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Aich O’Brien, douze ans, est née autiste. Son comportement franc et distant la rend étrangère aux autres, surtout à ses professeurs. Solitaire, elle se réfugie dans les livres, les mathématiques et la physique, développant ainsi une intelligence remarquable. Ses seuls liens sont sa mère, son père, sa meilleure amie Suzanne et son grand frère Sam qui la chérit malgré ses incertitudes. Cependant, leur tranquillité est bouleversée le jour où leur père, Yasser O’Brien, est enlevé par la mystérieuse organisation gouvernementale, la Maison noire.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Oumar Gaby, étudiant en troisième année en ingénierie, partage son temps entre ses études et son amour pour l’écriture. Son premier roman, Le pouvoir des Hommes, est une trilogie dont Introspection constitue le premier tome, promettant une série captivante à suivre.
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Oumar Gaby
Le pouvoir des Hommes
Tome I
Introspection
Roman
© Lys Bleu Éditions – Oumar Gaby
ISBN : 979-10-422-3212-2
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Une vie qui n’est pas fondée sur la réalité est une vie sans fierté ; une vie sans fierté est une vie de lâcheté.
Massar Izzedine,
mon ami d’enfance le plus brillant que je connaisse !
À mes parents…
Bureau du Dr Charles, 11 h
« Votre fille présente un des cas les plus rares que je n’ai jamais encore rencontré, M. O’Brien », dit le Dr Charles.
Dr Charles est un médecin spécialiste en neuropsycho-physiologie. Il fit ses études au collège avec Yasser O’Brien il y a très longtemps.
Ils n’étaient pas vraiment des amis. Le courant ne passait pas très bien entre eux. Il faut dire qu’il y a une certaine différence entre amitié et connaissance.
Yasser O’Brien a une petite fille, Aïch O’brien. Elle n’allait pas bien. Elle avait des problèmes avec presque tous ses professeurs du lycée. Il fallait donc la faire diagnostiquer.
« Vous voyez, notre cerveau, c’est la structure la plus complexe de notre organisme. Pendant les deux premières années de la vie, l’encéphale subit des modifications importantes. Surtout au cours de l’enfance et tout au long de la vie. Il se modèle, il nous permet d’adapter nos connaissances, nos comportements et définit aussi notre personnalité »…
« C’est ce que je suis en train de faire, M. O’Brien. Voici le rapport des analyses, lisez-le vous-même. L’analyse montre que l’encéphale de votre fille n’a connu aucune de ces évolutions que j’ai citées, ni même une quelconque modification ».
Yasser O’Brien ne dit rien parce que, pendant un bout de temps, il a commencé à douter du doctorat de son vieux camarade. Il se demandait si c’est ça le résultat d’une étude en France.
« M. O’Brien, vous pouvez me croire. Je vous détaille ça en terme médical : À la naissance, tout cerveau normal contient déjà plus de cent milliards de neurones et, au cours du développement, leur nombre ne varie plus. Les neurones fabriquent des prolongements cellulaires qui vont rentrer de plus en plus en relation avec leurs voisins. Vous voyez ? la suite, au fur et à mesure que l’enfant grandit, ils forment un réseau de plus en plus complexe, vous me suivez ? c’est comme ça que l’enfant commence à prononcer des choses et tout. Mais pour le cas de votre enfant, les analyses sont très différentes ».
O’Brien continuait de l’observer dans les yeux. Il ne dit pas un seul mot.
Le docteur continua :
« Voyez, pour être concret, à trois mois, un enfant se saisit des objets pour les porter à sa bouche ; à six mois, il les saisit mieux, s’assied, se lève et apprend à marcher, il commence à prononcer quelques mots. Les contacts créés par les neurones entre eux sont à l’origine de ces progrès. Mais pour votre fille, elle parlait déjà, elle riait très bien à six mois. Et à six ans, elle a la moitié d’une encyclopédie en tête. Elle faisait des maths sans utiliser des calculatrices. M. O’Brien, j’essaie de vous expliquer qu’elle hérite d’un encéphale presque acquis. C’est comme une carte mémoire toute remplie qu’on a emballée et on l’a juste déposée dans la tête. C’est comme si elle en avait deux cerveaux, vous me suivez » ?
