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À la fin de l’été, Ludivine, sur le point de rentrer en Franche-Comté, rencontre Claudio et ressent des sentiments ambigus pour lui. Pendant ce temps, Manu demande la main de Ninon, entraînant tout le monde, y compris ce nouvel arrivant, dans les préparatifs du mariage. Cependant, tout bascule avec le décès mystérieux de l’oncle de Claudio. Tandis que les premiers indices parlent de mort naturelle, ce dernier a des doutes. Ninon, décidée à découvrir la vérité, se lance dans une enquête captivante.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Jean-Pierre Ruffier, épicurien passionné, cherche à profiter de chaque instant et à en tirer le meilleur. Après avoir composé des poèmes et des chansons, il propose ce roman plein d’espoir, démontrant que le bonheur peut naître d’un drame.
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Seitenzahl: 308
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Jean-Pierre Ruffier
Le mariage de Ninon
Roman
© Lys Bleu Éditions – Jean-Pierre Ruffier
ISBN : 979-10-422-4412-5
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Depuis un an environ, Ninon vit chez son papa : 2, rue de l’Église à Saint-Genis des Fontaines. Elle habite dans un appartement situé au-dessus de la boulangerie, dans laquelle Calou, son père pétrit la pâte et cuit le pain. En ce chaud mois d’août, deux personnes se sont jointes à leur binôme. Tout d’abord Manu, le fiancé de Ninon, musicien amateur qui vient de finir des études scientifiques et qui espère prolonger son séjour chez la jeune femme. Il souhaite décrocher un emploi dans la région en rapport avec sa formation initiale. Il y a également Ludivine, la meilleure amie de Ninon, son dernier lien avec sa vie d’avant quand elle habitait dans l’est de la France, élevée par ses grands-parents. Aujourd’hui, Ninon écrit. Elle vient de publier son premier roman, un livre autobiographique qui lui a permis de mettre de l’ordre dans son existence, trop souvent régie par les mensonges bienveillants et les non-dits. Les vacances touchent à leur fin. Ludivine va bientôt repartir, mais chacun compte bien profiter de ces derniers jours de farniente et d’insouciance sous le soleil méditerranéen.
En ce dernier jeudi des vacances d’été, Ninon et toute sa petite troupe ont décidé de passer la journée à la plage. Calou a pu se libérer et s’est joint à eux. Dans la voiture chargée de sacs de plage, de parasols et autres pneumatiques, les filles prennent place à l’avant, Manu et Calou à l’arrière. Comme les plus parfaits des touristes, chapeaux vissés sur la tête et lunettes de soleil sur le nez, ils s’en vont vers la grande bleue à Argelès-sur-Mer.
En pleine saison, trouver une place pour garer la voiture n’est pas aisé. Après plusieurs essais infructueux et un créneau avorté, car complètement improbable, Ninon s’arrêta en double file et déposa ses passagers. Ceux-ci vidèrent rapidement le coffre de la petite auto. Ninon repartit donc chercher une place, bien décidée à se garer très vite. De leur côté, Ludivine et les garçons s’empressèrent eux aussi de trouver un endroit sur le sable pour planter les parasols et étaler les serviettes. Ils ont choisi un espace proche de l’eau, juste à côté d’une mamie et de ses petits-enfants, que l’aïeule était en train de tartiner d’écran total…
Alors que Ninon entamait son troisième passage devant la plage, une dame dont les bras étaient chargés de victuailles en tout genre lui fit signe d’un coup de menton de la suivre jusqu’à sa voiture. Ninon ne se fit pas prier. Insensible aux coups de klaxon, que lui délivraient ceux qui patientaient derrière elle, elle s’arrêta au milieu de la chaussée, attendant que la femme aux sacs bien remplis lui cédât sa place. C’est à ce moment que le spectacle commença. Tout d’abord, la pauvre dame se rappela que les clefs de sa voiture se trouvaient dans la poche de son short. Comme ses deux bras étaient encombrés, elle devait en libérer un. Elle essaya donc de hisser le sac qu’elle tenait dans sa main gauche sur le toit de la voiture. Ne parvenant pas à lever aussi haut un poids si lourd, elle se ravisa et le posa par terre. Elle tenta ensuite d’attraper de sa main gauche les clefs de la voiture, qui se cachaient en fait dans la poche droite du short. Face à une telle difficulté, elle préféra passer le carton qu’elle tenait sous son bras droit à gauche. Sa main droite ainsi libérée pouvait attraper les clefs et ouvrir la portière de la voiture. Tellement concentrée à viser la serrure, la dame ne s’aperçut que trop tard qu’elle avait un peu trop penché le carton qu’elle avait maintenant sous le bras gauche. Une dizaine de tomates s’en échappèrent et se répandirent sur la route. Heureusement, un petit garçon, qui se délectait de la scène, l’aida à les ramasser. Même si elles furent partiellement abîmées, elles retrouvèrent leur place dans le carton, que la dame jeta exaspérée dans sa voiture. Dans sa précipitation, elle s’engouffra dans son automobile et démarra. Sans les cris du petit garçon et le coup de klaxon de Ninon, elle aurait écrasé le sac qu’elle avait posé peu de temps auparavant au sol. Elle s’extirpa de son véhicule, ramassa ce dernier et le chargea dans sa voiture. Elle rougissait de honte et de colère, mais s’en alla finalement en libérant sa place pour la patiente Ninon. Après une ou deux manœuvres accompagnées des injures des chauffeurs pressés, la jeune femme immobilisa sa voiture et tenta de rejoindre ses acolytes, qui souhaitaient profiter de chaque rayon de soleil pour parfaire leurs bronzages respectifs…
Sur la plage, la voisine de serviette et ses petits-enfants assuraient eux aussi le spectacle. Couchée sur le ventre, la grand-mère ne pouvait pas voir les manigances de ses petits diables. Pendant que le premier faisait des allers-retours de la mer au sable avec un seau en plastique fluo, le second creusait des tranchées. Elles constituaient un véritable labyrinthe autour de la vieille dame somnolente. Le petit porteur d’eau remplissait gentiment les galeries de son frère jusqu’à ce voyage de trop, celui où tout a basculé et surtout le seau trop plein.
