante fortune à ses hautes qualités esthétiques et littéraires, mais aussi à l’audace de l’écrivain, qui a le premier osé faire de la vie du Christ un problème de psychologie humaine. L’a-t-il résolu ? Après le succès étourdissant du livre, l’avis général de la critique sérieuse a été que non. Le Jésus de M. Renan commence sa carrière en doux rêveur, en moraliste enthousiaste et naïf ; il la termine en thaumaturge violent qui a perdu le sens de la réalité. « Malgré tous les ménagements de l’historien, dit M. Sabatier, c’est la marche d’un esprit sain vers la folie. Le Christ de M. Renan flotte entre les calculs de l’ambitieux et les rêves de l’illuminé. » Le fait est qu’il devient le Messie sans le vouloir et presque sans le savoir. Il ne se laisse imposer ce nom que pour complaire aux apôtres et au désir populaire. Ce n’est pas avec une foi si faible qu’un vrai prophète crée une religion nouvelle et change l’âme de la terre. La vie de Jésus de M. Renan est un système planétaire éclairé par un pâle soleil, sans magnétisme vivifiant et sans chaleur créatrice.
Comment Jésus est-il devenu le Messie ? Voilà la question primordiale, essentielle dans la conception du Christ. C’est justement celle devant laquelle M. Renan a hésité et biaisé. M. Théodore Keim a compris qu’il fallait l’aborder de front (Das Leben Jesu, Zurich, 1875, 3ème édition). Sa vie de Jésus est la plus remarquable qu’on ait écrite depuis celle de M. Renan. Elle éclaire la question de tout le jour qu’on peut tirer des textes et de l’histoire interprétés exotériquement. Mais le problème n’est pas de ceux qu’on puisse résoudre sans l’intuition et sans la tradition ésotérique.
C’est avec cette lumière ésotérique, flambeau intérieur de toutes les religions, vérité centrale de toute philosophie féconde, que j’ai tenté de reconstruire la vie de Jésus dans ses grandes lignes, en tenant compte de tout le travail antérieur de la critique historique qui a déblayé le terrain. Je n’ai pas besoin de définir ici ce que j’entends par le point de vue ésotérique, synthèse de la Science et de la Religion. Tout ce livre en est le développement, et j’ajouterai simplement, en ce qui concerne la valeur historique et relative des Évangiles, que j’ai pris les trois synoptiques (Mathieu, Marc et Luc) pour base, et Jean comme l’arcane de la doctrine ésotérique du Christ, tout en admettant la rédaction postérieure et la tendance symbolique de cet Évangile.
Les quatre Évangiles, qu’on doit contrôler et rectifier les uns par les autres, sont également authentiques, mais a des titres différents. Mathieu et Marc sont les Évangiles précieux de la lettre et du fait ; là se trouvent les actes et les paroles publiques. Le doux Luc laisse entrevoir le sens des mystères sous le voile poétique de la légende ; c’est l’Évangile de l’Ame, de la Femme et de l’Amour. Saint Jean dévoile ces mystères. On trouve chez lui les dessous profonds de la doctrine, l’enseignement secret, le sens de la promesse, la réserve ésotérique. Clément d’Alexandrie, l’un des rares évêques chrétiens qui eurent la clef de l’ésotérisme universel, l’a donc bien nommé l’Évangile de l’Esprit. Jean a une vue profonde des vérités transcendantes révélées par le Maître et une manière puissante de les résumer. Aussi a-t-il pour symbole l’Aigle, dont l’aile franchit les espaces et dont l’œil flamboyant les possède.
— Fin de la note
L’heure du monde se faisait solennelle ; le ciel de la planète était sombre et plein de présages sinistres.
