Le Miracle de L'Évangile des Esséniens - Johanne Joan - E-Book

Le Miracle de L'Évangile des Esséniens E-Book

Johanne Joan

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Beschreibung

La présente trilogie de livres est un travail scientifique rédigé sous la forme d'un roman. Elle prouve que le Nouveau Testament, fondement de la doctrine chrétienne, est un plagiat stratégiquement modifié d'un évangile que l'Église catholique qualifie de falsification : L'Évangile des Esséniens. Les écrits de Qumran, de Nag Hammadi et du monastère de Mar Saba à Bethléem ont permis non seulement de prouver l'authenticité et l'ancienneté de 2000 ans de l'Évangile des Esséniens, mais aussi de démasquer le motif qui a conduit à sa falsification ainsi que la stratégie raffinée et malveillante de détournement. Grâce à ce travail, il a également été possible de reconstituer les paroles authentiques de "Jésus", qui étaient en grande partie dissimulées dans le Nouveau Testament.

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Ähnliche


Le Miracle de l'Évangile des Esséniens

Le Nouveau Testament est un plagiat de L’Evangile des Esséniens

Tome I

de

Johanne Joan

Dédié à ma mère Gisèle Joan et à mon père Jean Joan

1. Préface

"Le Miracle de l’Évangile des Esséniens" est le résultat de sept années de recherches intensives qui ont prouvé l’authenticité, ou plutôt l’ancienneté de 2 000 ans, d’un ancien document qui s’est révélé être le premier message du christianisme originel :

L’Évangile des Esséniens.

Ce travail décrit avec une précision chirurgicale la manière dont les lois éthiques des pays chrétiens, qui déterminent la valeur des femmes, de la nature et des animaux, ont été délibérément modifiées à leur détriment il y a 2 000 ans par les dirigeants de l’époque pour des raisons de pouvoir et de profit.

C’est pourquoi la femme a été opprimée par l’homme pendant 2000 ans, parce qu’Ève aurait apporté la perdition à l’humanité ; c’est pourquoi nous n’avons commencé à protéger l’environnement que lorsque les éléments se sont déchaînés contre nous, parce que, du point de vue chrétien, la Terre et la nature sont un lieu éphémère où règne le mal et n’a donc aucune importance divine. En conséquence, nous avons été élevés pendant 2 000 ans à ne développer aucune empathie pour les animaux, car du point de vue chrétien, les animaux n’ont pas d’âme ni de sentiments. Ainsi, tuer et torturer les animaux comme nous le faisons de nos jours n’est pas une violation de la loi chrétienne.

Au fil des millénaires, ce mensonge a donné naissance à de nouvelles religions dont les adeptes se font mutuellement la guerre jusqu’à aujourd’hui et évitent la paix dans le monde.

En réalité, les lois éthiques de l’Évangile originel des Esséniens semblent bien différentes, et tout porte à croire que pendant 2 000 ans, nous avons été littéralement instruits dans les préjugés contre la femme, contre la nature et contre les animaux. Les chrétiens originels respectaient les préceptes de l’Évangile des Esséniens. Ils étaient végétariens et protégeaient les animaux, qu’ils considéraient comme leurs frères.

L’évangile originel qualifie la Terre et ses éléments comme sacrés et exhorte à en prendre soin, à la traiter avec respect et surtout, à la préserver de tout dommage, car elle est la base et la condition de la vie. Il décrit la femme comme la force psychique de l’homme, qu’il doit à la fois écouter et protéger avec sa force physique. L’Évangile des Esséniens considère comme un péché mortel la violation de l’une de ces valeurs éthiques fondamentales du christianisme originel.

Cette duperie contre l’humanité a manœuvré le monde jusque dans le chaos généralisé où il se trouve aujourd’hui, à l’apogée de la décadence morale et sociale à tous les niveaux et à tous les échelons de l’être. C’est pour cette raison que les hommes ont intoxiqué la Terre et ses éléments, avili, réduit en esclavage et assassiné la femme, ainsi que massacré les animaux. C’est pour cette raison qu’il n’y a pas de paix sur Terre, car tous cherchent Dieu sans l’avoir trouvé, tout en prétendant adorer le véritable Dieu.

L’acceptation des lois chrétiennes primitives conduirait à une nouvelle prise de conscience en ce qui concerne la place de la femme, de la Nature/Terre et des animaux, et apporterait une contribution importante à la paix dans le monde, car cet évangile a le potentiel d’unir toutes les religions du monde, dans la mesure où tous reconnaîtraient que Dieu n’est pas divisible, et tous reconnaitraient qu’ils ont été victimes d’une imposture vieille de 2 000 ans. L’'humanité n'a nul besoin de religion, mais d'une philosophie de vie pour se construire le paradis sur terre.

C’est pour cette raison que nous avons adressé une pétition au pape François, lui demandant de prendre position sur ce travail qui prouve que l’Évangile des Esséniens est le premier message chrétien et que, par conséquent, l’humanité a erré pendant 2 000 ans pour ce qui est des lois éthiques.

Entre-temps, près de deux millions de lecteurs ont lu ce travail et aucun spécialiste au monde n’a réussi à réfuter les preuves et les faits.

https://www.change.org/p/papst-franziskus-palazzo-apostolico-00120-citt%C3%A0-del-vaticano-rom-italien-wenn-der-papst-auf-eine-einzige-frage-keine-antwort-findet-dann-h%C3%B6rt-das-tierleid-auf

Cette œuvre et la pétition, qui compte désormais plus de 70 000 signatures, se trouvent au Vatican, le pape en a pris connaissance et n’a pas encore pris position.

C’est pourquoi nous avons manifesté le 5 octobre 2019 devant le Vatican, au château Saint – Ange, pour demander une nouvelle fois au pape François, soit de réfuter cet ouvrage qui prouve l’authenticité de l’Évangile des Esséniens, soit de reconnaître et de proclamer au monde l’erreur commise voici 2 000 ans. Le Vatican reste silencieux, bien qu’il ait lui-même approuvé la démonstration.

La reconnaissance de cette erreur par le pape éliminerait les préjugés à l’égard des femmes dans le monde entier et éveillerait une nouvelle conscience et une nouvelle empathie chez les hommes, conformément à l’importance accordée aux animaux et à l’environnement. Cette révélation servirait également de base à la résolution de nombreux autres problèmes actuels dans le monde.

L’auteure

Berlin 2020

2. Préface

La santé par la médecine naturelle constitue, avec la connaissance du fonctionnement du corps humain et la philosophie spirituelle, une unité indissociable qui apporte à l’homme qui y consacre sa vie l’harmonie absolue du corps, du cœur (c’est-à-dire la capacité d’aimer) et de l’âme.

Cette unité entre santé et spiritualité s’avère être le véritable message qu’un prophète du premier siècle après Jésus-Christ a annoncé à ceux qui voulaient l’entendre.

C’est avec le Cantique des cantiques que mon histoire a commencé.

« Quand je distribuerais tous mes biens pour nourrir ‘les pauvres’, quand je donnerais mon corps pour avoir de la gloire, mais que je n’aurais pas l’amour, cela ne me sert à rien. » (1Cor 13,3)

Dans le cadre d’un autre évangile, j’ai découvert il y a 20 ans, une incohérence dans la première lettre de Paul aux Corinthiens « Le Cantique des cantiques », une divergence qui me préoccupait depuis de nombreuses années et ne voulait pas me lâcher. Lorsque j’ai décidé, il y a huit ans, d’aller au fond des choses, j’étais loin de me douter que cette contradiction que j’avais découverte dans la première lettre aux Corinthiens 13,3 : allait entraîner une odyssée de huit ans à travers le temps et me catapulter deux mille ans en arrière. Un voyage dont la destination a dépassé mes attentes les plus folles, car il m’a conduit, pas à pas, à la restauration du vrai message annoncé autrefois par un saint homme, au premier siècle de notre ère.

