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Maurice Renard, né le 28 février 1875 à Châlons-sur-Marne et mort le 18 novembre 1939 à Rochefort-sur-Mer, est un écrivain français, spécialisé dans le fantastique, la science-fiction et le roman policier.
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Maurice Renard
Le maître de la lumière
Cette histoire extraordinaire commence très ordinairement.
À la fin du mois de septembre 1929, le jeune historien Charles Christiani résolut d’aller passer quelques jours à La Rochelle. Spécialisé dans l’étude de la Restauration et du règne de Louis-Philippe, il avait déjà publié, à cette époque, un petit livre très remarqué sur Les Quatre Sergents de La Rochelle ; il en préparait un autre sur le même sujet et estimait nécessaire de retourner sur place, pour y consulter certains documents.
Il nous a paru sans intérêt de rechercher pourquoi la famille Christiani était déjà rentrée à Paris, rue de Tournon, à une époque de l’année où les heureux de ce monde sont encore aux bains de mer, en voyage, à la campagne. L’automne se montrait morose, et ce fut, croyons-nous, la seule raison de ce retour un peu prématuré. Car Mme Christiani, sa fille et son fils ne manquaient pas des moyens de mener l’existence la plus large, et disposaient des gîtes champêtres où l’on goûte un repos plus ou moins mouvementé. Deux belles propriétés familiales, en effet, s’offraient à leur choix : le vieux château de Silaz en Savoie, qu’ils délaissaient complètement, et une agréable maison de campagne située près de Meaux ; c’est là qu’ils avaient passé tout l’été.
Au moment où nous sommes, le noble et spacieux appartement de la rue de Tournon abritait, en les Christiani, trois êtres parfaitement unis : Mme Louise Christiani, née Bernardi, cinquante ans, veuve d’Adrien Christiani, mort pour la France en 1915 ; son fils Charles, vingt-six ans ; Colomba, sa fille, moins de vingt ans, charmante, à qui nous devons l’adjonction d’un quatrième personnage : Bertrand Valois, le benjamin de nos auteurs dramatiques, le plus heureux fiancé sur le globe terrestre.
Il faut noter que Mme Christiani tenta – sans insister, du reste – de décider son fils à retarder son départ pour La Rochelle. Elle avait reçu, le matin même, une lettre qui lui semblait motiver un séjour de Charles en Savoie, à ce château de Silaz où l’on n’allait jamais que pour régler des questions de fermages ou de réparations. Cette lettre émanait d’un antique et dévoué régisseur, le bonhomme Claude (prononcez « Glaude » si vous voulez respecter l’usage local). Il y parlait de diverses affaires relatives à la gestion du domaine, disant que la présence de M. Charles serait bien utile à ce sujet, et que, au surplus, il souhaitait cette présence pour une autre raison qu’il ne voulait pas exposer, parce que « Madame se moquerait de lui, et pourtant, il se passait à Silaz des choses qui le bouleversaient, lui et la vieille Péronne ; des choses extraordinaires dont il fallait absolument s’occuper ».
– Il a l’air affolé, dit Mme Christiani. Tu ferais peut-être bien, Charles, d’aller d’abord à Silaz.
– Non, maman. Vous connaissez Claude et Péronne. Ce sont de vénérables célibataires, mais des primitifs, des superstitieux. Je vous parie qu’il s’agit encore d’une histoire de revenant, de servant, comme ils disent ! Croyez-moi, cela peut attendre, j’en suis certain. Et comme j’ai prévenu de mon arrivée le bibliothécaire de La Rochelle, je ne vais pas, vous le pensez bien, lui donner contre-avis en l’honneur de ces excellents mais simples vieillards. Quant aux affaires, aux véritables affaires, rien ne presse ; c’est visible.
– À ton aise, mon enfant. Je te laisse libre. Combien de temps resteras-tu à La Rochelle ?
– À La Rochelle même, deux jours exactement. Mais j’ai l’intention de revenir en faisant un petit détour par l’île d’Oléron, que je ne connais pas. J’ai appris tout à l’heure, du concierge, que Luc de Certeuil s’y trouve. Il dispute un tournoi de tennis à Saint-Trojan ; c’est une bonne occasion pour moi...
– Luc de Certeuil..., prononça Mme Christiani sans le moindre enthousiasme et même avec une réprobation assez marquée.
– Oh ! soyez tranquille, maman. Je ne nourris pas pour lui une tendresse excessive. Mais enfin, n’exagérons rien. Il est comme bien d’autres, ni mieux ni plus mal ; je serais content de trouver quelqu’un de connaissance dans cette île inconnue de moi ; et je sais qu’il sera très heureux de ma visite.
– Parbleu ! fit Mme Christiani, pendant qu’une lueur d’irritation brillait dans ses yeux noirs.
Et, d’un geste qui révélait son mécontentement, elle lissa les bandeaux presque bleus qui encadraient son visage bistre de Méditerranéenne. Luc de Certeuil lui était antipathique. Il occupait, dans l’immeuble, un appartement de trois pièces, sur la cour ; Charles, peu mondain, ne l’eût sans doute jamais rencontré sans cette circonstance, que l’autre avait mise à profit pour entrer en relations. C’était un joli homme sans scrupules, un sportif, un danseur. Il plaisait aux femmes, malgré son regard déroutant. M
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