Malgré l’effort des initiés le polythéisme n’avait abouti en Asie, en Afrique et en Europe qu’à une débâcle de la civilisation. Cela n’atteint pas la sublime cosmogonie d’Orphée si splendidement chantée, mais déjà diminuée par Homère. On ne peut en accuser que la difficulté pour la nature humaine de se maintenir à une certaine hauteur intellectuelle. Pour les grands esprits de l’antiquité, les Dieux ne furent jamais qu’une expression poétique des forces hiérarchisées de la nature, une image parlante de son organisme interne, et c’est aussi comme symboles des forces cosmiques et animiques que ces Dieux vivent indestructibles dans la conscience de l’humanité. Dans la pensée des initiés, cette diversité des dieux ou des forces était dominée et pénétrée par le Dieu suprême ou Esprit pur. Le but principal des sanctuaires de Memphis, de Delphes et d’Éleusis avait été précisément d’enseigner cette unité de Dieu avec les idées théosophiques et la discipline morale qui s’y rattachent. Mais les disciples d’Orphée, de Pythagore et de Platon échouèrent devant l’égoïsme des politiciens, devant la mesquinité des sophistes et les passions de la foule. La décomposition sociale et politique de la Grèce fut la conséquence de sa décomposition religieuse, morale et intellectuelle. Apollon, le verbe solaire, la manifestation du Dieu suprême et du monde supraterrestre par la beauté, la justice et la divination, se tait. Plus d’oracles, plus d’inspirés, plus de vrais poètes : Minerve-Sagesse et Providence, se voile devant son peuple changé en satyres, qui profane les Mystères, insulte les sages et les dieux, sur le théâtre de Bacchus, dans les farces aristophanesques. Les mystères eux-mêmes se corrompent ;.car on admet Les sycophantes et les courtisanes aux fêtes d’Éleusis. – Quand l’âme s’épaissit, la religion devient idolâtre ; quand la pensée se matérialise, la philosophie tombe dans .le scepticisme. Aussi voyons-nous Lucien, microbe naissant sur le cadavre du paganisme, railler le mythes, après que Carnéade en a méconnu l’origine scientifique.
Superstitieuse en religion, agnostique en philosophie, égoïste et dissolvante enpolitique, ivre d’anarchie et fatalement vouée à la tyrannie : voilà ce qu’était devenue cette Grèce divine, qui nous a transmis la science égyptienne et les mystères de l’Asie, sous les formes immortelles de la beauté.
Si quelqu’un comprit ce qui manquait au monde antique, si quelqu’un essaya de le relever par un effort d’héroïsme et de génie, ce fut Alexandre le Grand. Ce légendaire conquérant, initié comme son père Philippe aux mystères de Samothrace, se montra encore plus fils intellectuel d’Orphée que disciple d’Aristote. Sans doute l’Achille de la Macédoine, qui se jeta avec une poigné de Grecs à travers l’Asie jusqu’en Inde, rêva l’empire universel, mais non pas à la façon des Césars, par l’oppression des peuples, par l’écrasement de la religion et de la science libre. Sa grande idée fut la réconciliation de l’Asie et de l’Europe, par une synthèse des. religions, appuyée sur une autorité scientifique. Mu par cette pensée, il rendit hommage à la science d’Aristote, comme à la Minerve d’Athènes, au Jéhovah de Jérusalem, comme à l’Osiris égyptien et au Brahmâ des Indous, reconnaissant en véritable initié la même divinité et la même sagesse sous tous ces symboles. Large vue, superbe divination de ce nouveau Dionysos. L’épée d’Alexandre fut le dernier éclair de la Grèce d’Orphée. Il illumina l’Orient et l’Occident. Le fils de.Philippe mourut dans l’ivresse de sa victoire et de son rêve, laissant des lambeaux de son empire à des généraux rapaces. Mais sa pensée ne mourut pas avec lui. Il avait fondé Alexandrie, où la philosophie orientale, le judaïsme et l’hellénisme devaient se fondre, au creuset de l’ésotérisme égyptien, en attendant la parole de résurrection du Christ.
A mesure que les astres jumeaux de la Grèce, Apollon et Minerve, descendaient en pâlissant sur l’horizon, les peuples virent monter dans leur ciel orageux un signe menaçant : la louve romaine.
Quelle est l’origine de Rome ? La conjuration d’une oligarchie avide au nom de la force brutale ; l’oppression de l’intellect humain, de la Religion, de la Science et de l’Art par le pouvoir politique déifié : en d’autres termes, le contraire de la vérité, d’après laquelle un gouvernement ne tire son droit que des principes suprêmes de la Science et de l’Économie1.
Toute l’histoire romaine n’est que la conséquence de ce pacte d’iniquité, par lequel les Pères Conscrits déclarèrent la guerre à l’Italie d’abord, ensuite au genre humain. Ils choisirent bien leur symbole ! La louve d’airain, qui dresse son poil fauve et avance sa tête d’hyène sur le Capitole, est l’image de ce gouvernement, le démon qui possédera jusqu’au bout l’âme romaine.
