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Tu te drapes dans le manteau de la fidélité comme d'autres dans le drapeau national. Tu penses qu'aux yeux des autres elle te confère une aura de respectabilité. Tu aimerais pouvoir l'arborer à la boutonnière comme d'autres la légion d'honneur. Tu t'imagines qu'elle te confère le signe d'une haute caste, mais elle est le symbole de ton erreur. Tu te dessèches, tu t'aigris, tu te leurres. Si tu lui donnes tant de valeur c'est qu'en échange tu veux obtenir beaucoup, tu veux exiger ma liberté. Mais c'est un marché de dupes, c'est de la monnaie de singe, tu n'as pas le sens des valeurs. Et cette image que tu veux répandre autour de toi, celle de la femme vertueuse, la femme fidèle, la femme d'un seul amour, la femme d'un grand rêve, c'est un portrait de toi que tu te forges, mais qui n'a rien à voir avec ta réalité profonde. C'est l'orgueil qui te possède.
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Seitenzahl: 182
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Du même auteur : bernie leepublié chez BoD, distribué par SODIS catalogue Dilicom dans la série ”un polar australien”
Polars :1 Mine de Rien © ISBN : 9782322102433En australien sous le titre : “Eeny meeny miney murder” © 2 Alors on fait la bombe © ISBN : 9782311133956En australien sous le titre : “Kaboom“© 3 La seconde mort de Michèle © ISBN : 9782322133642 4 Ça va fuser chez les Abos © ISBN : 9782322134151 5 Kidnapping © ISBN : 9782322391226 6 Pigeon vole © ISBN : 9782322391714
Romans :1 Les miroirs de Belle © ISBN : 9782322170357 2 La mante religieuse © ISBN : 9782322391233
Nouvelles :36 nouvelles d’ici et d’ailleurs © ISBN 9782322274024
Chapitre 1 : Paris
Chapitre 2
Chapitre 3 : Saintes
Chapitre 4 : Saintes
Chapitre 5 : Paris
Chapitre 6 : Saintes
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10 : Grèce
Deuxième partie
Chapitre 11 : Tamworth
Chapitre 12 : Sydney
Chapitre 13 : Grèce
Chapitre 14 : Saintes
Chapitre 15 : Tamworth
Chapitre 16 : Dans le train entre Sydney et Brisbane
Chapitre 17 : Dans le train entre Brisbane et Cairns
Chapitre 18 : Saintes
Chapitre 19
Chapitre 20 : Cairns
Chapitre 21 : Saintes
Chapitre 22 : Cairns
Chapitre 23 : Cairns
Chapitre 24 : Tamworth
Chapitre 25 : Brisbane
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28 : Port Douglas Qld
Chapitre 29 : Saintes
- «Les enfants qui s’aiment s’embrassent debout Contre les portes de la nuit Et les passants qui passent, les désignent du» ...
- Non ! Non et Non !... Mais ce n’est pas possible Carole ! A quoi penses-tu ? Merde ! Tu es là comme une grande asperge. Tu as déjà vu des enfants qui s’aiment ? Dis-moi ? Pas possible tu n’as jamais été amoureuse. Et après avoir dit ça, comme ça, tu n’aurais pas honte de croiser Prévert dans le couloir ? Faut changer de métier ma fille, tu n’as rien dans le ventre, Rien ! Allez du vent, Oust ! Tire-toi !
- Tu es dur Vincent, trop dur, ce n’était quand même pas si mauvais. Tu es sûr que c’est un manque d’expression que tu lui reproche à Carole, ou une indifférence à ton égard ?
