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Dans "Le conte futur", Paul Adam offre une exploration audacieuse des thèmes de la technologie et de l'humanité à travers le prisme de la science-fiction. Écrit dans un style lyrique et poétique, ce roman fusionne des éléments modernes et fantastiques, plongeant le lecteur dans un monde où les aspirations humaines sont confrontées à des innovations techniques. L'œuvre s'inscrit dans le contexte littéraire de la fin du XIXe siècle, période de profondes transformations industrielles et sociales, qui nourrit un imaginaire collectif avide de découvrir les potentialités du futur. Paul Adam, auteur versatile et engagé, a vu son œuvre influencée par les mouvements littéraires de son époque, notamment le naturalisme et le symbolisme. Son intérêt pour les problématiques sociales et technologiques de son temps l'a poussé à questionner les rapports entre l'homme et la machine, thème central de "Le conte futur". La richesse de ses récits s'appuie aussi sur ses voyages et son immersion dans diverses cultures, éléments qui enrichissent son univers narratif. Recommandé tant pour les passionnés de science-fiction que pour ceux curieux de réfléchir sur les implications de la modernité, "Le conte futur" se révèle être une lecture incontournable. La profondeur des réflexions d'Adam sur le progrès et ses conséquences incite à une introspection sur notre propre rapport à la technologie, offrant ainsi au lecteur une perspective unique sur l'avenir.
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Philippe pressentit dans les lettres de son oncle le dessein d'unir Philomène au commandant de Chaclos. L'angoisse extrême qui le prit alors au coeur l'étonna d'abord. Sa cousine comptait cinq ans de plus que lui. En outre, elle avait un caractère grave, et elle agréerait certes mal les turbulences du cornette aux Guides qu'il était.
Mais, à l'encontre de ces raisonnements et à mesure que le colonel, par sa correspondance, dissipait l'espoir d'une négation, Philippe apprit à connaître la douleur. L'image de la jeune fille veilla sans pitié sur la torture de son esprit amoureux.
Maintenant, le voici sans force, étendu contre les coussins du wagon. Avec hébétude, il suit les maigres allures du commandant attentif aux cent petits cartons rapportés de la capitale, et qui renferment les cadeaux de corbeille. Comment ne s'aperçoivent-ils pas de son désespoir, ni cet homme, ni le colonel? Comment ne le virent-ils pas blêmir, lorsqu'ils entrèrent au mess des Guides en brandissant la permission obtenue de son général «pour assister à un mariage dans la famille?»
Ils ne remarquent rien, ni l'atroce crispation du sourire par lequel il répond à leurs phrases joyeuses, ni la sueur qui glace ses tempes, le cuir de son bonnet de police.
Le colonel commence même à dormir en paix.
Aux portières le paysage déroulé lui précise dans le souvenir les heures de ce même voyage fait naguère avec elle. Son oncle était venu le chercher à l'Ecole militaire après les examens de sortie, et, durant ce voyage, elle lui était apparue ainsi qu'une âme extraordinaire, instruite en toutes les sciences et portant sur le monde des jugements inattendus.
—Oui, répond le commandant, des jugements inattendus. Elle a tout étudié, n'est-ce pas, recluse dans ce fort où l'attache la situation de son père.... Il n'y a plus un mur, chez elle, qui ne soit tapissé de livres....
—Voici le centre de notre patrie, mon commandant, vous l'a-t-elle appris... ici même, où le sol ferrugineux se révèle par cette pente soudaine surgie devant les bâtisses plates des fabriques....
—Le coeur de notre république du Nord? Voyez, comme il monte, ce sol, vers le pâle firmament de brumes. Il recouvre, peu à peu, sur l'horizon les tours fumantes des distilleries et des forges.
—Elle vous a confié son amour pour les pauvres?
—Elle a un extraordinaire amour pour les pauvres.
—Ici, disait-elle, sur la hauteur, le pâtre vit plus heureux parce que la masse des terres abat le son des cloches industrielles, l'appel à la souffrance quotidienne des troupeaux ouvriers....
—C'est une âme élue, Philippe, une âme élue.... Pourrai-je lui valoir assez de bonheur?
Ils s'examinèrent; ils écoutèrent leur silence.
—Le plateau! dit le commandant.
Là, le sol semblait avoir bondi tout à coup hors des plaines brunes de labour, et avoir entraîné dans ce saut des falaises de craie, d'inaccessibles roches, des touffes de sapins et de bouleaux, des pans de prairie, un bois entier de hêtres, même quelques villages blottis dans des cavités pleines de fougères et d'yeuses.
—Avez-vous connu sa mère?
—Non, mon commandant, je n'ai pas connu sa mère. Elle est morte si jeune!
—... Philomène lui ressemble d'âme. Sa mère contemplait toujours son idée de Dieu; elle contemple aussi la douleur du monde....
—Le Christ, le même Christ sous ses deux formes....
—Des mystiques!... Tenez, voici le plateau qui s'étale par dessus le pays.... La terre est rouge de matières ferrugineuses....
—Ah! ah!... Le fer ne fait-il pas couler le sang, tout rouge....
—N'empêche! La terre est si rouge que les gens, à force d'y peiner, en ont pris la couleur....
—Oh! je comprends.... Elle vous l'a dit aussi, cette chose; qu'ici les petits enfants portent déjà sur leur corps rouge le blason du métal dispensateur de leur existence.
—Philippe, pourquoi cette amertume dans votre voix?