En Grèce, du moins, on respecta toujours les sanctuaires de Delphes et d’Éleusis. A Rome, on repoussa, dès l’origine, la Science et l’Art. La tentative du sage Numa, l’initié étrusque, échoua devant l’ambition soupçonneuse des Pères-conscrits. Il apporta avec lui les livres sybillins, qui contenaient une partie de la science d’Hermès. Il créa des juges arbitres élus par le peuple ; il lui distribua des terres ; il éleva un Temple à la Bonne-Foi et à Janus, hiérogramme qui signifie l’universalité de la Loi ; il soumit le droit de guerre aux Féciaux. Le roi Numa, que la mémoire du peuple ne cessa de chérir et qu’il considérait comme inspiré par un génie divin, semble donc une intervention historique de la science sacrée dans le gouvernement. Il ne représente pas le génie romain, mais le génie de l’initiation étrusque, qui suivait les mêmes principes que l’école.de Memphis et de Delphes.
Après Numa, le sénat romain brûla les livres sybillins, ruina l’autorité des flamines, détruisit les institutions arbitrales et revint à son système, où la religion n’était qu’un instrument de domination politique. Rome devint l’hydre qui engloutit les peuples avec leurs Dieux. Les nations de la terre furent peu à peu soumises et spoliées. La prison mamertine se remplit des rois du nord et du midi. Rome, ne voulant d’autres prêtres que des esclaves et des charlatans, assassine en Gaule, en Égypte, en Judée et en Perse, les derniers détenteurs de la tradition ésotérique. Elle fait semblant d’adorer les Dieux, mais elle n’adore que sa Louve. Et maintenant, dans une aurore sanglante, apparaît aux peuples le dernier fils de cette louve, qui résume le génie de Rome : César ! Rome a absorbé tous les peuples ; César, son incarnation, dévore tous les pouvoirs. César n’aspire pas seulement à être imperator des nations ; joignant sur sa tête la tiare au diadème, il se fait nommer grand pontife. Après la bataille de Thapsus, on lui vote l’apothéose héroïque, après celle de Munda, l’apothéose divine ; puis, sa statue est mise dans le temple de Quirinus avec un collège de desservants portant son nom : les prêtres – Juliens. – Par une suprême ironie et une suprême logique des choses, ce même César, qui se fait Dieu, nie l’immortalité de l’âme en plein sénat. – Est-ce assez dire qu’il n’y a plus d’autre Dieu que César ?
Avec les Césars, Rome, héritière de Babylone, étend sa main sur le monde entier. – Or, qu’est devenu l’État romain ? L’État romain détruit au dehors toute vie collective. Dictature militaire en Italie ; exactions des gouverneurs et des publicains dans les provinces. – Rome conquérante est couchée comme un vampire sur le cadavre des sociétés antiques.
Et maintenant l’orgie romaine peut s’étaler au grand jour, avec sa bacchanale de vices et son défilé de crimes. Elle commence par la voluptueuse rencontre de Marc Antoine et de Cléopâtre ; elle finira par les débordements de Messaline et les fureurs de Néron. Elle débute par la parodie lascive et publique des mystères ; elle s’achèvera dans le cirque romain, où des bêtes fauves se rueront sur des vierges nues, martyres de leur foi, aux applaudissements de vingt mille spectateurs.