J’étais loin de me douter que cette phrase de Corinthiens me conduirait peu à peu vers la solution de nombreux mystères qui tiennent l’humanité en haleine depuis deux mille ans. Par exemple, les réponses aux questions

• « Qui était vraiment le saint homme ? » ;

• « Comment l’empreinte du drap de Turin a-t-il été formé ? » ;

• « Qu’est-ce qui a poussé Hitler à persécuter les juifs ? » ;

• « Qui était le surhomme dans le Zarathoustra de Nietzsche ? » ;

• « Que voulait nous dire Platon avec son homme des cavernes ? » ;

• « Qu’en est-il du chiffre 666 de l’Antéchrist ? » ;

• « Qui est l’Antéchrist ? » ;

• « Les Juifs étaient-ils vraiment les semeurs de zizanie ? » ;

• « Pourquoi Einstein n’est-il pas parvenu à prononcer la formule universelle ? », etc.

Les réponses à toutes ces questions sont désormais compréhensibles pour tout un chacun de manière naturelle ; elles ne demandent pas au lecteur de croire à l’incroyable, mais ont toutes une origine commune et se dénouent, de toute évidence, à la lumière du message de paix du saint homme.

Voici deux mille ans, un saint homme nous a prédit la décadence qui règne aujourd’hui, l’effondrement moral, la destruction de la nature et les conséquences désastreuses qui en résultent pour l’Homme.

Mon espoir est que ce message de paix trouve écho auprès de ceux qui cherchent la vérité. Un message qui blanchira le peuple juif, victime de tant de souffrances, de l’accusation d’avoir tué le fils de Dieu. La bonne nouvelle, le lien entre la santé et l’esprit, qui ressemble à une lampe dans l’obscurité dans laquelle se trouve l’Humanité, et qui ne promet pas moins d’être, à long terme, la solution à de nombreux problèmes dans le monde. Un message qui retentira comme une mélodie harmonieuse chez les végétariens et les défenseurs des animaux.

Mais la partie la plus merveilleuse de ce message de paix m’est restée longtemps inaccessible et ne s’est cristallisée qu’après de nombreuses années de recherche, comme la pierre fondatrice sur laquelle la paix universelle sera établie.

J. T. G. Joan 2015

Chapitre 1

L’évêque Carlucci est assis dans un fauteuil, devant la cheminée et observe en soupirant, pensif, le scintillement des flammes.

C’est un jour comme les autres mais aujourd’hui, il a l’impression d’assister à un feu d’artifice qui lui est exclusivement dédié et qui symbolise le couronnement de ses recherches.

Dans sa main moite brille une petite clé. À côté de lui, sur le dossier d’une chaise, sa soutane rouge. Sur le sol, une valise, toute prête.

Mgr Carlucci est préfet des archives secrètes du Vatican. Il est à la fois un chercheur et un perfectionniste, qualités grâce auxquelles il a obtenu ce poste.

En qualité de fidèle convaincu de la doctrine chrétienne, il était dévoué en tout à Jésus, le Christ, et il ne doutait pas le moins du monde de la véracité de la « Bible ». Les « Saintes Écritures » étaient la parole de Dieu. Certes, il y avait des incohérences, et même beaucoup, mais comme ses collègues, il avait trouvé le moyen de s’en accommoder de manière à ce qu’elles ne constituent pas une source d’inquiétude pour sa conviction.

Plein de gratitude, il priait Jésus chaque jour ; Jésus à qui lui, pauvre pécheur, devait son salut spirituel par ses blessures, sa souffrance et sa mort sur la croix. Jésus, le Christ, était né pour souffrir et mourir pour le péché de l’humanité. C’était le sacrifice que Dieu avait préparé pour sa création, le salut de l’âme par la grâce.

Paul, que le Seigneur Jésus avait choisi pour enseigner ce mystère de la grâce aux païens et qui avait accompli sa mission avec courage et sans crainte, sans tenir compte de sa propre vie, était sans aucun doute l’homme qu’il avait fallu pour cette tâche. À cet égard, même les apôtres de Jésus, qui donnaient plutôt une impression de pusillanimité, de lâcheté et de peur, ne pouvaient manifestement pas égaler l’apôtre pour les païens.

Paul, le héros du christianisme, l’exemple vivant de tout appelé de Dieu, le vainqueur qui ne craignait aucune souffrance et qui avait tant souffert et enduré pour son Seigneur Jésus, était l’idole du prélat.

Le grand Paul, autrefois l’ennemi des chrétiens, plus tard leur meneur, s’était montré intrépide devant les autorités romaines, s’était laissé fouetter, lapider, jeter en prison pour son Seigneur et avait héroïquement tenu tête aux Juifs, qui étaient constamment à ses trousses et qui en voulaient à sa vie. Rien n’avait pu l’empêcher d’accomplir sa mission. Finalement, pour lui, ce Paul venait-il en seconde position dans sa vie, ou avait-il pris la première place ? Parfois, il ne le savait plus vraiment lui-même. Le découvrir aurait été une chose certainement très désagréable, c’est pourquoi il évitait toute réflexion approfondie à ce sujet.

« Paul était-il mort pour ses péchés ? »

« Lui, le pécheur Carlucci, ne connaissait-il pas la grâce par le sacrifice de Jésus sur la croix, par le baptême et par la foi en sa filiation divine ? »

« Oui, bien sûr ! » Cela aidait, assurément.

C’est fort de cette conviction que Mgr Carlucci avait vécu sa vie, jour après jour, en essayant d’être un bon chrétien dans toutes les règles de l’art. Cependant, sept ans plus tôt, il était tombé sur des documents qui avaient infligé des meurtrissures mortelles à sa foi et qui allaient bouleverser le reste de sa vie.

À cette époque, il avait découvert des écrits originaux qui laissaient supposer un complot dès la rédaction des évangiles, de l’ensemble du Nouveau Testament en général et de la plus grande partie de l’Ancien Testament.

Le préfet Carlucci, qui jouissait alors d’une vie bien réglée et assurée de prestige et de reconnaissance, était très satisfait de son sort et n’était pas prêt à y changer quoi que ce soit. Les jours passaient et il faisait de gros efforts pour ne pas voir le signe du destin, mais quoi qu’il fasse, la prise de conscience d’une possible falsification des « Saintes Écritures », qui étaient jusqu’alors pour lui la parole de Dieu, refusait de le quitter.

Les réflexions sur ce sujet le hantaient et finissaient par devenir aussi désagréables qu’une épine dans sa chaussure. Pour se prouver à lui-même qu’il n’y avait rien de vrai dans cette affaire, il s’était même permis de farfouiller un peu et finalement, s’était mis à lire les documents en question.

Il s’était mis au travail et avait passé en revue tous les écrits qu’il avait lus au cours de ses études antérieures :

• Les Pères de l’Église ;

• Les manuscrits de la mer Morte1 ;

• Les écrits de Qumran2, découverts entre 1947 et 1956 dans des grottes rocheuses, près du site en ruines de Kirbet Qumran, en Cisjordanie ;

• Les écrits de Nag Hammadi3, trouvés par des paysans en 1945, près du petit village égyptien de Nag Hammadi ;

• Des écrits d’historiens, mais cette fois sous un angle différent, plus critique qu’à l’époque.

Tant et si bien qu’il avait fini par sacrifier chaque minute de son temps libre pour éclairer les événements du premier siècle de notre ère sous un autre angle. Sans qu’il s’en rende compte ou même qu’il veuille se l’avouer, à partir de ce moment-là, sa vie avait pris une tout autre tournure, qui devait mettre fin au confort tranquille de son existence. Il avait fait la connaissance d’un Carlucci lâche qui, face à sa découverte, avait tenté de faire le grand écart pour se soustraire à ses responsabilités.

Les jours et les semaines qui avaient suivi avaient été marqués par des hauts et des bas : l’ecclésiastique découragé et craintif s’était engagé dans un combat avec le vaillant qui tentait de le rallier à sa cause en lui passant la corde au cou. Les esprits qui avaient éveillé sa curiosité ne voulaient plus le lâcher et le poursuivaient, même jusque dans son sommeil.

