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Jacques effectua un virage de dégagement sur l'aile pour découvrir incrédule à moins de vingt mètres, et face à lui une forme indistincte qui fonçait à sa rencontre. D'instinct il voulut plonger en catastrophe pour éviter "la chose". Avant qu'il n'ait eu le temps d'effectuer la moindre manoeuvre ou de ressentir le moindre sentiment de peur, la "chose" l'avait rejoint attirée inexorablement par la chaleur du moteur. Une boule de feu illumina le ciel. Le Ministre ne savait pas encore qu'il devait la vie à un petit ULM qui venait incidemment de couper la trajectoire d'une fusée sol-air. Il pourrait par la suite méditer tout à loisir la théorie de Sigmund Freud qui prétend qu'il n'y a pas de hasard.
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Du même auteur : bernie lee
publié chez BoD, distribué par SODIS
catalogue Dilicom dans la série ”un polar australien”
Polars :
1 Mine de Rien © ISBN : 9782322102433
En australien sous le titre : “Eeny meeny miney murder” ©
2 Alors on fait la bombe © ISBN : 9782311133956
En australien sous le titre : “Kaboom“©
3 La seconde mort de Michèle © ISBN : 9782322133642
4 Ça va fuser chez les Abos © ISBN : 9782322134151
5 Kidnapping © ISBN : 9782322391226
6 Pigeon vole © ISBN : 9782322391714
Romans :
1 Les miroirs de Belle © ISBN : 9782322170357
2 La mante religieuse © ISBN : 9782322391233
Nouvelles :
36 nouvelles d’ici et d’ailleurs © ISBN 9782322274024
Pigeon vole Polar bernie lee
Nouvelles
Bonjour
D’abord
Il pleut sur Saintes
Valérie
Pub
Qui ?
La femme d’Yves
La traversée
Le fugitif
Mme le Maire
En raison des turbulences atmosphériques générées par cet été torride, l ’ ULM ne pouvait voler que tôt le matin ou, tard l’après-midi.
Jacques était devenu obsédé par la météo qui le clouait au sol. Enfin, ce matin à 6 heures, les conditions étaient excellentes. Jacques fit rituellement le tour de l’appareil vérifiant scrupuleusement chaque boulon, chaque clapet ; un checkup complet. Puis il appela l’essence par pressions successives sur la petite poire à main et mit le moteur en marche. Il sangla son casque et brancha la prise radio. Contrôle des trois cadrans, essais multiples de palonnier et de manche, l ’ULM était prêt à prendre l’air.
L’appareil d’Air-Culture, l’école de pilotage européenne, roula en cahotant jusqu’à la piste en raison de la voie d’accès qui tenait plus d’un chemin vicinal déclassé que d’une voie de roulement. Il se présenta face au vent. En trente mètres il avait décollé.
À cette heure matinale Jacques avait l’impression de dominer le monde. Il savourait ce temps privilégié où par vent nul il glissait au-dessus d’un paysage endormi. L’air n’était pas encore assez chaud pour chahuter l’appareil.
Au-dessous de lui, et malgré l’interdiction Préfectorale d’arroser, il apercevait les nombreux jets d’eau automatiques qui douchaient les champs de maïs criant de sécheresse. Au lointain une légère brume voilait la Charente sans épargner la ville. Jacques goûtait cet instant de solitude merveilleuse que connaissent tous les pilotes.
La ville de Saintes endormie aux bords de la Charente, ce fleuve bénit des rois, se libérait des derniers frimas qu’avaient heureusement évité les vignobles alentours le cognac serait encore bon cette année. Les Bus matinaux se distinguaient dans les files des voitures particulières qui desservaient une population clairsemée sur une étendue de terres verdoyantes. La gare SNCF qui fût à une certaine époque l’étoile de Saintes, ce grand dépôt ferroviaire qui tend à disparaître, ne laissait fuser la moindre fumée nostalgique.
Comme il approchait de la Base aérienne de Saintes-Paban, et afin de respecter la réglementation aérienne qui interdit tout survol d’un terrain militaire, il s’apprêta à effectuer un retour sur Balanzac. À cet instant il aperçut l’hélicoptère de la Protection civile qui emmenait Philippe Marchand à Saintes. L’ancien Ministre de l’intérieur se rendait ce week-end dans sa ville, ce qui lui était donné de faire de moins en moins souvent. L’hélico était à moins de trois cents mètres, légèrement à droite de sa verticale, et pratiquement en parallèle.