À la maison
Le soleil était tombé. Le ciel avait pris la couleur d’une encre bleue.
Dans la chambre d’Aïch O’brien, la lumière brillait aux éclats. Elle se tenait devant son tableau avec un gros livre de science physique entre les doigts. Elle traitait des exercices depuis presque une demi-heure et put enfin terminer. Elle repartit vers sa chaise, déposa son livre sur une table devant elle et se mit à penser silencieusement après avoir pris un verre d’eau. Elle méditait pendant cinq minutes jusqu’au moment où sa mère surgit dans sa chambre sans frapper.
Aïch n’aimait pas du tout quand quelqu’un entre dans sa chambre sans toquer. Ça l’énervait. Mais cette fois, c’était sa mère. Elle ne pouvait pas l’engueuler.
Aïch quitta rapidement ses pensées et revint sur terre.
Aich acquiesça.
Sa mère referma la porte et repartit.
Aïch s’était encore adossée sur sa chaise, ferma calmement les yeux et se répartit dans ses réflexions. Elle était triste. Ça lui arrivait souvent quand elle n’arrivait pas à résoudre un problème. Elle se demandait pourquoi sa théorie ne s’appliquait pas à la pratique.
La Théorie de douze piles. C’est ainsi qu’elle l’a surnommée. Elle se disait combien de fois les lois de la physique étaient si compliquées. Mais sa détermination était plus forte. Les complexités des lois de la physique ne pouvaient jamais empêcher ses recherches. Elle se disait chaque fois que c’était juste une logique ordinaire. Pour elle, une logique ordinaire est une logique élémentaire. Elle cherchait déjà les logiques extraordinaires. Elle a toujours cherché à savoir le pourquoi du comment de tous les phénomènes qui se passent dans la vie. Celle-là ne fera pas exception.
D’un coup décisif, elle se leva de sa chaise. Elle décida de réessayer une fois de plus son expérience. Elle alla vers son lit et prit son sac à dos avant de revenir vers la chaise. Elle fit sortir de ce sac une boule de quatre kilogrammes, douze piles et l’unité de mesure de longueur.
Elle prit tous ces objets entre les mains, laissa son sac et quitta sa chambre.
Au-dehors, elle rangea ses piles sur une ligne qu’elle traça verticalement sur le sol. Une droite qui donnait environ un mètre de longueur. Elle prit ensuite la règle graduée et calcula une distance de cinq centimètres entre chaque pile. Elle mesura enfin une distance entre elle et ces piles de valeurs inexactes. Elle avait déjà calculé l’énergie cinétique de la boule, durant ses cent cinquante et quatre précédentes tentations. Elle réessaye pour les cent cinquante et cinq.
Dès le lancer, la boule roulait avec une vitesse exponentielle jusqu’à l’atteinte de la première pile. Mais seulement, quatre piles sur douze furent tombées.
***
Sur la grande autoroute qui menait vers la sortie du centre-ville, deux garçons habillés en uniforme de lycée étaient sur une moto qui roulait à cent vingt à l’heure. Ils étaient poursuivis par une autre moto. Et aussi une voiture de police à l’arrière.
Les deux garçons filaient tels des cinglés à flots dans les veines. Des oiseaux traversaient leurs champs de vision. Loin au Nord, des vautours se laissaient porter par des courants en spirale sans fin précise. D’une vue postérieure, la moto avançait telle une vive flamme. Ils ne pouvaient certainement pas aller plus vite que le temps. Mais si c’était une question de comparaison, ils l’auraient déjà précédé de quelques minutes simplement.