Il suivait à la traîne le fil rouge qui devait finalement le mener au but. Il s’était mis à fonctionner comme un robot, comme un athlète qui fait de son mieux à chaque instant de sa compétition pour atteindre son objectif et qui ne laisse aucune pensée gênante l’envahir, pas même celle de la victoire.

Sept années de recherches laborieuses s’étaient écoulées, au cours desquelles il ne s’était jamais demandé pourquoi cette tâche lui avait été imposée ; il travaillait avec obstination et acharnement à son « destin », aveugle à toutes les autres choses du monde. Tel avait dû être le sentiment d’Albert Einstein lorsqu’il avait été sur le point de formuler la théorie de la relativité, pensait-il en voulant définir son enthousiasme et son zèle.

Cependant, sa quête s’arrêtait ici et aujourd’hui.

Assis près de la cheminée, il regarde l’horloge. Aujourd’hui, son ami Gilberto viendra le chercher et l’emmènera loin de ces lieux luxueux et familiers – hors des archives secrètes du Vatican.

Sur son bureau, quatre manuscrits fermés, scellés, renfermaient le résultat d’une incroyable odyssée à travers le temps et deux millénaires de mensonges, révélant toute la vérité sur la personne de Jésus de Nazareth.

Quatre manuscrits, quatre tas de papier qui allaient changer le cours du monde, mais qui ressemblaient ni plus ni moins qu’à quatre piles de journaux ordinaires, destinés à la corbeille.

Alors qu’il observe la danse des flammes dans l’âtre, comme s’il se réveillait d’un long sommeil, soudain, des pensées qui n’avaient jamais émergé durant ses recherches l’assaillirent. Il se rendit compte du réel enjeu de ce qu’il avait entrepris. En un éclair, il se rendit compte qu’après la publication de son œuvre, rien ne serait plus comme avant. Il savait que ses collègues et de nombreuses autres personnes, sa famille et ses amis, qui voulaient croire à la « vérité confortable », ne lui pardonneraient jamais l’attaque contre l’Église et que tous le maudiraient pour l’éternité. Mais il savait aussi que les « chercheurs » sincères, ceux qui ne sont pas convaincus de la vérité de l’Église, apprécieraient son œuvre et la considéreraient comme la lumière au bout du tunnel.

Mais aujourd’hui, alors que son œuvre est achevée sur son bureau, il constate avec étonnement que tout son courage de départ l’a abandonné.

« Peux-tu prendre la responsabilité des conséquences que tu provoques en publiant cette œuvre ? » s’impose à nouveau en lui cette voix de Carlucci le lâche, après ses sept années de recherches.

Mgr Carlucci sursaute. Il réfléchit et finit par se répondre à lui-même :

« Les hommes n’ont-ils pas le droit de connaître la vérité ? Je n’ai pas demandé à prendre cette tâche en charge ; j’étais satisfait de mon ancienne vérité, cette mission m’a été littéralement imposée », se justifie-t-il.

« Que veux-tu accomplir ? Quel est ton but ? », continue l’accusateur en lui.

– Apporter la vérité à ceux qui la cherchent, car c’est pour eux qu’elle a été écrite depuis le commencement des temps. Ceux pour qui cette vérité n’a pas été écrite ne l’accepteront de toute façon pas », répond-il.

L’évêque Carlucci fixe, hypnotisé, la cascade de flammes qui s’élève comme des épées pointues et menaçantes qui semblent vouloir dévorer son âme. Comme des démons ricanants, qui exécutent pour lui une sorte de danse macabre, les flammes se reflètent derrière son bureau et projettent de longues ombres sombres, mouvantes et terrifiantes qui s’étendent jusque sur les livres de la bibliothèque, où son âme était autrefois enracinée dans la foi et dans le sacrifice de Jésus le crucifié.

Une sensation d’oppression dans sa poitrine l’envahit et déclenche une nausée atroce. Ses mains se crispent sur son ventre et il se recroqueville dans son fauteuil ; son rythme cardiaque s’accélère ; des ruisseaux de sueur perlent à son front et coulent sur ses joues. Il se retourne et regarde l’étagère derrière lui. Il réfléchit et abandonne rapidement, ne pouvant estimer le nombre de livres écrits sur la foi, telle qu’elle est enseignée par l’Église. Combien de personnes ont sacrifié leur vie pour cette vérité, croyant en toute bonne foi avoir découvert LA vérité ?

Durant deux mille ans, beaucoup d’hommes avaient suivi cette « vérité » par ignorance et lui avaient consacré leur vie entière. Un nombre incommensurable d’hommes avait recherché la pauvreté pour cette vérité ou avait même choisi volontairement le martyre. À combien ce nombre s’élevait-il ? Il n’osait avancer un chiffre. Lui était-il permis, grâce à sa publication, d’exposer à la moquerie ceux qui croyaient au message chrétien ? Ou de ridiculiser les altruistes qui avaient donné leur vie pour leur prochain ?

Mgr Carlucci secoue la tête brièvement et se reprend :

« Au fond, il ne s’agit pas de proclamer une nouvelle vérité », précise-t-il. « La vérité, c’est à chaque individu de la découvrir par lui-même. Ma tâche est plutôt de montrer la vérité concernant le mensonge » et, soulagé par cette formule réussie, il ajoute : « et le mensonge ne peut être reconnu que s’il est comparé à la vérité ».

Il consulte sa montre : dans trois heures, il a rendez-vous avec son vieil ami Gilberto, qui avait traversé avec lui l’errance de la contrefaçon et qui lui avait été d’un grand secours.

Plus que quelques heures et il ne remettrait plus jamais les pieds dans cet endroit. Il avait pris sa décision et il n’y avait pas moyen de la contourner. Un souffle de nostalgie l’effleura alors qu’il regardait une dernière fois la cheminée, les meubles, les livres rangés sur les étagères, les peintures à l’huile sur les murs et toutes les choses qui faisaient partie de son existence.

À la lueur du feu de cheminée, presque mélancolique, le vieil homme fixe la petite clé chaude et humide qui semble rougeoyer dans sa main à travers le reflet du foyer et se remémora comment tout cela avait commencé…

1 https://fr.wikipedia.org/wiki/Manuscrits_de_la_mer_Morte

2 https://www.persee.fr/doc/rscir_0035-2217_1955_num_29_4_2097

3 https://bruges-la-morte.net/wp-content/uploads/Nag-Hammadi-Bibliothque.pdf

Chapitre 2

Son cabinet était situé dans le centre de Rome. Très vite, il avait constaté le parallélisme entre la santé et la consommation d’aliments crus.

Le thérapeute avait toujours à cœur d’expliquer ce rapport à ses patients. En principe, lorsqu’ils se présentaient à lui en recherchant son aide, il leur montrait leur sang veineux, trouble et brouillé qu’il leur prélevait, et dont les particules remontaient comme du moût de café dans le corps de la seringue. Comme un véritable cérémonial, ensuite il plaçait à contre-jour la seringue contenant le sang, qui prenait la couleur d’une rose rouge fanée, ayant perdu son éclat et sa vivacité, comme il aimait à le dire. Mais le moment le plus excitant était celui où le malade, après avoir changé son alimentation, après avoir jeûné et mangé des aliments crus, regardait à nouveau son sang dans la seringue à la même lumière et que cette fois-ci, il resplendissait comme un champ de coquelicots en fleurs au coucher du soleil.

Ce moment était toujours très impressionnant – et décisif, il faut le dire – pour un grand nombre de ses patients, et même si la graine ne tombait pas toujours sur un sol fertile, il savait que la personne concernée n’oublierait jamais cette expérience qui changerait positivement sa vie ultérieure. Bien qu’il sache qu’il vivait de la maladie de ses patients, il s’efforçait non seulement de les soigner, mais aussi de veiller à ce qu’ils restent en bonne santé après leur guérison. Il condamnait fermement ses collègues qui rendaient dépendants des médicaments les malades qui venaient les consulter en toute confiance, s’assurant ainsi une salle d’attente pleine pendant des années. Il ne voulait rien avoir affaire avec ces confrères, ni eux avec lui.