Jacques effectua un virage de dégagement sur l’aile pour découvrir incrédule à moins de vingt mètres, et face à lui, une forme indistincte qui fonçait à sa rencontre. D’instinct il voulut plonger en catastrophe pour éviter “la chose“. Avant qu’il n’ait eu le temps d’effectuer la moindre manœuvre ou de ressentir le moindre sentiment de peur, la ”chose“ l’avait rejoint attirée inexorablement par la chaleur du moteur. Une boule de feu illumina le ciel.
Le Ministre ne savait pas encore qu’il devait la vie à un petit ULM qui venait incidemment de couper la trajectoire d’une fusée sol-air. Il pourrait par la suite méditer tout à loisir la théorie de Sigmund Freud qui prétend qu’il n’y a pas de hasard.
Jean-Claude Evrard, dit Boby, responsable saintais des RG, les Renseignements Généraux, avait conduit sur place la commission d’enquête. À travers champs, qui avaient été quadrillés, les spécialistes recherchaient le moindre morceau d’ULM ou de matériel quelconque. Boby, son éternel sourire aux lèvres, et tout en effectuant des recherches, échafaudait des hypothèses. Aucun témoin n’avait assisté à la scène. Par chance le pilote de l’hélicoptère avait relevé d’instinct sa position au moment de l’explosion.
Boby avait délimité un périmètre sur sa carte d’État-Major, où méticuleux comme un sacristain il découvrit les restes de l’ULM et des fragments de métal qui l’intriguèrent et qu’il transmit sans délais au laboratoire des armées.
Le surlendemain il reçut le résultat de l’analyse en même temps qu’il vit débarquer une équipe des Services de la Sécurité Militaire. Il convoqua aussitôt ses proches adjoints : Maggy Delaunay et Pierre Legrand.
- Les enfants, nous avons mis dans le mille avec ma demande d’expertise, mais maintenant que nos grands pontes subodorent une tentative d’attentat contre notre Ministre, inutile de vous dire que les enquêteurs de haut vol font fleurir comme des mouches, et il n’est pas question que nous confirmions à leurs yeux l’opinion de peigne-cul qu’ils doivent avoir des “petits inspecteurs de Province“. On va bosser comme des dieux et leur mettre dans le baba. Retour sur le terrain ! .
Boby avait fait ses calculs balistiques et en avait déduit que le tir, si tir il y avait, avait sûrement eut lieu depuis un périmètre qu’il avait encerclé de rouge sur sa carte d’État-Major. D’élimination en élimination il finit par circonscrire un petit rectangle de terrain qu’il passa au peigne fin. Il découvrit au pied d’un bâtiment en ruine un endroit où l’herbe avait été foulée. De là, il suivit la trace d’un passage jusqu’à un chemin vicinal.
Le chemin était trop étroit pour qu’un véhicule ait pu y stationner. Même si sa fréquentation devait être quasi nulle, le ou les, tireurs avaient dû garer leur voiture sur le bas-côté, et donc en mordant sur un champ de maïs.
Boby accentua son sourire, il venait de repérer quelques tiges de maïs écrasées et l’empreinte de deux pneus qu’avait conservée la terre indûment mouillée. Avec grande précaution il fit le moulage des deux pneus et rejoignit son bureau tout en bénissant les agriculteurs d’avoir arrosé malgré l’interdiction Préfectorale.
- Albert ? C’est Boby, peux-tu passer rapidement à mon bureau ?
Il reformula la même demande à trois autres garagistes de ses amis. Une heure après il avait sa réponse. D’après les moulages de pneus il s’agissait d’une Mazda 323. Evidemment il n’en connaissait, ni la couleur, ni l’année, ni l’immatriculation, et encore moins l’identité du conducteur, mais pour un début d’investigation c’était déjà pas mal.
Le responsable des RG avait interrogé les services de location de voitures, maintenant l’ordinateur n’arrêtait pas. Boby l’avait d’abord sollicité pour connaître la liste des Mazda 323 figurant dans le fichier national des voitures volées. Ensuite, “au diable les varices “ comme il se plaisait bêtement à dire (à chacun ses petits travers) il avait demandé la liste totale de ce modèle immatriculé en France. Les feuilles informatiques tombaient sur son bureau en un interminable accordéon.
Un entêté le Boby, après trois jours de dépouillement et de vérification il avait sélectionné un petit nombre de voitures volées qui auraient pu servir à l’attentat. Il convoqua ses deux adjoints.