- Connard ! Je ne mélange pas le plumard et la scène, et tu le sais très bien. Et même si Carole a un beau cul, le public ne vient pas pour son cul, ce n’est pas un music-hall ici ! ... ”les enfants qui s’aiment s’embrassent debout...” mais enfin tu as entendu ça ? C’est de la récitation pour pensionnat d’attardés ! Tu les voyais toi ces amants ? Non tu voyais une grande bringue qui ânonnait sur scène en pensant qu’elle allait louper son dernier bus ou son dernier métro. Et merde, la poésie ça se vit, ça se sent, ça s’exprime, ce n’est pas dire un texte, c’est le vivre, c’est
- Bon salut Vincent, salut Maurice, j’espère que vous trouverez votre Sarah Bernard
- Écoute Carole, il ne faut pas m’en vouloir, mais tu étais vraiment mauvaise ce soir. C’est peut-être dur, mais il vaut mieux s’entendre dire que l’on est mauvais que de se bercer d’illusions ; peut-être es-tu fatiguée, peut-être as-tu des problèmes, mais ça, le public s’en fout tu comprends ? Il ne vient pas pour les humeurs de Carole mais pour
- Je sais ne t’inquiètes pas, je ne suis pas conne quand même.
- Allez retravailles tes expressions et reviens mardi.
- Non, c’est fini, je ne reviendrais pas, salut et ...merci, oui c’est con de dire merci quand tu prends une baffe en pleine gueule, mais je te sais sincère pour m’avoir dit la vérité.
- Écoute
- Non, salut
-... À ton avis elle est vraiment secouée pas vrai ?
- Oui et lucide, c’est une chic fille.
-…Bon, allez, on se revoit demain soir ? demande à Martine de venir si tu la vois.
- Je la verrais.
- Alors il t’a viré ?
- Sans doute avec raison, je ne valais pas un pet de lapin.
- Ne déconne pas Carole tu as une voix merveilleuse.
- Non, non, Vincent a raison, je ne suis pas faite pour dire la poésie. Tu vois j’ai dit «dire» Vincent aurait dit ”vivre”. Non Marc, tu es gentil mais il faut être réaliste, il y a très peu de Jean-Marc Steinberg, de Serge Reggiani.
- Que vas-tu faire à présent ? Continueras-tu à écrire des poèmes ?
- Pourquoi pas ? On peut très bien écrire même si l’on s’exprime mal verbalement, à chacun ses hobbies. Bon à part ça, et toi Marc ? Quoi de neuf ?
- Je viens de rompre avec Odile.
- Non ? Mais pourquoi ?
- Peut-être que moi non plus je n’étais pas fait pour déclamer l’Amour.
- Et Odile ?
- Quoi Odile ? Odile va repartir à Grenoble.
- Et toi ?
- Moi ! Eh bien je continue «métro, boulot, dodo» Dodo tout seul, il n’y a que ça qui change, et puis je trouverais une autre Odile, et la vie continuera comme avant, avec ses même petits problèmes, les mêmes futilités !
- Tu as l’air bien désabusé, tu n’as rien d’un petit Père tranquille. Tu pourrais reprendre des études, voyager, faire
- Conneries ! Je peux tout simplement continuer, changer deux ou trois posters dans l’appartement pour donner l’illusion d’un changement, l’illusion tout simplement.
- Bon je n’aime pas ta gueule de petit corniaud battu. Viens, on va aller se payer une pizza et un bon petit rosé bien frais.
- Pour noyer nos chagrins ? Belle compensation. Putain de vie ! Tu trouves que ça vaut le coup de vivre toi ? Hein ? Vivre Pourquoi ? «Vivre» et dire que je dis «vivre». Mais vivre ce n’est pas ça «vivre», vivre c’est prendre son pied à chaque instant, c’est se réaliser, c’est faire ce que l’on a envie de faire ce n’est pas gaspiller ses jours à gagner de quoi se sustenter. Ce n’est pas attendre, attendre que les jours passent inexorablement, les espérer s’enfuir très vite pour qu’arrivent les vacances, et essayer en trois ou quatre semaines d’être quelqu’un d’autre, de vivre différemment, d’être enfin celui qui est notre vrai «moi» et que l’on a enfouit l’année durant au fond de soi. De pouvoir faire pendant ces quelques jours tout ce que l’on a rêvé de faire pendant toute l’année, et repartir ensuite d’un pas lourd pour tuer onze nouveaux mois en espérant impatiemment les prochaines vacances ; tu vois ça me dégoûte, tu vois je me dégoûte. Je suis un démissionnaire permanent. Je me prostitue à longueur d’année pour un mois de congé. Et encore vois-tu le plus terrible, c’est que ce mois de congé tant attendu je n’en profite même pas comme je le voudrais, je suis chaque fois déçu. Je me dis que je passe mon temps à tuer le temps, autant se flinguer tout de suite.