Son opinion à leur égard était claire : un médecin qui poussait ses patients à la dépendance aux médicaments et les empoisonnait délibérément, de long en large et à petit feu pour le profit, alors que le patient pourrait se rétablir plus rapidement et sans dommage pour sa santé de manière naturelle, était un véritable ennemi de l’humanité, un imposteur et un hypocrite, dont les agissements devaient être stoppés. C’était surtout dans les hôpitaux psychiatriques que les malades mentaux étaient placés dans une dépendance durable aux médicaments, une véritable camisole chimique, certains même toute leur vie. Cependant, l’idée de devoir manger des crudités pendant quelques jours pour être en bonne santé et, de plus, pour le rester, provoquait une sorte de répulsion chez la plupart des gens, car beaucoup d’entre eux désiraient guérir rapidement et, si possible, sans se priver de quoi que ce soit et surtout, ils ne voulaient pas s’engager à manger des fruits et des crudités pour « seulement » rester en bonne santé toute leur vie.

Il savait qu’il n’était pas très apprécié de sa clientèle en raison de son enseignement et des attentes élevées que ses patients avaient à son égard, mais il avait délibérément choisi cette voie. Une voie qui ne lui assurait, certes pas une vie aisée, mais qui lui garantissait une conscience tranquille et le respect de lui-même. Ainsi, chaque jour, il pouvait se regarder dans le miroir et ce sentiment de force et de loyauté qu’il ressentait, il n’y aurait renoncé pour rien au monde, et surtout pas pour de l’argent…

En effet, ce n’est que lorsque l’ « échafaudage » était sur le point de s’effondrer, lorsque le malade était terrassé et se trouvait devant les ruines de sa santé, que les patients gravement atteints s’accrochaient à la dernière paille ; et c’est alors que tous étaient prêts à parcourir ce chemin pénible. Mais il fallait avant tout les libérer de leur dépendance aux médicaments et les accompagner sur le chemin difficile et ardu qui les attendait. Son traitement accélérerait la guérison, mais la plus grande contribution, la persévérance jusqu’à la fin, serait fournie par le patient lui-même. Arrivés à destination, ces patients avaient appris et compris par eux-mêmes qu’ils n’avaient besoin ni de médecin ni de médicaments pour être en bonne santé physique et mentale, équilibrés et donc heureux.

Il avait gagné leur confiance, ils l’avaient cru et la foi qui avait conduit à leur guérison s’était transformée en connaissance. Pour ces patients, la maladie était devenue une bénédiction. Ils étaient toute sa fierté et un témoignage de sa compétence, car ceux qui recherchaient son soutien, même dans l’avenir, il les aidait avec ses bons conseils. Pour lui, sa mission n’était pas de guérir leurs maladies, mais de maintenir ses patients en bonne santé.

Chapitre 3

Les Archives secrètes de la Bibliothèque du Vatican sont avant tout une grande collection de livres uniques, qui comprend plus de 25 miles de rayons remplis de rouleaux, de parchemins, de manuscrits sur papier et de codex. Beaucoup de choses dans les archives secrètes sont encore terra incognita ; il y a encore des chambres entières avec des piles de documents inexploités.

Lorsqu’il faisait encore partie du personnel des Archives secrètes, il existait une clé, qui ouvrait une porte toujours fermée à clé, au bout du couloir inférieur, à côté du bureau de son prédécesseur, le préfet Mgr Mondeo. Et cette clé avait toujours attiré son attention. Mgr Mondeo portait toujours cette clé sur lui ou la gardait sous clé ( !) dans un coffre-fort dans son bureau. Carlucci s’était souvent demandé quel(s) secret(s) pouvait(ent) bien se cacher derrière l’épaisse porte en chêne.

Il arrivait parfois, à l’occasion de visites officielles, que la pièce soit ouverte et montrée aux visiteurs, cardinaux, hommes d’État ou autres personnalités de renom.

Sans s’avouer sa grande curiosité, il avait osé, à ces mêmes occasions, jeter un coup d’œil par la porte ouverte et avait constaté que la petite pièce ne contenait en fait que des piles d’écrits rangés sur des étagères. Lorsqu’il avait demandé pourquoi ces écrits, auxquels seuls le préfet et les membres supérieurs du clergé avaient accès, étaient gardés sous clé, il n’avait jamais obtenu de réponse satisfaisante, car selon lui, les documents religieux écrits pour le peuple par excellence ne devaient pas être tenus secrets. L’employé Giovanni Carlucci travaillait très dur, car il s’était juré de devenir un jour le remplaçant du préfet actuel. C’était effectivement ce qui s’était passé. Quelques années plus tard, quand Monseigneur Mondeo avait été pensionné, Carlucci s’était vu confier, après les formalités d’usage, la charge de préfet des Archives secrètes.

Avant de partir, l’évêque Mondeo avait introduit Carlucci dans le rôle d’un préfet et lui avait rappelé ses devoirs et responsabilités. La chambre secrète contenait des documents gnostiques falsifiés qui, s’ils étaient publiés, pourraient représenter un danger pour l’Église, se justifia l’évêque Mondeo, en exhortant le nouveau préfet à garder la clé comme la prunelle de ses yeux et à ne jamais la perdre de vue. Après avoir fait place nette dans son bureau, le préfet à la retraite avait pris congé en souhaitant le succès au nouveau venu et aux autres membres du personnel.

Lorsque Carlucci entra dans le bureau, désormais vide, de l’archevêque Mondeo, il se précipita tout droit vers le coffre-fort où se trouvait la clé de la pièce mystérieuse et l’ouvrit avec empressement : la clé était bien là ! Il s’en empara et se laissa tomber avec soulagement dans son nouveau fauteuil de préfet. Il se sentait comme quelqu’un qui tient dans sa main le billet de loterie sur lequel il a coché les six bons numéros. Durant un long moment, le nouveau préfet contempla le morceau de métal brillant qu’il tenait dans sa main sous tous les angles, se rappelant combien d’années il avait attendu ce moment avec impatience. La pièce secrète était devenue pour lui une véritable obsession. Maintes fois, il s’y était aventuré en songe et avait découvert des richesses de toutes sortes.

Aujourd’hui, c’était vendredi soir et tous les employés étaient rentrés chez eux. Il hésita un instant, puis se décida à jeter un coup d’œil dans la pièce secrète. Il se dépêcha de suivre le long couloir qui menait à la pièce en question. Il se retrouva enfin devant la porte en chêne et, bien qu’il fût désormais autorisé à entrer dans la pièce, il se sentit comme un cambrioleur ; ses rêves le poursuivaient. Il se rassura et essaya de se calmer, mais son excitation était si grande qu’il entendait les pulsations de son cœur marteler jusqu’à sa carotide.

Des frissons dans tout le corps lui donnèrent la sensation d’être soudain en apesanteur. Comme un voleur, il introduisit prudemment la clé dans la serrure et, en ouvrant doucement la lourde porte, il regarda instinctivement autour de lui. La pièce était sombre et n’avait pas de fenêtres. Il alluma la lumière. L’air de la pièce dégageait une odeur suffocante qui témoignait de l’ancienneté de son contenu. Il pouvait percevoir le bourdonnement régulier de la climatisation qui maintenait l’humidité dans la pièce pour protéger les précieux manuscrits.

Tel un initié pénétrant dans le saint sanctuaire, il entra respectueusement dans la pièce, relativement petite. Ses yeux parcoururent en vitesse les titres des manuscrits sur les étagères et il constata que la plupart des ouvrages étaient écrits en hébreu, certains en araméen et quelques-uns en grec. Au milieu de la pièce trônait une petite table et dessus, un livre imposant. Il l’ouvrit avec précaution et découvrit le catalogue dans lequel étaient classées toutes les œuvres qui se trouvaient dans cette chambre. Il s’assit sur la chaise et commença à étudier le registre.