-Bon nous avons trois solutions : la première, le type s’est servi de sa propre voiture ou de celle d’un copain. Dans ce cas ça va être duraille. Deuxième hypothèse le type a loué une voiture, nous allons donc contrôler les quelques locations faites dans ce modèle. Troisième hypothèse : il s’agit d’une voiture volée. Et là deux solutions : ou le gars après le coup planque la voiture ou il l’abandonne ne pensant pas que l’on puisse faire un lien entre ce véhicule et la tentative d’attentat. Et c’est cette supposition qui a ma faveur.
En fait les déductions de Boby comme à l’accoutumé s’avérèrent justes. Le véhicule utilisé était une Mazda 323 grise métallisée volée huit jours plus tôt à Périgueux et abandonnée sur un parking de Saintes.
- Cette voiture, dit Boby, il va falloir qu’elle soit aussi bavarde qu’une concierge de banlieue. Et elle parla la garce. Trop ! 11 paires d’empreintes différentes qu’il faudrait faire étudier par le service anthropométrique.
- Ça commence mal Boby, dit Maguy, son adjointe.
- Mais non mon petit, il ne faut pas se plaindre vois-tu, nos amis les gendarmes en sont encore à chercher un début de début de piste, alors que nous nous savons déjà que le gars a un complice dans le coin et qu’une fille est dans le coup.
- Ah bon ! Tu es en cheville avec une cartomancienne ? D’où tiens-tu ces infos ?
- Du fait que les empreintes les plus lisibles et qui chevauchent les autres sont ces petites-ci appartenant à une main féminine. D’autre part si la voiture a été volée il y a déjà huit jours, il a bien fallu qu’elle soit planquée quelque part, et où mieux qu’à Saintes ou dans ses environs, bref le plus près possible du lieu prévu pour l’attentat afin qu’elle ait le moins de risque d’être contrôlée ? Pigée !
- Pas con !
- Pourquoi crois-tu que je sois le chef ? Allez au boulot il faut me déterminer quelles sont les empreintes du propriétaire du véhicule, celles de ses amis ou connaissances qui ont pu avoir accès à la bagnole, et se focaliser sur les empreintes inconnues. Ensuite j’aimerais bien savoir qui a voulu supprimer notre Ministre, et pour cela il va falloir se grouiller car les gros pontes de la DG ont débarqué comme des mouches depuis qu’ils savent qu’il y a eu tentative d`assassinat.
Xavier Hourugou était basque, tout comme Michel Ituria le fameux dessinateur du journal Sud-Ouest, dont il admirait tant le style et l’humour. Mais contrairement à ce dernier, qui mitraillait les politiques d’une plume caustique dans ce grand quotidien régional, Xavier ne manipulait pas le stylo feutre mais les explosifs et les armes de guerre.
La bâtisse était située à 300 mètres d’un chemin de terre qui serpentait dans les marais charentais envahis cette nuit comme une scène de musical par un brouillard nuageux qui avalait les jambes jusqu’à hauteur des genoux. Le bougre était traître car seul un enfant du pays pouvait se mouvoir dans ces lieux en suivant un chemin invisible, qui parfois tournait à angle droit, sans risque de chuter dans les canaux longeant les parcelles de marais. La vision était irréelle, la silhouette noire semblait un cul de jatte glissant sur un tapis de nuage.
Xavier n’avait pas entendu arriver la fille, ce qui le mit en boule, car il se vantait d’une oreille très fine et d’un état de qui-vive jamais pris en défaut. Elle était vêtue d’un ciré noir brillant et d’un béret basque de même couleur qu’elle ôta sitôt entrée. Une importante chevelure d’or se répandit sur ses épaules. Xavier fut frappé de sa beauté sauvage ce qui fit fondre sa rancœur naissante.
- Tu as le matériel ?
- Salut, je viens de crever de froid pendant près d’une heure, alors si ça ne t’écorche pas la gueule tu pourrais d’abord me dire bonsoir, et m’offrir à boire quelque chose de chaud si c’est dans tes moyens.
- Excuse, salut, je m’appelle Xavier.
- Je sais. Tiens voilà ton paquet.
Elle retira une musette kaki de dessous son imperméable
- Merci, je vais te faire du vin chaud. Désolé c’est tout ce que j’ai : du pain, du vin, du saucisson et un petit butagaz
- Va pour le vin chaud…. C’est plutôt tristounet comme coin.
- J’ai connu pire à Amotz. En règle générale je n’ai guère l’opportunité de fréquenter les Palaces.