L’enfant a malencontreusement glissé son pied dans une tranchée, ce qui le fit s’étaler de tout son long sur le sable. Il lâcha son seau qui se vida sur la pauvre mamie, qui, surprise par la fraîcheur de l’eau, se redressa en hurlant. Dans la fougue qu’elle mit à se relever, elle se prit à son tour le pied dans une goulette ensablée de ce satané labyrinthe. Elle tituba, chavira et s’écroula de tout son poids sur l’œuvre éphémère réalisée par les tendres chérubins, celle-ci ne résista pas. Alors que le premier enfant pleurait de sa chute, le second le rejoignit dans ses cris en évaluant les dégâts qu’avait subis son ouvrage.
C’est à ce moment précis que Ninon arriva. Sur chacun des visages qui se tournaient vers elle, elle pouvait deviner un éclat de rire latent, plus ou moins bien retenu, plus ou moins bien étouffé. Comprenant la catastrophe qui venait de se jouer sur le sable en imaginant la chute de la pauvre dame, Ninon saisit instantanément le drame qui se nouait. Elle remarqua les efforts immenses que devaient déployer Calou, Manu et Lulu pour ne pas exploser. Elle prit les devants et posant sac, chapeau et lunettes au pied du parasol, elle leur lança un défi salvateur.
— Le dernier dans l’eau cuisinera ce soir !
Le temps qu’elle finisse sa phrase, elle avait déjà pris deux ou trois longueurs d’avance. Ludivine criait à la tricherie, tandis que Manu s’était lancé à sa poursuite et l’avait presque rattrapée. Calou pour sa part se redressait à peine alors que toute la jeunesse avait déjà plongé, la tête la première, dans la grande bleue.
— L’eau ne leur fait pas peur, à eux ! commenta la vieille dame en se tournant vers Calou, qui fit mine de ne rien entendre et s’élança à son tour dans la Méditerranée. En passant à côté de ses colocataires temporaires, il précisa :
— Ce sera pâtes pour tout le monde !
Ils répondirent par un « ok » collectif qu’il entendit à peine, déjà parti pour un petit kilomètre de nage en solitaire. Il avait souvent besoin de ces instants où il se retrouvait face à lui-même et à l’immensité pour réfléchir ou méditer sur sa vie. Pendant ce temps, les filles ont fomenté une amicale coalition, ayant pour objet de couler Manu jusqu’à ce que celui-ci les supplie de l’épargner. Elles n’avaient pas imaginé qu’un guitariste puisse leur opposer autant de résistance. Bien que seul contre deux, il prenait bien souvent le dessus dans cet inégal combat. Occupée par la tâche, qui était la sienne, de maintenir la tête de Manu sous l’eau, Ludivine ne vit pas la pointe de la planche de « paddle » qui s’approchait d’elle. Celle-ci vint heurter l’arrière de son crâne. Elle se tourna promptement vers le pilote de l’objet flottant. Elle le fusilla du regard, jusqu’à ce qu’elle remarque sa musculature harmonieuse et les boucles de ses cheveux longs qui tombaient naturellement sur le haut de ses épaules. Même la barbe de deux jours, savamment négligée, ne la laissa pas indifférente. Le garçon s’excusa avec un sourire gêné en lui précisant qu’il prenait sa première leçon.