- Tu es un connard, un pauvre connard, si tu as conscience de ta vie de con, alors tu n’as qu’a en changer
- facile à dire ! Et toi ? Pourquoi ne changes-tu pas ?
- Moi je viens de décider de changer. Pour commencer je vais quitter ma piaule, et les copains, et le bureau, et...et...
- Tu vois, c’est facile à dire comme ça. Tout le monde a envie de tout quitter, mais tout quitter pour quoi faire ? Si seulement on savait ! Tu sais toi ce que tu veux vraiment faire ?
- Oui pour l’instant me taper une pizza.
° ° °
- Arrêtes de boire ! Tu vas être ronde comme une queue de pelle.
- J’ai décidé de me saouler ! Ce soir je noie mon chagrin, je noie Carole la petite conne qui se prenait pour une artiste. Ce soir je noie mon passé. Finie les odeurs de banlieue, fini le train du petit–jour, le métro des mains lestes, le bus des sardiniers. Ce soir je veux me saouler la gueule comme un mec.
- Et ton Jules ?
- Quel Jules ?
- Maurice, ce n’est pas ton ami ?
- Maurice ? Maurice c’est un copain, un bon copain, mais un copain sans plus.
- Ah bon, je croyais, je croyais…
- Qu’est-ce que tu croyais ? Qu’on baisait ensemble ?
- Que vous étiez ensemble, quoi de drôle ?
- Oui tu as raison quoi de drôle. Quoi de drôle qu’une fille vive avec un homme, et pourquoi pas avec Maurice, c’est vrai il est très sympa Maurice. Non je vais te décevoir mon vieux : je suis anormale. J’ai vingt ans, je vie seule, je ne baise pas souvent et ça ne me manque pas tu vois.
- Alors tu vis pourquoi, tu attends quoi de la vie ?
- Je ne sais pas. Je ne sais même pas si j’attends quelque chose. Je sais que je m’emmerde par moments, mais je sais surtout que je ne veux pas être la femme soumise à un falot quelconque, rempli mon verre ! Encore, encore, à ras bord.
- Merde tu vas être complètement paf !
- Tu me ramèneras chez moi… Non pas chez moi, chez toi. D’accord ? Hé attention ! Pas pour baiser hein ? Juste pour ne pas me laisser seule ce soir. D’accord ?
- D’accord
-Tu es chouette Marc. Ah ! merde j’avais décidé d’aller à Mouffetard ce soir, au ciné d’art et essais, j’ai oublié, tu as raison je commence à être bien. Allez sers-moi encore.
° ° °
- Carole ! Carole, tu dors ?
- Mmmmmmeu quelle heure est-il ?
- dix heures !
-10 heures ? 10 heures ! Oh merde ! Oh ma tête…mais dis donc ? Et ton boulot ? Et mon boulot ? J’ai dû en écraser vachement ! …
- Je ne le dirais à personne, mais tu as ronflé.
- J’ai ronflé ?
- Oui, dès que nous sommes entrés chez moi, tu t’es déshabillée mécaniquement, tu t’es couchée comme un automate, tu t’es tournée vers le mur, et tu as ronflé aussi sec !
- Ben merde alors ! Je devais être sacrement ronde ! Tu sais c’est ma première biture. Bon Dieu que j’ai mal à la tête ! Mais…et le boulot ?
- Tu m’as bien dit que tu voulais changer de vie ? Alors c’est l’occasion ou jamais. D’ailleurs tu aurais été bien incapable d’aller bosser. Alors décides toi, tu sautes le pas ?
- Que je saute le pas ?
- Eh bien oui, on laisse tout tomber et on s’en va !
- Qui on ?
- Toi et moi.
- Toi et moi ?