Le temps passait vite : il regarda l’heure. Il avait failli manquer un rendez-vous important, ce vendredi soir, avec son ancien ami d’université Gilberto, qu’il voyait une fois par mois. Il se dépêcha de quitter la pièce et de refermer la porte derrière lui. Il remit la clé à sa place habituelle.

Demain, il examinerait le contenu de la pièce de plus près.

Chapitre 4

L’aubergiste accueillit l’ecclésiastique avec une courbette extravagante et l’accompagna jusqu’à sa table, où se trouvait déjà son ami Gilberto. Depuis des années, ces deux amis de longue date se retrouvaient une fois par mois dans un luxueux restaurant de Rome pour échanger leurs impressions et partager un repas convivial. Les hommes se connaissaient depuis leurs années d’études à la Sorbonne à Paris. À l’époque, ils faisaient partie d’une sorte de bande de sept étudiantes et étudiants d’Allemagne, d’Italie, d’Angleterre et de France qui, de temps à autre, semaient la pagaille dans la capitale française en faisant des choses farfelues, à la limite de la légalité. Ces folies de jeunesse les avaient visiblement soudés en une unité, puisqu’ils étaient restés en contact régulier jusqu’à aujourd’hui.

Gilberto était mince et de grande taille, ses cheveux châtain foncé étaient bouclés et ses joues toujours roses. Il affichait l’air d’un homme en bonne santé.

– Je te félicite pour ta nomination au poste de préfet des archives secrètes », lança Gilberto au nouveau venu en se levant pour serrer formellement la main de son ami, tout en s’inclinant.

– Merci, je suis en train de me plonger dans mes nouvelles fonctions et j’ai failli manquer notre rendez-vous. As-tu déjà commandé ?

– Non, je viens d’arriver moi aussi.

Carlucci ouvrit le menu qui se trouvait devant lui sur la table et dit :

– Mon estomac gronde déjà et annonce une famine imminente ! »

Gilberto ne put s’empêcher de sourire à son tour et fit de même. En silence, les hommes étudièrent pendant quelques minutes les plats proposés.

Lorsqu’ils refermèrent délicatement, l’un après l’autre, le lourd couvercle en cuir de la carte, le serveur apparut aussitôt pour prendre la commande.

– Du vin maison, comme d’habitude ? suggéra machinalement l’homme en notant le Vino della Casa sur un petit bloc, sans attendre la réponse des clients.

Presque imperceptiblement, les invités hochèrent la tête en signe de confirmation.

Carlucci commanda un plat de poisson et une salade composée.

Gilberto, qui était végétarien et ne voyait pas de différence entre le poisson et la viande, considérait tous ceux qui mangeaient de la viande, qu’il s’agisse de poisson ou de viande, comme des animaux sauvages.

Il commanda une assiette de légumes et une salade qu’il préférait préparer lui-même, sans vinaigre, mais avec du jus de citron frais.

– L’Église en particulier fait croire à ses fidèles que le poisson n’est pas de la viande et que manger seulement du poisson le vendredi est une forme de jeûne. Un précepte qui implique que la foi permet de manger de la viande les six autres jours de la semaine, constatait Gilberto.

Le serveur, qui connaissait les habitudes de ce client très spécial, nota la commande et partit.

Alors que Carlucci, en raison de sa foi chrétienne, considérait son corps comme un véhicule éphémère qui devait plus ou moins fonctionner, Gilberto, qui ne partageait pas les convictions religieuses de son ami et se définissait comme monothéiste, voyait le corps humain davantage qu’un simple vecteur qui devait se contenter de marcher.

Grâce à sa longue expérience pratique, il avait compris que la santé du corps avait une influence positive directe sur l’esprit et le psychisme, qu’elle déterminait la qualité des pensées et qu’elle était donc directement liée à la qualité de vie. Le thérapeute, qui se considérait comme un naturopathe, privilégiait le type d’aliments qui, à l’exception bien sûr de la viande et du poisson, étaient frais et possédaient encore la capacité de se composter. En d’autres termes, il s’agissait d’aliments qui étaient encore vivants.

Lorsque, quelques années auparavant, Carlucci avait voulu connaître la raison pour laquelle il mettait du jus de citron et non du vinaigre dans sa salade – les deux liquides étant finalement similaires ou identiques – Gilberto s’était presque fâché et avait expliqué :

– Les acides liés aux fruits et légumes crus ont un effet alcalin sur l’organisme et éliminent l’eau et les toxines du corps. L’acide acétique, en revanche, ou vinaigre, n’est pas fermenté au sens du vin, car le vinaigre n’est plus un vin, mais un degré en dessous. Tous les aliments qui, comme le vinaigre, ont atteint leur dernier stade de dégradation biologique et sont néanmoins considérés comme comestibles, comme les aliments moisis, grillés, etc. demandent beaucoup d’énergie à l’organisme pour être assimilés. Ce n’est pas pour rien que les anciens disaient : « 1 goutte de vinaigre mange 7 gouttes de sang » ou que le langage populaire dit « vinaigre » pour une chose qui est détruite. Le vinaigre inhibe la digestion buccale et retarde la digestion des glucides. D’ailleurs, le vinaigre est addictif et tout ce qui est addictif est nocif.

Il avait fallu des années au médecin pour arriver à cette conclusion, car après tout, certains auteurs écrivaient même que le vinaigre était bon pour la santé.

– Le vinaigre, c’est de la moisissure liquide, du vin cassé ! affirma-t-il catégoriquement avant de poursuivre, déchaîné :

– Le vinaigre n’est pas du tout comparable au jus de citron, car il est le contraire de l’acide citrique. Le vinaigre est mort, alors que le jus de citron est vivant !

À l’époque, l’ecclésiastique se souvint aussitôt des femmes enceintes avides de cornichons et argumenta :

– On attribue aux femmes enceintes des désirs intuitifs qui devraient servir au bien-être de leur fœtus. Pourquoi ces femmes ont-elles des envies de cornichons ?

Encore une fois, Gilberto se montra réticent.

Chapitre 5

Tous les fruits et légumes sont traités ! Je ne me rends pas service en me nourrissant avec ça, avait protesté monsieur Bauer, lorsque Gilberto avait expliqué en détail à son patient, souffrant de migraines chroniques, pourquoi il devait se nourrir d’aliments crus pour purifier son sang.

C’était l’argument de la majorité de ses patients qui n’appréciaient pas la nourriture crue et qui, pour la plupart, n’avaient jamais goûté de leur vie à la saveur d’une salade biologique de leur propre culture. Pourquoi cultiver de la salade si on pouvait l’acheter pour seulement 30 centimes ? Pourquoi s’embêter à planter des arbres fruitiers alors que les fruits sont également bon marché et bien emballés ? Ce n’était certes pas du bio, mais comme il ne connaissait pas cette qualité, elle ne lui manquait pas non plus.

Les fruits et légumes traités, au goût fade et de qualité inférieure, ne présentent aucun plaisir pour le consommateur et, comme il ne connaissait pas le vrai goût merveilleux du fruit ou du légume, la raison de son aversion pour les fruits n’était pas la qualité inférieure du produit, mais le fruit par lui-même. Les fruits n’ont tout simplement pas de goût. Parfois, il en achetait et en mangeait parce que certains prétendaient qu’ils étaient bons pour la santé, mais leur goût ne l’avait pas convaincu. À juste titre, non. Les fruits avaient été discrédités et ressemblaient à une médiocre copie d’un tableau que l’on déclare authentique.