Rejoignant la plage, les trois baigneurs s’allongèrent, qui sur le dos, qui sur le ventre pour s’exposer à la douce chaleur des rayons du soleil. Quelques minutes après, Calou les imita, sa nage en solitaire lui aura permis de mettre au point le repas du soir. Ce sera salade de pâtes et tarte à la rhubarbe douce, dessert dont il a le secret. Tout en se séchant, Ninon et Manu échangeaient bisous furtifs et caresses du bout des doigts, ils se disaient des mots tendres en chuchotant. Lulu cherchait son planchiste débutant du regard et Calou s’abandonnait à une petite sieste réparatrice.
Encore une fois, ce fut Ninon, qui sortit tout le monde de sa torpeur en décrétant que c’était le moment de se lancer dans une partie « d’ultimate ». Elle se saisit du disque en plastique et s’éloigna un peu de la foule pour limiter les risques d’accident. Le plus difficile avec cet engin, c’est de le faire voler bien à plat pour qu’il devienne aisément attrapable, à la condition que la puissance à laquelle on l’envoie soit correctement dosée. C’est avec ces lancers que Ninon avait le plus de soucis. Quelquefois trop courts, elle obligeait son partenaire à plonger dans le sable pour l’attraper, quelquefois trop longs, et il fallait aller le ramasser à des kilomètres.
Les autres s’en tiraient plutôt bien. Ninon persévérait. Elle tirait la langue, elle s’appliquait et lorsque pour la soixante-douzième fois, elle tenta de lancer ce disque rigide à Lulu, le frisbee s’éleva. Il passa, hélas, bien au-dessus de la tête de son amie et atterrit presque violemment sur le nez d’un pauvre aoûtien. Celui-ci souhaitait, juste à ce moment précis, profiter de la brise marine, qui lui effleurait la peau. Lulu, qui avait suivi l’engin volant pour le récupérer, se trouva fort mal à l’aise lorsqu’elle reconnut le rameur qui l’avait percutée un peu plus tôt, quand il pagayait, debout sur sa planche. Ce dernier ne crut pas une seconde à la coïncidence et n’accepta de rendre le frisbee qu’en échange d’un bisou et d’un numéro de téléphone. Après moult hésitations, se sachant sur le départ, Ludivine obtempéra. Autant dire que le bisou si facilement consenti entraîna les rires, les sifflets et les cris de ses amis. Elle, paraissant si sûre d’elle au quotidien, se sentit rougir et s’éloigna sans quitter des yeux, le garçon frisé.
— Ils sont bêtes, de vrais enfants.
Et elle rejoignit le groupe qui reprenait place sous les parasols.
La sortie à la plage touchait à sa fin. Calou donna d’ailleurs le signal du départ lorsqu’il rappela qu’il devait rentrer pour cuire des pâtes et qu’elles puissent refroidir pour préparer la salade promise. À contrecœur, chacun se leva, plia serviettes et parasols et traînant des pieds pour faire durer l’instant, Ninon suivait. Pourtant elle était la seule à savoir où était garée sa petite voiture. Les autres étaient bien obligés de l’attendre. En passant à proximité du voleur de bisous, Lulu ne retint pas un furtif signe de la main auquel le destinataire répondit par un sourire enjoué.
Arrivés à la voiture, tous remarquèrent qu’elle était garée en plein soleil et tous appréhendèrent la chaleur qu’il pouvait faire à l’intérieur. Manu sembla le plus courageux ou le plus inconscient et il essaya de s’installer. C’était mission impossible, les sièges étaient brûlants et quiconque s’entêterait à poser son popotin dessus pourrait y laisser plusieurs couches d’épiderme. La seule solution résidait dans l’option de ressortir les serviettes de plage des sacs et de les installer sous leurs fesses. Ce fut l’idée retenue pour enfin pouvoir s’asseoir. Ninon mit le moteur en route et s’apprêtait à rouler lorsqu’elle constata qu’il n’était pas question pour elle de tenir le volant. À l’instar des sièges, celui-ci avait atteint une température telle qu’elle aurait pu laisser sur le plastique quelques lambeaux de peau. La solution, cette fois-ci, vint de Lulu, qui promenait toujours, dans ses affaires, un foulard. On entoura le volant avec ce morceau d’étoffe et enfin la voiture put prendre le chemin du retour. Pendant le trajet, les conversations tournèrent essentiellement sur le « crush » de Lulu, sur ses beaux cheveux et sur le sort qui s’est acharné sur lui tout au long de l’après-midi. De retour à l’appartement, une bagarre amicale se déclencha pour passer sous la douche. Le dernier devra se contenter d’eau froide. Les filles ont gagné. Lorsqu’elles réapparurent et en attendant que la salade prenne la température idéale, Calou proposa un apéritif local accompagné d’amuse-bouches de circonstances : Muscat de Rivesaltes, olives, anchois, chorizo et « craouettes ».