- Oui, pourquoi pas ? On fout le camp, on se tire, on s’en va, on met les bouts et la clef sous la porte, ...métro, boulot, dodo, fini pour nous, aux abonnés absents.
- Tu es con ou quoi ?
- Comment je suis con ? Ce n’est pas toi hier soir qui me conseillais de voyager, de.
- Mais pas comme ça ! Enfin je veux dire, pas sur un coup de tête juste comme ça, après réflexions, après...
- Après quoi ? Non c’est décidé je me casse, je pars, alors si tu veux profiter du taxi tu viens, si tu ne veux pas, tu restes, mais moi je fous le camp, fini les onze mois de boulot pour un mois de vacances, dorénavant ce sera douze mois de vacances !
- Non pas toi Marc, tu n‘es pas fait pour ça.
- Pourquoi non ? C’est bien toi qui me disais que je n’avais rien d’un petit bourgeois tranquille, c’est vrai ou non ? Tu as oublié ?
- Non je n’ai pas oublié, c’est vrai que tu n’as rien d’un mouton châtré, mais on ne rompt pas brusquement comme ça ! Enfin… et merde ! C’est vrai, c’est toi qui as raison. Oui ! Si l’on rompt, c’est comme ça ! On ne joue pas les cabots, on ne fait pas dix fois, cent fois ses adieux, on se tire, point barre. Bon où te tires-tu ?
- Je ne sais pas, je n’y ai pas encore réfléchi, j’ai juste décidé que je partais, mais je ne sais pas encore pour où
- Et tu m’emmènes ?
- Je déconnais, je sais très bien que tu n’es pas prête
- Si, si ! Je pars avec toi. Seulement entendons-nous bien Marc, nous partons, nous partons ensemble, mais nous partons en copains, pas question d’histoires de cul entre nous compris ? …Ne fait pas la gueule !
- Je ne fais pas la gueule.
- Bon, et ne soit pas vexé, ta virilité n’a rien à y voir. Je n’ai pas dit que tu n’étais pas bandant, je ne me suis tout bonnement pas posé la question, et la réponse ne m ’intéresse pas, donc ton amour-propre n’est pas concerné. Et même à la réflexion, c’est vrai que tu n’es pas mal, seulement moi je veux bien tout renier mais pas ma liberté tu comprends ? Alors en copain d’accord ! Mais rien de plus et ça je veux le savoir maintenant et qu‘on n’en reparle plus.
- D’accord, mais
- Et ne me racontes pas de conneries dans le style : un homme a besoin d’assouvir ses bas instincts sexuels etc. etc. … Tu pourras te baiser toutes les filles que tu voudras, ça m’est parfaitement égal, mais moi je ne veux pas que tu m’emmerdes question plumard d’accord ? C’est bien d’accord ?
- D’accord
- Et où va-t-on ?
- Je ne sais pas. Il faut décider… Tu sais ce que j’aurais aimé ? C’est faire le tour du monde en bateau ! …mais j’ai le mal de mer et je n’ai pas de bateau…
- Que dirais-tu d’un camping-car ?
-…Oui ce serait chouette, le tour du monde en camping-car ! …mais un camping-car ça ne peut pas aller partout
- Un bateau non plus connard ! C’est un choix. Bien sur les petites îles tranquilles, les criques inaccessibles par terre tu oublies, mais par contre.
- Oui par contre on essayera de découvrir des tas de coins sympas… Moi j’ai de quoi disposer de quatre mille cinq cents euros.
- Sans blague ?
- Oui et même en vendant les meubles, la stéréo, peut-être cinq milles et toi ?
- Moi ? Moi je n’ai rien, enfin pas grand-chose, mais je pense quand même arriver à trouver trois mille balles.
- Tu sais nous ne sommes pas obligés d’acheter le Hilton ambulant, un bon VW d’occase.
- Marc tu es sympa !
- Mais toi aussi tu es sympa. Si j ’avais su qu’entre Maurice et toi.
- Ah non merde ! Tu ne vas pas vouloir commencer à me draguer !
- Je ne veux pas te draguer, je dis seulement.