Pendant un moment, le copilote n’avait pas toute sa tête. Il avait une pensée en l’air, exactement comme cette bande d’oiseaux dans le ciel. Il ne sentait même plus qu’il était sur une moto et qu’elle filait tel un jeune Oryx. Ses imaginations étendues, austères, tels des câbles, enregistraient bien d’autres préoccupations beaucoup plus agaçantes. Il ne sentait même pas une moindre turbulence, le moindre frémissement, le moindre contact de la vitesse du vent avec sa peau et ses cheveux noirs, depuis que cet engin se déplaçait à la vitesse de la lumière.
Dans sa tête, il voyait apparaître des images fantasmagoriques et des cris agaçants du proviseur de ce matin au lycée. Les détails couraient très vite. Ils se stabilisent peu à peu.
Il se trouve en flash-back au lycée, ce même matin quand ils furent renvoyés par le proviseur.
Ils étaient six personnes dans le bureau du proviseur. Tout le monde avait une peur indescriptible. Ce proviseur n’était pas moins qu’un vampire à leurs yeux.
Le proviseur l’écrivit sur un papier jaunâtre qu’il avait fait sortir de son tiroir. Il fixa le suivant des yeux. « Franck Riad, dit le garçon ».
Le proviseur l’écrivit.
Il continua d’écrire.
Le proviseur leva la tête quand il finit d’écrire :
Les quatre élèves s’étaient levés sans vouloir fixer le proviseur et prirent la direction de la sortie quand il les interpella d’une voix d’alcoolique :
Personne ne répondit au proviseur. Ils savaient très bien que le proviseur n’avait pas fini quand c’est comme ça. Ou peut-être qu’il avait oublié de dire quelque chose d’important.
Sur la moto, ils doublèrent soudain, promptement, un gros véhicule, un Land Cruiser. Le chauffeur du véhicule n’en revenait pas et dut freiner, d’un réflexe presque involontaire, pour éviter le choc et comme au ralenti, la voiture fit une énorme embardée en s’arrêtant au beau milieu de l’autoroute d’une position horizontale. Tous les autres véhicules s’immobilisèrent avec mélancolie à l’arrière avec des sons intrépides des pneus, pendant que la moto accéléra et disparut progressivement de leur champ de vision. « P*tain, d’où viennent-ils ces deux idiots ? » « Où vont-ils avec cette allure !? » « Pourquoi sont-ils si pressés ? » Personne ne pouvait répondre. Ces deux garçons s’étaient déjà éloignés d’une bonne dizaine de kilomètres.
La course se poursuivait. La moto à l’arrière continuait de les rattraper.
Les phares étaient braqués. Il doit faire sept heures du soir. Les deux garçons entrèrent dans une zone obscure. Un échangeur d’une dizaine de mètres.
À la sortie, un Jumbo, si vétuste, se tenait violemment à quelques mètres devant leurs yeux et refusait de se déplacer convenablement.
Avec cette vitesse, impossible de freiner. Le choc était inévitable. Ils commencèrent à se souvenir des indices inscrits en gros caractères partout dans les plaques stationnées de la ville : « ATTENTION, LA VITESSE TUE ». Ils commencèrent à se dire que ces gens-là avaient vraiment raison.
Journal d’Aïch
00 h
Dans mon journal, j’écris et j’écris. Chaque jour, je ne fais que ça. J’avais pris l’habitude depuis que j’ai quitté l’école primaire et qu’on m’avait remis des cadeaux quand j’avais été déclarée première de mon établissement et qu’ils m’ont proposé la candidature libre du niveau CMI en classe de sixième. C’était là que mon premier agenda faisait partie. Et depuis lors, j’en ai pris l’habitude.
Je prends mon temps à résumer mon quotidien. Plus précisément ce qui me plaît durant la journée, ce qui me déplaît, ce qui me chagrine, ce qui m’impressionne et enfin ce qui me rend gaie. Je n’écris qu’à 23 h, quand le ciel devient tout noir, quand les étoiles commencent à briller tout au fond, surtout les étoiles filantes, elles me détendent.