Après un ou deux verres de vin cuit et quelques poignées de « cacahuètes », il était temps de passer à table pour enfin goûter la préparation du chef dont il parlait depuis le début de l’après-midi. La fraîcheur de celle-ci, agrémentée de toutes les crudités qu’il y avait incorporées, en faisait un plat délicieux, agréable pour le palais et pour les yeux grâce à toutes les couleurs assemblées. Un régal ! Pour preuve, chacun en reprit une deuxième assiette. Pendant le repas, les conversations allaient bon train et tournaient encore autour de la rencontre fortuite de Lulu et du beau pagayeur sur la plage. Entre deux éclats de rire, Ninon avoua à son amie, sa surprise.
— Je n’en reviens pas, tu lui as laissé ton numéro de téléphone, tu ne le connais pas, ce n’est pas prudent.
— Je ne le lui ai pas donné.
— Ah, tu me rassures, tu en as inventé un ?
— Non, je lui ai donné le tien, je ne voulais quand même pas griller toutes mes chances…
— Ce n’est pas vrai, tu n’as pas osé ? s’inquiéta Ninon.
Calou et Manu riaient aux éclats, ils étaient bluffés par l’aplomb dont faisait preuve Ludivine. Il est vrai qu’ils ne la connaissaient que depuis peu et ils ne se doutaient pas encore de l’étendue de ses capacités. Avant que la jeune fille ne puisse se justifier, le téléphone de Ninon sonna… Sur l’écran, elle lut : Numéro inconnu.
— Ne cherche pas Ninon, c’est lui, tu me prêtes ton portable ?
Ninon ne prononça aucune parole, médusée, elle se contenta de tendre l’appareil à son amie qui disparut dans une chambre. Calou, qui souhaitait écourter un peu la soirée, car il se levait tôt le lendemain, proposa aux amoureux de manger sa fameuse tarte à la rhubarbe. Ils l’accompagnèrent d’un café que Manu avait déjà fait couler. Le dessert était si bon, que personne ne souhaitait troubler le silence de la dégustation. Calou fut le premier à le rompre.
— Bon, vous saluerez Ludivine pour moi, je vous laisse la vaisselle, je vais me coucher. À demain.
— À demain, papa ne t’inquiète pas, je m’en charge… Et se tournant vers Manu… Je lave, tu essuies ?
— OK, ça marche, mais demain on se téléphone à l’heure de la vaisselle et on laisse Lulu se débrouiller…
— Tu exagères, elle n’abuse pas, c’est la première fois qu’elle nous lâche et c’est peut-être pour une bonne cause.
Quand la dernière fourchette fut rangée, ils allèrent profiter de la douceur des soirées d’août sur le balcon. Serrés l’un contre l’autre, ils se parlaient tout bas de sujets qui ne nous regardent pas. Ils en évoquaient d’autres, plus terre à terre comme le manque d’inspiration de Ninon. Elle n’arrivait plus à se lancer dans un nouveau roman. Ils discutaient aussi de l’entretien d’embauche que Manu devait avoir la semaine suivante dans un laboratoire d’analyses médicales de Perpignan. Tellement absorbés par leur conversation, ils n’avaient pas remarqué le retour de Ludivine qui se servait un café avant de les rejoindre. Quand elle s’invita sur le balcon, ses joues arboraient un joli rouge et ses yeux brillaient. Comme elle ne disait rien, Ninon intervint :
— Alors ?
— Alors quoi ?
— Ben, alors tout… D’où vient-il ? Qui est-il ? Que fait-il ? Vous allez vous revoir ? Il a l’air gentil ? Tout quoi.
— Alors, il habite à Saint-Cyprien, chez sa grand-mère. Il se trouvait à Argelès pour retrouver une fille qu’il avait rencontrée en discothèque, mais qui lui a posé un lapin. Il s’appelle Claudio. Son vrai prénom c’est Claude, mais il trouve que ça fait un peu ringard et dans son boulot, tout le monde le surnomme Claudio. Il bosse chez un traiteur, mais je n’ai pas compris s’il occupait le poste de commercial, de cuisinier ou un peu les deux. En tout cas, il vit par ici toute l’année, mais il lui arrive en hiver d’aller donner des cours de ski dans les Pyrénées. Il assure des remplacements dans une école de sports de glisse. Sinon, il a vingt-six ans et je le revois demain, je lui ai donné cette adresse pour qu’il vienne me chercher, il m’emmènera faire des courses avant mon départ. C’est bon, mon rapport vous convient, je l’ai bien questionné ? Ah oui, en plus, il a l’air très gentil et je lui ai donné mon vrai numéro de téléphone, mais je l’ai néanmoins enregistré dans tes contacts, on ne sait jamais…
— Ce serait formidable que tu trouves quelqu’un ici, ce ne serait pas simple avec la distance, mais ce serait trop bien… Bon, ma chérie, on va te laisser rêver au beau Claudio et l’on va aller se coucher. Demain, on doit préparer un repas un peu spécial pour dire au revoir à ma meilleure amie, on devra certainement effectuer quelques courses également. Bisou, ma puce.