Cependant, parmi les peuples conquis par Rome, il y en avait un qui se nommait le peuple de Dieu, et dont le génie était l’opposé du génie romain. D’où vient qu’Israël, usé par ses luttes intestines, écrasé par trois cents ans de servitude, avait conservé sa foi indomptable ? Pourquoi ce peuple vaincu se dressait-il en face de la décadence grecque et de l’orgie romaine, comme un prophète, la tête couverte d’un sac de cendres, et les yeux flambants d’une colère terrible ? Pourquoi osait-il prédire la chute des maîtres qui avaient le pied sur sa gorge et parler de je ne sais quel triomphe final, alors que lui-même approchait de sa ruine irrémédiable ? C’est qu’une grande idée vivait en lui. Elle lui avait été inculquée par Moïse. Sous Josué, les douze tribus avaient dressé une pierre commémorative avec cette inscription : « C’est un témoignage entre nous que Iévé est le seul Dieu. »
Comment et pourquoi le législateur d’Israël avait fait du monothéisme la pierre angulaire de sa science, de sa loi sociale et d’une idée religieuse universelle, nous l’avons vu au livre de Moïse. Il avait eu le génie de comprendre que du triomphe de cette idée dépendait l’avenir de l’humanité. Pour la garder, il avait écrit un Livre hiéroglyphique, construit une Arche d’or, suscité un Peuple de la poussière nomade du désert. Sur ces témoins de l’idée spiritualiste, Moïse fait planer le feu du ciel et gronder la foudre. Contre eux se conjurèrent non seulement les Moabites, les Philistins, le Amalécites toutes les peuplades de la Palestine, mais encore les passions et les faiblesses du peuple juif lui-même. Le Livre cessa d’être compris par le Sacerdoce ; l’Arche fut prise par les ennemis ; et cent fois le peuple faillit oublier sa mission. Pourquoi donc lui demeura-t-il fidèle malgré tout ? Pourquoi l’idée de Moïse resta-t-elle gravée au front et au cœur d’Israël en lettres de feu ? A qui est due cette persévérance exclusive, cette fidélité grandiose à travers les vicissitudes d’une histoire agitée, pleine de catastrophes, fidélité qui donne à Israël sa physionomie unique parmi les nations ? On peut répondre hardiment : aux prophètes et à l’institution du prophétisme. Rigoureusement et par la tradition orale, elle remonte jusqu’à Moïse. Le peuple hébreu a eu des Nabi à toutes les époques de son histoire, jusqu’à sa dispersion. Mais l’institution du prophétisme nous apparaît, pour la première fois, sous une forme organique à l’époque de Samuel. Ce fut Samuel qui fonda ces confréries de Nebiim, ces écoles de prophètes en face de la royauté naissante et d’un sacerdoce déjà dégénéré. Il en fit les gardiennes austères de la tradition ésotérique et de la pensée religieuse universelle de Moïse, contre les rois, en qui devait prédominer l’idée politique et le but national. Dans ces confréries se conservèrent en effet les restes de la science de Moïse, la musique sacrée avec ses modes et ses pouvoirs, la thérapeutique occulte, enfin l’art de la divination que les grands prophètes déployèrent avec une puissance, une hauteur et une abnégation magistrales.
La divination a existé sous les formes et par les moyens les plus divers chez tous les peuples de l’ancien cycle. Mais le prophétisme en Israël a une envergure, une élévation, une autorité qui tient à la haute région intellectuelle et spirituelle, où le monothéisme maintient l’âme humaine. Le prophétisme présenté par les théologiens de la lettre comme la communication directe d’un Dieu personnel, nié par la philosophie naturaliste comme une pure superstition, n’est en réalité que la manifestation supérieure des lois universelles de l’Esprit. « Les vérités générales qui gouvernent le monde, dit Ewald dans son beau livre sur les prophètes, en d’autres termes les pensées de Dieu sont inchangeables et inattaquables, tout à fait indépendantes des fluctuations des choses, de la volonté et de l’action des hommes. L’homme est appelé originairement à y participer, à les comprendre et à les traduire librement en acte. C’est par là qu’il atteint sa propre, sa véritable destination. Mais pour que le Verbe de l’Esprit pénètre dans l’homme de chair, il faut que l’homme soit secoué jusqu’au fond par les grandes commotions de l’histoire. Alors la vérité éternelle en jaillit comme une traînée de lumière. C’est pourquoi il est dit si souvent, dans l’Ancien Testament, que Iahvé est un Dieu vivant. Quand l’homme écoute l’appel divin, une nouvelle vie s’édifie en lui, dans laquelle il ne se sent plus seul, mais en communion avec Dieu et avec toutes les vérités, et où il est prêt à marcher d’une vérité à l’autre, jusqu’à l’infini. Dans cette nouvelle vie, sa pensée s’identifie avec la volonté universelle. Il a la vue claire du temps présent et la foi entière dans le succès final de l’idée divine. L’homme qui éprouve cela est prophète, c’est-à-dire qu’il se sent irrésistiblement poussé à se manifester aux autres comme représentant de Dieu. Sa pensée devient vision et cette force supérieure qui fait jaillir la vérité de son âme, quelquefois en la brisant, constitue l’élément prophétique. Les manifestations prophétiques ont été dans l’histoire les coups de foudre et les éclairs de la vérité2. »