Le cercle est ainsi bouclé : outre le fait que le citoyen ne trouvait aucune raison de cultiver des fruits et des légumes, quand donc aurait-il pu trouver le temps de le faire ? Les obligations de paiement telles que le loyer, l’électricité, le chauffage, le téléphone, les assurances, l’assurance-maladie, etc., ne laissent aucune chance au consommateur de faire autre chose que d’accepter un emploi pour régler toutes ces factures qui n’en finissent pas. Après s’être épuisé toute la semaine à faire du pain, à vendre n’importe quelle marchandise, à respirer les vapeurs toxiques d’un salon de coiffure ou à travailler à la construction d’une route, etc., l’un n’avait plus qu’une chose en tête : se reposer le week-end des efforts de la semaine. Et ce temps libre, il ne le sacrifierait certainement pas pour planter des fruits et des salades que de toute façon, il n’appréciait pas.

– Les fruits que nous achetons sont effectivement traités, rétorqua le médecin. Mais ils sont vivants et toujours plus sains que la viande d’animaux, qui n’ont certainement pas été nourris avec des aliments bio et qui ont été traités avec des antibiotiques et maintenus au calme avec des médicaments psychotropes pendant leur courte vie. Cette nourriture est plus saine que celle que l’on peut acheter habituellement et qui, en plus d’être traitée, est dénaturée, enrichie de produits chimiques, cuite ou congelée. Les fruits et légumes biologiques ne sont pas à la portée de tout le monde, et c’est très injuste, mais quoi qu’il en soit, même si les fruits ne sont pas bio, cette nourriture porte en elle, par sa vitalité et sa vivacité, le pouvoir d’éradiquer les poisons qu’elle porte en elle. Maintes fois, Gilberto avait dû le constater.

L’homme "civilisé" avait été arraché à ses racines originelles et ne connaissait même plus les règles les plus élémentaires de sa santé. Comment en était-on arrivé là ?

À un moment donné de l’histoire, notre arrière-grand-père, qui cultivait un grand jardin et subvenait aux besoins de sa famille avec les fruits et les légumes qu’il produisait, a dû être visité et attaqué par des personnes hostiles et à la recherche de profit, qui prétendaient simplement que la terre leur appartenait désormais. Ils l’ont divisée en sections et l’ont vendue, alors qu’elle appartenait à tous. C’est ainsi que les choses ont dû se passer :

– Un matin, comme tous les matins, alors que l’arrière-arrière-arrière-grand-père allait cueillir des pommes dans son jardin, quelques hommes se tenaient autour de son arbre fruitier avec une balance. Certains d’entre eux portaient des vêtements de travail et ramassaient ses pommes, qu’ils plaçaient dans des caisses ; un autre homme en costume notait le poids et le nombre de caisses remplies de pommes.

À la vue des étrangers dans son jardin qui prenaient possession de ses fruits, le grand-père s’indigna et, plein de colère, alla voir l’homme finement vêtu qui fixait l’aiguille de la balance et inscrivait un chiffre dans son petit carnet en lui criant dessus :

– Que faites-vous sur ma propriété ? Et pourquoi volez - vous mes pommes ?

L’homme répondit avec lassitude et sans lever les yeux de son bloc-notes.

– Le terrain et tout ce qui y pousse ne t’appartient plus, il est à nous.

– Qui est nous ? cria le grand-père encore plus fort.

– Le comité, répondit l’homme bien habillé.

– Qui est le "comité" ? Et de quel droit faites-vous cela ?

– Le comité est le comité et a décidé de la façon, répondit l’homme qui ne trouvait rien de mieux à dire.

Malgré les protestations de l’arrière-grand-père, l’homme en costume ne se laissa pas dissuader et poursuivit son projet.

Le vieil homme, frustré, comprit qu’il ne pouvait rien faire contre cette clique soudainement plus forte que lui et il demanda :

– Donne-moi au moins quelques pommes pour que je puisse nourrir ma famille.

L’homme occupé leva les yeux et dit :

– Ce n’est pas possible. Si tu veux des pommes, tu dois les acheter.

L’arrière-grand-père répondit que jusqu’à présent, il n’avait jamais eu besoin d’argent et qu’il n’avait donc pas répondu à sa question. Sur ce, l’homme en costume prit un air désemparé, se frotta le menton, sortit une carte de sa poche de poitrine et la remit au père de famille désespéré en disant :

– Va à cette adresse. Les gestionnaires de tes fruits ont besoin d’un chauffeur. Avec l’argent que tu y gagneras, tu pourras ensuite t’acheter des pommes chez nous.

Une sorte de "loi du plus fort" était en vigueur. Tous les terrains avaient été accaparés, non pas par des étrangers venus d’un autre pays, mais par des compatriotes, c’étaient des ennemis dans son propre pays. Ils avaient trouvé le moyen d’assurer leur oisiveté en dupant le peuple sur le dos de leurs victimes déjouées, qui ne pouvaient pas se défendre contre cette violence, en les faisant travailler excessivement, en les accablant d’obligations de paiement et en leur rendant, par de nombreux moyens détournés, une petite partie de ce qui leur appartenait réellement.

– … Les anciens propriétaires des terres, escroqués, trop faibles pour lutter contre la vague hostile, étaient désormais tenus en laisse : trop occupés pour avoir le temps de s’organiser contre leurs tourmenteurs, pas suffisamment faibles pour ne pas être en mesure d’accomplir leur travail, et pas assez forts pour être capables de se révolter contre les injustices. Oui, c’était comme ça et c’est resté comme ça, concluait Gilberto.

Le naturopathe rêvait d’un monde où le mendiant et le pauvre retrouveraient leurs biens légitimes. Un monde dans lequel une partie des gens ne mourrait plus de faim, tandis que l’autre partie mourrait également, mais parce qu’elle mangeait trop.

Chapitre 6

Samedi matin, le moment était venu. Carlucci était impatient et nerveux et ne pouvait pas manger. Avant de se mettre en route pour explorer la pièce secrète, il avala quand même un petit morceau de pain grillé et de confiture et empocha une pomme.

De nouveau, il pénétra dans la pièce mystérieuse, l’excitation de la veille envolée.

À l’aide du catalogue qui répertoriait le contenu de la pièce, il examina systématiquement les manuscrits, mais ne découvrit aucun document qui aurait justifié d’être gardé sous clé.

De nombreuses heures de fouille s’étaient écoulées, le soleil était déjà couché et il n’avait examiné qu’une petite partie du contenu de la pièce. L’espoir de dévoiler un véritable document secret fondait de manuscrit en manuscrit.

Malgré l’épuisement qui s’installait, il se promit, avant de mettre fin à ses recherches pour la journée, d’examiner une dernière liasse de manuscrits inscrits dans le catalogue sous “Saint Jérôme”.

Il fut stupéfait de constater qu’il s’agissait d’une grande partie du manuscrit original de saint Jérôme, que l’on croyait définitivement disparu depuis le Ve siècle. Il feuilleta le document avec la plus grande prudence et y découvrit un autre manuscrit, visiblement plus ancien que celui de Jérôme et rédigé en araméen, intitulé : “L’Évangile des Esséniens”.

Il s’étonna d’abord que le document ne soit pas rangé sur les étagères comme les autres ; il fut encore plus surpris de constater qu’il ne figurait pas non plus dans le catalogue. On aurait dit qu’il avait été délibérément placé ou dissimulé dans les écrits de saint Jérôme ? Quelle en était la raison ?

La fatigue envolée, il examina aussitôt la pile, qui comptait plusieurs centaines de pages et quatre parties :

- L’évangile de la paix des Esséniens

- Les écrits inconnus des Esséniens

- Le manuscrit perdu des Esséniens

- L’enseignement secret des Esséniens

Il survola le manuscrit et il lui sembla d’abord qu’il s’agissait d’un évangile comme il en existe beaucoup dans les archives secrètes, quoique rédigé en grec, et dont le contenu correspondait en grande partie à celui du Nouveau Testament. Mais très vite, bien qu’il ait découvert à plusieurs reprises des éléments des quatre évangiles, il dut constater qu’une tout autre sagesse y était décrite, bien différente de l’enseignement qu’il connaissait des évangélistes Marc, Matthieu, Jean et Luc.