Il prit deux quarts en métal émaillé et ébréché, un blanc douteux, et un bleu foncé cerclé de noir qu’il tendit à sa visiteuse…Il burent le vin chaud en silence.
- C’est comment ton nom, tu es du pays ?
- Je ne crois pas que ce soit important pour ton boulot de savoir ça. Allez salut, je dois repartir, merci pour le vin, dit-elle, en enfouissant sa chevelure dans le béret
Ah ! J’oubliais, tiens j’ai aussi un petit poste radio pour égayer tes heures creuses.
- Pas besoin, aucune envie de faire du bruit
- Comme tu voudras, il faut que je me le retrimbale ?
- Laisse si tu veux, salut.
Dès la porte fermée Xavier s’empressa de vider la musette sur la table. Au vu du contenu il ne put retenir un sifflement admiratif. Ce qui n’était pas un mince compliment venant du spécialiste des explosifs qu’il était.
La fille avait repris le chemin en sens inverse. Le brouillard arrivait maintenant à mi-cuisses ; Sans hésiter elle regagna sa voiture laissée à trois kilomètres dans un chemin bordé de taillis qui la cachait de la route. Elle s’engouffra dans la 205 où un homme attendait stoïquement assis à l’arrière.
- C’est fait !
- Il n’a rien dit ?
- Non
- Bien, tu as laissé la radio ?
- Oui, mais il n’en voulait pas.
- L’essentiel c’est qu’il l’ait
L’homme sortit un petit boîtier noir de sa poche. À première vue on aurait dit une sténorette de dactylo. Il en sortit une antenne télescopique de 16 centimètres de long, un voyant rouge s’alluma. L’homme appuya sur le bouton de droite et des chiffres défilèrent sur un écran. Lorsque apparu le chiffre 105 il appuya sur un second bouton.
Une explosion puissante suivit la lueur orangée qui illumina le ciel et une onde de choc fit bouger la voiture.
- Il ne dira plus rien.
- Oh merde, dit la fille, ce n’était pas prévu !
- Mais si c’était prévu, mais pas à ton niveau, tu n’avais pas à le savoir avant. Tu as quelque chose contre ?
- Non, rien…C’était la radio ?
- C’était la radio.
- Quand même vous auriez pu me tenir au courant !
- Pourquoi ? Pour que tu mouilles ta petite culotte ?
Elle haussa les épaules et mit le contact
- Où va-tu ?
- À Saintes !
- …Pourquoi tournes-tu à gauche ?
- Je prends en direction de Rochefort, on tournera à droite pour rattraper Pont-l’Abbé et de là on rejoindra la route Rochefort-Saintes. L’explosion va attirer les gendarmes de Marennes, ils ne sont qu’à dix kilomètres inutile de les croiser.
La nuit était noire, les routes étaient désertes spécialement dans cette région quasi inhabitée. À Pont-l’Abbé elle leva le pied.
- Tiens “la Séguinière “ à gauche, c’est là qu’habite Tabary, le Tabary des BD
- Et alors ? Tu as envie d’être calife à la place du calife ?
- Décidément l’humour ce n’est pas ta tasse de thé !
Ils ne se dirent plus rien jusqu’à l’entrée de Saintes.
Boby se faisait discret, on ne le voyait plus laisser traîner ses oreilles en ville. Depuis deux semaines c’était le ballet des ombres. Ce matin il avait organisé une réunion dans son bureau avec ses proches collaborateurs. A guichet fermé.
- Bon, les enfants je crois que nous sommes en tête de course sur l’affaire de l’ULM. Nous avons pu grâce à l’identification du véhicule volé relever un nombre restreint d’empreintes digitales dont deux au moins sont intéressantes. Pour la première il s’agit d’une femme dont nous ne savons actuellement rien, mais dont nous sommes sûr qu’elle est dans le coup. En effet les spécialistes ont déterminé qu’une de ses empreintes chevauche celle d’un individu qui lui est dans le coup, donc le fait que cette empreinte soit postérieure justifie sa complicité.