Au petit matin, lorsque Ludivine se leva, Calou avait déjà pris le chemin du pétrin et sortait la deuxième fournée de la journée. Manu et Ninon se réveillèrent à leur tour et traînèrent en pyjama pour boire leur café et continuer la conversation de la veille. Ils voulaient toujours plus de détails sur le charmant Claudio, qui devait venir chercher Ludivine en fin de matinée.
— Il possède une belle voiture ?
— Il sait que tu t’en vas demain ?
— C’est lui qui te paie le restaurant à midi ?
— Les filles de l’Est ne lui font pas peur ?
— Oh ! Retournez au lit, vous m’énervez avec vos questions idiotes… Vous les lui poserez ce soir, car si la journée se passe bien, j’ai décidé de l’inviter à mon repas d’au revoir.
— Eh, mais ça, c’est seulement si on le veut bien.
— Je ne vous entends pas.
— Mais on ne connaît pas ses goûts alimentaires ?
— Je vais sous la douche, je ne vous entends pas, je ne vous entends plus…
— Non, mais sérieusement, qu’est-ce qu’on prévoit pour lui ?
— Je ne sais pas, je ne sais plus, je m’éloigne, je ne vous entends plus…
Répéta encore une fois Ludivine avant de s’enfermer dans la salle de bain pour prendre sa douche. La moue qui resta figée quelques secondes sur le visage de Ninon, amusa franchement Manu. Il explosa de rire et attira ainsi sur lui les foudres de sa chérie qui lui envoya tous les coussins du canapé à la figure. Pour l’empêcher d’aller plus loin dans sa projection d’oreillers, il se jeta sur elle et la ceintura. Elle se mit à hurler, alors il posa ses lèvres sur sa bouche, ce qui la fit taire instantanément. Quand il desserra son étreinte, la sentant calmée, elle lui dit :
— Ce n’est pas juste, tu es trop fort et tu embrasses trop bien. Mais sérieusement, on avait prévu quelque chose pour ce soir, ça va tout chambouler cette histoire…
— Mais non, tu exagères, ce n’est pas une personne de plus, qui va changer quoi que ce soit, on ne modifie rien. Moi, je me sens chaud bouillant et puis Lulu a le droit de trouver un petit ami, il faudra bien qu’un jour, tu la partages…
Ninon, ce matin-là, eut l’oreille sélective.
— Ah ! Tu te sens chaud, bouillant ? Alors je veux bien encore un bisou.
Alors que Manu répondait à l’invitation de sa chérie, Ludivine réapparut dans le salon, bien apprêtée et toute mignonne.
— Ne vous arrêtez pas pour moi, je ne fais que passer. Sérieusement, je vous tiendrai au courant pour vous dire s’il mange avec nous ou pas ce soir… On va aller visiter une cave, alors, je ramène le vin… J’y vais, il m’attend devant la boulangerie, et puis modérez quand même vos cochonneries, je ne suis qu’une chaste jeune fille.
— Peut-être plus pour très longtemps, ne put s’empêcher d’ajouter Ninon, file, sauve-toi !
À peine Ludivine eut-elle franchi le seuil de la porte, que le couple d’amoureux se précipita sur le balcon pour assister aux retrouvailles entre le beau Claudio et leur Lulu. Claudio était sorti de sa voiture. Une automobile très classique d’une marque française bien implantée dans l’Est vers chez Ludivine. Une voiture qui sort ses griffes et qui fait rugir de plaisir, à en croire la publicité. Lui, Claudio était vêtu tout de blanc. Même ses espadrilles étaient assorties, c’est dire le soin qu’il avait mis au choix de sa tenue. Preuve qu’il souhaitait faire bonne impression, un bon point pour lui, pensèrent les deux oiseaux perchés sur leur balcon. Lorsque Lulu arriva, un sourire immense put se lire sur le visage de son chauffeur. Elle aussi, dans sa robe légère, aux couleurs de l’été, avait marqué des points. Les deux jeunes gens se firent la bise sous les applaudissements de Ninon et Manu. Claudio ouvrit et tint la portière à sa passagère avec beaucoup de délicatesse et de galanterie dans ses gestes. En s’asseyant dans le véhicule, Ludivine tira une grande langue aux voyeurs du balcon et en contournant sa voiture, Claudio leur adressa un signe de la main, auquel ils répondirent surpris. Enfin, le petit bolide démarra et disparut au bout de la rue. Ninon se tourna vers Manu et lui dit :
— Bon, je vais sous la douche, réfléchis à notre programme d’aujourd’hui, maintenant, il faut se bouger.