J’ai entendu dire que lorsqu’on les aperçoit, c’est un signe. Il suffirait de fermer les yeux, faire un vœu et ce vœu se réalisera. Bien sûr que c’est qu’une logique de la pensée ordinaire ; c’n’est pas rationnel mais elle m’habite tout le temps.
J’avais proposé cette idée à mon grand frère, l’idée de récapituler sa journée comme moi. Mais il était catégorique. Il m’avait dit qu’il n’avait pas le temps pour ce genre de truc : il avait menti. Je pense que ce serait à cause de deux choses : sa fainéantise et ses fautes de grammaire.
Je sais quand mon frère ment. Tout d’abord, il bégaie légèrement, ensuite, clignote des yeux chétivement plus ou moins à deux reprises puis sa voix grossit d’un coup et sera même quelquefois inactive. Je sais aussi qu’il est très fainéant, et un peu idiot quand ça lui arrive. Il ne sait même pas ce qu’il veut. Par exemple, l’autre fois, quand je lui avais proposé mon idée, il me dit que la maison était faite pour le repos et non pour recopier des textes, car il passe la journée à ne faire que ça à l’école. Il m’avait confirmé qu’il est un super fainéant. À part les smartphones et ordinateurs quand il les manipule, on jurerait qu’il a contribué à leur création, sa fainéantise ne lui permettait pas de prendre la peine pour quoi que ce soit, même pas de pouvoir trouver un 20/20 en maths.
Bah, j’ai même oublié de me présenter dans mon propre journal. Au lieu de ça, je parlais de mon grand frère. Je m’appelle Aicha O’Brien, enfin je me nommais comme ça. Mais quand j’ai grandi, j’avais trouvé ce nom ridicule – mon prénom pour être plus précise. Je me suis demandé « qu’est-ce qui a pris mes parents pour me nommer comme ça ? » Un prénom qui commence par la lettre « A » et qui se termine par la lettre « A » ! Ce n’était pas logique.
J’ai plus tard insisté auprès de ma mère pour qu’on me change de nom. Ils ont réussi à modifier l’acte de naissance parce que, vu qu’ils m’ont donné un prénom sans mon avis, je pourrais porter plainte à la justice.
Maintenant, on m’appelle simplement Aïch. Le « A » de la fin de mon prénom est enlevé. J’ai douze ans, et je suis en classe de Première, option Science. J’ai aussi un projet scientifique depuis quelques mois : une formule de physique. Ça s’appelle « la théorie des douze piles ». Ça fait un bout de temps que j’essaie de le concrétiser, mais quelque chose m’échappe toujours. Je ne compte pas lâcher, je finirais par trouver cette formule.
Une dernière chose, mon frère s’appelle Sam, il est plus grand que moi. Il me dépasse avec une classe et cinq ans de plus. Il a 17 ans. Mais il m’avait dit que c’était normal. Parce qu’il était né avant moi. Et je lui fais confiance.
Je suis Aïch O’Brien. Et c’était mon histoire quotidienne !
***
Samir O’Brien croyait qu’il dormait. Mais il rêvait. Un rêve très profond et idyllique. Il se retrouve dans cet endroit qu’il a l’habitude de visiter depuis un moment.
« C’était un beau jardin apparemment, une savane peuplée des arbustes parfumés qui avaient à peu près soixante-dix centimètres de haut. Il faisait une température de vingt-cinq, il se croyait réellement dans un autre monde. Il longeait jovialement au fur et à mesure en souriant un petit peu, oubliant le monde. Il était habillé d’un jean très bleu et d’une capuche très blanche de haute marque que si c’était dans la réalité, il n’aurait pas imaginé qu’il les porterait sur lui.
D’un coup, à des kilomètres devant lui, il apercevait deux personnes. Enfin… il n’était pas sûr que ce soient des personnes. Mais ces vêtements qui flottaient de loin ressemblaient bien à ceux des personnes. Il se décida à avancer de plus près. Il passa par un quartier des arbres fruitiers. Un quartier de bananier et de pommier, de gros fruits tout jaunes se présentaient sur tout son champ de vision.