Pour la deuxième empreinte, là nous avons tiré le gros lot. Il s’agit d’un membre de l’ETA fiché à Interpol. Un gros poisson XARUPIXU, de son vrai nom Xavier Hourugou. Non, non, ne pavanez pas. Nous avons bien identifié l’individu, mais je pense que nous l’avons fait trop tard. Pourquoi ? Je m’explique. Vous avez reçu le rapport de gendarmerie de Marennes concernant l’explosion dans les marais ? Non pas encore ? Mais vous avez lu les journaux. A votre avis ça ressemble à un feu follet ou à une explosion de gros calibre ? … Oui je suis allé voir sur place, c’est “Beyrouth-sur-Charente“, Un cratère de 50 mètres de circonférence, pas la moindre trace d’une masure qui se trouvait là, évanouie, envolée, à croire qu’elle n’a jamais existé. Des débris éparpillés dans les marais sur 300 mètres à la ronde. Mais vous me connaissez, le Boby c’est un vrai “cheunnassou“ quand il sent un os. Je ne pouvais croire à une explosion sans motif, sans raison, dans un coin pareil où il n’y a rien. J’’ai passé huit jours à jouer les égoutiers, j’ai fouillé les canaux, les terrains mous, les chemins et j’ai trouvé deux petits indices qui valent le déplacement. D’abord, deux morceaux de métal qui m’ont été confirmés par Paris comme provenant d’un armement TU 63. Ne me demandez pas ce que c’est, je n’en sais rien moi-même, Je ne suis pas artificier. Mais d’après les spécialistes parisiens il s’agit d’une arme nouvelle super sophistiquée dont il n’y a pas encore d’exemplaire sur le marché. Je devrais dire : “il n’y avait pas“ car cette découverte fout leur théorie en l’air. Inutile de vous dire qu’en ce moment dans les hautes sphères militaires ça bouge un max.
Le deuxième indice est un reste de quart émaillé bleu foncé sur lequel on a relevé une empreinte, il s’agit d’une empreinte à demi effacé mais attribuée sans hésitation à la femme dont nous parlions tout à l’heure, et d’un début d’empreinte, qui semble pour la partie lisible, correspondre parfaitement à celle de Xarupixu.
Donc si je déduis correctement ce qui s’est passé, et puisque la gendarmerie certifie qu’il y a eu mort d’un humain, au moins, je serais tenté de dire que notre artificier a reçu, avant, ou pendant, la visite de la femme mystère, des explosifs qu’il a tripotés, et qu’il s’est fait péter la gueule. La conclusion vous convient-elle ?
…Alors ? …Bon je continu. Peut-être y a-t-il une autre explication. Et si le gars, qui, je vous le rappelle, est un super-super artificier n’avait fait aucune erreur de manipulation. Que ce serait-il passé alors ? … Je vous écoute ? …
- Ben, la fille a pu venir déposer une bombe et repartir.
- Très bien Maggy, tu vois que tu peux penser quand tu veux.
- Donc si le mort est bien le tireur de l’ULM, quelqu’un a voulu le faire disparaître, mais ça peut-être un complice pour s’assurer de son silence, ou un membre d’une bande rivale, un concurrent, un ennemi, appelle ça comme tu veux.
- Très bien Maggy, tu es sur la voie, continue de penser tout haut, et toi Pierre tu finis ta sieste ou tu boudes ?
… Non les déductions de Maggy me conviennent
- À moi aussi, c’est bien Maggy, tu vois ça nous réchauffe le cœur de savoir que si tu as un beau cul, la tête n’est pas mal non plus. Donc je serais assez tenté de raconter ainsi l’histoire. : un militant d’ETA est emmené à Saintes pour attenter à la vie de notre Ministre de l’intérieur. Par hasard à cause d’un putain d’ULM qui n’aurait pas dû se trouver là, notre tireur manque sa cible. Pour le punir, ou éviter qu’il ne parle, il est supprimé, et lui n’a pas été loupé. Ça veut dire quoi ?
-…Que l’opération est importante ?
- Mais encore ? …
- Qu’il y a un lien entre l’ETA et l’opération contre Marchand
- Évidemment tout le monde va se remémorer que le mois avant son départ du Ministère de l`intérieur Philippe Marchand a fait arrêter un des pontes de l’ETA qui a déclaré condamner notre Ministre à mort. Donc c’est bien logique que l’ETA ait fomenté cet attentat.
- Bien sûr c’est logique, c’est la conclusion normale.
-… Peut-être, et si justement on voulait nous aiguiller sur l’ETA pour nous détourner de la vraie piste ?
-… À quoi penses-tu Boby ?
- Je trouve bizarre cette mort d’Hourugou, sa disparition dans ces circonstances… est-ce que ce ne serait pas pour nous fixer sur cette piste ? Et s’il avait été loué ou manipulé par un djihad quelconque ou tout autre groupe terroriste ?
-…Possible !