Elle ponctua ses ordres d’un bisou claquant dans le cou de Manu et monopolisa à son tour la salle de bain.
Dans la voiture, c’est Claudio qui lança les hostilités.
— Alors, mademoiselle, vous avez pensé à un programme préétabli, des magasins incontournables, je suis votre chauffeur, vous me dites où vous voulez aller et je vous emmène, je me mets à votre service.
— C’est très gentil, mais on va arrêter tout de suite le vouvoiement et le « mademoiselle ». Je vous… Je t’ai dit hier soir que je m’appelais Ludivine et quand on me dit « vous », j’ai l’impression d’être plusieurs. S’il est vrai que je ne suis que rarement seule dans ma tête, ça peut prêter à confusion, je ne sais jamais si c’est à moi qu’on s’adresse. Pour le programme, tu m’as proposé qu’on aille goûter le vin du pays, je ne me revendique pas connaisseuse, mais l’idée me plaît bien. J’ai dit à mes amis que je ramènerais la boisson pour le repas de ce soir. Pour le reste, je voudrais faire des cadeaux à tout le monde pour les remercier de m’avoir accueilli pendant les vacances et j’aimerais trouver un ou deux souvenirs à mes parents. Sinon, je te laisse libre de nous organiser la journée.
— Ces cadeaux et ces souvenirs, ça me fait peur, tu ne serais pas sur le point de t’en aller quand même ?
— Je voulais attendre un peu pour te le dire. Mais en effet, mon train part demain matin. C’est bête, mais j’ai pensé qu’on pourrait faire connaissance et puis je reviendrai voir Ninon et ses hommes et si tu le veux, je pourrais rendre visite à un garçon de plus.
— Alors, s’il ne me reste qu’un jour pour essayer de te plaire, je sors le grand jeu… On va d’abord aller manger sur une terrasse sur le port de Collioure, tu dois connaître ? Puis on poussera jusqu’à Banyuls pour visiter la cave « Des Templiers » puis comme tu auras trop bu, j’abuserai de toi… Non, oublie, je plaisante. C’est un peu trop rapide comme approche, mais que veux-tu, les heures me sont comptées… Nous pourrons trouver tous les cadeaux qu’il te faudra dans cette ville ou à Collioure. Je te propose que l’on s’y arrête à nouveau au retour pour visiter le site et pour se promener sur la plage… Ça te va ?
— Validé, à deux cents pour cent. Si j’avais su qu’on allait à la plage, j’aurais prévu mon maillot.
— On ne t’a pas dit, ici le dernier jour des vacances, on se baigne nu, c’est une coutume ancestrale que je viens d’inventer.
Une dizaine de plaisanteries plus tard, ils arrivèrent à Collioure, la première étape de leur rallye côtier. Ludivine se sentait attirée par la beauté du site, elle aimerait se perdre un instant dans la magie du paysage, mais Claudio lui rappela leurs contraintes horaires. Il la poussa donc à fixer son attention sur les cartes proposées par les différents restaurants, qui font face à la Méditerranée. Presque tous mettaient en avant des produits locaux, fruits de mer et anchois à toutes les sauces. Ludivine, bien que confuse, préféra jouer franc jeu avec son chevalier servant.
— Tu sais Claudio, tu ne vas peut-être pas apprécier ça, mais j’avoue que je ne suis pas à l’aise pour déguster les fruits de mer. Non pas que je ne les aime pas, mais je n’ai pas l’art et la manière pour les décortiquer, donc, s’il y avait quelque chose de plus simple à manger, je serais partante.
— C’est dommage, j’aurais bien voulu te voir lécher tes jolis doigts… Mais il n’y a pas de souci dans la rue perpendiculaire, il y a une super crêperie bretonne. C’est un peu bizarre de venir à Collioure pour manger de la cuisine bretonne, mais ce n’est pas grave et je vais te dire un secret, je suis fan des galettes au blé noir… On y va ?
— Super, ce sera mieux pour moi et si vraiment tu y tiens, je me lécherai les doigts à la fin du repas.
L’avenir des doigts de Ludivine restera incertain et c’est en terrasse que Claudio proposa de s’installer. Ils passèrent commande et en attendant d’être servis, ils apprirent à se connaître un peu. Ainsi, Claudio donna plus de détail sur son travail, il gère la partie administrative et la comptabilité d’un traiteur bien implanté dans la région. Celui-ci est en fait son oncle et l’entreprise dans laquelle il œuvre semble le stéréotype de la petite structure familiale dont le succès ne repose que sur le savoir-faire d’un seul. Même si ce dernier s’entoure d’un personnel qualifié pour les tâches annexes de gestion de sa société. Tout cela pour dire que si les chiffres et la rédaction des contrats n’ont pas de secrets pour Claudio, il ne serait pas raisonnable de le mettre aux fourneaux pour seconder tonton… Le résultat décevrait la clientèle qui pourrait digérer difficilement.
