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Un scientifique du XIXe va découvrir l'amour !
Rationaliste convaincu, le professeur Ainslie Grey ne jure que par la science. Pour lui, les sentiments, les émotions, l’amour ne sont que des manifestations physiques ou chimiques d’états naturels : l’espèce doit se perpétuer et l’instinct y veille.
Aveuglé par ses convictions, le professeur apprendra à ses dépens qu’on ne peut pas ignorer sa propre sensibilité.
Plongez dans une nouvelle intriguante et découvrez l'histoire d'un rationaliste qui apprend, à ses dépens, qu'on ne peut pas ignorer sa propre sensiblité.
EXTRAIT
Son cours terminé, le professeur Ainslie Grey fit une visite à son laboratoire, où il régla plusieurs instruments scientifiques, rédigea une note sur les progrès de trois infusions différentes de bactéries, coupa une demi-douzaine de sections, avec un microtome, et finalement, résolut les difficultés qui arrêtaient sept étudiants qui se livraient à des recherches sur autant de sujets différents. Ayant ainsi consciencieusement et méthodiquement mené à terme ses obligations routinières, il revint à sa voiture et ordonna au cocher de le conduire aux Tilleuls. Pendant cette course, son visage était froid et impassible, mais il passait de temps en temps ses doigts sur son menton proéminent, d’un mouvement brusque et saccadé.
Les Tilleuls étaient une maison de style ancien, tapissée de lierre, qui se trouvait autrefois dans la campagne, mais qui était maintenant enclavée dans la longue artère de briques rouges de la cité agrandie.
Elle se trouvait en arrière de l’avenue entourée de son propre terrain. Un sentier sinueux, bordé de buissons de lauriers, conduisait à l’entrée formée d’un portique en arcades. À droite, s’étendait une pelouse. Au fond, à l’ombre d’aubépines, une dame était assise sur une chaise de jardin, un livre à la main. Au cliquetis de la porte, elle fit un mouvement, et le professeur, l’apercevant, se dirigea vers elle.
« Quoi ! ne voulez-vous pas entrer et voir Mrs. Esdaile ? » demanda-t-elle en quittant l’ombrage de l’arbre.
C’était une petite femme très féminine, depuis les abondantes boucles de cheveux aux teintes claires jusqu’aux élégantes pantoufles de jardin qui se laissaient apercevoir sous sa toilette couleur crème. Elle lui tendit une petite main bien gantée, tandis que de l’autre elle serrait contre elle un gros volume à couverture verte. Sa décision, ses manières vives, pleines de tact, énonçaient la femme du monde expérimentée, mais son visage avait conservé une expression d’innocence presque enfantine, dans ses grands yeux gris, hardis. Sa bouche délicate avait une moue moqueuse.
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Seitenzahl: 39
Veröffentlichungsjahr: 2018
CollectionJASMIN LITTÉRATURE
1.Nouvelles d’Elles
Philippe de Boissy
2.De retour
Marie Geffray
3.Je rêve que Marguerite Duras vient me voir
Isabelle Minière
CollectionJASMIN LITTÉRATURE POCHE
1.Temps croisés
Jean Clavilier
2.Une si brève rencontre
Jean Clavilier
3.Chemins de soi
Amel Isyès
4.Semoule de blé dur
Amel Isyès
5.Bonhomme Écriture
Philippe de Boissy
6.Le manuscrit de Fatipour
Jean-Michel Touche
7.Les moelleuses au chocolat
Silène
8.La femme du physiologiste
A. Conan Doyle
Arthur Conan Doyle
Médecin, romancier, voyageur, Arthur Conan Doyle (1859-1930) n’est pas seulement le père de Sherlock Holmes. Ilest également l’auteur d’une immense œuvre littéraire : histoires policières, romans historiques, contes fantastiques, science-fiction, correspondance, essais.
Tous droits de reproduction, de traduction
et d’adaptation réservés pour tous pays
© 2013 Éditions du Jasmin
www.editions-du-jasmin.com
Dépôt légal à parution
DU MÊME AUTEUR AUX ÉDITIONS DU JASMIN
Les Lettres de Stark Munro,2008.
SUR ARTHUR CONAN DOYLE AUX ÉDITIONS DU JASMIN
Arthur Conan Doyle, Sherlock Holmes et au-delà
Entre 1885 et 1890, Arthur Conan Doyle est déjà plus écrivain que médecin, même s’il continue à exercer. Il publie régulièrement dans différentes revues des nouvelles dont plusieurs s’inspirent de son expérience professionnelle ou de ses années d’études. La Femme du physiologiste, probablement écrit vers 1885, mais publié seulement en septembre 1890 dans le Blackwood’s Magazine, fait partie de ce cycle médical. Les nouvelles sur ce thème seront regroupées plus tard en un volume intitulé Round the Red Lamp, allusion à la lampe rouge qui signalait les cabinets médicaux à l’époque ; en français le recueil sera publié sous le titre Contes de médecins.
À travers sa médecine, c’est le portrait d’une société qu’Arthur Conan Doyle dessine dans ces textes, le portrait d’une époque hésitant entre rationalisme scientifique et tradition, entre religion et libre pensée, entre liberté individuelle et devoir social. Il met en scène de jeunes docteurs fraîchement diplômés, acquis aux théories modernes, se heurtant à la vieille école qui ne veut pas céder sa place ; les difficultés rencontrées par les jeunes femmes médecins pour s’imposer ; les excès, aussi, du rationalisme. C’est le cas dans la nouvelle qui nous occupe ici.
Le professeur Ainslie Grey, héros de l’histoire, refuse toute affectivité pour ne croire qu’à la science. Pour lui, ce que les naïfs et les ignorants appellent sentiment, âme ou émotion n’est rien d’autre qu’une manifestation physique ou chimique de différents états naturels. L’amour par exemple n’existe pas : l’espèce doit se perpétuer et l’instinct y veille, rien de plus. Seules la superstition et la sottise peuvent y voir de la poésie.
Ce n’est bien évidemment pas là l’opinion de Conan Doyle. Comme tout scientifique réellement moderne de sa génération, il estime qu’entre le tout rationnel et le tout affectif il y a un juste milieu, celui de la vérité humaine. Entraîné par son rationalisme, le professeur Grey considère l’homme comme une machine, au mépris de ces nouvelles disciplines que sont la psychiatrie et la psychologie naissantes. Il s’apercevra à ses dépens que l’on ne peut ignorer longtemps sa propre sensibilité sans en payer le prix.
Marianne Stjepanovic-Pauly
Le professeur Ainslie Grey n’était pas descendu déjeuner à l’heure ordinaire. La pendule à carillon, placée sur la cheminée de la salle à manger, entre les bustes de Claude Bernard et de John Hunter, avait sonné la demie, puis les trois quarts. Maintenant, ses aiguilles dorées se rapprochaient de neuf heures, et le maître de la maison ne donnait pas signe de vie.
C’était un fait sans précédent. Pendant les douze années qu’elle avait dirigé sa maison, sa plus jeune sœur ne l’avait jamais vu d’une seconde en retard.
Assise en face de la grande cafetière d’argent, elle se demandait si elle devait faire sonner le gong une seconde fois, ou s’il valait mieux attendre en silence. Des deux façons, elle pouvait se tromper et son frère était un homme qui n’admettait pas les erreurs.