Il commença à lire la première partie de l’Évangile de la Paix et fut émerveillé par le style exceptionnel et les paroles remarquables. Plus il se plongeait dans le manuscrit, plus son étonnement et sa perplexité croissaient.

Un monde de poésie en paraboles, avec des illustrations de la nature, écrit par un maître de l’art poétique, sous une forme parfaite et inédite, s’ouvrait à son imagination.

Au cœur du récit se trouvait l’homme en tant que centre de la création, son origine de la mère terrestre, la chute qui lui valut sa pitoyable existence sur Terre et son développement sur cette planète, la libération du mal en lui, jusqu’à son accomplissement. C’était un message adressé à l’homme pour l’homme. Un guide pour passer de la mort à la vie. Un message de réconfort qui donnait un véritable espoir ; une clé qui ouvrait les portes des prisons ; la lame qui coupait les liens des asservis ; c’était une lumière à l’horizon.

La forme d’expression était simple et sans ambiguïté, si claire que même un petit enfant aurait pu la comprendre. Une vérité toute simple et évidente, comme doit l’être la vérité divine, qui n’a pas besoin d’être étudiée pour être comprise ; une vérité qui ne peut pas non plus provoquer de fanatisme, car elle commence à agir en nous dès le jour de notre naissance. Une vérité qui somnole en chacun de nous, qui est intemporelle, qui a toujours été là et qui attend d’être libérée de son profond assoupissement par l’homme.

Sa confusion était à son comble, car le contenu des textes découverts présentait non seulement des éléments des Évangiles, mais aussi une affinité étonnante avec ceux de l’ensemble des écrits canonisés. Mais le héros de l’Évangile de la paix, qui ne pouvait être autre que Jésus de Nazareth lui-même, n’a pas fait d’allusion, comme dans les évangiles de la Bible, à sa mort nécessairement imminente et à la grâce qui en résulterait pour sauver l’humanité, parce que les hommes sont mauvais et incapables de respecter les commandements de Dieu. Non, ce Jésus essénien nous a justement enseigné le contraire. Il nous a donné un indicateur de la plénitude. Carlucci lisait pour la énième fois :

« Et alors beaucoup de malades et des paralytiques vinrent vers Jésus et lui dirent :

« Si Tu connais toutes choses, Tu peux nous dire pourquoi nous devons souffrir de tant de maux douloureux. Pourquoi ne sommes-nous pas en santé comme les autres hommes ? Maître, guéris-nous afin que nous aussi nous redevenions forts et que nous ne soyons pas accablés plus longtemps par notre misère. Nous savons que Tu as le pouvoir de guérir toutes sortes de maladies. Libère-nous de Satan et de tous les maux terribles dont il nous navre. Maître, aie pitié de nous ! »

Et Jésus leur répondit : « Heureux êtes-vous d’avoir faim de Vérité, car je vous donnerai satisfaction en vous offrant le pain de la sagesse. Heureux êtes-vous d’avoir frappé, car j’ouvrirai pour vous de vouloir échapper au pouvoir de Satan, car je vous conduirai dans le royaume des anges de Notre Mère, là où le pouvoir de Satan ne peut pénétrer ».

Et grandement surpris, ils demandèrent : Où est Notre Mère et qui sont ses anges ?

Où se trouve son royaume ? »

« Votre Mère est en vous et vous êtes en Elle. C’est Elle qui vous a enfantés et qui vous a donné la vie. C’est à Elle que vous êtes redevables de votre corps, et c’est à Elle que vous devrez le rendre un jour. Heureux serez-vous lorsque vous serez arrivés à la connaître, Elle et son royaume, lorsque vous recevrez les anges de votre Mère et lorsque vous vous conformerez à ses lois. Je vous le dis, en vérité, celui qui est arrivé à cela ne verra jamais la maladie, car le pouvoir de votre Mère domine tout. Et il détruit Satan ainsi que son royaume ; et la loi de votre Mère régit tous vos corps comme tous les êtres vivants.

« Le sang qui coule dans nos veines procède de notre Mère, la terre. Son sang tombe des nuages, jaillit du sein de la Terre, murmure dans les ruisseaux des montagnes, coule largement dans les fleuves des plaines, dort au sein des lacs et mugit avec force en les mers tempétueuses.

« L’air que nous respirons est né du respire de notre Mère, la Terre. Son souffle est azuré dans les hauteurs des cieux, il murmure au sommet des montagnes, susurre au travers des feuilles de la forêt, s’élève comme une houle au-dessus des champs de blé, sommeille dans les vallées profondes, brûle torride dans le désert.

« La rigidité de nos os provient de notre Mère, la Terre, des roches et des pierres. Leurs éléments sont à nu, face au ciel, au sommet des montagnes, ils sont comme des géants qui dorment au flanc des coteaux, comme des idoles sises dans le désert, ils sont également cachés au plus profond du sein de la terre.

« La souplesse de nos muscles est née de la chair de notre Mère, la Terre ; cette chair, jaune et rouge, fournit la substance des fruits, nos arbres ; elle nous donne aussi la nourriture qui jaillit des sillons des champs.

« Nos viscères sont formés des entrailles de notre Mère, la Terre, et sont cachés à nos yeux ainsi qu’il en est pour les profondeurs invisibles de la terre.

« La lumière de nos yeux, le pouvoir d’entendre de nos oreilles, sont nés des couleurs et des sons de notre Mère, la Terre, car ils nous baignent tout entiers ainsi que le font les vagues de la mer pour le poisson ou les remous de l’air pour l’oiseau.

« Je vous le dis, en vérité, l’Homme est le Fils de la Mère, la Terre, et c’est d’Elle que le Fils de l’Homme doit recevoir la totalité de son corps, de même que le corps du nouveau-né procède ”du sein de sa Mère. Je vous le dis, en vérité, vous êtes un avec la Mère, la Terre ; Elle est en vous et vous êtes en Elle. C’est d’Elle que vous êtes nés, par Elle que vous devez vivre et en Elle que vous devrez enfin retourner. C’est pourquoi, gardez ses lois, car personne ne peut vivre de longues années ni être heureux du moment où il n’honore pas sa Mère et n’en respecte pas les lois. Car votre souffle est son souffle, votre sang, son sang, vos os ses os, votre chair sa chair, vos entrailles ses entrailles, vos yeux et vos oreilles, ses yeux et ses oreilles.

« Je vous le dis, en vérité, si, une fois seulement, vous négligez de respecter une de ces lois ; si vous nuisez, une fois seulement, à l’un des membres de votre corps, vous tomberez impitoyablement dans l’une ou l’autre de vos graves maladies et il y aura des pleurs et des grincements de dents. Je vous le dis, tant que vous ne suivrez pas les lois de votre Mère, vous ne pourrez, dans aucun cas, échapper à la mort. Et celui qui s’attachera à respecter les lois de sa Mère, c’est à celui-là que sa mère s’attachera. Elle guérira tous ses maux et jamais il ne sera malade. Elle lui donnera longue vie, le protégera contre toutes les afflictions et le gardera des atteintes du feu, de l’eau et de la morsure des serpents venimeux. Car c’est votre Mère qui vous a enfantés et c’est Elle qui maintient la vie en vous. Elle vous a donné votre corps et personne d’autre qu’Elle ne vous guérit. Heureux celui qui aime sa Mère et qui se repose en paix sur son sein ! Car, même lorsque vous vous éloignez d’Elle, votre Mère vous aime. Et combien plus encore vous aimera-t-elle si vous revenez à Elle. Je vous le dis, en vérité, grand est son amour, bien plus grand que les hautes montagnes, bien plus profond que les mers les plus profondes. Et ceux qui aiment leur Mère ne sont jamais abandonnés par Elle. De même que la poule protège ses poussins, la lionne ses petits, la mère son nouveau-né, ainsi votre Mère, la Terre, protègera le Fils de l’Homme de tous les dangers et de tous les maux.