Ludivine a aussi appris que s’il vivait chez sa grand-mère, c’est que ses parents avaient tenté l’aventure ultra-marine en Martinique et s’y étaient définitivement installés. Lui a eu peur de se sentir à l’étroit sur une île et a toujours pensé que la métropole lui ouvrait, bizarrement, de plus grands horizons. Ludivine enfin, lui raconta ses liens avec Ninon, ses attaches dans l’est de la France et ses obligations professionnelles qui l’amenaient à repartir le lendemain.
Le repas fut servi et ainsi pendant qu’ils mangeaient, ils continuaient à échanger sur leurs vies et leurs envies… De temps en temps de leur table s’échappaient de vrais rires, ceux que l’on se permet quand on se sent bien et ils avaient assurément l’air de bien se sentir… La bolée de cidre qui accompagnait le repas y était-elle pour quelque chose ou était-ce simplement une sorte d’alchimie qui se construisait entre deux personnes qui pouvaient s’apprécier ? Peut-être un peu des deux. À la fin du repas, en parfait gentleman, Claudio se rendit à l’intérieur de la crêperie pour régler l’addition. Temps que Ludivine mit à profit pour envoyer un SMS à Ninon : « Journée parfaite, nous serons sûrement deux ce soir. »
Elle se leva et au retour de Claudio, ils prirent la direction de leur deuxième étape, la cave « des templiers » à Banyuls. Après une dizaine de kilomètres, ils arrivèrent face à un majestueux bâtiment, dont chaque pierre semblait raconter une partie de l’histoire de la région et de la ville. Claudio gara sa voiture et alors, ils s’approchèrent de l’entrée, gravirent quelques marches et sur le perron se trouvèrent devant une immense porte vitrée, ancienne porte de grange vigneronne modernisée. Au-dessus de celle-ci, on pouvait lire « Terres de Templiers ». Ils entrèrent et furent accueillis par un guide. Ce dernier allait à la fois leur dévoiler les secrets des pierres en retraçant l’histoire des chevaliers et leur expliquer le vin d’ici, réel patrimoine de la région. Au cours de la visite qu’ils partageront avec quelques touristes, ils marcheront côte à côte dans les allées des salles voûtées, passeront entre les cuves gigantesques, se sentiront si petits dans l’immensité des lieux. La fraîcheur de la cave leur permettra d’un peu se rapprocher pour se tenir chaud. Puis, lors d’un passage à l’extérieur, la chaleur du soleil les frappera soudainement et ils découvriront des centaines de tonneaux rouges dans lesquels vieillit patiemment le vin. Puis de retour à l’intérieur, la différence de température leur provoquera quelques frissons. Ils atteindront ensuite la salle de dégustation où les yeux dans les yeux, ils goûteront des vins d’âge divers, des AOP toutes plus prestigieuses les unes que les autres. Ludivine prit deux assortiments de ce nectar, un pour Calou, un pour ses parents. Elle n’oublia pas d’assumer sa mission et choisit deux bouteilles recommandées par le sommelier pour accompagner le repas du soir.
Enfin, il leur fallut franchir la porte vitrée et se retrouver sur les marches de la bâtisse. À ce moment, une nouvelle fois assommée par les rayons brûlants du soleil et légèrement alcoolisée suite à la dégustation de différents crus, tout se mit à tourner autour de Ludivine. Paralysée sur ses jambes qui semblaient se dérober, elle ne put que s’asseoir là, dans le passage, juste sur la trajectoire que les autres visiteurs devaient suivre pour partir. Une seconde dame éprouva les mêmes difficultés. Son époux intervint. Il releva la pauvre femme et parce qu’il la serrait bien fort contre lui, elle put se mouvoir jusqu’à leur voiture. Claudio proposa alors à Ludivine de faire de même. Pour toute réponse, elle lui tendit les bras… Les quelques mètres qui la menaient à leur véhicule lui parurent une épreuve très compliquée. Elle rythmait ses pas par des considérations fort à propos :
— Oh là, j’y suis ! Je suis saoule ! Il tourne la tête, ce vin… Je n’en ai pas beaucoup bu, ce n’étaient que de tout petits verres… C’est la chaleur. Comment vas-tu, toi ?
Claudio se contentait de lui sourire en l’éventant comme il le pouvait avec ses mains.
— On fera les cadeaux à Collioure, là, je ne peux pas marcher pour aller dans les boutiques, il faut que les vapeurs d’alcool s’estompent…
Claudio acquiesça et adaptant sa conduite à l’état critique de sa passagère, il reprit le chemin vers la perle de la Méditerranée. De retour à Collioure, Ludivine était totalement remise, honteuse d’avoir montré cette facette d’elle à cet homme qu’elle comptait bien séduire. Claudio ne lui en tenait pourtant pas rigueur, la situation l’avait plutôt amusé…
— Tu vois quand je t’ai dit que je pourrais abuser de toi en sortant de la cave, je savais de quoi je parlais.