- Bon tu dis ce que tu veux, par contre tu veux bien me faire un bon café bien fort ? D’accord ? Où est la salle de bain ? C’est cette porte ?
- Tu te promènes souvent à poil comme ça ?
- Si l’on doit vivre ensemble dans un camping-car crois-tu que je vais trimballer un paravent ? Si l’on doit être gêné entre nous !
- Ce n’est pas ça, mais merde tu es bandante à la fin.
- À la fin si tu ne trouves pas de minette tu n’auras qu’as te masturber si ça te monte à la gorge, mais moi je ne veux pas passer ma vie à jouer les mères la pudeur, et être emmerdée par tes préjugés de petit mâle macho. Alors ce café il vient ?
- Tu ne voudrais pas des croissants aussi ?
- En voilà une idée qu’elle est bonne ! Je mangerais bien des croissants, et …et je boirais bien un Perier aussi. Mais au fait comment se fait-il que je sois nue ? C’est toi qui m’as déshabillée ?
- Non hier soir tu étais saoule comme un polonais, mais quand même assez lucide pour quand nous sommes entrés, te désaper d’un coup et te jeter sur le lit avant de plonger dans un profond sommeil. Tu vois n’aies crainte pour ta vertu, j’ai à peine eu le temps de l’apercevoir, alors la toucher !!!
- Bonjour Laurent, as-tu vu Luc ? il te cherchait
- Sais-tu pourquoi ?
Encore une de vos inventions je crois.
- Ah bon, Je crois savoir où il est, j’y vais, à tout à l’heure, salut.
° ° °
- Salut Luc, tu me cherchais ?
- Oui pour notre affaire de mardi soir, l’idée de Michel, notre futur Maire
- Ah tu veux parler de «la caisse de justice» Tu y as réfléchi ?
- Oui l’idée est vraiment séduisante et nous serions cinq à la constituer, outre Michel, Toi, Jean-Marie notre vétérinaire préféré, Moi-même, et l’abbé Pauwels qui a souhaité se joindre à nous.
- Sympa de la part de l’Abbé, mais tu ne penses pas qu’un ecclésiastique dans le lot ça puisse choquer certains ?
- Je ne vois pas pourquoi, au contraire ce n’est que souhaitable que certains curés affichent carrément leurs opinions de gauche.
- Ce n’est pas ça qui me pose problème, voyons reprenons l’idée de Michel si je l’ai bien assimilée : Il s’agit de forcer indirectement la main à la municipalité en place pour la pousser à créer un service social d’aide aux plus démunis. Pour cela nous créons une ”caisse de justice” soit un organisme indépendant et bénévole pour aider les plus nécessiteux, et pour la financer chacun de nous s’engage à donner chaque mois cinq pour cent de son salaire. Alors dis-moi comment Pauwels va-t-il s’en tirer pour trouver ses cinq pour cent ?
- Pas notre problème vieux, mais je le connais assez pour savoir qu’il n’est pas homme à s’engager à la légère. S’il a dit qu’il était partant, c’est qu’il est partant, et n’allez pas me mettre du sectarisme dans l’histoire sous prétexte qu’il est abbé.
- Loin de moi cette idée, d’ailleurs Pauwels sait que je suis Franc-maçon et ça ne l’a jamais dérangé…. Et les autres sont d’accord ?
- Oui, et en plus nous avons déjà un, je devrais d’ailleurs dire ”une” candidate au premier dossier d’aide.
- Raconte ?
- Il s’agit d’une vielle femme qui vit rue Berthonnière dans un garage en terre battue avec 30 euros par mois. Elle a vécu toute sa vie avec un réfugié républicain de la guerre d’Espagne, mais sans être mariée, et au décès de celui-ci elle s’est retrouvée sans droits. La misère noire, heureusement c’est Pauwels, par l’intermédiaire d’une de ses ouailles, qui en a eu connaissance, inutile de te dire que quand il en a parlé à Michel celui-ci a foncé voir la miséreuse, tu le connais. Donc nous devons prendre une décision commune pour savoir si nous avalisons notre première aide à cette pauvresse mais je ne doute pas de la réponse. Qu’en penses-tu ?