« Car je vous le dis, en vérité, des maux et des dangers innombrables attendent les Fils des Hommes. Belzébuth, le prince de tous les démons, la source de tout mal, demeure en attente dans le corps de tous les Enfants des Hommes. Il est source de mort, maître de tous les fléaux, et, sous des dehors attrayants, il tente et séduit les Fils des Hommes. Il leur promet richesse et pouvoir, des magnifiques palais, des habits d’or et d’argent, une multitude de serviteurs et toutes choses ; il promet encore renommée et gloire, joies sensuelles et luxure, plaisirs de table et vins généreux, vie d’orgies ou jours passés dans la paresse et l’oisiveté. C’est ainsi qu’il séduit chacun en faisant appel à ce pour quoi son cœur a le plus d’inclinaison. Et, du jour où les Fils des Hommes sont devenus tout à fait esclaves de toutes ces vanités et de toutes ces abominations, c’est alors qu’en payement de ces jouissances, il arrache aux Fils des Hommes tous les biens que la Mère, la Terre, leur avait donnés en si grande abondance. Il les prive de leur souffle, de leur sang, de leurs os, de leurs oreilles.

Alors le souffle du Fils de l’Homme devient court et il suffoque ; sa respiration devient des plus douloureuses et son haleine empeste comme celles des animaux impurs. Et son sang s’épaissit, répandant une odeur nauséabonde, telle l’eau des marais, il se coagule et noircit, semblable à la nuit de mort.

« Et ses os se déforment, deviennent cassants et couverts de nodosités, leur intérieur se désagrège, alors ils se brisent en deux comme pierre qui tombe sur un rocher. Et sa chair devient grasse et aqueuse, elle se pourrit et se putréfie, il se forme des croûtes et des abcès qui sont affreux. Et ses entrailles se remplissent d’ordures abominables, se résolvant en flots puants de pourriture dans lesquels des légions de vers immondes établissent leur demeure. Et ses yeux s’obscurcissent jusqu’à ce qu’enfin la nuit profonde s’y installe ; et ses oreilles sont atteintes de surdité, il y règne le silence du tombeau. Et c’est ainsi qu’en fin de compte le Fils de l’Homme par ses propres erreurs, perd la vie, pour ne pas avoir su respecter les lois de sa Mère et pour avoir accumulé fautes sur fautes. C’est pourquoi tous les dons de sa Mère, la Terre, lui ont été repris ; souffle, sang, os, chair, entrailles, yeux et oreilles, et, finalement, la vie dont la Mère, la Terre, avait gratifié son corps.

« Mais si le Fils de l’homme reconnaît ses erreurs, s’il déplore ses péchés et y renonce, s’il revient à sa Mère, la Terre, et si, respectant les lois de sa Mère, la Terre, il se libère des griffes de Satan et résiste à ses tentations, alors la Mère, la Terre, recevra à nouveau le Fils qui s’était égaré dans l’erreur, elle lui prodiguera son amour et lui enverra ses anges qui se mettront à son service. Je vous le dis, en vérité, dès que le Fils de l’Homme résiste à Satan qui demeure en lui et dès qu’il ne fait plus sa volonté, à l’instant même, les anges de la Mère s’établissent en lui afin de le servir de tout leur pouvoir, libérant ainsi les fils de l’Homme de l’emprise de Satan.

« Car personne ne peut servir deux maîtres. En effet, ou l’on sert Belzébuth et ses diables ou bien l’on sert notre Mère, la Terre, et ses anges. On sert la mort ou la vie. Je vous le dis, en vérité, heureux ceux qui suivent les lois de la vie et qui ne marchent pas sur les sentiers de la mort. Car, en eux, les forces de vie s’accroîtront, devenant toujours plus fortes et ils échapperont à l’emprise de la mort. »

Et tous ceux qui étaient auprès de Lui écoutaient ses paroles avec étonnement, car ses paroles étaient pleines de force et il enseignait d’une tout autre manière que les prêtres et les scribes. Or, bien que le soleil fût maintenant couché, ils ne s’en retournaient pas vers leurs demeures. Ils s’assirent auprès de Jésus et lui demandèrent : « Maître, quelles sont ces lois de vie ? Reste plus longtemps avec nous et enseigne-nous. Nous voulons écouter ton enseignement et le retenir afin de pouvoir marcher dans la droiture. »

Alors Jésus s’assit au milieu d’eux et dit : « En vérité, je vous le dirai : personne ne peut être heureux, s’il ne suit la loi.

Et les autres de répondre : « Nous suivons tous les lois de Moïse, c’est lui qui nous a donné la Loi telle qu’elle est consignée dans nos Saintes Écritures. »

Et Jésus répondit : Ne cherchez pas la loi dans vos Écritures, car la loi est vie alors que l’Écriture est morte. Je vous le dis en vérité, Moïse n’a pas reçu de Dieu ses lois par l’Écriture, mais par la parole vivante. La Loi est une parole de vie, proférée par le Dieu de vie, transmise à des prophètes vivants pour des hommes vivants.

Dans toute chose qui a vie se trouve écrite la Loi. Vous la trouverez dans l’herbe, dans l’arbre, dans la rivière, dans la montagne, dans les oiseaux du ciel, dans les poissons des lacs et des mers, mais cherchez-la surtout en vous-mêmes. Car je vous le dis, en vérité, toutes les choses qui sont douées de vie sont plus près de Dieu que les écrits qui sont privés de vie. Dieu a ainsi fait la vie et toutes les choses vivantes de façon qu’elles soient la parole de vie éternelle et qu’elles enseignent à l’homme les lois du vrai Dieu. Dieu n’a pas écrit ses lois en des pages de livres, mais dans votre souffle, dans votre sang, dans vos os, dans votre chair, dans vos entrailles, dans vos yeux, dans vos oreilles et dans chacune des parties les plus intimes de votre corps. Elles sont présentes dans l’air, dans l’eau, dans la terre, dans les plantes, dans les rayons du soleil, dans les profondeurs et dans les hauteurs. Toutes ces choses vous parlent afin que vous puissiez comprendre la parole et la volonté du Dieu vivant. Malheureusement, vous avez fermé les yeux pour ne rien voir et vous vous êtes bouché les oreilles pour ne rien entendre. Je vous le dis, en vérité, l’Écriture est l’œuvre de l’homme, tandis que la vie et tous ses hôtes sont œuvre de notre Dieu. Pourquoi ne prêtez-vous pas l’oreille aux paroles de Dieu qui sont écrites dans ses œuvres ? Et pourquoi étudiez-vous les Écritures dont la lettre est morte, étant œuvres de la main des hommes ? »

« Comment pourrions-nous lire les lois de Dieu ailleurs que dans les Écritures ?

Où sont-elles donc écrites ? Lis-les pour nous là où Tu les vois, car nous ne connaissons pas d’autres Écritures que celles dont nous avons héritées de nos ancêtres. Enseigne-nous les lois dont tu parles, afin qu’après les voir entendues, nous puissions être guéris et justifiés. »

Jésus dit : « Vous ne pouvez comprendre les paroles de vie, parce que vous êtes dans la mort. Les ténèbres obscurcissent vos yeux et vos oreilles sont atteintes de surdité. Cependant, je vous le dis, il ne vous est d’aucun profit d’avoir les yeux fixés sur des Écritures dont la lettre est morte, si, par vos actions, vous donnez un démenti à Celui qui vous a donné les Écritures. Je vous le dis, en vérité, Dieu et ses lois ne sont pas en ce que vous faites. Elles ne sont pas dans la gourmandise et dans la beuverie, pas plus qu’en une vie dissipée dans les excès et dans la luxure, encore moins dans la recherche des richesses et surtout pas en cultivant la haine contre vos ennemis. Car toutes ces choses sont très éloignées du vrai Dieu et de ses anges.