- Oui possible, on va essayer de localiser la fille ; J’ai repéré des empreintes de pneus dans un chemin creux qui me semble l’endroit idéal pour que quelqu’un planque une voiture pendant qu’il se rendra à l’endroit où se trouvait la masure évaporée. Relevés et études faites il s’agit d’une 205. Donc nous cherchons dans le coin une femme en 205 C’est léger comme piste je sais, mais c’est tout ce que j’ai ? Ah ! si, la fille doit être de la région, elle doit bien connaître les marais car s’y orienter par nuit de brume ce n’est pas du gâteau. Et puis elle a bien dû faire quelque connerie dans sa vie pour que ses empreintes figurent au fichier. Allez les enfants, Au boulot !
À Balanzac, Jean-Marc le patron, Gérard, Christian, Bernard, les moniteurs étaient consternés, ils tournaient en rond autour des ULM. La vacherie ! Un sabotage en règle. Un moteur tout neuf avait disparu et toutes les ailes avaient été lacérées. Impossible d’assurer les entraînements ! Pour Jean-Marc : La tuile. ! Il allait devoir déprogrammer une semaine de cours de formation, ce qui n’allait pas arranger ses finances. Pour les instructeurs, la merde, huit jours minimums sans bosser. La paye n’allait pas être lourde. Il est vrai que s’ils formaient même des pilotes de Boeing d’Air France les payes des élèves et des moniteurs n’avaient rien de commun entre elles. Le rapport était plutôt du style pâté d’alouette : un cheval pour une alouette.
- Putain de putain, mais pourquoi ? se lamentait Jean-Marc.
- Et si c’était ce tordu renvoyé de stage l’année dernière ?
- Et des concurrents jaloux ?
- Et si, … et merde ! … Résultat huit jours sans voler, enfin pas vraiment sans voler puisque coïncidence ce matin nous recevons le nouveau modèle commandé, mais huit jours sans stage ça c’est sûr. On ne peut pas faire fonctionner l’école avec un seul appareil !
- Jean-Marc, téléphone !
Jean-Marc se rend au mobil-home servant de bureau près du hangar en tôle où sont parqués les appareils.
- Bon les gars fallait s’y attendre, la sécurité militaire prévenue par la gendarmerie qui débarque.
C’est toujours comme ça chez les quelques professionnels de l’ULM, Ils ne peuvent pas lâcher un pet de travers sans que la SM débarque. L’ULM c’est considéré aussi stratégique que le fut le mur de l’atlantique en son temps, c’est que c’est vicieux ces petites bêtes là, ça vous décolle de n’importe où, ça se glisse sous une couverture radar, ça se pose où ça veut, ça vous déposerait une bombe ou un terroriste dans n’importe quel endroit stratégique. Résultat ces professionnels-là sont en permanence dans la ligne de mire des services de contre-espionnage.
- En attendant les barbouzes je vais essayer le nouvel engin.
Ceux qui sont restés scotchés avec l’image de l’ULM : moteur de tondeuse à gazon et ailes en drap de lit, feraient bien de réviser leur conception. L’ULM maintenant est un véritable avion, du moins dans certaines versions modernes, seule différence : le poids. Par contre ils n’ont rien perdu de leur maniabilité ni de leur agrément.
Le plaisir des instructeurs de Balanzac c’est de parier le champagne avec les pilotes professionnels de Boeing d’Air France qui viennent en stage, qu’ils ne poseront pas seul l’ULM au premier essai. Jusqu’à présent les instructeurs n’ont jamais payé de bouteille. C’est vrai qu’entre avoir entre les mains un monstre guidé par les appareils au sol et un petit piège volant qui vous sautille dans les doigts comme une pucelle hystérique au moindre attouchement, il y a une sacrée différence.
Jean-Marc survolait le secteur, le nouvel appareil était une petite merveille. Il réagissait bien et semblait encore plus sûr que les anciens. Il essaya un tas d’acrobaties à la limite du décrochage et se régala comme un gosse abandonné dans une pâtisserie. Le temps n’avait plus d’importance. Il fut tiré de ses rêves éveillés par la voix de Gérard dans les écouteurs
- Jean-Marc, il y a du monde qui t’attend !
- Merde la SM, je les avais oubliés, j’arrive !
Il se posa comme un vrai pro dans un mouchoir de poche ; Il y avait là, outre les deux gendarmes de Nancras qu’il connaissait bien, deux responsables de la Sécurité Militaire qui étaient déjà venus le visiter trois ou quatre fois, plus un grand blond décontracté en blouson de cuir “Chevignon“.