— C’est peut-être parce que tu réédites ça avec toutes les filles qui t’intéressent ?
— Qu’est-ce qui te fait dire que tu m’intéresses ?
— Heu, je ne sais pas, je ne t’intéresse pas ?
— Je n’ai pas dit ça.
— Alors, tu vois, je t’intéresse.
Tous les deux conclurent cette conversation dans un éclat de rire. En se dirigeant lentement vers la plage, Ludivine questionna :
— Tu restes avec nous ce soir, Ninon me prépare un repas pour mon départ, je te présenterai à tout le monde. Peut-être même que vous deviendrez amis.
— Je ne vais pas m’imposer ainsi, que vont-ils dire ?
— Que pourraient-ils dire ? Par ailleurs et en toute franchise, je leur ai déjà annoncé que tu restais, alors tu n’as pas le choix.
— Bon, dans ce cas, j’y consens. J’espère que je ne gênerai pas.
Ludivine, heureuse que cette invitation soit acceptée, attrapa Claudio par la main et lui dit :
— Viens, on va mettre les pieds dans l’eau.
Il eut juste le temps de retirer ses espadrilles et de rouler le bas de son pantalon que déjà leurs orteils disparaissaient sous l’écume des vagues, qui se brisaient en s’échouant sur la plage de galets. Ludivine reprit :
— Je me sens si bien, je voudrais tellement revenir au début de mes vacances. On peut aller là-bas ?
Demanda-t-elle en montrant du doigt un promontoire qui s’avançait dans la mer ? Elle savait très bien qu’on pouvait y aller, elle s’y était déjà rendue avec Ninon et Manu. Elle avait adoré, mais là, ce serait différent, elle y serait seule avec un garçon qui lui plaisait de plus en plus. Arrivés à l’endroit convoité, la brise marine leur fouettait le visage. La vue paraissait toujours extraordinaire, mais les gouttelettes d’eau salée que le vent projetait dans leurs yeux ne leur permettaient pas de profiter autant que voulu du spectacle. L’essentiel n’était pas là, ce qui comptait pour Ludivine était de se blottir à chaque bourrasque contre le torse de Claudio, qui abusait de ces instants privilégiés pour s’imprégner du parfum de l’espiègle Lulu. Après avoir fait durer ce moment plus que de nécessaire, il leur fallait encore réaliser quelques emplettes. À proximité des boutiques, un peintre local exposait ses toiles à même le sol. L’une d’elles représentait le promontoire d’où ils revenaient. Remarquant l’intérêt que lui accordait Ludivine, Claudio l’acheta et lui offrit. Il espérait, ainsi, que cette image lui rappelle un peu les moments passés ensemble. Ludivine déposa un tendre bisou sur la joue de Claudio pour le remercier.
Vers le même artiste, elle acheta la reproduction d’une barque catalane qu’elle offrira à Ninon pour faire entrer un peu la mer dans son appartement. Il ne restait plus qu’à trouver quelque chose pour Manu. En passant devant une petite échoppe, son regard fut attiré par des guitares miniatures représentant à l’échelle, les instruments de musiciens célèbres. Elle craqua pour deux « six cordes » mythiques, la Fender blanche ornée de fleurs et de cœurs que Hendrix avait brûlée à Monterey et l’Epiphone Casino de Paul Macartney, un chanteur dont Manu était fan inconditionnel. Ces derniers achats réalisés, Ludivine allait sortir de la boutique lorsqu’elle repéra un foulard gris et écru que Claudio avait par deux fois regardé avec insistance. Elle décrocha le morceau d’étoffe de son présentoir, le régla à son tour et malgré la chaleur encore bien là, elle l’entoura autour de son cou. Claudio lui avoua qu’il le trouvait très joli et qu’elle le portait très bien.
Pour rentrer à Saint-Genis des Fontaines, ils prirent la route de la corniche, Claudio voulait clairement que Ludivine grave à jamais toutes ces images dans son esprit. Arrivée bien trop vite devant la boulangerie de Saint-Genis, la voiture s’immobilisa. Claudio ne coupa pas le moteur, il promit à la jeune femme de revenir bientôt. Il devait prévenir sa grand-mère de son absence au repas du soir et il souhaitait effectuer une dernière course pour ne pas arriver les mains vides ce soir. Bien qu’un peu déçue de le voir repartir, Ludivine se pencha vers Claudio, lui fit un bisou de plus et dans un souffle lui dit :
— Merci, c’était très bien.
Elle prit tout ce qu’elle avait acheté et les bras chargés, rentra à l’appartement, tandis que la voiture s’éloignait déjà.