- Tu n’as pas à me poser la question, ma réponse est certainement la même que celle des autres, comme ça urge, je vais faire un versement maintenant, mais nous n’avons pas encore décidé qui gérera le compte et où il sera ouvert, si nous devons comme prévu verser chaque mois cinq pour cent de notre salaire il faut bien organiser la chose .
- Je crois que la comptabilité va t’incomber
- No way ! pas question que je gère les finances, j’ai déjà horreur de gérer les miennes, on demandera à notre véto de tenir la compta, c’est un boulot dans lequel il doit exceller vu comment il gère les comptes de campagne lors des élections. Mais je suis content de la réaction de Michel, il n’a pas attendu que notre projet soit formalisé pour foncer, c’est ça l’efficacité devant le besoin, c’est bien la preuve que notre cardiologue fera un bon Maire, et c’est pour ça que chaque fois que l’on parle de lui il nous faut ajouter : ”notre futur Maire” afin d’enfoncer ça dans les têtes de tous les futurs électeurs rencontrés.
- Il en est ainsi souvent des actions généreuses, il suffit simplement qu’un homme soit dynamique pour qu’il entraîne une kyrielle de volontaires qui n’attendaient inconsciemment que l’émergence d’un leader. C’est ainsi qu’est née cette «caisse de justice» qui fût à l’origine de l’existence du service social municipal. C’est ainsi que s’est confortée cette amitié entre cinq hommes : un cardiologue, un avocat, un vétérinaire, un abbé et un Directeur d’agence automobile qui s’appréciaient déjà.
- Tu veux que je te dise ce que tu es Laurent ! Tu es un pauvre type ! Un raté ! Un insatisfait permanent. Et tes copains qui semblent tant compter pour toi, tes copains Laurent, tu les emmerde ! … Quand tu vas les voir, que t’apportent-ils de plus que moi ? Ils n’ont pas besoin de toi. Ils t’ont jugé à ta juste valeur, ils t’ont classé, tu ne les intéresses pas, tu ne les amuses même pas, tu es insignifiant. Parce que je vais te dire Laurent, tu te crois optimiste, tu te dis optimiste, mais tu es triste ! Tu n’es pas marrant, pas marrant du tout.
- Alors pourquoi restes-tu avec moi ? Si je t’emmerde tant Sylvie, il faut se séparer
- Je n’ai pas dit que je m’emmerdais avec toi, seulement je voudrais que tu te voies tel que tu es. Laisse un peu tomber les autres, changes !
- Mais bien sûr, “laisse tomber les autres, restons seuls, tous les deux ”, ça recommence, l‘île déserte, nous deux sur une île déserte. C’est ton égocentrisme qui s’exaspère. Tu as toujours été jalouse de mes amis. Pas question que je jette un coup d’œil sur une autre fille, mais pas question non plus que mes copains te volent une part de moi que tu considères comme ton dû. Tu me veux totalement, entièrement à toi. Tu veux que je ne vive qu’à travers toi, tu m’étouffes, tu m’abaisses, tu m’écrases, tu veux détruire ma confiance en moi pour que je sois ta chose, pour que je te sois reconnaissant à toi, l’étoile qui me fait la faveur de m’aimer, moi, pauvre vermisseau. Ton amour ce n’est pas de l’amour, c ‘est du cannibalisme. C’est une mixture de haine, d’envie, de jalousie, de possession, de … tiens, tu veux que je te dise à mon tour. Tu te leurres ! Et encore je n’en suis même pas sûr, peut-être es-tu consciente. Mais quand tu dis m’aimer, c’est faux. Tu ne m’aimes pas, tu aimes avoir “ton” homme. Tu as besoin d’”un” homme, et pas spécifiquement de moi. Tu veux vivre tes rêves, tu veux aimer “un homme” et modeler celui-ci à l’image que tu t’es faite de ton homme idéal. Et manque de pot c’est tombé sur moi, mais ça aurait pu tomber sur n’importe qui d’autre. Et en plus tu n’aimes pas vraiment. Quand on aime on est sensuelle, on n’est pas frigide.