Plus loin, il se dit qu’il avait raison, que ce sont bien des personnes – le connaissaient-ils ? Il ne sait pas encore. De sa position, face orientée vers l’Est, la première personne se situait à sa gauche et l’autre légèrement à sa droite. L’endroit était si vaste qu’il ignorait ces confins. Plus il avançait, plus il le trouvait exaltant. Ces deux personnes semblaient être débout et haltes. Elles étaient toutes deux encore loin. Celle à droite avait un accoutrement exotique – pas une robe telle qu’elle, c’est un Abay. Un accoutrement du monde arabe.
Samir O’brien se demandait ce qui lui arrivait réellement. Qu’est-ce qu’il fout là ? C’est quoi cette illusion ? »
Un cri agaçant, menaçant et impoli se fit entendre : l’alarme de son téléphone le réveille en sursaut. Il transpirait à flots. Il était plein de confusion et de peur.
Jour 1
Le soleil s’est levé à l’angle du ciel.
C’est le troisième jour de la rentrée scolaire. Dans la cour du lycée, beaucoup d’élèves traînaient. Franck et James se tenaient sous un manguier qui était placé au centre de la cour. Ils parlaient sur les filles. À droite, sur les accessoires fabriqués en ciment, légèrement devant l’administration, Izeck, resté seul, riait tout en lisant un bouquin qu’il tenait rigoureusement.
Izeck Louis était un garçon très brillant et spécial. Le genre de garçon qui pouvait arriver à tout faire dans sa vie. Le premier de la classe. Le supposé Monsieur JE SAIS TOUT. Il connaissait presque tout et surtout par cœur. Même si on dit parfois qu’on n’explique pas les explications, Izeck, lui expliquait les explications. La salle lui avait arrogé le pseudo-Isaac Newton. Il n’a jamais voulu de cette appellation. Il préférait se surnommer – Izeck tout court.
Izeck cartonnait pas mal en science. Il se promenait même avec des matériaux dans son sac. Des choses qui peuvent être dangereuses. Il disait que c’est pour ses expériences pratiques. Des molécules ou quelque chose comme ça.
***
Deux minutes passèrent.
Une voiture toute blanche vint se garer devant la grande entrée du lycée. Une fille décente. – Une métisse aux cheveux longs et très noirs. Jessica Xian fit son entrée dans le lycée. Elle est communément appelée Jess par ses amis. Née en Égypte, Jess est une métisse assez belle, élégante, mais aussi très arrogante.
Elle connaissait tout le monde.
Elle s’approche bientôt du groupe des deux garçons sous le manguier : « S’lut l’mecs ! Ça dit qu’A » ?
C’était la manière de Jessica de dire un « bonjour ». Tout le monde y était déjà habitué. Franck et James prenaient autant du plaisir quand ils la regardent parler.
James et Franck Riad étaient de bons amis.
Frank était un garçon sympathique. Il ne s’énervait presque pas. Son physique était tel qu’il est : indescriptible. On ne pouvait pas déterminer exactement sa taille et sa forme.
Jessica, malgré qu’elle soit magnifique, n’intéressait pas tous les garçons. Elle avait une sorte d’habitude sordide qui les faisait fuir. Elle avait l’art d’énerver les gens. Surtout quand elle commence quand ça lui arrive à jouer des rôles : « la fille branchée ».
En français, Jess contracte tous les mots. C’était son rôle numéro un.
Pour lui, c’était une blague, et qui déchire. Mais Jessica n’aimait pas trop sa tête à la base. Et maintenant, il vient juste de lui donner d’autres raisons de fortifier ses croyances de plus.
Elle l’observa pendant un long moment, puis quitta les lieux.
***
Samir et Aïch O’brien venaient de pénétrer le lycée. Leur père démarra et repartit.
Samir O’brien lance un regard vers la gauche, sous l’arbre du fond. Il y aperçoit un groupe formé par James, par Franck et par Jessica. Fausse alerte. De quoi peuvent-ils bien discuter ? Il relance un autre regard vers sa droite. Devant l’administration, il aperçoit Izeck. C’est relou de discuter avec un intello. Mais toujours mieux qu’avec des abrutis, se dit-il.
Il lança un petit regard à sa petite sœur, très petite de taille, se tenant à son côté, puis prit la direction de Izeck. Il la laissa seule. Elle lance à son tour un avis de recherche visuel pour trouver quelqu’un d’intelligent à qui discuter elle aussi. Mais il n’y avait personne.
Aïch O’Brien n’avait presque pas d’ami au lycée. La plupart de gens la détestaient. Et le peu de gens qui l’aimaient bien, Aïch ne les aimait pas. Elle était donc la petite lionne presque solitaire. À part son unique amie Suzanne dont elle ne sait même pas comment elles ont constitué cette amitié, personne n’abordait Aich au lycée. Ils la trouvaient tous comme une personne à ne pas fréquenter : une sociopathe très dangereuse.
Cela n’avait aucun impact sur elle. Bien au contraire, elle non plus ne voulait être embêtée par de longues conversations sociales. « De quoi peuvent parler ces gens pendant des heures complètes ? Comment ils font ? » elle ne comprenait pas. Elle ne prononçait que quelques mots durant toute une journée.
Mais quand il s’agit des débats avec les professeurs, quand elle veut prouver que les professeurs ont tort ou qu’elle a raison (c’est la même chose pour Aich), elle dévoile au public son côté extraverti et acharné, sans prévenir. Tous ses professeurs ont une mauvaise image d’elle.
Depuis petite, Aich O’brien ne supporte pas les gens. Elle a toujours été seule. Quand les enfants jouaient aux poupées et au cache-cache à la maternelle, elle restait seule à apprendre d’autres langues étrangères. Le nombre de langues parlées par Aich pour l’instant est de treize.
À l’adolescence, elle ne se comprenait pas non plus avec les autres adolescentes. Elles avaient des projets différents, mais complètement. Les filles de son âge parlaient toujours des garçons, des maquillages du shopping, soit d’autres filles. Ça la gonflait Aich. Ses projets étaient les théorèmes mathématiques, les problèmes restés irrésolus en sciences physiques, les livres, les documentaires, la science tout court. Elle était profonde dans ses réflexions et raisonnements. Dans son quartier, elle faisait peur aux mamans des jeunes filles de son âge ; elles les conseillaient par anticipation de ne jamais traîner avec elle.
Aïch O’brien a toujours cru qu’elle n’avait pas besoin des gens pour aller bien. Elle était convaincue de son autosuffisance. De toute façon, à aucun moment de sa vie, elle n’a voulu ressembler à quelqu’un ou plaire à une autre.
Il arrivait qu’avec son grand frère, Sam, ils passent leur temps à discuter sur des sujets, des concepts et des idées. Aich s’est toujours demandé pourquoi les êtres humains sont-ils bizarres. Son frère lui répétait que c’est elle qui était bizarre. Elle n’était jamais d’accord. Et ça partait en de longs débats.
Il arrivait aussi des moments où ils parlent sur les notions de personnalité. Aich le demandait toujours frontalement pourquoi il est aussi idiot ? Sam lui répondu que c’est parce qu’il n’a pas d’autres choix, tout le monde n’est pas un génie-né comme elle ; que chacun a son destin.
Aïch réfléchit un instant. Elle cerne son jeu.
Elle le regarde aux yeux.
Aich O’brien savait bien les définitions du temps et d’énergie ; et ça n’avait rien à voir dans ces contextes, ni même dans cette discussion.
Samir avait continué :
***
Izeck était toujours collé à son livre. Ça paraissait très volumineux.
Sam s’était bientôt approché.
Sam lui sourit cordialement.
Les dix minutes s’étaient écoulées. Tout le monde devrait aller en classe. La cloche a retenti. Cette sonnerie que personne n’aimait.